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3.2.4 Cameroun

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

Rapport national du Cameroun

Ecrit par
Joseph Claude Abena et Fidèle Kuete
Ministère de l’environnement et des forêts
Délégation provinciale du Littoral
Douala, Cameroun

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

En collaboration avec l’UICN, ICRAF et CIFOR

Douala, Cameroun, 17 – 21 novembre 2003

RESUME

I. La forêt occupe au Cameroun entre 15,5 et 20,6 millions d’hectares (OED, 2000) soit entre 33 % et 44 % du pays, mais il ne reste guère de forêts « primaires » car beaucoup de massifs ont fait l’objet d’un ou deux passages d’exploitation très sélective.

II. Les principaux types de forêts tropicales secondaires reconnus et trouvés dans d’autres parties du monde peuvent être identifiés : les forêts secondaires après exploitation, les forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante, les forêts secondaires remises en état, les forêts secondaires après incendie et les forêts secondaires après abandon d'autres utilisations des terres (notamment agriculture et pâturage).

III. Compte tenu de leur étendue - entre 4,8 et 6,4 millions d’ha – et des activités qui s’y mènent (exploitation forestière, exploitation des produits forestiers non ligneux, chasse, agroforesterie, etc.), on peut dire que les forêts secondaires constituent un gisement d’emplois (environ 90.000 en 2000 et 2001 ; Rivain S. et Eba’a Atyi, 2002) et qu’elles fournissent une bonne part mais encore non chiffrée des recettes d’exportation liées au secteur forestier, qui s’élèvent à environ 300 milliards de FCFA en 2000 et 2001 (Rivain S. et Eba’a Atyi, 2002).

IV. Si leur poids économique est considérable, leur importance écologique ne l’est pas moins. Les forêts secondaires protègent les sols contre l’érosion (notamment dans le long de la ligne du Cameroun où on rencontre des formations végétales afro montagnardes, les mangroves côtières et les zones à écologie fragile), interviennent dans la régulation du régime des eaux (par exemple, Logone, Bénoué, Sanaga, Mentchum, Nyong, Ntem, Wouri, Moungo, Sangha), favorisent la production agricole (parcelles agroforestières de l’Institut camerounais pour la recherche agroforestière, systèmes sylvopastoraux où les arbres sont émondés pour nourrir le bétail), constituent un important réservoir de carbone - 0,5 tonne de carbone par tonne de bois ou 300 tonnes de carbone par hectare de forêt dense - et un important puits de gaz carbonique39 (Gockowski et al., 1998 cité par Rivain et Eba’a Atyi, 2002).

V. Ces écosystèmes abritent également de nombreuses espèces constitutives de la diversité biologique du Cameroun. Parmi ces espèces, on trouve des espèces végétales et animales rares et endémiques ainsi que de nombreuses plantes médicinales (Prunus africana, Paunsinvstalia Yohimbe, Rauwolfia et Voacanga) dont certaines sont d’ores et déjà commercialisées.

VI. Ces dernières décennies, les forêts secondaires disparaissent notamment sous l’effet du développement d’une agriculture extensive pratiquant encore largement les techniques d’abattis-brûlis et d’un accroissement de l’effort d’exploitation du bois d'œuvre provoqué à la fois par une crise économique, la dévaluation du FCFA et l’ouverture d’un important marché de bois en Asie.

VII. Malgré les menaces sur les forêts secondaires, la politique et la loi forestières du Cameroun s’appliquent à tous les types de forêts. De plus, les études et les inventaires donnent la priorité aux ressources des forêts primaires.

INTRODUCTION

Les rencontres sur les forêts tropicales secondaires en Amérique latine et en Asie expriment le souhait d’améliorer la connaissance et l’utilisation de ces forêts. En Afrique, l’information sur leur état et sur leur exploitation concerne un grand nombre d’acteurs. Les questions peuvent être posées en termes simples : « Quelles sont les caractéristiques des forêts secondaires ? Où se trouvent-elles ? Quelle est leur importance ? Quelles sont les connaissances en matière de leur gestion ? Comment les gérons-nous ? Y-a-t-il des politiques, des questions institutionnelles spécifiques à leur conservation et à leur exploitation ? ». Les réponses à ces questions restent le plus souvent imprécises, car elles concernent des espaces peu étudiés.

Le contexte international et le constat que les forêts secondaires couvrent de grandes surfaces au Cameroun permettent aujourd’hui de donner un aperçu de ces formations. Ce rapport voudrait en rassembler les éléments dont nous disposons. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés d’exposer dans un premier chapitre les contextes socioéconomique et forestier camerounais. Cette démarche nous a paru indispensable en raison des interactions entre les activités de développement du Cameroun et les utilisations des ressources des forêts secondaires.

Aussi pourrons-nous avoir une meilleure image de ces forêts et mieux suivre leur gestion au cours de quatre chapitres. Bien définies et situées géographiquement, il devient alors possible, dans un sixième chapitre, d’examiner la politique et les questions institutionnelles liées à leur gestion. Nous en exposerons les éléments les plus marquants avant de tenter une conclusion provisoire que pourra poursuivre l’atelier sur les forêts secondaires prévu à Douala du 17 au 21 novembre 2003.

1. SITUATION GENERALE SOCIOECONOMIQUE DE LA FORESTERIE ET DE L'UTILISATION DES TERRES

Depuis toujours, le Cameroun puise dans ses forêts pour se développer. Mais les ressources forestières ne sont pas inépuisables. Le Cameroun en est conscient : il vise « la pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts » dans le cadre d’une gestion forestière qui lui permette de répondre à ses besoins et à ses aspirations. A vrai dire, le contexte socioéconomique est tel que la réduction des surfaces forestières et l’extension des forêts secondaires sont inéluctables.

Sur 1990-2000, le taux annuel de déforestation est estimé entre 0,4 et 0,9 % par la FAO. A ce rythme – et tout porte à croire qu’il ne ralentira pas d’ici là – en 2020, la superficie forestière totale aura diminué de 1,05 à 2,37 millions d’hectares (passant de 15,5 à 20,6 millions d’hectares40, soit de 33 % à 44 % du pays à environ 14,44 à 18,23 millions d’ha, soit 31 à 39% du pays) tandis que dans le même temps celle des forêts secondaires aura augmentée de 1,05 à 2,37 millions d’ha (passant de 4,8 à 6,4 millions d’ha à 5,85 à 8,77 millions d’ha).

Déjà, il ne reste guère de forêts « primaires » puisque beaucoup de massifs ont fait l’objet d’un ou deux passages d’exploitation sélective. Bien que les ingénieurs s’efforcent de promouvoir un aménagement forestier durable, au prix notamment d’inventaires, de zonage, de mise sous cloche de grandes surfaces de territoire41 ainsi que de réformes politiques et institutionnelles, les populations continuent de surexploiter des massifs forestiers (y compris des espaces protégés). En effet, la consommation de bois énergie se situe autour de 12 millions de m3, soit 4 fois la production de bois d’œuvre, pour une valeur estimée à plus de 50 milliards de FCFA. Plus de 80% de la population (environ 14,3 millions d’habitants) tirent leur énergie de la biomasse qui, de ce fait, représente 64% de l’énergie consommée dans le pays. Bien que l’informel soit très développé et difficile à quantifier, on estime que la moitié de la population dépend presque exclusivement de la faune sauvage pour ses besoins en protéines. Ce secteur emploierait près de 8000 personnes (y compris les braconniers, les intermédiaires, les revendeurs et les restaurateurs).

Comme évoqué plus haut, l’Etat exploite aussi ses forêts. Parce que celles-ci constituent un réservoir de ressources extrêmement variées et utiles tant à ses populations – comme dit ci-dessus - qu’à son économie : un potentiel ligneux exploitable d’environ 1,5 milliards de m3, 7000 espèces végétales, 333 espèces exploitables (Vivien et Faure,1985) dont une soixantaine seulement fait actuellement l’objet d’une exploitation économique régulière, 409 espèces de mammifères, 849 espèces d’oiseaux, 183 espèces de reptiles, 190 espèces d’amphibiens, plus de 900 espèces de papillons, etc. Et parce que parmi ces espèces, on trouve de nombreuses plantes médicinales - Cinchona, Prunus africana, Paunsinvstalia Yohimbe, Rauwolfia, Voacanga et Yohimbe - des plantes alimentaires - Ricinodendron spp., Irvingia gabonensis, Garcinia cola et Gnetum africanum - et des plantes de service ou d’artisanat – les rotins et les raphias.

Cette dépendance envers les ressources forestières est forte quand le pays est très endetté, comme c’est le cas du Cameroun. En 1999, son PIB s’élevait à $ 9 187 millions, loin devant celui des autres pays d’Afrique centrale. Il se comparait plutôt à celui du Ghana (US$ 7.774 millions) et à celui de la Côte d'Ivoire (US$ 11.206 millions). Mais le Cameroun est le pays le plus endetté d’Afrique centrale. Jusqu’à ce qu’il bénéficie d’un allégement au titre de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), le service de sa dette représentait la valeur de 40 % des exportations. En 1999, les recettes d’exportation de bois constituaient la seconde source de devises du pays (25 % des recettes d’exportations), après les hydrocarbures (31 %), ce qui a été un apport financier important dans le cadre du paiement de la dette. Aujourd’hui, cet apport reste considérable (25% des recettes d’exportation, 7 à 10% du PIB et 35 à 40 milliards de différentes taxes et redevances en 2000/2001) – et tout porte à dire qu’il ne baissera pas avant 2020.

Un autre facteur majeur trouve sa traduction dans les écosystèmes forestiers du Cameroun : une crise économique structurelle. De 1986 à 1993, celle-ci était plus sévère que maintenant : le PIB du Cameroun s’était contracté de manière sensible. En 1992, les salaires des fonctionnaires étaient réduits au tiers de leur valeur nominale, et en 1994 la dévaluation de 50 % du FCFA a laminé le pouvoir d’achat des urbains. En 1994, le PIB ne représentait que 58% de son niveau d’avant la crise de 1986. Conséquence de cette situation : les écosystèmes forestiers subissent les effets d’un retour à la terre des populations urbaines (38% de la population) désireuses de maintenir leurs styles de vie dans un contexte de crise économique structurelle.

Au Cameroun, la forte dépendance envers les ressources forestières résulte également du développement d’une agriculture extensive pratiquant encore largement les techniques d’abattis-brûlis, de l’ouverture d’un important marché asiatique du bois (les pays asiatiques ont importé 51 % de la production forestière du pays en 1997/1998) et du fait que 40,2% de la population (République du Cameroun, Avril 2003) vit dans un état de pauvreté absolu (revenu mensuel inférieur à 19000 FCFA). A cet égard, les écosystèmes forestiers les plus touchés sont ceux des zones côtières (province du Littoral et dans une certaine mesure de la province du sud-ouest) qui ont déjà subi plusieurs passes d’exploitation.

En définitive, du contexte socioéconomique camerounais de la foresterie émergent les « pathologies » liées au sous-développement : la forte dépendance envers les ressources naturelles, la pauvreté, le fardeau de la dette, les techniques agricoles inadaptées au contexte, etc.).

2. CARACTERISTIQUES ET ETENDUE DES FORETS SECONDAIRES

Selon Laporte et al. (1998) et TREES (Janvier 2000)- Tropical Ecosystem Environment Observations- la superficie des forêts secondaires au Cameroun est estimée entre 4,8 et 6,4 millions d’ha. Ces forêts se rencontrent tant dans le domaine forestier permanent que dans le domaine forestier non permanent et correspondent généralement à des centres d’activité humaine. De nombreuses espèces animales affectionnent ces formations forestières : éléphants, buffles, gorilles, chimpanzés, oiseaux divers, potamochères, céphalophes, antilopes, petits primates, rongeurs. Une représentation des stades évolutifs des forêts secondaires en forêt dense côtière atlantique est donnée en annexe. Les caractéristiques floristiques et faunistiques des formations secondaires sont très différentes de celles des forêts primaires. Elles sont décrites ci-dessous de manière succincte.

Les forêts secondaires après exploitation

Elles sont plus vastes que les autres types de forêts secondaires ; elles se rencontrent tant dans les forêts denses humides que dans la mangrove. Leurs structures et leurs compositions spécifiques sont complexes, qu’elles soient anciennes ou plus récentes, d’autant que l’exploitation forestière est sélective et que les activités de braconnage qui valorisent les pistes de débardage et les layons d’inventaire ouverts au cours des opérations d’exploitation forestière sont denses.

La gamme d’espèces ligneuses présente dans les forêts secondaires est relativement large du fait de l’écrémage de celles-ci, les activités d’exploitation forestière artisanale intenses surtout si les forêts secondaires sont situées près des grands centres urbains ou d’importants axes routiers, et les espèces fauniques nombreuses parce qu’elles sont relativement moins perturbées après exploitation. C’est pourquoi, on demande aux gestionnaires d’UFA d’élaborer des plans de lutte antibraconnage dans leurs plans d’aménagement.

2.2 Les forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante

Elles sont présentes notamment dans les forêts denses humides, les zones périforestières et les formations forestières d’altitude. Elles correspondent à une structure particulière d’utilisation du sol – l’agriculture sur brûlis. La végétation y est formée d’un complexe de recrû, de jachères, de plantations villageoises et de petits blocs forestiers plus ou moins perturbés.

Dans les formations forestières des Hauts Plateaux de l’ouest du Cameroun et aux alentours des zones de forte densité de population, le temps de jachère se raccourcit et entraîne ainsi la disparition de ces forêts. Les espèces animales que l’on y rencontre sont peuvent nombreuses : écureuils, oiseaux granivores, rongeurs divers et quelquefois des petits singes qui sont essentiellement des maraudeurs de cultures vivrières. Leur densité et leur variété sont d’autant plus faibles que la fragmentation de l’écosystème est assez marquée, donnant lieu à l’absence de l’interconnectivité des surfaces.

2.3 Les forêts secondaires remises en état

Les forêts secondaires remises en état se rencontrent particulièrement dans le domaine écologique soudano-sahélien où les conditions édaphiques et climatiques exigent fréquemment des aménagements en vue d’augmenter la productivité des écosystèmes. Des plages de végétation secondarisée se sont développées, mais elles ont été affectées par la série de sécheresses des années 1969-1974 et par celle de la décennie 1980 ; ce qui a justifié le lancement au cours de la décennie 1970 de l’opération « Sahel Vert42 »

Dans la plaine du Lac Tchad, particulièrement dans la zone de Maga où un barrage a été érigé sur le fleuve Logone par la SEMRY (Société d’Extension et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua), les aménagements hydro-agricoles en vue de la production du riz ont accentué la régénération des éléments à épineux dans les Yaérés autour du Parc National de Waza. Plus tard, le Projet Waza-Logone destiné à corriger les effets néfastes du précédent projet (disparition des éléphants qui ont entamé des migrations désordonnées, prédominance des girafes) a été mis en place et on assiste depuis lors à une recolonisation du Parc National de Waza par les espèces ligneuses et fauniques originelles.

2.4 Les forêts secondaires après incendie

On les trouve dans les forêts périforestières et dans les provinces septentrionales du pays où dominent les activités pastorales. Des forêts peuvent se développer, soit sur le pourtour des savanes, soit être enclavées dans ces dernières. Les arbres et arbustes y sont épars, tandis que les herbes (Andropogon spp., Loudetia spp., etc.) forment un tapis continu. Dans certaines de ces zones, l’origine des savanes s’explique soit par des facteurs pédologiques (sols pauvres et moins profonds, substrat gréseux), soit par des facteurs anthropiques (récurrence de feux, établissements anciens), soit par une action combinée des deux. Quand le facteur limitant disparaît, la forêt peut recoloniser les savanes.

2.5 Les forêts secondaires après abandon d’autres utilisations des terres

Des rubans de végétation secondarisée se sont développés le long du réseau routier, qu’il soit ancien ou plus récent, dans des anciens villages ( Parc National de Korup) et dans des champs d’hévéa abandonnés (Réserve de Faune de Douala-Edéa). A l’Est Cameroun, cette végétation se caractérise généralement par Triplochiton scleroxylon (Ayous), Mansonia altissima (Bété) et Sterculia rhinopetala (Dupuy, 1998), alors qu’ailleurs elle se compose principalement de Musanga cecropioïdes. Cette espèce pionnière, strictement héliophile, se développe très vite dans les clairières après les stades arbustifs initiaux (jusqu’à 15 m en 3 ans). Le contenu hydrique et l’activité photosynthétique de ses feuilles sont en permanence élevés.

Parce qu’elles sont abandonnées, ces forêts permettent le développement d’une large gamme d’espèces fauniques qui affectionnent les forêts claires peu perturbées.

3. IMPORTANCE SOCIOECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE

La forêt secondaire est le lieu de rites initiatiques des sociétés secrètes, d’intronisation, d’inhumation des chefs traditionnels – cas des Jengi, groupe « Pygmée » de l’Est du pays et des Bamiléké-, de fabrication des pirogues, des instruments de musique et des outils de pêche (cas des Malimba et des Bakoko dans la zone côtière du pays). Elle fournit aussi aux Camerounais des ressources extrêmement variées : entre autres, gibier, plantes médicinales (Pygeum, Prunus africana, Cola spp, Yohimbé, etc.), légumes (notamment Gnetum africana), Rauvolfia, Ricinodendron heudelotii, Baillonella toxisperma, Garcinia kola, rotin, bois de feu, bois de service, gomme arabique, fleurs, fruits sauvages, miel, résines, tubercules, champignons, amandes, terres agricoles (Gartlan, 1989). A titre d’illustration, le gibier est chassé aussi bien pour l’autoconsommation (2,5 kg/habitant/an ; Gartlan, 1989) que pour le commerce ; il fournit aux familles d’importants revenus. Si le pays utilise 12000 m3 par an de bois de chauffage, une grande partie de ce bois provient des forêts secondaires (WRI, 1999).

Une étude sur la commercialisation des produits forestiers non ligneux (PFNL) menée dans 31 marchés camerounais sur six mois a fait ressortir un chiffre d’affaires de 643,6 millions FCFA. Les espèces les plus commercialisées sont le Garcinia kola, le Ricinodendron heudelotii et l’Irvingia gabonensis ; elles sont également vendues sur les marchés transfrontaliers (Ndoye, 1995 ; CWCS, 2001). En outre nombre de Camerounais agréés à la profession forestière bénéficient annuellement de titres d’exploitation des PFNL. Bien que les informations sur leurs chiffres d’affaires ne soient pas disponibles, on pense que ces Camerounais tirent d’importants revenus de leurs activités.

En outre, les forêts secondaires ou dégradées, dans lesquelles des voies d'accès existent, facilitent l’évacuation des produits forestiers et fournissent la quasi-totalité du bois d’œuvre produit de façon artisanale. Cette production est essentiellement informelle et clandestine, elle varie entre 180 000 et 200 000 m3 de débités, soit environ 720 000 à 800 000 m3 de grumes si l’on considère un coefficient de transformation de 25%. Le commerce de ces produits, qui était marginal avant la crise économique que connaît le pays (1986), intéresse aujourd’hui des Camerounais relativement aisés. Il est devenu sous-régional, voire international, ce qui accélère la dégradation des forêts secondaires. D’autant que se réduisent les permis et les autorisations personnelles de coupe d’arbres.

Compte tenu de leur étendue - entre 4,8 et 6,4 millions d’ha - et des activités qui s’y mènent (exploitation forestière, exploitation des produits forestiers non ligneux, chasse, agroforesterie, etc.), on peut dire que les forêts secondaires constituent un gisement d’emplois (environ 90.000 en 2000 et 2001 ; Rivain S. et Eba’a Atyi, 2002) et qu’elles fournissent une bonne part des 25% de contribution totale du secteur de l’exploitation forestière aux exportations du pays ; soit environ 300 milliards de FCFA en 2000 et 2001.

Si leur poids économique est considérable, leur importance écologique ne l’est pas moins. Les forêts secondaires protègent les sols contre l’érosion (notamment le long de la ligne du Cameroun où on rencontre des formations végétales afromontagnardes, les mangroves côtières et les zones à écologie fragile), interviennent dans la régulation du régime des eaux (par exemple, Logone, Bénoué, Sanaga, Mentchum, Nyong, Ntem, Wouri, Moungo, Sangha), favorisent la production agricole (les parcelles agroforestières de l’ICRAF-Institut Camerounais pour la recherche agroforestière et les systèmes sylvopastoraux où les arbres sont émondés pour nourrir le bétail) , jouent un rôle important dans la séquestration du carbone. En complément, elles abritent de nombreuses espèces constitutives de la diversité biologique du Cameroun. Parmi ces espèces, il y a des espèces végétales et animales rares et endémiques.

4. CONNAISSANCES ET EXPERIENCES EFFECTIVES EN MATIERE DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

De nombreuses études sur la connaissance quantitative et qualitative de la flore et de la faune forestière du Cameroun existent. Cependant, sauf erreur de notre part, des études spécifiques, systémiques et stratégiques en vue d’une meilleure gestion des forêts secondaires, ou de quelques uns des types de structures secondarisées sont peu nombreuses. La représentation de la dynamique d’une forêt secondaire en zone de forêt dense côtière atlantique (annexe) est le résultat d’un travail fait dans la zone de Kribi par Tropenbos Cameroun. On espère que l’IRAD (Institut de la Recherche Agricole pour le Développement) élargira ou prolongera ces études grâce à un financement de la Banque Africaine de Développement.

En ce qui concerne les expériences en matière de gestion des forêts secondaires, elles sont liées principalement aux activités des organisations internationales, telles que CIFOR, des organismes de coopération (la GTZ et la SNV), des Organisations Non Gouvernementales (Living Earth et CARE) et des projets tels que Mont Cameroun, Korup, nord-est Bénoué, Waza-Logone, So’o-Lala et Lokoundje-Nyong. Ces structures interviennent dans des zones où se sont développés des espaces de végétation forestière secondarisée, notamment en promouvant la foresterie communautaire. Actuellement, leurs actions se limitent à l’information, l’éducation et à la sensibilisation aux avantages qu’il est possible de tirer de ce mode de gestion des forêts.

Sous l’emprise de la communauté internationale, l’administration forestière a mis en place une Cellule de foresterie communautaire à la Direction des forêts ; celle-ci exécute un programme national de formation en foresterie communautaire. Si les Camerounais s’en accommodent, la gestion forestière n’est pas améliorée. Les populations riveraines et leurs élites visent les ressources financières, donc sont enclines à une surexploitation des forêts communautaires, tandis que des exploitants forestiers s’emploient à surmonter les contraintes administratives pour accéder aux ressources de ces forêts.

Rappelons que des opérations de régénération forestière ont couvert environ 44 001 ha, répartis comme suit:

- 31 201 ha en forêts denses avec essentiellement des essences à moyenne révolution: Ayous (Triplochiton scleroxylon), Okoumé (Aucoumea klaineana) et Bibolo (Lovoa trichiloïdes);

- 8 700 ha en savanes humides avec des espèces exotiques à croissance rapide, E. saligna, E. grandis, P. caribaea et P. oocarpa;

- 4 100 ha en savanes sèches avec des espèces telles que Azadirachta indica (Neem), Dalbergia sisso, E. camaldulensis.

En outre, en zones humides, des activités agroforestières ont été menées, entre autres à Edéa et Yaoundé, pour principalement conserver et améliorer les sols dans le cadre du développement des cultures vivrières et de rente ainsi que dans le cadre de l’approvisionnement des villes en bois de feu.

5. PRATIQUES COURANTES DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Les forêts secondaires du domaine national sont d’accès quasi libre. D’une manière générale, il s’agit d’anciens sites d’exploitation forestière où l’accès est favorisé par le réseau des pistes de débardage et des voies conduisant au chantier. Les activités varient avec les régions : aux alentours de grands centres urbains des provinces de l’ouest, du Littoral, du centre et du sud-ouest, l’exploitation forestière artisanale et les défrichements agricoles dominent ; dans le centre et le Littoral, les palmeraies et les cacaoyères se développent tandis que dans le nord, c’est la progression du front cotonnier. Ailleurs, la collecte des PFNL et le braconnage mobilisent les hommes et les femmes.

Le droit d’usage sur les produits des forêts secondaires situées dans les aires protégées est garanti. Il porte notamment sur la récolte du bois mort, du bois de service, de la litière du sous-bois et des produits forestiers non ligneux. L’exploitation des forêts domaniales, communautaires et communales est assujettie à un plan de gestion et à un plan d’aménagement préalablement élaborés.

5.1 La gestion des forêts communautaires

L’analyse des projets de foresterie communautaire au 30 juillet 2002 a donné : 564 355 ha de forêts concernées, 32 forêts attribuées, 23 forêts en cours de réservation, 45 forêts réservées ou ayant un accord de principe qu’elles sont réservées par le ministère chargé des forêts, 15 dossiers rejetés, 7 plans simples de gestion approuvés et 10 plans simples de gestion en étude. Le coût de l’attribution d’une forêt communautaire varie entre 1,4 millions et 2,4 millions de FCFA (Klein et Mabally, 2001). Parce qu’elles se forment au moment de la constitution de la demande de la forêt communautaire, les communautés - même si elles sont légales - peinent à mobiliser cette somme.

Si les forêts communautaires sont créées pour améliorer la gestion des ressources forestières, les communautés les instrumentalisent. Outre une exploitation en régie – ce qui selon le ministre camerounais de l’Environnement et des Forêts serait le mode de gestion idoine (MINEF, 2001) – les communautés les font exploiter par la vente de coupes, des permis de coupes ou sous couvert d’une autorisation personnelle de coupes. En outre, comme dit plus haut, les communautés ne se constituent que pour exploiter des forêts. Elles n’ont par conséquent ni ressources financières ni capacités techniques pour en assurer une bonne gestion.

5.2 La gestion des concessions forestières

Parce qu’il ne reste plus guère de forêts « primaires » au Cameroun, nombre de forêts du domaine forestier permanent ont de grandes étendues de formations «secondarisées». A l’analyse, les opérations courantes de gestion de ces forêts se révèlent centrées principalement sur l’attribution des UFA, l’élaboration des plans d’aménagement et l’exploitation.

L’attribution d’une UFA repose sur l’inventaire forestier national - 14 millions d’hectares, soit les 2/3 de la superficie des forêts, mené originellement par le CENADEFOR (Centre national de développement des forêts) et ensuite par l’ONADEF (Office national de développement des forêts), et ce de 1984 à 1991 au taux de 1/1000 - et sur le cadre indicatif d’utilisation des terres qui en est résulté. La superficie d’une UFA susceptible d’être attribuée, sous couvert d’une convention provisoire dont la durée de validité ne dépasse pas 3 ans (article 30 de la loi n° 94/01 du 20/01/1994 portant régime forestier), oscille entre 30.000 et 170.000 ha ; cette superficie varie selon la ressource disponible et les contraintes locales sur le développement.

En privilégiant les critères économiques (la capacité financière, la nécessité de posséder une usine de transformation ou un contrat de partenariat avec un opérateur industriel) au détriment des critères techniques qui ne représentent que 15% du mode d’évaluation - par exemple, la capacité réelle d’un exploitant à préparer et à mettre en oeuvre un plan d’aménagement-, l’administration forestière a donné la priorité aux objectifs de production. Et bien que la loi l’interdise, certaines UFA ont été attribuées dans des zones non inventoriées.

Un problème majeur existe dans la gestion des UFA : le décalage entre le volume ligneux potentiel et le volume ligneux réel dû à la fois à l’étalement sur une longue période - plus de dix ans - de l’enchaînement inventaire – zonage – classement des UFA et à la poursuite des opérations d’exploitation des assiettes de coupes pendant cette période. Dans certaines UFA, les exploitants forestiers invoquent le décalage entre ces volumes pour ne pas respecter les limites de coupes et, prétendument, compenser leur manque à gagner.

Reste qu’on trouve des exploitants forestiers qui perçoivent des plans d’aménagement comme des contraintes administrative et financière supplémentaires. Ils ne se précipitent pas dans leur préparation. Et ces plans une fois établis traduisent le peu d’importance qu’ils leur accordent. Ainsi sur 75 UFA attribuées au 30 octobre 2002, 17 seulement, soit 12,5% du total des UFA, ont déposé leurs plans d’aménagement auprès de l’administration forestière. Mais seuls 2 plans d’aménagement ont été considérés comme satisfaisants et approuvés. Au-delà et à ce jour, deux plans d’aménagement pilotes préparés par le projet Lokoundje-Nyong, sous financement de la coopération canadienne – ACDI - et le projet So’o-Lala, financé par l’OIBT, sont entrain d’être exécutés.

Sur le plan social, sur les 20 premières UFA attribuées, 3% seulement a réalisé des études socioéconomiques et 40% a pris des mesures de lutte contre le braconnage et de protection de la biodiversité. Les communautés riveraines auraient déjà une perception négative de l’aménagement de ces UFA si le reversement à leurs villages de 50% de la redevance forestière n’était pas escompté. Encore qu’il faille espérer qu’une répartition équitable de cette somme se fera.

Finalement, tous les problèmes évoqués n’incitent pas encore à une gestion durable des forêts secondaires incluses dans les UFA.

5.3 La gestion des ventes de coupes et des zones d’intérêt cynégétique

Les ventes de coupes sont autorisées dans les forêts du domaine forestier non permanent. Les superficies de coupes ne dépassent pas 2 500 ha. L’objectif de ces coupes est d’exploiter le bois des forêts qui doivent être converties en d’autres formes d’utilisation des sols. Vu les abus engendrés par ces coupes et les dégâts au patrimoine forestier, l’administration forestière tend actuellement à ne plus autoriser la vente des coupes.

Cependant cette attitude favorise l’exploitation forestière illégale dans les UFA et dans les superficies forestières destinées aux ventes de coupes. Parce que la plupart des usines seraient surdimensionnées43 et auraient besoin de grandes quantités de bois.

En ce qui concerne les zones d’intérêt cynégétiques, elles rencontrent des problèmes similaires à ceux évoqués plus haut. D’autant qu’elles sont concédées à des opérateurs économiques ou à des populations riveraines dont la préoccupation majeure est de se faire de l’argent.

6. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

La politique et la loi forestières du Cameroun s’appliquent à tous les types de forêts, qu’elles soient secondaires ou primaires. La politique forestière vise la pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts, dans le cadre d’une gestion intégrée et participative qui assure, de façon durable, la conservation et l’utilisation des ressources des écosystèmes forestiers. Elle s’articule autour des cinq orientations (PAFN , 1985) : notamment assurer la protection du patrimoine forestier, améliorer la participation des populations à la conservation et à la gestion des ressources forestières afin que celles-ci contribuent à élever leur niveau de vie, mettre en valeur les ressources forestières en vue d’augmenter la part de la production forestière au PIB, assurer le renouvellement de la ressource par la régénération et le reboisement en vue de pérenniser le potentiel et « dynamiser » le secteur forestier en mettant en place un système institutionnel efficace.

Pour concrétiser cette politique, le cadre institutionnel relatif à la gestion des ressources forestières est en pleine mutation. Il y a eu la création d’un Comité national de lutte antibraconnage, la préparation de l’introduction de la certification forestière et de la traçabilité du bois, la mise en œuvre du SIGIF (Système Informatique de Gestion de l’information forestière), la création du PRSF (Programme de sécurisation des recettes forestières), la redynamisation des Fonds spéciaux (de développement forestier d’une part, et d’aménagement et équipement des aires de conservation et de protection de la faune d’autre part), la création du PSFE (Programme sectoriel forêts et environnement), l’équipement des services extérieurs en moyens logistiques. Toutes ces mesures tendent au renforcement des capacités de contrôle et à l’amélioration de la contribution du secteur forestier à l’économie nationale.

7. PRINCIPALES LECONS ET CONCLUSIONS

Le Cameroun ne distingue pas la gestion des forêts primaires de celle des forêts secondaires. Pourtant, une gestion particulière de celles-ci semble à ce jour indispensable car elles couvrent de très grandes superficies, contribuent d’une façon très considérable au bien-être des Camerounais et subissent des agressions multiformes et relativement intenses.

Une meilleure connaissance de la structure et de la dynamique des forêts secondaires à travers la recherche forestière ainsi que leur délimitation sont essentielles à une exploitation rationnelle de ces forêts. Sans doute, les résultats de la présente étude qui s’achève sont minces mais ils auront permis de révéler l’état et les caractéristiques de ces formations végétales. Ces dernières pourront indiquer les voies des nouvelles actions telles que l’aménagement, le développement des plantations forestières, la production et la domestication des PFNL, l’élevage du petit gibier et l’application des approches participatives de gestion des ressources en vue de réduire la pression sur les forêts secondaires.

Mentionnons que l’accès à ces forêts, notamment pour l’exploitation forestière artisanale du bois d’œuvre, mériterait d’être suivi davantage et mieux réglementé, ce d’autant plus que la délivrance des permis et des autorisations personnelles de coupe d’arbres est gelée depuis quelques années alors que la consommation, voire l’exportation des produits issus de ces abattages, ne fait qu’augmenter.

De même, la foresterie communautaire devrait donner lieu à un suivi adéquat pour limiter les abus. Enfin, il serait souhaitable que l’aménagement forestier se traduise en actes concrets et qu’une politique de transformation efficace du bois et qui adapte la capacité potentielle des unités de transformation à la possibilité réelle des forêts se mette en place pour réduire les problèmes inhérents aux pressions légales et illégales sur les forêts secondaires.

8. BIBLIOGRAPHIE

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19. Vivien J. et Faure J.J., Arbres des forêts d’Afrique centrale. Agence de coopération culturelle et technique, Paris, France, 1985, 565 p.

ANNEXE

Etapes de la dynamique d’une forêt secondaire en forêt dense côtière atlantique selon le Projet Tropenbos Cameroun (J.F.W. van Dijk 1999)

Les études de Tropenbos Cameroun dans la zone de Kribi (forêt dense côtière atlantique) permettent de représenter les étapes évolutives suivantes des forêts secondaires :

1. Zone d’agriculture plus récente dans les plantations abandonnées en zones de forêt de très basse altitude (moins de 5 ans).

La végétation est composée de Maracanga et de Chromolaena avec une strate supérieure dominée par Musanga cecropioides, Albizia zygia, Pycnanthus angolensis, Anthocleista vogelii et Elaeis guineensis. La strate herbacée se caractérise par une composition monospécifique (Chromolaena odorata).

2. Zone de forêt secondaire jeune sur vieilles jachères de 5 à 10 ans en association avec des tâches de forêts très dégradées en zones de basse altitude.

Le peuplement montre le Xylopia en combinaison avec Musanga. La strate arborescente est très ouverte et atteint 15 à 25 m ; elle est dominée par les espèces telles que Musanga cecropioides, Pycnanthus angolensis, Coelocaryon preussii, Funtumia elastica, Xylopia sp, Tabernaemontana crassa, Ricinodendron heudelotii et Rauvolfia macrophylla. Sous la canopée, on distingue trois couches dans lesquelles émergent des rotins, tels que Ancistrophyllum secundifolium, d’arbustes (noms pas specifiés) et des arbres, tels que Alcornea cordifolia, Zanthoxyllum gilletti et Anthonotha macrophylla.

3. Zones de forêts primaires et de forêts secondaires de basse altitude ( < 700 m) , beaucoup plus évoluées.

La végétation est formée d’un complexe de Polyalthia, de Podococcus, de Strombosia, ou de Diospyros. Les espèces émergentes sont constituées de Klainedoxa macrophylla, de Desbordia glaucescens et de Monopethalanthus angolensis. Dans la canopée, Santiria trimera, Dichostemma glaucescens, Plagiostyles africana, Uapaca sp, Grewia coriacea, Coula edulis, Staudtia kamerunensis, Saccoglotis gabonensis, Hylodendron sp et Eribroma sont dominants. Sous la canopée, les palmiers (Raphia sp et Podococcus barteri) sont présents mais les espèces, telles que Polyalthia suavolens, Ptychopetalum petiolatum, Cola hirsuta, Rinorea kamerunesis, Scaphopetalum blackii, Tabernaemontana crassa et Anthonotha macrophylla, émergent.

4. Zone submontagnarde (> 700 m) ; forêts primaires et vieilles forêts secondaires.

Le peuplement se caractérise par une association de Maranthes et de Anisophyllea dans laquelle les espèces émergentes sont absentes, les arbres dominants atteignent 15 à 20 m et, parfois, 35 m. La régénération forestière est dynamique avec des phénomènes de chablis naturel, des arbres et une grande richesse en lianes (Ancistrophyllum secundifolium) et en épiphytes. Les espèces caractéristiques de la strate supérieure sont Anisophylla polyneura, Maranthes glabra, Scorodophloeus zenkeri, Monopethalanthus sp et Santiria sp, tandis qu’en dessous, les petits arbres (Garcinia lucida, G. manii et Treculia obovoidea) sont dominants.


39 Toutes les forêts camerounaises emmagasineraient 6,6 gigatonnes de carbone (Gockowski et al, 1998 cité par Rivain et Eba’a Atyi, 2002).

40 Ces chiffres sont ceux de l’OED (2000).

41 L’évaluation globale des superficies effectuée dans le cadre du Programme National de Gestion de l’Environnement a fait ressortir que les forêts denses et les boisements de savane occupent 210, 697 km2, soit 45% du territoire, les Parcs nationaux et les autres aires protégées, 9% du territoire, les terres de parcours et d’utilisations diverses, 31% du territoire, et les terres cultivables, 15%.

42 Cette opération a consisté à contrecarrer l’avancée du désert vers le sud camerounais en plantant les arbres, à assurer une bonne couverture du sol et l’amélioration de la production ligneuse en zone septentrionale ainsi qu’à inculquer aux jeunes élèves qui étaient d’ailleurs les principaux acteurs de cette activité qui se passait pendant les grandes vacances, une certaine culture de la protection de l’environnement. Les résultats de cette opération sont mitigés : les arbres n’ont pas été adéquatement entretenus, ils ont été détruits par les animaux domestiques, les activités agricoles, etc.

43 La capacité potentielle des scieries serait le double de leur capacité de transformation actuelle, soit 1,35 millions de m3 (Eba’a Atyi, 1998).

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