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Annexe I
CONSERVATION DES RESSOURCES GENETIQUES
GROUPE DE TRAVAIL DE L'IUFRO S2.02.2
Fiche de renseignements

par

J.W. Turnbull
Forest Research Institute
Forestry and Timber Bureau
Banks St.
Yarralumla, A.C.T., Australia

Eucalyptus globulus Labill. Eucalyptus bleu (Eucalyptus bleu de Tasmanie)

MYRTACEES (SOUS-EMBRANCHEMENT: LEPTOSPERMOIDEES)

Description: Arbre de taille moyenne à grande, d'environ 60 m de hauteur et 2,25 m de diamètre. Fûts rugueux et fissurés jusqu'à 3 m de la base, le reste du tronc, ainsi que les branches, se décortiquant en longues bandes mettant à nu une surface lisse gris-bleu.

Feuillage hétérophylle; les jeunes feuilles sont opposées, sessiles, à base cordiforme à amplexicaule; contour ové ou largement lancéolé; bord entier; sommet arrondi ou apiciforme. Les feuilles sont recouvertes d'une pruine grise et cireuse et mesurent 8–15 cm × 5–10 cm. Les feuilles adultes sont alternes, pétiolées, lancéolées ou falciformes; sommet acuminé; bord entier. Les feuilles sont d'aspect sombre, de couleur vert brillant et mesurent 12–30 cm × 2–4 cm.

Fleurs axillaires, ordinairement solitaires, à pédoncule très court ou rudimentaire. Les boutons des fleurs ont la forme d'un casque à 4 côtes; ils sont verruqueux, à surface pruineuse et mesurent 1,5 – 3,0 cm × 1 – 2 cm. Anthères très nombreuses, se déployant et de couleur blanc-crème. Fruit capsulaire, ligneux, de 2,5 cm de diamètre, généralement en forme de toupie ou globeux, sessile et ayant un large disque plat ou épaissi de forme convexe s'étendant par-dessus les valves. La capsule est verruqueuse, pruineuse, à 4 côtes. Les graines sont petites: 70 graines environ par gramme.

Illustrations: Voir Maiden (1914), Kelly (1969), Hall, Johnston et Chippendale (1970).

Aire naturelle et écologie: L'eucalyptus bleu est une espèce dominante ou sous-dominante dans les forêts de sclérophylles humides et tempérées. On le trouve rarement en vastes peuplements purs, étant généralement associé à d'autres espèces d'eucalyptus. Dans une certaine zone, il se trouve étroitement assujetti à une gamme restreinte d'habitats, de sorte qu'il en résulte la formation d'une mosaïque composée de peuplements locaux de E. globulus séparés par des peuplements d'espèces occupant des habitats différents (Kirpatrick, 1973).

Dans les parties les plus fraîches de son aire de répartition, cet eucalyptus se rencontre dans les régions vallonnées au voisinage des côtes, mais dans les parties plus chaudes on le trouve dans les vallées humides des régions montagneuses. Il vient le mieux dans les sols moyennement profonds, bien drainés, mais il tolère aussi les sols de qualité médiocre. Les précipitations annuelles sont de l'ordre de 550 à 950 mm.

Répartition actuelle: Cette espèce se rencontre principalement en Tasmanie orientale à des altitudes de 0 à 500 m au-dessus du niveau de la mer. Elle est moins répandue dans les îles Flinders, King et Rodondo dans le détroit de Bass, et on trouve de très petits peuplements isolés qui ont réussi à survivre sur la côte occidentale de la Tasmanie. On en trouve, mais peu, dans l'Etat de Victoria, dans les Otway Ranges et dans le sud de Gippsland. La répartition des populations dans le Victoria est cependant fragmentée, la situation devenant encore plus compliquée du fait de la présence de populations intermédiaires d'E. globulus classées comme E. pseudoglobulus dans le Gippsland méridional et comme E. biscotata (st. Johnii) dans les Otway Ranges (Kirkpatrick, 1971, 1973).

Dans les premières publications faisant mention de cette espèce dans la partie la plus septentrionale de l'Etat de Victoria et dans le sud de la Nouvelle-Galles du Sud, on la confondait avec l'espèce très voisine E. biscotata.

Situation actuelle: L'eucalyptus bleu n'est pas une espèce menacée. Toutefois, certaines, parmi les petites populations, ne peuvent pas être considérées hors de danger. L'aire relativement étendue d'E. globulus sur la côte orientale de Tasmanie figure en bonne place dans les Réserves forestières domaniales et ne semble pas menacée à l'époque actuelle, bien que les tailles de menu bois puissent à la longue réduire la dimension de ces populations. Les populations des hautes altitudes de Tasmanie (450 – 500 m) sont sur des terres appartenant à des particuliers et ne peuvent être considérées comme totalement hors de danger. Les très petits peuplements qui ont survécu sur la côte occidentale de la Tasmanie mériteraient qu'on se soucie de leur conservation.

Avant la colonisation, E. globulus était l'espèce dominante dans les forêts de King Island. Cette forêt a été brûlée depuis et complètement rasée; un petit nombre d'E. globulus subsistent encore. La population de l'île Flinders fait partiellement partie d'un parc national. Quant à la petite population de l'île inhabitée Rodondo, elle est demeurée intacte bien que son aptitude à se régénérer semble dépendre de la fréquence des incendies occasionnels provoqués par la foudre.

C'est dans l'Etat de Victoria que l'E. globulus est le plus menacé. Les populations des Otway Ranges sont relativement hors de danger, vu que certaines d'entre elles font partie des parcs de la Commission des forêts, mais on pratique des coupes dans les terres en pente de l'intérieur pour y mettre des pins. Dans le sud du Gippsland, les populations, hormis celles du parc national du promontoire Wilson, n'échappent pas à la menace. Des populations distinctes, intermédiaires entre E. globulus et E. pseudoglobulus autour de Yarran et de Neerim Sud sont installées dans des terres appartenant à des particuliers, à l'exception éventuellement de quelques corridors riverains. Il y a des populations dans les forêts domaniales des montagnes au nord de la vallée de Latrobe. Sur les côtes septentrionales des montagnes du Gippsland méridional, les coupes pratiquées dans les forêts et le remplacement des essences par des conifères constituent une menace pour les populations de E. regnans ou de E. globulus d'origine tasmanienne. Dans les forêts domaniales, les coupes et les désaffections laissent prévoir une menace dans l'avenir. Une population est conservée dans le parc national de Morwell dans la zone du Gippsland méridional.

Mesures de protection déjà prises; mesures recommandées

Il y a de nombreuses populations d'E. globulus dans les parcs nationaux et les parcs forestiers. Ces populations garantiront la survivance de l'espèce et de beaucoup de ses variations génétiques.

Il y a quelques populations distinctes dans le Gippsland méridional et en Tasmanie dont la survivance paraît incertaine. Dans le cas où ces populations sont installées dans des terres domaniales, leur survivance pourrait être assurée par la création d'une ou de plusieurs réserves par les autorités locales. Mais lorsqu'elles se trouvent dans des terres appartenant à des particuliers, il n'est pas certain qu'on puisse assurer leur conservation in situ; la collecte de graines d'un grand nombre de sujets et l'installation d'une plantation dans une zone réservée constitueraient un moyen plus pratique pour conserver la ressource génétique de ces populations.

Culture: E. globulus peut être facilement élevé à partir de la graine, c'est le seul moyen pratique de le cultiver. Les graines mettent de 5 à 8 jours pour germer et les semis peuvent être empotés au bout de six semaines environ. Le repiquage peut être effectué dès que les jeunes plants ont bien pris racine.

Valeur: Le bois est utilisé dans la petite et la grosse construction et il est très apprécié dans les usages qui nécessitent le ployage ou le cintrage. Il sert à faire des pieux, des piquets, des traverses et il est employé dans la manufacture de la pâte et du papier. Hors de l'Australie, cette essence est l'une de celles qui font l'objet des plantations les plus répandues parmi les eucalyptus et elle constitue la base des industries forestières dans certains pays.

Références bibliographiques:

Blakely, W.F. (1965) A key to the Eucalypts. 3rd Ed. Forestry and Timber Bureau, Canberra.

Curtis, Winifred M. (1956) The Students Flora of Tasmania. Vol. I. Govt. Printer, Hobart.

Hall, N., Johnston, R.D. and Chippendale, G.M. (1970) The natural occurrence of the eucalypts. Leaft. No. 65. 2nd Ed. For. Timb. Bur. Canberra.

Kelly, S. (1969) Eucalypts. Thomas Nelson. Melbourne.

Kirkpatrick, J.B. (1971) A probable Hybrid Swarm in Eucalyptus. Silvae Genet. 20: 157–159.

Kirkpatrick, J.B. (1973) Geographic variation in Eucalyptus globulus Labill. Vols. I and II, PhD. Thesis. Univ. Melbourne (unpublished).

Maiden, J.H. (1974) A critical revision of the genus Eucalyptus. Vol. II. Govt. Printer, Sydney.


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