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RAPPORT D'UN VOYAGE A SUMATRA, EN THAILANDE ET EN INDE POUR LE COMPTE DU CENTRE DE GRAINES FORESTIERES DANEMARK/FAO

janvier – mars 1970

par H. Keiding

INTRODUCTION

Au moment de la création du Centre de graines forestières Danemark/FAO à Humlebaek (Danemark), le ler décembre 1969, il avait été prévu de collecter des semences en Inde et en Asie du Sud-Est le plus tôt possible, c'est-à-dire dans les trois ou quatre premiers mois de 1970. Mais on s'était rendu compte que, étant donné la brièveté des délais pour préparer le voyage, une partie de celui-ci ne pourrait inévitablement donner lieu qu'à une reconnaissance en vue d'une seconde expédition. La date du départ fut encore avancée pour pouvoir coïncider avec la mission de M. Greathouse, qui partait pour chercher des graines à Sumatra, et fut fixée au 19 janvier 1970. Les semences devaient être collectées en commun, à la fois par un spécialiste du Centre (M.H. Keiding) et par le projet Thaïlande/Danemark sur le pin.

OBJECTIFS

1. Obtenir des échantillons de semences de Pinus merkusii à Sumatra, dans les trois zones principales de son habitat : Atjeh, Tapanuli et Kerintji.

2. Instructions et accord sur les collections de provenance de Pinus kesiya et P. merkusii en Thaïlande.

3. Préparation d'une collection complète de semences de teck en coordonnant l'échantillonnage en Inde, en Thaïlande et en Indonésie (Java). Si possible, la Birmanie serait ajoutée au programme, ainsi que les pays où le teck a été introduit et où il s'est plus ou moins adapté (Afrique occidentale, Trinidad, Nouvelle-Guinée).

4. Possibilités futures de collectes de semences de Gmelina arborea, Pinus roxburghii et P. griffithii.

TRAVAIL REALISE

SUMATRA

Floraison, maturation des cônes et méthodes de collecte des semences

Ce sont les procédures appliquées par les équipes de l'IUFRO en Amérique du Nord-Ouest que l'on a adaptées, dans toute la mesure du possible, aux conditions de Sumatra pour récolter les semences. Les principaux obstacles rencontrés à cet égard ont été les suivants :

  1. le peu de connaissance dont on disposait sur les habitudes de floraison de Pinus merkusii, les fluctuations saisonnières et annuelles de la récolte des cônes;

  2. la difficulté d'accès de la plupart des pinèdes;

  3. le manque de cartes appropriées.

La prospection, les collections et les relevés devront, dans les conditions actuelles, se faire simultanément, si l'on veut disposer d'échantillons de graines au cours des prochaines années. Cela aura naturellement des incidences sur l'efficacité de la collecte.

Le fait qu'il n'était pas possible d'accéder en jeep à la plupart des pinèdes a beaucoup entravé le transport et l'extraction des graines : cet inconvénient a été responsable, en grande partie, de l'absence de viabilité à peu près totale de 2 000 kg de graines (4 à 5 000 selon certaines sources), collectées en 1969 par le service forestier indonésien.

A Sumatra, la pratique habituelle consiste à s'entendre avec les gens des villages situés dans les pinèdes, pour collecter les cônes. Afin d'en recueillir le plus possible, la collecte peut démarrer quand les cônes verts commencent seulement à virer au brun. Selon l'abondance des cônes, les collecteurs sont payés entre 100 et 300 roupies (1 $EU = 375 rp) le bidon de 20 litre (environ). Chacun de ces récipients contient approximativement 550 cônes et peut donner 100 g de semences. Aucune instruction particulière n'est donnée à propos des arbres à sélectionner pour y cueillir les cônes.

La technique et les possibilités de grimpage limitent le genre d'arbres dont les semences peuvent être récoltées. Rien n'est prévu pour aider le grimpeur : lorsque le tronc est trop gros pour que ses bras en fassent le tour, sa prise est mal assurée. En outre, les vieux arbres ont souvent des branches longues et épaisses, qui demandent beaucoup de temps pour être coupées au “parang”. C'est pourquoi les collecteurs des villages continueront de préférer les arbres minces ou moyens, sauf si l'on améliore les techniques de grimpage. Lorsqu'un arbre a été récolté, il ne récupérera jamais suffisamment pour l'être une seconde fois, car toutes les branches sont coupées au ras du tronc : l'arbre est grossièrement élagué, ne conservant qu'une petite partie de sa couronne supérieure. Les pins de Sumatra ont pour caractéristique de garder plusieurs années leurs vieux cônes : lorsque le temps est humide, il est difficile de les distinguer des nouveaux. Ces cônes ne sont pas commodes à détacher, car ils poussent près de l'extrémité des branches, ce qui explique dans une certaine mesure la méthode ruineuse de cueillette. Dans les provenances continentales de la Thaïlande septentrionale, presque tous les cônes que l'on trouve sur les arbres sont de l'année, car les vieux tombent dès qu'ils sont mûrs.

Provenance de l'Atjeh

Les pins de provenance d'Atjeh sont presque l'unique source de graines pour reboiser Java et Sumatra.

En janvier 1970, M. Keiding s'est joint à l'expédition de M. Greathouse, partie pour Sumatra pour en ramener des semences. Le moyen de transport utilisé était une jeep Toyota, à 4 roues motrices et à boîte de vitesse démultipliée. A Kutatjane, un forestier et un interprète ont rejoint l'expédition, à laquelle se sont ajoutés quatre porteurs et grimpeurs plus un brigadier forestier, soit au total 9 personnes. A partir de Blangkedjeren, au bout de 8 km la piste n'était plus praticable. Pour parvenir aux villages de la pinède, il a fallu marcher à pied pendant un ou plusieurs jours, en chargeant l'équipement, les vivres et les graines récoltées à dos d'homme ou de cheval. D'autres parties des pinèdes de la province d'Atjeh (comme autour du lac de Takingeun) sont sans doute accessibles en jeep : néanmoins, les équipes de collecte de graines doivent être prêtes à marcher à pied et à camper, si elles veulent se procurer des échantillons représentatifs.

Blangkedjeren est situé dans le sud de la province d'Atjeh; dans toutes les directions, on trouve de grandes pinèdes plus ou moins isolées. Le but de l'expédition était Kampong Akol, à environ 20 km à l'ouest de Blangkedjeren. Tout autour de ce centre, des forêts constituées exclusivement de pins escaladent les pentes des collines. La futaie est très ouverte et a des allures de parc, avec des groupes plus denses de régénération. La végétation du sous-bois et entre les pins est basse, constituée surtout de graminées et de petits buissons (Rhododendron sp.). La récolte de graines se fait normalement de juin à novembre; mais en 1960, elle se serait étendue sur sept mois, à partir de février; cependant, comme le forestier indonésien était un peu vague sur la période de récolte, cette information doit être prise pour ce qu'elle vaut. En octobre 1969, le projet pilote de plantation en Malaisie a acheté 50 kg de graines récoltées cette même année dans la province d'Atjeh. Bien que beaucoup de ces graines aient été pleines, il semble qu'elles aient perdu toute viabilité, car le pourcentage de germination a été nul.

En 1970, la récolte de cônes a été faible, selon les estimations de M. Greathouse rapportées de son voyage à Sumatra en octobre 1969. En outre, la maturation des cônes n'était pas achevée, presque tous étaient encore verts et 20 pour cent assez mous pour être cassés à la main. Alors qu'en année normale de fructification il est courant de trouver 30 graines pleines par cône, la moyenne n'était plus que de 8 et, dans beaucoup de cas, l'embryon était encore mou et laiteux. Aurait-on attendu un mois de plus, jusqu'à février, le pourcentage de cônes mûrs eût certainement été plus élevé. Le nombre relativement réduit de graines pleines dans chaque cône traduit probablement l'irrégularité de la floraison, ce que confirme la difficulté de trouver sur les arbres suffisamment de cônes. Le nombre de ceux-ci variait de 80 à 180 par arbre, bien que l'on ait choisi pour être récoltés les meilleurs porteurs. On avait prévu 2 à 300 cônes par arbre.

De retour au “kampong”, les cônes étaient étalés à l'ombre pour achever de mûrir. Au bout de deux semaines, ils viraient au brun et quelques-uns commençaient à s'ouvrir. Ils étaient alors envoyés par avion en Malaisie, à l'Institut de la recherche forestière de Kepong, où on les entreposait dans une pièce climatisée.

Les essais de germination entrepris à l'université de Malaisie ont donné des résultats de 10 à 15 pour cent. Toutefois, un échantillon isolé de graines extraites pendant le postmûrissement a donné 43 pour cent de germination. Cet échantillon ne comprenait qu'un très petit nombre de graines, ce qui semble indiquer que peu de cônes étaient suffisamment mûrs. Les essais germinatoires de Humlebaek ont indiqué un pouvoir germinatif de 4 à 12 pour cent. En annexe I, on trouvera les résultats de ces essais.

Les chiffres suivants concernent la collection faite dans la province d'Atjeh:

Nombre total de graines obtenues1738
Nombre total d'arbres    14
Moyenne de cônes par arbre  124
Poids des graines (total)    97 g
Poids de graines par arbre      6,9 g
Nombre approximatif de graines par arbre  345 (50 000/kg)
Cônes complètement ouverts 26 jours après la récolte  623 (36%)
Cônes fermés ou presque fermés1115 (64%)

Provenance de Tapanuli

Dix heures d'affilée pour couvrir en jeep les 100 kilomètres séparant Blagkedjeren de Kutatjane : cela donne une idée de l'état des routes à Sumatra en 1970. Au-delà, la piste conduisant aux peuplements naturels de P. merkusii s'est révélée impraticable. L'examen des pins plantés en 1931 à Sipuhatar a montré que la récolte était identique à celle de la provenance d'Atjeh, à la fois pour la maturité et le nombre des cônes. Sur le même arbre, on pouvait trouver des cônelets de différentes tailles et des restes de châtons mâles. Les arbres de la plantation visitée (d'une surface de 1 à 2 ha) étaient d'apparence assez uniforme et possédaient les caractéristiques de la provenance Tapanuli. Des observations sur d'autres plantations du secteur, ou vestiges de plantations, ont donné l'impression d'une variabilité plus grande et l'on a noté des arbres ayant les caractères de la provenance Atjeh, ou intermédiaires. Selon les forestiers indonésiens, tous les pins situés en dehors de la réserve autochtone de Dolok Saut ont été plantés, ou sont issus de la génération naturelle d'arbres plantés. Comme les semences des peuplements naturels de la provenance Tapanuli ont toujours été rares, la majeure partie des sujets est sans aucun doute de provenance Atjeh. La politique actuelle du service forestier indonésien consiste à planter 90 pour cent de provenance Atjeh contre seulement 10 pour cent de provenance Tapanuli. On n'utilise que les plants issus de la régénération naturelle de cette dernière provenance, en protégeant les arbres mûrs des pratiques grossières des collecteurs de semences.

L'incertitude qui règne sur l'origine des peuplements, alliée à la médiocrité de la récolte, ne nous a pas permis de collecter de cônes de provenance Tapanuli au cours de ce voyage.

Dans l'avenir, lorsqu'on récoltera des semences à Dolok Saut, il faudra veiller tout particulièrement à protéger le statut du périmètre, comme conservatoire naturel, et la collecte des cônes devra se faire sans couper de branches aux arbres.

Les peuplements naturels de provenance Tapanuli sont en fait moins éloignés des stations forestières que la plupart de ceux de la province d'Atjeh. Moyennant une amélioration des pistes, il serait relativement facile de rapporter les cônes à l'une de ces stations pour y extraire les graines. Celle de Tarutung, à l'ouest de Dolok Saut, peut être atteinte en 3 ou 4 heures de voiture.

Provenance de Kerintji

De Tarutung, dans le district de Tanapuli, à Padang sur la côte ouest, nous avons emprunté la grand-route Medan-Padang. La distance est d'environ 800 km. Bien qu'il s'agisse d'une des routes les plus importantes de Sumatra, elle se trouvait dans un état si déplorable qu'il était impossible de dépasser la vitesse de 40 km/h. On a fait savoir à l'expédition que, une fois arrivés à Sungeipenuh, il lui serait relativement facile de rejoindre les pinèdes qui se trouvent entre ce centre et le mont Kerintji. Cependant, là encore, les pistes se sont révélées en très meuvais état, à tel point que nous n'avons pu parvenir jusqu'aux pinèdes. A l'époque, il était extrêmement risqué de vouloir atteindre en voiture les périmètres de Kerintji : avant de tenter une nouvelle expérience, il faudra envisager d'autres moyens de transport - peut-être l'hélicoptère.

Facteurs influençant les conditions de voyage et la collecte de semences à Sumatra

a. Contrôle auprès des autorités locales

Dans la province d'Atjeh, il était indispensable de rendre visite à l'administrateur local, au chef de la police et au commandant militaire, quand on circulait d'un endroit à un autre. Là où les trois administrations sont présentes, les démarches peuvent prendre jusqu'à deux heures. Afin de rendre ce pointage aussi souple que possible, il est à conseiller de se faire aider d'un forestier du lieu. On doit décrire l'itinéraire et expliquer les motifs du voyage. Dès que l'on sort de la province d'Atjeh, ces formalités ne sont plus exigées. Dans le cas où l'on est astreint à passer la nuit dans un centre qui ne dispose ni d'hôtel, ni de case de passage, il faut demander au “kepala”, ou chef de village, l'autorisation de séjourner.

b. Rétribution des services

Outre les frais normaux de subsistance destinés à couvrir leur nourriture et logement, les forestiers qui accompagnaient la mission étaient payés environ un dollar par jour, pour encourager leur zèle.

c. Coopération avec les autorités forestières indonésiennes et le personnel forestier local

Pour que la collecte de semences soit un succès, il est indispensable que ce travail soit partout bien accueilli. Le bénéfice que tirera la foresterie indonésienne de ces missions est évidemment important pour influencer l'attitude de chacun. Le service forestier indonésien n'était, en général, intéressé que par les semences de Pinus merkusii, dont il aurait souhaité recevoir de grosses quantités, quelle qu'en fût l'origine. Toutefois, à l'Institut de recherches forestières de Bogor, l'Indonésie, Java en particulier, a manifesté non seulement son désir de recevoir de grosses quantités de graines de pin, pour pouvoir exécuter son programme de plantation, mais aussi l'importance que ce pays attachait à l'origine des semences. Les plantations actuelles de P. merkusii, issues pour la plupart de la province d'Atjeh, possèdent généralement une forme de fût médiocre.

Remarques et recommandations

Il est indispensable d'acquérir une connaissance infiniment plus précise des caractéristiques de la floraison : une unité permanente d'observation devrait être installée dans le nord de Sumatra pour étudier la phénologie de l'espèce (*). Cette unité, ou cette station, devrait aussi apporter son concours aux équipes de collecte des semences en localisant les secteurs les plus rentables. Afin de parer au manque aigu de Pinus merkusii pour les recherches de provenance, il faudra organiser des expéditions appropriées de collecte, même si l'on crée cette unité d'observation.

Le mauvais état des routes devrait amener à envisager sérieusement l'emploi d'un hélicoptère, qui serait particulièrement utile pour permettre de recueillir les provenances de Kerintji et pour visiter au cours de la même campagne les trois sites principaux.

Il conviendra de prendre des dispositions simples, mais efficaces, pour le postmûrissement; et l'extraction des graines au campement. Des moyens d'entreposage devraient être installés avant que commence la collecte.

Le perfectionnement des méthodes de grimpage aux arbres permettrait de récolter les arbres de dimension supérieure. Indépendamment de la taille de ceux-ci, il est souhaitable, soit de cueillir directement les cônes, soit de couper seulement les petits rameaux porteurs de cônes, par conséquent d'éviter la destruction des cônes futurs.

(*) En juin 1971, M.E. MORTENSON a été affecté à un poste technique, où il sera chargé de l'amélioration des arbres en Indonésie et, notamment, d'une étude sur Pinus merkusii.

THAILANDE

Pin

En Thaïlande, la récolte de Pinus kesiya et P. merkusii était en cours pendant la dernière semaine de février et la première de mars. P. kesiya semble être le premier à mûrir (fin janvier dans le nord de la Thaïlande); ses cônes qui mûrissent de façon plus uniforme que ceux de P. merkusii avaient tous viré au brun au moment de la cueillette. L'extraction des graines semble relativement facile.

La préparation et l'exécution de la collecte de semences ont été l'oeuvre du projet Thaïlande/Danemark sur le pin, dont ces opérations représentaient une partie du programme. Les graines ont été collectées à la fois pour la Thaïlande et pour le Centre de semences.

Six sources de P. kesiya et deux de P. merkusii (200 à 700 g pour la première essence, 1 100 à 1 600 g pour la deuxième) seront disponibles pour les essais de provenance. Le pouvoir germinatif relativement élevé de P. merkusii (84 et 50 pour cent, respectivement pour les deux lots) est remarquable, compte tenu des différents stades de maturité des cônes sur un même arbre et d'un arbre à l'autre dans le même peuplement. La variation entre les sources (ou localités) est encore plus marquée : pour obtenir des cônes de la maturité voulue, il conviendrait donc de poursuivre la récolte sur une période plus longue, ou bien de répéter la collecte.

Teck

La collecte et les essais de provenance du teck en Thaïlande n'ont pas cessé depuis la création, en 1965, du Centre Thaïlande/Danemark d'amélioration du teck. Les semences ont été recueillies en 1965 et 1968, ces dernières collections faites dans quelques-unes des localités déjà visitées en 1965, mais en perfectionnant les relevés et descriptions des peuplements d'origines.

Les essais de provenance ont été effectués dans deux zones différentes en 1966 et 1967, à partir des collections de 1965 qui comptaient 49 échantillons : ceux-ci représentaient plusieurs peuplements, mais pas nécessairement des écotypes différents. Les collections de 1968, qui comprenaient 15 provenances, ont été semées en 4 essais, presque également répartis depuis la latitude de Bangkok au sud, jusque près de Chieng Saen dans l'extrême nord de la Thaïlande. Malheureusement, l'un des essais a dû être abandonné à la suite de pertes excessives de plants; mais, on n'en dispose pas moins d'intéressantes possibilités d'expériences sur l'interaction entre la provenance et le site.

Les différences de la croissance en hauteur semblent s'atténuer avec l'âge : la variation apparente de ce caractère seul ne sera pas un critère bien net pour la sélection. L'évaluation d'autres caractères (floraison, ramification, noeuds, striures du tronc) peut révéler des différences d'origine.

On dispose donc d'un matériel relativement abondant pour faire des recherches sur les variations géographiques du teck à l'intérieur des frontières de la Thaïlande. Depuis sa création on 1955, la Sous-commission du teck a déjà essayé de coordonner les recherches régionales de provenance en Asie du Sud-Est. Le directeur de la recherche à Dehra Dun avait été désigné pour organiser cette étude. La réponse des pays participants a, dans l'ensemble, été assez décevante et un petit nombre d'essais seulement ont pu être effectués avec un matériel limité. Il est difficile de déterminer avec exactitude quels ont été les principaux obstacles; mais les collections et leur répartition, outre un excès de demandes d'études et de répétitions d'essais, ont sans doute joué un rôle important. La dissolution de la Sous-Commission du teck est de nature à créer un risque supplémentaire d'abandon des initiatives en matière de recherches de provenance. Devant l'intérêt de plus en plus grand qui se manifeste pour le teck en dehors de l'Asie du Sud-Est, on devrait, semble-t-il, s'efforcer d'organiser à nouveau les échantillonnages et essais de provenance, en élargissant le champ de prospection à d'autres régions. Le Département des forêts et le Centre du teck en Thaïlande sont désireux l'un et l'autre de participer à cette étude de recherche au niveau international, pourvu que les échantillons collectés soient échangés contre du matériel étranger.

INDE (*)

Procédures administratives pour la collecte des semences

La mission a discuté en Inde du problème des collections de semences à réunir pour les besoins de la recherche des provenances. Les plans proposés ont été entièrement acceptés. Comme ils impliquent l'intervention de l'aide étrangère, certaines formalités seront à observer. Il conviendra d'adresser une demande à l'Inspection générale des forêts, qui désirera recevoir des détails sur le but et l'ampleur des collectes proposées. De l'Inspection générale, le programme sera transmis au Directeur de la recherche forestière, à Dehra Dun, qui fera parvenir ses instructions à l'administration des forêts dans les divers états intéressés, sur la manière d'aider à ces opérations.

Organisation de la recherche

Les recherches de provenances sont organisées et administrées par la branche sylviculture du FRI a Dehra Dun, que dirige le chef de la recherche forestière. Au niveau de chaque état, c'est le sylviculteur qui est responsable des collections de provenance comme de l'amélioration des arbres. Dans la pratique, l'exécution d'une collection de provenance reposera donc dans une large mesure sur les sylviculteurs de chaque état.

Génétique forestière et recherche de provenance pour le teck

L'amélioration du teck, notamment en relation avec les essais de provenance, constituait l'objet principal du voyage en Inde. Le travail correspondant a commencé avec la création de la section de génétique du FRI en 1959 (depuis promue “branche”), mais le programme d'amélioration ne comprend pas d'études sur les variations géographiques. L'opinion générale parmi les forestiers semble prévaloir qu'une grande partie des tecks plantés provient de Birmanie, soit directement (dans les plantations les plus anciennes), soit indirectement au moyen des graines des plantations d'origine birmane. Il est apparu que les semences birmanes ont la préférence, en raison de leur grosseur et de leur pouvoir germinatif plus élevé, plutôt que pour une meilleure apparence des sujets porte-graines. Des recherches plus approfondies devront être effectuées sur le comportement relatif, en différentes stations, de tecks exotiques cultivés en plantation et de tecks indigènes poussant naturellement. Un échantillonnage systématique des provenances, portant à la fois sur les peuplements autochtones et sur ceux introduits servirait plusieurs objectifs. En Inde même, cela pourrait permettre de justifier l'emploi généralisé du teck birman, clarifier les bases de variabilité pour la sélection et l'amélioration, aider à distinguer et à préserver différentes populations d'arbres: en un mot, élargir le champ des plantations de teck sur différents sites. Il est évident qu'un inventaire et un échantillonnage de ce genre seraient aussi du plus grand intérêt pour les importateurs de semences de teck, hors de la région. Les pays où le teck a été introduit (Afrique occidentale, Trinidad) ont ceci en commun que les sources de semences sont très limitées, puis-qu'elles ne comprennent souvent qu'une seule provenance de quelques centaines d'arbres. Même si leur croissance est pleinement satisfaisante, il conviendrait, estime-t-on, de comparer ces sujets avec d'autres provenances et d'importer de nouvelles variétés génétiques pour éviter l'endogamie.

Procédures proposées pour les collections de semences de teck

Dans chaque état de l'Inde, le service forestier devrait, sous la direction du sylviculteur, identifier et démarquer les peuplements. La sélection des sites et des peuplements aurait à observer les critères fournis par la branche sylviculture du FRI et par le Centre de semences. Les collections de graines s'effectueraient en commun par les soins du Service forestier indien et du Centre de semences. Si possible, la branche génétique du FRI devrait aussi coopérer. Un programme d'amélioration génétique d'essences sélectionnées, présenté récemment par le Dr S. Kedharnath et qui a pris le nom de “All India Centre-cum States Coordinated Projects” ouvre des perspectives intéressantes : notamment, en proposant d'employer un généticien forestier dans chaque état, ce qui assurerait une continuité et une attention plus soutenues dans la recherche sur l'amélioration des arbres.

Collecte de semences d'autres essences forestières en Inde

Jusqu'à présent, on n'a pas encore tenté de rechercher en Inde des différences de provenance avec Gmelina arborea, bien que cette essence soit réputée pour pousser dans des conditions écologiques très variées. Il serait possible d'effectuer un certain travail préparatoire en vue de choisir des zones éventuelles de récolte de ces graines, à l'occasion de collectes d'échantillons de provenance de teck.

Les semences de Pinus rosburghii peuvent s'obtenir par l'intermédiaire de la Direction de la recherche forestière. Il est hautement recommandé d'explorer plus avant les variations géographiques de cette essence, surtout en raison de ses possibilités en altitude sous climat subtropical. Il n'a pas été possible de recueillir de graines de Pinus griffithii en Inde.

Note - Dans un article publié par E.N.G. Cooling et H. Genssen (Travaux du laboratoire forestier de Toulouse, tome I, vol. VIII, art. VII - 1970) ces auteurs proposent de diviser l'espèce Pinus merkusii Jungh et de Vries en deux nouvelles essences distinctes : P. merkusii Jungh et de Vries (provenance de Sumatra) et P. merkusiana sp. nov. (provenance continentale). Ces deux essences diffèrent par la taille de leurs semences, le comportement des plants (existence d'une phase herbeuse), la croissance, les caractéristiques morphologiques des aiguilles, cônes, écorce et bois, ainsi que par leur écologie.

Dans l'espèce de Sumatra, on peut en outre distinguer une variété, P. merkusii Jungh et de Vries var. tapanulensis.

(*) Depuis cette expédition, une trentaine de provenances de teck ont été recueillies en Inde.

ANNEXE I

Résultats d'essais de germination au Centre de semences d'Humlebaek, sur les graines de Pinus merkusii collectées à Sumatra

Echantillon NoPoids des grainesGermination (%)
Total
(g)
Après nettoyagePar millier de graines (g)III*
1. Graines provenant de cônes ouverts171015,99  54    
2+3. Graines provenant de cônes fermés251815,58  43,5
4. Graines de la collection 1969650   -14,68  0  0     
5. Graines provenant de cônes mis en sacs de plastique    1,9- 6,391638     
6. Graines non désailées. Même lot que 2+3. 9     1,312,83      8,54,5
7. Graines légèrement désailées. FRI Kepong, Réf. 2+332 2320,63127,5

* Méthode I : Germination sans traitement préalable. Observation après 22 jours.
Méthode II : Stratification pendant 3 semaines, puis germination pendant 21 jours.

Remarques : Les graines mises à germer ne paraissaient ni fraîches, ni saines, elles avaient une légère odeur de moisi. Ceci indique d'habitude un pouvoir germinatif médiocre, bien que le pourcentage de graines pleines ait été élevé.


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