Previous Page Table of Contents Next Page


Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

GUINEE - BISSAU

La Guinée-Bissau s'étend sur la côte ouest de l'Afrique entre 10°55' et 12°40' de latitude nord et 13°38' et 16°43' de longitude ouest. L'ensemble du pays, formé par le territoire continental, l'archipel des Bissagos et un chapelet d'îles côtières couvre une superficie totale de 36 125 km2. On distingue:

Le climat est caractérisé par:

Les chiffres de population sont quelque peu divergents. Elle était estimée au début 1979 à environ 900 000 habitants, ce qui correspond à une croissance moyenne annuelle de 2,0% par rapport au recensement de 1950 qui l'évaluait à 509 000 habitants. La densité moyenne est donc de 25 habitants au km2, relativement élevée pour l'Afrique. La population est dans l'ensemble assez inégalement répartie, 60% se trouvant dans la zone côtière (et plus particulièrement au nord de Bissau et dans la partie ouest) et 40% dans la région des plateaux, la région centre-est étant particulièrement peu peuplée. Le nombre d'exploitations familiales agricoles était estimée à 85 000 environ en 1953 et peut être considérée actuellement de l'ordre de 125 000. En 1953 77% de celles-ci se consacraient aux cultures vivrières, la dimension moyenne des fermes étant de 4,8 ha (2) (3).

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation (3)

Formations forestières feuillues denses (NHC)

Les “forêts subhumides denses” sont des forêts tropicales sempervirentes ou semidécidues qui couvraient en 1975 environ 155 000 ha dans les régions de Buba et de Tombali, au sud-est du pays. Par leur structure et leur composition elles s'apparentent aux forêts pluristrates du Sierra-Leone et du Libéria. On y rencontre les espèces d'arbres caractéristiques suivantes: pau conta (Afzelia africana, doussié ou lingué du commerce), Albisia spp., tagara (Alstonia congensis), pau miseria (Anisophylla lamina), pau bicho bianco (Antiaris africana), Ceiba pentandra (fromager), pau bicho amarelo (Chlorophora spp. ou iroko du commerce), mambode (Detarium senegalense), pau veludo (Dialium guineense ou eyoum du commerce), peli ou mancone (Erythrophleum guineense ou tali du commerce), farroba (Parkia biglobosa), manpataz (Parinari excelsa ou sougué du commerce). Une partie de ces forêts (25 000 ha environ) se présente sur les photographies aériennes sous forme de peuplements moins hauts et à cimes plus réduites et correspond sans doute aux forêts déjà exploitées pour le bois d'oeuvre.

Les “forêts demi-sèches” comportent une strate arborée bien développée (20 à 30 m) avec un sous-bois de lianes et de buissons en îlots, séparés par des tâches de graminées hautes. Les espèces d'arbres dominants sont pau conta, mancone, manpataz et bissilaõ (Khaya senegalensis ou caïlcedrat), cette dernière essence, un acajou, étant la plus appréciée pour le bois d'oeuvre (elle constituait 75% environ à elle seule des exportations de grumes vers 1970).

Du fait de la pénétration profonde des six grands estuaires et des marées océaniques la mangrove est particulièrement bien développée. Les mangroves hautes atteignent localement 10 mètres de haut et bordent les rives des fleuves sur une largeur moyenne de 20 à 100 mètres. Elles sont principalement constituées de Rhizophora spp. avec localement Laguncularia racemosa et Conocarpus erectus. Les “mangroves basses” représentent l'essentiel des surfaces occupées par la mangrove et contiennent principalement Rhizophora spp. et Avicennia sp. Des îlots de mangroves existent aussi, dispersés au milieu des “tannes”, superficies planes de sols salés au contact de la mangrove et la séparant des savanes basses situées en limite des sols salés. Malgré leur surface relativement étendue (environ 243 000 ha à la fin 1975) il ne semble pas que les mangroves fassent l'objet d'une exploitation forestière quelconque.

Les rôniers (Borassus aethiopium) sont en général dispersés, mais existent parfois en peuplements denses et homogènes. La surface totale de ces peuplements a été estimée à quelques 6 000 hectares.

Les palmeraies d'Elaeis guineensis couvrent plus de 100 000 ha soit sous forme de peuplements denses (île de Bubaque) soit en mélange sous forme de bouquets ou pied à pied au milieu des formations forestières ou agricoles, notamment dans le nord-ouest du pays. Les palmeraies ont été classées dans les formations altérées par les cultures (NHCa et NHc/NHO a).

Les forêts galeries, que l'on observe en grand nombre dans la région de Gabu (rives des rios Corubal et Cumbija supérieur) et en d'autres régions, constituent également des formations forestières denses au milieu des savanes boisées et arborées.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

Les “forêts sèches” ont été classées dans cette catégorie du fait de la présence d'une strate continue de graminées hautes qui permet aux feux de brousse de les parcourir pratiquement chaque année. Elles sont moins hautes que les “forêts demi-sèches” (10 à 20 m) et sont caractérisés par les espèces d'arbres suivantes: bissiloã, mancone, farroba, Bombax costatum, deki (Cordyla africana), pau incenso (Daniellia oliveri), pau carvào (Prosopis africana), pau sangue (Pterocarpus erinaceus). Leur surface était estimée en 1975 à environ 550 000 ha dont près de 350 000 ha appellées “forêts sèches moyennement denses” sont caractérisée par une densité des couronnes pouvant descendre jusqu'à 50%, par une importance accrue de la strate herbacée et un moindre développement des espèces forestières.

Les forêts sèches à bambou (Oxytenanthera abyssinica) couvrent des surfaces importantes et sont principalement localisées dans la région de l'Oio (centre du pays au nord-est de Bissau) et dans les environs de Gabu au nord-est du pays.

L'unité cartographique “forêts claires, forêts dégradées et savanes arborées” du document (3) couvre plus d'un million d'ha (32% de la surface totale du pays en 1975). Ces formations proviennent de la dégradation par les feux répétés après défrichement des formations forestières subhumides, ou de conditions édaphiques locales peu favorables au développement d'une végétation plus dense (affleurements de cuirasses latéritiques-bowé-ou sols peu profonds), ou de l'ensemble de ces deux facteurs. Ces formations sont caractérisées par une strate arborée à densité moyenne comprise entre 10 et 50% et une strate herbacée largement dominante qui permet aux feux de brousse de les ravager chaque année. Les espèces arborées les plus fréquentes sont (en plus des espèces déjà mentionnées) Lophira lanceolata, Parinari curatellaefolia, Schrebera chevalien, Sterculia setigera, Terminalia avicennoides, T. glaucescens, T. laxiflora et T. macroptera. Bien que certaines de ces espèces se présentent certaines fois plus sous la forme arbustive que sous la forme d'arbres de hauteur supérieure à 5–7 mètres, toutes ces formations ont été classées comme formations arborées ouvertes (NHc/NHO) et non comme formations (essentiellement) arbustives.

Formations (essentiellement) arbustives (nH)

Avec la réserve indiquée ci-dessus, les seules formations arbustives naturelles couvrant des surfaces non négligeables semblent être les formations littorales à base de Chrysobalanus sp., Combretum micranthum et du tambacounda (Parinari macrophylla).

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

Les estimations qui suivent utilisent comme base l'interprétation des photographies aériennes (panchromatiques et infrareuges au 1/100 000ème prises en Janvier 1976) et la cartographie correspondante au 1/200 000ème de l'occupation des sols et de la végétation presentées dans le document (3). La classification utilisée dans ce rapport a été traduite dans celle plus générale utilisée dans cette étude et les surfaces ont été ultérieurement corrigées pour tenir compte de la déforestation durant la période 1976–80 (cf. paragraphe 2.1). Les résultats de cette compilation sont résumés dans le tableau ci dessous.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1(u)NHCf2(i)NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2(i)NHc/NHONHc/NHOanH
(355)(70)425235660170485960144539017

- La répartition entre forêts denses déjà exploitées (NHCf1uc) et forêts denses “vierges” (NHCf1uv) n'a pu être déterminée avec précision. C'est la raison pour laquelle les chiffres correspondants sont mis entre parenthèses. On a supposé que la proportion des forêts exploitées en 1975 dans l'ensemble des forêts denses était la même que celle des forêts denses subhumides (25 000 ha en 1975).

- Les forêts improductives (NHCf2) sont les mangroves (243 000 ha en 1975) et les rôneraies dont la surface a été estimée à 6 000 ha.

- Les formations mixtes forestières et graminéennnes productives (NHc/NHO 1) ont été assimilées aux “forêts sèches denses” et “moyennement denses” (les “forêts demi-sèches” faisant partie des forêts fermées NHC), tandis que les “forêts claires, forêts dégradées et savanes arborées” ont été classées comme formations improductives (NHc/NHO2).

- Les jachères forestières et de savane boisée (NHCa et NHc/NHOa) ont été évaluées sommairement à partir des surfaces des unités cartographiques “palmeraies”, “palmeraies et forêts galeries” “jachères anciennes” et “cultures vivrières”.

Propriété

Il ne semble pas y avoir d'appropriation privée ou collective des terres forestières, qui peuvent toutes être considérées comme terres communales administrées au nom de la collectivité. Il n'existe pas actuellement de domaine forestier classé relevant de l'autorité directe du service forestier.

Statut légal et aménagement

La Guinée-Bissau n'a pas créé jusqu'à maintenant de parcs nationaux ou autres réserves particulières où l'exploitation forestière soit interdite ou fasse l'objet d'une réglementation particulière (NHC2r = NHc/NHO2r = 0). Il n'existe pas non plus d'aménagement forestier intensif au sens de cette étude (NHCf1m = 0).

Exploitation forestière

Bois en grumes

D'après les annuaires FAO des produits forestiers la production annuelle, moyenne de bois d'oeuvre a été de 35 000 m3 de 1961 à 1965 et de 30 000 m3 de 1966 à 1970. Les données n'existent pas pour la période 1971 à 1975. Les documents (4) et (5) indiquent que la SOCOTRAM a obtenu une licence de 8 000 m3 de bois (bissilaõ et pau sangue principalement) en 1976, 3 500 m3 en 1977 et 22 500 m3 en 1978. Cette société nationale contrôle partiellement les marchés extérieur et intérieur de bois d'oeuvre, estimés respectivement à 1 500 m3 et 4 500 m3, et dirige 9 scieries (7 nationalisées et 2 en économie mixte) (3) (4) (5). Il semble que l'on puisse estimer actuellement la production de grumes à quelques 10 000 m3 bien que les scieries aient une capacité actuellement de 8 à 14 000 tonnes de sciage (soit approximativement 20 à 35 000 m3 de grumes).

Les essences utilisées sont essentiellement le bissilaõ (acajou), représentant 70 à 90% des arbres exploités suivant les endroits, et 8 autres espèces pour les 10 à 30% restants, à savoir: pau conta (doussié-lingué), pau bicho amarelo (iroko), pau bicho bianco (ako), pau sangue, mancone (tali), mambode et farroba (3). L'exploitation est sélective, non seulement au regard des espèces exploitées, puisqu'une seule représente environ les quatre cinquièmes de la production, mais encore en ce que seuls les plus beaux arbres et la seule bille de pied sont en fait utilisés. L'exploitation se fait au passe-partout actionné par deux bûcherons et les grumes sont chargées sur les camions à l'aide d'un palan. Il n'existe pas à proprement parler de routes d'exploitation forestière.

Il est difficile d'évaluer une production à l'hectare. Si l'on se refère aux résultats de l'inventaire forestier de l'Oio, donnant un volume commercialisable d'acajou de 4,2 m3 par hectare auquel on applique un coefficient de recolement de 65%, et que l'on considère que l'acajou représente actuellement 80% du volume utilisé, on obtient un volume exploité à l'hectare de 3,4 m3 environ, lequel concerne essentiellement les “forêts denses demi-sèches” non exploitées (NHCf1uv) et les “forêts denses sèches” (NHc/NHO1). On adoptera comme VAC (volume actuellement commercialisé) moyen à l'ha les chiffres respectifs de 5 m3 et de 2 m3 pour ces deux catégories de formations productives. Ce chiffre de 3,4 m3 est bien compris dans la fourchette 2,5–8,5 déterminée dans le rapport (1), la limite inférieure correspondant à une exploitation uniquement axée sur l'exportation (acajou, caïlcedrat, doussié-lingué et iroko), la limite supérieure supposant qu'une utilisation meilleure est faite de l'ensemble des 9 essences exploitées jusqu'à présent d'une manière irrégulière.

Autres produits forestiers

Le charbon de bois est produit à partir surtout du pau carvào, qui donne le meilleur produit (dense et à fort pouvoir calorifique), et, dans une moindre mesure, du pau sangue et du pau veludo. La production annuelle de l'ensemble bois de feu et charbon de bois est estimée dans l'annuaire FAO des produits forestiers à 415 000 m3.

Les produits végétaux autres que le bois sont divers: les bambous sont utilisés pour les charpentes de cases, la vannerie, le mobilier artisanal et les clôtures; le rônier aux fibres imputrescibles est apprécié aussi comme charpente et ses feuilles sont utilisés en artisanat domestique; le palmier à huile sert à la production du vin de palme et de l'huile de palme; les feuilles et les racines des Combretum et l'écorce de l'acajou cailcedrat sont parmi les produits médicinaux traditionnels; enfin de nombreux fruits sauvages et des gousses sont récoltées pour l'alimentation humaine à partir du baobab (Adansonia digitata), du farroba, du tambacounda, du colatier (Cola cordifolia) etc..(3) (5).

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Il n'existe pas d'inventaire forestier au niveau de l'ensemble du pays. Cependant un inventaire dans la région de l'Oio, sur 180 000 ha environ de formations de forêts sèches et savanes boisées, donne un “volume total” moyen à l'ha de 38,3 m3; dans le compterendu qui en est fait dans le rapport (3), il n'est pas indiqué de quel volume il s'agit, ni quelle est la nature exacte et les surfaces respectives des formations inventoriées. Des estimations de volume brut au-dessus de 40 cm ont été réalisées dans le document (3), qui ont été utilisées ainsi que les résultats des inventaires forestiers dans la région sénégalaise voisine de la Casamanoe et en Gambie pour dresser le tableau suivant

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf2NHc/NHO 1
VOBVACVOBVOBVOBVAC
m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal
6021.351.8503.5204.53014.621

Le rapport (3) propose des volumes bruts à l'hectare au-dessous de 40 cm de diamètre de 30 à 60 m3 pour les forêts subhumides et de 10 à 30 m3 pour les forêts sèches et demisèches. L'inventaire des mangroves de Casamance donne 41 m3/ha environ (D≥ 10 cm) pour la haute mangrove et celui des mangroves de Gambie donne 15 m3/ha pour la “petite mangrove” soit une moyenne pondérée de 20 m3/ha si l'on suppose les mêmes proportions de ces deux types de mangrove en Casamance et en Guinée-Bissau.

La seule indication sur la croissance trouvée dans la littérature est donnée par (3), où il est dit que des bissilaõ atteignent un diamètre de 80 cm entre 60 et 87 ans (75 ans en moyenne).

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

Les surfaces reboisées en Guinée-Bissau sont très réduites et couvraient à la fin de 1977 moins de 200 ha. Les plantations ont été dans l'ordre chronologique les suivantes:

1.2.2 Surfaces des plantations réalisées

On peut considérer que les plantations d'Embunhe sont des plantations industrielles puisque les espèces plantées sont des espèces de bois d'oeuvre, tandis que celles de Varela sont des plantations non-industrielles pour la production de bois de feu et de bois de service.

Plantations industrielles

Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–80Avant 76Total
Classe d'âge0–5> 5
PHL 1Khaya senegalensis
Pterocarpus erinaceus
Swietenia macrophylla
Tectona grandis
0.30ε0.30
PS.1Pinus caribaeaε ε
P..1Total plantations industrielles0.30ε0.30

Plantations non-industrielles

Surfaces estimées des plantations non industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
P..2 = PHH2Casuarina equisetifolia
Eucalyptus
sp.
Melaleuca leucadendron
    0.06  0.06

Il convient de signaler l'existence de plantations de cajou (Anacardium excelsum) dispersées sur l'ensemble du territoire dont la taille individuelle varie de quelques centaines de m2 à plusieurs dizaines d'hectares. Leur surface totale est mal connue et on l'estime comprise entre 2 et 3 000 ha.

Toutes plantations

Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHLEssences feuillues de bois d'oeuvre0.30    εε0.30
PHHEssences feuillues à croissance rapide    0.06  0.06
PHSous-total essences feuillues0.30   0.06εε0.36
PSSous-total essences résineuse       ε
PTotal plantations0.30   0.06εε0.36

1.2.3 Caractéristiques des plantations

La majorité des plantations étant très récente, on ne dispose pas actuellement de données sur leur croissance et production.

2. Tendances actuelles

2.1 Végétation ligneuse naturelle

2.1.1 Déforestation

La réduction des superficies de forêts et de savanes par les défrichements agricoles est mentionnée dans les études (1) (3) (4) et (5), mais son estimation reste très approximative. (3) évalue le taux annuel de réduction, de forêts sèches (et “demi-sèches”) dû à la culture de l'arachide et aux cultures vivrières entre 20 000 et 35 000 ha. Cet ordre de grandeur correspond à une extension annuelle moyenne du domaine agricole de l'ordre de 0,5 à 0,9 ha par exploitation familiale, en supposant le défrichement réparti sur toutes les classes de végétation non encore affectées par l'agriculture. En se basant sur un défrichement annuel de 20 000 ha en forêts sèches et “demi-sèches”, et un défrichement proportionnel en forêt subhumide et plus faible en mangrove, on aboutit aux taux de déforestation suivants en forêt denses (NHC):

Déforestation annuelle moyenne
(en milliers d'ha)

Périodes

1976–80 1981–85
(projections)
NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf
(4)(8)12315 (5)(9)14317

Il est intéressant de noter que, à la différence de la majorité des autres pays côtiers, il existe un empiètement des terres agricoles sur les mangroves. L'interprétation des photographies aériennes a montré en effet que les rizières installées sur sols de mangroves couvrent une superficie d'environ 116 000 ha dont 50 à 80% est effectivement cultivé en riz, les superficies non cultivées correspondant à des surfaces non ensemencées pour des raisons diverses. C'est une riziculture pluviale qui est pratiquée suivant des méthodes complexes élaborées au cours des siècles et ayant pour objet de lutter contre le sel et l'acidification des terres et de favoriser le maintien de l'eau nécessaire à la croissance du riz. On a supposé que le défrichement des mangroves était, en proportion, de l'ordre de la moitiéde celui des forêts sur sol ferme, du fait du caractère plus permanent de cette culture par rapport à la culture itinérante sur sol ferme.

Les zones où les forêts denses sont les plus menacées par l'agriculture sont la partie occidentale de la région de l'Oio, la partie orientale de la région de Buba, au centre et au nord-ouest de la région de Gabu et la région de Bafata.

La répartition de la déforestation entre forêts denses exploitées (NHCf1uc) et forêts non encore exploitées (NHCf1uv) a été estimée dans les proportions respectives de ⅔ et ⅓ pour ces deux catégories. Cette approximation est très grossière et les estimations correspondantes ont été mises entre parenthèses.

L'accroissement des surfaces de jachères forestières (NHCa) est estimée à environ 10 000 ha par an, les mangroves défrichées ne revenant pas à l'état de jachère ainsi qu'une petite partie des forêts défrichées sur des sols particulièrement pauvres.

La déforestation dans les deux catégories de formation mixtes forestières et graminéennes - forêts sèches ou NHc/NHO 1, et “forêts claires, forêts dégradées et savanes arborées” ou NHc/NHO 2 - a été estimée à 12 000 et 25 000 ha respectivement. Le premier chiffre s'additionne à celui de la déforestation des forêts “demi-sèches” (classées en forêts denses) pour constituer le total de 20 000 ha déboisés annuellement en forêts sèches et demi-sèches indiqué plus haut. Le second correspond sensiblement, pour les formations mixtes improductives, au même taux de déboisement que celui trouvé pour les formations productives.

L'accroissement annuel des surfaces de jachères correspondant aux formations mixtes (NHc/NHO a) a été très approximativement evaluée à 25 000 et 30 000 ha dans les deux périodes 1976–80 et 1981–85.

2.1.2 Dégradation

Elle se traduit, sous l'action des feux essentiellement par une “savanisation” progressive des forêts denses subhmides et demi-sèches (après leur défrichement) et d'une dégradation progressive des savanes boisées. La savanisation se caractérise par l'apparition sur les zones défrichées d'une flore plus sèche que celle qui existait avant le défrichement (remplacement des espèces guinéennes par des espèces soudaniennes) et d'une strate herbacée de plus en plus fournie. C'est cette strate herbacée qui distingue fondamentalement les forêts denses subhumides et “demi-sèches” des forêts sèches et c'est ce critère essentiel qui les fait classer dans deux catégories différentes de cette étude (forêts denses -NHC-et formations mixtes forestières et graminéennes -NHc/NHO).

La dégradation des savanes se traduit par un remplacement progressif des espèces arborées bien conformées au profit d'espèces soudaniennes et même sahéliennes de dimensions moins importantes, au port plus tortueux et à l'écorce plus épaisse, et dont l'accroissement en volume est plus faible. Ceci est particulièrement notable là où les caractéristiques des sols sont peu propices à la croissance de la végétation (cuirasses latéritiques ou “bowé”, terrasses sableuses).

2.1.3 Tendances dans l'exploitation forestière

On peut penser que le volume total des grumes exploitées annuellement augmentera un peu au cours des cinq prochaines années, du fait d'une légère augmentation de la consommation intérieure, d'une meilleure organisation de l'industrie du sciage et des possibilités d'exportation dans les pays voisins. Les volumes exploités à l'ha ne peuvent qu'augmenter puisqu'ils sont constitués actuellement pour 80% environ par une seule espèce. En supposant un volume exploité de 25 000 m3 par an en moyenne et un rendement moyen à l'ha de 4,5 m3 on aboutit à une surface couverte annuellement par l'exploitation de 6 000 hectares environ. Il est difficile de prévoir la production de combustibles ligneux en l'absence d'étude détaillée de la consommation urbaine et rurale.

2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985

Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1(u)NHCf2(i)NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
(300)(55)355220575230420825124554017

Volumes sur pied estimés à la fin de 1985
(en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1(u)NHCf2NHCfNHc/NHO 1
VOBVAC1VOBVOBVOBVOBVOBVAC1
181.82.720.74.425.112.61.5

1 VAC a été pris égal à 6 m3 et 3.5 m3 respectivement pour les forêts denses (NHCf1(u)) et les formations mixtes forestières et graminéennes (NHc/NHO 1).

2.2 Plantations

On suppose un taux de plantation de 100 ha par an pour les cinq prochaines années (80 ha de plantations industrielles et 20 ha de plantations pour le bois de feu et le bois de service), ce qui donne les surfaces plantées suivantes:

Surfaces estimées des plantations (industrielles et non-industrielles) à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées81–8576–8071–7566–7056–6546–55Avant 45Total
Classe d'âge0–55–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL = PHL 1Essences feuillues de bois d'oeuvre0.400.30   εε0.70
PHH = PHH 2Essences feuillues à croissance rapide (bois de feu et bois de service)0,10   0.030.03 0.16
PHSous-total essences feuillues0,500,30  0,030,03ε0.86
PS = PS.1Pins (plantations industrielles)εε     ε
PTotal plantations0.500.30  0.030.03 0.86

Bibliographie

  1. Swedish International Development Authority 1975 “Forestry in Guinée-Bissau - A Sector Study” - Stockholm

  2. FAO 1975 “Guinée-Bissau - Synthèse nationale” - Rome

  3. SCET International “Republica de Guiné -Bissau - Potentialités agricoles, forestières et pastorales” - Volume I: “Diagnostic sur l'agriculture et les ressources forestières - Esquisse de schéma directeur de développement agricole et forestier” - Volume II: “Sols-Utilisation actuelle - Vocation” - Paris

  4. FAO 1979 “Mission on Programming and Formulation of Projects in the Agricultural Sector - Guinea-Bissau, 28 January 16 February 1979 - Forestry” - Final draft by S.C. Tamajong - Rome

  5. FAO 1979 “Mission de programmation et de formulation - Guinée-Bissau - Rapport de la mission” - Rapport TCP/GBS/8804 - Rome.

HAUTE-VOLTA

La République de Haute-Volta, située entre les 10ème et 15ème parallèles de latitude nord, est un pays inséré entre le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte-d'Ivoire, le plaçant à une distance de la mer de 1 000 km au sud et de 1 500 km au sud-ouest. Sa superficie est de 274 200 km2 et son altitude varie entre 150 et 750 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Le climat général est de type semi-aride, caractérisé par une saison sèche et une saison des pluies bien définies. Les précipitations varient de 400 mm dans le nord du pays à 1 300 mm au sud-ouest. Le bilan hydrique reste partout négatif. Les températures moyennes sont de 27° à 28°C. La classification de Mollard permet de distinguer trois zones climatiques (4):

En ce qui concerne la végétation la quasi-totalité de la Haute-Volta est couverte par des formations mixtes forestières et graminéennes de savane boisée ou arborée, généralement très claires, pauvres en essences commerciales et dans lesquelles l'homme a largement empiété. Dans ces formations ainsi définies s'individualisent ça et là;

L'hydrographie est caractérisée par le petit nombre de cours d'eau permanents. Des trois Volta (blanche, rouge et noire) seule la dernière est permanente. La Sirba, le Gorki, le Mahiou, tous affluents du Niger, ne forment que de minces filets en saison sèche. Les autres rivières permanentes sont la Comoe, la Léraba, le Banifing, et le Pendjari à la frontière du Bénin.

La population est d'environ 6,5 millions d'habitants en 1980 soit une densité de 25 habitants au km2. Cette population est très inégalement répartie avec 2 à 5 habitants au km2 dans le nord et dans l'est, tandis que la partie centrale compte des moyennes de l'odre de 50 à 60 habitants au km2. Le taux de croissance est de 2,3% par an. Plus de 80% de la population vit de l'agriculture et les principales cultures sont les céréales destinées uniquement à l'autoconsommation. Il convient de signaler cependant l'augmentation rapide de la population dans les grandes villes (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou), la population agricole augmentant, elle, au taux annuel de 1,9 à 2,0%.

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Pour les besoins de la description de la végétation lignsuse et de la présentation des résultats sur les surfaces, on a classé les formations en formations denses feuillues (NHC), formations feuillues ouvertes (NHc/NHO) et formations (essentiellement) arbustives (nH), mais il faut bien comprendre qu'il existe toutes les formes de transition (1) (3) (5).

Formations forestières feuillues denses (NHC)

Si on excepte quelques peuplements d'origine anthropique tels que ceux de cad (Acacia albida) autour de nombreux villages et de rônier (Borassus aethiopium) dans le sud-ouest du pays, les formations denses feuillues sont essentiellement constituées par les galeries forestières et les forêts denses sèches du domaine soudano-guinéen, dans le sud-ouest du pays avec des précipitations supérieures à 1 000 mm.

Dans les galeries foretières situées le long des rivières pérennes et dans les vallées ravins à humidité permanente, les espèces les plus fréquentes sont: Berlinia grandiflora, Khaya senegalensis, Syzygium guineense, Cola cordifolia, auxquelles peuvent s'ajouter pour les galeries forestières les plus méridionales Carapa procera, Pentadesma butyracea, Adina microcephala. Les palmiers et notamment le palmier à huile (Elaeis guineensis), Calamus deeratus, Raphia sudanica et Phoenix reclinata dans les zones marécageuses, et Pandanus candelabrum, font également partie du cortège floristique des galeries forestières.

On observe aussi, surtout dans les confins méridionaux du pays, l'existence de quelques îlôts forestiers reliques, véritables forêts denses sèches liées à des conditions microclimatiques particulières. Ces îlôts de forêts sèches comptent aussi certaines espèces appartenant à la flore des forêts denses humides de la région équatoriale. Les espèces les plus caractéristiques sont, outre celles des forêts claires et savanes boisées environnantes, Diospyros mespiliformis et Tamarindus indica.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

Ce sont essentiellement des formations du domaine soudanien constituées par des forêts claires, des savanes boisées, et des savanes arborées et arbustives. Les forêts claires contiennent une forte proportion d'arbres de taille petite ou moyenne dont les cimes sont plus ou moins jointives. On n'en trouve plus que quelques lambeaux près des villages ou dans certaines forêts classées ayant bénéficié d'une protection suffisante. Si Anogeissus leiocarpus demeure dans beaucoup de forêts claires l'espèce dominante, on peut aussi y rencontrer Pterocarpus erinaceus, Burkea africana, Afzelia africana, Albizia chevalieri et, surtout dans la partie méridionale du domaine soudanien, Isoberlinia doka, Detarium microcarpus.

Selon le degré de dégradation des forêts primaires, les savanes peuvent être boisées, arborées ou arbustives. Floristiquement on y trouve quelques espèces des anciennes formations primaires auxquelles s'associent diverses espèces des régions septentrionales (Acacia spp., Zizyphus mauritiana). Sterculia setigera, Bombax costatum, Prosopis africana, Boswellia dalzielli, Lannea microcarpa, L. acida, Cassia sieberiana et Sclerocarya birrea deviennent fréquentes. Dans les cas extrêmes dominent les Combretacées et les Cassalpiniées.

A côté de ces formations principales existent des formations liées à la nature du sol, qu'il s'agises des collines cuirassées (fourrés à Combretum micranthum), des vertisols (peuplements à Acacia seyal), des zones périodiquement inondées (Mitragyna inermis, Nauclea latifolia, Acacia caffra var. campylacantha) ou en bordure des cours d'eau (fourrés à Pterocarpus santaniloïdes, Crataeva adansonii et Cola laurifolia).

Formations (essentiellement) arbustives (nH)

Ce sont les steppes arborées ou arbustives du domaine sahélien au nord du 14ème parallèle, là où les précipitations sont inférieures à 600 mm et où la saison sèche dure de 8 à 10 mois. Largement dispersées ou quelquefois rassemblées en bosquets, ou formant des fourrés disposés en bandes plus ou moins parallèles, alternant avec des espaces dénudés (fourrés tigrés), les espèces les plus remarquables sont: Acacia senegal, Acacia nilotica var. tomentosa formant de véritables ceintures boisées autour des mares permanentes ou semi permanentes, Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens, Boscia angustifolia, Commiphora africana, Combretum glutinosum, Maerua crassifolia, Pterocarpus lucens, Ziziphus mauritiana.

Le baobab (Adansonia digitata), que l'on trouve partout en Haute-Volta se rencontre surtout en zone sahélienne où il constitue parfois des peuplements importants.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

D'après différents rapports présentés au CILSS et à la Commission des Forêts pour l'Afrique, la superficie totale des terrains boisés susceptibles de fournir du bois de feu et de service étaient estimés en 1974/76 à 16 millions d'ha avec un matérial sur pied et un accroissement à l'ha assez faibles. Le domaine forestier classé couvrirait 3 464 845 ha soit près de 13% de la surface du pays. Toutefois ce chiffre comprendrait également les paros nationaux et les réserves de faune, situés essentiellement dans la forêt claire et la savane arborée soudanaise et qui représentent selon des informations récentes 890 000 ha.

Pour établir le tableau suivant des surfaces de végétation ligneuse à la fin de 1980, on a utilisé comme information de base les résultats de deux études d'interprétation des images des satellites Landsat, correspondant à la situation à la fin de 1975 et réalisées respectivement par le projet PNUD/FAO/Haute-Volta “Développement des ressources forestières de la faune sauvage et de la pêche” (11) et l'unité FAO de télédétection. Malheureusement cette dauxième étude n'a porté que sur 72% du territoire et n'a pu être utilisée que partiellement.

Surfaces estimées de la végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

NHCf1(u)NHCf2NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2iNHc/NHO2rNHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
(ε)(ε)(ε)(ε)(850)(5030)(1320)(6350)(7200)(4500)(3000)

On peut compléter ce tableau par les remarques suivantes:

Propriété et statut légal

Pendant longtemps les terres boisées étaient réputées appartenir à l'Etat. Elles étaient alors soit classées et les prélèvements devaient faire l'objet de concessions spéciales, soit protégées et les collectivités locales pouvaient y prélever les bois de chauffage et de service nécessaires à la satisfaction de leurs besoins, après paiement ou non d'une redevance. Depuis, des réformes administratives qui ont créé des services différents pour les forêts, la pêche et les parce nationaux et réserves de faune et, d'autre part, l'augmentation de la population et ses déplacements ont entraîné certains changements dans le droit à la terre. C'est ainsi que le développement du secteur agricole et l'installation de colons, sur les terres libérées de l'onchocercose par l'Autorité d'Aménagement des Vallées des Volta, va entraîner une diminution du domaine forestier. Par ailleurs l'établissement de plantations villageoises, quelquefois en partie sur le domaine classé, crée au profit des collectivités rurales de nouveaux droits à la terre.

Il faut signaler enfin que l'intérêt des pouvoirs publics pour la conservation de la nature et la chasse a entraîné la création de parcs nationaux et de réserves cynégetiques où les prélèvements sont soit interdits, soit réglementés (NHc/NHO2r).

Aménagement

Actuellement aucun plan d'aménagement n'existe pour le domaine classé, même si une opération d'inventaire a été entreprise en 1976 dans les périmètres de mise en défens (Sapono-Bissiga) par le Centre Voltaîque de la Recherche Scientifique pour une évaluation quantitative et qualificative de la flore. Quant au domaine non classé, il est soumis à une exploitation intense non contrôlée et inégalement répartie, réduisant à néant toute régénération naturelle du couvert végétal.

Exploitation forestière

Bois en grumes

Actuellement les coupes de bois d'oeuvre se limitent au sud du pays. Elles s'effectuent dans des ensembles boisés dont certains ont un potentiel de production effective. Toutefois la grande majorité du bois d'oeuvre et des produits dérivés du bois est importée comme bois scié ou contre-plaqué.

L'exploitation de ces forêts est assurée par une scierie à Banfora, et des plans existent pour l'installation d'une deuxième unité dans la même région. Le permis d'exploitation est accordé sur demande de l'exploitant dans le cadre du décret forestier et les superficies d'exploitation sont généralement de 2.500 ha. Le rythme moyen d'exploitation ne dépasse pas 100 arbres par mois. L'exploitation des grumes est limitée aux “bois rouges” dont le Khaya est la principale essence utilisée actuellement. Elle est très sélective et n'utilise que des grumes de bonne forme et de grandes dimensions (70 cm de diamètre et 2,5 à 3 m de longueur) ce qui explique la superficie d'exploitation relativement étendue.

Autres produits forestiers

En ce qui concerne l'exploitation des bois de service, de feu et de charbon de bois, elle est soumise en principe à la délivrance de permis individuels de coupe. Les quantitiés réellement exploitées sous cette forme ne dépassent généralement pas 100 stères par mois par exploitant pour le bois de chauffe et 100 quintaux pour le charbon de bois. En plus l'utilisation du bois mort est libre pour les besoins personnels de la population. Le nombre de petits exploitants coupant du bois pour la vente comme bois de service, perches, bois de chauffage et charbon de bois, reste toutefois très élevé et il est difficile d'exercer sur eux un contrôle efficace.

Les besoins du pays en bois de feu sont considérables du fait que le pays n'a pratiquement pas d'autres sources énergétiques utilisables avec la technologie locale. Plusieurs estimations partielles portant sur différentes régions ont été effectuées indiquant la gravité de la situation. D'après les premiers résultats d'une enquête en cours couvrant la période 1980–81 la consommation de bois de feu s'élève à près de 6 millions de m3. Le secteur rural avec presque 90% de la population reste le grand consommateur avec près de 5,4 millions de m3 et ces prelèvements sont en partie responsables des problèmes de désertification. Le problème est encore plus sérieux autour des grands centres urbains lesquels vu leur rythme d'expansion risquent de connaître une situation de pénurie nécessitant une augmentation considérable des programmes de reboisement énergétiques.

Une estimation de la consommation de perches pour la construction traditionnelle ne peut qu'être approximative. Un chiffre de 600 000 m3 par an pour tout le pays est avancé (8).

Les petits exploitants, très nombreux, sont très sélectifs quant au choix des essences, ce qui entraîne une dégradation importante des formations ligneuses. La sélection des essences pour bois d'oeuvre, perches, bois de chauffage et charbon laisse un volume résiduel de mauvaise forme et qualité pour les produits forestiers demandés.

Le pourcentage de bois utilisé par rapport au volume total à l'hectare est variable. Dans les surfaces boisés autour de Ouagadougou (isohyète 900 mm) le volume sur pied est composé à 30% d'essences commercialisables, le reste étant constitué d'essences non utilisées actuellement. En allant vers le sud, la proportion d'essences utilisables augmente progressivement. Ainsi au niveau de l'isohyète 1 100mm, on trouve parfois jusqu'à 80% d'essences “utilisables”.

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

L'absence d'inventaire et de mesures des accroissements ne permet pas de donner des chiffres précis. D'après le document (2) le matériel sur pied sur les 16 millions d'ha susceptibles de fournir du bois de feu était de 76,5 millions de m3 (153 millions de stères) soit 4,8 m3/ha en moyenne, avec un accroissement annuel relativement faible de 3,5 millions de m3, soit 0,22 m3/ha/an.

Le tableau suivant donne des estimations des volumes sur pied (VOB) et volumes actuellement commercialisés dans les formations mixtes forestières et graminéennes productives (NHc/NHO1).

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

NHc/NHO1
VOBVAC
m3/hatotalm3/hatotal
403421,7

Selon Devillé (9) les accreissements annuels moyens des peuplements au sud de l'isohyète de 900mm seraient de l'ordre de 0,5 à 1 m3/ha, ce qui indiquerait une nette dégradation de la surface boisée actuelle. Toutefois un aménagement bien conçu allant de pair avec des plantations en placeaux denses et des semis d'enrichissement en essences locales permettrait sans doute de doubler ce rendement et de le porter dans le futur de 1,3 à 1,8 m3/ha/an tous bois compris dont 65% au minimum représenteraient du bois de feu et de service. Ce n'est que récemment, dans le cadre d'un projet d'inventaire, qu'on a commencé à suivre certaines parcelles d'essais dans les forêts classées de Gonze, Dinderesso et Toumousseni. Ce dernier site, situé dans la région de Banfora, appartient au domaine soudano-guinéen à dominance de savanes boisées et de forêts claires. Des cubages réalisés en 1979 ont montré un matériel sur pied de 75 m3 par hectare soit un accroissement annuel moyen de l'ordre de 3 m3/ha/an. Les petites dimensions de l'échantillon et la variété des traitements subis par ces parcelles (protection intégrale, feux précoces, feux tardifs) ne permettent pas cependant de tirer de ces chiffres des enseignements généralisables (10).

Si l'on estime que 500 000 ha seulement sur les 850 000 ha de formations productives (NHc/NHO1) seraient susceptibles de faire l'objet d'un plan d'aménagement, on pourrait estimer le matériel sur pied à 25 millions de m3 avec une possibilité en bois de feu et de service de 500 000 m3 (9).

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

Depuis de très nombreuses années l'Administration du pays a tenu à procéder à des plantations de bordure le long des routes et à agrémenter les centres urbains d'arbres d'ombrage. Dès 1939 les premiers boisements en took étaient effectués qui devaient se poursuivre jusqu'aux années soixante. A partir de colles-ci différents programmes de développement ont vu le jour au sein des collectivités rurales dont l'action forestière culminait lors des manifestations de la Fôte de l'arbre, avec distribution de plants et plantations par les paysans, Toutefois peu de plants survivaient à la saison sèche et les reboisements établis avant 1972 couvrent seulement une surface de 2 000 ha environ.

Des travaux effectués à partir de 1963 par les stations du CTFT, le Service forestier national et certains experts étrangers ont dégagé les techniques et espèces à utiliser.

Depuis 1972 des plantations d'exotiques à croissance rapide, exploitables en taillis à rotation de 6 à 7 ans, ont été programmées autour des grandes villes afin de pourvoir aux besoins croissants en bois de feu des populations et freiner la destruction du couvert végétal autour des centres urbains.

De 1972 à 1977 ces plantations à grande échelle ont couvert plus de 4 700 ha et ont été financées par plusieurs donateurs (Fonds d'Aide et de Coopération français, USAID, Israel, Belgique, RFA, Canada, PNUD/FAO). Depuis 1977 de nombreux programmes ont été soit mis en route (Aménagement des Vallées des Volta AVV), soit développés (Mission Forestière Allemande) ou préparés.

1.2.2 Surfaces des plantations réalisées

Le tableau suivant est établi, notamment à partir des documents (7) et (9) et de la réponse au questionnaire (maintenant ancien) pour le Colloque mondial sur les peuplements artificiels (Canberra, 1967). Ce dernier document fait état de 600 hectares de plantations de teck à la fin de 1965, dont on a supposé qu'il restait actuellement 300 hectares seulement en bonne condition.

Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40>40
PHL 2Tectona grandis   ε0,20,1ε  0,3
 Diverses essences 18,81,71,2    11,7
P..2=PH.2=PHL 2Total plantations nonindustrielles8,81,71,2ε0,20,1ε12,0

1 Il s'agit essentiellement d'Eucalyptus camaldulensis, Cassia siamea, Azadirachta indica, Gmelina arborea, Acacia nilotica et Anacardium occidentale.

1.2.3 Caractéristiques des plantations

Les chiffres suivants d'accroissement annuel moyen sont donnés pour le teck (réponse au questionnaire pour le Colloque mondial sur les peuplements artificiels - Canberra, 1967):

Les boisements réalisés près de Ouagadougou (principalement Eucalyptus camaldulensis) ont un accroissement annuel moyen de 5,3 à 6 m3/ha/an. Dans le sud-ouest du pays ces rendements peuvent être doublés.

2. Tendances actuelles

2.1 Végétation ligneuse naturelle

Actuellement l'augmentation de la population et l'accroissement correspondant des besoins en bois de feu et produits agricoles entraînent soit une régression de la forêt par des défrichements proprement dits pour une agriculture permanente, soit une détérioration de la forêt par une diminution des rotations dans l'agriculture itinérante ou par des coupes excessives notamment près des villes pour les bois de service et de chauffage. Il est toutefois difficile dans bien des cas de faire la distinction entre défrichement et dégradation quand cette dernière a dépassé un certain seuil dans des zones aussi fragiles.

2.1.1 Déforestation

Les plans officiels de développement de la production agricole ne font état d'aucun défrichement. Les statistiques de la FAO confirment toutefois que les terres arables sont passées de 5,0 à 5,6 millions d'hectares de 1961–65 à 1978, cet accroissement se faisant au détriment du domaine forestier. Par ailleurs il est dit que la colonisation sur les terres libérées de l'onchocercose, par l'Autorité d'Aménagement des Vallées des Volta entraînerait en dix ans une diminution de 800 000 ha du domaine forestier (7). Cependant il est probable que cette colonisation n'atteindra son rythme de croisière qu'au delà de 1985.

Pour les cinq prochaines années (1981–85), les défrichements continueront surtout, comme dans le passé, dans la zone soudano-sahélienne. On estime qu'ils couvrent annuellement de l'ordre de 60 000 ha, dont 10 000 ha en formations productives (NHc/NHO1) et le reste en formations improductives (NHc/NHO2i). Ce chiffre correspond sensiblement à l'augmentation annuelle du domaine agricole.

A ce type de déforestation s'ajoutent les défrichements qui sont la résultante finale des coupes incontrôlées de bois de feu autour des agglomérations, défrichements qu'il est difficile de chiffrer étant donné le caractère progressif du phénomène.

2.1.2 Dégradation

On a vu que jusqu'à la fin des années soixante l'exploitation coutumière n'entamait que fort peu le capital bois national. Elle s'est élevée à environ 6,6 millions de m3 en 1980, soit une surexploitation de plusieurs millions de m3 par rapport au rendement normal de l'ensemble des forêts (2). Dans un document de projet forestier du gouvernement de la République de la Haute-Volta, il est indiqué que ce prélèvement excessif dégraderait en 1980 une surface totale d'environ 350 000 ha de forêts non protégées. En réduisant la consommation de 1,35 à 1,18 st/habitant, la dégradation serait de 160 000 ha, ce qui reste très alarmant.

Cette surexploitation se fait d'ailleurs suivant une répartition irrégulière. Certaines forêts dans les zones peu peuplées du sud-ouest ne sont aucunement affectées tandis que la pression sur la forêt aux environs des villes et dans les régions à forte densité de population comme le plateau Mossi est telle qu'elle provoque, comme on l'a vu au paragraphe précédent, la disparition de toute végétation ligneuse, à l'exception des arbres fruitiers néré et karité.

A cette surexploitation dont les produits procurent le bois de chauffe vient s'ajouter, le problème de l'émondage des arbres et arbustes par les bergers et celui de la pratique courante des feux de brousse diminuant la productivité des forêts en matiére ligneuse et empêchant une réinstallation rapide d'un couvert arbustif dans des jachères dont les rotations tendent à se réduire.

2.1.3 Tendances dans l'exploitation forestière

On a déjà longuement rappelé ci-dessus les tendances de l'exploitation coutumière ou mieux de la surexploitation qui continue à se développer. Les coupes ont lieu dans un rayon qui peut atteindre 100 km autour des villes. Les réserves forestières ne sont pas bornées et de nombreuses coupes illégales ont lieu. Les bois proviennent aussi bien des terres agricoles où subsistent des arbres ou arbustes isolés que des savanes boisées. En fonction de l'évaluation démographique on a estimé les besoins en bois comme suit (12):

Accroissements prévus de la population et des besoins en bois de feu 1

ZonesAnnées197419801990
PopulationBesoins en boisPopulationBesoins en boisPopulationBesoins en bois
Agglomérations  550  440  737600012001000
Zones rurales525047705794540067636600
Total580052106531600079637600

1 Population exprimée en milliers d'habitants et besoins en bois de feu en milliers de m3.

La satisfaction de tels besoins nécessitera comme on le verra l'augmentation des plantations annuelles pour compenser le déficit en forêt et permettre sa reconstitution. L'aménagement des forêts naturelles des domaines soudanien et soudano-guinéen n'est prévu qu'à long terme quand on disposera d'inventaires plus complets permettant de mieux connaître les possibilités des différents types de savanes arborées, de forêts claires, et de forêts galeries. Un rapport du gouvernement fait état d'un aménagement des formations forestières naturelles comprenant les savanes boisées du sud-est et du sud-ouest sur près de 2 millions d'ha pouvant produire annuellement, sous rendement soutenu, un volume total de bois tout venant d'environ 1,5 million de m3, soit 1,8 million de stères de bois de feu (0,9 million de m3) en décomptant 40% pour la futaie en réserve et les pertes lors de l'exploitation du sous-bois.

2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985

Les considérations des paragraphes précédents conduisent aux tableaux ci-dessous.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

NHCf1(u)NHCf2NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2iNHc/NHO2rNHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
(ε)(ε)(ε)(ε)(800)(4780)(1320)(6100)(6900)(4750)(3000)

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(en millions de m3)

NHc/NHO 1
VOBVAC
321,6

2.2 Plantations

Pour le moment on s'oriente surtout vers les plantations villageoises pour la satisfaction des besoins des communautés rurales, Toutefois on pense déjà pour les régions du nord à des plantations d'arbres fourragers, dans le plateau central à des plantations à grande échelle de caractère industriel pour le ravitaillement des villes et des industries, et enfin dans le sud à des plantations comme complément de l'aménagement de forêts naturelles). L'effort d'extension de forêts communautaires villageoises et familiales, réalisées jusqu'à ce jour, a suscité un vif intérêt chez plusieurs donateurs lors de la réunion CILSS/Multidonateurs pour la mise en ouevre des projets forestiers en Haute-Volta en Mars 1979.

Il est actuellement acquis que, dés 1980, la plupart des départements voltaïques, et en premier lieu tous ceux du plateau Mossi et de toute la région centrale où le problème de la déforestation est le plus aigu, seront inclus dans un programme de reboisement rural au niveau villageois, appuyé par des financements extérieurs et une assistance technique des organismes donateurs suivants: la République Fédérale d'Allemagne pour la région sahélienne, la Confédération helvétique pour le nord, le centre et l'est, le Royaume des Pays-Bas pour le centre-nord et la Volta noire, le FED et la Banque mondiale pour le centre-ouest.

En vue de ce programme national de reboisement dans les villages qui devrait permettre l'établissement de prés de 80 000 ha de plantations villageoises sur le plateau central, le bureau du CILSS a, dans le cadre du Club du Sahel, proposé la plantation annuelle de 5 ha par village communautaire pendant 5 ans, soit 25 ha par village. Suivant le programme et au rythme de 5 nouveaux villages par année, 375 ha devraient être reboisés au niveau de chaque Office Regional de Développement (ORD), soit au total 3 750 ha pour les dix ORD à la fin de la première phase quinquénnale.

La programmation nationale prévoit également des reboisements en vue d'une production de bois industriel dans la région des Hauts Bassins. C'est aussi bien pour répondre à cet objectif que pour faciliter le ravitaillement en bois de feu des grandes villes (Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Banfora) qu'une mission conjointe FAO/Banque mondiale pour le Sahel central a proposé le programme suivant pour la Haute Volta, étalé sur 4 à 5 ans:

Compte tenu des plans et programmes précités, on peut raisonnablement envisager la réalisation de 10 000 hectares de plantations pour la période 1981–85.

Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées81–8576–8071–7566–7056–6546–55Avant 46Total
Classe d'âge0–55–1011–1516–2021–3031–40>40
PHL 2Tectona grandis    0,10,2ε0,3
 Diverses essences 110,08,81,71,2   21,7
P..2=PH.2=PHL 2Total plantations nonindustrielles10,08,81,71.20,10,2 22,0

1 Voir paragraphe 1.1.2


Previous Page Top of Page Next Page