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PROJET DE RECHERCHE SUR LES PINS D'AMERIQUE CENTRALE

Commonwealth Forest Institute, Oxford

par R.H. Kemp

INTRODUCTION

Le projet de recherche sur les pins d'Amérique centrale est financé par un don de la FAO, ainsi que par le Royaume Uni grâce à une subvention du Commonwealth Forest Institute d'Oxford. Le chargé principal de la recherche pour la recherche est M. R.H. Kemp. Le projet devait se terminer en avril 1972, après avoir couvert une période de 3 ans depuis le 1er octobre 1969; mais, en raison de ses bons résultats, il a été prolongé de deux ans au-delà de la date d'expiration prévue. Le présent rapport a trait à quatre voyages sur le terrain entrepris par M. Kemp jusqu'au 30 juillet 1971.

OBJECTIFS

  1. Reconnaissance, rassemblement de données et collectes de semences de provenances de Pinus oocarpa et Pinus caribaea en Amérique centrale.

  2. Reconnaissance, rassemblement de données et collectes de semences de provenances de certaines essences de priorité II: notamment Pinus pseudostrobus (y compris Pinus tenuifolia) et P. strobus var, chiapensis.

  3. Sélection et recensement de phénotypes supérieurs des essences ci-dessus, accompagnés si possible et le cas échéant par une collection de semences ou de greffons.

  4. Création de “peuplements de conservation” et de “peuplements de sélection” en différentes stations, avec les semences des zones littorales les plus importantes.

  5. Discussion avec les autorités forestières ainsi qu'avec les institutions associées dans tous les pays visités (Nicaragua, Honduras, Guatemala, Honduras britannique et Mexique), sur la conservation et la bonne exploitation des ressources forestières existantes, ainsi que sur les problèmes de reboisement.

FINANCEMENT

Au total, il a été alloué 65 700 dollars E.-U. au projet.

Pendant les douze premiers mois de l'opération, les dépenses ont été inférieures de $ 2 400 aux prévisions. En 1971, la constitution d'équipes simultanées d'équipes dans les zones littorales et intérieures a coûté très cher. Les dépenses opérationnelles sur le terrain ont alors dépassé les estimations, en raison surtout des frais de transport onéreux des équipes de collecte, ainsi que du coût très élevé des collections de semences de Pinus oocarpa au Honduras britannique, qui sont revenues à près de $ 500 le demi-kilo. Lors de la campagne suivante, où il n'y aura plus d'opérations itinérantes à longue distance, les charges seront réduites.

PERSONNEL

Le chargé de recherche a travaillé seul la première année, aidé d'un garde-forestier hondurien recruté sur place. En août 1970, à l'expiration des reconnaissances et de la première phase de collecte de semences des deux essences de priorité I, deux diplômés de l'université en foresterie et en biologie ont été recrutés au titre du Programme britannique de service volontaire outre-mer, comme chefs d'équipes de collectes supplémentaires pendant le reste du projet.

Ces deux bénévoles ont terminé en juillet 1971 leur période de service de 12 mois, ce qui a coïncidé avec la phase itinérante à longue distance pour le programme d'essais des deux essences principales de pin. Cette phase extensive de collectes simultanées sera suivie d'une autre plus intensive, destinée à obtenir le plus grand échantillonnage possible de semences pour les peuplements de conservation ou de sélection, ainsi que les semences et les greffons des phénotypes supérieurs dans les zones sélectionnées. Un ou deux grimpeurs pourront être réengagés pour la prochaine expédition sur le terrain. On espère que le chef d'équipe hondurien, qui a acquis une bonne connaissance des principes et méthodes pour collecter les semences de provenances de pin, pourra également continuer d'aider au projet pour la récolte en vrac de graines au Honduras et, si possible, au Nicaragua.

EQUIPEMENT

La mission a acheté une Land Rover et 2 camionnettes Datsun d'une tonne, à quoi se sont ajoutés trois jeux de “tree bicycle equipment” et autres accessoires pour grimper aux arbres, matériels de collecte de graines et de recensement des arbres, ainsi qu'un altimètre et un magnétophone portatif à cassettes. La station de recherche de la Commission forestière britannique a accordé une subvention annuelle pour couvrir les augmentations de frais d'entreposage et de manutention des graines dans le magasin de la Commission.

CONDITIONS OPERATIONNELLES

La mission a disposé de renseignements sur la localisation et la superficie des périmètres forestiers plantés de pins, qui étaient en général exacts. Il existe d'excellentes cartes topographiques de la plupart des régions intéressées, au Guatemala et au Nicaragua. Les informations sur la distribution des diverses essences de pin sont moins complètes et l'on connaît très mal la phénologie de la floraison, de la fructification et de la maturation des cônes, les taux de croissance, les qualités du bois et la variabilité à l'intérieur d'une même espèce. Là où c'est possible, la mission continue de réunir ces renseignements. Les conditions de prospection sont d'habitude suffisamment bonnes pour permettre un échantillonnage représentatif des principales forêts de pins, dans le cadre d'un zonage général basé sur la latitude, la topographie et le climat. Les secteurs visités les plus inaccessibles se trouvaient dans les plaines côtières du Nicaragua et du Honduras plantées de Pinus caribaea, où la mission a dû utiliser des moyens de transport combinés: avion, barge à moteur, pirogue, enfin la marche à pied. Ces expéditions ne coûtent pas très cher en temps ou argent, mais posent des problèmes pour le transport des cônes et l'extraction des graines - celle-ci encore compliquée en saison des pluies, lesquelles sont en général abondantes dans cette région.

L'extraction des graines s'est faite par séchage des cônes au soleil, mais la mission a de plus en plus utilisé les moyens qu'offre l'Escuela agricola panamericana au Honduras, pour nettoyer et entreposer les semences. Cette institution a encore prêté généreusement son assistance à la détermination du pH du sol et du matériel botanique, ainsi qu'en cultivant des boutures racinées de pin pour greffage ultérieur. La mission a entretenu de bonnes relations avec les services forestiers gouvernementaux qui lui ont demandé conseil sur différentes questions, ainsi qu'avec les projets de la FAO et les représentants régionaux de l'Organisation.

TRAVAIL ACCOMPLI

PINUS CARIBAEA

Généralités.

Les reconnaissances et collectes de semences ont porté essentiellement sur les peuplements des plaines côtières, mais plusieurs peuplements intérieurs ont été également visités. Dans les endroits les plus accessibles, à l'intérieur comme le long des côtes, les forêts plantées de cette espèce ont été surexploitées depuis 20 ans: très souvent, presque tous les porte-graines qui restent debout sont défectueux de forme et manquent de vigueur. Font exception les périmètres peu exploités des parties les moins accessibles de la côte atlantique du Nicaragua et du Honduras, ainsi que les peuplements de Potpùn, à l'intérieur du Guatemala. En beaucoup d'autres endroits, les forêts régénérées depuis 20 ou 30 ans offrent peu de semences, mais les arbres y sont en général de bien meilleure venue que dans les peuplements plus anciens. Bien que les feux de forêts annuels soient très fréquents et aient parfois empêché la régénération locale des pinèdes au cours des dernières années, les ressources génétiques de cette essence ne semblent pas risquer de disparaître dans la région, sauf par lente sélection générale régressive. Toutefois, il n'est pas possible à l'heure actuelle de garantir la protection et la conservation des arbres ou des peuplements: on peut donc s'inquiéter tout particulièrement des peuplements isolés, situés à la latitude extrême de leur aire naturelle de distribution.

Beaucoup de peuplements d'altitude parmi les plus accessibles ont été tellement épuisés par les expéditions passées et par le feu qu'il n'a pas été possible d'y trouver de zone propice à la collecte des graines, malgré le temps considérable qu'y ont consacré les reconnaissances. Le contraste des conditions de croissance est très grand entre ces peuplements et ceux de la côte. La mission s'est intéressée particulièrement aux provenances les plus sèches.

Les peuplements les plus méridionaux, à proximité de la Lagune d' El Pinar au Nicaragua (12°13'N, 83°42'0), sont de petite dimension et dispersés entre les marécages et les forêts de feuillus. En outre, le feu a durement affecté la régénération. Certains de ces peuplements sont sélectionnés pour être exploités de façon intermittente pendant la saison sèche: en raison de leur superficie réduite, il est probable que les phénotypes supérieurs disparaîtront progressivement et même que plusieurs des peuplements finiront par s'épuiser. A l'autre extrémité de l'aire de distribution, dans la région de Potpùn au Guatemala (16°20'N, 89°25'O), où cette essence apparaît isolément, le matériel génétique ne court pas de danger immédiat: d'ailleurs, des éléments en sont déjà établis en plusieurs autres pays. Cependant les collecteurs commerciaux de graines ont déjà fait subir des dégâts importants à beaucoup d'arbres; la productivité de cette source de semences se réduit progressivement.

Distribution et variation

On pense aujourd'hui que tous les P. caribaea d'Amérique centrale appartiennent à la variété taxonomique hondurensis. Toutefois, l'essence se rencontre sous des conditions écologiques très diverses, depuis les peuplements côtiers dans des zones à marécages intermittents, où il tombe parfois 4 000 mm d'eau par an et qui n'ont pas de saison sèche durable, jusqu'à ceux des collines où l'altitude atteint 800 m, avec des pluies qui ne dépassent pas 900 mm et une saison sèche nettement marquée. Dans tous les secteurs visités, on a observé des variations individuelles dans l'épaisseur et l'angle des branches, le jet du fût, le développement des “queues de renard”, etc.

Floraison et fructification

La floraison se produit essentiellement fin novembre-début décembre. A notre arrivée au Guatemala dans la première semaine de décembre, la plupart des strobiles mâles étaient déjà ouverts et beaucoup étaient vides. A la même époque, nous avons trouvé également de jeunes cônes femelles mûrs; sur la côte atlantique du Nicaragua, on a pu les voir occasionnellement sur de jeunes arbres jusque fin mars, alors qu'il n'y avait plus alors de chaton mâle sur aucun arbre de cette région. Au Nicaragua, les cônes atteignent leur maturité au début de mai et la collecte se fait pendant presque tout le mois de juin, qui, pour cette essence, semble être aussi l'époque principale de chute des graines dans le reste d'Amérique centrale. On trouve parfois des cônes encore verts en juillet et même au début d'août, à la limite septentrionale de l'habitat. Il semble que la maturation des cônes, après fécondation, demande environ 16 mois. La récolte a été très médiocre en 1970 et 1971, les cônes étant très dispersés, en 1969 également selon certains témoignages. Dans certains secteurs, notamment dans les peuplements isolés du littoral environnés de feuillus, une grande quantité de cônes en train de mûrir ont été détruits par les perroquets.

Collecte des semences

Les semences ont été recueillies sur sept emplacements différents dans les années 1969 et 1970, ainsi que pendant les tout premiers mois de 1971. La récolte s'est faite en grimpant sur des arbres sélectionnés. En raison de la dispersion générale des cônes, nous n'avons pas essayé de limiter la collecte en faisant des prélèvements égaux sur chaque arbre. Le nombre d'arbres récoltés variait de 28 à plus de 100 pour les cueillettes les plus importantes, la moyenne étant généralement de 50 à 60. Etant donné les difficultés (et l'incertitude) de pouvoir répéter dans l'avenir la collecte de semences sur les mêmes peuplements, il est souhaitable d'obtenir suffisamment de graines non seulement pour la première série d'essais de provenances, mais aussi pour la seconde, ainsi que pour créer des blocs de plantation plus vastes. Au total, nous avons recueilli 22 kilos et demi de semences, avec une moyenne de 40 à 50 000 graines viables par kilo. Malheureusement, plusieurs sites étaient mal représentés, aussi avons-nous décidé de reconnaître d'autres zones à collecter, en mai–juillet 1971. Le temps couvert et des périodes de pluie prolongées ont rendu difficile l'extraction des graines. La nécessité d'observer le programme établi d'échantillonnage nous a amenés à essayer la dessiccation des cônes dans un silo de séchage du riz. Cette méthode s'est révélée efficace au bout de 36 heures et nous l'avons réutilisée avec succès en deux autres occasions. D'avril à juillet 1971, nous avons recueilli des collections sur 10 emplacements, dont 5 représentent la “forme d'altitude” du Pinus caribaea var. hondurensis, telle qu'on trouve cette essence dans la République du Honduras et au Nicaragua. En outre, nous nous sommes arrangés pour obtenir d'égales quantités de semences à partir des collections faites en altitude au Honduras britanique par le service forestier. Quant aux arbres sélectionnés en 1970 à Potpùn, la seconde récolte prévue n'a pu avoir lieu, car la zone avait déjà été razziée par une collecte commerciale intense exécutée sans aucun contrôle : 5 à 600 collecteurs, estime-t-on, se sont disputé la récolte, déjà très affaiblie par les méthodes grossières employées l'année précédente. M. Kemp a fait des recommandations aux autorités officielles, qui les ont aujourd'hui entérinées, pour que la récolte sur ces peuplements soit contrôlée effectivement. On espère que, avant la campagne prochaine, il sera possible d'instituer des séances d'instruction pour un nombre limité de collecteurs autorisés, ainsi que de surveiller leurs activités. Dans les zones littorales, l'effort entrepris pour obtenir davantage de semences dans les peuplements nicaraguayens isolés les plus tropicaux, où l'on avait fait une première collecte en 1970, a été très décevant, en dépit du supplément d'argent et de temps qui lui a été consacré. Toutefois, la quantité de semences recueillies est représentative d'un grand nombre d'arbres : en y ajoutant les collections précédentes, l'ensemble devrait être suffisant pour révéler n'importe quelle différence de population entre ces pinèdes et celles des autres zones littorales nicaraguayennes. Les collectes renouvelées dans les secteurs importants de Brus Lagoon, Guanaja et Alamicamba ont été plus productives : elles sont désormais suffisantes pour établir immédiatement plusieurs peuplements de sélection pour chaque provenance.

Au total, les provenances littorales de P. caribaea var. hondurensis mises à la disposition des essais internationaux de provenance sont au nombre de 7, dont 5 en quantité suffisante pour être plantées dans tous les essais prévus. En outre, on espère recevoir prochainement des semences de la plaine côtière du Honduras britannique. Avec celles déjà obtenues des Bahamas et de Cuba, il sera donc possible, pour cette essence, de procéder en un grand nombre de stations différentes à des essais parfaitement représentatifs de provenancestrès diverses.

PINUS OOCARPA

Généralités

La mission, au cours de son premier voyage, a effectué une reconnaissance des forêts de P. oocarpa. Afin de pouvoir repérer des échantillons représentatifs de l'habitat, dans le temps limité dont elle disposait, il a été décidé de suivre un zonage général basé sur la latitude et la topographie, en s'attachant aux basses altitudes et aux secteurs isolés par des barrières géographiques. Les renseignements climatiques sont habituellement incomplets, mais cette essence croît principalement dans les zones à chutes de pluie annuelles de 2 000 mm ou moins, en général entre 300 et 2 000 m d'altitude, fréquemment sur des sols acides peu profonds, pierreux et périodiquement secs, parfois sur des pentes très raides. La mission s'intéresse tout particulièrement aux peuplements épars sur les collines qui dominent la plaine de Sébaco, au Nicaragua, proches de la limite méridionale extrême de l'aire naturelle de distribution de l'espèce. La hauteur moyenne des pluies annuelles n'y est que de 920 mm, avec 4 mois où les précipitations atteignent au maximum 25 mm. Pendant ces périodes sèches, on enregistre des maxima absolus de température dépassant 40°C. Dans certaines parties du Honduras et du Guatemala, cette essence pousse dans un habitat très sec, mais on la trouve aussi sur des pentes bien drainées de zones plus humides, où les chutes de pluie annuelles avoisinent 3 000 mm, sans saison sèche marquée. Sa distribution semble donc être principalement déterminée par les activités de l'homme, notamment le défrichage et la mise à feu. La résistance des jeunes plants et baliveaux au feu est considérable, car le pied est capable de produire de nouvelles pousses, même après que les zones de croissance et la majeure partie de la tige principale aient été tuées. Cette aptitude de la base à rejeter a été observée sur de jeunes arbres dont le tronc inférieur avait jusqu'à 10 cm de diamètre. De même, de très jeunes plants de P. oocarpa, qui ne semblaient avoir que quelques semaines, survivaient en plein soleil, sur des sols sablonneux très secs, pendant des périodes de sécheresse prolongée.

Distribution et variations

Alors que l'on rencontre essentiellement P. caribaea sur les pentes les plus basses et dans les vallées, l'aire principale de P. oocarpa se situe entre 600 et 1300 mètres d'altitude, généralement sur des terrains à forte pente et peu accessibles. Pour cette raison, les peuplements ont moins souffert de l'exploitation dans le passé et l'on trouve encore de très belles pinèdes depuis la frontière nord du Nicaragua avec le Honduras jusqu'à Baja Verapaz, au Guatemala. L'aire principale de distribution de l'espèce est au Honduras, sur plus de 160 km du nord au sud et 300 km d'est en ouest. Des périmètres étendus, à travers tout le Honduras, ont été durement éprouvés en 1964 par une invasion massive de Dendroctonus, qui bien qu'elle ait sévèrement réduit le volume des arbres sur pied et les jeunes plants, n'a probablement pas eu d'effet fâcheux sur les ressources génétiques. Sauf là où les feux de forêt importants ont été fréquents, en particulier près des centres habités, la régénération a été excellente. Toutefois, l'exploitation, souvent suivie ou accompagnée d'incendies, s'intensifie grandement en beaucoup d'endroits. Indépendamment de la sélection générale régressive qui peut en résulter, ces abattages constituent aussi une menace de destruction pour les peuplements isolés, notamment à la limite méridionale de l'aire naturelle de distribution. Ces peuplements ont déjà beaucoup souffert et les sujets qui subsistent sont mal venus, bien qu'il y ait des vestiges de la présence autrefois d'arbres beaucoup plus gros et de croissance très rapide. Etant donné la grande sécheresse et la pauvreté du sol, il semble que ces populations de pins doivent recéler un matériel génétique de valeur très grande pour les autres zones sèches des tropiques. Il existe sans aucun doute de grandes variations dans les caractères morphologiques, tels que la taille et la forme des cônes, le développement d'épines sur les écussons et la protubérance de ceux-ci (ce trait varie beaucoup, d'après ce que nous avons constaté, parfois même sur le même arbre). Outre les spécimens habituels d'herbier pour chaque collection de provenance, nous avons recueilli beaucoup de matériel sur toute la gamme de l'espèce à travers les types rencontrés en Amérique centrale, que nous avons rapporté à Oxford pour l'étudier ultérieurement.

Floraison et fructification

La floraison éclot surtout au milieu de janvier. Près de Guatemala City, nous avons observé des strobiles mâles qui s'ouvraient dans la seconde semaine de décembre; ailleurs, ce n'est qu'occasionnellement que nous avons vu quelques arbres, peu nombreux, produire tardivement leur pollen jusque fin février. La production de cônes femelles semble se prolonger longtemps, bien que les cônelets, ou carpelles réceptifs, apparaissent surtout à la mi-janvier. Nous avons trouvé quelques cônes mûrs en décembre, mais la période principale de collecte semble se situer entre la mi-janvier et le début de mars. Dans quelques secteurs, on peut encore voir en mars des cônes verts bien développés, parfois même en août des cônes proches de la maturité. La collecte des semences paraît possible toute l'année : cela est dû, du moins en partie, à la dureté ligneuse des écailles, qui rend les cônes lents à s'ouvrir, ainsi qu'à la persistance des cônes sur l'arbre. Quoi qu'il en soit, la phénologie de la floraison et de la fructification de cette essence en Amérique centrale demande à être étudiée plus à fond. D'une manière générale, 1970 a été une année de récolte médiocre, tandis qu'il semble que 1971 sera meilleure, en tout cas dans certaines zones.

Semences collectées

Vingt-quatre lots de semences de P. oocarpa étaient disponibles en 1971 dans les collections du CFI, en quantité suffisante pour les essais internationaux de provenance. En outre, des semences ont été récoltées sur divers arbres pour des études taxonomiques et génétiques. Au total, nous avons obtenu environ 32 kg de graines nettoyées.

Des semences ont été allouées aux essais internationaux de provenance : on prévoit que la quasi-totalité aura été distribuée en octobre 1971. Une réserve de graines a été constituée, en dehors des essais, en vue de l'établissement ultérieur des peuplements de sélection et de conservation.

AUTRES ESSENCES

Pinus pseudostrobus a été observé dans les trois pays visités, généralement à plus de 1200 m d'altitude (800 m au Honduras). L'essence paraît s'étendre au Nicaragua presque aussi loin dans le nord que P. oocarpa. L'altitude optimale pour sa croissance semble être au-dessus de 1400 m: au Honduras et au Guatemala, nous avons vu à environ 1500 m de très grands arbres de port magnifique, dont certains atteignaient 40 à 50 m de haut, avec un diamètre à hauteur d'homme de 60 à 90 cm. Le bois est en général plus blanc et plus mou que celui de P. caribaea et de P. oocarpa. C'est une essence capable de croître très rapidement, pouvant atteindre en une vingtaine d'années une hauteur de 30 m et un diamètre à hauteur d'homme de 40 cm. Mais on la donne comme plus sensible aux mycoses que les autres espèces de pins guatémaltèques. En beaucoup d'endroits, les chatons mâles étaient proches de la maturité au mois de mars et quelques jeunes cônelets femelles apparaissaient aussi à cette époque. Au Guatemala, on a pu voir dès fin février les premiers cônes mûrs, mais la majorité étaient encore tendres et verts. Au Honduras, le gros de la récolte est mûr, assure-t-on, en mai ou plus tard. Les collectes de semences ont débuté en 1971 dans des stations très éloignées les unes des autres.

Pinus tenuifolia, considéré en général comme une variété de P. pseudostrobus, a été observé dans plusieurs localités du Guatemala. Les peuplements les plus importants se trouvaient à proximité de Coban, Alta Veraplaz, où les chutes de pluie annuelles sont en moyenne de 2 400 mm et où il n'y a pas de saison sèche bien marquée. Dans ces conditions, la croissance est très rapide et plusieurs grumes de 50 à 60 cm de diamètre avaient des anneaux de croissance larges en moyenne d'un centimètre pendant toute la durée de leur existence. Un périmètre naturel âgé de dix ans, d'après ce qui nous a été dit, contenait des arbres de 30 m de haut et d'un diamètre à hauteur d'homme de 30 cm.

Des observations ont été également faites sur quelques essences recherchées de feuillus. Plusieurs espèces de Méliacées et de Juglans ont été étudiées dans les trois pays visités. Des taux de croissance apparents et des qualités signalées pour leur bois, il ressort que plusieurs essences de Juglans d'Amérique centrale mériteraient d'être expérimentées pour plantation éventuelle dans les plaines tropicales. Le personnel de la FAO a procédé à quelques essais de Juglans à Turrialba, en Costa Rica.

Une petite quantité de graines de Swietenia macrophylla a été également récoltée en 1971.

PROGRAMME FUTUR

Comme indiqué précédemment, le projet a été prolongé de deux nouvelles années au-delà de la date d'expiration prévue à l'origine, en avril 1972 (*)

Il est question de collaborer avec le service de recherche forestière australien du Queensland, pour collecter des semences en Amérique centrale, notamment de Pinus caribaea, et il se pourrait que cette coopération prenne la forme d'une contribution financière pour développer le programme de travail. Les fonds serviraient exclusivement à entreprendre des collections qui ne sont pas prévues actuellement dans les prévisions de dépenses révisées du projet.

Par-delà les objectifs primaires et certainement au-delà de ce que prévoit le projet de recherche actuel en matière de temps et d'argent, il est en outre important de pouvoir évaluer les collections dans des essais distribués et menés de façon satisfaisante, ainsi que d'assurer la fourniture future de matériel sélectionné et amélioré. L'extension du projet permettrait de collecter des semences pour les peuplements de conservation et de sélection de provenances choisies de Pinus caribaea et P. oocarpa, comme d'obtenir des collections de provenance (première phase) de Pinus pseudostrobus, P. tenuifolia et P. montezumae.

Une nouvelle expédition est prévue avant l'expiration du présent projet, du 3 janvier 1972 à la mi-mai. Elle aura pour objectifs principaux d'obtenir des collections de P. oocarpa dans l'aire mexicaine, exclue jusqu'ici des activités du projet, de récolter davantage de semences de provenances choisies de Pinus oocarpa au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua pour les peuplements de sélection et de conservation, de recueillir quelques collections de semences (première phase) de P. pseudostrobus et P. tenuifolia. La collecte de semences de P. oocarpa au Mexique dépendra de la coopération avec l'Instituto Nacional de Investigaciones Forestales. Fin juillet 1971, M. Kemp s'est rendu pour une courte visite à l'INIF, où il a eu plusieurs entretiens avec le Directeur, le fonctionnaire chargé de l'amélioration des arbres et le taxonomiste de l'Institut. Les meilleures perspectives de collaboration étroite et fructueuse avec l'INIF s'offrent à l'occasion de la collecte proposée de P. oocarpa, ainsi que pour collectionner du matériel d'herbier et recueillir des données sur les essences. M. Kemp a rendu de nouveau visite à l'INIF au début de 1972.

Il existe au Guatemala des possibilités d'obtenir des semences de Pinus strobus var. chiapensis. Les cônes mûrissent en mai : cependant, en mai 1971, la mission ayant concentré ses efforts sur les collections de P. caribaea, celles de P. strobus var. chiapensis ont été remises à 1972.

La suspension des opérations sur le terrain entre août et décembre 1971 n'a pas permis de procéder cette année à la collecte de semences de Juglans sp, comme prévu, qui sera entreprise au cours de l'extension du projet. On élève au Honduras des boutures racinées de Pinus caribaea et de P. oocarpa, pour conserver le cas échéant dans une banque génétique les sujets particulièrement prometteurs et qui risqueraient de disparaître. Mais, chaque fois qu'il sera possible de récolter des graines de ces arbres, on choisira cette solution de préférence au prélèvement de greffons. Le nombre de clones recueillis et la mesure dans laquelle ils pourront être utilisés dans des collections de clones, ou, si possible, dans des vergers à graines, dépendront des prévisions financières en vue de leur création et de leur entretien.

(*) La prolongation doit permettre de compléter, à l'intention de la recherche, les collections de semences de pins d'Amérique centrale et de quelques feuillus (Cedrela, Cordia, Juglans); de collectionner des échantillons de bois représentatifs des variations à l'intérieur des provenances de pins; de collectionner et d'étudier à l'Institut des produits tropicaux, à Londres, des échantillons de résines extraites de ces divers pins.

COLLECTIONS DU C.F.I.
(Liste des semences obtenues de janvier à juillet 1972)

EssencesSemence No PaysLatitude (N)Longitude (O)Altitude (m)MéthodePoids
(g)
Poids des semences viables
(g)
P. caribaeaK 12Guatemala16°20'89°25'   500C2   20040
      "K 18Nicaragua14°12'83°30'     20A   54042
      "K 19"12°58'83°34'     10A   59042
      "K 20"13°34'84°17'     25A5 00044
      "K 21"12°13'83°42'     10A   11044
      "K 22"14°45'83°55'50–100  C15 50042
      "K 23Honduras15°45'84°40'     10A1 30050
      "K 24"16°27'85°54'50–100  A4 50050
      "K 25Guatemala16°20'89°25'   500C12 00024
      "K 29"16°21'89°25'   500A3 00035
P. oocarpaK  1Nicaragua13°46'86°18'   900B1 00055
      "K  2"""   900B1 30048
      "K  3"13°51'86°16'1 000B   150  -
      "K  4"12°50'86°18'   950A     60  -
      "K  5"""""       6  -
      "K  6Honduras14°37'87°02'1 000B   70051
      "K  7"14°36'87°00'1 000B   60053
      "K  8"""""   100  -
      "K  9Guatemala15°10'89°23'1 150C12 00050
      "K 10"15°11'89°21'   950C12 00050
      "K 11"15°10'89°21'   650C12 00050
      "K 14Honduras14°37'87°02'1 000B3 00050
      "K 15"14°30'86°50'1 000B3 00041
      "K 16"15°16'87°06'1 100C1   50041
      "K 28Guatemala15°10'89°21'1 000C12 00046
P. pseudostrobusK 27"14°40'90°53'2 000C1   16029
P. tenuifoliaK 13"--    -C2   16027
     "K 26"14°46'90°52'1 900C2   16030

Méthode de collecte : A = directe, en grimpant dans l'arbre.
B = directe, sur des arbres sélectionnés dans les périmètres d'abattage.
C1 = indirecte, par un autre collecteur sur des arbres abattus dans des peuplements en exploitation, sélectionnés et approuvés.
C2 = indirecte, par don ou achat dans des périmètres non inspectés.

COLLECTIONS DU C.F.I.
Liste de semences obtenues d'octobre 1970 à juillet 1971
(Les renseignements entre parenthèses sont approximatifs)

EssencesGraine NoPaysLatitude
(N)
Longitude
(O)
Altitude
(m)
Hauteur des pluies(mm)Nombre d'arbresPoids (g)
P. oocarpaK 31Nicaragua13°42'86°35'1000  900  36-
      "K 32"12°50'86°18'1000  950  38-
      "K 34Guatemala15°01'90°09'1100  800111 -
      "K 35Honduras14°07'87°04'1300  950114-
      "K 36"13°58'86°59'10001100(120)-
      "K 42Nicaragua12°55'85°47'  9001400  46-
      "K 43Guatemala14°42'89°57'1300  950  43-
      "K 44Nicaragua(13°12')(86°06')11001500  (60)-
      "K 45Honduras(14°32')(87°45')11001250(100)-
      "K 46Guatemala15°02'90°16'1300  800  25-
      "K 47"14°28'89°28'1000(1000)  34-
      "K 48"15°13'91°32'(1700)(1000)  39-
P caribaeaK 52Nicaragua12°13'83°42'<10   4000  30  125
      "K 53"12°58'83°34'<10   4000  60  500
      "K 54Honduras Rep.15°34'86°44'600   1000  701500
      "K 56"14°03'86°42'700     660  672000
      "K 57"15°06'85°37'550   1500  602400
      "K 58"15°45'84°40'<10   2800  932700
      "K 59"16°28'85°54'50–100     2300  582250
      "K 60"15°20'88°25'650   1200  352600
      "K 61Nicaragua13°48'86°12'700   1600  854000
      "K 62"13°34'84°17'30–50       2900-4250

PAYS PARTICIPANT AUX ESSAIS INTERNATIONAUX DE PROVENANCE DU C.F.I., AU DEBUT DE 1972

 Pinus kesiyaP. oocarpa et P. caribaea
Angolaxx
Argentine-x
Australie:  
 1) Nouvelles-Galles du Sudx-
 2) Territoire du Nordxx
 3) Queenslandxx
Brésil-x
Camerounx-
Ceylan-x
Chine (Taïwan)x-
Congo (Brazzaville)xx
Costa Rica-x
Côte-d'Ivoire-x
Cuba-x
Danemarkx-
Pakistan oriental (ex)xx
Equateur-x
Ethiopiex-
Fidjix-
Guyanex-
Index-
Indonésie-x
Jamaïquex-
Kényaxx
Madagascarxx
Malawix-
Malaisie :  
 1) Sabahxx
 2) Malaisie occidentalexx
Nouvelle-Calédoniex-
Nouvelles-Hébridesx-
Nigeriaxx
Papua et Nouvelle-Guinéex-
Philippinesxx
Porto Rico 1xx
Rhodésiexx
San Salvadorx-
Afrique du Sudxx
Surinam-x
Swazilandx-
Tanzaniexx
Thaïlande-x
Togox-
Ougandaxx
Royaume-Unix-
Venezuelaxx
Zambiexx

1 Pour l'arboretum


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