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La recherche forestière dans les pays en développement

Dans les pays en développement, la recherche forestière en est encore aux premiers stades. L'auteur étudie les types d'organisation nécessaires, les points sur lesquels la gestion des organismes de recherche diffère dans les pays en développement et dans les pays développés, les problèmes et les situations que l'on peut s'attendre à rencontrer dans les organisations de recherche du tiers monde. Cet article est adapté d'un document présenté à l'IUFRO.

D.E. Iyamabo

M. Iyamabo est directeur du département fédéral de la recherche forestière du Nigeria.

La recherche, toujours coûteuse en ressources financières et en ressources humaines spécialisées, l'est particulièrement dans les pays en développement. Certains d'entre eux ne sont pas encore assez riches pour s'offrir de bons établissements de recherche. D'autres ont hérité des organisations de recherche importantes de leur ancienne administration coloniale et s'arrangent pour les perpétuer bien qu'ils aient à peine les moyens de les financer.

La foresterie scientifique remonte à peu de temps dans beaucoup de pays en développement et, en général, elle y est beaucoup plus récente que dans les pays développés. L'histoire de la recherche forestière est encore plus brève. La gestion de la recherche forestière n'a donc pas eu le temps d'évoluer et d'acquérir des traditions bien nettes. Dans certains cas, elle manque de caractère propre, de personnalité, et même de continuité. En outre, dans les pays en développement, les forêts, qui sont pour la plupart des forêts tropicales mixtes, constituent certains des écosystèmes les moins connus du monde.

Le cadre institutionnel de la recherche forestière dans les pays en développement est déterminé dans une grande mesure par la situation économique et politique ainsi que par l'histoire coloniale antérieure. En général, la recherche est entreprise par:

- Des divisions de la recherche faisant partie des départements forestiers de l'administration nationale.

- Des services de la recherche ayant le statut de département.

- Des instituts étatiques de recherche semi-autonomes.

- Des facultés de foresterie, de botanique ou de science appliquée.

- Des industries forestières et des industries des produits forestiers.

- Des organisations régionales de recherche.

Les divisions de la recherche dépendant d'un département forestier constituent le cas le plus général. Il y a de nombreux services de la recherche possédant le statut de département. Les instituts de recherche semi-autonomes sont rares.

La recherche industrielle, habituellement, est à petite échelle ou inexistante et, comme ailleurs, elle est axée sur les produits. La recherche universitaire est limitée parce que les universités sont rares et les facultés forestières encore plus rares. En outre, le personnel doit consacrer une partie de son temps aux fonctions enseignantes et il choisit librement ses sujets de recherche.

Dans les instituts de recherche financés par l'Etat, le contrôle général est confié à un conseil de direction: il approuve les dépenses, les programmes de recherche, les promotions, les nominations aux postes supérieurs, les règles disciplinaires, etc. Le directeur de l'institut a des pouvoirs de décision étendus et jouit d'une liberté d'action considérable. Il n'est pas assujetti à des contrôles stricts et, par conséquent, il peut faire preuve d'efficacité dans l'exécution des programmes de recherche et dans des activités de gestion annexes, telles que construction de locaux et achat d'équipement. En revanche, un département de la recherche est assujetti aux procédures de l'administration nationale et aux formalités bureaucratiques. Le directeur du département est placé sous le contrôle du ministère et sous la surveillance supplémentaire de la commission de la fonction publique, du ministère de la fonction publique et du ministère des finances pour ce qui concerne divers aspects de sa gestion. Ces contrôles aggravent les difficultés administratives et empêchent le directeur d'exécuter efficacement les programmes de recherche et autres programmes. Une division de la recherche subordonnée à un service forestier est dans une situation encore plus défavorable. Son chef est soumis non seulement aux autres pressions extérieures mais également à l'autorité du chef du service forestier.

La nécessité de coordonner les efforts de recherche au plan national et d'éviter les doubles emplois a amené plusieurs pays en développement à créer des conseils de la recherche agricole, des conseils de la science et de la technologie ou des organes analogues chargés de formuler les politiques nationales de la recherche et de coordonner les activités nationales de recherche. Dans les pays en développement, ces conseils sont toujours d'origine plus ou moins récente et, dans certains d'entre eux, ils sont encore en voie de formation. Ces conseils ont donné des résultats variables mais on connaît déjà leurs forts et leurs faibles. Il veiller à ce que la création d'un conseil ne remplace pas les difficultés de gestion d'un département de la recherche par des problèmes encore plus épineux.

Contrairement à ce qui se passe pour la recherche agricole, il existe peu d'instituts régionaux de la recherche forestière dans les pays en développement. Les deux plus connus sont la East African Agricultural and Forestry Research Organization (EAAFRO) de Nairobi, et le Centro Tropical de Enséñanza e Investigación de Turrialba, Costa Rica. Le Centre technique forestier tropical (CTFT) de Paris a des antennes dans les pays francophones d'Afrique. L'EAAFRO et le CTFT ont été créés à l'époque coloniale et ont survécu depuis, mais on ignore si à l'avenir on assistera à une expansion de ces organismes ou à la création de nouveaux. L'évolution du secteur agricole donnera probablement le ton à la foresterie.

La coopération régionale est très souhaitable entre pays appartenant à des zones écologiques identiques parce que les problèmes y sont en général analogues. Etant donné que les ressources disponibles pour la recherche sont habituellement limitées, il est indiqué d'établir une coopération étroite entre les programmes de recherche et même de chercher à les intégrer. Beaucoup de problèmes urgents doivent être résolus, et il ne faut pas différer la solution jusqu'à l'époque où chaque pays aura constitué ses propres moyens de recherche et son propre personnel. Néanmoins, l'intégration et même la coopération étroite dépendent en général de considérations politiques, de priorités nationales et d'autres facteurs de caractère non technique.

Il faut établir une distinction entre les organisations régionales de recherche qui appliquent des programmes centralisés en faveur de nombreux pays, d'une part, et la coopération régionale ou la coordination régionale des programmes nationaux de recherche, d'autre part. La seconde solution est facilement acceptable et elle a toute chance de se développer. Plusieurs programmes de ce genre ont déjà été réalisés dans les pays en développement. Certains d'entre eux bénéficient de soutiens dans la région elle-même, par exemple de la part de l'Organisation des Etats américains et de l'Organisation de l'unité africaine. D'autres programmes sont appuyés par des organismes des Nations Unies et par des pays tels que le Royaume-Uni et la France. Les directeurs des institutions de recherche peuvent promouvoir la coopération régionale dans la recherche en dépit des problèmes bureaucratiques nationaux. On peut espérer qu'avec le temps ces difficultés disparaîtront progressivement et laisseront la place à une coopération élargie.

Les écosystèmes les moins connus se trouvent dans les pays en développement

Parmi les problèmes qui se prêtent à la coopération régionale on peut citer: l'amélioration des forêts tropicales, le boisement des zones semi-arides, l'étude des rideaux-abris et de leurs effets sur l'environnement, les essais de provenance et les mesures de lutte contre les ravageurs, par exemple Hypsipyla de l'acajou. Les réunions régionales, les programmes de formation régionaux, l'échange d'informations, les programmes de traduction, les associations de spécialistes des sciences forestières peuvent donner également de très bons résultats.

En général, un pays en développement possède une seule organisation de recherche forestière, qui étudie tous les aspects de la foresterie et de la production forestière et qui, dans bien des cas, s'intéresse aussi à la faune sauvage et, également, à la formation professionnelle. Tout progrès accompli dans l'un ou plusieurs de ces compartiments de son activité peut avoir des conséquences importantes. D'un autre côté, la pluviosité, la température, l'état général des sols et l'ensoleillement, dans certaines parties des tropiques, offrent des conditions plus favorables à une croissance rapide des arbres que dans la plupart des autres parties du monde. En conséquence, les recherches de sylviculture et de génétique forestière peuvent donner assez rapidement des résultats qui se feraient peut-être attendre longtemps ailleurs.

Les principaux écosystèmes qui se rencontrent dans les pays en développement sont les forêts tropicales humides et les écosystèmes arides et semi-arides. Les deux derniers sont caractérisés par les conditions naturelles qui limitent gravement la croissance végétale. Dans tout ce domaine, la recherche n'est pas très en avance sur la pratique forestière, et le chercheur est constamment pressé de donner des avis sur des problèmes concernant lesquels l'expérimentation est incomplète ou même inexistante. Ces avis serviront parfois de base à des décisions importantes dans le domaine de la mise en valeur.

S'il veut édifier rapidement une bonne institution de recherche, le directeur doit combattre sur beaucoup de fronts à la fois. L'expansion des laboratoires et autres moyens matériels, la création de nouvelles stations de terrain, la fourniture de transports, l'achat de matériel de recherche et autres biens nécessaires, le recrutement et la formation du personnel soulèvent des difficultés d'une nature et d'une ampleur rarement connues dans les pays développés. Il faut également établir des liens avec d'autres institutions nationales et internationales de recherche et avec des organisations comme la FAO, l'Unesco, l'IUFRO et l'UICN. Cependant, ces liens n'ont d'utilité que si la qualité des recherches entreprises est suffisamment élevée pour être acceptable. Cela n'est pas facile étant donné les restrictions de personnel, les limitations budgétaires et autres facteurs qui gênent les institutions internationales.

L'assistance technique a joué un rôle important dans le développement de la recherche forestière dans les pays en développement. Cette assistance, à la fois bilatérale et multilatérale, a comporté des aspects divers: fourniture d'experts chargés de résoudre des problèmes techniques particuliers, fourniture de matériel, formation avancée et spécialisée, création de conseils de la recherche. Il est probable que l'assistance technique continuera à jouer un rôle important dans la recherche forestière des pays en développement parce que la nécessité d'accélérer le développement contraint à lancer des programmes de recherche simultanément sur des fronts multiples et aussi parce que certains programmes internationaux de recherche ont une portée mondiale, par exemple le programme de l'Unesco «L'homme et la biosphère».

Autrefois, les experts de l'assistance technique exécutaient seuls des missions aboutissant à des rapports aux gouvernements bénéficiaires. On a pris ensuite l'habitude d'attacher aux experts étrangers des homologues qualifiés, quoique peut-être inexpérimentés, qui peuvent continuer le projet après le départ de l'expert. Actuellement, certains pays donateurs préfèrent même que tout le travail soit, si possible, exécuté par des ressortissants du pays bénéficiaire, et les experts étrangers sont alors uniquement affectés à des missions consultatives à court terme.

Etant donné que les pays en développement connaissent des problèmes particuliers en matière de recherche forestière, il est peut-être utile d'étudier certains des problèmes les plus habituels.

· Planification: Beaucoup de pays en développement ne possèdent pas de plans nationaux de mise en valeur complets et intégrés. Les plans, s'ils existent, sont principalement sectoriels, c'est-à-dire qu'ils s'intéressent aux besoins de secteurs particuliers en négligeant les besoins de secteurs apparentes. En outre, dans presque tous les pays, on ne possède pas de données adéquates pouvant servir de base aux plans de développement. Dans ces conditions, il est difficile de formuler des programmes de recherche répondant aux besoins de la nation. Il faut éviter de se lancer dans un grand nombre de petits projets de recherche non coordonnés. Il faut élaborer et observer des priorités, tout en gardant une marge de manœuvre pour les cas imprévus.

Néanmoins, certains facteurs sur lesquels le directeur de la recherche n'a aucune prise nécessitent souvent une refonte importante des programmes. Par exemple, si l'Etat décide de créer une industrie de la pâte et du papier, il faudra d'urgence élargir le programme d'amélioration des essences intéressées et mettre au point un programme de recherche sur les caractéristiques de trituration d'autres essences. De même, la sécheresse qui a affligé récemment des territoires importants de pays en développement a contraint les directeurs de la recherche à mettre en route ou à remanier des programmes de recherche pour traiter les problèmes qui ont surgi à cette occasion.

· Personnel: Un des grands problèmes de la gestion de la recherche dans les pays en développement est celui du personnel. Il existe peu de chercheurs indigènes suffisamment qualifiés. La recherche attire généralement assez peu les gens parce qu'elle ne comporte pas de fonctions de direction et exige une longue période de formation, une grande agilité intellectuelle et des qualifications professionnelles élevées. Les scientifiques compétents peuvent opter pour beaucoup de situations dans l'université ou l'industrie nationale et parfois dans des pays développés. Il est par conséquent difficile de les obtenir et de les retenir. Même quand il existe des candidats, le recrutement dans les administrations publiques est parfois si long que le candidat finalement se tourne ailleurs. Etant donné la pénurie de personnel scientifique convenable, les institutions de recherche des pays en développement recrutent généralement de jeunes diplômés très novices. Il faut ensuite les perfectionner pendant de longues périodes avant qu'ils deviennent pleinement efficaces.

Par malheur, les bureaux de recherche de l'administration publique sont souvent désavantagés, sous le rapport des traitements et autres conditions de service, par rapport aux universités, aux sociétés publiques et à certaines industries financées elles-mêmes par l'Etat. En outre, les universités attirent les chercheurs parce qu'ils peuvent opter pour les sujets qui les intéressent tandis que, dans une administration publique, la recherche doit porter sur les problèmes nationaux qui sont du ressort de ladite administration. Le personnel des services de recherche des administrations publiques tend donc régulièrement à émigrer vers ces autres organismes. Chose pire encore, cet exode se produit généralement quand les savants ont atteint leur stade le plus fécond. Les démissions et mutations laissent des lacunes qui ne peuvent être comblées immédiatement et les programmes des institutions en souffrent.

Il faut mentionner aussi l'insuffisance du personnel de direction et de secrétariat, problème qui ne se pose pas dans les pays développés. Bien que ces personnels jouent un rôle capital, les gouvernements de pays en développement, par malheur, se préoccupent généralement assez peu de les former. Par conséquent, ils sont difficiles à trouver et le directeur de la recherche est obligé de payer de sa personne plus que ses collègues de pays développés.

L'urgence des besoins nationaux dicte souvent les priorités de la recherche dans les pays en développement

· Excès de centralisation: Les organes de recherche, dans la plupart des pays en développement, sont soit des bureaux du service forestier, soit des départements à part entière. Les plus grandes difficultés de gestion de ces organes sont liées aux pratiques de l'administration nationale. Ces pratiques sont la centralisation de multiples fonctions, l'intervention de plusieurs ministères dans une action unique parfois très simple et la lenteur excessive des procédures. Ces facteurs d'inhibition font partie du système et il est difficile de les modifier. On a certainement besoin de pouvoirs modérateurs mais il devrait être possible, sans renoncer aux précautions, d'arranger le système en éliminant les goulets d'étranglement.

Citons quelques contraintes:

- La lenteur des nominations, des promotions, des procédures réglementaires. Ces mesures sont général, ment du ressort d'un organisme central très distant de l'institution de recherche et appliquant son propre système de priorités.

- De nombreuses questions de personnel, parfois simples et même banales, peuvent être confiées à un organisme extérieur à l'institution de recherche.

- Les systèmes comptables et les procédures financières d'achat et de paiement sont souvent: si compliqués qu'il faut des efforts considérables pour régler des affaires apparemment très simples. On pourrait simplifier ces procédures sans renoncer aux précautions nécessaires.

- L'exécution des programmes de construction est une des principales causes de déboires dans l'administration publique. Parfois, l'institution de recherche obtient des crédits de l'organe étatique approprié mais n'exerce aucun contrôle sur les dépenses ou sur les travaux de construction. Ces fonctions sont souvent accaparées par un organe central et il en résulte des contretemps exaspérants pour un directeur pressé de mener à bien son programme de recherche.

- La nécessité d'organiser un programme de formation complet à l'intention du personnel de recherche. Les crédits ouverts à cet effet sont parfois contrôlés par un organe étatique central et beaucoup d'autres interviennent parfois dans l'exécution du programme. Dans ces conditions, il faut faire des efforts considérables pour arriver à des résultats.

· Services auxiliaires: La gestion de la recherche est entravée par la médiocrité relative de certains services tels que postes, téléphone, transports, fournitures électriques et hydrauliques. Evidemment, ces entraves sont inhérentes - par définition - au sous-développement et il faut en tenir compte lorsque l'on envisage un projet quelconque dans un pays en développement.

· Equipement: Les installations et l'équipement destinés à la recherche dans les pays en développement sont tous fabriqués dans des pays industrialisés et sont généralement conçus pour ces pays. En conséquence, ils ne sont pas toujours parfaitement appropriés et, dans des pays où la maintenance est généralement mal organisée, un matériel coûteux risque de rester inemployé pendant de longues périodes parce qu'on ne sait pas faire une réparation très simple ou parce qu'on manque de pièces de rechange. En outre, les délais de livraison sont en général très longs, davantage, semble-t-il, que si le même équipement est commandé par un pays développé comme le pays fournisseur. Tout cela a une influence fâcheuse sur les programmes de recherche.

· Services de vulgarisation: Dans la plupart des pays en développement, les services de vulgarisation sont peu efficaces dans le secteur agricole. Dans le secteur forestier, ils sont à peu près inexistants. Bien qu'il appartienne surtout à l'administration forestière d'appliquer les résultats de la recherche en foresterie, il est nécessaire que les propriétaires fonciers, les communautés, les sociétés commerciales, etc., prennent une part active à la foresterie et pour cela il faut qu'ils soient au courant des recherches destinées à améliorer la pratique forestière et l'utilisation des produits forestiers. En général, les textes scientifiques qui font état des résultats de la recherche sont rédigés uniquement à l'intention des savants. Les conférences et les colloques, les visites aux zones de démonstration, etc., facilitent la dissémination et l'application des résultats de la recherche. L'absence d'un système de vulgarisation efficace impose un fardeau supplémentaire au directeur de la recherche s'il veut s'assurer que les résultats sont pleinement utilisés.

· Conflits du travail: Les problèmes de main-d'œuvre et les conflits du travail sont à peu près inconnus dans les institutions de recherche des pays développés. Il n'en est pas de même dans les pays en développement où l'importance relative de la main-d'œuvre fait de ce domaine un domaine vulnérable. Les activités des institutions de recherche ont été paralysées pendant de longues périodes par ces conflits.

· Centralisation des disciplines: Dans certains pays développés, plusieurs institutions de recherche s'occupent des différents aspects de la foresterie. Dans les pays en développement, une seule institution traite toutes les questions: sylviculture, génétique forestière, pathologie, sols, écologie, faune sauvage, utilisation des produits forestiers, enseignement forestier. La responsabilité est donc énorme et les connaissances exigées sont très étendues. Néanmoins, nous ne prétendons pas qu'un pays en développement doive nécessairement posséder de nombreuses institutions de recherche forestière. Si l'on dispose d'un personnel assez nombreux et bien formé, on peut exécuter dans une seule institution un programme de recherche très complet. En fait, les contacts et les interactions entre les diverses disciplines et l'institution unique se révèlent très utiles.

· Aide étrangère: L'assistance technique étrangère, dans l'ensemble, a rendu de grands services à la recherche dans les pays en développement. Toutefois, elle a dans certains cas donné naissance à des problèmes administratifs particulièrement importants. Il est nécessaire, par exemple, que les experts des pays développés soient prêts à affronter les conditions difficiles qu'ils rencontreront presque à coup sûr dans les pays en développement. Ils doivent également savoir que, les systèmes de gouvernement n'étant pas les mêmes, les procédures sont généralement plus lentes que dans leur pays. Les exigences excessives gâtent les bonnes relations.

Nous suggérons ci-après dix moyens d'améliorer la recherche forestière dans les pays en développement:

1. Il est fortement recommandé de laisser plus d'autonomie administrative aux institutions de recherche pour leur permettre de travailler plus efficacement, sans renoncer pour cela aux précautions nécessaires. Cette latitude est particulièrement nécessaire si l'on veut accélérer les nominations, les promotions, améliorer la comptabilité, faciliter l'exécution des programmes de construction.

2. Les crédits destinés au personnel, à l'équipement, aux laboratoires, aux véhicules, etc., ne sont jamais suffisants. Etant donné que la recherche joue un rôle fondamental dans le développement, il est indispensable que les institutions de recherche soient soutenues beaucoup plus énergiquement.

3. Un gros effort de formation en cours d'emploi est indispensable dans bien des domaines et pour toutes les catégories de personnel. Des cours spéciaux de formation sur les méthodes et techniques de recherche, sur le maniement des matériels et sur la rédaction des rapports doivent être organisés à l'intention des jeunes savants qui doivent traiter les problèmes nationaux. Les directeurs de projets de recherche doivent être initiés à la formulation et à l'analyse des projets. Les administrateurs de la recherche doivent suivre des cours spéciaux de formation en ce qui concerne l'organisation et la direction du personnel, l'établissement des budgets, la planification à long terme, l'encadrement général et autres questions administratives.

4. Un programme d'échange à court terme de savants entre pays développés et en développement rendra service au personnel de recherche des pays en développement. Des universitaires en congé sabbatique et des savants expérimentés détachés pour de courtes périodes pourraient collaborer avec leurs collègues des pays en développement et vice versa. Ces arrangements profiteraient à tous les intéressés.

5. Il faudrait intégrer plus étroitement les programmes de recherche avec les projets de développement afin qu'ils soient orientés vers la satisfaction des besoins nationaux. Pour y parvenir, on pourrait faire participer les directeurs de la recherche aux projets de développement dès les premiers stades de la planification. Les conseils ou comités qui adoptent les programmes de recherche devraient comprendre des planificateurs, des responsables des politiques et les principaux fonctionnaires de terrain qui exécutent ces projets de développement.

6. Dans les pays en développement plus peut-être que partout ailleurs, le personnel scientifique forestier a besoin de la coopération régionale. Celle-ci est encore très limitée. On peut stimuler la coopération en créant des groupes d'étude mixtes chargés de problèmes particuliers. Des organisations gouvernementales régionales telles que l'Organisation de l'unité africaine ou l'Organisation des Etats américains et des organisations internationales telles que l'IUFRO et la FAO, ainsi que les pays donateurs d'assistance. peuvent aider à promouvoir cette coopération, Etant donné la limitation des ressources financières et humaines des pays en développement, il est indispensable de réaliser cette coopération pour minimiser les doubles emplois et le gaspillage des efforts. Ceci est particulièrement vrai dans des régions telles que l'Afrique occidentale où les pays sont petits et appartiennent à la même zone écologique.

7. Dans beaucoup d'institutions de recherche, on tend à disperser les efforts en s'intéressant à un grand nombre d'essences, ce qui rend la recherche plus superficielle. Il est indispensable de se concentrer sur des espèces soigneusement choisies. Les progrès que le monde a pu constater dans le domaine de la recherche agricole auraient sans doute été impossibles si l'on ne s'était pas concentré sur un petit nombre de cultures vivrières.

8. Les pays en développement ont tendu à négliger de nombreux domaines de la recherche et se sont concentrés sur les problèmes biologiques de la production forestière et sur l'utilisation des bois. Parmi les secteurs négligés, on peut citer l'économie forestière, la rationalisation des travaux d'abattage et de récolte et les techniques d'aménagement. Il faut reconnaître que tous ces aspects ont également de l'importance dans le développement.

9. Dans les pays en développement, la plupart des programmes de recherche forestière sont orientés vers les applications. Néanmoins, la recherche fondamentale devrait parfois leur apporter un soutien nécessaire. La foresterie devrait profiter de l'expérience acquise dans le secteur agronomique où l'on dépend fortement des sciences pures. Les spécialistes de ces domaines devraient collaborer avec les sylviculteurs, les généticiens forestiers et les experts de l'utilisation des bois si l'on veut résoudre correctement les problèmes forestiers.

10.. Pour utiliser efficacement les résultats de la recherche, il faut que les spécialistes des sciences forestières assument des responsabilités plus larges. Les recherches de terrain doivent être étendues à de grands périmètres de démonstration où l'on pourra présenter à l'échelle pilote les résultats acquis dans les petites parcelles expérimentales. Les savants devraient participer à la solution des problèmes auxquels on se heurte lorsqu'il s'agit d'appliquer les résultats de la recherche à de grands projets de développement.

Les résultats de la recherche ne doivent pas figurer uniquement dans des rapports et autres documents destinés uniquement à la confrérie scientifique; ils doivent également être présentés sous une forme convenant au personnel de terrain. Il faudrait organiser fréquemment des réunions mixtes entre savants et forestiers de terrain et les compléter par des visites aux périmètres où l'on démontre les résultats des recherches. Les preuves visuelles convaincront plus facilement les agents de terrain.

Ces suggestions ne sont nullement exhaustives et ne sont pas forcément nouvelles. Dans certains cas, on a déjà agi dans le sens que nous indiquons. Cependant, elles font toutes ressortir qu'il faut trouver des solutions pour réduire les problèmes de gestion de la recherche dans les pays en développement.

Malgré les difficultés, les problèmes et les insuffisances, toute personne qui est appelée à diriger une institution de recherche dans un pays en développement peut considérer qu'elle a rencontré «la chance de sa vie». Le directeur de la recherche peut apporter une contribution précieuse à la mise en valeur des ressources nationales, il peut jouer un rôle important et parfois décisif dans le développement de son institution, influer sur l'existence et déterminer l'avenir d'un grand nombre de ses collaborateurs. Le caractère, la probité, l'industrie, la compétence scientifique et le talent administratif peuvent tous pleinement se manifester dans un poste pareil. Il y a peu de personnes auxquelles s'offrent autant d'occasions de lutter et de réussir: il faut qu'elles s'en rendent compte et sachent en profiter aussi bien que possible.

La recherche forestière dans les pays en développement

Liste des organismes de pays en développement membres de l'Union internationale des instituts de recherches forestières:

Argentine

Instituto Forestal Nacional
Pueyrredón 2446
Buenos Aires
Centro de Investigación y Recursos Naturales
Instituto de Botánica Agrícola
Villa Udaondo Castelar
Buenos Aires

Brésil

Ministerio de Educacão e Cultura
Universidade Federal do Paraná
Faculdade de Florestas
80 000/Curitiba - Caixa Postal 2959
Paraná

Cambodge

Inspecteur général des forêts
Phnom Penh

Chili

Facultad de Ingeniería Forestal
Universidad Austral de Chile
Casilla 567
Valdivia
Instituto Forestal
Casilla 3085
La Reina, Santiago de Chile

Colombie

Instituto de Investigaciones y Proyectos Forestales y Madereros
Universidad Distrital
Bogotá, D.E.
Instituto para el Desarrollo de Recursos Naturales Renovables
Carrera 14 No. 25 A-66 Bogotá, D.E.

Congo

Centre technique forestier tropical
B.P. 764 Pointe-Noire

Costa Rica

Disciplina de Dasonomía
Instituto Interamericano de Ciencias Agrícolas
Apartado 74, Turrialba

Cuba

Centro de Investigaciones y Capacitación Forestales
Proyecto Cuba - 3
Calle 174 N° 1723, RPTO, Siboney
La Habana

Chypre

Ministry of Agriculture and Natural Resources
Forest Department, Nicosia

Gabon

Centre technique forestier tropical
B.P. 149 Libreville

Ghana

Forest Products Research Institute
(C.S.I.R.)
University P.O. Box 63 Kumashi

Inde

Forest Research Institute and Colleges
P.O. Box New Forest, Dehra Dun

Conservator of Forests
Research and Development Circle
U.P., 17 Rana Pratap Marg
Lucknow

Government of Andhra Pradesh
Forest Research Department
Andhra Pradesh
Hyderabad - 4

Department of Forestry
Office of the Chief Conservator of Forests
Orissa, at P.O. Cuttack

Mysore State Forest Department
Office of the Chief Conservator of Forests
Mysore, Bangalore

Department of Forestry
Himachal Pradesh University
Solan (Himachal Pradesh)

Indonésie

Lembaga Penelitian Hutan
(Forest Research Institute)
Djl. Gunung Batu, Postbox 66
Bogor
Lembaga Penelitian Hasil Hutan
(Forest Products Research Institute)
Jalan Gunung Batu, Postbox 020
Bogor

Iran

Faculté des ressources naturelles
Karadj
Institut de recherches forestières et de pâturages
Ministère des ressources naturelles 179 Avenue Pahlavi, Téhéran

Irak

College of Agriculture and Forestry
University of Mosul
Hamam al-Alil, Mosul

Israël

Agricultural Research Organization
Forestry Division, Ilanot

Côte-d'Ivoire

Centre technique forestier tropical
Centre de Côte-d'Ivoire
Avenue Jean Mermoz
B.P. 8033 Abidjan
Institut français du café et du cacao
I.F.C.C. Centre de recherches
B.P. 1827 Abidjan

Kenya

East African Agriculture and Forestry Research Organization
P.O. Box 30148 Nairobi
Forest Department
Chief Conservator of Forests
P.O. Box 30513 Nairobi

République de Corée

Institute of Forest Genetics
Office of Forestry
Suwon Kyunggi-Do

Madagascar

Centre national de recherches forestières
B.P. 243 Tananarive

Malawi

Department of Forestry
P.O. Box 30048
Capital City, Lilongwe 3

Malaisie

Forest Research Institute
Forest Department
Kepong, Selangor
Sabah Forest Department
P.O. Box 1407 Sandakan, Sabah

Maroc

Station de recherche et d'expérimentation forestières
Av. du Docteur-Bonjean
B.P. 763 Rabat Agdal

Mexique

Instituto Nacional de Investigaciones Forestales
Progreso 5
Coyoacán 21, D.F.

Pakistan

Pakistan Forest Institute
P.O. Forest Institute, Peshawar

Papouasie - Nouvelle-Guinée

Department of Forests
P.O. Box 5055 Boroko

Paraguay

Instituto Nacional de Tecnología y Normalización
Avenida General Artigas y General Roa
Casilla de Correo 967 Asunción

Philippines

Department of Agriculture and Natural Resources
Bureau of Forestry
P.O. Box 2069
Manilla, Philippines

Sénégal

Centre technique forestier tropical
Centre du Sénégal
B.P. 2312
Parc forestier de Hann, Dakar

Sri Lanka

Forest Department
Research and Education Branch
9 Kew Road, Colombo 2

Soudan

Ministry of Agriculture, Food and Natural Resources
Research and Education Institute
P.O. Box 658
Khartoum - Soba

Thaïlande

Royal Forest Department
Paholayotin Road, Bangkok

Trinité-et-Tobago

The Forest Department
National Forest Research Institute
Long Circular Road
Port-of-Spain

Tunisie

Institut national de recherches forestières
Route de la Soukra
B.P. 2 Ariana

Turquie

Faculté de foresterie
Université d'Istanbul
Büyükdere, Istanbul
Institut de recherche forestière
P.K. 24 Bahcelievler, Ankara
Institut de recherche sur le peuplier et les essences à croissance rapide
P.K. 44 Izmit

Ouganda

Ministry of Agriculture and Forestry
Forestry Department (Research Division)
P.O. Box 31 Entebbe
Makerere University, Kampala
Department of Forestry
P.O. Box 7062 Kampala

Venezuela

Facultad de Ciencias Forestales
Universidad de los Andes
Apartado 305
Mérida
Instituto Forestal Latinoamericano de Investigación y Capacitación
Apartado 36 Mérida
Antores
Asociación Nacional de Forestadores de Arboles Maderables
Salom, Estado de Yaracuy

Zaïre

Département de sylviculture
Faculté d'agronomie
B.P. 30 Yangambi
Sous-région de la Thsopo

Zambie, République de

National Council for Scientific Research
Tree Improvement Research Centre
P.O. Box 1210 Kitwe


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