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Racines en pelote

Les pins élevés en récipients de plastique dans les pépinières forment souvent des racines en pelote qui étranglent l'arbre et le font se rompre à la base après la plantation. La bonne pratique, dit l'auteur, devrait être de couper ces racines en pelote avant la plantation.

J.B. Ball

J.B. Ball, responsable des plantations dans le projet FAO High forest development in Nigeria, a une grande expérience des plantations de pins en Afrique.

Les plantations de pins ont connu, ces quinze dernières années, une expansion rapide dans de nombreuses régions tropicales, et surtout dans les zones caractérisées par une saison humide à forte pluviosité suivie d'une période sèche. La reprise des plants s'effectue mieux pendant la première année avec des tubes (ouverts) ou des pots de polyéthylène (fermés à une extrémité), qu'avec du matériel cultivé en planches parce que la terre de la pépinière est ainsi conservée autour des racines.

Cependant, on s'aperçoit maintenant que la formation de racines en pelote en pépinière à l'intérieur du récipient de polyéthylène peut provoquer un étranglement de la tige et la rupture du plant au niveau du sol, quelques années après la plantation. En pépinière, les racines se voient aisément, en général à l'extérieur de la masse de terre et souvent près du fond du tube, dans les pots, elles se mettent même parfois à repousser vers le haut. C'est après la plantation, lorsque les arbres atteignent 15 centimètres ou plus de diamètre, que se manifestent les conséquences de ce phénomène. Les arbres se brisent au niveau du sol en forme caractéristique de a bilboquet ", ce que nous appelions la rupture de la tige à la base. Jusqu'à présent aucun des peuplements que nous avons observés n'est atteint à plus de 2 ou 3 pour cent, mais ces plantations n'avaient guère que sept ans. Le phénomène peut sévir beaucoup plus gravement sur quelques hectares et occasionner de lourdes pertes. Il semble aussi s'accentuer avec l'âge.

Nous avons constaté ce phénomène sur Pinus caribaea, P. patula et P. taeda au Kenya, P. elliotti et P. taeda au Malawi, et il nous a été rapporté que P. halepensis en Tunisie, P. caribaea et P. oocarpa au Brésil en souffraient aussi. En Zambie, nous avons vu qu'on conservait délibérément P. kesiya en tube après la plantation, mais malgré une forte proportion de racines en pelote il n'y avait pas de cassure. Au Nigeria, par contre, nous avons pu observer deux sujets de P. oocarpa de deux ans et demi qui commençaient juste à se rompre à la base.

La mise en pelote des racines et l'étranglement de la tige ne sont sans doute pas dus uniquement à l'utilisation de récipients de polyéthylène, puisque au Kenya des sujets de P. patula élevés en caissettes ont aussi souffert de la rupture de tige à la base. Il semble plutôt que ce soit la taille du plan qui provoque la mise en pelote des racines lorsqu'on a négligé de tailler ces dernières en pépinière. Cependant, l'interaction de la taille du plant avec la méthode de culture en pépinière semble plus marquée avec les plants en tube ou en pot qu'avec le matériel élevé sur planche ou en caissette.

On a suggéré d'autres explications à la mise en pelote des racines conduisant à l'étranglement. Parmi elles, la concurrence des plantes adventices, en particulier de la part des graminées qui empêchent les racines de l'arbre de s'étendre au-delà de la motte de terre de la pépinière, le tassement des parois du trou de plantation consécutif à l'utilisation d'une machette ou d'un outil similaire, et la présence d'une semelle compacte au-dessous du niveau du labour mécanique. On a également incriminé la plantation profonde (dans laquelle le collet de la racine de pépinière est placé à 10 centimètres en dessous du niveau du site de plantation), mais cette dernière est en général importante pour la reprise. Les dimensions du récipient jouent aussi un très grand rôle. On a constaté qu'il y a d'ordinaire la rupture basale de la tige lorsqu'on utilise un tube de 10 centimètres de diamètre et de 15 centimètres de long. La couleur même du tube peut être importante. Bien que tous ces facteurs puissent contribuer à la mise en pelote des racines et, par conséquent, provoquer la rupture à la base, nous sommes convaincus que la taille du plant et ses interactions avec le tube ou le pot de polyéthylène en sont la cause principale.

La plantation de petits plants (et par conséquent jeunes) est apparemment le meilleur moyen d'éviter la mise en pelote des racines; cependant, en deçà d'une certaine taille les plants risquent d'être trop faibles pour la plantation et d'exiger beaucoup de soins. D'après notre expérience, il faut que les pins aient au moins 20 centimètres, et de préférence 30 centimètres de haut, mais, à ce stade, la mise en pelote des racines a déjà commencé. Dans ce cas, il faut pratiquer deux fentes verticales de chaque côté du récipient avant de planter et couper 2 centimètres à la base. On a constaté que cette façon de procéder réduit considérablement la mise en pelote des racines, sans nuire à la reprise. Il faut, bien sûr, toujours enlever le récipient de polyéthylène. Si l'on place alors le plant dans un trou d'environ 15 centimètres carrés bien nettoyé, il devrait y avoir peu de danger de mise en pelote des racines.

Vu l'utilisation généralisée des récipients en polyéthylène pour la culture des plants dans beaucoup de pays tropicaux, le phénomène des racines en pelote risque d'être très répandu. Les lecteurs qui connaissent le problème sont priés de communiquer des renseignements à ce sujet à M. B. Ben Salem, Département des forêts, FAO, Rome.


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