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3.2.10 Mali

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE

Réalité et perspectives

Rapport national du Mali

Ecrit par
Yacouba Doumbia
B.P.: 275;
Mali
Tél/Fax: 221 78 89
Mél.: [email protected]

POUR

L’ATELIER FAO/EC LNV/GTZ SUR

LA GESTION DES FORETS TROPICALES SECONDAIRES EN AFRIQUE:

Réalité et perspectives

En collaboration avec l’UICN, ICRAF et CIFOR

Douala, Cameroun, 17 – 21 novembre 2003

RESUME

Le dialogue sur la gestion des forêts secondaires commencé en Amérique Latine et en Asie se poursuit en Afrique francophone (Douala, Cameroun, du 17 au 21 novembre 2003). Pour faciliter ce dialogue, chaque pays a été invité à produire un rapport national sur ce thème. Ce document traite des forêts secondaires du Mali.

Dans ce pays, des grandes étendues de forêts secondaires se sont développées. Ce sont notamment les forêts secondaires claires à Isoberlinia doka et les lambeaux de forêts secondaires claires. Leur poids économique est important : 4,9% du PIB, au moins 450.000 emplois, 90.000 tonnes de bois de service et plus de 96% de la consommation énergétique du pays (CCL, 1998). Mais elles sont réduites en reliques, de superficies variables, et isolées soit dans les systèmes culturaux, soit dans les savanes dégradées. Les principales causes en sont les traversées et les incursions des troupeaux transhumants, la croissance démographique, les feux de brousse et une forte demande en terres forestières (plus de 100.000 ha/an pour la production agricole et environ 400.000 ha/an pour l’exploitation de bois énergie).

Ces facteurs, conjugués à la réduction de la pluviométrie au cours des trente dernières années, ont provoqué le déplacement des isohyètes de quelques 200 km vers le sud du pays, une modification concomitante de la végétation et la baisse de la fertilité des sols.

Afin de limiter l’influence des facteurs évoqués sur les forêts maliennes, une nouvelle politique et des textes législatifs adaptés au contexte ont été élaborés. Ils offrent un cadre favorable à une gestion participative et décentralisée des ressources forestières. Cependant, l’amélioration de la gestion des forêts secondaires passe aussi par une large diffusion des textes législatifs et une assistance technique aux collectivités territoriales.

INTRODUCTION

Un nouvel état d’esprit apparaît aujourd’hui, favorable à une gestion durable des forêts secondaires. Il y a eu pour ce regain d’intérêt l’apport financier et technique des gouvernements comme ceux des Pays-Bas et d’Allemagne de même que des organisations internationales comme la FAO et le CIFOR. Ainsi, le dialogue sur les apports des forêts secondaires aux sociétés humaines commencé en Amérique Latine et en Asie se poursuit en Afrique francophone (Douala, Cameroun, du 17 au 21 novembre 2003).

Pour faciliter ce dialogue, le Mali, comme tous les pays d’Afrique francophone, a été invité à produire un rapport national qui sera exploité dans la préparation des synthèses régionales sur la gestion des forêts secondaires.

Ce rapport est structuré en six chapitres. On présentera d’abord le contexte dans lequel les forêts secondaires sont gérées. On examinera ensuite les caractéristiques de ces forêts ainsi que leur importance socioéconomique et écologique. Dans les trois dernières parties, on évoquera successivement les connaissances et les expériences effectives, les pratiques courantes, les politiques et les questions institutionnelles en matière de gestion des forêts secondaires. En se fondant sur les leçons tirées de l’exploitation et de la conservation des forêts secondaires au Mali, on conclura ce rapport en présentant quelques recommandations.

1. SITUATION GENERALE SOCIOECONOMIQUE DE LA FORESTERIE ET DE L’UTILISATION DES TERRES

1.1 Situation socioéconomique

Le Mali a une superficie de 1.241.138 km² et environ 11 millions d’habitants, dont 12% d’urbains. Son PIB s’élevait à environ US$ 2 996 millions en 1998, loin derrière celui de la Côte d’Ivoire (US$ 11 206 millions). Bien qu’il ait amélioré depuis une dizaine d'années ses performances macro-économiques, le Mali demeure très pauvre : par exemple, plus de 71,6 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté, le taux de scolarisation est inférieur à 50%, la couverture sanitaire est de 43% dans un rayon de 5km et le taux de couverture des besoins en eau potable est inférieur à 45%. Le secteur primaire représente plus de 43% du PIB dont 4,9% pour la production forestière (DNSI, 1998). Et celle-ci diminue. Si rien ne vient améliorer la production du secteur primaire, on prédit une baisse de sa contribution au PIB en 2010, en ce compris celle du secteur forestier qui passerait de 9,55 % à moins de 6,5% (Mali, 2025). Pourtant, en termes absolus, les besoins en produits forestiers resteront élevés par rapport à la productivité des forêts ; ainsi, dans la meilleure des hypothèses, le bilan bois énergie sera négatif à partir de 2010.

Il n’empêche. Actuellement, la dépendance des Maliens envers leurs ressources forestières est très forte. La part des amandes et du beurre de Karité dans les exportations est de 3,6% (environ 1,1 milliard de F CFA/an). Les fruits sauvages et les essences pour la pharmacopée fournissent à l’Etat 70 milliards de FCFA par an (Direction nationale des eaux et forêts, 2001). 96% de l’énergie domestique sont liés aux combustibles ligneux. En milieu rural, plus de 80% des ménages dépendent des protéines d’origine animale, celles-ci proviennent de l'exploitation de la faune sauvage et la contribution de la chasse à l’économie familiale atteint 7 à 8 % (GTZ, 1999). L’analyse du commerce des combustibles ligneux et des produits forestiers non ligneux (néré, jujube, tamarin, fonio sauvage, dattes sauvages, raisins sauvages, peaux, crânes, défenses, plumes, griffes, etc.) sur deux ans a permis de faire ressortir les chiffres d’affaires de 21 milliards de francs CFA pour les combustibles ligneux et de 100 millions FCFA pour les feuilles de doum et du rônier. Les forêts procurent aux Maliens plus de 450.000 emplois.

1.2 Ressources en sols et utilisation des terres

Les terres agricoles couvrent 30 millions d’ha (23.8 % des terres) dont un million d’ha de terres irrigables et 11.4 millions d’ha de terres cultivées - cultures et jachères- (Projet Inventaire des Ressources Terrestres, 1983 ; PIRL, 1991). Cette dernière superficie augmente annuellement de 3 à 3.5 millions d’ha (DNSI, 1995), mais, entre 1970 et 1995, elle est passée de 1.967.000 ha à 3.472.000 ha soit une augmentation de 15 % (DNSI, 1995).

L’augmentation des terres cultivées ne s’est pas accompagnée d’un accroissement du rendement agricole qui est resté faible, en moyenne 750 kg/ha ; elles s’est traduite par la dégradation des ressources naturelles (sol et couvert végétal) dans les régions de forte densité de population, une réduction de la durée des jachères, une baisse de la fertilité des sols et une accentuation de l’érosion (MDRE, 1998 ; CMDT, 1998 ; DNCN, 1998 ; IER, 1998).

2. CARACTERISTIQUES ET ETENDUE DES FORETS SECONDAIRES

Dans le domaine soudano-guinéen et dans une partie du sud du pays (domaine soudanien), des grandes étendues de forêts secondaires claires se sont développées, mais elles sont réduites en reliques, de superficies variables, et isolées soit dans les systèmes culturaux, soit dans les savanes dégradées. Les causes en sont : l’exploitation forestière, les incendies, la pression démographique, etc.

D’une manière générale, la strate arbustive des forêts secondaires maliennes est composée des arbres de petite taille et de taille moyenne, tandis que la strate graminéenne est haute (supérieure à 1,5 m) et floristiquement très riche (Andropogon gayanus, Panicum laetum, Penicetum pediculatum, Aristida spp., Andropogon pseudapricus et Eragrotis tremula). On peut distinguer deux grands types : les forêts secondaires claires à Isoberlinia doka, les plus importantes en terme de superficie (15 millions d’ha), et les lambeaux de forêts secondaires claires qui sont épars.

2.1 Les forêts secondaires claires à Isoberlinia doka

L’écosystème climax dans le domaine soudano-guinéen est la forêt claire à Isoberlinia doka. Les forêts secondaires se différencient d’elle dans la mesure où elles comptent un nombre plus faible d’arbres, sont situées généralement près des villages et des cultures et ont un nombre plus élevé d’espèces héliophiles et/ou pionnières, telles que Combretum glutinosum, Terminalia ivoirensis et Pteleopsis suberosa. Leur strate arborée est de hauteur moyenne (12 à 15 m) et domine un sous-bois ligneux (3 à 6 m de haut) plus ou moins dense qui domine, lui, une strate graminéenne plus basse composée notamment de Loudetia togoensis, Aristida spp., Echinocloa colona, Diheteropogon spp. et Schoenefeldia grasilis.

Dans les forêts claires dotées d’un couvert fermé (80 à 100 %), émerge une strate herbacée discontinue dominée par une graminée sciaphile (Andropogon textorum), tandis que les trouées se caractérisent par des graminées héliophiles (Andropogon gayanus, Andropogon pseudapricus, Ctenium villosum, Diheteropogon amplectens, Loudetia togoensis, etc.).

Ces forêts sont régulièrement exploitées par les populations et parcourues par le feu. Sans l’action de ces facteurs, la strate graminéenne dépasserait 1 m de hauteur et serait floristiquement riche en Isoberlinia doka, Pericopsis Laxiflora, Lophira Lanceolata, Pterocarpus erinaceus, Combretum glutinosum, Gardenia spp., etc. La pauvreté des sols des forêts secondaires à Isoberlinia doka peut ainsi s’expliquer par des pratiques humaines (établissements humains, habitations, etc.). Quand ces facteurs disparaissent, la forêt peut recoloniser l’espace, mais sa composition floristique n’est jamais identique à celle de la forêt originelle. Tel est le cas à Nienendougou où les forêts originelles sont à dominance de Isoberlinia doka, Pericopsis Laxiflora et Lophira Lanceolata et les forêts secondaires, à dominance de Pterocarpus erinaceus, Combretum glutinosum et Gardenia spp. Tel est également le cas de la réserve de faune de Fina où la forêt claire à Isoberlinia doka a laissé la place, après une longue occupation des terres (confirmée par la présence des ruines d’un ancien fort français et d’une jachère de 50 ans au moins), à une forêt secondaire claire où dominent Vitellaria paradoxa, Combretum glutionsum et Pterocarpus erinaceus.

Les forêts secondaires claires à Isoberlinia doka se rencontrent au sud de l’isohyète 900 mm, à l’exception de l’ouest du pays, mais elles se développent mieux au sud de l’isohyète 1200 mm (Domaine soudano-guinéen). Elles s’installent sur tous les sols (fonds de vallées, plaines alluvio-colluviales, zones cuirassées50), sauf les sols hydromorphes et les roches nues (Inselberg granitiques).

Outre Isoberlinia doka, les autres espèces principales de ces forêts sont:

- dans le domaine soudanien, Detarium microcarpum, Pterocarpppus erinaceus, Pericopsis laxiflora, Lannea acida, Daniellia oliveri, Vitellaria paradoxa, Combretum glutinosum, Terminalia laxiflora, Entada africana, Gardenia spp., Swartzia madagascariensis,Burkea africana, Opilia celtidifolia, Diospyros mespiliformis et Crossopteryx febrifuga,

- dans le domaine soudano-guinéen, Parinari curatellifolia, Monotes kerstingii, Uapaca togoensis, Simaba undulata, Lophira lanceolata et Acacia dudgeonii.

2.2 Les lambeaux de forêts secondaires claires

Ces forêts sont plus pauvres en espèces que les forêts claires à Isoberlinia doka et, en termes de composition floristique, différentes de celles-ci. Les espèces dominantes sont Daniellia oliveri, Afzelia africana, Pterocarpus erinaceus et Cordyla pinnata.

On pense que ces forêts constituent des formes appauvries ou dégradées des forêts denses sèches climaciques qui ont existé auparavant à l’extérieur de l’aire de répartition des forêts à Isoberlinia doka. Parmi ces forêts, il y a la forêt à Daniellia oliveri, une espèce héliophile qui se développe sur tous les types de sols : falaises (cas de Tambaoura), pistes, sable, etc.

Dans les régions humides, habitées et cultivées, le Daniella oliveri forme des peuplements importants et envahit les jachères. A Yanfolila et Kita, il est généralement associé aux espèces cosmopolites provenant des forêts denses sèches soudano-guinéennes, telles que Pterocarpus erinaceus et Cordyla pinnata. Dans les ravins de la région de Kéniéba – zones protégées-, des peuplements de Daniella oliveri sont dominés par Uapaca togoensis (un transfuge de la forêt claire à Isoberlinia doka ou des forêts denses sèches à Gilletiodendron spp. ou Guibourtia spp.).

Outre les forêts secondaires décrites, des lambeaux de forêts à Pterocarpus erinaceus, à Khaya senegalensis, à Prosopis africana, à Cordyla pinnata et à Parkia biglobosa couvrent des surfaces relativement faibles dans le pays.

3. IMPORTANCE SOCIOECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE DES DIFFERENTS TYPES DE FORETS SECONDAIRES

Les forêts secondaires maliennes assurent au moins quatre grandes fonctions : culturelle, de régulation du climat, de production alimentaire et de protection de la diversité biologique. Une fonction culturelle, parce que ces forêts sont le lieu de rites initiatiques, de « grands fétiches » (Marbayassa, Kondoron, etc.) où les « esprits » et les initiés (N’Domo, N’Do, Nkomo, etc.) peuvent être en communion.

Une fonction de régulation du climat, parce que les forêts secondaires adoucissent la température. Les populations perçoivent mieux les liens entre les forêts secondaires et le climat depuis les grandes sécheresses des années 1970.

Une fonction de production alimentaire, parce que les forêts secondaires fournissent des produits extrêmement variés et utiles aux populations et à l’économie nationale : entre autres, bois de construction, bois d’œuvre, plantes médicinales, terres agricoles, feuilles, fleurs, fruits, racines, graines, etc.

Quant aux fonctions de protection de la diversité biologique, signalons que les forêts secondaires maliennes abritent environ 1.700 espèces de plantes ligneuses dont 8 endémiques, 640 espèces d’oiseaux, dont 15 rares, 136 espèces de mammifères, 143 espèces de poissons dont 24 endémiques, des centaines d’espèces et de variétés de plantes cultivées et d’animaux domestiques ainsi que des communautés écologiques d’importance particulière (Delta central du Niger, Gourma, Plateau Mandingue, l’Adrar des Iforas, etc.). Parmi ces écosystèmes, 1.266.000 ha sont des forêts classées, 3.813.000 ha des réserves de faune et 25.000.000 ha des pâturages.

4. CONNAISSANCE ET EXPERIENCES EFFECTIVES EN MATIERE DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

Un nombre important de programmes d’appui au développement forestier s’exécute au Mali. On peut citer les programmes suivants:

1. Programme de défense et de restauration des sols. Ce programme diffuse les techniques de défense, de restauration et de conservation des sols, des bassins versants et des eaux dans les terroirs villageois (Plateau Dogon, zones CMDT et de Terekolé-Magui-Kolimbiné, etc.). Il a débouché notamment sur la construction des digues, des diguettes, des "lignes en cailloux", des fascines, des zaï et des haies vives.

2. Reboisement et aménagement participatif des forêts. Entre 1975 et 1985, des plantations forestières (environ 15000 ha) et deux plantations industrielles destinées à l'approvisionnement de Bamako et de Sikasso en bois ont été créées. Depuis ces expériences, les paysans plantent annuellement de 2 à 3000 ha de forêts.

3. Projet d’agroforesterie. L’Institut d’Economie Rurale (IER), en collaboration avec l'ICRAF, a mis au point des techniques agroforestières, associant Acacia albida et les cultures vivrières, que diffusent les ONG principalement dans les régions de Mopti et de Ségou.

4. Programme de fixation des dunes et de lutte contre l'ensablement. Ce programme a permis de fixer au moins 4.000 hectares de dunes et de produire des ressources forestières (bois de chauffe, perche, piquet, fruit, strate herbacée, petite faune) dans les régions de Tombouctou et de Gao. Grâce à ce programme, les populations de ces régions maîtrisent les techniques simples de lutte contre la désertification (stabilisation des dunes).

5. Programme d’éducation environnementale. Le programme de formation et d’information en environnement (PFIE) au Mali s’est traduit par la mise en oeuvre des projets de reboisement par les élèves et l'introduction dans les programmes scolaires des cours sur la protection de la faune et de la flore.

Au cours de ces dernières décennies, les forêts sont confrontées à diverses agressions : traversées et incursions des troupeaux transhumants, croissance démographique, feux de brousse et forte demande en terres forestières (plus de 100.000 ha/an pour la production agricole et environ 400.000 ha/an pour la récolte du bois énergie). Ces facteurs, conjugués à la réduction de la pluviométrie au cours des trente dernières années ont provoqué le déplacement des isohyètes de quelques 200 km vers le sud du pays, une modification concomitante de la végétation et la baisse de la fertilité des sols.

Mais des efforts pour organiser l'exploitation des ressources forestières, restaurer et assurer la régénération des milieux dégradés, promouvoir des mesures de lutte contre les feux de brousse, améliorer la gestion des terroirs par des plantations champêtres, des plantations forestières, des activités de défense et de restauration des sols, des actions de conservation des eaux, de la faune et de son habitat sont fournis. Ces actions sont menées notamment dans les réserves du Bafing et du Baoulé.

5. PRATIQUES COURANTES DE GESTION DES FORETS SECONDAIRES

La gestion des ressources forestières est régie par la loi n°95-004 portant code forestier. Celle-ci divise le domaine forestier national en domaine forestier de l’Etat (les forêts classées immatriculées au nom de l’Etat et les périmètres de reboisements), domaine forestier des Collectivités Territoriales (les forêts naturelles, les reboisements et les périmètres de protection, classés en leurs noms ainsi que le domaine forestier protégé immatriculé au nom de ces collectivités) et domaine forestier des particuliers (les forêts artificielles ou naturelles transférées aux particuliers). Conformément à cette loi, toute forêt classée doit faire l’objet d’un plan d’aménagement approuvé par arrêté du Ministre chargé des forêts. Les titres d’exploitation des ressources du domaine forestier de l’Etat sont délivrés par l’autorité compétente du lieu d’exploitation. Les services publics peuvent les exploiter en régie, par vente de coupes, par permis de coupes ou par contrat de gestion.

L’exploitation des ressources du domaine protégé de l’Etat et du domaine des collectivités est subordonnée à l’élaboration d’un plan d’aménagement de la partie du domaine concernée. Une collectivité territoriale peut exploiter son domaine forestier en régie ou concéder le droit de l’exploiter à des tiers. Les particuliers propriétaires de terrain boisés ou de forêts y exercent tous les droits résultant de leur titre de propriété pourvu que leurs pratiques ne constituent pas des dangers. Au demeurant, le service forestier veille à ce que la gestion des particuliers soit compatible avec la protection de l’environnement.

Outre ce qui précède, les Maliens créent des bois sacrés (ces bois sont présents dans presque chaque terroir ; ils sont conservés pour les activités culturelles), mettent en place des brigades de protection de l’environnement (Association des chasseurs) et veillent sur la qualité des forêts. En complément, dans les villages, les propriétaires fonciers assurent une bonne gestion des arbres fruitiers.

6. POLITIQUE ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES A LA GESTION DES FORETS SECONDAIRES

6.1 Politique forestière nationale

La politique forestière nationale, adoptée par le Gouvernement en 1996, émane des orientations du schéma directeur de développement rural, du plan d’action du Ministère du développement rural et de l’environnement (MDRE) et de la politique de décentralisation. Elle reconnaît que les communautés de base sont les vrais gestionnaires des ressources de leurs terroirs. Et son objectif général est la gestion efficace et durable des ressources forestières, fauniques et halieutiques.

Cette politique s'articule autour de trois options fondamentales (sociale, économique et écologique) et de six axes stratégiques, à savoir:

- le développement de l'initiative privée;

- le développement des modes de gestion des ressources adaptés au contexte;

- le renforcement des capacités d'intervention des différents partenaires par un dispositif d'appui formation-conseil efficace;

- l'amélioration des investissements dans toutes les étapes des filières bois et faune;

- une meilleure articulation de la gestion des ressources forestières à toutes les différentes échelles, spatiales et organisationnelles;

- la conservation de la diversité biologique et la restauration des écosystèmes.

En amont de la politique forestière, une stratégie de l’énergie domestique a été élaborée en 1991. Elle vise principalement à rationaliser la demande et l'offre en bois de chauffe qui intervient pour plus de 90 % dans la satisfaction de besoins en énergie domestique. Ses objectifs sont de:

- assurer aux populations un accès, le plus large possible et à moindre coût, à l’énergie ;

- promouvoir une utilisation rationnelle de l’énergie en vue de préserver les ressources forestières, par la promotion de tous les équipements économes en bois-énergie.

Pour concrétiser cette stratégie, les moyens d’action incluent la réduction des prélèvements de bois à des fins énergétiques à un niveau compatible avec la capacité de régénération des formations forestières, la diffusion des foyers améliorés, la promotion des sources d'énergie alternative, notamment le recours aux énergies nouvelles et renouvelables : énergies éolienne, solaire, etc. Du point de vue financier, la stratégie met l’accent sur la nécessité d’instaurer des taxes fiscales significatives sur le commerce du bois en vue de réduire la demande en combustibles ligneux, d’accroître les capacités d’autofinancement des collectivités locales et de générer des ressources financières qui pourraient être investies dans les activités de restauration du milieu naturel.

6.2 Les institutions

La tutelle administrative sur les services forestiers est assurée par le ministère chargé de l’environnement. De ce ministère, dépendent le Secrétariat technique permanent du cadre institutionnel de gestion des questions environnementales (STP/CIGQE), la Direction nationale de la conservation de la nature et les structures régionales et sub-régionales.

En outre, le Département en charge des collectivités territoriales et le secteur privé, en ce compris les ONG, participent également à la gestion forestière.

7. PRINCIPALES LECONS ET CONCLUSIONS

Les forêts secondaires claires à Isoberlinia doka et les lambeaux de forêts claires à Pterocarpus erinaceus, à Khaya senegalensis, à Prosopis africana, à Cordyla pinnata et à Parkia biglobosa sont les principaux types de forêts secondaires au Mali. Elles résultent de nombreux facteurs: exploitation forestière, jachères, abandon des villages et incendies ; elles jouent un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire, la protection des bassins versants notamment du fleuve Niger, la régulation du climat, le développement culturel et l’amélioration du cadre de vie.

Cependant elles sont confrontées à diverses agressions : traversées et incursions des troupeaux transhumants, croissance démographique, forte demande en terres forestières, feux de brousse, etc.

Une nouvelle politique et des textes législatifs adaptés au contexte ont été élaborés dans le but d’assurer la durabilité des ressources des forêts secondaires. Mais l’amélioration de la gestion de celles-ci passe aussi par une large diffusion des textes évoqués et une assistance technique aux collectivités territoriales.

8. RECOMMANDATIONS

Au regard de tout ce qui précède, les recommandations qui suivent peuvent être faites:

• assurer la diffusion des textes régissant la gestion des ressources forestières;

• apporter un appui technique et institutionnel à toutes les initiatives et actions mises en œuvre par les partenaires (Organisations communautaires, ONG, partenaires au développement);

• réduire de moitié la part du bois dans la satisfaction des besoins énergétiques;

• valoriser les produits forestiers non ligneux;

• améliorer la contribution du secteur forestier à l’emploi, notamment dans le secteur formel par la professionnalisation des exploitants et de l'exploitation et;

• développer et intensifier les systèmes de production agricole (agriculture, élevage).

9. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. CNUCED-RIO, Convention sur la diversité biologique, 1992, 34 pages – Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, 1992, 30 pages.

2. Paris-France, Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, 1994, pages 70.

3. République du Mali, Ministère chargé des ressources naturelles et de l’élevage, rapport de synthèse formations végétales du projet inventaire des ressources ligneuses, 1991, 205 pages, BDPA-SCET-AGRI.

4. République du Mali, Ministère chargé des ressources naturelles et de l’élevage, rapport de synthèse méthodologique du projet inventaire des ressources ligneuses, 1991, 143 pages, BDPA-SCET-AGRI.

5. République du Mali, Ministère chargé du développement rural, atlas du projet inventaire des ressources terrestres (Tomes I, II, III), 1983, USAID-Société TAMS.

6. République du Mali, Ministère du développement rural et de l’environnement, politique nationale forestière, 1997, 38 pages, DNCN.

7. République du Mali, Ministère du plan et de la statistique, recensement de la population et de l’habitat, 1998, DNSI.

8. République du Mali, Ministère de l’équipement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme, étude prospective du secteur forestier en Afrique (FOSA), FAO, 2001, 80 pages.

9. République du Mali, FAO Etude des liens intersectoriels et aménagement durable des forêts 2002, 53 pages.

10. République du Mali, Ministère de l’environnement. Rapport final de la cellule combustibles ligneux, 2002, DNCN.

11. République du Mali, Ministère de l’environnement-Ministère des mines et de l’énergie, schémas directeurs d’approvisionnement de la stratégie énergie domestique, DNCN-DNHE, 2002.

12. République du Mali, Ministère du développement rural-Ministère de l’environnement-Ministère du plan et de la statistique, rapports annuels 1998 de : CMDT, DNCN, IER, DNSI.

13. République du Mali, Ministère du développement rural, schéma Directeur du Ministère du développement rural, 1998, CPS.

14. République du Mali, Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, charte pastorale, 2002.

15. République du Mali, Ministère de l’équipement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme, stratégie nationale en matière de diversité biologique, PNUD, 2001, 122 pages.

16. République du Mali, Ministère du développement rural et de l’environnement; plan national d’action environnementale, STP, 1998.


50 Elles sont rares sur ces derniers types de sols.

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