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Le développement forestier

Parlant devant la Conférence régionale de la FAO pour l'Europe, en octobre 1962, M. EGON GLESINGER Directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, s'est occupé de l'augmentation des importations européennes de feuillus tropicaux au cours de ces dernières années. La Conférence examinait les possibilités, pour les pays en voie de développement, d'augmenter leurs entrées de devises en exportant vers l'Europe des produits agricoles. Pour la plupart de ces produits, les perspectives n'apparaissaient en vérité pas brillantes. Elles pourraient par contre être meilleures pour les produits forestiers.

La FAO est précisément en train de préparer une étude sur l'évolution et les perspectives de la consommation, de la production et du commerce du bois, dans laquelle elle reprend l'examen de la situation en Europe en considérant les faits nouveaux depuis la première étude sur ce sujet parue en 1953. Les premières constatations font ressortir que l'Europe est déjà déficitaire, ses importations dépassant ses exportations, exprimées en bois rond. Or il lui serait difficile de développer encore plus ses industries forestières étant donné qu'elle utilise déjà presque entièrement ses ressources forestières. Cependant la demande de bois industriel n'y fait qu'augmenter et l'on estime que l'écart entre les besoins de l'industrie européenne et les ressources atteindra d'ici 1975 des proportions considérables, quoi que l'on puisse faire pour accroître la production des forêts.

Sauf erreur dans l'interprétation de la tendance, l'Europe serait obligée avant longtemps d'augmenter sensiblement ses importations de matières premières, ou de produits manufacturés, et peut-être même des deux. Ce supplément ne peut provenir uniquement d'Amérique du Nord ou de l'U.R.S.S., aussi pourrait-il se présenter là une occasion favorable pour les pays en voie de développement qui sont bien pourvus en forêts ou dont les conditions de milieu seraient favorables à la production du bois.

Il est d'autre part paradoxal que, présentement même, les industries forestières d'Europe et d'Amérique du Nord se trouvent en difficulté. Elles ont un potentiel de production en excédent, surtout dans le domaine de la pâte et du papier; cette dernière industrie traverse une phase d'inquiétude dans laquelle ceux qui voudraient que l'on aille de l'avant sans s'occuper du développement forestier dans les pays en voie de développement ne sont guère écoutés.

Cependant, d'après l'étude spéciale sur les perspectives de développement en Europe de l'industrie de la pâte et du papier, que réalise actuellement la FAO avec la souscription de cette industrie, cette phase devrait être transitoire. De plus, les conclusions des autres études régionales qu'effectue la FAO sur l'évolution et les perspectives de la consommation, de la production et du commerce du bois d'œuvre soulignent l'urgence du développement des ressources forestières et des industries forestières dans les pays encore peu développés.

Ainsi, par exemple, la demande de bois industriel en Amérique latine va presque tripler d'ici 1975 pour atteindre l'ordre de grandeur qu'elle a actuellement en Europe, et les plans forestiers actuellement envisagés dans cette région sont absolument insuffisants pour faire face à la demande future. En Asie et dans la région du Pacifique, en dépit d'une révision radicale des politiques forestières effectuée ces dernières années par quelques gouvernements, on peut s'attendre à un déficit de 12 millions de mètres cubes de bois industriel en 1975. Les données préliminaires recueillies pour l'Afrique font prévoir, là aussi, une forte augmentation des besoins de produits forestiers transformés, à mesure que se développeront les campagnes contre l'analphabétisme et pour l'instruction, les programmes de construction de logements et l'industrialisation de ces pays.

Il semble que, dans ces conditions, les pays en voie de développement devraient concerter un ensemble de programmes énergiques de manière à mobiliser leurs ressources forestières, présentes ou potentielles, et développer leurs industries forestières, dans le but de pourvoir à leurs besoins essentiels au cours des prochaines décennies sans avoir à dépenser en importations des sommes excessives de devises. La notion de «programmes concertés» est soulignée parce qu'ils permettraient aux pays limitrophes de tirer avantage de la complémentarité de leurs ressources, à certaines branches de l'industrie forestière de réaliser des économies d'échelle considérables, et enfin de surmonter les difficultés tenant au peu d'ampleur des marchés nationaux dans la période initiale.

Rondins de peuplier stockés dans le chantier d'une fabrique de papier en Belgique. Grâce à la sélection du peuplier, les forestiers ont pu obtenir en Europe des rendements qu'ils n'auraient pas osé espérer il y a seulement quelques dizaines d'années.

(Photo Pulp and Paper International)

Forêts artificielles de Pinus radiata en Nouvelle-Zélande Les industries du bois seront probablement de plus en plus tributaires de la foresterie de plantation.

(Photo New Zealand Forest Service)


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