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La République du Sénégal, située à l'avancée la plus occidentale de l'Afrique, couvre 196 722 km2 et est limitée au nord par la Mauritanie, à l'est par le Mali, au sud-est par la Guinée, au sud par la Guinée-Bissau. La Gambie est insérée d'ouest en est, en forme de long couloir de 40 km de large et 370 km de long, dans la moitié méridionale et isole la région de la Casamance au sud. La frontière avec la Mauritanie est marquée par le cours du fleuve Sénégal et, du côté du Mali, elle longe le même fleuve et son affluent la Falémé, tandis que du côté de la Guinée elle coïncide avec les contreforts occidentaux du Fouta Djalon. Le Sénégal ouvre sur l'Atlantique par une façade maritime de 600 km.
Dans l'ensemble, le pays offre des paysages de plaines basses, partout inférieures à 200 m, recouvertes de sédiments récents, en majorité des sables “dior” de couleur rougeâtre. Les altitudes ne s'élèvent qu'au sud-est sans jamais dépasser 500 m. Au sud de la partie orientale, dans la région de la haute Falémé, le plateau du Bambouk constitue la terminaison nord-ouest du massif guinéen du Fouta Djalon. Le bassin sénégambien est drainé par trois fleuves, le Sénégal, la Gambie et la Casamance, cours d'eau de plaine à large vallée et faible pente, dont la section inférieure est largement remontée par la marée.
Situé entre 12°18' et 16°41' de latitude nord, le Sénégal est tout entier compris dans la zone tropicale soudanienne. Seule la partie méridionale offre des traits “guinéens” avec une humidité plus grande. Les confins sénégalo-mauritaniens, ainsi que le “désert” du Ferlo, correspondent à la région sahélienne, que caractérise une pluviométrie faible et irrégulière. Le climat est partout fondé sur l'alternance d'une saison humide d'été (Juillet à Octobre) et d'une saison sèche (Octobre à Juin). Tandis qu'au sud les pluies diminuent de la côte vers l'intérieur, dans la moitié nord c'est de l'intérieur vers la côte que décroît la pluviométrie. En même tempe, les pluies diminuent du sud vers le nord (1 800 mm en Basse Casamance, 500 mm dans la basse vallée du Sénégal). Dans les régions éloignées de la mer, durant la saison sèche, souffle l'harmattan, qui élève fortement la température et accroît la sécheresse de l'air.
La population, qui était de 5 014 540 habitants au recensement du 15 avril 1976, peut être estimée, fin 1980, à 5 730 000 habitants compte-tenu d'un taux moyen annuel de croissance de 2,87 %. Le taux d'urbanisation (villes de plus de 10 000 habitants) est l'un des plus élevés de l'Afrique tropicale avec environ 32,4 % en 1980 (contre 29,2 % en 1976), soit un taux de croissance moyen annuel de 5,5 %. La population rurale par contre, estimée à 3 800 000 habitants en 1980, ne croît qu'au taux de 1,7 % par an. La population est très inégalement répartie. Mise à part la région du Cap Vert qui présente un cas particulier du fait de la présence de l'agglomération dakaroise (plus d'un million d'habitants en 1980) les régions de Thiès et Diourbel présentent les plus fortes densités moyennes apparentes, mais ceci est dû en grande partie au fait que ces deux régions ne comprennent pas à l'intérieur de leurs limites de zones semi-désertiques. Quoique la densité rurale y soit en moyenne moins forte, certaines parties des régions du Fleuve (moyenne vallée), du Sine Saloum (départements de Fatick, Kaolack et Foundiougne), de la Casamance (Basse Casamance) et de Louga (le long de l'are routier Thiès - St. Louis) comprennent également des zones très denses. Par contre, tout l'est du pays est faiblement peuplé à l'exception des axes routiers et ferroviaires.
1. Situation actuelle
1.1 Végétation ligneuse naturelle
1.1.1 Description des types de végétation
Les prospections floristiques effectuées par Chevalier entre 1898 et 1933 et les travaux qu'il mena avec Emberger, puis les relevés de botanique forestière réalisés par Aubréville de 1936 à 1939 (1) (3) (4) permirent de répartir la végétation des contrées à longue saison sèche situées au sud du Sahara entre les domaines sahélien, soudanien et guinéen. Dans l'ouest du continent, la “Contribution à l'étude de la végétation du Sénégal” (2) publiée en 1940 par Trochain représente encore aujourd'hui la meilleure monographie que nous possédions sur les peuplements forestiers. Giffard (10) (11) a repris en 1971 et 1974 cette monographie pour classer les différents domaines forestiers du Sénégal. Selon cette classification, on peut distinguer trois domaines phytogéographiques:
le domaine sahélien recouvre la partie nord du Sénégal. Sa limite sud suit depuis le fleuve Sénégal le parallèle 15°15 puis, après être remontée au 15°30 au niveau de Coki, se dirige vers le sud-ouest pour atteindre la côte aux environs de Dakar. Ceci correspond à l'isohyète 550 mm. Le peuplement forestier est “une formation ouverte, très diffuse, avec de larges intervalles entre les arbres groupés en taches allongées, étroites et ondulantes” (11);
le domaine soudanien couvre près des deux tiers du Sénégal. Il est situé au sud de l'isohyète 550 mm qui est la limite du domaine sahélien et au nord de la ligne Banjul - Kolda qui fait la limite avec le domaine guinéen. Au point de vue floristique, la limite septentrionale est marquée par l'apparition de Bombax costatum, Combretum elliottii, Cordyla pinnata, Entada africana, Parkia biglobosa, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus. “Le passage à partir du Sahel s'effectue toutefois d'une façon progressive et insensible. Les essences inermes deviennent plus nombreuses, la densité du peuplement forestier augmente, les graminées forment un tapis plus fourni, les strates arborées et arbustives ont tendance à se superposer.” La frontière méridionale correspond approximativement avec le maximum de l'extension vers le sud de l'Acacia seyal et vers le nord de Lophira alata. Aubréville (4) évalue à 80 le nombre d'espèces forestières spécifiques du domaine soudanien. Leur répartition et leur groupement permettent de définir deux secteurs de part et d'autre du 14ème parallèle (isohyète 900 mm). Au nord, le secteur soundano-sahélien est marqué par la présence de Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Boscia senegalensis, Commiphora africana, Grewia bicolor. Au sud, le secteur soudano-guinéen est marqué par l'apparition de Cassia sieberiana, Daniellia oliveri, Oxytenanthera abyssinica, Terminalia macrocarpa;
le domaine guinéen s'étend sur environ un million d'ha à l'ouest de la ligne joignant Banjul à Kolda et correspond à une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 1 250 et 1 700 mm. Le climax était une forêt demi-sèche dense à deux étages. Il s'y est développé sous l'action du feu et de l'homme un mélange de forêts claires et de savanes arborées à affinité soudano-guinéenne.
Les types de végétation présents au Sénégal couvrent donc une très grande partie de la gamme tropicale depuis les forêts denses jusqu'à la steppe subdésertique. La description de la végétation ligneuse est présentée ci-dessous dans le cadre des grandes catégories utilisées pour cette étude.
Formations forestières feuillues denses (NHC)
A l'exception des forêts galeries de la zone soudano-guinéenne à Ceiba pentandra, Detarium senegalense, Erythrophleum guineense, les forêts denses ne se rencontrent que dans le domine guinéen sous la forme de 13 000 ha de forêts sèches et demi-sèches, et de 162 000 ha de mangroves dans les principaux estuaires.
- Les forêts (demi-sèches) denses à Parinari et Erythrophleum
Ce type de forêt a dû recouvrir toute la Basse Casamance. Il en subsiste encore des taches à l'intérieur des forêts classées et sous forme de petites forêts sacrées qui ont toujours été protégées contre les feux de brousse. C'est une forêt à deux étages souvent trés nets. L'étage supérieur a une composition floristique relativement simple. Il est constitué principalement par le mampato (Parinari excelsa), le tali (Erythrophleum guineense), le detha (Detarium senegalensis), le linké (Afzelia africana) et le caïlcédrat (Khaya senegalensis). L'étage inférieur est un sous-bois de 3 à 5 m de haut, très dense et formé d'arbrisseaux sarmenteux, de lianes et de plantes herbacées.
- Les forêts sèches à grandes Légumineuses
Ce type de forêt est caractérisé par un étage supérieur constitué d'arbres espacés atteignant 15 à 20 m de haut et dont les troncs sont souvent tortueux. L'étage inférieur comprend soit des arbustes (essentiellement des Combretacées), soit des touffes de bambou ou un tapis herbacé. Les espèces les plus fréquentes de l'étage dominant sont le vène (Pterocarpus erinaceus), le dimb (Cordyla pinnata), le nété (Parkia biglobosa), le kapokier (Bombax costatum), le santan (Daniellia oliveri) et le pelli (Erythrophleum africanum). Le degré de virulence des feux de brousse annuels et les conditions micro-écologiques déterminent le degré d'ouverture du couvert de ces forêts. Les bambous (Oxytenanthera abyssinica) sont fréquents à l'est du méridien 15°30. On les trouve aussi à l'état disséminé au nord, dans les forêts de Narangs et au sud de la Casamance dans la forêt de Bafata.
- Les peuplements de santan
Le santan (Daniellia oliveri) forme des petits peuplements souvent homogènes qui semblent occuper l'emplacement de très anciens défrichements sur lesquels une certaine densité de souches de cette espèce avait survécu. Les arbres ont ensuite totalement colonisé ces terrains en éliminant les autres espèces grâce à leur exceptionnelle puissance de drageonnement. Il semble que l'existence de ces peuplements soit aussi liée à un régime de pluie supérieur à 1 200 mm par an. Les récentes sécheresses ont provoqué la mort de nombreux santans.
- Les mangroves
Au sud de la Gambie, elles occupent l'estuaire de la Casamance sur environ 130 000 ha. Elles s'étendent de la frontière de Guinée-Bissau au sud jusqu'à Diouloulou au nord. Elles occupent une bande importante sur la rive nord du fleuve, de 6 km de largeur entre Ziguinchor et Tobor, qui s'amenuise ensuite pour n'apparaître que sur des îlots ou en minces rideaux le long des rives jusqu'à l'île du Diable en amont de Sédhiou. Sur la rive sud de la Casamance, les mangroves sont moins étendues. On peut distinguer deux grands massifs: le plus occidental est situé entre Kabrousse et Karabane sur une largeur moyenne de 10 km. Le massif oriental, séparé du premier par une zone de terre ferme, s'étend de Pointe Saint Georges à la frontière guinéenne, puis s'étire de part et d'autre de la rivière Kamabeul, affluent de la Casamance. Entre la rivière Kamabeul et Ziguinchor, les mangroves occupent une bande de 1,5 à 2 km de largeur moyenne. Au delà, elles ne sont présentes par intermittence qu'en frange très étroite. Les mangroves de la Casamance sont composées de deux espèces: Rhizophora racemosa et Avicennia nitida. La première constitue des peuplements à peu près purs en bordure des marigots et correspond à la végétation pionnière des zones où la vase est la plus récente et la moine consolidée. Dès que l'on atteint des sols moins humides et plus sablonneux l'Avicennia constitue l'essentiel des mangroves. Elle envahit aussi les rizières abandonnées soumises à l'influence des marées. Des arbustes buissonneux, caractéristiques des sols salés, notamment Conocarpus erectus, se trouvent aux lisières de terre ferme des mangroves.
Au nord de la Gambie, on rencontre la mangrove dans les terres salées du Sine Saloum occupées autrefois totalement par les palétuviers et dont l'extension a été réduite à l'estuaire soumis à l'influence des marées et le long de toute la côte comprise entre les embouchures du Saloum et de la Gambie où Rhizophora racemosa et Avicennia africana poussent en peuplements denses.
Enfin, tout à fait au nord du pays, entre l'embouchure du fleuve et l'île de Thiong, ainsi que dans la zone comprise entre le Loll et le Sénégal, il existe une mangrove de Rhizophora racemosa et Avicennia africana à l'état végétatif médiocre et souvent concurrencée par des groupements graminéens halophiles à Sporobulus robustus et Paspalum vaginatum.
Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)
Ce sont essentiellement les forêts claires, les savanes boisées, les savanes arborées des domaines soudano-guinéen et soudano-sahélien. Mais la présence du fleuve Sénégal provoque l'existence de formations forestières ouvertes en zone sahélienne.
a) Secteur soudano-guinéen
Les savanes boisées sont composées d'arbres de 15 à 20 m de hauteur dominant un taillis de 3 à 5 m. Les feux itinérants ont modifié le peuplement initial favorisant le développement des espèces drageonnantes aux dépens des essences à reproduction sexuée. Les arbres ont des troncs tortueux, chancreux et mutilés. Trochain (2) estime que la composition floristique est toutefois assez proche de celle du climax. On rencontre dans l'étage supérieur Albizia zygia, Afrormosia laxiflora, Afzelia africana, Bombax costatum, Cordyla pinnata, Daniellia oliveri, Erythrophleum africanum, Lannea acida, L. macrocarpa Parkia biglobosa, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Terminalia macroptera. Il faut noter l'absence de Butyrospermum parkii (karité). Le bambou Oxytenanthera abyssinica couvre d'importantes superficies formant des peuplements grégaires dont les touffes sont réparties autour de pieds mères.
- Vers le sud-est du Sénégal, la carapace ferrugineuse est si épaisse par places que les racines des arbres ne peuvent la traverser. Le développement des arbres est donc réduit et Acacia ataxacantha, A. macrostachya, Boscia senegalensis, Combretum aculeatum sont les seules espèces qui peuvent se développer avec parfois Bombax costatum et Parkia biglobosa à l'état nain.
b) Secteur soudano-sahélien
Trochain (2) estime que le groupement climacique devait être une savane arborée xérophile mais, aujourd'hui, la strate arborée ayant été éliminée progressivement par les feux et par les hommes, les essences du sous-bois se sont mises à proliférer. Dans l'est où l'action anthropique a été moins intense, il subsiste des espèces appartenant au climax initial mais de nombreuses autres ont disparu. On distingue (11):
les massifs forestiers de la région de Thiès caractérisés par les baobabs (Andansonia digitata), essence calcicole. Ces arbres sont très nombreux et de très grosse taille. Sur les sols argileux relativement frais s'installent Acacia seyal, A. sieberiana, A. nilotica, Anogeissus leiocarpus, Celtis integrifolia, et parfois Khaya senegalensis. Dès que le terrain devient plus sec, Acacia ataxacantha associé à Combretum micranthum forment une savane très difficile à pénétrer;
les “terres neuves” dont le climax initial qui devait être une forêt claire à caractère xérophile accusé a été transformé au cours des siècles en une savane arborée. Anogeissus leiocarpus, Bombax costatum, Lannea acida, Pterocarpus erinaceus et Sterculia setigera forment l'étage arboré avec Terminalia avicennoides sur les sols sableux et Pterocarpus lucens sur les affleurements latéritiques;
les terres salées du Sine Saloum: connu sous le nom de zone des tannes, cette région était occupée jadis par la mangrove qui ne subsiste que dans l'estuaire. Sur les buttes sableuses s'est installé l'Acacia seyal qui, dans les meilleurs stations, est accompagné de Borassus aethiopium, Celtis integrifolia, Parinari macrophylla, Daniellia oliveri. Sous l'action des éleveurs qui détruisent les Acacia en les ébranchant abusivement, ces peuplements se dégradent et sont remplacés par des Combretum glutinosum.
le bassin arachidier: le pseudoclimax à Combretum glutinosum, parsemé çà et là d'Anogeissus leiocarpus, de Cordyla pinnata, de Khaya senegalensis et de Bombax costatum qui caractérisait la zone à la fin du siècle dernier a partout disparu. Seules quelques plages de sols hydromorphes non cultivables portent encore des peuplements d'Acacia seyal surexploités, donc fortement dégradés. La superficie du domine forestier réduite à sept massifs totalisant 25 000 ha ne représente pratiquement rien car, sur le terrain, les peuplements n'existent plus. Acacia albida propagé par les animaux et protégé par les agriculteurs constitue le principal élément arboré ainsi que les baobabs qui sont très nombreux.
c) Secteur sahélien
On peut différencier:
la vallée du fleuve Sénégal: sur les fondés (bourrelets de sable fin situés à la limite des hautes eaux) ne subsistent que quelques peuplements d'Acacia raddiana, A. senegal, A. seyal, Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens et Mitragyna inermis. En arrière, les holadés, dépressions submergées plusieurs fois par an, étaient autrefois occupées par Acacia nilotica var. tomentosa (gonakiés) qui formait un boisement dense. 28 massifs forestiers couvrant 24 832 ha avaient été classés, mais presque partout ailleurs et aussi dans les forêts classées, les gonakiés ont été détruits par les cultivateurs. Sur les dieris, hautes terres qui bordent le lit majeur, les sols portent une végétation comparable à celle des fondés. Le peuplement initial a été presque totalement défriché, y compris dans les massifs classés;
le pseudo delta: depuis Richard-Toll jusqu'à l'embouchure, cette zone de 400 000 ha couverte de dépôts sableux et limoneux est gorgée d'eau. Sur les zones de terrasses, on rencontre Acacia nilotica, Prosopis chilensis, Balanites aegyptiaca isolés par pied ou répartis par petits bouquets au-dessus d'une strate herbacée continue. Sur les dunes et piedmonts dunaires Euphorbia balsamifera est présent partout, accompagné de Salvadora persica dans les jeunes dunes pauvres, d'Acacia raddiana, A. seyal, A. nilotica dans les dunes continentales et les piedmonts où la végétation prend l'aspect d'une savane arborée bien répartie, mais souvent dégradée.
d) Peuplements particuliers
Les palmeraies à Elaeis guineense (palmier à huile) sont nombreuses (particulièrement en Basse Casamance). Elles peuvent constituer des peuplements homogènes sur les lisières des forêts de plateau, aux abords des villages et sur les versants des dépressions et des vallées. Des palmeraies remarquables par leur étendue se rencontrent sur la rive gauche de la Casamance, au sud de Ziguinchor et dans le département d'Oussouye.
Les peuplements de rônier (Borassus aethiopium) couvrent des surfaces beaucoup plus petites que les palmeraies. Ils ont été souvent surexploités pour leur bois, si bien qu'ils sont partout en régression. Seules trois rôneraies (Banganga, Dionguer et Diafilou) ont été classées dans le département de Sedhiou. En outre, il reste quelques taches importantes dans le département de Bignona sur terrains cultivés. La rôneraie se rencontre dans toutes les régions phytogéographiques. Elle remonte même jusque dans le domaine sahélo-saharien en Mauritanie.
Les bambousaies à Oxytenanthera abyssinica sont localisées dans la région soudanienne. Elles sont actuellement cantonnées dans le sud et le sud-est du pays car, partout ailleurs, elles ont été détruites par l'homme. En effet, elles disparaissent après les cultures répétées et par l'exploitation exagérée des chaumes qui servent à confectionner des clayonnages appelés “crintings”. Le cycle végétatif est d'environ 7 ans. Les touffes peuvent atteindre 15 mètres de haut. Elles se rencontrent dans les savanes boisées ou forment des peuplements denses et purs sur les collines ferrugineuses et sur les piedmonts gréseux.
Formations (essentiellement) arbustives (nH)
a) Fourrés de Casamance
On peut distinguer deux types de fourrés:
fourré résultant de l'action des feux de brousse qui ont détruit l'étage dominant. Il ne reste qu'un sous-bois buissonnant et sarmenteux. L'espèce caractéristique est le Combretum micranthum;
fourré littoral: les dunes sont souvent couvertes par un fourré impénétrable de Chrysobalanus en mélange avec quelques arbres épineux. A l'abri des dunes s'avancent des Parinari macrophylla (pommier du Cayor).
b) Steppes arborées ou arbustives du domaine sahélien
zone sylvo-pastorale septentrionale: à l'ouest, dans le Ferlo sableux, la végétation forestière est une steppe arbustive ou arborée à Acacia raddiana et Banalites aegyptiaca. Acacia senegal est présent partout. Vers l'est, dans le Ferlo cuirassé, la strate ligneuse forme une steppe arbustive à Pterocarpus lucens et Acacia seyal dominants;
les Niayes: ce système dunaire occupe une bande orientée nord-est - sud-ouest de 200 000 ha entre l'embouchure du fleuve Sénégal et la presqu'île du Cap Vert. Autrefois occupée vraisemblablement par une végétation de “forêt dense basse” dont la présence s'expliquait par l'influence des alizés, elle est actuellement couverte en grande partie par une steppe et les îlots forestiers y sont de plus en plus rares;
pseudo delta du fleuve Senegal: dans les plaines basses existe une végétation diffuse d'arbustes (Tamarix senegalensis, Balanites aegyptiaca, Acacia seyal, Salvadora persica, Aristida funiculata, Eragrostis pilosa).
1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse
Surfaces actuelles
Il n'existait, jusqu'à une date récente, aucune information chiffrée globale sur les superficies occupées par les différents types de végétation ligneuse au Sénégal. Une seule région, la Casamance, avait fait l'objet d'études de photointerprétation et de sondages au sol permettant des évaluations de surfaces et de volumes. Ces études ont été menées par la FAO de 1973 à 1977 et ont couvert la Basse et la Moyenne Casamance (15) (22). En 1980, le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) s'est vu confier par le Gouvernement du Sénégal l'étude des potentialités forestières du pays et de la situation actuelle de l'exploitation des ressources provenant des formations ligneuses. Ces études qui constituent la première phase de l'élaboration d'un Plan de développement forestier du Sénégal ont servi largement à rédiger ce qui suit.
Dans le cadre de cette étude, une carte des formations ligneuses du Sénégal a été établie à l'échelle du 1/500 000ème à partir de l'interprétation visuelle des images satellite disponibles appuyée par des reconnaissances aériennes, des contrôles au sol et l'interprétation de photographies aériennes conventionnelles récentes (1978). Cette carte a servi de base à l'estimation des superficies des différentes formations ligneuses dont la définition est celle adoptée à la conférence de Yangambi en 1956. Les images satellite ayant servi de base à cette carte datant de fin 78 ou début 1979 (à une seule exception près, à savoir une image de 1973 mais dans l'extrême ouest du pays, donc dans une zone n'ayant plus subi de transformation importante du couvert ligneux depuis cette date), on peut estimer que les estimations de superficies représentent la situation à la fin de 1978.
En ce qui concerne la Casamance, on a utilisé comme information complémentaire les résultats provenant des études d'inventaire menées dans le cadre du projet PNUD/FAO/Sénégal de mise en valeur de la Basse et Moyenne Casamance. Ces études basées sur une photointerprétation exhaustive des photographies aériennes conventionnelles disponibles (année 1969) permettent de mieux estimer les surfaces couvertes à cette date par la mangrove (qui, sur les images satellite, se distingue mal des fourrés littoraux et des surfaces dénudées situées en arrière des mangroves ou tanns) et les surfaces de forêt dense. Enfin, elles permettent une distinction entre forêts claires et savanes boisées impossible à faire sur les images satellite. Cette distinction n'a pas d'intérêt direct sur l'estimation des surfaces dans cette étude puisque ces deux formations sont classées en formations forestières feuillues ouvertes productives - NHc/NHO1 (si elles n'appartiennent pas à un parc ou à une réserve naturelle auquel cas elles sont classées NHc/NHO2r) - mais présente un grand intérêt au niveau de l'estimation de leur potentiel ligneux et surtout de leur productivité (cf. paragraphe 1.1.3).
Finalement, la combinaison de ces deux sources d'information a permis de dresser le tableau indiquant la couverture ligneuse du Sénégal par région à la fin de 1978. A partir de ce tableau, on peut estimer les surfaces de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980 en supposant que le rythme actuel de défrichement des surfaces forestières est de 40 000 ha par an (19) (20) (23) (24) (25), se répartissant également entre les surfaces productives et les surfaces improductives des formations mixtes forestières et graminéennes (NHc/NHO) tandis que les formations denses ne sont pas touchées par les défrichements (cf. paragraphe 2.1.1). D'où le tableau ci-après:
Couverture ligneuse du Sénégal à la fin de 1978
(en milliers d'ha)
Formations ligneuses | Régions | Fleuve | Louga | Ouest Cap Vert Thiès Diourbel | Sine Saloum | Sud-Est | Casamance | Total | |
NHCf | forêt dense | 13,2 | 13,2 | 226,9 | |||||
forêt galerie | 20 | 25 | 45 | ||||||
mangrove | 0,6 | 59,6 | 108,5 | 168,7 | |||||
NHc/NHO1 | savane boisée | 36,0 | 1496,4 | 968,0 | 2500,4 | 2849,6 | |||
forêt claire | 349,2 | 349,2 | |||||||
NHc/NHO2 | complexe intermédiaire | 122,3 | 122,3 | 8096,2 | |||||
steppe arborée | 1794,5 | 1030,4 | 133,6 | 72,2 | 5,4 | 3036,1 | |||
steppe boisée | 14,4 | 31,1 | 45,5 | ||||||
savane arborée | 299,5 | 1,7 | 13,1 | 437,4 | 3684,5 | 416,1 | 4852,3 | ||
palmeraie | 40 | 40 | |||||||
nH | steppe arbustive | 1080,6 | 803,1 | 160,3 | 116,4 | 2160,4 | 2672,5 | ||
savane arbustive | 72,7 | 75,9 | 114,0 | 200,0 | 6,5 | 469,1 | |||
fourré littoral | 43,0 | 43,0 |
1 Dont environ 7(000) ha de mangroves buissonnantes
Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1(u) | NHCf2i | NHCf2r | NHCf2 | NHCf | NHCa | |
14 | 14 | 143 | 63 | 206 | 220 | ε | ||
NHc/NHO1 | NHc/NHO2i | NHc/NHO2r | NHc/NHO2 | NHc/NHO | NHc/NHOa | nH | ||
1 790 | 7 770 | 1 265 | 9 035 | 10 825 | 1 750 | 1 365 |
Les remarques suivantes sont utiles pour une bonne compréhension du tableau précédent:
les formations feuillues denses (NHCf) se répartissent de la manière suivante:
13 000 ha de forêt dense dont 2 000 se trouvent dans le parc national de Basse Casamance,
45 000 ha de forêts galeries dont 17 000 ha se trouvent dans le parc national du Niokolo/Koba,
162 000 ha de mangroves dont 19 000 ha se trouvent dans les parcs nationaux du Sine Saloum (17 000 ha) et de Basse Casamance (2 000 ha),
ce qui aboutit à des surfaces de forêt dense productive (NHCf1) de 14 000 ha, de forêt dense improductive pour des raisons physiques (NHCf2i, mangroves à l'extérieur des parcs nationaux) de 143 000 ha, et de forêt dense improductive pour des raisons de statut (NHCf2r) de 63 000 ha, constituées par 38 000 ha dans les parcs nationaux et 25 000 ha environ dans les forêts classées interdites à l'exploitation;
les formations arborées ouvertes (NHc/NHO) se répartissent de la manière suivante:
2 850 000 ha de forêts claires et savanes boisées fin 78, réduits à 2 810 000 ha fin 1980 dont 605 000 ha se trouvent dans les parcs nationaux du Niokolo Koba (598 000 ha) et du Sine Saloum (7 000 ha) et 415 000 ha dans les forêts classées interdites à l'exploitation,
8 056 000 ha de savanes arborées et autres formations boisées improductives (steppes boisées et arborées) fin 78, réduits à 8 015 000 ha fin 1980, dont 245 000 ha se trouvent dans le parc national du Niokolo Koba,
ce qui correspond au total à des surfaces de formations ouvertes productives (NHc/NHO1) de 1 790 000 ha, de formations ouvertes improductives pour des raisons physiques (NHc/NHO2i) de 7 770 000 ha et de formations ouvertes improductives pour des raisons de statut (NHc/NHO2r) de 1 265 000 ha;
les formations buissonnantes étaient estimées à 2 680 000 ha fin 1978 dont 2 630 000 ha de steppes et savanes arbustives. On peut au vu des survols aériens effectués en 1980 estimer approximativement que 50 % de ces superficies sont couvertes d'une végétation buissonnante ligneuse couvrant moins de 10 % du terrain et on a donc retenu le chiffre de 1 315 000 ha de steppes et savanes arbustives avec plus de 10 % de couvert (nH) auquel il faut ajouter 43 000 ha de fourrés littoraux, et 7 000 ha de mangroves buissonnantes soit 1 365 000 ha environ;
la surface couverte de jachère a été déterminée à partir de la superficie des zones de mélange agriculture/forêt visibles sur images satellite qu'on a estimées constituées à 30 % de jachêres forestières et à 70 % de terrains agricoles à partir des observations faites lors des survols aériens effectués en 1980.
Propriété et statut légal
Les catégories suivantes sont distinguées:
les forêts domaniales classées où la chasse et l'exploitation sont interdites. Elles sont au nombre de 145 et couvrent 1 081 000 ha, soit un taux de classement de 5,6 %. Il faut noter que ces dernières années les implantations de complexes agro-industriels ou de carrières d'extraction de matériaux, ainsi que la construction de routes d'intérêt public, ont fait l'objet de beaucoup d'empiètements dans le domaine forestier classé;
les forêts domaniales aménagées pour la production de combustible ligneux (charbon de bois et bois mort) sont au nombre de 20, réparties entre les régions du Fleuve, du Sénégal Oriental, du Sine Saloum et de Thiès. Elles couvrent ensemble une superficie de 190 000 ha. Certaines ne sont actuellement pas exploitées;
les réserves sylvo-pastorales sont au nombre de 20 et couvrent 1 502 000 ha. Elles sont presque toutes localisées dans le département de Zinguere;
la réserve botanique de Noflaye couvre 16 ha dans la région du Cap Vert où la protection de la faune et de la flore est intégrale;
les réserves de faune, au nombre de trois, couvrent 1 197 000 ha dans la région du Fleuve où la chasse est interdite;
les zones d'intérêt cynégétique, au nombre de neuf, ont une surface totale de 1 976 000 ha. La chasse y est contingentée suivant un plan de chasse global.
En plus de ces différentes catégories de réserves, le Sénégal possède six parcs nationaux, d'une surface totale de 1 026 450 ha. Ils couvrent des biotopes divers et sont harmonieusement distribués:
Appellation | Surface ha |
P.N. du Niokolo-Koba | 863 400 |
P.N. du Djoudj | 8 800 |
P.N. de la Langue de Barbarie | 2 000 |
P.N. de l'île de la Madeleine | 450 |
P.N. du Sine Saloum | 27 900 1 |
P.N. de Basse Casamance | 5 300 |
1 55 000 ha si l'on inclut les étendues d'eau
Exploitation forestière (19) (20) (22) (23) (24)
L'exploitation forestière à but commercial n'est pas autorisée en dehors du domaine classé ayant fait l'objet d'un aménagement approprié ou en dehors des zones soumises à un règlement particulier établi par le Service Forestier. Cette exploitation est le fait d'exploitants individuels détenteurs de cartes professionnelles délivrées chaque année et de coopératives forestières. Pour chaque région, un quota annuel est fixé pour chaque produit forestier. Il définit les quantités maximales qui peuvent être mobilisées. Les permis de coupe sont alors attribués par carte professionnelle en fonction du quota défini. Pour 1980, 631 exploitants individuels et 25 coopératives ont bénéficié de cartes professionnelles d'exploitants forestiers. Ces cartes se répartissent ainsi: charbon de bois (385), bois de chauffage (324), bois d'oeuvre (182), bois de service (127), rônier (7), plantes médicinales (1), “crinting” (5), et bambou (1).
A cette production contrôlée, il faut ajouter l'ensemble des prélèvements opérés par les populations (notamment rurales) pour leurs besoins propres et qui ne font pas l'objet de transactions commerciales. En effet, malgré le fait que les permis de coupe gratuits (droit d'usage) sont accessibles à tous, seuls les prélèvements d'une certaine importance (à l'occasion d'une fête, ou pour reconstruire une case endommagée ou détruite par exemple) sont déclarés au Service Forestier.
Bois en grumes
La production de bois d'oeuvre est interdite dans les forêts classées et s'effectue donc dans les formations arborées et boisées non classées. Les régions de production sont actuellement la Casamance et le Sénégal oriental. Le Sine Saloum et le Diourbel qui produisaient 42 % de la production totale en 1972 ne participent plus que pour 6 % à la production totale. Le rôle de la Casamance est prépondérant: 87 % des bois de sciage et 97 % des bois de déroulage exploités proviennent de cette région. Le tableau suivant résume l'évolution de la production de bois d'oeuvre de 1960 à 1980 en nombre de pieds abattus:
Année | Nombre de pieds abattus | Année | Nombre de pieds abattus |
1960 | 7 512 | 1972 | 19 659 |
1965 | 8 857 | 1975 | 10 006 |
1970 | 11 388 | 1980 | (8 292) 1 |
1 Quota fixé par la Direction des Eaux et Forêts
Cette production a donc atteint un maximum en 1972 pour régresser ensuite au niveau de 1965. En termes de volume, la production actuelle est de l'ordre de 20 à 25 000 m3.
Les principales essences exploitées actuellement sont:
le kapokier (Bombax costatum): 29 % de la production utilisée en particulier pour la fabrication des allumettes;
le rônier (Borassus aethiopium): 18 % de la production servant surtout à la construction des cases;
le caïlcedrat (Khaya senegalensis): 16 % de la production;
le santan (Daniellia oliveri): 10 % de la production.
Certaines essences fortement exploitées il y a 10 ans ne le sont pratiquement plus: c'est le cas notamment de l'ir (Prosopis africana) et du dimb (Cordyla pinnata). Le Sénégal importe actuellement 55 à 60 000 m3 équivalent grumes de bois par an (73 % de bois en grumes, 13 % d'avivés et 14 % de panneaux et autres objets) qui proviennent presque exclusivement de la Côte-d'Ivoire.
Chaque année, la Direction des Eaux, Forêts et Chasses fixe pour chaque région et chaque essence, le nombre d'arbres à abattre en fonction des demandes des industriels et de l'intérêt général, avec le souci de ne pas entamer le patrimoine forestier. Ce contingentement ou “quota” est réparti, en priorité, entre les entreprises (quota spécial) et les différentes coopératives et exploitants (quota général). Les permis de coupe sont délivrés en fonction des quotas attribués pour un nombre d'arbres précis à abattre dans un lieu donné.
Bois de chauffage et charbon de bois
La production contrôlée de combustible ligneux est essentiellement destinée aux agglomérations urbaines. Le tableau ci-dessous résume son évolution:
Année | Bois de chauffage (stères) | Charbon de bois (tonnes) | Total (stères) 1 |
1937 | 23 945 | 2 789 | 61 037 |
1945 | 205 192 | 11 593 | 359 377 |
1960 | 41 675 | 30 445 | 446 594 |
1970 | 51 656 | 31 872 | 475 554 |
1975 | 143 650 | 93 081 | 1 381 627 |
1979 | (104 600) | (97 230) | (1 398 000) |
1 1,33 stère = 100 kg de charbon de bois
Le prélèvement sur le couvert végétal qui avait triplé de 1970 à 1975, n'a pratiquement pas évolué depuis grâce au développement de l'utilisation du gaz butane.
Du point de vue de la répartition géographique, il faut noter le déplacement de l'exploitation du bois de chauffage vers l'est. La région de Thiès qui fournissait 34 % de la production contrôlée en 1940 n'en représente plus que 4% en 1979, alors que l'ensemble des deux régions Sine Saloum et Louga est passé de 23 % à 59 % dans le même temps. La production de charbon de bois a suivi la même évolution; 70 % de la production provenait en 1949 de la région de Thiès qui ne contribue plus aujourd'hui que pour 2 %, tandis que la production du Sine Saloum, de Louga et du Sénégal oriental est passée de 9 % à 39 % dans le même temps. La Casamance avec 31 % de la production est aussi une région importante. En ce qui concerne la production non contrôlée, les enquêtes réalisées montrent que le mode d'acquisition des combustibles ligneux (ramassage ou don et achat) varie en fonction de la proximité des sources d'approvisionnement, de l'importance des activités tertiaires qui témoignent du degré de développement des échanges monétaires et de la richesse des ménages. La part du ramassage et des dons (production non contrôlée à 98 %) est:
pour le bois de chauffage, de 75 à 100 % pour les zones rurales situées à proximité des forêts et de 5 à 35 % pour celles éloignées des forêts;
pour le charbon de bois, de 45 à 100 % pour les zones rurales situées à proximité des forêts et de 10 à 100 % pour celles éloignées des forêts.
L'ensemble des prélèvements contrôlés de combustible ligneux était évalué à 2 889 000 tonnes de bois en 1977, dont 2 106 000 tonnes de bois de chauffage et 783 000 tonnes de bois pour la carbonisation. 1 400 000 tonnes correspondaient à la production contrôlée et 1 500 000 tonnes environ à la production non contrôlée. La consommation moyenne apparente par habitant est de l'ordre de 0,55 m3/habitant/an. Nous retiendrons le chiffre de 0,6 m3/habitant/an pour tenir compte des populations urbaines aisées non consommatrices de bois de feu ou de charbon de bois.
Bois de service
Ils concernent les piquets de clôture, les poteaux et perches, les bois de construction traditionnelle. En milieu rural, aucun chiffre de consommation n'est disponible. Ce sont des prélèvements effectués au jour le jour par les populations en vertu de droits d'usage. Pour les gros bourgs et les villes, les flux commerciaux sont contrôlés. Les statistiques des dernières années sont les suivantes:
Années | Poteaux | Perches | Gaulettes | Piquets | Bambous | Crintings | Bans | Lattes |
1976 | 26 | 4 596 | 905 | 2 426 | 114 275 | 121 829 | 100 | 723 |
1977 | - | 3 458 | 2 530 | 13 430 | 106 695 | 124 749 | 820 | - |
1978 | 176 | 2 887 | 353 | 5 844 | 64 265 | 67 940 | 116 | - |
1979 | - | 755 | 1 676 | 13 180 | 18 590 | 61 559 | 16 | - |
Moyenne annuelle | 101 | 2 922 | 1 366 | 8 720 | 76 456 | 94 019 | 263 | 723 |
Il faut y ajouter les piquets de rôniers (50 à 60 000 annuellement) et les piquets de mangroves. 60 % de ces bois de service sont consommés par les régions de Diourbel, Thiès et du Fleuve.
La production totale de bois de service peut être estimée, en 1980, entre 600 et 800 000 m3.
Autres produits forestiers non ligneux
La production de la gomme arabique est en forte baisse (de 10 835 tonnes en 1970 à 863 tonnes en 1978). Ceci est dû au taux élevé de mortalité des gommiers par suite de la sécheresse. La gomme mbep ou sterculia présente des potentialités importantes, quoique menacées par les défrichements mais reste encore peu exploitée. Les fruits forestiers font l'objet d'un commerce florissant. Les palmistes sont exportés (3 000 tonnes en 1977). La noix d'anacarde est exploitée artisanalement. Les écorces sont utilisées en pharmacopée. Les feuilles sont exploitées pour l'alimentation (baobab, fromager, Crataeva religiosa) et pour les breuvages (ratt, quinqueliba, lëngë).
1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied
Le seul inventaire important disponible au Sénégal concerne la Casamance (15). Il permet une estimation du volume des arbres de diamètre supérieur à 10 cm (VOB) des trois formations forêts denses, forêts claires, savanes boisées en zones soudano-guinéenne et guinéenne (respectivement de 120 m3/ha, 63 m3/ha et 33 m3/ha), ainsi que des mangroves arborées dont le volume VOB a été trouvé dans le même inventaire égal à 41 m3 pour la “haute mangrove”. Si l'on tient compte du fort pourcentage de “petite mangrove” (dont le volume VOB a été trouvé égal à 15 m3 en Gambie), on peut estimer à environ 20 m3/ha le volume moyen des mangroves sénégalaises.
Le volume (bois d'oeuvre) actuellement commercialisable (VAC) des différentes formations en zones soudano-guinéenne et guinéenne a également été extrait de l'inventaire de Casamance (20 m3/ha, 10 m3/ha et 5 m3/ha respectivement pour les forêts denses et galeries forestières, pour les forêts claires et pour les savanes boisées). En zone soudano-sahélienne, on a adopté un volume VAC pour les savanes boisées de 2 m3/ha.
Le tableau qui suit fournit les volumes moyens et totaux tels qu'ils résultent de l'application des volumes unitaires précédents aux surfaces données au paragraphe 1.1.2, après pondération éventuelle.
Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)
NHCf1(uv) | NHCf2 | NHC/NHO1 | |||||||
VOB | VAC | VOB | VOB | VAC | |||||
m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total |
120 | 1,7 | 20 | 0,28 | (40)1 | 8,3 | (34) | 61 | (5,5) | 9,8 |
1 Moyennes pondérées des volumes des formations composantes
Estimation de la productivité des formations ligneuses en bois de feu
L'application aux différentes formations ligneuses du Sénégal des chiffres couramment utilisés pour estimer la productivité des formations ligneuses en bois de feu conduit au tableau suivant (productivités exprimées en m3/ha/an):
Zones écologiques | Types de végétation | steppes arbustives | steppes arborées | steppes boisées | savane arbustive | savane arborée | savane boisée | forêt claire | forêt dense |
zone sahélienne | 0,02 | 0,1 | 0,5 | 0,05 | 0,2 | ||||
zone soudano-sahélienne | 0,05 | 0,2 | 0,1 | 0,5 | 1 | ||||
zone soudano-guinéenne | 0,2 | 0,75 | 1,5 | ||||||
zone guinéenne | 1,5 | 2 | 3 |
A l'aide de ce tableau et du tableau des superficies déduit de la carte au 1/500 000ème de la végétation établie à l'aide des images satellite, on a pu dresser le tableau suivant indiquant les disponibilités totales annuelles des formations ligneuses en bois utilisable pour l'énergie (essentiellement énergie domestique).
Disponibilité annuelle des formations ligneuses (en 1980)
en bois utilisable pour l'énergie
Région | Disponibilité totale milliers de m3/an | Disponibilité par habitant m3/habitant/an | |
population rurale | population totale | ||
Fleuve | 271,9 | 0,62 | 0,48 |
Louga | 169,4 | 0,41 | 0,38 |
Sous-total | 441,3 | 0,52 | 0,43 |
Ouest (Thiès, Cap Vert Diourdel) | 49,1 | 0,05 | 0,02 |
Sine Saloum | 303,1 | 0,31 | 0,27 |
Sous-total | 352,2 | 0,17 | 0,10 |
Sénégal oriental | 3 188,5 | 11,39 | 10,12 |
Casamance | 1 765,6 | 2,68 | 2,21 |
Total Sénégal | 5 747,6 | 1,50 | 1,00 |
Ce tableau permet de se rendre compte à quel point le déficit annuel par habitant est important pour l'ouest du Sénégal et dans une moindre mesure pour le nord. En effet, si on estime les besoins ruraux à environ 0,6 m3/habitant/an, on constate les bilans suivants par région:
Régions | Surplus (+) ou déficit (-) | |
Fleuve | - 0,1 m3/habitant/an | |
Louga | - 0,2 m3/habitant/an | |
Ouest (Thiès, Cap Vert, Diourdel) | - 0,55 m3/habitant/an | |
Sine Saloum | - 0,3 m3/habitant/an | |
Sénégal oriental | + 9,5 m3/habitant/an | |
Casamance | + 1,6 m3/habitant/an |
Il faut, en outre, souligner l'action prédatrice des animaux sur la végétation ligneuse pour les deux provinces du Fleuve et de Louga, action qui contribue à aggraver le déficit en matière ligneuse. Ces déficits entraînent donc une surexploitation des formations ligneuses naturelles et donc une dégradation de celles-ci. En effet, pour les quatre régions qui présentent un déficit, celui-ci est de l'ordre de 2 millions de m3 par an.
1.2 Plantations
1.2.1 Introduction (6) (9) (11) (12) (22) (26)
Le teck fut introduit en Casamance dès 1933. Mais ce n'est qu'à partir de 1957, date à laquelle 70 ha avaient été plantés, que des reboisements importants y furent réalisés: 253 ha de 1957 à 1960, 509 ha dans la période 1961–64 (1er plan), 566 ha dans la période 1965–69 (2ème plan), 361 ha dans la période 1970–73 (3ème plan) et 740 ha entre 1974 et 1977 (4ème plan). Depuis 1977, pratiquement aucune plantation nouvelle n'a été entreprise. On peut considérer que les trois quarts des plantations réalisées avant 1973 sont réussies.
Gmelina arborea fut essayé au Parc de Hann en 1954 et en Casamance en 1958. Un programme de 500 ha était lancé dans cette région en 1966. En 1977, les plantations de Gmelina couvraient au total 1 700 ha dont on peut considérer que 1 000 ha sont effectivement réussis.
Des reboisements pour la fixation des dunes furent mis en oeuvre de 1949 à 1958 et couvrent 424 ha plantés en filao (Casuarina equisetifolia). Des brise-vent en anacardier (Anacardium excelsum) réalisés au cours du 2ème plan (1965–69) et qui couvraient 2 000 ha dans le centre-ouest ont pratiquement disparu sous l'effet de la sécheresse.
De 1959 à 1972, 2,9 millions de plants furent distribués aux agriculteurs grâce à la création en 1960 du Fonds Forestier National qui permit l'ouverture et le fonctionnement d'une pépinière dans chaque région et dans certains départements. Les résultats obtenus ont été très variables selon les régions et surtout les utilisateurs. Des comptages réalisés par le Service Forestier avant la fin de la première saison sèche ont permis de constater des taux de reprise variant de 35 à 55 % selon les années. Mais le résultat final global semble se situer plus près de 20 % de réussite avec, dans certains endroits, un taux encore beaucoup plus faible. Au total, c'est sans doute l'équivalent de 3 à 400 ha de reboisements qui ont été réussis. Cette politique a été poursuivie de 1973 à 1980. Au cours du 4ème plan (Juillet 1973 à Juin 1977) 1 100 000 plants furent distribués et, depuis 1977, environ 400 000 plants sont remis chaque année aux agriculteurs. Le taux de réussite reste du même ordre de grandeur que celui des années précédentes et on peut estimer à 200 ha la surface plantée réussie depuis 1973.
Le bilan des réalisations du 4ème plan (Juillet 1973 – Juin 1977) et celui du 5ème plan (Juillet 1977 – Juin 1981) à la fin de 1980 peuvent être résumés de la manière suivante:
Programme et espèces | Réalisations effectives estimées (ha) | |
4ème plan 07/73 – 06/77 | 5ème plan 07/77 – 06/81 (jusqu'au 31/12/80) | |
Plantations industrielles de teck et Gmelina en Casamance | 740 | 120 |
Forêts péri-urbaines (eucalyptus, filao, Azadirachta indica (neem), mboul (Celtis integrifolia), nguediane (Anogeissus leiocarpus)) | 390 | 800 |
Programme anacardier | 570 | 400 |
(détruits en majorité) | ||
Régénération de la gommeraie (Acacia senegal, A. laeta) | 175 | 300 |
Fixation des dunes et protection des Niayes (filao, eucalyptus, niaouli (Melaleuca leucadendron)) | 510 | 400 |
Reboisement du delta du fleuve Sénégal (gommiers, eucalyptus, niaoulis, Prosopis, nguigui (Bauhinia reclinata)) | 360 | 300 |
Protection des forages (gommiers, ber (Sclerocarya birrea), soump (Balanites aegyptiaca)) | 1 240 | |
Reboisement du bassin arachidier (cadd (Acacia albida), seing (Acacia raddiana)) | 650 | |
Enrichissement des forêts domaniales aménagées pour le bois de feu (eucalyptus, neem, Prosopis) | 45 | |
Distribution de plants aux villageois (filao, eucalyptus, etc.) | 350 | 200 |
Plantation d'arbres le long des axes routiers (Cassia, caïlcedrat, Albizia, Coccoloba uvifera, neem) | 530 km | 200 km |
1.2.2 Surfaces des plantations réalisées
Plantations industrielles
Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
Catégorie | Espèces | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 40 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL 1 | Tectona grandis | 0,4 | 0,5 | 0,4 | 0,4 | 0,2 | 1,9 | |||
PHH 1 | Gmelina arborea | 0,8 | 0,3 | 0,3 | 0,2 | 1,6 | ||||
P..1 = PH.1 | Total plantations industrielles | 1,2 | 0,8 | 0,7 | 0,6 | 0,2 | 3,5 |
Autres plantations
Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
Catégorie | Espèces | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 40 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL 2 | Acacia spp. | 5,4 | 1,3 | 6,7 | ||||||
Azadirachta indica | ||||||||||
Casuarina equisetifolia | ||||||||||
Prosopis africana | ||||||||||
Melaleuca leucadendron | ||||||||||
Casuarina equisetifolia (fixation des dunes) | 0,6 | 0,3 | 0,3 | 0,1 | 1,3 | |||||
Anacardium excelsum | 0,3 | 0,1 | 0,4 | |||||||
Acacia senegal, Acacia spp. (gommiers) | 0,3 | 0,1 | 0,4 | |||||||
PHH 2 | Eucalyptus spp. | 0,2 | 0,2 | |||||||
P..2=PH.2 | Total plantations non-industrielles | 6,8 | 1,8 | 0,3 | 0,1 | 9,0 |
Toutes plantations
Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
Catégorie | Espèces | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 40 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL | Espèces feuillues autres que celles à croissance rapide | 7,0 | 2,3 | 0,4 | 0,4 | 0,5 | 0,1 | 10,7 | ||
PHH | Espèces feuillues à croissance rapide | 1,0 | 0,3 | 0,3 | 0,2 | 1,8 | ||||
P=PH | Total toutes plantations | 8,0 | 2,6 | 0,7 | 0,6 | 0,5 | 0,1 | 12,5 |
2. Tendances actuelles
2.1 Végétation ligneuse naturelle
L'augmentation de la population et l'accroissement correspondant des besoins en bois de feu et produits agricoles se conjuguent avec les conditions climatiques de sécheresse des douze dernières années pour entraîner une déforestation soit directement par défrichement, soit indirectement et progressivement par la dégradation du couvert ligneux du fait de la fragilité des formations végétales les rendant vulnérables à toute surexploitation.
Un certain nombre d'autres facteurs rendent la situation particulièrement défavorable au maintien de la végétation ligneuse, à savoir:
la faible résistance ou adaptation des forêts à des facteurs exceptionnels (comme la sécheresse) des forêts existantes qui sont, pour la plupart, de vieux peuplements se caractérisant par une croissance lente ou nulle et une absence de régénération naturelle;
la sécheresse des douze dernières années qui a provoqué, dans certaines régions, une diminution très sérieuse du potentiel forestier du fait de la mortalité importante de certaines espèces (13);
les feux de brousse, fléau permanent;
les troupeaux qui, en broutant les jeunes pousses et en piétinant le sol, contribuent à la destruction de toute régénération et les pasteurs qui, par l'émondage, affaiblissent les sujets, réduisant ainsi leur résistance à la sécheresse;
l'extension continue des surfaces cultivées au détriment de la végétation ligneuse.
Tous ces facteurs contribuent à réduire les potentialités en bois des différentes formations lesquelles se situent à des niveaux très bas comme il est indiqué ci-dessous:
● | zone sahélienne | : | 0 à 0,25 m3/ha/an |
● | zone soudano-sahélienne | : | 0,10 à 1,00 m3/ha/an |
● | zone soudano-guinéenne | : | 0,50 à 2,50 m3/ha/an |
● | zone guinéenne | : | plus de 2,5 m3/ha/an |
La consommation en bois par tête d'habitant (bois d'oeuvre plus bois de service plus combustible ligneux) étant de l'ordre de 0,70 à 1,25 m3/ha/an selon les régions et les modes d'existence (11), on peut être inquiets de l'effet de la conjonction des facteurs décrits ci-dessus et de la surexploitation à laquelle sont soumises une grande partie des formations ligneuses (ou tout au moins une exploitation atteignant bien souvent le niveau maximum de productivité). En effet, les espoirs de régénération naturelle étant des plus réduits, on tend vers un déséquilibre généralisé du milieu naturel dont la tendance sera difficile et coûteuse à renverser.
2.1.1 Déforestation
Pour les cinq prochaines années (1981–85), les défrichements continueront à avancer vers l'est dans les départements de Kaffrine et Tambacounda, ainsi qu'en Moyenne et Haute Casamance. Le rythme de 40 000 ha par an retenu pour la période 76–80 risque fort d'augmenter en raison des projets de colonisation agricole ayant pour objet de décongestionner la zone arachidière. On retiendra donc le chiffre moyen de 50 000 ha par an pour la période 1981–85. On estime, en première approximation, que cette déforestation concernera pour moitié les formations de savane boisée (NHc/NHO1) et pour moitié les formations de savane arborée (NHc/NHO2).
A ce type de déforestation viendront s'ajouter les défrichements résultant de la surexploitation des formations arborées ou arbustives des zones fortement peuplées et à réserves forestières réduites (régions de Louga et du Fleuve), mais il est très difficile d'en estimer l'importance. On tiendra compte toutefois de ces processus en diminuant les formations arbustives (nH) de 20 000 ha par an pendant la période 1981–85.
2.1.2 Dégradation
La surexploitation constatée à propos des récoltes en bois de feu et de service conduit à une dégradation importante des formations végétales. Cette surexploitation qu'on a chiffrée à 2 millions de m3 au minimum (voir paragraphe 1.1.3) correspond à l'équivalent de 100 000 ha de savane boisée en zone soudano-sahélienne ou 200 à 250 000 ha de savane arborée. A cette surexploitation vient s'ajouter, comme on l'a vu, l'action des bergers et de leurs troupeaux et celle des feux. Au total, on peut estimer que ces actions de dégradation entraînent une perte annuelle de 2 % des ressources ligneuses globales des formations mixtes forestières et graminéennes du pays, lesquelles représentent 90 % des ressources forestières du pays.