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3.2.3 Burundi

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

Rapport national du Burundi

Ecrit par
Astère Bararwandika
Direction des forêts
Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme
Département des forêts
BP 631 Bujumbura, Burundi
Tel 24 67 83-211080
Mél.: dionyeng@ yahoo.fr

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

En collaboration avec l’UICN, ICRAF et CIFOR
Douala, Cameroun, 17 – 21 novembre 2003

RESUME

1. Le présent document fait partie des rapports nationaux écrits dans la perspective de l’atelier sur la gestion des forêts secondaires tropicales en Afrique subsaharienne francophone (Douala, Cameroun, 17-21 novembre 2003). Il donne un aperçu sur les forêts secondaires en République du Burundi. Celles-ci se rencontrent notamment dans les Parcs nationaux de la Kibira, de la Rusizi et de la Ruvubu ainsi que dans les réserves forestières de Monge et de Bururi où la végétation est constamment modifiée par les feux précoces et les feux d’origine criminelle. On peut distinguer notamment les formations végétales à Parinari excelsa var. holstii et Polyscias fulva, les formations végétales à Polyscias fulva, Macaranga neomildbraediana et Syzygium parvifolium, les formations végétales à Hagenia abyssinica et Faurea saligna et celles d’altitude à Philippia benguellensis, Protea madiensis et Arundinaria alpina.

2. Véritable toit sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil, les forêts secondaires jouent un rôle fondamental dans la régulation du régime des eaux, l’agriculture (ci-inclus l’irrigation), la production d’électricité et la protection des bassins versants. Les Burundais, particulièrement les riverains des forêts secondaires, prélèvent dans celles-ci une multitude de produits végétaux pour des utilisations diverses : médicinales, culinaires, ménagères, ornementales, etc. Et ils ont d’elles des connaissances pratiques qu’ils mettent quotidiennement au service des populations.

3. Comme les forêts primaires, les forêts secondaires sont gérées dans le but de maintenir les processus écologiques et de satisfaire les besoins des populations. Le maintien des processus écologiques est assuré grâce à un corps de gardes forestiers qui constatent les infractions dans les aires protégées et sanctionnent les contrevenants, à des pare-feux autour des forêts et à des feux qui sont périodiquement allumés pour permettre la régénération de la végétation ainsi que le pacage des troupeaux de buffles et d’autres herbivores.

4. Si les forêts secondaires qui sont à l’intérieur des aires protégées sont intégrées dans les plans de gestion de celles-ci, les autres paient cher leur manque de statut « de site protégé ». Le prélèvement des ressources forestières dans ces derniers espaces est abusif.

5. La gestion des forêts secondaires pourra être rationalisée grâce à l’amélioration des cadres politiques et institutionnels : actualisation de la loi forestière, renforcement des capacités de conception et d’administration des structures nationales, promotion des systèmes de gestion qui reposent sur les principes d’une gestion participative. Il convient également de promouvoir l’éducation environnementale à l’intention de tous les groupes impliqués dans l’aménagement et la gestion communautaires des forêts, particulièrement les femmes et les jeunes, l’exécution d’un plan d’affectation des terres ainsi que la réalisation des programmes socioéconomiques locaux qui accroissent les rendements agrozootechniques et forestiers ; ceci dans le but de réduire la pression sur les forêts secondaires.

INTRODUCTION

L’intérêt de la communauté internationale pour les forêts tropicales secondaires croît : celles-ci font désormais partie des programmes forestiers nationaux et retiennent l’attention des donateurs qui financent de nombreuses rencontres sur leur gestion, notamment en Amérique latine et en Asie. En Afrique, l’information sur ces forêts, particulièrement leur potentiel et les options de gestion, est lacunaire. Or l’existence de ces forêts est primordiale pour les Africains puisqu’elles leur fournissent des ressources extrêmement variées et utiles à leurs économies. Elles sont également considérées comme des réservoirs naturels de ressources susceptibles de contribuer à un développement durable des pays africains. En République du Burundi, les forêts secondaires, lorsqu’elles sont bien gérées, conservent une grande partie de la diversité biologique et des valeurs écologiques des forêts primaires ; dans le cas contraire, elles les perdent progressivement.

Une meilleure connaissance de l’état des ressources forestières secondaires paraît donc essentielle. Quels sont les différents types de forêts secondaires au Burundi ? Où se trouvent-ils? Quelle est leur importance écologique et socioéconomique ? Comment sont-elles gérées ? Mieux connues, les forêts secondaires permettront de révéler les tendances de leur développement et les outils pour améliorer leur gestion.

1 SITUATION SOCIOECONOMIQUE GENERALE DE LA FORESTERIE ET DE L'UTILISATION DES TERRES

Burundi

• Superficie: 27.834 km2 ;

• Population: environ 7.000.000 habitants;

• Densité de population: 250 habitants/km2;

• Superficie forestière: 181.280 ha (soit 6,51% du pays), selon Diomède Nyengayenge, Atelier de Douala, et 127.600 ha dont 20.000 ha de forêts secondaires, selon Astère Bararwandika (rapport national);

• Superficie forestière: 94,000 ha (soit 3.7% du pays), selon Étude FAO Forets 140 (2001);

• Taux de déforestation: 9.0 %/an (selon Étude FAO Forets 140 (2001);

• Potentiel de bois: 110 m³/ha (selon Étude FAO Forets 140 (2001);

2. CARACTÉRISTIQUES ET ÉTENDUE DES FORÊTS SECONDAIRES

Les forêts secondaires se rencontrent notamment dans les aires protégées: parcs nationaux de la Kibira, de la Ruvubu et dans la réserve naturelle de la Rusizi ainsi que dans les réserves forestières, telles Monge et Bururi, où la végétation est constamment modifiée par les feux précoces et les feux criminels.

2.1 Les forêts secondaires du parc national de la Kibira 

Ce parc est situé sur la crête Congo-Nil. Il s’étend sur les provinces de Bubanza, Cibitoke, Kayanza et Muramvya ; il couvre environ 40.000 ha Son état actuel résulte de plusieurs perturbations d’origine naturelle et anthropique, telles que le prélèvement des arbres pour des usages divers, l’enrichissement ainsi que la régénération naturelle. Elle comprend trois formations forestières.

2.1.1 Les formations végétales à Parinari excelsa var. holstii et Polyscias fulva

D’étendue limitée (3.400 ha), les formations végétales à Parinari excelsa var. holstii et Polyscias fulva occupent les blocs de Bugarama, Gatare, Nyamugari, Nyabibondo, Kinyovu, Ruhondo, Gisumo - entre Gikaragata et Ruvyirame – et à Giserama ainsi que dans les thalwegs de Busangana et Kabanga. La végétation est structurée en quatre strates, rarement trois ou cinq du fait de la surexploitation de gros arbres.

Si la plupart des essences de la strate arborescente supérieure, qui ont une valeur marchande, sont exploitées, les strates arborescentes moyenne et inférieure, en revanche, sont peu touchées. Ces forêts abritent de nombreuses espèces de la faune sauvage. Parmi celles-ci, on peut citer Pan troglodytes schweinfurthii, une espèce en voie de disparition, Cercocebus ascanius, Colobus polykomos, Papio anubis, Potamochoerus porcus et Hylochoerus meinertzhageni, Cephalophus nigrifons et Tragelaphus scriptus. On y dénombre également plus de 200 espèces d’oiseaux, dont l’aigle huppé, l’aigle couronné, le touraco géant et le calao.

2.1.2 Les formations végétales à Polyscias fulva, à Macaranga neomildbraediana et à Syzygium parvifolium

Les formations végétales à Polyscias fulva, à Macaranga neomildbraediana et à Syzygium parvifolium occupent une superficie de 7.000 ha (17,5% du parc). Bien qu’elles comptent trois ou quatre strates, ces formations végétales sont généralement plus complexes que celles décrites au point 2.1.1.

Elles ont une structure et une composition floristique qui sont fonction de la dégradation de la forêt, de la recolonisation des trouées et de l’altitude : là, un peuplement des Polyscias fulva, Macaranga neomildbraediana et Syzygium parvifolium ; ici, quelques pieds de Macaranga neomildbraediana et de Polyscias fulva; plus loin, des Syzygium parvifolium et Faurea saligna.

2.1.3 Forêt secondaire à Hagenia abyssinica et Faurea saligna

La forêt secondaire à Hagenia abyssinica et Faurea saligna couvre une superficie de 5.900 ha environ. On distingue deux sous-types de forêts selon qu’il existe un « effet de Crête38 » ou que cet effet est absent. Le premier, qui correspond à un « effet de Crête », s’observe généralement au-dessus de 2.400 m. Il se caractérise par des espèces comme Philippia benguellensis et Agauria salicifolia. La végétation ne présente que deux ou trois strates. Le deuxième sous-type de forêt correspond à la phase initiale de recolonisation du milieu ; il s’observe entre 2200 et 2 400 m d’altitude, présente deux strates et se caractérise par une composition floristique largement dominée par Hagenia abyssinica.

2.1.4 Les formations d’altitude à Philippia benguellensis, à Protea madiensis, à Arundinaria alpina et bambousaies

Les formations d’altitude à Philippia benguellensis, Protea madiensis et Arundinaria alpina se rencontrent généralement au niveau des crêtes, dans des endroits où les sols sont peu profonds. Elles correspondraient à la « fruticée à Ericaceae de l’étage afro-subalpin », définie par Lewalle en 1972. La végétation est structurée en deux strates, la strate arbustive ne dépassant pas 3 m de haut. La superficie de ces formations serait de 1.000 ha.

Les bambousaies sont de type pur et mixte. La bambousaie pure est exclusivement, ou presque, constituée de Arundinaria alpina. Elle se rencontre entre les blocs de Kinyovu et de Kiziba, d’une part, et de Buyumpu et de Giserama, d’autre part. La bambousaie mixte a deux strates. La strate arborescente supérieure se compose d’arbres, comme Strombosia scheffleri, Myrianthus holstii et Neoboutonia macrocaly, alors que la strate arborescente inférieure comprend presque exclusivement des Arundinaria alpina. La bambousaie mixte se rencontre entre Kinyovu et Kiziba et à Giserama. La superficie totale des bambousaies est de 2.000 ha environ.

2.1.5 Les formations de fond de thalwegs et celles de recolonisation des anciennes zones cultivées et pâturées

Les formations végétales des fonds de thalwegs occupent les vallées présentant un profil longitudinal et doux dans lesquelles s’est produit un alluvionnement. D’une superficie de 500 ha environ, elles sont constamment soumises à l’influence humaine (pâturage, défrichement par les orpailleurs, etc.).

Les formations végétales de recolonisation couvrent les zones abandonnées par l’agriculture, à l’extérieur du massif forestier. La végétation est structurée en une ou deux strates ; la strate arbustive, lorsqu’elle existe, ne dépasse pas 3 m de haut. La composition floristique est dominée le plus souvent par Ipomea grantii, Pteridium aquilinum et Hagenia abyssinica. L’étendue approximative des formations végétales de recolonisation est de 2.350 ha environ.

2.2 Réserve naturelle de la Rusizi

2.2.1 Les bosquets xérophiles à Cadaba farinosa var. adenotricha, Commiphora madagascariensis et les formations forestières des ravins du nord

Les bosquets xérophiles à Cadaba farinosa var. adenotricha et Commiphora madagascariensis se rencontrent sur les sols alluvionnaires les plus lourds. D’étendues variables, ces bosquets sont largement dispersés sur des pelouses rases et « surpâturées » où apparaissent des traces de minéralisation.

Les formations forestières des ravins du nord occupaient jadis les fonds et les flancs des ravins des rivières temporaires. Aujourd’hui, elles sont très dégradées. On suppose qu’elles constituent les restes d’une forêt sclérophylle à Euphorbia dawei. Mais, même dégradées, elles méritent protection, tant elles sont uniques dans le parc pour la beauté, l’originalité de leurs paysages, et sont considérées comme des « jardins botaniques ».

2.2.2 La steppe à Bulbine abyssinica sur solonetz, les formations de recolonisation à Acacia hockii et les formations post-culturales

La steppe à Bulbine abyssinica sur solonetz est l’une des associations les plus caractéristiques de la plaine de la Rusizi. La pluviosité est faible et la végétation, de type xérophile. Certaines espèces végétales s’adaptent à la sécheresse en développant notamment des épines et des feuilles crassulescentes. Cette association est très contrastée pendant les mois d’octobre et de novembre lorsque le Bulbine abyssinica fleurit. On y observe des phénophases très spectaculaires.

Les formations de recolonisation occupent les ravins peu encaissés, notamment en bordure de palmeraies denses, et sont liées à la présence de Kaolisols lessivés.

Quant aux formations post-culturales, elles sont liées à l’existence d’anciens paysannats. Elles se composent de Hyphaena benguellensis var. ventricosa, une espèce endémique, Euphorbia candelabrum, Acacia hockii, Brachiaria decumbens et Chloris gayana. On distingue trois groupements selon le type de sol : les associations à Sporobolus pyramidalis et Balanites aegyptiaca sur les vertisols, une végétation dominée par Pluchea ovalis sur sols hydromorphes autour de la rivière Kajeke et une association à Bulbine abyssinica sur les solenetz.

2.3 Parc national de la Ruvubu

La végétation naturelle du parc national de la Ruvubu est représentée par des formations de savanes. Ces savanes constituent des forêts claires de type miombo du domaine zambézien, et qui auraient remplacé les forêts primaires.

3. IMPORTANCE ECOLOGIQUE ET SOCIOECONOMIQUE

3.1 Importance écologique

Véritable toit sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil, les forêts primaires et secondaires des Parcs nationaux de la Kibira et de la Bururi jouent un rôle fondamental dans la régulation du régime des eaux, l’agriculture (ci-inclus l’irrigation), la production d’électricité et la protection des bassins versants. C’est qu’en effet un grand nombre de rivières prennent leur source dans les forêts de la Kibira : la Luhwa, la Kaburantwa, la Gitenge, la Ruvubu, la Mpanda et la Nyabihondo, tandis que la Jiji et la Siguvyaye ont leur source dans les forêts de la Bururi. Ces rivières alimentent et maintiennent le débit des barrages dont dépendent la production d’électricité et conséquemment le développement du pays. Les forêts secondaires abritent une grande diversité d’espèces biologiques dont la plupart sont endémiques. La valeur patrimoniale des forêts secondaires de Bururi, de la Kabira et de la Ruvubu est, en outre, renforcée du fait de l’étendue très limitée des forêts au Burundi.

Les savanes herbeuses, arborées et boisées de l’Est protègent contre l’érosion des sols compartimentés par des crêtes et des massifs quartzitiques ; ceux-ci sont généralement constitués de dalles latéritiques qui sont présentes tant sur les versants que sur les sommets des collines. Tel est le cas de Buyogoma, de Kumoso et de Buragane. Mais ces savanes sont soumises, de façon répétitive, à des feux de brousse.

3.2 Importance socioéconomique

Les Burundais, particulièrement les riverains des forêts secondaires, prélèvent dans celles-ci une multitude de produits végétaux pour des utilisations diverses : médicinales, culinaires, ornementales, etc. Et ils ont de ces forêts des connaissances pratiques qu’ils mettent quotidiennement au service des populations, connaissances sans lesquelles ces formations végétales ne seraient q’une satisfaction de l’esprit (beauté des paysages, connaissance du nombre et des noms des espèces, etc.). Même si son évaluation financière n’est pas encore faite, la contribution des forêts secondaires à l’économie rurale est considérable : entre autres, apport au bien-être des ménages (fabrication de cuillers, de bacs de brassage, d’abreuvoirs, d’arcs, etc.), apport aux travaux de construction des infrastructures (entre autres, poteaux, bois d’œuvres), bois énergie, etc. En outre, les rivières qui ont leurs sources dans les forêts secondaires du pays alimentent et maintiennent la production d’électricité et, à l’intérieur de ces forêts, les grands arbres sont aussi des plantes mellifères, responsables de la production de grandes quantités de miel dans le pays.

Les savanes de l’Est fournissent aux populations Pterocarpus tinctorius et Pterocarpus angolensis, respectivement du bois rouge et du bois jaune très prisés par les Burundais. Dans la dépression de Kumoso, on exploite le bambou (Oxythenanthera abyssinica) pour la vannerie (panier, lit, grenier, clôtures, fauteuils traditionnels, etc.) ; celle-ci constitue une source importante de revenus pour beaucoup de ménages. Il en est de même de la collecte d’herbes pour les toitures des maisons en paille (les grandes Hyparrhenia, les Loudetia et Imperata cylindrica, par exemple) qui sont abondantes à Buyogoma et à Kumoso et qui mobilisent de nombreux Burundais entre mai et octobre.

Les savanes de l’est constituent également des pâturages pour des troupeaux de vaches transhumants en provenance notamment de Gitega et de Bururi. A cause de la rareté des boisements dans la province de l’est et des attaques de termites, les différentes espèces arbustives constituent les seuls bois de chauffe pour les ménages et les fours des feuilles de tabac de la société « Burundi Tobacco Campany » qui sont nombreux au nord du Mosso.

4. LES PRATIQUES COURANTES DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Comme les forêts primaires, les forêts secondaires sont gérées dans le but de maintenir les processus écologiques et de satisfaire les besoins des populations. Le maintien des processus écologiques est poursuivi grâce à un corps de gardes forestiers qui constatent les infractions dans les aires protégées et sanctionnent les contrevenants. Les mesures de protection des ressources forestières incluent l’identification des espèces menacées de disparition, la reconstitution des zones dégradées ou déboisées, la lutte contre les feux de brousse et la limitation de prélèvement des spécimens de la flore. Cependant les gardes forestiers ne garantissent pas une utilisation rationnelle des ressources forestières. A cette fin, de nouvelles voies sont explorées qui tendent à privilégier l’approche participative.

Autres pratiques courantes de gestion des forêts secondaires : les systèmes de pare-feux autour des forêts sont entretenus afin de réduire les risques d’incendie. En complément, dans le Parc de la Ruvubu, des feux sont périodiquement allumés pour permettre la régénération de la végétation et le pacage des troupeaux de buffles et d’autres herbivores. Dans les aires protégées, le droit d’usage est garanti. Il porte principalement sur la récolte du bois mort, du bois de service, de la litière du sous-bois, des bambous pour la fabrication des paniers et la construction des cases, des herbes de marais en saison sèche pour la fabrication des nattes et des plantes médicinales. Même en constituant des groupements, les services nationaux chargés de la protection des ressources forestières ne peuvent pas encore rationaliser la jouissance du droit d’usage. C’est le cas dans le Parc national de la Kibira. Pour réduire la pression humaine sur les forêts de ce Parc, des appuis aux microréalisations (agroforesterie, apiculture, etc.) sont envisagés.

Les forêts secondaires situées à l’extérieur des aires protégées sont surexploitées et certaines d’entre elles, dégradées ou menacées de disparition. L’une des causes est le manque de réglementation particulière à ces écosystèmes. Les actions pour en instaurer une gestion rationnelle se limitent à la sensibilisation des communautés locales sur les méfaits des feux de brousse. Deux objectifs spécifiques sont poursuivis : la conservation de la biodiversité et la maîtrise des feux en cas d’incendie. A terme, une gestion communautaire des forêts secondaires situées à l’extérieur des aires protégées pourrait être promue, dans l’espoir qu’elle contribuera à une gestion durable des ressources de ces forêts.

Enfin il existe des activités touristiques fondées sur les ressources forestières (celles des forêts secondaires y comprises), mais leur développement dépend de l’instauration d’un climat de paix dans le pays.

5. CONNAISSANCES ET EXPERIENCES EFFECTIVES EN MATIERE DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Le dernier inventaire forestier remonte à 1976 (FAO, 2001). Pour des raisons financières, de sécurité et pour celles liées à l’insuffisance des ressources humaines – du fait en partie de la fuite de cerveaux consécutive à l’insécurité-, aucune mise au point récente des données n’est disponible. En conséquence, les ressources présentes dans les forêts, qu’elles soient protégées ou non, sont très mal connues. Les informations sur les ressources forestières secondaires sont basées sur la littérature (documents administratifs, rapports d’expertise, documents issus de la recherche, etc.) et sur l’expérience de terrain de l’auteur.

Si les forêts secondaires qui sont à l’intérieur des aires protégées sont intégrées dans les plans de gestion de celles-ci, les autres paient cher leur manque de statut « de site protégé ». Comme dit plus haut, le prélèvement des ressources forestières dans ces derniers espaces est abusif. Toutefois, s’il est vrai que les plans de gestion des aires protégées ont un impact mental et social positif, il n’en demeure pas moins qu’ils sont caducs.

Au-delà, le Burundi possède une expérience particulière de gestion des ressources des forêts secondaires, s’inscrivant notamment dans l’application du Code de l’Environnement, du Code forestier, de la Convention de Washington, de la Convention sur la diversité biologique, de la Convention sur la lutte contre la Désertification et dans la réalisation du projet « Parcs pour la Paix », qui inclut le Parc national de la Kibira.

6. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

6.1 Politique forestière

La réflexion sur la politique de gestion des forêts secondaires serait nouvelle. Néanmoins, à l’échelle nationale, la politique forestière vise le maintien des processus écologiques et la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Elle s’articule autour des orientations suivantes:

- assurer la protection des ressources naturelles dans les aires protégées ;

- améliorer la participation des populations à la conservation et à la gestion des ressources forestières.

6.2 Cadre institutionnel

La tutelle administrative sur les services chargés des ressources forestières (primaires et secondaires) est assurée par le Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire qui conçoit et met en œuvre la politique du pays en matière de gestion des forêts. Sont constitutifs de ce ministère, entre autres structures, la Direction des forêts qui exécute les opérations forestières principalement à l’extérieur des aires protégées et l’Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature (INECN), créé en 1980, qui mène les opérations similaires à l’intérieur desdites aires.

A la réalisation des opérations forestières, participent notamment le ministère de l’Administration du Territoire et celui de l’Agriculture qui mobilisent les populations en faveur de la conservation de la diversité biologique et interviennent dans la vulgarisation agricole. Plusieurs organisations internationales d’aide bilatérale et multilatérale ainsi que des institutions privées interviennent également dans le financement et/ou l’exécution des programmes forestiers.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les forêts secondaires constituent tant une source d’énergie que de revenus. Leur contribution à l’économie nationale n’est pas encore évaluée en termes financiers. Elle est cependant considérable : production d’électricité, création de possibilités de développement de l’agriculture, source de bois de service, de bois d’œuvre, etc. Ces forêts, même si elles se rencontrent principalement dans les aires protégées (Parcs nationaux de la Kibira, de la Rusizi et de la Ruvubu ainsi que les réserves du sud du pays), elles sont néanmoins surexploitées. Si rien ne vient freiner les effets de la forte croissance démographique et des besoins qui en découlent (défrichements pour l’installation des cultures, pacage des animaux domestiques, habitats, etc.), on prédit une forte réduction de leur étendue.

La gestion des forêts secondaires pourra être rationalisée grâce à l’amélioration des cadres politiques et institutionnels : actualisation de la loi forestière, renforcement des capacités de conception et d’administration des structures nationales, promotion des systèmes de gestion qui reposent sur les principes d’une gestion participative. Sans doute, les résultats seront insuffisants, mais des points importants seront acquis qui devront être renforcés grâce à l’éducation environnementale à l’intention de tous les groupes impliqués dans l’aménagement et la gestion communautaires des forêts, particulièrement les femmes et les jeunes, à l’exécution d’un plan d’affectation des terres ainsi qu’à la réalisation des programmes socioéconomiques locaux qui accroissent les rendements agrozootechniques et forestiers afin de réduire la pression sur les forêts secondaires.

Références bibliographiques

1. Arbonnier M., Plan de gestion du parc national de la Kibira, mars 1996.

2. Bikwemu G., Rapport du Burundi sur la gestion des écosystèmes fragiles : mise en valeur durable des montagnes, mars 1996.

3. Biruke M., Plan stratégique d’intégration publique dans la conservation et l’utilisation rationnelle des ressources de la biodiversité et des aires protégées, août 2000.

4. Bukobero S., Les aires protégées et leur gestion au Burundi, Bujumbura, (No date).

5. Duncan P. et Jeffrey A. S. La gestion des régions forestières tropicales humides. Directives écologiques, 1993.

6. FAO, 2001, cité d’après le document FOSA.

7. Habonimana A., Aménagement et gestion communautaire des formations forestières au Burundi, novembre 1997.

8. INECN, Rapport des vingt ans d’existence de l’INECN, décembre 2000.

9. Manirakiza J., Aménagement et gestion communautaire des formations forestières naturelles au Burundi, novembre 1997.

10. Nindorera D., Analyse du cadre légal, institutionnel et politique du pays sur la gestion de la biodiversité suivant les objectifs de la convention sur la diversité biologique, octobre 1999.


38 L’effet de crête se définit comme l’ensemble de conditions pédologiques et climaciques sévères dont la conséquence est la dégradation de la végétation. Il serait lié principalement à des sols de très faible profondeur, pouvant aller jusqu’à leur disparition donnant lieu, par endroits, à des effleurements rocheux.

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