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Le centre d'amélioration teck Danemark-Thaïlande: Bilan des cinq premières années

TORBEN HEDEGART

TORBEN HEDEGART, généticien forestier danois, travaille depuis plusieurs années en Thaïlande; il est actuellement responsable du Centre d'amélioration du teck Danemark-Thaïlande. La création de ce centre avait été proposée pour la première fois par la Sous-Commission FAO du teck, gréée en 1956 et incorporée en 1967 au Comité de la mise en valeur des forêts dans les tropiques.

Los chiffres entre parenthèses renvoient aux références.

L'inauguration du Centre d'amélioration du teck Danemark-Thaïlande (TIC), établi au titre du Programme d'aide bilatérale danois, a été décrite dans The Natural History Bulletin of the Siam Society de 1966, qui en expose également le programme de travail initial (11). A l'expiration des trois premières années de coopération, on a fait jouer l'option prévue dans l'accord passé entre les deux gouvernements pour prolonger encore ce projet de deux ans. A la fin de cette période (25 janvier 1970), un nouvel accord intergouvernemental est intervenu pour une autre période de cinq ans.

Le présent document tente de faire le bilan des cinq premières années et énonce un nouveau programme de travail pour l'avenir.

Les cinq premières années

Bien que, dans le premier comme dans le deuxième accord gouvernemental, il soit question de recherches sylvicoles aussi bien que génétiques, nos efforts, au cours des cinq premières années, ont surtout porté, pour diverses raisons, sur la recherche génétique.

On trouvera ci-dessous l'exposé du premier programme de travail.

A. Objet général: améliorer le teck sous l'angle de la vigueur, de la forme, des qualités du bois et de la résistance aux parasites et maladies.

B. Dresser et mettre en œuvre un programme de sélection et d'amélioration prévoyant:

1. La fourniture de matériel végétal pour sélection et étude de la variation moyennant: a) la sélection d'arbres plus, puis leur multiplication végétative, et b) l'organisation d'essais de provenance et de descendance;

2. Des études sur la variation des différentes caractéristiques biologiques - taux de croissance, floraison, allure de la ramification, production de graines, cannelage du fût et qualités du bois - tous facteurs pouvant avoir de l'importance pour l'amélioration tu teck;

3. Des travaux de pollinisation contrôlée puis l'exécution de séries de croisements;

4. La mise sur pied d'un système d'enregistrement des données et la fourniture de conseils en matière de procédures expérimentales.

C. Dispenser conseils et aide pour organiser la collecte, la distribution et l'utilisation des graines, en:

1. Sélectionnant et en délimitant les meilleurs peuplements pour la collecte des graines, tant dans les teckeraies hétérogènes que dans les plantations;

2. Etablissant des vergers de graines de clones;

3. Etudiant les pratiques en pépinières et en les perfectionnant;

4. Etudiant l'emmagasinage et le traitement des graines.

D. Encourager la coopération, y compris l'échange de matériel, avec des stations de génétique forestière extérieures à la Thaïlande, d'autres branches de la recherche, des institutions d'enseignement forestier et des services de foresterie pratique. Le Centre pouvait aussi favoriser la sélection d'essences autres que le teck.

Les paragraphes ci-après font le bilan des résultats obtenus grâce à ce programme de travail. On a évité de suivre ce dernier à la lettre afin de faciliter la comparaison avec le nouveau programme de travail exposé plus loin.

SÉLECTION ET MULTIPLICATION

On a procédé, dès les premières phases du projet, à la sélection d'arbres phénotypiquement supérieurs - des arbres plus - afin de les soumettre à essais et d'en pousser l'amélioration.

Ces sélections ont eu lieu tant dans les peuplements naturels que dans les plantations. Dans le premier cas, les travaux d'amélioration ont bien souvent pris la forme d'une course entre le généticien et la scie d'abattage.

Nos sélections se sont toutes limitées à la Thaïlande et ont englobé, plus ou moins, toutes les régions à teck du pays. Jusqu'à présent, 56 arbres plus ont été sélectionnés et reproduits en pépinière. Nombre d'entre eux ont été reproduits également dans des collections de clones et des vergers de graines de clones. Sur les 31 de nos arbres plus sélectionnés en plantations - la plus ancienne étant âgée de 59 ans - 15 ont été retenus pour leur résistance apparente au xylophage du teck (Xyleutes ceramicus, Walker), dont la larve fait des ravages sur nombre de plantations. Aux fins d'expérience et de démonstration, on a introduit quelques phénotypes inférieurs - arbres moins - dans les collections de clones.

La méthode de multiplication végétative utilisée est celle de l'a écussonnage il. Au début, on a appliqué une version de la méthode dite «forkert» mise au point pour l'hévéa (3, 9, 10). Les bourgeons apparaissant sur les jeunes remets dans nos pépinières sont un peu plus difficiles à manier que ceux issus de matériel plus vieux comme les arbres d'élite. Sur ces derniers on prélève surtout de petits bourgeons dormants, alors que ceux obtenus en pépinière sont plus gros et succulents et très sujets à meurtrissures lorsqu'on les greffe selon la méthode forkert, dans laquelle le bourgeon est entièrement recouvert par une lamelle d'écorce du porte-greffe. L'écussonnage pratiqué actuellement est une version modifiée de la méthode forkert, autrement dit un écussonnage à «ouverture et deux lamelles». Un lambeau d'écorce est prélevé sur le porte-greffe, puis deux lamelles sont soulevées, l'une au-dessus et l'autre au-dessous de l'endroit mis à nu. L'assise du bourgeon est insérée sur le sujet de manière que le bourgeon se situe entre les deux lamelles (voir figure 1). Ce système s'est révélé très supérieur à la méthode forkert.

Pendant les deux premières années, on a choisi comme période d'écussonnage le début du printemps, immédiatement avant le début des pluies en avril/mai. Cette période est particulièrement favorable à l'écussonnage. L'écorce se détache facilement, l'assise du bourgeon se soucie rapidement au porte-greffe et les remets prennent un bon départ avec le début des pluies. Toutefois, cette période présente quelques inconvénients. Outre sa brièveté relative (2 à 3 semaines), elle coïncide avec une époque d'autres activité intenses, entre autres les plantations en terrain et la préparation des pépinières. Autre inconvénient majeur, les bourgeons provenant des pépinières tendent à être «mûrs», c'est-à-dire prêts pour l'écussonnage, avant les porte-greffes. Si l'on retarde l'opération d'écussonnage, ces jeunes bourgeons commencent à mettre des rejets et deviennent par conséquent très vulnérables et malaisés à manier.

Aussi est-on passé à l'écussonnage d'automne (novembre/décembre) [3]. Cette époque offre des avantages en ce sens que la période propice y est plus longue (un mois et demi environ), qu'elle ne coïncide pas avec d'autres activités sur le terrain et que les bourgeons ne risquent pas de mettre des rejets avant le moment opportun. Alors que les porte-greffes écussonnés au printemps sont recépés une dizaine, de jours après l'opération et que les remets commencent à se développer immédiatement, les sujets écussonnés en automne restent dormants jusqu'au printemps suivant, époque à laquelle ils sont recépés.

On met actuellement au point une technique de multiplication du teck par bouture. Avec le système que nous employons pour le moment - boutures de rameaux scellées à la cire, insérées dans des planches à semis ordinaire, couvertes d'une pellicule de polythène et irriguées à la main - les résultats ne peuvent toutefois pas se comparer à l'écussonnage, simple et généralement très réussi. Cette dernière méthode est en outre plus économique, car le scion utilisé pour une seule bouture porte suffisamment de bourgeons pour trois à quatre écussonnages.

COLLECTIONS DE CLONES

Dans les collections de clones, le matériel sélectionné, soit les arbres plus, est groupé et multiplié afin de faire des comparaisons en milieu uniforme.

La première collection de clones de teck en Thaïlande a été créée par des forestiers thaïlandais et danois en 1959, six ans avant l'inauguration du Centre d'amélioration du teck (1, 11, 12). Elle se compose de 11 clones et fait encore l'objet d'une évaluation annuelle de la part du Centre. Outre la preuve ainsi obtenue de l'aptitude du teck à la multiplication végétative, ce sont les deux clones V 7 et V 8, choisis respectivement pour leur floraison tardive et précoce (7, 12) qui sont l'objet des observations les plus encourageantes. La floraison du teck débute habituellement au niveau du bourgeon terminal. En conséquence, la floraison précoce tend à se traduire par une tige de forme irrégulière, un fût non ramifié plus court et une hauteur totale inférieure. En janvier 1970, la différence entre les hauteurs moyennes des deux clones issus du V 8 à floraison précoce et du V 7 à floraison tardive était de 2 mètres (voir figure 2).

FIGURE 1. - Ecussonnage du teck au moyen de la méthode «à deux lamelles laissant le bourgeon découvert».

On procède actuellement à une étude des plus intéressantes sur la variation clonale éventuelle dans les propriétés chimiques du bois, en se servant à cet effet d'échantillons de bois prélevés sur cette première collection de clones. Cette méthode analytique, mise au point en Allemagne, permet de déterminer, par chromatographie sur papier, la teneur en latex, techtoquinone et désoxylapacol, c'est-à-dire les agents chimiques qui jouent le rôle le plus important dans la durabilité du bois de teck (13).

Une deuxième collection contenant 20 clones a été établie en 1965. Certains de ces clones sont des répétitions de la première collection. Cette seconde collection est également évaluée tous les ans et l'on observe de près toute variation clonale éventuelle. Le développement des clones les plus grands et les plus petits est illustré à la figure 3. Bien qu'apparemment les clones n'accusent pas une différence frappante sur le plan de la croissance en hauteur, on remarquera que le V 8 à floraison précoce et le clone V 31 de l'arbre moins sont petits.

FIGURE 2. - Collection de clones N° 1 à Ban Huat, Lampang (Thaïlande). Etablie en 1959. Les clones V 7 et V 8 ont été sélectionnés respectivement pour leur floraison tardive et précoce. Les caractéristiques de floraison propres à chacun de ces clones se répètent dans la collection de clones. Janvier 1970: V 7, 17,4 mètres et V 8, 15,5 mètres.

FIGURE 3. - Collection de clones N° 2. Développement des clones de qualité supérieure et inférieure. Le V 31 a été choisi comme «arbre moins», le V 8 comme clone «à floraison précoce».

Pour pousser les études sur la résistance au xylophage du teck (Xyleutes ceramicus), on constitue actuellement une troisième collection de clones composée de clones jugés résistants à ce ravageur, et, comme témoins, de clones non résistants issus d'arbres attaqués par ce parasite à des degrés divers. Tous ces clones proviennent de la plantation Tah Chai, dans la Province de Sawan Kalok, où, en de nombreux secteurs, la plupart des arbres sont atteints (voir figure 4). La collection de clones ayant été établie à proximité de la plantation sérieusement touchée, elle devrait être infestée naturellement.

VERGERS A GRAINES

Les premiers écussonnages dans nos vergers à graines de clones ont été effectués en avril 1966 sur des sujets plantés l'année précédente. La superficie totale de ce verger était d'environ 25 hectares en automne 1969 et les opérations d'écussonnage ont été pratiquées sur 11 hectares à peu près. Un total d'environ 20 hectares a été défriché en 1970 pour préparer des vergers à graines en vue d'y planter des porte-greffes. La plupart des vergers se situent dans le District de Payao, Province de Chiengrai.

Nos premiers vergers contiennent 16 clones, tous encore soumis à des tests. Les vergers se divisent en blocs de 12 x 16 rangs, chaque numéro de clone étant affecté à une ligne choisie au hasard. Le dispositif par bloc a été choisi pour faciliter l'enregistrement des données et permettre leur analyse statistique dans le cadre de l'évaluation de nos clones. Toutefois, nous n'avons pas été en mesure de réaliser des vergers aussi homogènes que nous l'avions pensé. Leur établissement s'est étendu sur deux ou trois ans et le projet que nous avions formé d'appliquer l'analyse statistique aux données recueillies doit par conséquent être abandonné. Dans l'ensemble, les données recueillies dans les vergers à graines sont peu sûres pour évaluer nos clones.

FIGURE 4. - Un teck de 14 ans gravement endommagé par le xylophage (Xyleutes ceramicus). Plantation Tah Chai, Province de Sawan Lakok (Thaïlande).

Compte tenu de nos études sur la floraison et la pollinisation, dont les résultats font apparaître le teck comme une espèce du genre entomophile, l'unité d'échantillonnage aléatoire est désormais un ramet unique et non plus une ligne de remets du même clone. Ce dispositif réduit également le risque d'autopollinisation.

A l'origine, l'espacement dans nos premiers vergers était de 3 x 3 avec un porte-greffe par placeau. Cet espacement s'est révélé beaucoup trop dense et il a fallu pratiquer des éclaircies avant le début de la floraison dans l'un de nos vergers pour assurer un bon épanouissement des cimes.

Quelques remets ont fleuri en 1967, 1968 et 1969, mais on n'a encore fait aucune récolte importante de graines.

PEUPLEMENTS A GRAINES

Pour obtenir des graines pendant les 15 à 20 premières années, en attendant que nos vergers nous en fournissent suffisamment, le premier programme de travail du Centre propose la délimitation de peuplements à graines sur des parcelles de plantations et dans les peuplements naturels de qualités supérieures. Faute de personnel suffisant, ce projet n'a guère progressé. D'autres activités ont eu priorité. Toutefois, la Forest Industry Organization et le Royal Forest Department ont choisi certaines zones dans les peuplements naturels. Selon le Royal Forest Department, le coût d'exécution a été beaucoup plus élevé que prévu.

FLORAISON ET POLLINISATION

La floraison et la pollinisation ont été étudiées tous les ans depuis 1965. Les résultats de l'étude de 1966, consignés dans Silvae Genetica (4), se résument ainsi: la période de floraison de chaque fleur parait être d'un jour. Castration et isolement peuvent être pratiqués pendant un délai d'une heure environ après l'éclosion complète de la fleur. C'est le début de l'après-midi qui est le plus favorable à la pollinisation.

«On a constaté que les insectes constituaient les principaux agents de pollinisation naturelle, mais que le vent pouvait aussi y contribuer dans une certaine mesure. Le teck est avant tout une espèce à pollinisation croisée, mais l'autopollinisation entraîne la formation de fruits qui germent mal par rapport à ceux issus de pollinisation croisée. On n'a observé aucun phénomène d'apomixie.»

Les travaux des trois campagnes suivantes confirment, dans une large mesure, les résultats de 1966. On a constaté que, dan;;; le cas de la pollinisation libre, le pourcentage de fécondation est inférieur à 1 pour cent, alors qu'avec la pollinisation croisée contrôlée ce pourcentage est en moyenne d'environ 12 pour cent. Il semblerait toutefois que l'aptitude à se féconder varie considérablement d'un individu à l'autre, tant après pollinisation croisée ou autopollinisation contrôlées qu'après pollinisation libre. En outre, les pourcentages de germination des graines issues de pollinisations croisées et d'autopollinisations révèlent des différences significatives entre individus.

FIGURE 5. - Graines de teck obtenues après pollinisation croisée sous contrôle. Centre d'amélioration du teck, Danemark-Thaïlande, 1966.

ETUDES DE PROVENANCES

Deux collectes de graines 1 ont été effectuées aux fins d'essais de provenances. Ces deux collectes se sont limitées à la Thaïlande. Nous n'avons eu, en effet, l'occasion d'inclure des graines d'origine étrangère dans nos essais, si ce n'est l'unique échantillon de graines fourni par une pépinière commerciale indienne que nous avons incorporé à l'essai en pépinière de notre collecte de 1968.

1 Si le terme «graine» est utilisé dans le présent document, c'est parce qu'il semble largement accepté. Il serait plus correct d'employer le terme «fruit», le teck formant des fruits à noyau contenant de 0 à 4 graines.

Notre première collecte remonte à 1965. Des quantités variables de graines ont été recueillies dans 63 localités. Malheureusement, ces graines ayant été semées sans répétition dans une autre pépinière hétérogène, nous ne disposons d'aucun résultat sûr. En 1966, on a eu assez de souches pour procéder, en champ, à un essai sur 30 provenances. Le matériel a été planté sur la teckeraie de Huey Tak, Province de Lampang. Après la première saison, aucune différence significative n'est apparue dans les pourcentages de survie [probabilité (p) = 0,05], contrairement à ce qui s'est passé pour les hauteurs. Les mesures relevées ultérieurement montrent que la signification statistique observée dans les hauteurs la première année a disparu. Le développement des deux plus grandes provenances et des deux plus petites provenances par rapport à la hauteur moyenne de l'essai est indiqué à la figure 6.

En 1967, des souches de deux ans issues de la collecte de graines de 1965 étaient disponibles pour 30 provenances dont 19 étaient des répétitions de l'essai de 1966 en champ. Ce matériel, planté à Kiu Tup Yang, dans la Province de Chiengrai, s'est développé de façon médiocre et irrégulière et n'a donné jusqu'à présent aucun résultat intelligible.

FIGURE 6. - Essais de provenances sur les plantations de teck de Huey Tak, Province de Lampang (Thaïlande). Développement des deux provenances les plus hautes et les plus petites par rapport à la moyenne.

Une deuxième collecte de graines comprenant 16 provenances a été effectuée en 1968. On a recueilli 3 à 6 kilogrammes de graines par échantillon. L'examen de ces graines a révélé des différences considérables de dimensions et de poids. Une expérience en pépinière a fait ressortir des différences très significatives dans les pourcentages de germination (p = 0,01) et des différences significatives dans la taille des semis (p = 0,05). En 1969, on a eu assez de souches pour une série de quatre essais en champ. Ces souches ont été plantées sur un axe nord-sud dans les provinces de Chiengrai, Uttaradit, Nakhon Ratchasima et Chantaburi. La première année, les quatre essais ont révélé des différences significatives (p = 0,05) sous l'angle de la survie et de la hauteur, mais on ne peut encore dégager avec précision le schéma de l'interaction station/provenance.

ETUDES EN PÉPINIÈRES

On a procédé à un certain nombre d'expériences en pépinière dont les principaux résultats sont les suivants.

Prétraitement des graines: l'extraction de l'exocarpe avant l'ensemencement améliore le pourcentage de germination, active cette dernière et la rend plus homogène, d'où une taille plus régulière des semis. Pour de petites quantités de graines, le traitement qui consiste à livrer la graine aux termites pour qu'ils en détruisent l'exocarpe s'est révélé efficace. Ce traitement n'étant pas sûr pour de grandes quantités de graines, on a construit un appareil spécial. Celui-ci en est encore au stade expérimental mais les résultats sont jusqu'à présent encourageants (voir figure 7). La graine y est grattée entre deux disques à écartement réglable. Sur de petites quantités de graines, le Centre Danemark/FAO de graines forestières au Danemark a obtenu de bons résultats avec une peleuse à pommes de terre du type rotatif.

Les expériences d'ensemencement montrent que le degré de densité habituel - 1 500 graines environ par mètre carré - est contraire à une utilisation rentable de la graine. Un ensemencement moins dense est recommandé, la densité optimale devant être calculée en fonction du coût de la graine par rapport à celui des opérations en pépinière. Dans notre propre pépinière - réservée aux expériences sur le classement des plants, l'ombrage, l'irrigation, le désherbage, etc., et l'ensemencement dans le cadre des essais de provenances - nous semons généralement à raison de 100 graines par mètre carré.

En vue de mécaniser les opérations en pépinières, on expérimente actuellement l'ensemencement en lignes équidistantes, avec l'espacement variable des graines dans les lignes.

Une expérience d'ensemencement en pots de tailles et matériaux divers est aussi en cours. Les plants mis en pots ne sont pas destinés à l'établissement de plantations ordinaires, mais des sujets préécussonnés, en pots, constitueraient un grand avantage pour l'établissement de collections de clones et de vergers à graines de clones.

D'après les expériences d'irrigation, l'arrosage pendant les périodes sèches de la saison des pluies a son utilité, tandis qu'il n'apporte rien pendant les saisons fraîches et sèches.

Les expériences de fumure montrent que les semis de teck peuvent réagir de façon positive aux applications de Ca et NPK et d'engrais combinant ces deux éléments.

FIGURE 7. - Germination de graines traitées à la machine (à droite), et non traitées (à gauche). Pépinière du Centre d'amélioration du teck Danemark-Thaïlande, 1969.

Il ressort d'une petite expérience que l'arrachage précoce des souches et leur conservation dans de la sciure fraîche jusqu'au moment de leur plantation peut se faire moyennant une perte relativement peu importante de viabilité. Sur une période de 36 jours - du 18 avril au 24 mai 1968 - la survie est réduite de 14 pour cent. Les recherches sur l'enlèvement précoce et la conservation des souches se sont intensifiées en 1970.

ENREGISTREMENT ET CLASSEMENT

Dès le début du projet, l'une des tâches fondamentales a consisté à mettre sur pied un système d'enregistrement et de classement. Par la suite, on a dû fixer d'autres règlements normalisés pour les descriptions et comptes rendus d'expériences.

La plupart des premières formules types que l'on a utilisées - «formule de notation des arbres plus», «fiche de multiplication» et «fiche de lots de graines» se sont révélées assez pratiques. Toutefois, il se peut qu'à l'avenir elles doivent être modifiées et complétées. Nous pensons plus particulièrement au système utilisé dans la «formule de notation des arbres plus» (8). Il est fort vraisemblable que l'on voudra y inclure la description des caractéristiques chimiques et techniques du bois à mesure que l'on disposera de données plus détaillées sur la variation clonale dans ces caractéristiques.

FORMATION ET COOPÉRATION

La formation d'homologuer thaïlandais constitue un des aspects majeurs de ce projet. Au cours des cinq premières années, il n'y a pas eu de cours de formation régulier, seulement quelques conférences. Un certain nombre de forestiers thaïlandais, de formation universitaire aussi bien que pratique, sont entrés au Centre et ont acquis, grâce aux activités quotidiennes, quelque expérience en matière de génétique forestière.

Trois forestiers thaïlandais ont effectué un stage technique de cinq mois au Danemark.

Le Centre a non seulement collaboré avec le personnel directement affecté au projet, mais aussi avec un grand nombre de forestiers dans l'ensemble du pays. Ses activités ont suscité un vif intérêt et les forestiers locaux n'ont généralement fait aucune difficulté pour coopérer.

La coopération internationale dont il est question dans le premier programme de travail (11) laisse encore beaucoup à désirer. Pendant la période couverte par le projet, seul un lot de graines a été obtenu de l'étranger et celles-ci n'ont germe que très médiocrement. Le Royal Forest Department de Bangkok est disposé à échanger des graines forestières avec d'autres pays et l'on espère procéder à de nouveaux essais de provenances couvrant tout l'habitat de l'espèce aussi bien à l'étranger qu'en Thaïlande. Les activités du nouveau Centre Danemark/FAO de graines forestières pourraient puissamment contribuer à un échange efficace de graines avec d'autres pays gros producteurs de teck tels que l'Inde, la Birmanie et l'Indonésie.

Nouveau programme de travail

En se fondant sur les résultats et expériences de la première période quinquennale du projet, on a mis au point le nouveau programme de travail ci-après.

Ce programme est sans doute assez ambitieux et l'on se rend compte que, sans la coopération de nombreuses institutions - nationales aussi bien qu'internationales - il n'a aucune chance d'être mené à bien.

Grandes lignes du deuxième programme de travail:

A. ETUDES DE PROVENANCES

Nous intensifierons nos activités dans ce domaine. La coopération internationale s'impose et, à cet égard, notre centre met tous ses espoirs dans le Centre Danemark/FAO de graines forestières nouvellement créé.

B. SÉLECTION

Dans le domaine vaste et complexe de la sélection, nous espérons coopérer plus étroitement avec d'autres centres de génétique. Nous souhaitons vivement voir cette coopération se concrétiser sous forme d'échanger d'expériences et de matériel sélectionné aux fins d'amélioration plus poussée. Faute d'une collaboration très étroite avec les entomologistes ainsi qu'avec les chimistes et les techniciens du bois, toutes études sur la résistance aux parasites et les propriétés du bois sont impossibles. Nous pensons tout particulièrement aux recherches qui s'imposent de toute urgence sur la résistance au xylophage, à l'examen de toute variation clonale éventuelle dans les caractéristiques techniques et chimiques du bois ainsi qu'à l'importance de ces caractéristiques pour la qualité du bois de teck.

1. Les sélections s'opéreront essentiellement en plantations et les qualités du bois pourront être incluses dans nos critères d'amélioration.

2. Multiplication végétative. On s'efforcera de perfectionner la technique en produisant de meilleurs porte-greffes.

3. Collection de clones. On veillera davantage à assurer l'homogénéité lors de l'établissement de ces collections. Le dispositif sera modifié de manière à permettre l'analyse statistique des données recueillies.

4. Vergers à graines. La superficie des vergers à graines de clones sera considérablement augmentée. Les premiers lots de graines récoltés serviront à des tests de polycroisement.

5. Peuplements à graines. On mettra l'accent sur la sélection de parcelles de plantations de qualité supérieure.

6. Floraison et pollinisation. Nombre de questions restent sans réponse. On s'attache à activer l'opération de pollinisation contrôlée. On envisage une série de croisements qui demandera du temps.

C. ETUDES DE SYLVICULTURE

Les études de sylviculture, qui constituent une part importante du programme d'amélioration, sont étroitement associées à nos expériences génétiques. Nos activités dans ce domaine seront considérablement intensifiées.

D. ETUDES EN PÉPINIÈRES

L'exploitation optimale des graines en pépinière présente un intérêt particulier pour notre programme d'amélioration et l'on reconnaît l'importance que revêtent la poursuite et l'intensification des études en pépinière. Nous espérons qu'une grande partie de ces études pourront être confiées au Northern Nursery Centre.

E. ETUDES EN LABORATOIRE

En ce qui concerne les études complexes, notre centre devra, pour le moment, s'en remettre aux laboratoires déjà existants et dotés du personnel voulu.

F. FORMATION D'HOMOLOGUES NATIONAUX

La partie éducative de notre projet est d'importance capitale. Le Centre dispensera une formation plus directe et les études postuniversitaires pourront s'effectuer ailleurs qu'au Danemark.

G. INCLUSION D'AUTRES ESPÈCES DANS LE PROGRAMME D'ÉTUDES

Le teck est de loin la source de bois la plus importante et la plus rentable en Thaïlande et l'inclusion d'autres espèces dans notre programme d'amélioration devra être fonction d'une étude et d'une évaluation approfondie des espèces en question.

Références

(1) BOONKIRD, SA-ARD. 1964. Progress report on the first teak tree-show in Thailand. Natural History Bulletin of the Siam Society, 20 (4).

(2) BRYNDUM, KNUD. 1966. The germination of teak. Natural History Bulletin of the Siam Society, 21 (1 et 2).

(3) BRYNDUM, KNUD. 1969. Budding of teak. Indian Forester, 95 (3).

(4) BRYNDUM, KNUD & HEDEGART, TORBEN. 1969. Pollination of teak (Tectona grandis L.). Silvae Genetica, 18 (3): 57-96.

(5) CHAIGLOM, DUMRONG. 1966. Teak beehole borer and the control research in Thailand. Vanasarn, 24 (3).

(6) CHATTERJEE, P.N. & SEBASTIAN, V.O. 1965. The feeding habits of larvae of Hapalia machaeralis, the teak leaf skeletonizer on the leaves of Lantana camara Linn., and a suggestion for evolving a new insecticide. Indian Forester, 91 (3).

(7) GRAM, K. & LARSEN, C. SYRACH. 1958. The flowering of teak (Tectona grandis) in aspect of tree breeding, based on observations in Thailand. Natural History Bulletin of the Siam Society, 19.

(8) KEDHARNATH, S., RAMANTHA CHETTE, C.K. & RAWAT M.S. 1969. Estimation of genetic parameters in teak (Tectona grandis) without raising progeny. Indian Forester, 95 (4).

(9) KEIDING, HENRIK & BOONKIRD, SA-ARD. 1960. Budding and grafting of teak. Document, troisième réunion, Sous-Commission mixte du teck, New Delhi, Inde, 1960. FAO/TSC 60/3.3.

(10) KEIDING, HENRIK. 1961. Budding and grafting of teak (Tectona grandis). Natural History Bulletin of the Siam Society, 20.

(11) KEIDING, HENRIK. 1966. Aim and prospects of teak breeding in Thailand. A programme of work for the Thai/Danish Teak Improvement Centre at Mae Huad Teak Plantations. Natural History Bulletin of the Siam Society, 21 (1 et 2).

(12) LARSEN, C. SYRACH. 1966. Genetics in teak (Tectona grandis). Dans Royal Veterinary and Agricultural College. Yearbook 1966. Stockholm.

(13) SANDERMAN, WILHELM & SIMATUPANG, MARULI H. 1966. Zur Chemie und Biochemie des Teakholzes (Tectona grandis L. fill). Holz als Rohund Werkstoff, 24 (5).


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