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3.2.5 Cap Vert

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

Rapport national du Cap Vert

Ecrit par
M. Emanuel Monteiro
Ministère de l’Agriculture
B.P. 50 Cap Vert
Praia, Cap Vert

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

En collaboration avec l’UICN, ICRAF et CIFOR

Douala, Cameroun, 17 – 21 novembre 2003

INTRODUCTION

Ecrit à l’initiative de la FAO, ce rapport devait répondre aux questions ci-après : Quels sont les différents types de forêts secondaires au Cap Vert ? Où se trouvent-ils ? Quelle est leur importance écologique et socioéconomique ? Comment sont-ils gérés ? Et comment améliorer la gestion des forêts secondaires au Cap Vert ?

Mais le pays ne couvrant que 4.033 km2 et ne disposant que de faibles étendues de forêts secondaires, les réponses à ces questions ont été réduites à leurs plus simples expressions : une information sur la situation socioéconomique générale de la foresterie et de l’utilisation des terres, un aperçu sur les forêts du pays, leurs caractéristiques, les pratiques et les expériences de leur gestion, la politique forestière et les principales leçons tirées de la gestion forestière.

Ce document est construit de façon à traiter par ordre chacun de ces sujets.

1 SITUATION SOCIOECONOMIQUE GENERALE DE LA FORESTERIE ET DE L’UTILISATION DES TERRES

L’archipel du Cap Vert fait partie de la Macaronésie, vaste région de l’Océan Atlantique constituée par cinq groupes d’îles au large des côtes sud-ouest de l’Europe et nord-ouest de l’Afrique. Situé à 450 km des côtes sénégalaises, entre 22º 41’ et 25º22’ de longitude ouest, il est formé par un ensemble de dix îles principales (une seule est inhabitée) et de huit îlots, couvrant une superficie totale de 4.033 km2. Son climat est de type tropical sec à influence océanique.

De par sa position géographique, le Cap Vert s’insère dans la frange sahélienne de l’Afrique continentale délimitée au nord par l’isohyète annuelle de 250 mm et au sud, par celle de 300 mm. Son climat est caractérisé par une longue saison sèche (8 á 9 mois) et une courte saison pluvieuse (juillet/août-septembre/octobre). Selon le dernier recensement de la population (Cens os, 2000), la population résidente du Cap Vert s’élève à 434.812 habitants dont 210.569 hommes (48,4%) et 224.243 femmes (51,6%). La population rurale est de 203.162 (46,7%) habitants. La densité moyenne de population est de 109 habitants/km2. Cependant, la pression sur les terres cultivables est supérieure à 500 habitants/km2 en rapportant la population rurale à la surface agricole disponible.

Lorsque les Portugais « découvrent les îles du Cap Vert » au XVème siècle (1450 – 1460) soit environ 40 ans avant la découverte de l’Amérique (Chevalier, 1935), celles-ci sont inhabitées, mais elles abritent de nombreux oiseaux parmi lesquels des pigeons ; elles sont également couvertes de forêts. En atteste, la présence de quelques pieds de Faidherbia albida et Ficus gnaphalocarpa à S. Thiago, la principale île du pays.

Les îles du Cap Vert sont alors données en fiefs à des dignitaires de la couronne portugaise. Vers 1500, de petites colonies portugaises habitent S.Thiago et Fogo, deux des îles du pays.

A cette époque, qualifiée de pré historique (ainsi parce que nous ne connaissons aucun document qui nous renseigne sur les débuts de la colonisation), les îles du Cap Vert sont plus hospitalières qu’elles ne le sont actuellement. Sur les îles encore inhabitées, les Portugais introduisent des chèvres, des ânes, des lapins, la culture de la canne, de la vigne, des arbres fruitiers d’Europe ainsi que d’autres cultures de l’Amérique et des Indes. Les animaux et les plantes se multiplient, occupent les espaces sauvages entraînant parfois leur dégradation.

L’occupation de toutes les îles de l’Archipel se fera progressivement au cours du XVIème siècle par des colons portugais et des noirs importés d’Afrique du fait de la traite des esclaves. Lorsque l’homme occupe ces îles, il ne réserve aucun espace pour la végétation primitive : des murs en terre sèche sont construits sur les terrains qui sont aujourd’hui parmi les plus arides et où ne s’aventurent plus que quelques troupeaux de chèvres ; des sentiers de mules sont pavés et couvrent de grandes surfaces de territoire, en ce compris les hautes montagnes ; sur celles-ci, les plus petits espaces cultivables sont aménagés en terrasses, de petites maisons en pierres sèches construites et des bergeries édifiées. Comme toutes ces constructions sont aujourd’hui abandonnées, le Cap Vert laisse penser à un pays en ruine.

Faut-il penser que ce phénomène est à l’origine de la dégradation de toute la végétation primitive, qu’il a entraîné l’accentuation de la série de sécheresses que le pays a connu ainsi que la famine devenue récurrente ? Tel est notre point de vue.

Depuis quatre siècles, l’homme et les chèvres contribuent à occuper les espaces libres et bouleversent l’équilibre entre le sol, la végétation et le climat que la nature a mis des siècles à établir. Déjà de 1770 à 1773, une partie de la population de S. Thiago est décédée, victime d’une série de grandes sécheresses (J. da Silva Feijo). En 1834, à Fogo, la famine a tué les deux tiers de la population. Actuellement, les désastres moins terribles surviennent, mais les causes paraissent les mêmes. En 1893, Bolle écrivait sur Lanzarote : « Les Purpuraires ont été ravagées par les volcans, par les chèvres et par les hommes, et ce sont ces derniers, en particulier les civilisés, qui semblent avoir été les plus impitoyables destructeurs…»

Le mal est considérable et il ne peut être réparé que très partiellement. Les aléas climaciques et l’érosion des sols accentuent davantage la précarité des conditions d’existence sur l’île.

2. CARACTERISTIQUES ET ETENDUE DES FORETS SECONDAIRES

La plupart des forêts au Cap Vert ne sont pas des forêts secondaires. La forêt couvrait jadis largement de grandes surfaces de territoire (Chevalier, 1935). Les conditions édaphiques et climaciques, associées à une utilisation irrationnelle des terres pour l’agriculture et l’élevage, ont accéléré l’érosion des sols et, conséquemment, empêché la régénération naturelle de la forêt.

En 1975, la surface boisée du pays était estimée à 3.000 ha soit 1% environ du territoire. Les forêts étaient artificielles, sauf celles se régénérant par des processus naturels dans les zones d’altitude et dans les vallées. Les forêts artificielles se situaient principalement dans la zone aride/semi-aride, environ 80 % du territoire.

En 2002, la surface boisée a atteint 82.500 ha (plus de 20% de la surface totale du pays). Les principales essences sont : dans la zone aride/semi-aride, Prosopis juliflora, Parkinsonia aculeata et Acacias spp. et, dans les zones d’altitude, Pinus, Eucalyptus, Cupressus, Grevillea robusta, etc.

A S. Thiago, la forêt de Prosopis juliflora se régénérant par des processus naturels couvre 10 % de la surface totale boisée (Frans et Cruz, 2001). Bien que les forêts soient artificielles dans les zones d’altitude, de petites étendues de forêts secondaires à dominance de Acacia pycnantha, Acacia cyanophylla, Pinus canariensis et de diverses variétés de Cupressus sont présentes.

3. PRATIQUES ET EXPERIENCES EN MATIERE DE GESTION DES FORÊTS SECONDAIRES

Actuellement, les activités forestières sont la reforestation, l’aménagement des espaces boisé et l’exploitation forestière. Toutes ces activités sont réalisées en gestion participative avec les populations rurales. C’est que, dans le pays, la “Gestion Participative des périmètres forestiers” mobilise les hommes et les femmes. D’ores et déjà, des associations communautaires gèrent de façon satisfaisante des programmes forestiers (la plantation, l’exploitation, la fiscalisation, etc.).

Cependant, les instruments de planification (Plan d’action forestier national, programme forestier et Plan de gestion forestière), prévus dans la loi forestière, doivent encore être élaborés. A cet égard, un appui de la coopération internationale est recherché.

4. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Grâce à l’appui de la coopération internationale, le Cap Vert a mené une grande campagne de plantations qui a permis d’accroître la surface boisée ; elle est passée de 3.000 ha en 1975 à 82.500 ha en 2002. De 1980 au début des années 90, cette superficie a augmenté de 1%.

La FAO a assuré la coordination et l’exécution de plusieurs programmes forestiers. Les bailleurs de fonds étaient les Etats Unis, l’Allemagne, la Belgique, la Norvège, la France, les Pays Bas, Le Luxembourg, l’Union européenne, l’Italie et la Suisse. Actuellement, la contribution de la coopération internationale a considérablement diminué. Seule la coopération allemande finance des programmes forestiers sur les îles de Maio, Santiago et Fogo. Cependant, chaque année, le gouvernement du Cap Vert met en œuvre des programmes de reboisement et d’aménagement des zones déjà boisées (replantation, réparation des ouvrages mécaniques de conservation des eaux et des sols, etc.). Ces programmes sont financés essentiellement par le programme d’investissement public.

Les fonds propres étant limités, le gouvernement capverdien recherche des partenaires pour participer au financement des programmes inscrits dans le Plan de Action Forestier National.


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