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STATE OF INLAND PISCICULTURE IN MOROCCO

Mr. M. RAJED

INTRODUCTION

A côté de la pisciculture traditionnelle destinée à la production d'alevins de repeuplement pour l'amélioration de la pêche sportive, le Ministère de l'Agriculture de la Réforme Agraire, a initié ces dernières années un programme de développement de la pisciculture et de la pêche commerciale à des fins alimentaires.

Cette activité au même titre que les autres branches de l'agriculture et de l'élevage, connaÓt depuis une trentaine d'année un essor appréciable dans de nombreux pays avec la réalisation de véritables fermes aquacoles. La production pourrait dépasser en pisiculture intensive 5 à 10 tonnes par hectare et par an. Cette activité connaït actuellement un rythme d'accroissement annuel au niveau de la production d'environ 16% avec une nette dominance des espèces d'eau douce (75%).

L'amélioration des interventions de l'Etat dans ce domaine a été encouragée par un ensemble l'éléments tels que:

-  l'irrégularité voire ,ême l'absence d'approvisionnement du milieu rural en poissons de mer et la baisse de productivité des eaux intérieures touchées par la pollution.

-  l'importance des milieux aquatiques de production de poissons avec 2000 km de cours d'eau, 60.000 ha de retenues de barrages et 20.000 ha constitués par les estuaires favorables à l'aquaculture (température moyenne annuelle supérieure à 20°C, amplitude thermique faible etc…).

-  Les progrès réalisés dans le domaine de la recherche scientifique en hydrobiologie et en pisciculture pouvant d'adapter facilement aux conditions socio-économiques du pays.

-  l'intérêt que le secteur privé porte de plus en plus à ce domaine.

Ainsi, moyennant des actions techniques soutenues renforcées par des études socio-économiques, la production piscicole des eaux continentales pourrait atteindre 30.000 à 40.000 tonnes par an. Cet apport de protéine bon marché et de haute valeur nutritive pourrait avoir une incidence significative sur l'amélioration des ressources alimentaires du monde rural.

Outre cette production de protéines, l'utilisation d'espèces appropriées permettra également une nette amélioration de la qualité d'eau en limitant le phénomè ne d'ecutrophisation qui tend à devenir de plus en plus envahissant au niveau des ouvrages hydrauliques.

1. Caractéristiques du réseau hydrographique

L'affectation profonde des écosystèmes naturels (forêts, parcours) a entraïné des modifications au niveau du régime des eaux et de leur qualité.

1.1 Régime des Eaux

Là ou les écosystèmes naturels connaissent une relative bonne conservation, on rencontre des rivières avec un d'ébit régulier voire même constant.

Ces cas sont de plus en plus rares et la majorité des cours d'eau voient d'année en année leur variation saisonnière de débit de plus en plus accentuée. D'un régime torrentiel en hiver, ces rivières connaissent particulièrement en été des crues violentes avec des débits d'étiage sévères voire même des assecs sur une bonne partie de leur cours. Le débit de ces crues peut atteindre au niveau de certains cours d'eau jusqu'à 2900 m3/s rendant le maintien de toute espèce de poisson impossible.

1.2 Caractéristiques physico-chimiques

Les modifications du régime des eaux s'accompagnent d'une augmentation de la vitesse de l'écoulement, de la turnbidité et d'une variation importante de la température. Ainsi, certains cours d'eau, continuellement balayés par des crues connaissent des mortalité fréquentes de poissons. L'érosion peut y prendre des formes diverses : érosion en nappe, coulée et solifluction, éboulement et sapement des berges. Au niveau du Sebou par exemple la température peut varier de 11°C à 28°C et les matières solides en suspension de 1.5 à 6100 mg/1.

2/ SITUATION ACTUELLE DE LA FAUNE PISCICOLE

Les principaux milieu d'intérêt piscicole sont constitués en altitude par les rivières à truites et les lacs naturels et dans la partie basse par les eaux à anguilles, civelles, palourdes et crevettes. L'Alose autrefois abondante dans cette zone connaït actuellement une régression inquiétante en raison de différentes forme de dégradation. L'extension de la politique de construction de barrages a donné naissance à un troisième type de milieu dans la zone intermédiaire avec les barbeaux comme espèces dominantes.

2.1 Les Eaux froides

Les résultats de contrôles de la pêche effectuée ces cinq dernières années permettent de dégager les deux observations suivantes:

-  Les rivières autrefois poissonneuses se trouvent d'année en année très affectées. Hormis une dizaine de cours d'eau relativement bien conservés les autres rivières à truites deviennent pauvres en poissons pêchables.

-  Dans ces cours d'eau la reproduction naturelle se fait rare voire même absente et la pêche devient tributaire de déversements conséquents et soutenus.

-  Les besoins annuels en alevins de ces cours d'eau sont importants en raison des conditions défavorables du milicu. Des mortalilés ont été enregistrées particulièrement pendant la sécheresse des années 1980 – 1985 qu'a connu le pays.

Cette séquence a été particulièrement ressentie au niveau des lacs naturels dont certains ont été complètement asséchés comme la N'Douit, le Tifounassine. Le lac de Dayat Aoua a connu une réduction dangereuse de son niveau d'eau.

Dans les autres pièces d'eau, cette baisse de niveau s'est fait plus ou moins sentir selon leur niveau d'cutrophisation avec parfois des mortalités sévères de sandres, de carpes el même de brochets notamment à Dayat lffrah. A l'inverse certains lacs ont été épargnés comme le Dayat Affourgah avec sa très belle population de brochets et òc black-bass.

Qu'il s'agit de rivières à truites ou de lacs naturels, les efforts entrepris par la Direction des Eaux et Forêis el de la Conservation des Sols en matière d'acclimatation d'espèces piscicoles ont donné des résultats tangibles. C'est ainsi qu'on peut faire des prises exceptionnelles de truite are-en-ciel dans certaines rivières (attcingnant 6 kg et 82 cm) et dans les plans d'eau à permis spéciaux, de brochef de 18kg dans le Lac d'Afourgah et de black-bass de 1 à 2 kg dans les lacs de Tiguelmamines.

Ces plans d'cau à permis spéciaux aménagés pour la pêche de truites constituent une expérience originale tout à fait réussie. Ces plans d'eaux connaissent chaque année une affluence des pêcheurs et le complet est partiquement assuré durant les premiers jours d'ouverture avec parfois des pêches miraculeuses de truites de 1 à 2 kg.

2.2 Eaux chaudes

2.2.1 Milieux à anguilles, civelles et aloses

La partie aval de certaines rivières telles que le Sebou, le Loukkos et L'Oum-Er-Rbia recèlent d'importantes ressources halieutiques dont la principale, la civelle représente une activité économique non négligeable.
A l'inverse de la pêche au chalut qui a été extrêmement destructrice en Europe, al pêche au filet n'a eu aucune incidence défavorable sur le renouvellement des stocks. Cette disposition conservatoire a été renforcée en réservant 10% des civelles pêchées pour le ré-empoissonnements de certaines retenues de barrages et en favorisant le développement de l'anguilliculture.

L'Alose autrefois abondante dans les principaux cours d'eau ne se rencontre plus que dans la rivière du Sebou et ce en raison d la construction de barrages qui l'empêchent de migrer vers l'amont pour se reproduire. Ceci explique toute l'importance des quelques aires de ponte encore disponibles au niveau du cours d'eau de l'ouergha, II ya a à peine une quinzaine d'années, cette espèce assurait des revenus substentiels pour près de 300 pêcheurs regroupés au sein d'une coopérative et sui était des vée à commercialiser usqu'à 600 tonnes en 1967 et 100 tonnes en 1980. Malheureusement cette espèce connaït un déclin d'année en année au point où sa pérennité est sérieusement compromise. Est cela à cause des effluents industriels et des rejets urbains qui se daéversent dans le Sebou sans traitement.

2.2.2 Grandes Retenues de Barrages

Si les efforts d'acclimatation entrepris depuis une cinquantaine d'années ont permis le développement d'importantes espèces de pêche sportive dans les retenues de barrages comme le Brochet, le Black-bass et le Sandre, les essais récents d'introduction de carpes chinoises y ont revélé des possibilités de toute autre dimension.

Les quelques 500.000 carpillons de 1,5 g déversés en 1987, dépassent actuellement des poids individuels de 20 kg. Cette croissance exceptionnelle et la réussite en 1990 au Maroc d al reproduction artificielle de ces espèces permettront une mobilisation à moyen terme de quelques 10.000 à15.000 tonnes de poissons de qualité au niveau de ces retenues de barrages. Cette mobilisalion s'accompagnera d'effets aussi importants que bénéfiques sur l'amélioration de la qualité de l'cau en limitant le phénomène d'eutrophisation.

3/ STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DE LA PECHE ET DE LA PISCICULTURE

Hormis la situation critique que connaït la pêcherie d'aloses au Sebou, l'analyse du secteur de la pêche dans les eaux continentales révèle de grandes potentialités. Conscient de cet intérêt, le Ministère de l'Agriculture et de la Réforme Agraire a adopté une stratégie basé sur 4 actions complémentaires à savoir :

-  La réhabilitation des milieux à brochets, à black-bass à sandres et à aloses.

-  La développement de l'aquaculture

-  La mise en valeur piscicole des grandes retenues de barrages et des lacs collinaires.

-  La valorisation des ressources piscicoles dans les parties avale des rivières et la lutte contre l'eutrophisation et la pollution des caux.

3.1 Réhabilitation des milieux à truites, à brochets, à black-bass, à sandres et à aloses.

Les efforts engagés pour la réhabilitation des eaux à truites seront poursuivis par la création d'unités d'élevage de Brochet, de black-bass et de Sandre et la mise au point de la formule la plus appropriée de production d'alevins de bonne rusticité (multiplication des ruisseaux et de lacs pépinières, aménagement de milieux, alimentation artificielle etc…)

Le programme de réhabilitation a été limité dans une première phase pour la truite à une ou deux rivières par grande région salmonicole (Ourika, zat, Chbouka, Tizgnit). II pourra être renforcé par la contribution du secteur privé dans le cadre d'amondiations (N'fiss, Bief des AÔt Ouarda, etc…).

Parallèlement des essais seront entrepris pour la restauration des eaux à aloses (transfert de populations, multiplication artificielle, réglementation de la pêche).

3.2 Développement de l'aquaculture

L'aquaculture reposera principalement sur la production intensive d'alevins de carpes chins de carpes chinoises : moyen de lutte contre l'euirophisation dans les canaux des périmètres d'irrigation et d'amélioration de la qualité de l'eau dans les retenues de barrages destinás à l'alimentation en eau potable. II est permis de penser que les unités aquacoles déjà réalisées ou en projet ne manqueront pas d'induire le développement d'importantes piscicultures privées pour l'anguille, la truite et la carpe.

La production pourrait attieindre à moyen terme quelque 10.000,000 tonnes de truites et environ 2.000 lonnes d'anguilles par an.

Concernant le sectcur d la pêche d'anguilles et de civelles, les projets en cours de réalisation mettront non seulement d'organiser l'activité mais de rationaliser également d'exploitation pa développement de l'aquaculture.

3.3 Mise en valeur piscicole des graudes retenues de barrages et des lacs collinaires.

L'opération menée depuis 1987 dans la Retenue de Barrage de Sidi Mohamed Ben Abdellah avec l'introduction de carpes chinoises a été étendue avec l'appui de la Coopération fran Áaise aux retenues de barrages Al-Mfassira, Idriss ler et Al Kanséra. II est prévu de la généraliser aux autres réservoirs en donnant la priorité à ceux destinés à la production d'eau potable. Outre l'intensification des empoissonnements dans ces milieux, l'amélioration de l'exploitation de la pêche sera recherchéc par l'incitation du secteur privé et la création de groupements de pêcheurs.

Si les différentes espèces de carpes pouvaient à elles seules assurer une valorisation de toutes les niches écologiques, l'introduction d'autres espèces pourrait avoir un rendement meilleur. Le Blackbass, le Sandre, l'Anguille, le Mulet et éventuellement l'Alose seraient és à cet effet. Des investigations ont été engagées pour l'introduction d'autres espèces d'accompagnement comme l'Esturgeon, et le Catfish.

Si l'expérience est encore récente pour tirer des conclusinos des effets des carpes chinoises sur la lutte contre l'eutrophisation dans les retenues, il n'en est pas de même pour les canaux d'irrigation. Les résultats obtenus an niveau de périmètre d'irrigation du Loukkos ont été spectaculaires. Depuis l'introduction des carpes en 1983. Les travaux d'entretion mécaniques, combien coûteux dans le Canal 55 ne s'avèrent plus oécessaires. Avec la production de carpillons obtenue en 1991 et 1992, cette expérience a été étendue aux périmètres irrigués du Haouz, des Doukkala et de la Moulouya.

3.4 - La valorisation des ressources piscicoles dans les parties aval des rivières et lutte contre la pollution

Jusqu'à ces dernières années, les efforts ont porté essentiellement sur l'exécution d'un programme ciblé visant la promotion de la pêche sportive, la mise en valeur piscicole des retenues de barrages et le développement de l'aquaculture; par contre, les ressources des zones aval des cours d'eau et des lagunes qui nécessitent des études plus complexes n'ont tout au plus fait l'objet que d'une règlementaion de l'exploitation.

Les résultats obtenus au niveau de ce programme avec la formation d'une équipe pluridisciplinaire au sein du Centre National d'Hydrobiologic et de Pisciculture d'Azrou permettront dés à présent d'étendre l'étude aux ressources piscicoles des régions aval des cours d'eau. Cette étude devra déterminer la situation actuelle des principales pêcheries et dégager les solutions pour une meilleure rationalisation des prélévements d'anguilles, de civelles, de palourdes et de crevettes. En matière de lutte contre la pollution des eaux, les efforts de sensibilisation seront poursuivis pour la mise en application de la réglementation en vigueur et l'équipement des unités polluantes de stations de traitement des rejets.

CONCLUSION

Les résultats des actions menées ces dernières années donnent les éléments de base pour une mobilisation des ressources piscicoles basée essentiellement sur le développement de l'aquaculture et la connaissance approfondie de l'hydrobiologie des eaux intérieures.

L'Administration jouant le rôle d'initialeur, la participation du sectcur privé devra ētre constamment recherchée et encouragée pour favoriser l'extension des projets actucellement réalisés dans ce domaine.


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