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ANNEX VII
RAPPORT NATIONAL DU ROYAUME DU MAROC LA LAGUNE DE NADOR UN EXEMPLE DE MODELE INTENSIF

I - INTRODUCTION

La lagune de Nador ou sebkha de Bou Areg a été le sujet de nombreuses études (Erimesco, 1961, Tesson, 1977; Brethes et Tesson, 1978; Tesson et Gensous, 1981, Frisoni et al., 1982 Guelorget et al., 1984, 1987; Irhzy, 1987; Zine, 1985; Dafir et al., 1994; Lefebvre et al., 1995.

Des études ont abordé divers aspects du fonctionnement de la lagune: l'eau, les êtres vivants et les sédiments.

Des études récentes menées conjointement par l'Institut Scientifique des Pêches Maritimes (ISPM) et la Faculté des Sciences Aïn Chock de Casablanca au Maroc et l'Université Montpellier II en France, pernant en considération les résultats enregistrés depuis une dizaine d'années, ont permis de mettre en évidence l'évolution générale de la lagune et de cerner les vecteurs de cette évolution. La situation et notamment l'organisation biologique de la lagune est sous l'influence conjointe du statut de la passe et des apports organiques principalement issus de la station d'épuration de Nador et des rejets d'eaux usées brut des villages avoisinants

L'évolution sédimentaire et géochimique de la lagune a été influencée par des facteurs naturels (fermeture de la passe, apports des oueds) et par des facteurs anthropiques (installation de la ferme aquacole en 1987, eaux usées, apports d'eau douce riches en fertilisants utilisés en agriculture).

La fermeture progressive de la passe jusqu'en 1993 par un colmatage sédimentaire a considérablement réduit les échanges enter la lagune et la mer, cette crise hydrologique a engendré plusieurs conséquences au niveau de la lagune tant biologiques, hydrochimiques que sédimentaires.

A partir de 1993, des travaux ont été entrepris pour maintenir une ouverture permanente de la passe par la construction de digues, de part et d'autre de la passe.

La présente étude prend en considération la Synthèse des principaux travaux entrepris sur la lagune de Nador et nos études plus récentes effectuées depuis 1992.

- Le cadre géographique

• Situation

La lagune de Nador (11 500 ha) est située entre le cap des trois fourches et le cap de l'eau, sur le littoral Nord-Est marocain (Fig. 1).

La lagune est située à l'aval d'une gouttière Sud-Ouest/Nord-Est, constituée de deux plaines successives, les plaines de l'oued Garb et de l'oued Bou Areg, qui correspondent à un même cours d'eau. Cet ensemble est encadré par le massif volcanique de Gourougou au Nord-Ouest, le massif de Kebdana et du Jbel Ziata au Sud (fig. 2).

• Le bassin

La lagune est constituée d'un bassin allongé, accidenté sur sa bordure occidentale par la péninsule d'Atalyoune. La profondeur augmente rapidement à partir des rives pour se stabiliser dans la partie centrale entre 6 et 7 m.

Le bassin communique avec la mer Méditerranée par une passe: “la bokhana” dont l'emplacement sur le cordon dunaire a varié au cours du temps.

Les apports continentaux proviennent principalement de l'oued Selouane, de l'oued Bou Areg et des canaux d'irrigation de la plaine du Bou Areg. A ces apports, il faut ajouter ceux de la station d'épuration et des eaux usées de la ville Nador, de Beni Ansar et de Kariat Arkmane ainsi que ceux de la nappe phréatique identifié par Carlier (1971) qui alimente la bordure continentale en eaux douces.

• Le climat

Il est de type méditerranéen. La pluviométrie, très variable d'une année à l'autre, oscille autour de 400 mm/an (maximum: en Décembre et en Avril). La saison sèche s'étale de Juin à Septembre. Les température moyennes mensuelles varient entre 13°C en Janvier et 26°C en Août (Fig. 3 et 4).

Le régime général des vents est Ouest-Sud-Ouest de Novembre à Mai (Tesson, 1977), et Est-Nord-Est de Mai à Octobre.

Figure 1

Figure 1: Geographical environment of Nador lagoon (after Tesson, Gensous, 1981)

Fig. 2

Fig. 2. - L'environnement géographique et géologique de la lagune de Nador. D'après TESSON et GENSOUS, 1981.

- Geographical and geological environment of Nador lagoon. After TESSON and GENSOUS, 1981.

Fig. 3 TEMPERATURES MAXIMALES MOYENNES MENSULLES (en °C) (Station ville de NADOR)
(T. de l'air).

Fig. 3

J: Mois Janvier

Fig. 4

Figure 4. Variations de la pluviométrie dans la région de Nador et de la salinité des eaux de la lagune de 1952 à 1993.

II - MATERIEL ET METHODES D'ETUDE

II-1. - Paramètres d'études

Plusieurs paramètres ont été pris en considération selon l'objectif de chaque étude depuis celle entreprise par Erimesco en 1961. D'une manière générale, les paramètres pris en considération sont:

-   les paramètres physico-chimiques et les matières en suspension;
-   les peuplements phytoplanctoniques;
-   la dynamique sédimentaire;
-   l'évolution géochimique des sédiments;
-   les peuplements benthiques (faune et flore).

L'étude spatio-temporelle de tels paramètres permet de définir et de comprendre l'organisation et le fonctionnement de l'écosystème.

Dans cette perspective, la collecte de échantillons et de données sur le terrain que nous avons réalisé de 1992 à1994 a été faite sur un nombre de stations suffisamment important (35) et dans un laps de temps le plus court possible (une journée par couverture complète de la lagune)pour les descripteurs instantanés (paramètres de la masse d'eau) et le plus long possible pour les intégrateurs (paramètres du sédiment).

II-2. - Techniques de prélèvement et d'analyse

• Techniques de prélèvement:

a - La masse d'eau

Les prélèvements d'eau pour les différentes measures et analyses sont réalisés à l'aide d'une bouteille à clapet. Cette bouteille spécialement conçue pour des échantillonnages en milieux peu profonds, permet des prélèvements d'eau très précis, notamment à des profondeurs bien déterminées dans le cas d'étude le long de profils verticaux fond /surface. Certains prélèvements ont été effectués par une bouteille type VAN DORN (2,5 1) dans le cas où l'analyse de l'oxygène dissout devrait être faite par la méthode chimique de WINKLER.

b - Le sédiment

Les échantillons ont été prélevés en surface, dans les deux premiers centimètres, sur l'ensemble de la lagune au moyen d'un carottier en plastique d'un diamètre de 15 cm et d'une hauteur de 30cm.

• Méthodes d'analyse:

a - La masse d'eau

-   les paramètres physico-chimiques:

Les mesures des paramètres physico-chimiques (To, pH salinité, conductivité, oxygène dissout) ont été effectuées, directement sur le terrain, à l'aide d'une sonde multiparamètre HORIBA U10, en surface et sur le fond, à toutes les stations. L'oxygène dissout dans certains cas a été dosé par la méthode de WINKELER (Aminot et Chaussepied, 1983). Dans ce cas, l'eau est mise dans des flacons à bouchons rodés. L'oxygène est fixé immédiatement en ajoutant deux réactifs: la solution alcaline d'iodure et le chlorure de manganèse. L'oxygène dissous oxyde le manganèse et forme ainsi un précipité stable. Au laboratoire, le précipité est détruit par: l'acide sulfurique, ce qui libère l'ion Iode. La quantité d'oxygène dissous est proportionnelle à la quantité d'Iode ainsi libéré dont le dosage se fait par le thiosulfate de soude en présence d'amidon comme indicateur coloré.

-   les éléments nutritifs:

Sur le terrain, les échantillons sont conservés dans une glaciaire à une température de 4°C. Après filtration au laboratoire, les échantillons sont maintenus à une température de -20°C pour analyse ultérieure selon la méthode décrite pour l'eau de mer par Aminot et Chaussepied (1983) d'après les travaux de: Wood et al. (1967) modifiés par Nydhal (1976) pour les nitrates, et Murphy et Riley (1962) pour les phosphates.

Le principe des méthodes de dosage est le suivant (Aminot et al., 1983):

• Pour les nitrates:

La méthode est basée sur le dosage des ions NO2- obtenus par réduction quantitative des ions NO3- On mesure l concentration des ions NO3- par déduction de la concentration en nitrites déterminée sans réduction, on obtient alors la concentration en ions NO3- La réduction de NO3- en NO2- s'effectue à travers une colonne réductrice en cadmium traité. Le dosage des nitrites se fait par la méthode utilisant la diazotation de la sulfamide en milieu acide et sa copulation avec la N(1 naphty1) éthylène diamine qui donne un complexe coloré pourpre susceptible d'un dosage calorimétrique.

• Pour les orthophosphates:

Les orthophosphates, en milieu acide et en présence de molybdate d'ammonium donnent un complexe phosphomolybdique qui, réduit par l'acide ascorbique, développe une coloration bleu susceptible d'un dosage calorimétrique.

-   La biomasse phytoplanctonique:

Le biomasse est mesurée par le dosage de la chlorophylle ‘a’ à l'aide de la méthode fluorimétrique de Lorenzen (1966).

La chlorophylle est extraite à l'acétone à 90% (volume d'extraction 5 ml) dans un tube en verre. L'extraction se poursuit 16 à 18 heures à la température du laboratoire (toujours à abri de la lumière) et subit une centrifugation à 4 000 tr/mn pendant 5 mn.

L'extrait est alors dosé par fluorimétrie sur un “Turner III”. La méthode consiste en:

La diminution de fluorescence observée est en relation avec le pourcentage relatif de chlorophylle “a” par rapport à la somme: chlorophylle “a” + phéophytine “a” (Frisoni, 1984). Cette méthode est précise à plus ou moins 15% (Neveux, 1976).

-   Les métaux lourds (Zn, Pb, Cu, Mn, Fe).

Le dosage des métaux lourds a été effectué par la méthode d'absorption atomique.

-   Les cations:

Le sodium et le potassium ont été dosés par absorption atomique.

Le calcium et le magnésium ont été dosés par titrimétrie selon la méthode décrite par Rodier (1987). Le principe de la méthode est le suivant:

• Pour le calcium:

Les alcalino - terreaux présents dans l'eau forment un complexe du type chélate par le sel disodique de l'E.D.T.A. Le dosage se fait à un pH élevé (12–13) ce qui provoque la précipitation du magnésium sous forme d'hydroxyde. L'indicateur choisi (murexide) ne se combine qu' avec le calcium.

• Pour le magnésium:

On a procédé tout d'abord à la détermination de la dureté totale (selon la méthode compléxométrique à l'E.D.T.A, Rodier 1987), ensuite par une simple différence avec le calcium on a déterminé les valeurs du magnésium, sachant que la dureté totale est égale à la somme des teneurs de Ca++ et de Mg++.

b - Le sédiment

-   La fraction fine (< 63 mm)

Le sédiment est séché à 60°C, puis pesé une première fois et tamisé sous l'eau dans un tamis de 63 mm de maille. Les échantillons sont à nouveau séchés puis pesés. La différence entre les deux pesés, exprimée en pourcentage par rapport au poids total de l'échantillon, représente la teneur de la fraction fine.

-   La matière organique :

Les échantillons sont séchés à 105°C. Ensuite la teneur des sédiments en matière organique, exprimée en pourcentage par rapport au poids total de l'échantillon, est évaluée par différence de pesées après le passage des échantillons au four à 450°C (KAMP et NIELSEN, 1974, modifié).

-   pH et potentiel d'oxydo-réduction:

Le pH a été mesuré au laboratoire selon la méthode décrite par Rodier (1987). le potentiel redox a été mesuré sur le terrain par une électrode spécifique.

-   Les carbonates :

Aussi bien les carbonates de calcium (attaque à l'Hcl froid) que les carbonates de magnésium (attaque à l'Hcl chaud) sont dosés en utilisant le calcimètre Bernard. La méthode est basée sur la mesure de CO2 dégagé dans un tube gradué rempli d'eau saturée en Nacl après attaque du sédiment par l'acide chlorhydrique. Un tableau de correction (T°, pression) permet de passer facilement du volume du Co2 au pourcentage de CaCO3.

-   Le phosphore :

Le phosphore soluble a été extrait des sédiments selon la méthode de Bonzongo (1990) qui consiste en une minéralisation de l'échantillon avec du persulfate de potassium en milieu acide à l'autoclave (120°C). Dans la solution obtenue, on dose les orthophosphates selon les méthodes décrites pour le dosage de cet élément dans l'eau (Aminot et al., 1983)

-   L'azote total :

La méthode utilisée est celle de l'AFNOR (X 31 – 111) basée sur la minéralisation de l'azote organique par l'acide sulfurique en présence d'un activeur de minéralisation, la distillation de l'azote formé et le titrage dans une solution d'acide

-   Les métaux lourds :

L'échantillon séché au préalable à 105°C est minéralisé par une double attaque à l'acide chlorhydrique et à l'acide nitrique. Après filtration, on dose les éléments dans la solution comme pour les méthodes décrites dans l'eau (Firzman et al., 1984; Garlashi et al., 1985).

-   Le calcium :

On procède à une extraction comme pour les métaux lourds. le Ca++ est dosé dans la solution obtenue comme pour l'eau, c'est à dire en utilisant la méthode compléxométrique à l'E.D.T.A.

-   L'eau interstitielle :

Des échantillons de sédiment ont été prélevés dans les carottes (interface eau-sédiment, 15 cm et 30 cm de profondeur), puis centrifugés (4 000 t/mn pendant 15 mn), l'eau interstitielle recueillie a fait l'objet d'analyse du phosphate minérale (P.PO4) et des nitrates (NO3-) (Aminot et Chaussepied, 1983).

II-3. - Stratégie d'échantillonnage :

L'étude des différents paramètres (eau et sédiment) a été réalisée sur 35 stations afin de faire une approche globale de l'écosystéme (Fig.5).

L'établissement de ce réseau d'échantillonnage a été établi par MSPM en collaboration avec le Service Hydrographique de la Marine Royale.

Ce nombre de stations permet de couvrir l'ensemble de l'écosyséme et de réaliser une étude de chaque station, étude qui autorise l'obtention des données cohérentes et représentatives d'une situation considérée comme relativment stable dans le temps.

Ces stations ont été sélectionnées la base des connaissances acquises lors des études antérieures, afin de prendre en compte l'écosystème dans sa globalité.

Les prélèvements sont réalisés en surface (0,5m) et sur le fond (0,5 m au dessus du substratum).

Une série de profils verticaux ont été étudiés le long de plusieurs radiales. Dans ce cas, les eaux sont systématiquement prélevés à 0,5m; 1m; 2,5m; 5m et au fond.

Un suivi bimensuel a été réalisé sur quatre stations références durant 13 mois (1992–1993) afin d'étudier l'évolution de différents paramètres aussi bien dans l'eau que dans le sédiment (une station au niveau des tables d'élevage : T1, une station au centre de la lagune : C, une station au niveau de la passe: P, et une autre en Méditerranée près de l'entrée de la lagune: M).

Figure 5

Figure5: Location of sampling points in Nador lagoon

Cette stratégie d'échantillonnage vise à mettre en évidence les gradients surface-fond, la présence éventuelle de stratification des eaux aux diverses stations et l'évolution hydrochimique et géochimique de la lagune. Elle permet également d'établir des coupes hydrologiques à différents niveaux de la lagune, qui aboutissent à la délimitation des grandes masses d'eau et à une connaissance plus précise de l'hdrodynamique.

III-RESULTATS OBTENUS

III.1 - Etat actuel de la lagune

A - Géologie

A-1: Origine et formation de la lagune:

La lagune de Nador, fait partie des milieux margino -1 ittoraux situés entre le domaine marin et le domaine continental.

Elle s'est développée derrière des crêtes littorales (cap des trois Fourches et cap de l'eau) parallèlement àla côte. C'est un système évolutif qui dépend de plusieurs facteurs:

a) La néotectonique et la subsidence : par ces caractéristiques la lagune de Nador appartient à un système de morphogenèse mixte (Fig.6) (tectonique et sédimentation littorales d'après la classification proposée par Lankord, 1977). En effet. l'origine géodynamique de la lagune semble être liée à des phénomènes tectoniques récents. La subsidence de la plaine de Bou Areg et le volcanisme du Gourougou et du cap des trois Fourches, paraissent confirmer cette hypothèse. Selon Erimesco (1961) il s'agit d'une “bahira” édifiée par l'adjonction à une île flandrienne allongée. Selon la classification proposée par Guelorget et Perthuisot (1983), il s' agit d'une bahira-lagune (Fig.7).

Cette unité morphodynamique fait partie de l'ensemble de contexte géodynamique de la Méditerrnée occidentale. En particulier, sa genèse et son évolution sont gouvernées par l'évolution néotectonique de la chaîne, édifiée au Mio-Pliocène-Quaternaire.

Les manifestations tectoniques les plus récentes et les plus visibles sont des phases de compression quaternaire liées aux collisions des plaques lithosphériques Afrique-Eurasie, mouvements qui se poursuivent encore de nos jours.

Fig. 6

Fig.6 -TYPES PRINCIPAUX DE SYSTEMES LAGUNAIRES.
(D'aparès R.R. Lankord, 1977; in: ch. Carruesco et M. Vigneaux, 1882)

  1. - Sédimentation littorale

  2. Sédimentation deltaïque ou fluviatile

  3. Sédimentation marine

  4. Sédimentation organique

  5. Tectonique

Fig. 7

Fig. 7:LE LITTORAL DE L'ENVIRONNEMENT DE LA LAGUNE DE NADOR. (D'après BARATHON 1992) modifié.

Les épisodes marins quaternaires s'identifient par des mouvements à grand rayon de courbure depuis la plaine du Bou Areg subsidente jusqu'à Ras-Tarf à l'Ouest qui se relève, ponctués de déformations locales. Le soulèvement vers l'Ouest èst constant durant tout le quaternaire.

Ainsi, l'unité morphodynamique dans laquelle s'insère la lagune de Nador (de Ras kebdana au cap des trois Fourches) présente une morphologie originale marquée essentiellement par d'importantes constructions dunaires et un bassin subsident né des activités tectoniques quaternaires.

b) La flèche littorale d'âge récent (- 3 000 and B.P): elle est de faible résistance et souvent brisée par les tempêtes ce qui permet d'ouvrir de nouvelles passes notamment lors des périodes de fermeture. L'altitude de la flèche est très variable (de quelques mètres à une vingtaine de mètres.) Les zones les plus basses peuvent être submergées lors des tempêtes.

A-2: Problème de la passe:

La lagune de Nador est séparée de la mer par un cordon dunaire d'environ 24 km de longueur. Ce cordon a subi de nombreuses modification, au cours du temps, et notamment au niveau de la position de la communication avec la mer. En effet, les périodes de communication alternent plus ou moins régulièrement avec les périodes de fermeture totale de la lagune.

De 1907 à 1910, la lagune de Nador était totalement isolée de la mer devenant ainis un bassin évaporitique avec une surface en eau très réduite. En 1910, la communication avec la mer fut rétablie par dragage et cette passe constitua longtemps le seul accès navigable à Nador. Cette passe subissant un ensablement graduel se colmata et une ancienne passe naturelle fut à son tour draguée en 1941.

En 1979, la passe actuelle, ou bokhana, a été ouverte à la suite d'une tempête, après une fermeture totale de la lagune depuis 1977, date de l'obstruction de la précédente passe. Cette dernière passe a été presque entièremet colmatée en 1993, date à laquelle ont débuté des travaux de stabilisation par la construction de deux digues de part et d'autre de l'ouverture dans la Lido.

L'origine du sable entraînant le colmatage de la passe serait la dérive littorale à partir des courants provenant du détroit de Gibraltar et qui ricochent sur le cap de l'eau et reviennent vers la lagune de Nador en balayant la bordure du littoral (Erimesco, 1961, Brethes et Teeson, 1978) (Fig. 8).

Cependant, le tendance à l'ensablement des passes serait liée selon Irhzy (1987) davantage à un transport perpendiculaire à la côte dû aux grandes houles du Nord-Est, qu'à une dérive littorale. L'apport latéral ne serait pas suffisant pour assurer l'équilibre du littoral au niveau des falaises gréseuses de la tour Restingua.

A-3 Sédimentologie de la lagune:

L'analyse des sédiments de la lagune montre qu'il y a des zones qui s'individualisent. En effet, à l'organisation naturelle de la lagune se superposent certaines anomalies locales, telles que:

-   Les apports sédimentaires qui sont relativement importants au sud de l'oued Selouance et en bordure du Lido;

-   Les apports d'origine anthropiques:

-   La géomorphologie de la côte qui entraîne la formation de milieux quasiment isolés (Nort-Ouest d'Atalayoune) et l'isolement des extrémités Nord-Ouest et Sud-est accentuée par leur éloignement des circuits des courants principaux.

Ainsi, cinq zones sédimentaires peuvent être différenciées (Fig. 9):

1 - La zone de la station d'épuration et de l'extrémité Nord-Ouest:
les sédiments sont riches en matière organique (provenant des eaux usées) et en fraction fine (< 63 mm).

2 - La zone de la ferme aquacole d'Atalayoune: la matière organique particulière est largement dominante. Les sédiments sont dominés par la fraction fine car c'est une zone relativement isolée qui ne semble pas bénéficier d'une dynamique sédimentaire importante.

Fig. 8

Fig. 8 REPARTITION DES LUTITES (silts et argiles), d'après M. Tesson et B. Gensous, 1979.

Fig. 8
Figure 9: Distribution granulométrique des sédiments dans la lagune de Nador:
- en 1992 (en haut)
- en 1987, d'après les données de Zine, 1987 (au centre)
- en 1985, d'après FRO, 1985 (en bas)
Fig. 9

3 - La zone Sud-Est de l'oued Selouane et la bordure du Lido: ces deux zones reçoivent, certes, du matériel sédimentaire différent, mais semblent se comporter de la même manière. Dans la région de l'embouchure de l'oued Selouane les apports sont d'origine détritique terrigène. La zone du Lido quand à elle bénéficie d'un apport sableux marin. Ces apports sont réduits au fur et à mesure que la passe se ferme.

4 - La zone de Kariat: c'est une des zones les plus confinées de la lagune. Elle est caractérisée par un enrichissement des sédiments en fraction fine et en matière organique.

5 - La partie interne ou centrale: elle couvre l'essentiel de la lagune, elle représente la zone la plus profonde (5 à 7m). Les taux de fraction fine varient de 64 à 80%, ceux de la matière organique varient de 4 à 10,6%. Ces deux valeurs représentent des taux moyens par rapport au reste des sédiments de la lagune.

L'étude de la minéralogie des argiles a permit de préciser l'origine et l'évolution du matériel sédimentaire intralagunaire.

Ainsi, dans les zones 1 et 2, les sédiments sont riches en smectite (50%) (Irhzy, 1987) qui à une double origine: un héritage du massif du Gourougou et une néoformation sur place, puisque ce secteur est faiblement drainé. Les familles argileuses (illites, chlorites, kaolinites at interstratifiés) sont présentes avec des taux variant de 10 à 15%.

Les zones 3 et 5 sont caractérisées par un taux de smectite largement supérieur aux taux d'illites (respectivement 50% et 25%). Cependant, dans les oueds qui apportent le martériel terrigène (zone 3) il y a un enrichissement en illite.

La zone 4 est par contre caractérisée par une prépondérance d'illites par rapport aux smectites. Ces illites seraient héritées du massif des Kebdana.

A-4: Sédiment et microfaune:

La lagune de Nador est caractérisée par une sédimentation détritique très active résultant des deux types d'apports: marin et continental. De plus, les conditions hydrodynamiques ont une évolution spatio-temporelle rapide qui semble essentiellement gérée par l'ouverture et la fermeture de la passe. Il en résulte l'installation d'un peuplement faunistique caractéristique.

Les foraminiferes sont à la fois riches en espèces et en nombre d'individus-(Irhzy, 1987); en effet, chaque biotope intralagunaire est caractérisé par sa diversité spécifique propre, au niveau des foraminifères, et au niveau des ostracodes même s'ils sont moins bien représentés. Cependant, les foraminifères semblent mieux s'adapter aux brusques changements dans les conditions hydrodynamiques dont la lagune est le siège, comme le confirme la présence de formes tératologiques au niveau de la bordure continentale de la lagune soumise à un double apport, marin et continental.

• Analyse quantitative de la microfaune:

Selon les travaux d'Irhzy (1987) on peut distinguer deux types de zones:

-   Des zones pauvres en peuplement microfaunistiques (à peu près 300 individus/cc). Elles sont localisées: dans les zones les plus confinées de la lagune, à savoir les deux extrémités NW et SE, et la partie centrale; et dans les zones limitrophes continentales soumises aux apports détritiques terrigènes, ce qui provoque une sédimentation rapide et une augmentation de la turbidité;

-   Des zones riches en peuplements microfaunistiques (de 3 000 à 10 000 individus/cc). Ce sont de zones qui bénéficient d'une renouvellement régulier des eaux grâce soit à la proximité de la passe, soit aux courants intralagunaires. C'est le cas des zones allant de la bokhana à la colline d'Atalayoune et des régions limitrophes allant du Lido jusqu'à la bordure continentale mais assez loin quand même des apports terrigènes.

• Associations de foraminifères: répartition et intétrêt écologique:

Les observations portent sur des tests dont on ignore s'il s'agit de biocénoses ou de tanathocénoses (Irhzy, 1987). On distingue cependant dans la lagune trois groupes:

a - Les formes euryhalines:

II s'agit de certaines Miliolidae (Triloculina rotonda, Quinqueloculina compressa), des Rotaliidae (Ammonia tepida) et des Elphidiide (Gribronion gunteri, Protelphidium anglicum).

Ce groupe représente environ 70% de la population microfaune de la lagune. On le trouve essentiellement dans les zones pauvres en peuplements microfaunistiques citées ci-dessus.

b - Les formes marines littorales assez peu euryhalines:

Bien que ces faunes soient originaires du milieu marin franc, on peut les trouver dans les lagunes notamment dans celle de Nador qui communique avec la mer, avec un taux de renouvellement des eaux important. Les formes typiques rencontrées sont: Massilina secours, Bolivina variabilis, B. spathula, B. transliceus et Planorbulina mediterranensis. Ce groupe représente 10 à 12% du peuplement lagunaire et on le rencontre dans les deux extrémités NW et SE de la lagune. Ceci montre que ces zones, malgré leur isolement, sont soumises à des apports marins par le déferlement sur le Lido ou à travers le cordon littoral.

c - Les formes strictement marines (stenohalines):

Il s'agit par exemple de: Amphocoryan catesbyi, Spiroplectamina wrightii, Rectuvigerina phlegeri, Globigerina bulloides, G. inflata etc…). Ce troisième groupe est représenté par un très petit nombre d'individus dans la lagune, essentiellement dans la zone longeant le Lido qui est en fait la zone lagunaire la plus influencée par les apports marins.

d - Conclusion

D'après les travaux de Levy (1979) sur des milieux margino - littoraux du golf de Lion (France) et en Tunisie, il s'avère que seules les formes euryhalines subsistent car les conditions du milieu sont assez variables dans le temps et dans l'espace. C'est le cas de la lagune de Nador dont les conditions hydrochimiques et géochimiques sont tributaires en grande partie de l'état de fermeture - ouverture de la passe.

• Les ostracodes:

L'analyse des associations des ostracodes (Irhzy, 1987) montre que celles-ci dépendent des conditions locales intralagunaires ce qui à permit de distinguer plusieurs zones.

- Les extrémités NW et SE de la lagune:

L'examen de l'ostracofaune montre que le milieu est à affinité marine accusée. La présence de valves d'ostracodes cassés ne peut s'expliquer que par les courants et le marnage intralagunaire. Ces derniers diminuent le degré de confinement, malgré l'éloignement de la bokhana ce qui a permit l'installation d'une microfaune assez diversifiée. (Cyprideis torosa, Loxoconcha turbida, Aurila woodwardii, Loxoconcha avellana, etc…).

- La bordure continetale:

La faible diversité des Ostracodes dans cette station peut s'expliquer par l'intensité des apports due aux crues des dépôts détritiques provenant du bassin versant :(Callistocythere gr. littoralis, Leptocythere lagunae, Loxoconcha beirdi, Cytherois aff. uffenordei, etc…).

- La zone de la passe et du Lido:

L'association des Ostracodes recontrée dans cette zone est assez diversifiée.

L'abondance des herbiers permet à la microfaune de se mettre à l'abri des courants perturbateurs, ce qui explique cette diversité. En outre, l'association indique une salinité de l'écosystème lagunaire proche de la normale. (Cyprideis torosa, Aurila woodwardii, Aurila convexa, Lyptocythere lagunae, Loxoconcha turbida, Loxoconcha rhombordea, etc…).

- La zone centrale de la lagune:

Elle présente des répartitions spatiales différentes. En effet, dans les zones balayées par les courants l'assemblage faunistique est important (Cyprideis torosa, Loxoconcha avellana, Leptocythere lagunae, Aglaiocypris camplanata, Loxoconcha turbida, Loxoconcha rhomboïdea, etc…). Par contre dans les zones profondes où la courantologie est faible (ombilic) ainsi que près des zones de rejets d'eau usée, la population est quasi-manospécifique. On constate un comportement opportuniste de l'espace Loxoconcha turbida.

• L'analyse isotopique des Cerastoderma glaucum:

Ce Mollusque est très abondant dans les milieux margino-littoraux actuels. C'est une espèce très euryhaline souvent associée avec des Foraminifères liés à l'habitat margino-liitoral. (Ammonia tepida, Gribroelphidium lidoeuse, etc…).

La valeur de composition isotopique (SO 18, S C13), obtenues à pàrtir des tests carbonatés provenant des stations régulièrement espacées dans la lagune montrent d'importants écarts (S O18 varie de + 0,55%0; S C13 varie de + 1,56 à + 2,22%; les valeurs les plus élevées se trouent dans les zones les plus profondes constituant évoluent différemment selon les facteurs locaux (effets de la passe, courants, eaux continentales, matière organique etc…).

• Conclusion

Il apparaît d'après les différentes études sédimentaire, géochimique, microfaunistique et isotopique que la lagune de Nador est un milieu hétérogène soumis à des conditions hydrodynamiques, sédimentaires et anthropiques variables dans l'espace. Ainsi, on peut définir cinq unités à évolution différente:

-   la zone de la passe et du Lido: caractérisée par des apports sableux d'origine marine, une masse d'eau à haute influence marine et une richesse faunistique;

-   une zone centrale: qui présente un développement complexe selon les endroits. En effet, dans les zones balayées par les courants, les conditions hydrochimiques et faunistiques ressemblent à celle du Lido. Par contre, dans la zone d'ombilic, la sédimentation est essentiellement organique et la faune est presque absente (composition monospécifique).

-   La bordure continentale: c'est une zone dominée par les apports sablolimoneux continentaux terrigènes, cette sédimentation rapide entraîne une réduction de la faune.

-   Les extrémités NW et SE: elles se caractérisent par on isolement des courants dû à la géomorphologie de la lagune. Cependant, la faible hauteur de la flèche littorale entraîne des débordements des eaux marines, ce qui permet un rafraîchissement des eaux et explique la diversité microfaunistiques (Irhzy, 1987). Cependant, ces zones restent les plus confinées de la lagune (Guelorget et al., 1987).

-   Les zones d'Atalayoune (ferme aquacole) et de la station d'épuration: ces zones ont commencé à prendre de l'importance depuis 1987. Elles sont caractérisées par une fraction fine élevée (> à 80%) et des teneurs de matière organique importantes (20%). Ce sont les zones de la lagune les plus touchées par l'action anthropique.

L'étude de la matière organique fossilisée dans les sédiments a montré que celle-ci présente des réactions d'humifications très rapides, ce qui traduit son évolution dans un milieu plutôt oxique, régi par une intense activié microbienne et bactérienne (El Alami, 1994). Une grande partie de la matière organique est biodégradée dans l'eau ou à quelques centimètres ou décimètres de surface, provoquant à la fois la libération des éléments chimiques simples dans le milieu et la polymérisation du matériel organique. Ces réactions de polycondensations et d'insolubilisations font que l'essentiel de la matière organique incorporée au sédiment est sous forme d'acide humique et d'humine.

Dans son ensemble, la matière organique associée aux sédiments récents de la lagune de Nador est de composition homogène, elle est enrichie en groupement carboxyliques et en noyaux aromatiques (origine continentale ligneuse).

B - Hydrologie

B-1: Les courants:

Dans le bassin, la dérive périlittorale est de sens dextre (Fig. 10) (Guelorget et al., 1986) et entraîne une lente rotation de la masse d'eau dans le même la même sens. Celle-ci jointe aux échanges avec la mer par l'intermédiaire de la bokhana (et probablement par des infiltrations à travers le Lido) explique la faible différence de la salinité entre la lagune et la mer en période d'ouverture de la passe.

Toutefois, au fur et à mesure que la bokhana se colmate, les échanges avec la mer diminuent et l'intensité du courant intralagunaire induit par la dérive périlittorale s'atténue.

Cependant, la masse d'eau présente des teneurs en oxygène dissout assez importantes (8 à 10 mg/1 en surface et 4 à 8 mg/1 au fond), ce qui témoigne de l'existence d'un brassage important dû á des courants giratoires induits par les vents du NW et du SE qui constituent près de 56% de l'ensemble des mouvements annuels (Guelorget, comm.orale).

Fig. 10

Fig. 10 - Les déplacements des eaux dans la lagune de Nador (flèches noires) et l'emplacement des apports continentaux (flèches balnches).

-Water motions (black arrows) in Nador lagoon and location of continental inputs (white arrows).

B-2: Leseaux:

a-La température:

Les viriations de la température des eaux de la lagune de Nador suivent étroitement es variations de la température atmosphérique. Le minimum thermique se situe en Jarvier (T° des eaux de surface: 14°C) et le maximum est atteint en Juillet (28,2°C dns les eaux de surface)(Fig. 11).

In température sur l'ensemble du bassin est relativement homogène tant en surface qu'au fond.

b-Le pH:

Les variations de pH sur l'ensemble de l'écosystème, tout au long de l'année sont faibles, le pH reste compris entre 8 et 8,9.

c-La salinité:

Actuellement (jusqu'à 1994), la salinité des eaux de la lagune varie entre 39,5 et 43,5%° cours du cycle annuel. Elle présente deux minimum, l'un en Janvier et l'autre en Avril qui correspondent aux deux périodes de pluviométrie marquée. De Juin à Décembre, la salinité dépasse 40%° dans le majeure partie du bassin, ce qui confere à ce milieu paralique un caractère sursalé cette situation peut être une conséquence directe, d'une part de la fermeture de la passe, et d'autre part, des conditions climatiques (fortes insolations assoicées aux régimes de prise permanents provoquant une évaporation intense) (Fig. 12).

Les euax lagunaires présentent des lentilles d'eau légèrement déssalée dues au moins en partie à une contamination par la nappe phréatique de Bou Areg dont le plateau a une épaisseur de 1 mètre au niveau de la lagune, et dont l'épaisseur est supérieur à 60 mètres.

d - Oxygène dissous:

Les valeurs d'oxygène dissous au cours de l'année sont comprises entre 5 et 11,2 mg/1 Le minimum se situe au mois de septembre et la maximum au mois de Décembre.

Figure 11

Figure 11: Euolution annuelle de la température des eaux de la lagune de Nador en 1992 – 1993

Figure 12

Figure 12: Euolution annuelle de la salinité des eaux de la lagune de Nador en 1992 – 1993

Les valeurs d'oxygène dissous sont importantes dans les eaux de fond, augmentation certainement liée à la présence d'herbiers à Cymodoces nodosa, Zostera noltii et Caulerpa prolifera présents sur une grande partie du bassin.

e - Les éléments nutritifs (Azote et phosphore):

Les teneurs maximales (0,08 mg/1) se situent en automne (Octobre et Novembre) pour les orthophosphates, et en hiver pour les nitrates (jusqu'à 25 mg/1 en Décembre – janvier). En effet, en automne commencent à souffler les vents du sudouest, vents violents qui permettent une remise en suspension des sédiments, par brassage des eaux. Les teneurs de phosphore s'élèvent alors pour baisser en Hiver (compléxation avec la fer et la calcium, absorption sur les particules en suspension; Dafir: travaux en cours):

Les éléments azotés par contre (d'origine intralagunaire et/ou bassin versant) atteignent leur maximum en hiver (faible consommation alguale et remise en suspension à partir des sédiments).

Au printemps et en été, les teneurs des éléments nutritifs baissent (développement phytoplanctonique important).

C - Les peuplements phytoplanctoniques

C-1: Composition spécifique:

Depuis 1986, aucun travail exhaustif, à notre connaissance, n'a été effectué sur les peuplements phytoplanctoniques et leur dynamique, surtout au début des années quatre vingt dix afin d'avoir assez de recul pour faire une étude évolutive. Nous nous limiterons donc à la description faite à cette date tout en soulignant que des bouleversements au niveau de la structure de ces peuplements ont eu sans doute lieu car la lagune a subit des contraintes climatiques, hydrodynamiques et sédimentaires très importantes.

D'après Guelorget et al., (1986), la richesse taxonomique oscille entre 7 et 15 selon les stations. Le groupe le plus représenté (en nombre d'espèces) est celui des Dinoflagellés armés.

Les taxons présents sont, pour la plupart, typiques de la province neritique du domaine océanique; s'y ajoutent des espèces habituelles du domaine paralique (Nitzschia closterium, Peridinium trochoïdeum).

L'ensemble du peuplement est caractéristique des bassins paralique peu confinés (ce que confirme l'absence de cyanophycées planctoniques) (Frisoni, 1984).

La répartition spatiale des espèces présente une certaine zonation ainsi :

-   Les Dinoflagellés (Ceratium furca, Dinophysis sacculus, Proroceutrum micans) sont présents partout, en particulier le long de la rive continentale;

-   Les Diatomées centriques (Chaetoceras sp. et Rhizosolenia sp.) se développent essentiellement dans la partie centrale;

-   Les groupes nanoplanctoniques (Cryptophyceae, Chlorophyceae) dominent surtout aux extrémités du bassin où ils sont accompagnés par des Diatomées pennées (Nitzschia closterium).

Ainsi, jusqu'à 1986 au moins, le bassin était faiblement confiné mis à part les deux extrémités NW et SE et la zone d'Atalayoune (oú l'on a installé la ferme aquacole) caractérisées par la présence d'espèces indicatrices d'une stagnation des eaux (Naviculales, Diatomées pennées, Dinoflagellés, Nanoflagellés...)

C-2 : Biomasse chloraphyllienne :

En se référant aux travaux de Frisoni (1984) sur les bassins paraliques Périméditerranéens, la biomasse phytoplanctonique est relativement élevée surtout durant les phases de croissance (printemps et été)(Lefebvre et al., 1995).

En effet dans les eaux de surface, la biomasse phytoplanctonique (Fig.13) est globalement comprise entre 0,3 et 2,5 mg chl.a/m3. Dans les eaux de fond, les valeurs se répartissent entre 0,6 et 2,6 mg chl.a/m3 (Fig. 14). Les taux de phéophytine, élevés sur l'ensemble de la masse l'eau, indiquent un renouvellement des eaux de l'éecosystème relativement faible (Fig.15).

La fermeture du système - passe entraîne un confinement progressif des eaux de la lagune qui favorise l'assimilation chlorophyllienne et explique l'établissement de fortes biomasses.

Figure: 13 Répartition des teneurs (mg/m3) en chlorophylle a dans les eaux de surface de la lagune de Nador, le 08/06/1993

Figure 13

Figure: 14 Répartition des teneurs (mg/m3) en chlorophylle a dans les eaux de fond de la lagune de Nador, le 08/06/1993

Figure 14

Figure: 15 Répartition des taux (%) de phéophytine a dans les eaux de surface de la lagune de Nador, le 06/06/1993

Figure 15

Les plus forts blooms planctoniques (durant le printemps et l'été) caractérisés par des valeurs comprises entre 12 et 29 mg chl.a/m3 sont localisés au niveau de l'Atalayoune (ferme aquacole), de la bordure continentale (apport d'eaux usées et d'eau douce riche en fertilisants) et de manière moins sensible au voisinage de la communication avec la mer. IL semble donc que ces blooms ont des origines différentes,

Les valeurs de biomasse sont peu élevées (de 34 à 47 g/m3), ceci nous amène á considérer la lagune de Nador parmi les milieux lagunaires méditerranéens les moins productifs et proches des systèmes marins ouverts (Guelorget et al., 1986), ce qui situe une grande partie du bassin en zones IL (Guelorget et Perthnisot, 1983). Cependant cette situation reflète celle de 1986. Il est bien évident que depuis lors, la lagune de Nador a subi plusieurs modifications. L'évolution globale de la lagune depuis 1982 sera traitée au chapitre III. 2.

D-les peuplements benthiques

D-1: La macroflore

La majorité des fonds de la lagune est tapissée d'un vaste herbier mixte à Cymodocea nodosa et Caulerpa prolifera qui trouve son développement maximal dans toute la zone centrale. La biomasse par mètre carré peut atteindre 1025 g(poids sec) (Guelorget et al., 1986) (Fig. 16).

Dans les deux extrémités NW et SE de la lagune, ces herbiers sont remplacés par Ruppia spiralis, espèce strictement paralique (Guelorget et al., 1983; Perthuisot et al., 1983). On observe alors l'appartion et la prolifération d'algues Chlorophycées (Ulves et Enthéromorphes) le long des rives.

Les zones dépourvues d'herbiers sont peu étendues et limitées au débouché de la passe et le long de la rive continentale (zone à forte sédimentation). Actuellement, d'autres zones sont dépourvues d'herbiers telle que celle d'Atalyounc (influence de la ferme aquacole). Dans la zone centrale (zone II), les herbiers apparissent clairsemés et épiphyté par les épibiontes (Balanes, Bryozoaires, Ascidies) qui caractérisent des milieux plus riches en matière orgainque.

Fig. 16

Fig. 16 REFARTITION DES HERBIERS DANS LA LAGUNE DE NADOR. (D'après le rapport de la F.A.O., 1985.)

D-2: La macrofaune:

Selon les travaux de Guelorget et al. (1986), la répartition spatiale de la macrofaune est étroitement liée à celles des herbiers. En effet, dans les zones d'herbiers à Cymodocea nodosa et à Caulerpa prolifera, on retrouve une macrofaune thalassique riche et diversifiée, qui est surtout marquée par la présence d'Echinodermes (groupe particulièrement sensible au confinement et qui disparaît dès que l'on pénètre dans le domaine paralique proprement dit) (Guelorget et al., 1983) et d'Ophiures (Holothuria polii, Cucumaria planki.etc.), ce qui témoigne d'une influence marine prépondérante sur ce vaste herbier (Fig.17+Tableau I)

L'endofaune du sédiment est représentée principalement par les polychètes (Lumbriconereis impatiens, Harmothoe spinifera, Nereis caudata,…etc…) et les Mollusques (Dantalium sp., Lucina Fragilis, Abra alba, …etc.…)

La faune vagile est constituée essentiellement de Gastéropodes brouteurs tels que: Murex brandaris, Murex trunculus, Cerithium vulgatum et Mactra corallina. Ces espèces se trouvent même le long de la rive continentale de la lagune, ce qui indique que le confinement est relativement faible même dans cette partie de la lagune (situation en 1986)

Dans les zones de transition (qui sont peu étendues) entre les herbiers à Cymodocea nodosa et à Ruppia spiralis (au NW et au SE de la lagune), les Echinodermes disparaissnet an profit d'espèces mixtes caractéristiques d'un confinement modéré comme les polychètes: Glycera convoluta, Nephthys honmergii, et les Mollusques: Venerupis aurea, Venerupis decussata …etc…

Les zones d'extrémités (NW et SE) de la lagune, aux herbiers à Rupp9ia spiralis, présentent des peuplements strictement paraliques, témoins d'un confinement avancé.

Parmi les espèce vagiles, on retrouve des crustacés (Gammarus gr. locusta, Corophium insidiosum,…etc..) et des Molllusques Gastéropodes Hydrobidés.

L'endofaune du sédiment y est principalement représentée par des Mollusques Pélécypodes (Cerastoderma glaucum, Abra ovata), le polychète: Nereis diversicolor, et des larves de Chironomidae.

Les tapis cyanobacteriens sont localisés uniquement dans des diverticules situés le long de la partie sud du lido, dans ce cas seuls quelques Gasteropodes brouteurs subsistent (Hydrobia sp.)

Fig. 17

Fig. 17 - Dominances numériques (N) et pondérales (8) des divers gros. caxonomiques de la macrofaune benthique.

- Numeral (N) and weight (B) dominances of the different taxonomic groups of the macrobenthofauna.

STATION189103
 DensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasse
Echinodermes707,603        
Péléeypodes10602,12719609,360555019,1591300,7996301,57
Gastéropodes232012,91418015,3626017,406  1103,776
Crustacés10902,4908701,9674800,0724200,05416700,142
Polychètes15101,23120506,9012997010,29614600,48970006,937
Chironomides--1700,012----3400,135
Divers200,022--300,017----
TOTAL607026,387523033,6023609046,95020101,342975012,561
STATIONS11121367
 DensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasseDensitéBiomasse
Echinodermes100,914900,087------
Pélécypodes271010,5272900,4084106,1999703,179--
Gastéropodes2607,901602,201--4303,75423403,229
Crustacés1700,2102200,1041100,20835400,997--
Polychètes6901,6645600,58615001,06441301,767--
Chironomides------12700,261- 
Divers4205,5821400,6198800.536----
TOTAL426026,79813604,00529008,007103409,95823403,229

La diminution du nombre d'espèces suit rigoureusement le trajet des courants à partir de la passe, o'est-à-dire le gradient de confinement (Fig 18 et 19)

Les valeurs de biomasse sont peu élevés (de 34 à 47g/m2), ceci nous amène à placer la lagune de Nador parmi les milieux lagunaires méditerranéens les moins productifs et proche des systèmes marins ouverts (Guelorget et al., 1986), ce qui situe une grande partie du bassin en zone II (Guelorget et Perthuisot, 1983).

Actuellement, la lagune présente un degré de confinement plus important mais sans grandes modifications de l'organisation générale du système.

Cependant, la lagune présente aujourd'hui une diminution de la diversité biologique tout en préservant les détritivores et les espèces indiquant un enrichissement en matière organique (exemple: la dispartion en zone II des astérides et des holothurides)

II faut noter également la prolifération des tapis cyanobactériens dans les zones extrêmes au NW et au SE.

E-Les activités anthropiques

La lagune de Nador subit des pressions anthropiques importantes vu sa position géographique et son intérêt économique. Plusieurs secteurs contribuent à la dégradation de ce site naturel

E-1: L'augmentation de la population de la province de Nador:

La densité de la population de la province de Nador avoisine actuellement 120 hab/km2, elle dépasse de loin la moyenne au Maroc. Malgré les baisses sensibles des taux de croissance annuelle constatés lors des recensements de 1960, 1971 et 1982 et qui sont passés de 2,4% à 1,76% pour les deux périodes 60–71 et 71–82, ils demeurent en deçà de la moyenne nationale qui est de 1,45%.

La population totale de la province de Nador était de 593 255 habitants suivant le recensement de 1982.

La population urbaine du Grand Nador est estimée en 1989 á 184200 habitants dont 112500 à Nador même, 17100 à Beni Ansar, 9200 à Selouane et 2200 à Kariat.

Fig. 18

Fig. 18 - Richesse spécifique et diversité (valeurs soulignées) de la macrofaune benthique. L'indice de diversité de Shannon a été calculé sur les effectifs.

- Specific richness and diversity (underlined values) of the benthic macrofauna. The diversity index has been calculated after the total strength.

Fig. 19

Fig. 19 - Desité (en nombre d'individus / m1) et biomasse (g / m2 nombres soulignés) de la macrofaune benthique.

- Density (individuals number per m2) and biomass (g/m1, underlined values) of the macrobenthofauna.

Le développement de Nador ne s'est pas fait de manière régulière et ordonnée, la ville s'est étalée sur les plaines avoisinantes d'une manière rapide (ce qui témoigne du dynamisme et du rôle attractif de Nador). Cette urbanisation se fait d'une façon anarchique rendant très difficile les opérations d'équipement en infrastructure (eau, assainissement etc…)

L'économie urbaine de Nador repose principalement sur les transferts de devises par les travailleurs marocains à l'étranger et sur les activités commerciales et administratives. Le secteur tertiaire prend à lui seul 70% environ des emplois offerts. Le secteur minier (fer et baryte), malgré son ancienneté ne semble pas encore enregistrer les résultats escomptés. Actuellement, l'activité industrielle est destinée à un essor important pour l'économic de la région par l'installation, entre autres, d'un complexe sidérurgique (SONASID), du port de Beni Ansar et d'une ferme aquacole (MAROST).

Toutes ces données montrent que la ville de Nador est en plein essor économique. Cette situation ne peut qu'accentuer la pression anthropique sur la lagune. De plus, l'urbanisation anarchique facilite les écoulements d'eau de ruissellement et l'érosion du bassin versant, d'où des apports terrigènes importants vers la lagune.

E-2: Les apports continentaux:

Ils sont acheminés vers la lagune par le biais de l'oued Selouane, des canaux d'irrigations, des rejets urbains est des eaux de ruissellement. Selon le Centre International de Formation et d'Echanges Aérologique (1982), 19.106 m3/an d'eau douce sont évacués de la plaine de Bou Areg vers la lagune. Ces apports continentaux peuvent constituer des sources polluantes pour la lagune, particulièrement les rejets urbains.

E-3 : Rejets urbains et assainissements:

La ville de Nador dispose actuellement d'un réseau d'assainissement de type unitaire qui intéresse plus particulièrement le centre de la ville et quelques quartiers périphériques. La capacité de ce réseau demeure insuffisante en égard à l'importance des eaux de ruissellement que déferlent les collines entourant le centre lors des averses intenses que connaît la région de temps à autre.

En ce qui concerne les eaux usées, 70% environs des ménages sont branchés au réseau, les autres évacuent les eaux usées dans des puits individuels à fond perdu.

Les eaux usées de la ville de Nador avant d'être évacuées dans la lagune, sont soumises à un traitement biologique basé sur le principe des boues activées dans une station d'épuration.

Cette station joue vraisemblablement un rôle important dans la diminution de la pollution mais reste toutefois inefficace.

Dans ce sens, plusieurs défaillances ont été évoqués (Badissy, 1985):

-   Le traitement biologique n'est suivi d'aucun contrôle physico-chimique ou microbiologique;

-   Les eaux épurées ne font l'objet d'aucune opération de désinfection;

-   Les coupures du circuit électrique et les défaillances des systèmes électromécaniques mettent en mauvais état la qualité du traitement.

La lagune reçoil aussi les eaux usées non traitées des centres urbains de Selouane, de Mont-Aroui, de Kariat, des égouts de certains quartiers de la ville et de quelques constructions isolées du centre de Beni Ansar. Une dizaine de canaux d'égouts individuels entre la ville et la station d'épuration, non reliés à cette dernière, évacuent directement leurs contenus dans la lagune. De même, celle-ci reçoit les rejets de l'abattoir de Kariat, qui fonctionne trois jours par semaine.

La zone industrielle de Selouane dont une première tranche de 14 ha est déjà réalisée, dispose d'un réseau d'assainissement dans un état de fonctionnement satisfaisant mais qui déverse les eaux brutes directement dans l'oued Selouane qui s'écoule à la lagune.

Au niveau de la lagune de Nador, et au voisinage des lieux d'évacuation des rejets urbains, les eaux montrent un haut niveau de contamination bactériologique (Mabrouk, 1989) (Fig. 20). Près de la station d'épuration, deux pies ont été enregistrés durant les périodes où la station d'épuration est tombée en panne (Février et Avril 1987). Dans les extrémités NW (Beni Ansar) et SE (Kariat), la pollution bactérienne est permanente mais de faible ampleur, elle serait due aux rejets des eaux usées de certaines agglomérations d'habitats et des rejets de l'abattoir (à Kariat, SE). La période hivernale montre un niveau de pollution relativement important qui peut être dû aux eaux de ruissellement qui véhiculent vers la lagune un grand nombre de germes fécaux.

Fig. 20 : Principales sources de pollution microbienne et l'emplacement des stations d'études

Fig. 20

En adoptant la réglementation Française relative au dénombrement d'Esherichia coli, l'eau est salubre en mer, à Atalayoune, dans le centre de la lagune et même dans les extrémités NW et SE où la moitié seulement des palourdes est contaminée). Par contre, près de la station d'épuration aussi bien l'eau, le sédiment que les bivalves (palourde) sont de qualité défavorable. D'ailleurs des échantillons de palourde prélevés dans cette zone ont montré la présence de Salmonelles, ce qui montre le danger réel que ces coquilles peuvent présenter s'ils ne subissent pas au prealable un traitement adéquat. Par contre, les staphylocoques présumés pathogènes ont été présents dans les coquillages à des teneurs faibles, non susceptibles de causer des toxi-infections. Le Vibrio parahoemolyticus n'a été détecté dans aucun échantillon (Mabrouk, 1989).

E-4 : L'industrie :

L'inventaire de toutes les unités industrielles implantées dans les bassins versants des différents centres a été effectue par la régie autonome de distribution d'eau et d'électricité (RADEEN) de Nador lors de l'étude d'assainissement du grand Nador en 1989. Ainsi, on a dénombré les unités suivantes:

-   09 unités d'industries mécanique et métallurgique;

-   05 unités liées à l'alimentation (conserverie de poisson, alimentation de bétail, …etc…);

-   07 unités de briqueterie;

-   03 unités de textile;

-   04 unités de menuiserie;

-   09 unités de mines (exploitation de minerai de fer), d'énergie (mise en bouteilles de butane, et d'exploitation de carrières;

-   04 unités d'abattoirs dont celle de Kariat qui rejette directement les déchets dans la lagune.

L'enquête menée par la RADEEN en 1989 auprès des unités industrielles (et après le résultat d'analyse des échantillons prélevés et leur comparaison avec les normes prescrites dans les cahiers des charges) a conclut que hormis quelques unités en nombre limité qui sont susceptibles d'être polluantes, la plupart de ces unités semblent exercer des activités qui présentent pas de danger apparent pour l'environnement.

II faut cependant observer le fait que seules les eaux de rejet des unités industrielles raccordées au réseau d'assainissement de la ville de Nador sont susceptibles d'être traités dans la station d'épuration, les autres unités régionales déversent les eaux bruts soit dans des oueds qui vont couler á leur tour vers la lagune (comme celles de Selouane), soit directement dans la lagune (exemple des abattoirs de Kariat)

E-5: L'aquaculture dans la lagune de Nador:

Actuellement, une seule société (MAROST) exploite la lagune en développant une aquaculture de type intensif

• Donnés concernant la ferme aquacole

•• Historique:

MAROST a été crée en 1983. Le démarrage des activités a été basé au départ sur le captage des naissains d'huîtres. Les essais des collecte des naissains ayant été incertains et aléatoires, une écloserie coquillages a été crée. Par la suit, il y'a eu une diversification des activités telles que l'activité piscicole (création d'une écloserie poisson: loup et daurade, en 19890, l'activité pénéide (élevage de crevettes japonaises), l'élevage de palourdes et le stockage des anguilles.

•• Réseaux d'activités:

Actuellement, MAROST possède plusieurs unités de production:

Les secteurs de production concernent essentiellement la pisciculture mais d'autres types d'aquaculture sont également pratiqués dans la lagune de Nador par MAROST.

La production se compose d'une gamme très diversifiée d'espèces nobles: huître plate (Ostréa edulis), palourde indigène (Tapes decussata), crevette (Penaeus japonicus), loup (Dicentrachtus labrax), daurade (Sparus aurata) et anguilles.

••• La pisciculture:

Cette activité avait pour but d'élargir les activités de MAROST par l'intermédiaire de la pêche naturelle des alevins de Daurade et de Loup qui subissent par la suite un grossissement dans une station d'alevinage. En 1989, l'activité de l'écloserie poisson a commencé dans le but de produire intensivement des larves.

L'élevage se produit par deux étapes: le prégrossissement en raceways jusqu'à un poids moyen de 5 gr., et le grossissement en cages installées dans la lagune.

Les poptentialités de cette activité sont très grandes puisque à raison de 10 Kg de poisson par m3, on peut espérer une production de quelques centaines de tonnes.

••• L'ostréiculture:

Elle est basée essentiellement sur la production intensive en écloserie de naissains d'huîtres et sur le captage naturel.

Les techniques d'élevage consistent en un prégrossissement des naissains dans des casiers de faible maillage (2 mm). Deux mois après, ils sont placés dans des cylindres insérés dans des corbeilles en plastique. Pour éviter toute perte, les huîtres sont placées dans des corbeilles en suspension jusqu'à leur taille marchande.

Les potentialités de cette activité sont fonction de la disponibilité en naissains fournis par l'écloserie. La capcité de chaque site d'élevage peu atteindre environ 20 tonnes.

••• La pénéiculture:

L'élevage des crevettes a démarré par l'espèce par l'espèce indigène Penaeus kerathurus. Cependant, cette dernière prenant beaucoup de temps pour atteindre la taille commerciale, il y a eu l'introduction de la crevette japonaise: Penaeus japonicus, à croissance rapide, bonne valeur marchande et adaptabilité à donner de bons résultats.

Le cycle pénéide se déroule dans une écloserie. L'élevage s'effectue en semi-intensif dans des enclos de 0.25 à un hectare avec un complément de nourriture composée de Mollusques et d'aliment artificiel enrichi en vitamines.

La première production a en lieu en 1987, elle a atteint 1,3 millions de postlarves de crevettes. En 1989, la production a dépassé les 3 millions. Actuellement, on ne dispose pas de renseignement sur les taux de production.

•• L'anguilliculture:

Cette activité a été entamée car la lagune offre d'importantes potentialités. Cependant, elle se limite actuellement à l'achat, le stockage et le conditionnement à l'alimentation.

••• La vénériculture:

Comme pour les huîtres, les naissains sont produits en écloserie et prégrossis dans les mêmes casiers. Ils sont semés sur sol dans des enclos à des densités élevées. La diminution de la charge s'effectue au fur et à mesure que les individus gagnent on poids. Par ailleurs, les essais de captage naturel ont donné de bons résultats et complètent ainsi la production de l'écloserie.

•• Personnel:

450 personnes (journaliers compris) assurent la marche des différentes activités au sein de MAROST. Elles se répartissent entre cadres, techniciens, agents de maîtrises ouvriers et pêcheurs.

• Aquaculture et environnement dans la lagune de Nador

Toutes les études menées jusqu'à présent (Guelorget et al., 1984, 1986, 1994; Lefebvre et al., 1995; Dafir et al., 1994)) confirment que la ferme aquacole. d'Atalayoune entraîne pas de perturbations inquiétantes à i'échelle de la zone où elle est implantée.

En effet, aucun paramètre ne met en évidence de façon pertinente l'impact des élevages si ce n'est une légère augmentation des biomasses chlorophylliennes localisée sur la ferme mais qui parait normale compte tenu de la biomasse en élevage.

Le développement de l'aquaculture dans la lagune en position de fermeture a certainement joué son rôle dans l'évolution du milieu, mais à l'échelle générale du bassin, l es résultats ne montrent aucune anomalie particulière.

La ferme aquacole a une influence réduite, limitée, géographiquement dans l'augmentation du degré d'eutrophisation et d'engraissement organique du milieu, à l'encontre des rejets urbains qui, en revanche, ont une grande responsabilités dans l'évolution de l'écosystème durant ces dernières années.

Cependant, la mise en relation du modèle hydrodynamique et de la répartition des différents paramètres permettra, sans aucun doute, de préciser le fonctionnement de l'écosystème, de replacer la ferme actuelle dans cette organisation et d'orienter avec exactitude les extensions ou les aménagements futurs.

E-6 : Tourisme:

Les activités touristiques dues à la présence de la lagune sont non négligeables puisqu' on constate un afflux important de touristes nationaux et étrangers pendant la période estivale le long du cordon dunaire.

III-2- EVOLUTION HYDROBIOLOGIQUE ET SEDIMENTAIRE DE LA LAGUNE DE NADOR

A-LA PASSE

La lagune de Nador est séparée de la mer par un cordon dunaire d'environ 24 km de longueur. Ce cordon a subi de nombreuse modifications, au cours du temps, et notamment au niveau de la position de la communication avec la mer.

En fait les périodes de communication alternent plus ou moins régulièrement avec les périodes de fermeture totale de la lagune.

De 1907 à 1910 la lagune de Nador était totalement isolée de la mer devenant ainsi un bassin évaporitique avec une surface en eau très réduite d' où le nom sebkha en arabe). En 1910 la communication avec la mer fut rétablie par dragage et cette passe constitua longtemps le seul accès navigable à Nador. Cette passe subissant un ensablement graduel se colmata et une ancienne passe naturelle fut à son tour draguée en 1941.

En 1979, la passe actuelle (environs 200m d'ouverture), ou bokhana, a été ouverte à la suite d'une tempête, après une fermeture totale de la lagune depuis 1977, date de l'obstruction de la précédente passe. En 1993, la passe était quasiment colmatée par les apports sédimentaires marins. Actuellement, des travaux de stabilisation de la passe par la construction de deux digues de part et d'autre des river de la bokhana sont en cours. Des dragages des sédiments de colmatage sont aussi en cours.

B-HYDROLOGIE - HYDROCHIMIE

Cet écosystème a déjà fait l'objet d'études hydrologiques (Lozano, 1953; Erimesco, 1961, Brethes et Tesson, 1978l; Zine, 1989; Guelorget et al., 1987, Lefebvre et al., 1995; Dafir et al., 1994).

Ces études mettaient en évidence des variations de la salinité au cours du temps qui, selon les auteurs, étaient mises en relation soit avec les modifications apportées au bassin versant soit avec la situation de la passe.

Le tracé des diagrammes Température/Salinité (T/S) permet de synthétiser les données, recueillies depuis plusieurs années, de température et de salinité. Ce diagramme met en évidence l'hétérogénéité des valeurs enregistrées. En effet les salinités varient globalement entre 32 et 43 0/00 (Fig.21).

En période d'ouverture de la passe, la salinité générale de la lagune reste voisine de celle de l'eau de mer excepté pendant les périodes les plus chaudes où le bassin évolue vers la sursalure. Lorsque la communication est fonctionnelle le milieu ne semble pas être affecté par les apports continentaux même en période de forte pluviosité puisque la salinité ne descend pas en dessous de 37 0/00.

Toutefois, compte tenu de l'histoire de la lagune cette situation reste très rare, l'ouverture de l'écosystème sur la mer étant relativement exceptionnelle et de courte durée.

En période de fermeture de la passe, partielle ou complète, les eaux de la lagune offrent de grandes variations de salinité. Les caractéristiques halines sont directement liées aux conditions climatique et il se produit soit une sursalure en période estivale soit une dessalure induite par les pluies, les oueds, le canal d'irrigation ainis que l'arrivée des eaux de la nappe phréatique comme c'était le cas en 1978 lors de la fermeture de la précédante passe alors que les apports hydriques étaient très importants (Brethes et Tesson, 1978).

Une période de sécheresse comme celle qu'a subi le Maroc entre 1980 et 1984 a provoqué une sursature généralisée des eaux de la lagune.

En conclusion, les conditions climatiques qui règnent dans la région de Nador ont une influence primordiale sur la situation haleine dans la lagune de Nador.

C - PEUPLEMENTS PHYTOPLANCTIONIQUES

Une première évaluation des moyennes de chlorophylle “a” montre une augmentation régulière du phytoplancton de 1982 à 1993 (Fig. 22). En comparant les valeurs moyennes estivales, on constate que la biomasse chlorophyllienne a triplé en dix ans, et que les biomasses printanières ont quand à elles doublé. L'évolution des teneurs de chlorophylle “a” obtenues en hivers et évaluées en uois ans seulement est aussi très importable.

Cette évolution ne se fait pas de la même manière sur l'ensemble de la lagune, En effet, l'écosystème parait se partager en quatre zones, chacune présentant un type d'évolution particulier entre 1982 et 1994 (Fig. 23 et 24).

L'évolution globale est certes partout significative et montre une tendance de l'écosystème à s'enrichir en phytoplancton, mais c'est en zone B qu'elle est la puls marquée. Cette zone de bordure continentale reçoit des rejets issus de la station d'épuration de la ville de Nador et de l'oued Selouane (enrichissement en éléments nutritifs activant la production primaire).

Fig. 21

Figure: 21 Diagramme Température/Salinité dans la lagune de Nador de 1952 à 1994

Fig. 22

Figure 22: Euolution des moyennes de chlorophylle a, par saisons, de 1982 à 1993

Fig. 23

Figure 23: Euolution des teneurs en chlorophylle a des différentes zones de la lagune de Nador, de 1982 à 1994

Fig. 24

Fig. 24 - Carte schématique des zones de confinement (GUELORGET et PERTHUISOT, 1983) dans la lagune de Nador.

- Schematical map of the confinement zones (GUELORGET and PERTHUI-SOT, 1983) in Nador lagoon.

Fig. 25

Figure 25: Location of the different units of Nador lagoon

Dans la zone C (zone centrale) s'est installée depuis 1987 une ferme aquacole au niveau de laquelle les rejets ne sont pas négligebales (féces, restes de la nourriture destinée à l'élevage de poissons…).

Les zones les plue stable de la lagune correspondent à celles du lido (qui reste plus où moins en communication avec la mer soit par l'intermédiaire de la passe soit à travers de lido) et des extrémités NW et SE de la lagune zones très confinées appartenant au domaine paralique s.s présentant toujours une grande stabilité (Guelorget et Perthuisot, 1983 et 1992).

D - LES SEDIMENTS

Dans cette comparaison, on se basera uniquement sur les variations des teneurs de la matière organique.

En effet, l'évolution des taux de matière organique dans le sédiment de 1987 à 1993 s'est faite différemment dans la lagune.

D'une façon générale, on distingue:

-   des zones où les taux de matière organique ont baisse, notamment sur la bordure du lido (de 17–18% à 4–11%) et niveau de la zone sud de l'Oued Selouane (de 7,5% à des valeurs variantes de 1,1, à 7%). La zone de la passe accuse la plus forte baisse (de plus de 20%, à moins de 1%);

-   des zones où les taux de matière organique ont au contraire augmenté, certaines fortement, telles que les zones de la station d'épuration (de 10% à 21,6%), et au Nord Ouest (de 8%, à 18,6%); d'autres moins nettement, telles que que les zones d'Atalayoune et au Sud Est (moins de 20%, à 22%);

-   la zone centrale qui est plus difficile à comparer car les travaux de Guelorget et al. (1987) ne mentionnent qu'une seule station à l'Est l'Oued Selouane. Or, cette station d'après nos récents travaux, représente une zone où la fraction fine et la matière organique sont plus abondants que le reste des station avoisinantes (ombilic). De toutes les façons, les valeurs récentes sont quand même moins fortes que celles obtenues en 1987, si on se réfère à la cartographie réalisée par Guelorget et al. la même année.

Fig. 26

Figure 26 : Répartition des taux de matière organique (en %) dans les sédiments de la lagune de Nador, en 1992 (à gauche) et en 1982 -D'après les données de Guelorget et al., 1984 - (à droite)

Il apparaît donc que la distribution de la matière la distribution de la matière organique a changé. Ce changement concerne l'ensemble de la lagune qui a subi une évolution globale. En effet, en 1987, la passe était encore ouverte et, de ce fait, les échanges mer - lagune s'effectuaient normalement.

Les fortes valeurs de matière organique enregistrées au niveau de la passe (Guelorget et al., 1987)témoignent de l'importance des transferts mer - lagune; en effet l'essentiel du matériel organique en provenance de la mer sédimente dès son entrée dans la lagune (ralentissement brutal de l'hydrodynamique, “frappe” saline…).

A cette époque, la courantologie interne de la laguen était marquée par une circulation périphérique qui amenait les eaux marines de la passe à la région d'Atalayoune où s'établissait un vaste ombilic ?(Ibrahim et al., 1985). La zone de l'ombilic était bien évidemment caractérisée par une forte sédimentation de matière organique dont la teneur dans les sédiments variait entre 10 et 20%.

Cette circulation giratoire devait également induire un engraissement organique des zones les plus littorales, en marge du courant courant principal, puisque le taux de matière organique était de l'ordre de 8%.

Les deux extrémités Nord Ouest et Sud Est étant relativement à l'écart des circulations constitueraient des annexes lagunaires plus confinées et qui sont habituellement enrichies en matière organique.

En 1993 la passe était en position de quasi - fermeture et de ce fait les courants d'origine marine sont absents ou de très faible intensité. L'hydrodynamique de la lagune s'est donc considérablement modifié ainsi que la circulation giratoire initiée par l'entrée des eaux marines…

De ce fiat, les courants balayants les bordures n'existent pratiquement plus, et ce serait ceux engendrés par le vent qui prédominent. Dans ce cas, les différentes zones de la laguen auraient évoluées de la façon suivante:

-   au niveau de la bordure continentale au sud de l'Oued Selouane les apports continentaux ne sont plus autant remaniés, ce qui entraîine une baisse de la teneur de la matière organique à cause des apports sédimentaires importants;

-   au niveau de la apports sableux sont très importants, les échanges mer-lagune le sont moins, ce qui entraîne baisse da la matière organique par dilution due aux apports sédimentaires et à la diminution des possibilités d'apport de matière organique;

-   les zones du Sud Est et du Nord Ouest ont continué normalement leur évolution et constituent de ce fait les seules zones de la lagune à avoir cette caractéristique (car elles ont été et sont toujours sous le régime dominant des vents);

-   la zone d'Atalayoune et la station d'épuration sont des zones qui n'existaient pas en 1987 en tant qu'unités de production de matière organique. Elles constituent de ce fait un domaine tout à fait nouveau pour la lagune, sous l'influence anthropique, avec cependant une activité nettement plus forte au niveau de la station d'épuration;

-   la zone centrale, du fait de la fermeture de la passe, s'est trouvée sous la dominance des courants induits par le vent. Les valeurs de la matière organique varient de 4,2 à 7,9% avec localement des valeurs atteignant 9,8%, voire même 10,6%. Cette distribution en mosaïques semble répondre à cette nouvelle situation, qui parait - être installée progressivement depuis quelques années déjà, où les courants dl'origine marine, dimimuants d'intensités, ont cédé la dominance courantologique aux courants induits par les vents.

E-CONCLUSION

L'étude de l'évolution de la lagune de Nador a permis de d'gager les faits suivants:

-   la mise en évidence du contrôle de la qualité des eaux (confinement) et du sédiment de la lagune par le système ouverture - fermeture de la passe;

-   de point de vue hydrodynamique, le renouvellement en eau d'origine marine est presque entièrement dépendant de ce système d'ouverture et de fermeture de la passe. Le faible degré de confinement au voisinage du lido fait penser à des possibilités d'infiltrations à travers la flèche littorale, car si les échanges s'effectuaient uniquement par la passe, la lagune aurait subit une augmentation plus significative du confinement ainsi qu'une tendance plus marquée vers la sursalure à cause du déficit hydrique.

L'apport des eaux douces de la nappe joue peut être aussi un rôle dans le maintient en survie de la lagune durant les périodes de fermeture de la passe;

-   la lagune n'évolue pas de façon homogène car il y a une individualisation de plusieurs zones, chacune dépendante soit de facteurs anthropiques (ferme aquacole et station d'épuration : zones à évolution rapide), soit de facteurs sédimentaires (passe et lido : zones à évolution très modérée) soit de facteurs géomorphologiques (extrémités NW et SE : zones à faible évolution).

III-3-CONCLUSION GENERALE

Il apparaît, d'après cette étude, qu'une bonne compréhension de cet écosystème lagunaire ainsi que les dispositions à prendre dans l'avenir concernant son aménagement passent par la connaissance de son évolution historique. En effet, durant ces deux dernières décennies, la lagune a eu des crises très importantes:

-   fermeture complète de la passe précédante de 1977 à 1979. Durant cette période la salinité était très basse (inférieure à celle de la mer avoisinante surtout en hivers), les teneurs en oxygène dissout et les concentrations des nitrites et des nitrates étaient élevées. Cette situation démontre l'influence des apports d'eau douce (canal d'irrigation, oueds, nappe phréatique) (Brethes et Al., 1978);

-   ouverture de la passe actuelle en 1979, les eaux de la lagune sont de nouveau rentrées sous l'influence marine;

-   de 1980 à 1984 une sécheresse a touché tout le Maroc y compris la zone de Nador. Cette situation a entraîné un déficit hydrique en eaux douces très important ce qui a provoqué une augmentation de la salinité (>36%°) car l'évaporation est très importante;

-   jusqu'en 1991, la passe se colmatait progressivement mais le degré d'échange des eaux lagunaires avec les eaux marines était relativement bon. Par contre, les apports en eaux douces devenaient moins importants à cause, d'une part des irrégularités pluviométriques, et d'autre part de la mise en service d'un barrage en amont de Oued Selouane, ce qui a réduit les apports d'eau de lessivage. Cependant, la pression anthropique devenait plus importante notamment par les rejets urbains (eaux usées). Cette évolution a provoqué un enrichissement des eaux de la lagune en matière nutritifs, ce qui explique l'engraissement progressif de la lagune et l'augmentation des biomasses phytoplanctoniques;

-   en 1993 et 1994 la passe était pratiquement fermée. cependant des travaux de stabilisation de la bokhana par la construction de digues (pour freiner les apports sédimentaires) et par le dragage (afin de réouvrir la passe) ont débuté. Son comportement vis à vis se cette ouverture va être fonction en grande partie du climat, du moins en ce qui concerne les paramètres naturels (température, salinité…etc.,…).

La situation actuelle de la lagune peut se résumer comme suit:

-   une augmentation exagérée de la salinité qui dépasse 40%° dans la plus grande partie du bassin;

-   une hausse sensible des biomasses chlorophylliennes sur l'ensemble de la lagune (accentuée par les rejets urbains périphériques) qui traduit une évolution vers l'eutrophisation;

-   une réduction des herbiers à Caulerpa prolifera (espèce sensible au confinement selon Guelorget et al., 1983) tant en superficie qu'en biomasse;

-   une extension des tapis cyanobactériens qui occupent une bande de plus en plus large dans les extrémités NW et SE.

Ces différentes situations, si elles ont provoqué des périodes de crise pour la lagune, elles ont au moins le mérite de nous avoir montré comment réagirait cet écosystème paralique devnat des situations extrêmes. Toutefois, il faut noter que l'engraissement de la lagune est permanent (à cause essentiellement des rejets urbains), ce qui nécessiterait des échanges avec la mer de plus en plus importants. Si on veut freiner la tendance vers des zones de plus en plus élevées dans l'échelle de confinement (Guelorget et al., 1983) il faut revoir la stratégie de distribution des cages d'élevage intensif de telle sorte que les déchets (feces et restes de nourriture) peuvent être repris par une hydrodynamique efficace pour les redistribuer et empêcher l'accumulation massive de matière organique et ses conséquences, ceci en supposant que les rejets urbains soient traités efficacement avant leur déversement dans la lagune. Dans ce contexte l rôle du sédiment est aussi primordiale que celui de la masse d'eau, car il contrôle les processus de fixation et de relargage des éléments nutritifs, notamment du phosphore, ce qui pourrait contrôler à son tour la production primaire conduisant à l'eutrophisation.

IV - RECOMANDATIONS

A-Ecologie

Comme on l'a souligné ci-dessus, la lagune de Nador a subit des modifications écologiques liées principalement au système ouverture - ferméture de la passe et aux rejets urbains. Actuellement, des travaux d'ouverture et de stabilisation de la passe ont lieu. Ceci devrait permettre un meilleur échange des masses d'eau entre la lagune et la mer. Cependant, pour une meilleur gestion de cette lagune, il faudrait:

-   continuer à surveiller la qualité des masses d'eau et du sédiment pour s'assurer que l'ouverture effectuée a été bien efficace, sinon quelles seraient les modifications à y effectuer,

-   pour mieux évaluer le degré d'évolution de la lagune et son degré de confinement:

-   à plusieurs reprises on a soupçonné des infiltrations d'eau de mer à travers le lido, une étude de l'évolution des eaux interstitelles dans la flèche littorale montrerait sans doute le sens des transferts des masses d'eau, ce qui est très important pour la gestion de la lagune;

-   faire un suivit régulier des eaux à la sortie de la station d'épuration et des oueds débouchant sur la lagune pour évaluer leur qualité et leur quantité:

-   les études courantologiques n'ont jamais eu lieu, le sens de déplacement des masses d'eau a été déduit des observations effectuées sur la terrain (physico-chimie de l'eau, géomorphologie et sédiments, benthos). Des études dans ce sens devraient se faire dans la mesure où la courantologie change en fonction des apports marins et en fonction du régime des vents. Les résultats d'une telle étude donneraient des informations sur la circulation des eaux à l'échelle du bassin, notamment la migration des masses d'eaux douces issues du continent, et à l'échelle des tables aquacoles, pour rétablir la relation tables/courants;

-   une meilleure connaissance sur les échanges eau - sédiment est indéniable car la charge interne du bassin et la capacité du sédiment à fixer ou relarguer (notamment la phosphore) ont un rôle déterminant dans le processus d'eutrophisation;

-   enfin, tous ces travaux seraient tronqués si on ne les complète pas par une modélisation de écosystème pou une meilleure valorisation et optimisation des ressources naturelles et pour une meilleure gestion.

B-PECHE

Environs 300 familles vivent de la pêche dans la lagune de Nador. Jusqu'à présent il n'y a pas en à notre connaissance d'études mettant en relation les produits pêchés et l'équilibre biologique de la lagune. Il faudrait optimiser la pêche en fonction des réseaux trophiques existants pour garder un bon équilibre (qualité des produits pêches et leur rôle dans l'écosystème, quantité, repos biologique,…). Il serait aussi souhaitable de développer d'autres secteurs de la pêches qu'on pourrait mettre en relation avec la ferme aquacole telle que la pêche d'alevins par exemple.

C-FERME AQUACOLE

En ce qui concerne la ferme aquacole et comme on l'a souligné ci-dessus, l'impact de la ferme sur le milieu n'est pas encore bien évident mis à part la zone d'Atalyoune qui est isolée géomorphologiquement. Cependant, plusieurs points peuvent-être soulignés:

-   il faut adapter la stratégie de distribution des cages à la lumière des sonnées actuellement disponibles afin de ne pas s'installer dans la zone d'ombilic et éviter un engraissement excessif du milieu. A cet égards, l'utilisation des cages flottantes est souhaitable, chose qu'effectue justement MAROST depuis quelques années;

-   il faut assurer une meilleure surveillance de la qualité des eaux et du sédiment au voisinage des cages et près de stations de pompage. Les données doivent - être traitées le plue rapidement possible pour mieux suivre l'évolution du milieu afin de pouvoir adopter un plan d'urgence à temps;

-   déterminer la carring capacity du milieu pour optimiser la production tout en préservant l'état trophique du milieu.

D-AMENAGEMENT DE LA LAGUNE DE NADOR

La préservation de l'équilibre naturel de la lagune de Nador passe par un aménagement rigoureux prenant en considération tous les facteurs pouvant influencer l'évolution de écosystème tels que:

-   la stabilisation de la passe:

Après la construction des digues de stabilisation, un suivit sur la dynamique sédimentaire s'avère nécessaire pour évaluer l'efficacité de cet ouvrage;

-   le traitement des eaux provenant des rejets urbains:

L'impact des rejets urbains sur la lagune ne fait plus de doute, les études hydrochimiques et sédimentaires le démontrent clairement. Il est donc urgent de procéder au traitement des eaux usées avant leur rejet dans la lagune et d'assurer un contrôle de la qualité des eaux à la sortie des stations d'épuration;

-   l'assainissement:

Dans la région de Nador, toutes les agglomérations ne sont pas liées par un réseau d'assainissement unique, ce qui favorise le rejet des eaux brutes dans les oueds en général. Il est donc important de relier les réseaux par agglomérations, en fonction des possibilités offertes, afin de: pouvoir traiter ces eaux usées, ne plus les rejeter dans les oueds pour qu'elles soient drainées par la suite jusqu'à la lagune, et enfin étudier la possibilité de réutilisation de ces eaux notamment en agriculture;

-   la pression anthropique:

La zone la plus touchée est la bordure continentale. A cet égards, il faut revoir le plan d'aménagement de ce littoral au niveau des différents rejets anisi qu'au niveau de la dégradation de la côte;

-   le canal d'irrigation:

Les eaux du canal sont riches en fertilisants d'où leur caractère agressif pour la lagune. Deux possibilités peuvent - être proposées pour remédier à ce problème : la réutilisation de ces eaux en agriculture (si leur qualité est bonne), sinon relier ces eaux à un réseau d'assainissement pour être traitées ultérieurement;

-   l'eau et la santé:

Ce problème est surtout posé pour les bordures NW et SE où les eaux sont semistagnantes. Dans ce cas, l'éude et la suivit des peuplements des culicidaes (vecteurs de maladies) et d'autres espèces nuisibles comme les chironomes s'imposent;

-   les rejets solides:

Dans certains endroits de la lagune, c'est un véritable dépotoir des ordures de toutes sortes. Ces zones devraient exister en dehors de la lagune et de son bassin versant immédiat;

-   la télédétection:

Cette technique devrait être fortement utilisée car elle permet une bonne illustration de l'évolution spatio-temporelle de écosystème ainis que la détection des zones sensibles. Aussi, un essai intégrant les données de terrain, les images satellitaires et la Système d'Information Géographique (SIG) a été réalisé sur la lagune de Nador par l'ISPM et la Centre Royal de Télédétection Spatiale (CRTS).


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