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3.2.9 Madagascar

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

Rapport national de Madagascar

Ecrit par
Raharimaniraka Lydie Norohanta
Directeur de la valorisation des ressources forestières
Direction générale des eaux et forêts
Ministère de l’environnement des eaux et forêts
B. P. 243 Nanisana
Antananarivo 101; Madagascar
Tél: 261 324009504; Fax : 261 20 22 30488
e-mail : [email protected]

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

En collaboration avec l’UICN, ICRAF et CIFOR

Douala, Cameroun, 17 – 21 novembre 2003

RESUME

Le présent document fait partie des rapports nationaux écrits dans la perspective de l’atelier sur la gestion des forêts secondaires tropicales en Afrique subsaharienne francophone (Douala, Cameroun, 17-21 novembre 2003). Il donne un aperçu sur les forêts secondaires à Madagascar.

1. Il appert que sur 10 millions d’hectares de forêts, entre 2 et 3 millions sont des forêts secondaires. Celles-ci sont mal connues et d’accès presque libre : quelles soient affectées à l’agriculture ou non, les forêts secondaires, en particulier celles des bas-fonds, sont considérées par les paysans comme des réserves de terres susceptibles – lorsque cela est nécessaire - d’être défrichées et aménagées en terrain de culture.

2. La politique forestière semble centrée sur la préservation et la valorisation des forêts primaires. Bien que les essais d’enrichissement des forêts secondaires sur la côte Est soient considérés comme positifs, les mesures pour étendre ces expériences sur d’autres forêts secondaires ne sont pas prises.

3. Disposant de moyens faibles, l’administration forestière a été contrainte de transférer la gestion des lots forestiers, généralement des forêts secondaires après exploitation, aux communautés de base intéressées.

4. Le rôle des forêts secondaires est multiple : réserve de terres cultivables, de matériaux de construction et réserve alimentaire, source de revenus, refuge des bovidés, etc. Cependant leur gestion est irrationnelle.

5. Celle-ci pourra être améliorée et rendue durable dans le futur en combattant les exploitations illicites et les défrichements sauvages. Il conviendra également de redéfinir le droit d’usage sur ces forêts et d’inciter les communautés de base ainsi que les associations à les valoriser

INTRODUCTION

La FAO, en collaboration avec CIFOR et l’UICN, organise à Douala du 17 au 21 novembre 2003 un atelier sur la gestion des forêts tropicales secondaires. Ce rapport est écrit à l’initiative des organisateurs de cette réunion. Il répond aux questions ci-après : Quels sont les différents types de forêts secondaires à Madagascar ? Où se trouvent-ils ? Quelle est leur importance écologique et socioéconomique ? Comment sont-ils gérés ? Et comment améliorer la gestion des forêts secondaires à Madagascar ?

1. SITUATION SOCIOECONOMIQUE GENERALE DE LA FORESTERIE ET DE L’UTILISATION DES TERRES

D’une superficie de 590.000 km2, Madagascar a une population d’environ 16 millions d’habitants dont 80% de ruraux. Cette population croît à un taux annuel moyen de 2,27% ; ce facteur, conjugué notamment à la pauvreté, force les paysans sans terre au défrichement des forêts. Ainsi, au début du 20ème siècle, la superficie forestière était estimée à 20 millions d’hectares ; aujourd’hui elle n’est plus que de 10 millions d’hectares avec de vastes étendues de forêts dégradées.

Ces ressources forestières sont inégalement réparties : sur la côte Est, le taux de boisement est d’environ 25% ; sur les Hautes Terres, il est de 2 à 4% ; dans le sud du pays, il est égal et, parfois, inférieur à 1%. Afin d’assurer la conservation des forêts primaires, 1,5 millions d’hectares, 2,5% du territoire, sont classés en réserves et en parcs nationaux et 6,4 millions d’hectares, 10,84% du territoire, sont dotés d’un statut de « Forêts classées ». Si ces dernières sont l’objet d’exploitations forestières futures, les réserves et les parcs nationaux ne le sont pas.

L’exploitation forestière participe au développement du pays : apport d’énergie, de plantes médicinales, de matériaux de construction, de matériaux pour l’artisanat, d’aliments divers, etc. En 2001, Madagascar a produit 69.200 grumes, 396.220 m3 de bois débités, 2.761.300 stères de bois de chauffe et 589.156 tonnes de charbon de bois. L’extraction d’huiles essentielles et d’essences végétales à partir des produits forestiers non ligneux se développe. Le pays a également une biodiversité très riche et de merveilleux sites naturels dont une exploitation rationnelle pourra contribuer à la diversification de ses revenus. Mais l’exploitation forestière est à l’heure actuelle un secteur où se posent d’énormes problèmes. Les méthodes d’exploitation forestière demeurent traditionnelles et de rendement faible. Faute d’investissement, la transformation des produits forestiers se développe peu. Déjà élevés, les coûts de transport continuent d’augmenter. Les commerçants subissent les effets d’une concurrence déloyale du fait notamment de l’abondance sur les marchés des produits, à bas prix, issus d’exploitations forestières illégales.

En ce qui concerne l’utilisation des terres, celles-ci sont réparties en terres agricoles, pastorales et forestières. Les terres agricoles sont constituées par les bas-fonds, les tiers inférieurs des pentes et les plateaux. Elles sont destinées aux cultures vivrières, telles que le riz, et aux cultures industrielles (coton, café, canne à sucre, etc.). Les cultures peuvent être pratiquées sur terrain dénudé ou en sous bois (par exemple, la vanille et le poivre). Parce que les bas-fonds n’existent pas dans certaines zones forestières du pays et que la topographie générale du terrain ne permet pas le développement des cultures irriguées, le défrichement des forêts (suivi ou non d’une incinération) est la seule possibilité de développer la riziculture et l’agriculture vivrière. Dans ces zones, la création et l’aménagement des périmètres de cultures sont autorisés. Les terres pastorales - naturelles, améliorées ou artificielles – comprennent les plateaux et les abords des terrains de culture. Les terres forestières, destinées à la foresterie et au reboisement sont les zones couvertes de forêts (primaires ou secondaires), les montagnes, les sommets de pente, les plateaux incultes, les zones en défens ou toute autre zone définie par la législation forestière comme étant assimilée aux forêts, boisée ou non.

En outre, on distingue également des zones d’installation, des zones de production, des zones de parcours, et des zones forestières de prélèvement. Les zones d’installation sont destinées aux diverses installations et aux infrastructures nécessaires à l’accomplissement des activités des paysans : habitation, grenier, parc à bœufs, porcherie, château d’eau, école, église, etc. Les zones de production sont généralement contiguës aux zones d’installation. Elles sont réservées à la production agricole et animale. Les zones de parcours sont des espaces de transhumance des bovins, des ovins et des caprins ; elles constituent également des pâturages. Les zones forestières de prélèvement sont des surfaces de territoire où les paysans peuvent exercer leur droit d’usage sur les produits secondaires des forêts.

Il est à noter que, qu’elles soient affectées à l’agriculture ou non, les forêts secondaires, en particulier celles des bas-fonds, sont considérées par les paysans comme des réserves de terres susceptibles – lorsque cela est nécessaire - d’être défrichées et d’être aménagées en terrain de culture.

2. CARACTERISTIQUES DES DIFFERENTS TYPES DE FORETS SECONDAIRES

La superficie des forêts secondaires varie entre 2 et 3 millions d’hectares. Les facteurs qui affectent cette superficie sont le défrichement des forêts primaires, la dégradation des forêts secondaires existantes et la surexploitation des produits forestiers non ligneux.

2.1 Les forêts secondaires après exploitation

Les forêts secondaires après exploitation résultent d’une exploitation généralement abusive et illicite des forêts : après l’exploitation régulière des essences de valeur et avant que la forêt ne se régénère, des perches et d’autres arbres de moindre valeur sont exploités pour le bois de feu et la fabrication du charbon de bois. La forêt se caractérise, pour ces raisons, par l’absence de grands arbres de valeur et la présence d’arbres de moins de 15 m de haut et de diamètre inférieur à 20 cm qui ont auparavant constitué le sous-bois. Les semis naturels sont limités ; les broussailles, nombreuses. Les essences végétales qui se rencontrent fréquemment dans les forêts secondaires après exploitation sont:

- Stereospermum euphoroïdes (Mangarahara)

- Croton spp. (Molanga)

- Brachylaena ramiflora (Merana)

- Weinmania spp. (Lalona)

- Bombeya spp. (Hafotra)

- Trema orientalis (Tsivakimbaratra)

- Tamarindus indica (Madiro)

- Adina microcephala (Sohihy)

- Tambourissa trichophylla (Ambora)

- Dalbergia spp. (Voamboana)

- Dracaena spp. (Hasina)

- Pandanus spp. (Fandrana)

- Nixia capitata (Valanirana)

- Anthocleista madagascariensis (Landemy)

Certaines de ces espèces sont utilisables dans la construction des cases ; d’autres ne peuvent servir que de bois de feu ou de bois pour la fabrication du charbon. De nombreuses espèces animales, de moyenne et de petite tailles, affectionnent ces formations forestières et ils en font leur biotope : microcèbes, rongeurs (entre autres, Tenrec écaudatus, Hemicentetes semispinosus et Fer serosus), reptiles (par exemple, Chamaeleo spp. et Lioheterodon madagascariensis), etc.

2.2 Les forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante

Ces formations forestières se rencontrent, principalement mais non exclusivement, sur la côte Est malagasy. Là, la couverture forestière est dense, le taux de boisement élevé et, par endroit, les bas-fonds susceptibles d’être aménagés en rizières font défaut. Les paysans pratiquent généralement les cultures itinérantes sur brûlis. Après les défrichements, les formations forestières secondaires s’installent. Si les bois précieux et nobles – bois d’œuvre – sont rares, les perches et les produits accessoires (feuilles et troncs des ravenala, plantes médicinales, plantes vivrières, etc.) sont, en revanche, abondants. L’âge et la composition spécifique distinguent les différentes formations forestières secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante qui sont appelées aussi « savoka ».

Sont considérées comme jeunes, les « savoka » de moins de dix ans. Les essences sont de petits calibres et de petites tailles ; les plantes médicinales et quelques petits animaux, abondants ; la couverture forestière, partielle. Au bout de cinq années de jachère, les jeunes « savoka » contiguës aux cultures sont défrichées. Cependant si rien ne vient freiner leur croissance, on considère qu’elles sont adultes quand elles ont dix ou plus de dix ans. Selon les populations locales, à ce stade de leur développement, les « savoka » sont « utiles » et, comme les forêts primaires, leur défrichement peut être contrôlé. D’après leur composition spécifique, on distingue :

- les savoka de Mokonazy de la côte ouest malagasy (Ziziphus bijuga),

- les savoka à Biraho (Cassia spp.),

- les savoka à Ravenala (Ravenala madagascariensis),

- les savoka à Sevabe (Solanum auriculatum),

- les savoka à Harongana (Harungana madagascariensis),

- les savoka à Dingadingana (Psiada altissima),

- les savoka à Bambous (Diverses espèces de bambous : Arundinaria spp.).

- les savoka de Satrana de la côte Ouest malagasy (Medemia nobilis et Hyphaene shatan).

2.3 Les forêts secondaires remises en état et celles après incendie

La régénération assistée des forêts secondaires est généralement réalisée dans les parties perturbées des « Forêts classées » et des réserves forestières. Le principe consiste à enrichir les formations secondaires par des essences de valeur, telles que Canarium madagascariensis, Comniphora spp., Afjelia bijuga et parfois Dalbergia spp.47 qui sont adaptés aux conditions des sites d’intervention. A terme, ces essences colonisent, du fait de leur régénération naturelle, la zone forestière traitée.

D’une manière générale, à Madagascar, l’incendie des forêts résulte de la divagation des feux de défrichement et des feux de brousse. Selon l’intensité des feux et la superficie incendiée, la forêt peut être complètement ou partiellement détruite. Dans les deux cas, certaines essences de valeur disparaissent après le passage des feux. Puis les essences pionnières, telles que Ravenala madagascariensis ou Solanum auriculatum, conquièrent l’espace, recréent l’atmosphère forestière favorable à la repousse d’autres espèces ; ce processus se poursuit jusqu’à la régénération de la forêt. Si rien ne vient le perturber, la forêt se régénère. A 10 ans, elle possède des arbres d’une grande valeur économique.

2.4 Forêts secondaires après l’abandon d’autres utilisations des terres

Ces forêts sont rares ; elles apparaissent dans les zones forestières après une exploitation minière, souvent illicite. Le sol défriché et remué par les travaux d’extraction minière est laissé au repos. Avant que n’apparaissent les espèces ligneuses, les broussailles s’installent. Puis, des formations généralement constituées de gaules et de perches sans valeur économique occupent l’espace. A terme (10 à 20 ans), des essences secondaires, telles que le Ravenala madagascariensis et les Bambous conquièrent le terrain et favorisent la régénération de la forêt.

3. IMPORTANCE SOCIOECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE DES FORETS SECONDAIRES

Pour ceux qui habitent à proximité des forêts secondaires, celles-ci –comme dit plus haut- constituent notamment des réserves de produits variés et utiles : par exemple, des terres agricoles, des produits médicinaux et alimentaires ainsi que des matériaux de construction et du bois énergie. En ce qui concerne les terres agricoles, les cultures peuvent être pratiquées dans les forêts secondaires. A cette fin, une autorisation est délivrée par l’autorité forestière après avoir constaté l’insuffisance de bas-fonds pour la riziculture et celle de terrains de culture aménagés48. Cette autorisation est valable sur des « savoka » qui ont plus de cinq (5) ans et pour des cultures dont les systèmes de rotation sont préalablement définis par les autorités forestières, en collaboration avec les populations concernées.

S’agissant des produits médicinaux et alimentaires, les forêts secondaires sont riches en espèces végétales et animales qui interviennent dans la médecine et l’alimentation, telles que des lianes à tubercules comestibles (ignames sauvages), des feuilles-légumes, des fruits, du gibier (Tenrec ecaudatus, Lémuriens, Humida nitrata, etc.).

Enfin, les forêts secondaires constituent une réserve de matériaux de construction et de bois de chauffage, parce que les perches pour les poutres et les poteaux, les gaulettes pour les toits et parfois les murs, les troncs pour les murs et les planchers peuvent être prélevés dans les forêts secondaires ; on exploite également les feuilles et les pétioles de ravenala pour respectivement couvrir les toits et construire les murs des cases. Comme la durée de vie des cases dépasse rarement dix ans, les forêts secondaires permettent aux paysans de les renouveler périodiquement et à faibles coûts.

La commercialisation des produits forestiers non ligneux et des produits de chasse issus des forêts secondaires fournit aux paysans d’importants revenus. En plus, dans les zones d’élevage, ces forêts sont à la fois des abris et des pâturages naturels de bonne qualité.

En ce qui concerne leur importance écologique, les forêts secondaires sont multifonctionnelles : elles fixent les sols, assurent la conservation de ceux-ci, modifient les microclimats, protègent les bassins versants, etc.

4. CONNAISSANCE, EXPERIENCES EFFECTIVES EN MATIERE DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES ET PRATIQUES COURANTES

La flore forestière malagasy est très étudiée. Les études se focalisent cependant sur les espèces qui ont une valeur marchande. S’agissant des forêts secondaires, certaines études entamées sont abandonnées. Tel est le cas des essais d’enrichissement des forêts secondaires de la côte Est du pays.

En ce qui concerne les pratiques courantes de gestion de ces forêts, l’Etat est, depuis la période coloniale, le gestionnaire principal des ressources forestières. Les actions publiques reposent sur les textes législatifs relatifs à l’exploitation, à la conservation, au défrichement des forêts et aux feux de végétation.

Conformément aux coutumes, une forêt secondaire appartient à celui qui, le premier, a défriché - avec ou sans l’autorisation des autorités forestières - la forêt primaire précédente. Le propriétaire peut immatriculer la terre sur laquelle se trouve la forêt secondaire et disposer de sa propriété. Celle-ci fait partie des biens successoraux. Ainsi, la plupart des forêts secondaires à Madagascar appartiennent à des paysans qui n’attendent que le moment opportun pour s’y installer. Ces paysans n’ont donc pas besoin, pour cela, d’une autorisation de l’administration forestière. De même, ils n’ont pas besoin d’une autorisation pour exploiter de petites quantités de produits forestiers.

Si un membre d’une collectivité riveraine peut prélever des produits forestiers dans les forêts secondaires publiques, une personne étrangère a, par contre, besoin de l’accord d’un membre de cette collectivité pour accéder à de faibles quantités des ressources de ces forêts ; le prélèvement de quantités importantes est subordonné à un permis d’exploiter, une convention de collecte ou une autorisation de ramassage. Celle-ci est délivrée par l’autorité forestière compétente contre des redevances qui sont versées à l’Etat. Le suivi et le contrôle de l’exploitation forestière, la mise en circulation des produits forestiers et leur commercialisation sont assurés par l’Administration (agents forestiers et force publique). Cependant, face à la faiblesse des moyens humains et financiers de l’administration, à l’expansion démographique et aux besoins en aliments des populations en majorité pauvres, les contrôles sont moins rigoureux ; les exploitations forestières et les défrichements, abusifs et les incendies de forêts sont fréquents.

C’est pourquoi la nouvelle politique forestière malagasy prévoit la responsabilisation du secteur privé, y compris les communautés de base (Communautés de Base, COBA), dans la gestion et la protection des ressources forestières. Conformément à cette politique, les autorisations et les permis forestiers sont délivrés par l’Administration forestière, pour les ressources des forêts classées et des forêts domaniales, et par les communautés de base, pour les ressources des forêts dont la gestion leur a été confiée. D’ores et déjà, des contrats de gestion existent entre l’administration et certaines communautés de base qui se sont engagées à assurer une gestion rationnelle des ressources de leur terroir. Malgré quelques problèmes d’ordre organisationnel, les effets de cette politique sont considérés comme positifs : par exemple, on note l’accroissement des activités de reboisement, d’arborisation et d’agroforesterie en milieu rural.

5. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Toutes les forêts naturelles malagasy (primaires et secondaires) appartiennent à l’Etat qui peut les ouvrir ou les soustraire, par des mesures de classement et selon les nécessités, à des utilisations du public. La nouvelle politique forestière vise à maintenir le patrimoine forestier et les équilibres écologiques ainsi qu’à satisfaire les besoins des populations. Pour atteindre ce but, elle promeut la responsabilisation des acteurs locaux dans la gestion des ressources forestières et une meilleure valorisation des produits forestiers.

Afin de maintenir le patrimoine forestier et les équilibres écologiques, plusieurs forêts sont soumises au régime forestier de propriété49 : les réserves naturelles intégrales, les réserves spéciales, les Parcs nationaux, les forêts classées, les réserves forestières et des forêts domaniales (primaires et secondaires). Ces forêts sont inaliénables et imprescriptibles. Des espaces forestiers sont ouverts aux utilisations et aux exploitations diverses (médicinales, culinaires, ménagères, ornementales, forestières, etc.) pour assurer la satisfaction des besoins des populations.

Sont impliqués dans la gestion et la préservation des ressources forestières, les structures suivantes:

- l’administration forestière qui délivre les permis, les autorisations et les conventions permettant à un particulier d’exploiter les ressources forestières moyennant des redevances ;

- les Communes, les Sous–Préfectures, les Préfets et les Provinces qui représentent l’Administration générale et qui sont responsables de la gestion du patrimoine forestier et des ressources forestières dans leur circonscription respective. Leurs avis sont toujours sollicités avant la délivrance des permis d’exploiter et des contrats de transfert de gestion des ressources forestières, par exemple, aux communautés de base. L’administration générale bénéficie des ristournes prélevées sur les produits exploités ;

- les collectivités de base qui exploitent les ressources forestières. A leur demande, la gestion des ressources forestières peut leur être confiée.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les forêts secondaires malagasy occupent une superficie de 2 à 3 millions d’ha. On distingue des forêts secondaires après exploitation, des forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante, des forêts secondaires après incendie et des forêts secondaires après remise en état. Ces forêts diffèrent de par leur origine, leur composition spécifique, leur localisation. Elles fournissent aux populations, énergie, plantes médicinales, gibier, pâturage, terres agricoles, etc. Même s’il obéit actuellement aux orientations de la nouvelle politique forestière, l’accès à ces ressources est presque libre. Or l’expansion démographique et les besoins en aliments des populations pauvres favorisent les exploitations forestières et les défrichements abusifs. La contribution des forêts secondaires au développement de Madagascar pourra être améliorée et rendue durable dans le futur en combattant les exploitations illicites et les défrichements sauvages. Il conviendra également de redéfinir le droit d’usage sur ces forêts et d’inciter les communautés de base ainsi que les associations à les valoriser.

En ce qui concerne les recommandations, celles qui suivent peuvent être faites :

- améliorer la connaissance des forêts secondaires pour améliorer la connaissance de leur importance ;

- instaurer un régime de gestion propre aux forêts secondaires ;

- encourager le transfert de gestion des forêts secondaires aux Communautés de base.


47 L’Okoumea et le Khaya sont aussi utilisés pour enrichir ces formations forestières.

48 En réalité, le défrichement de ces forêts se fait sans attendre l’autorisation des autorités forestières.

49 Le «régime forestier» est l’ensemble des dispositions législatives et réglementaires qui ont pour objet la protection et la bonne gestion des ressources forestières.

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