par
D.X. Destremau et R. Bellefontaine
(Juillet 1974)
1. Introduction
Le plan national de reboisement imposait à la Station de Recherches Forestières certaines orientations :
Concentration de l'effort de recherche sur cinq espèces de pins et trois d'Eucalyptus : P. pinaster, P. canariensis, P. halepensis, P. pinea, P. brutia, E. camaldulensis, E. gomphocephala et E. grandis :
comportement de ces espèces de reboisement,
reconnaissance de l'aire naturelle marocaine pour P. pinaster, P. halepensis et mise en compétition des différentes provenances ainsi déterminées,
essais comparatifs de provenances et production de graines améliorées pour les autres espèces citées ci-dessus.
Pour les espèces dites secondaires, mise en place d'essais comparatifs; il s'agit principalement de pins mexicains et américains, du cèdre et du cyprès de l'Atlas; pour ces deux dernières espèces, les peuplements naturels ont également été recensés.
Depuis 1970, tous les essais sont installés suivant des dispositifs statistiques modernes.
2. Les résineux
2.1 Pinus pinaster
Vingt-quatre provenances, tant atlantiques que continentales, dont 9 peuplements de semenciers ont été répertoriées et mises en compétition avec des provenances françaises, portugaises, tunisiennes (et parfois, italiennes et espagnoles) dans des essais multistationnels (2, 3); un conservatoire de gènes (provenances) a été créé. Les origines portugaises (Leiria) et tunisiennes (Aïn Baccouch) dominent nettement dans la région atlantique, jusqu'à 1000 mètres d'altitude; au-delà et dans les climats continentaux, les provenances montagnardes semblent mieux adaptées.
Deux tests de descendances, respectivement de 6 et 20 descendances maternelles de Leiria et d'Aïn Baccouch ont été installés dans 2 stations.
L'hybridation artificielle Leiria X Aïn Baccouch sera tentée au printemps 1975.
Une parcelle de 20 hectares plantée en 1959, d'origine portugaise (Leiria ?) a fait l'objet d'une sélection sévère avec comme critère, vigueur et densité du bois; 30 arbres ont été retenus; la récolte des cônes a été effectuée cette année et le sera encore, les deux années suivantes, ce qui permettra d'asseoir un test de descendances, répété 3 années consécutivement.
Ces 30 arbres, considérés comme producteurs, seront greffés en 1976 dans un verger à graines, dans lequel le géniteur sera le meilleur clône (no 41) du test de descendance de Leiria cité ci-dessus.
2.2 Pinus canariensis
Dix provenances de l'île de Ténériffe et une de la Palma sont comparées avec 3 provenances marocaines artificielles.
Un conservatoire est en cours d'installation.
Trente lots de la région située au sud du 28o 44' dans l'île de la Palma complètent les essais actuels; les provenances situées au nord du 28o 44' seront semées durant cet hiver.
On envisage, à courte échéance, la récolte des graines des provenances des autres îles Canaries, la création d'un peuplement de semenciers de la meilleure origine et l'installation d'un verger à graines de semis.
L'hybridation artificielle P. canariensis x P. roxburghii a été tentée en 1974.
2.3 Pinus halepensis, P. brutia, P. eldarica
La recherche des peuplements naturels de pins d'Alep a conduit à la récolte de graines de 27 provenances (2), qui seront mises en concurrence en 1975, avec des origines étrangères du P. halepensis et P. brutia, conformément au projet No 4 du Comité FAO de coordination des recherches forestières dans la région méditerranéenne.
Les peuplements de semenciers seront déterminés en 1975.
Le conservatoire de Chatba sera complété cette année.
Pour le P. eldarica, nous demandons le concours des pays méditerranéens en vue d'organiser des essais de provenances.
2.4 Pinus div. sp. (5)
En ce qui concerne P. pinea, P. nigra et P. coulteri, l'installation des premiers essais de provenances sera effectuée durant l'hiver 1974.
Les provenances californiennes de la collection Shelbourne de P. radiata ont été plantées en 1972 et les origines artificielles, en 1973.
Des demandes d'échange d'échantillons de graines ont été lancées à divers pays pour P. pseudostrobus, P. patula, P. greggii, P. torreyana, P. caribaea, P. oocarpa et P. ponderosa. Ces 7 espèces sont actuellement considérées comme essences de réserve.
2.5 Cedrus atlantica et Cupressus atlantica
Leur aire marocaine a été divisée respectivement en 16 et 17 provenances, testées depuis 1973 dans des essais multistationnels de provenances (2, 6).
16 peuplement de semenciers de cèdre sont fixés; en ce qui concerne le cyprès, ils le seront en 1976.
Un test de descendances de cèdres du Mont Ventoux (France) sera réalisé en 1975.
3. FEUILLUS
3.1 Eucalyptus camaldulensis
La provenance “Lake Albacutya” (L.A.) se détache très nettement du lot des 25 origines australiennes de l'essai international de Sidi Slimane (1, 7); à 7 ans, les gains obtenus sur le diamètres à 1,3 m sont de l'ordre de 27 %, par rapport à la moyenne générale des diamètres moyens des 25 provenances. L'accroissement annuel à l'hectare escompté serait deux à trois fois supérieur à la production actuelle; on passerait ainsi de 5 à 13 m3/ha/an.
L'exploitation à 8 ans (1975) permettra de réaliser différentes études : qualité du bois, rejets, etc..
Un test clonal L.A. (24 clônes) a été greffé en Mamora; 6 à 18 clônes sont encore attendus des pays participants à cet essai international.
Le verger à graines L.A. entrera en production en 1977 et remplacera l'ancien verger triclonal.
Un test de 18 descendances maternelles (des provenances : L.A. et Lake Coorong = lac voisin du lac Albacutya), de 10 ha, en carré latin de 18 × 18 fournira les premiers résultats cette année.
La reprise du bouturage herbacé (4) a pour but de surmonter les dernières difficultés avant de lancer le bouturage de la provenance L.A. à l'échelle industrielle en 1975–76.
3.2 E. gomphocephala
La sélection a été axée jusqu'à présent sur la vigueur et les qualités technologiques de certains sujets, sélectionnés dans les reboisements locaux.
L'ancien verger biclonal est abandonné.
Deux provenances australiennes (26 descendances) attendues pour juillet 1974, permettront d'installer des essais multistationnels de provenances.
3.3 E. grandis
Trois provenances naturelles (28 descendances) seront mises en compétition avec deux provenances artificielles en hiver 1974 dans différents sites du Maroc.
3.4 Populus alba
Depuis 1955, 140 clônes de peupliers blancs naturels ou sub-spontanés prélevés dans toute l'aire marocaine ont été bouturés (bouturage très aisée !) et constituent actuellement de magnifiques collections; après sélection (rectitude et vigueur), vingt clônes seront mis en compétition en 1975 selon des dispositifs statistiques modernes.
Bibliographie
1. DESTREMAU, D.X., JOLLY, H. et KORBA, M. Les enseignements de l'essai comparatif de provenances d'Eucalyptus camaldulensis de Sidi Slimane. Ann. Rech. For. Maroc, tome 13, pp. 121–154, 1973.
2. DESTREMAU, D.X., JOLLY, H. et KORBA, M. Précisions sur les aires naturelles des principaux conifères marocains en vue de l'individualisation des provenances. Ann. Rech. For. Maroc, tome 14 (“sous presse”), 1974.
3. DESTREMAU, D.X., JOLLY, H. et TAHRI, M. Contribution à la connaissance des provenances de Pinus pinaster. Ann. Rech. For. Maroc, tome 15 (“sous presse”), 1974.
4. FRANCLET, A. Premiers travaux d'amélioration génétique des Eucalyptus. Ann. Rech. For. Maroc, tome 4, fasc. 1, pp. 63 – 86, 1956.
5. LACAZE, J.F. Essences résineuses californiennes susceptibles de s'acclimater au Maroc. Ann. Rech. For. Maroc, tome 1, pp. 91 – 136, 1951.
6. PUJOS, A. Les milieux de la cédraie marocaine. Ann. Rech. For. Maroc, tome 8, pp. 1 – 238, 1964.
7. Eucalyptus camaldulensis dans la région méditerranéenne et en Afrique. FAO, Informations sur les ressources génétiques forestières, No 2, pp. 43 – 44, 1973.
8. Collectes de semences de pins dans la région méditerranéenne. Informations sur les ressources génétiques forestières, No 2, FAO, pp. 68 – 69, 1973.
