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Les forestiers et le public

Cet article est extrait du rapport de la Conférence australienne pour le bois, avril 1974.

Les raisons qui gouvernent l'aménagement ou l'exploitation d'une forêt doivent être clairement expliquées au public.

L'utilisation multiple des richesses forestières éveille la curiosité du public pour leur aménagement et même son désir de participer aux décisions à ce sujet.

Les gens utilisent le bois, traditionnellement le produit principal de la forêt, sous ses diverses formes, mais il leur arrive en général au bout de la chaîne d'approvisionnement, à un point très éloigné de la forêt. Dès lors qu'ils peuvent se procurer du bois ou autres produits forestiers sous la forme et dans les dimensions requises, à un prix raisonnable, peu leur importe comment il leur parvient: c'est là l'affaire du forestier et du marchand de bois.

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Cependant, dès qu'il se rend compte que la forêt offre d'autres bienfaits, comme l'eau, des possibilités de délassement et des joies esthétiques, le public en vient à s'y intéresser directement et à tout ce qui s'y passe. Et c'est à œ moment que les gestionnaires de la forêt devraient participer activement à ce qu'on pourrait appeler un programme de relations publiques, mais qui, en fait, devrait aller bien au-delà pour englober l'éducation, l'explication et l'interprétation des choses de la forêt sous tous leurs aspects, et, en général, prévoir aussi un contact permanent avec le public pour connaître ses préférences, ses aspirations et ses idées.

Le premier point, et le plus important, est que les relations publiques sont sans utilité en l'absence du concret. Non seulement le gestionnaire forestier doit dire ce qu'il fait, et pourquoi, mais ses assertions doivent être corroborées sur place. Il ne faut pas non plus oublier que lui-même, comme ceux qui travaillent avec lui ou sous sa direction, quoi qu'ils fassent, ne sont pas infaillibles. Ils peuvent donc se tromper à l'occasion. Dans ce cas, le gestionnaire doit être prêt à admettre qu'une erreur s'est produite, à en tirer un enseignement et à prendre les mesures voulues pour que cela ne se reproduise pas. En bref, il lui faut être franc et accorder ses paroles et ses actes.

Question de goût

Les gestionnaires forestiers doivent être conscients de ce que beaucoup de gens, en visitant une forêt commerciale pour la première fois, sont choqués par l'aspect d'une coupe en exploitation. Certains peuvent être mis en joie par le ronflement du gros matériel d'exploitation, par les fracas des arbres qui tombent, par l'odeur des gaz d'échappement, du bois fraîchement coupé et de la terre arrachée par les tracteurs, et par toute l'activité que comporte l'exploitation forestière. En revanche, beaucoup trouvent tout cela laid ou répugnant. Le gestionnaire forestier ne doit pas s'en étonner, mais être prêt à expliquer, par tous les moyens appropriés, qu'il s'agit seulement d'une partie du processus grâce auquel les forêts sont aménagées et le bois acheminé vers l'utilisateur. Bien entendu, cet état de choses n'est pas particulier à la foresterie: on ne peu guère dire qu'un abattoir soit aussi attrayant qu'un troupeau de Herefords paissant dans une luxuriante prairie ombragée d'arbres.

Ce travail d'explication, ou d'interprétation, peut être réalisé de différentes façons, dans la forêt même et en dehors; il peut se faire par le truchement de brochures et de tracts, par des expositions, des causeries et des conférences, des articles dans la presse, des visites guidées, des panneaux d'information. Bien qu'il s'agisse de problèmes de la forêt et d'aménagement forestier, c'est souvent la tâche des professionnels de la communication: éducateurs, journalistes, spécialistes des arts graphiques, photographes, qui doivent s'y employer de façon claire et intéressante, et là encore en se basant sur ce que l'on peut voir dans la forêt elle-même.

Franche communication

L'utilisation multiple met le forestier en contact direct avec une large fraction du public qui cherche à utiliser la forêt à des fins variées. Il faut faire en sorte qu'une franche communication s'établisse dans les deux sens: que non seulement les forestiers renseignent et éduquent les visiteurs pour ce qui touche à la forêt, mais aussi que les promeneurs aient la possibilité d'exprimer leurs vues et leurs idées avec de bonnes chances que les opinions valables et raisonnables seront retenues et prises en considération. A cet égard, on pourra envisager la création de comités consultatifs, avec une participation correspondant à l'intérêt local, dans certaines zones forestières très parcourues par le public; la consultation périodique d'associations ou de groupements spécialisés qui font un usage fréquent de la forêt - groupes récréatifs, sportifs ou personnes s'intéressant à l'histoire naturelle; et, bien sûr, les diverses techniques d'échantillonnage des visiteurs qui sont à la base d'un courant continu d'articles techniques sur la récréation en forêt.

Il importe d'explorer et d'exploiter les voies qui permettront au public de faire sien l'aménagement de la forêt, de même que toute autre voie qui aidera le forestier à mieux comprendre et apprécier le rôle d'un public cherchant à enrichir la qualité de la vie par la fréquentation de la forêt.


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