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3.2.7 Gabon

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

Rapport national du Gabon

Ecrit par
Nathalie Nyare Essima
Ingénieur des eaux et forêts
Chef du service sylviculture
Direction générale des eaux et forêts
Ministère de l’économie forestière
B.P.: 152 Libreville, Gabon
Tél: 241 722333/332027
Mél. : [email protected]

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE :

alité et perspectives

En collaboration avec UICN, CIFOR et ICRAF

Douala, Cameroun, 17 - 21 novembre 2003

RESUME

Le présent document donne un aperçu sur les forêts secondaires au Gabon. Il fait partie des rapports nationaux écrits dans la perspective de l’atelier sur la gestion des forêts secondaires tropicales en Afrique subsaharienne francophone (Douala, Cameroun, 17-21 novembre 2003).

Il appert que la littérature qui pense les forêts secondaires en termes de forêts secondaires après exploitation, de forêts secondaires dans les jachères laissées par l’agriculture itinérante, de forêts secondaires remises en état, de forêts secondaires après incendie ou de forêts secondaires après l’abandon d’autres utilisations des terres – une typologie des forêts secondaires proposée par les termes de référence de la présente étude- n’est pas disponible. Les forêts secondaires sont distinguées d’après notamment leur âge, leur composition floristique, leur localisation et selon qu’elles sont accessibles ou qu’elles ne le sont pas. Ainsi, les différents types de forêts secondaires qui sont identifiés au Gabon sont : les forêts secondaires adultes (SA), les forêts secondaires adultes inaccessibles (SAIN), les forêts secondaires adultes à okoumé (SAOK), les forêts secondaires jeunes et en régénération (SJ), les forêts secondaires avec complexe cultural (SC) et les végétations côtières (VC).

Ces forêts possèdent de nombreuses ressources ligneuses et non ligneuses : entre autres, bois d’œuvre- notamment okoumé-, bois de feu et de service, fruits, feuilles, écorces, tubercules, champignons. Elles sont également le lieu de rites initiatiques des sociétés secrètes, elles protègent contre l’érosion, les rayonnements, les précipitations, les vents, elles régulent les régimes hydriques, etc.

Cependant, la politique forestière et les institutions ne distinguent pas la gestion des forêts secondaires de celle des forêts primaires. Cette situation peut évoluer grâce à une meilleure connaissance des forêts secondaires ainsi que des facteurs qui les affectent.

INTRODUCTION

Depuis quelques années, les forêts secondaires occupent en Afrique des surfaces de territoire de plus en plus vastes. Au Gabon, l’exploitation forestière en est la principale cause. C’est dans ce contexte que les forêts secondaires font l’objet d’une attention particulière de la part du gouvernement, et que le projet de « stratification, cartographie et inventaire multi-ressources en vue de l’aménagement de certaines zones forestières du pays » s’exécute. D’ores et déjà, ce projet, dont le site s’étend sur 15.000.000 ha, estime l’étendue de ces forêts à environ 9.300.000 ha (62% du site du projet). Mais ces forêts sont mal connues, alors que leur contribution à l’économie nationale est importante.

Analyser la situation actuelle des forêts secondaires et les tendances de leur évolution paraît donc essentiel. Précisément, quelles sont les caractéristiques et l’étendue des forêts secondaires au Gabon? Quelle est leur importance socioéconomique et écologique ? Comment sont-elles gérées ? Comment pourrions-nous améliorer leur gestion ? Ce rapport donne un aperçu des réponses à ces questions que pourra développer l’atelier de Douala (17-21 novembre 2003).

1. SITUATION SOCIOECONOMIQUE GENERALE DE LA FORESTERIE ET DE L’UTILISATION DES TERRES

Pays relativement prospère (5990 US$ en termes de PPA), la République Gabonaise a une superficie de 267.667 km2, dont 85% sont recouverts de forêts (environ 22 millions d’ha), et une population de 1,3 million d’habitants, s’accroissant à un taux annuel de 2,9 (Banque mondiale, 2003). La densité de population est d’environ 2 habitants au km2 en zone rurale, c’est dire que le Gabon dispose encore de territoires immensément vides.

Ceux-ci constituent un réservoir de ressources extrêmement variées et utiles tant aux populations qu’à l’économie. On peut citer un potentiel ligneux exploitable d’environ 2.600 millions de m3, dont 1.500 millions de m3 de bois commercialisables (MEFPREPN, 2000), 8000 espèces végétales, 190 espèces de mammifères et 600 espèces d’oiseaux. Parmi ces espèces, on trouve l’okoumé (Aucoumea klaineana), de loin l’espèce la plus commercialisée (91.000 tonnes en 1911; 1 million en 1971 et 1,5 million en 1975), l’ozigo (Dacryodes buttneri), de nombreuses plantes alimentaires, médico-magiques et ornementales.

Le Gabon exploite ces ressources pour se développer. Elles fournissent la deuxième recette d’exportation, après les hydrocarbures. En 1999, par exemple, la filière bois a représenté 63,6% des recettes d’exportation hors pétrole (189,9 milliards de FCFA). En 2000, la part de ce secteur au PIB marchand était de 2.459,1 milliards de FCFA (MEFPREPN, 2000). Bien que la contribution de ce secteur n’ait été que de 3% en 2002, la prévision pour 2003 était de 3,5 %. Le secteur bois est le premier employeur privé (MEFPREPN, 2000). Ainsi, le nombre de personnes employées par le secteur bois privé était en 1997 de 7.750 soit 14,52% des emplois du secteur privé (Gabon, 2001).

Il est à signaler que la filière bois reçoit d’importants investissements étrangers et contribue à la création d’une valeur ajoutée aux activités d’exploitation forestière, notamment par la production de contre-plaqué et de sciages. Par ailleurs, différents centres de recherche et plusieurs projets forestiers sont mis en place : entre autres, l’Institut de recherche en écologie tropicale (IRET), l’Institut de recherche agronomique et forestière (IRAF), les projets « Reboisement Bokoué et Agroforestier M’bmé » et Aménagement des savanes côtières ». Et depuis 1992, treize parcs nationaux couvrant 30.000 km2 (10% du territoire national) ont été créés.

2. CARACTERISTIQUES ET ETENDUE DES FORETS SECONDAIRES

Au Gabon, la littérature qui pense les forêts secondaires gabonaises en termes de forêts secondaires après exploitation, de forêts secondaires dans les jachères laissées par l’agriculture itinérante, de forêts secondaires remises en état, de forêts secondaires après incendie ou de forêts secondaires après l’abandon d’autres utilisations des terres – une typologie des forêts secondaires proposée par les termes de référence de la présente étude- n’est pas disponible. Les forêts secondaires sont distinguées d’après notamment leur âge, leur composition floristique, leur localisation et selon qu’elles sont accessibles ou qu’elles ne le sont pas. Ainsi, la stratification forestière (figure 1) permet d’identifier - résultat provisoire- des forêts secondaires adultes (SA), des forêts secondaires adultes inaccessibles (SAIN), des forêts secondaires adultes à okoumé (SAOK), des forêts secondaires jeunes et en régénération (SJ), des forêts secondaires avec complexe cultural (SC) et des végétations côtières (VC).

2.1 Les forêts secondaires adultes

Elles regroupent un vaste ensemble de peuplements de transition qui précèdent l’établissement de la forêt primaire. Elles succèdent généralement aux forêts secondaires jeunes, mais elles peuvent également dériver directement des forêts primaires à la suite d’une perturbation importante.

Elles se composent d’héliophytes tolérants à croissance moyennement rapide et d’essences à feuillage sempervirent. Leurs principales essences caractéristiques sont l’okoumé (Aucoumea klaineana) et l’ozigo (Dadryodes butteneri). A mesure qu’elles évoluent, les forêts secondaires adultes se distinguent difficilement des forêts originelles. Une difficulté accentuée par le mode d’exploitation forestière qui est sélectif (1 à 2 arbres seulement par ha).

Dans les zones couvertes par le projet de « Stratification, cartographie et inventaire multi-ressources en vue de l’aménagement des zones forestières du Gabon », les forêts secondaires adultes couvrent 8.450.656 ha (56, 33% du site du projet).

2.2 Les forêts secondaires adultes inaccessibles et les forêts secondaires adultes à okoumé

Les forêts secondaires adultes inaccessibles se différencient des SA dans la mesure où elles sont situées sur des pentes supérieures à 50%, des espaces encore inaccessibles à l’exploitation forestière au Gabon. Elles couvrent 90 933 ha (0,6% du site du projet).

En ce qui concerne les forêts secondaires adultes à okoumé, elles se caractérisent, comme leur nom l’indique, par la présence d’okoumé (60% des espèces). Ces forêts se régénèrent après l’abandon des cultures et présentent de ce fait une physionomie de peuplement équienne. Elles couvrent 41 868 ha (0,28% du site du projet).

2.3 Les forêts secondaires jeunes et en régénération

Après la disparition de la forêt primaire, les groupements pionniers s’installent. Ceux-ci constituent le peuplement initial d’une nouvelle forêt. Après le premier stade d’embroussaillement, apparaissent les gaulis dont le diamètre varie entre 1 et 20 cm et la hauteur, entre 10 et 15 mètres. Ce type de forêt se maintient généralement autour des grandes agglomérations où les cultures vivrières ne laissent pas le temps à la forêt d’évoluer vers une forêt secondaire plus développée. Il précède la venue de la forêt secondaire adulte et regroupe un vaste ensemble de peuplements transitoires dominés le plus souvent par le parasolier (Musanga cecropioïdes). Celui-ci s’installe très vite à la fin du cycle cultural et succède immédiatement aux friches pré-forestières. Les autres essences de cette formation sont soit des essences provenant de la forêt primaire, soit des espèces colonisatrices héliophiles à croissance rapide.

Couvrant 340.705 ha (2,27% du site), cette formation végétale comprend peu de couronnes de grande envergure. En ce qui concerne le couvert, il est aussi discontinu que celui des forêts secondaires adultes dont la structure en mosaïque montre une alternance entre des zones de cultures et des reliques de forêts primaires.

2.4 Les forêts secondaires jeunes à okoumé et les forêts secondaires avec complexe cultural

Les forêts secondaires jeunes à okoumé sont, leur nom l’indique, dominées par l’okoumé. La hauteur des tiges est généralement inférieure à 35 m et les diamètres, inférieurs à 50 cm. Dans la zone du projet (de « stratification, cartographie et inventaire multi-ressources en vue de l’aménagement de certaines zones forestières du pays »), les forêts secondaires jeunes à okoumé occupent 44.831 ha, soit 0,3% du site.

Parmi les forêts secondaires avec complexe cultural, on classe toutes les formations végétales dont les forêts secondaires adultes et jeunes occupent de 50 à 75% de la surface du sol et les cultures, 25 à 50%. Cette formation forestière couvre 380.284 ha, soit 2,5% du site du projet cité précédemment.

2.5 Les végétations côtières

Il s’agit de bandes de forêts secondaires de largeurs variables (jusqu’à 1 km) situées sur le bord de la mer, à la limite des plages. Couvrant 15. 591 ha (0,10% du site du projet), la végétation qui occupe ces sites sableux est affectée par les vents quasi permanents et l’air salin. De ce fait, elle demeure courte et trapue (10 à 20 m de hauteur).

Le tableau 2 ci-après récapitule les données sur les différentes secondaires au Gabon.

Typologie

Superficie (ha)

Superficie du type de forêt/ Superficie des zones d’étude (%)

Première zone forestière (1)

Première partie Deuxième zone forestière

(2)

Total

(1) + (2)

Forêt secondaire adulte

2 469 890

5 980 806

8 450 696

56,34

Forêt secondaire adulte inaccessible

30 554

60 380

90 934

0,61

Forêt secondaire adulte à okoumé

37 059

4 807

41 866

0,28

Forêt secondaire jeune et en régénération

193 289

147 416

340 705

2,27

Forêt secondaire jeune et en régénération à okoumé

34 375

10 457

44 832

0,30

Végétation côtière

1 422

14 169

15 591

0,10

Forêt secondaire avec complexe cultural

145 668

234 616

380 284

2,54

Total

2 912 257

6 452 651

9 364 908

62,34

3. IMPORTANCE SOCIOECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE DES DIFFERENTS TYPES DE FORETS SECONDAIRES

A cause du manque d’études, de gros problèmes surgissent dans l’évaluation de l’importance socioéconomique des forêts secondaires. Ainsi, seules quelques considérations générales peuvent être formulées.

Les populations gabonaises, qu’elles soient rurales ou citadines, tirent de nombreux produits des forêts secondaires. Elles s’y ravitaillent en bois d’œuvre- parmi lesquels l’okoumé-, en bois de chauffe et en charbon de bois. Elles y récoltent également des produits forestiers non ligneux (PFNL), en ce compris des plantes médicinales, des protéines animales, des champignons et elles y trouvent aussi des terres agricoles.

Les forêts secondaires jouent un rôle socioculturel important. Elles sont le lieu notamment de rites initiatiques des sociétés secrètes, de cultes et d’inhumation.

Sur le plan écologique, elles protègent contre l’érosion, les rayonnements, les précipitations, les vents, elles servent d’habitats de la faune sauvage et de réservoirs des ressources biologiques, elles fixent de grandes quantités de gaz carbonique et, partant, elles atténuent le réchauffement climacique, elles absorbent des aérosols, elles mettent en réserve et libèrent de grandes quantités d'oxygène et d'éléments minéraux, elles régulent les régimes hydriques et elles produisent un large éventail de composés (résines, alcaloïdes, huiles essentielles, latex, etc.).

4. CONNAISSANCE ET EXPERIENCES EFFECTIVES EN MATIERE DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Les forêts secondaires au Gabon sont mal connues. Les données disponibles, d’ailleurs incomplètes, sont d’Aubréville (1947), de Caballé (1977), de Nasi (1998) et du projet de « Stratification, cartographie et inventaire multi-ressources ».

Aubréville et Nasi, se limitant aux seules essences ligneuses (lianes exclues), rapportent respectivement que les forêts secondaires gabonaises comprendraient 28 espèces/2,5 acres et 101 espèces/22 ha (Aubréville, 1947 ; Nasi 1997 cité par Lubini, 2003). En 1977, Caballé a estimé la superficie de cette formation végétale à 3.000.000 d’ha (11,20% du territoire national). Depuis cette date, cette superficie semble avoir augmenté de sorte qu’elle est supérieure aujourd’hui à 15 millions d’ha.

S’agissant des expériences en matière de gestion des forêts secondaires, les exploitants forestiers établissent une stratification forestière dans le cadre de l’élaboration des plans d’aménagement de leurs concessions. Cette stratification leur permet de ressortir les forêts secondaires, une donnée qui est prise en compte dans la programmation des assiettes annuelles de coupe (AAC).

Les forêts secondaires ne sont pas l’objet d’une gestion spécifique, apparemment parce que le pays dispose encore de grandes étendues de forêts naturelles quasi-vierges. Toutefois, dans le cadre du programme sectoriel forêt environnement (PSFE) en cours d’élaboration, le coût de réhabilitation d’une forêt secondaire est estimé à un peu plus de 500 FCFA, soit environ 0,8 dollars US.

La loi n° 016/01 de décembre 2001 portant Code forestier divise le domaine forestier en domaine forestier permanent de l’Etat et en domaine rural. Les forêts secondaires, qui font l’objet d’une exploitation de bois d’œuvre sont gérées conformément à cette loi ; les autres le sont selon les règles et les pratiques coutumières.

4.1 Domaine forestier permanent de l’Etat

Le domaine forestier permanent de l’Etat est constitué des forêts domaniales classées et des forêts domaniales productives enregistrées. Ces forêts sont affectées à la production forestière et à la protection de la diversité biologique. Les forêts domaniales classées sont celles qui présentent un intérêt de préservation. Les textes prévoient que le domaine forestier permanent couvre 14 millions d’ha, répartis de façon que les forêts de production couvrent 10 millions d’ha et les aires protégées, 4 millions d’ha. Ce domaine est en train de se constituer par l’attribution des Concessions Forestières sous Aménagement Durable (CFAD) aux exploitants forestiers.

Conformément au Code forestier, l’exploitation forestière comprend l’obligation- en partie respectée- d’effectuer, sous le contrôle de l’Administration forestière, des inventaires forestiers (d’abord d’aménagement et ensuite d’exploitation) de la superficie concédée. Sur la base de ces résultats, l’exploitant forestier procède au découpage de sa concession en séries agricole, de production, de recherche et/ou de protection, en Unités Forestières d’Aménagement (UFA), Unités Forestières de Gestion (UFG) et assiettes annuelles de coupe (AAC).

Les données de l’inventaire d’aménagement peuvent amener à au moins deux conclusions:

- l’exploitant forestier classe les forêts secondaires présentes sur sa concession dans la rotation dont la durée minimum est de 20 ans;

- l’exploitant forestier affecte les forêts secondaires aux populations villageoises dans le cadre de la série agricole ; ainsi, elles sont cogérées avec ces populations.

Ces forêts secondaires peuvent également servir de sites de recherche dans le cadre de partenariats entre l’exploitant forestier et des instituts de recherche, si elles sont situées à l’intérieur d’une aire de production, ou elles peuvent être affectées à la protection dans le cadre du classement de certaines zones puisque la stratégie de conservation de la diversité biologique prévoit d’étendre à terme la superficie des aires protégées sur 4.000.000 d’ha.

4.2 Domaine forestier rural

Le domaine forestier rural est constitué de terres et de forêts dont la jouissance est réservée aux communautés villageoises. Les forêts du domaine rural sont exploitées par les communautés villageoises notamment à travers un système de forêts communautaires. La loi n° 016/01 définit celles-ci comme étant « une portion du domaine forestier rural affectée à une communauté villageoise en vue de mener des activités et d’entreprendre des processus dynamiques pour une gestion durable des ressources naturelles à partir d’un plan simple de gestion ». Elles font l’objet d’un plan simple de gestion (plan d’aménagement qui favorise une exploitation durable des ressources forestières).

L’élaboration de ce plan passe par des opérations d’inventaires forestiers qui évaluent qualitativement et quantitativement la ressource disponible. Le mode d’exploitation de celle-ci (exploitation forestière, agriculture, agroforesterie ou une autre utilisation des terres) est fonction des résultats de ces inventaires.

5. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

En matière de gestion des forêts secondaires, la politique et les institutions ne sont pas distinctes. La politique vise l’amélioration du cadre de vie des populations et l’utilisation raisonnée des ressources forestières en vue d’un développement durable. Sa mise en œuvre s’articule autour de trois axes majeurs:

- l’amélioration du cadre de vie;

- la conservation et la gestion rationnelle des ressources forestières et ;

- la mise en valeur économique de celles-ci.

Afin de matérialiser cette politique, de nombreux cadres ont été formés et plusieurs projets sont mis en œuvre. En outre, des manuels (guide technique national, grille d’analyse des plans d’aménagement, etc.) sont en train d’être rédigés pour asseoir un cadre normatif à l’aménagement forestier durable. Dans cette perspective, des normes pour la gestion des forêts secondaires seront élaborées, notamment sur la base des directives rédigées par l’OIBT.

Au plan institutionnel, la gestion des forêts est assurée par la Direction des Forêts et la Société nationale des bois du Gabon (SNBG ; encadré).

La SNBG

La SNBG détient le monopole de la gestion commerciale des essences forestières les plus produites au Gabon. Créée par une ordonnance du 4 octobre 1975 et transformée en société mixte à participation financière de l’Etat par une ordonnance du 27 septembre 1993, elle est chargée de gérer le commerce des principales essences forestières exploitées. Ses attributions l’investissent d’un véritable monopole, en vertu duquel elle agit au nom et pour le compte de l’Etat. Elle perçoit la redevance de martelage à la place et au profit du Ministère des eaux et forêts, homologue les producteurs à qui elle achète les grumes, régule la production, s’occupe de la commercialisation et de la livraison du bois sur les marchés nationaux et internationaux et fixe les taxes à l’exportation, qu’elle perçoit.

Ces structures relèvent du Ministère des eaux et forêts, de la pêche, du reboisement, chargé de l’environnement et de la protection de la nature.

Malgré ces dispositions, de nombreuses contraintes pèsent sur la gestion des ressources des forêts secondaires. La principale d’entre elles est le manque de moyens financiers. Ceux-ci sont nécessaires pour:

- renforcer les échanges nationaux et internationaux sur la gestion des forêts secondaires;

- compléter le travail sur la stratification forestière et ;

- mettre en œuvre les opérations de restauration, d’aménagement et de réhabilitation des forêts secondaires.

6. PRINCIPALES LECONS ET CONCLUSIONS

La littérature disponible n’a pas permis d’identifier les principaux types de forêts tropicales secondaires reconnus et trouvés dans d’autres parties du monde, à savoir les forêts secondaires après exploitation, les forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante, les forêts secondaires remises en état, les forêts secondaires après incendie et les forêts secondaires après abandon d'autres utilisations des terres (notamment agriculture et pâturage). Les critères distinctifs des forêts secondaires gabonaises sont notamment l’âge, la composition floristique, la localisation et l’accessibilité.

Sur la base de ces critères, les forêts secondaires adultes (SA), les forêts secondaires adultes inaccessibles (SAIN), les forêts secondaires adultes à okoumé (SAOK), les forêts secondaires jeunes et en régénération (SJ), les forêts secondaires avec complexe cultural (SC) et les végétations côtières (VC) ont été décrites. Même si leur contribution à l’économie nationale ne soit pas encore évaluée, on pense néanmoins qu’elle est considérable. En attestent la production de l’okoumé et celle des produits forestiers non ligneux.

Cependant, la politique forestière et les institutions ne distinguent pas la gestion des forêts secondaires de celle des forêts primaires. Comme celles-ci, les forêts secondaires, qui font l’objet d’une exploitation de bois d’œuvre sont gérées conformément à la loi n° 016/01 de décembre 2001 portant Code forestier ; les autres le sont selon les règles et les pratiques coutumières.

Ce mode de gestion des forêts secondaires peut évoluer vers une gestion qui mette un accent particulier sur les forêts secondaires. Il faudrait à cette fin d’abord améliorer la connaissance de leurs ressources (origines de ces forêts, superficies couvertes, types, forêts menacées, menaces, etc.), renforcer les capacités de gestion de celles-ci ainsi que la participation de tous les acteurs concernés (communautés villageoises, sociétés forestières, ONG nationales et internationales) à leur conservation et exploitation durable. Encore faudrait-il mobiliser les ressources financières nécessaires à ces fins.

7. RECOMMANDATIONS

Au regard de tout ce qui précède, les recommandations suivantes peuvent être formulées en vue d’une meilleure gestion des forêts secondaires:

- améliorer la connaissance des forêts secondaires et des facteurs qui les affectent;

- traiter avec un accent particulier la gestion des forêts secondaires;

- tester des modèles de gestion adaptés aux différentes catégories de forêts secondaires et prendre les mesures nécessaires;

- donner la priorité à la réhabilitation et à la restauration des forêts secondaires.

En outre, il est recommandé que l’Administration forestière:

- travaille avec les instituts de recherche – notamment en agronomie, en foresterie et en sociologie - afin de cerner les questions sous-jacentes à la gestion des forêts secondaires;

- oriente les sociétés d’exploitation forestière quant aux actions à mener dans les forêts secondaires;

- en collaboration avec l’Administration en charge de l’agriculture, encadre les communautés villageoises pour une gestion durable des ressources de ces forêts.

Il serait également judicieux d’intensifier les échanges d’expériences entre les pays intéressés.

8. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Direction des inventaires, des aménagements et de la régénération des forêts, Plan d’affectation des terres de la première zone forestière du Gabon. Volume 1 : Milieu physique et socioéconomique, 1998.

2. Direction des inventaires, des aménagements et de la régénération des forêts, Plan d’affectation des terres de la première zone forestière du Gabon. Volume 2 : Proposition d’affectation des terres, 1998.

3. Direction des inventaires, des aménagements et de la régénération des forêts, Rapport sur les données démographiques, économiques et sociales pour l’élaboration de la carte de l’organisation humaine de la zone du projet, 1997.

4. Institut pédagogique national et laboratoire national de cartographie, Géographie et cartographie du Gabon atlas illustré, EDICEF, 1983.

5. Ministère de la planification et de l’aménagement du territoire, Recensement général de la population et de l’habitat. Principaux résultats, 1993.

6. Ministère des eaux et forêts, de la pêche, du reboisement, chargé de l’environnement et de la protection de la nature, Manuel national critères et indicateurs de l’aménagement durable des forêts gabonaises, 2001.

7. Ministère des eaux et forêts, de la pêche, du reboisement, chargé de l’environnement et de la protection de la nature, Rapport d’activité 2000, 2000.

8. Ministère de l’économie forestière, des eaux, de la pêche, chargé de l’environnement et de la protection de la nature, Rapport d’activité 2002, 2002.

9. Nasi, R., Les peuplements d’okoumé au Gabon. Leur dynamique de croissance en zone côtière, In : Bois et forêts des tropiques. 1997, n°251 (1).

10. Ndongou A. et Nze Nguéma S., Bilan et analyse des expériences de partenariat en gestion dans le Bassin du Congo. OIBT, 2003.

11. Nicolas P., Contribution à l’étude phytogéographique de la forêt du Gabon. Ecole des hautes études en sciences sociales, centre national de la de recherche scientifique, 1977.

12. République gabonaise, Loi n° 016/01 portant code forestier en République Gabonaise, 2001.


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