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ÉTUDE DE CAS SUR LE BURKINA FASO

Préparée par A. Bado et I. Zeba

Résumé

Initiée à la demande de la FAO, l'étude ci-après décrit et analyse, à partir de quelques repères historiques, institutionnels et opérationnels, la situation et l'évolution de la V/A au Burkina Faso.

Le contexte burkinabé se distingue par son climat dont les caractéristiques sont sujettes à de fortes irrégularités interannuelles. Le milieu végétal soumis aux sécheresses et à la désertification, appartient aux domaines sahélien, soudanien et sud-soudanien. La société burkinabé forte de 9 190 791 habitants se caractérise par sa jeunesse, sa croissance rapide et ses grandes migrations. Le secteur agricole qui occupe près de 85 pour cent de la population, constitue la principale source d'emplois et de revenus.

La vulgarisation forestière a, au cours de la période coloniale revêtu un caractère autoritaire et répressif, basé sur la dissuasion plus que la persuasion. La période post-coloniale de l'encadrement qui a vu l'introduction de l'approche formation et visites, ainsi que la naissance de la radio rurale a souffert de sa structure pyramidale qui a constitué le contexte d'application et de mise en œuvre de la vulgarisation forestière. C'est à partir des années 80 que les premières tentatives d'application de l'approche participative ont eu lieu et que ses différentes formules ont été développées. Actuellement, la situation est marquée par la mise en œuvre de l'approche gestion des terroirs, basée sur la participation et la responsabilisation accrue des populations rurales, comme acteurs du développement de leur terroir. La période récente a vu l'introduction de technologies modernes qui, quoique offrant de nouvelles alternatives de succès et d'efficacité en communication et information se heurtent à des problèmes de coûts d'acquisition et de compétences disponibles. Il est clair que les TCI ne peuvent répondre seules à tous les défis qui se posent à la vulgarisation forestière. Pour être efficaces, elles doivent être utilisées par des acteurs sensibilisés et bien formés, mais elles doivent aussi être largement utilisées.

Aux plans politique et institutionnel, les acquis de la V/A forestière portent sur les dispositions des codes forestier et de l'environnement. Ils concernent également l'implication active des ONG dans les opérations forestières. Au plan thématique, les acquis ont trait à la forte auto-promotion des populations en matière de reboisement ainsi qu'à leur implication croissante dans l'aménagement et la gestion des forêts classées et protégées. Les acquis liés à l'utilisation des TCI ont trait à la possibilité d'accès à des banques de données spécialisées ainsi qu'à de nouvelles approches de vulgarisation.

Concernant les contraintes, il y a lieu de relever le fait que la volonté déclarée de l'Etat d'associer les populations n'aie pas fait disparaître sa détermination à rester le principal maître et bénéficiaire de la gestion des ressources naturelles. Il existe un problème fondamental de mise en relation et d'intégration du droit coutumier et du droit moderne. D'autres contraintes concernent la faiblesse des capacités et des moyens d'action des structures qui œuvrent dans le domaine de la V/A forestière. Celle-ci se heurte également à des pesanteurs socioculturelles propres au milieu rural ainsi qu'au taux élevé d'analphabétisme en milieu paysan.

L'avenir de la vulgarisation ne peut se concevoir sans la mise en place d'un système de capitalisation des acquis, de valorisation des expériences pertinentes, de modernisation des outils de communication récents et de remise en valeur des systèmes traditionnels de communication. Le défi consiste aussi à mettre en place des politiques et réglementations qui tiennent compte des réalités sociales et qui soient capables de générer de meilleurs comportements vis-à-vis de la gestion durable des ressources naturelles. La mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification doit se faire à travers l'élaboration et l'application d'un Programme d'action national de lutte contre la désertification (PAN/LCD). Le processus d'élaboradon du PAN/LCD et de la stratégie nationale sur la diversité biologique est participatif.

Le déroulement de l'étude a connu quelques difficultés, dont le non-remplissage des fiches d'enquête proposées aux institutions chargées de la V/A forestière, privant l'étude de données sur l'utilisation des TCI en V/A forestière.

La conclusion en ce qui concerne la protection des forêts est que les formations naturelles protégées et classées ont sérieusement régressé. Seule l'expérience d'aménagement participatif des forêts naturelles a donné des résultats satisfaisants. Les diverses plantations effectuées à ce jour souffrent de problèmes liés à leur gestion. Seul le transfert technologique opéré auprès des «paysans forestiers» constitue un acquis positif. La politique visant l'économie de bois de feu n'a pas eu les effets escomptés en milieu rural. La création d'un ministère chargé de l'environnement n'a pas apporté une réponse fondamentale à la problématique de la V/A forestière.

Les recommandations portent sur la nécessité de concevoir un programme cohérent de la vulgarisation forestière, dont la conception doit venir en complémentarité au volet V/A agricole dans le cadre de la gestion des terroirs. Les textes de loi devraient faire l'objet d'une véritable communication sociale pour éviter les dualismes juridiques entre droit moderne et droit coutumier.

CASE STUDY OF BURKINA FASO

Prepared by A. Bado and I. Zeba

Summary

Initiated at FAO's request, the study hereafter describes and analyses, based on historic institutional and operational benchmarks, the situation and development of extension and communication (E/C) in Burkina Faso.

Burkina Faso's environment is typified by its climate, whose characteristics, particularly those related to rainfall, are subject to high inter-annual disparities. Natural vegetation is under the strong influence of recurrent droughts and desertification. It belongs to the Sahelian, Sudanian and South-sudanian phytogeographic domains. The country's population counts over 9 million inhabitants. It is typified by, its youth, its rapid growth and its large migration movements. The agricultural sector which, employs 85% of the population, is the main source of revenue.

Forestry extension has taken on an authoritarian and repressive nature during the colonial period. It was based on dissuasion, rather than persuasion. The post-colonial period has witnessed the introduction of the training and visits approach and the birth of the rural radio broadcasting. This period has been penalized by its pyramidal structure that constituted the context of implementation of forestry extension. The first attempts at putting into operation the participatory approach, took place in the 1980s. Presently it is the gestion des terroirs approach that is being experimentd. It is based on providing more room for rural people to take-on responsibility in the development of their estate. The introduction of modem technologies took place in the recent period (since 1994). Despite their potential and their promises of increased success and effectiveness in communication and information, these technologies are faced with high acquisition costs and training issues. It is clear that communication and information technologies (CITs) cannot face single-handedly, ail the challenges, facing forestry extension. To be effectual they must be, operated by well-trained and skilled personnel, and, above ail, they must be widely and regularly be made use of.

Forestry extension's achievements on the political and institutional fields are the related to the launching of the new forest and environment codes. They concern also the greater and more active involvement of NGOs in forestry interventions and operations. They equally have to do with people's ability to achieve self-promotion with regard tree planting and to increasingly get involved in the management and administration of gazetted and "protected" forests alike. The achievements related to CITs' utilization concern the opportunity that extension organizations have, to access specialized databanks and new extension approaches.

Constraints have to do with the fact that the State's declared aspiration to associate people in the rural development process has not entirely eliminated its determination to remain the principal mastermind and beneficiary of natural resources' management. There subsists a fundamental issue regarding the procedure of relating and integrating customary and modem rights. Other drawbacks are related to the limited capacity and means of action of the structures that operate in the field of forestry extension. The latter is also confronted to the rural world's own social "heaviness" and low literacy rate.

To flourish, extension needs to initiate a process leading to experience accumulation, knowledge improvement, better-quality field operations, updating of modem communication tools and rehabilitation of traditional communication Systems. The challenge resides in conceiving policies and regulations that take full consideration of the social reality and are able to generate new behaviors vis-à-vis natural resources' management. Putting into action the United Nations Convention to Combat Desertification, must be carried out through the implementation of a National Plan of Action to Combat Desertification, the process of elaboration of which, is participatory.

Some difficulties have been met, in the course of the study, which have to do with a deficient collaboration of the institutions in charge of E/C and their failure to fill in the questionnaires handed to them, depriving the study of reliable on CITs' evaluation.

With regard to forest protection, one must conclude that forestry intervention has not prevented gazetted as well as "protected" forests from continued disintegration. Only the experience aiming at the participatory management of natural forests, has achieved tangible success. Most tree plantations are subject to management and administration difficulties. The only positive achievement in this regard is related to the technological transfer that has benefited the "forester-farmers". The policy aiming at saving firewood has not been successful in the rural context. The creation of a ministerial departaient in charge of environmental matters, has not answered the fundamental issues facing forestry extension and communication.

The conclusion concerns the need to set up, in the field of "terroirs' management", a coherent forestry extension programme, of complementary nature to the agriculture extension components. Legislative texts, should be the object of "social communication", to avoid any dualism between the modem and customary rights.

INTRODUCTION

La V/A forestière pose la problématique du développement dans sa globalité. Or, selon Jean Bouvin: «Le développement participatif n'est pas un dépannage, mais un processus d'apprentissage dont la mise en place requiert du temps, des ressources, de l'imagination et parfois du courage. Il implique une modification du comportement de nombreux acteurs, remet en question d'anciennes habitudes, et révèle souvent des conflits d'intérêts nés de la nécessité de partager le pouvoir. L'aspect novateur du développement participatif réside dans une nouvelle vision du développement, organisée autour des populations, qui remplace les procédures hiérarchisées par des approches reposant sur un apprentissage commun et sur la négociation»1 .

Que représente la V/A forestière subsaharienne aujourd'hui? Au-delà des divergences d'approches et de stratégies nationales et sous-régionales, quel bilan peut-on dresser de son évolution? Quels en sont les enjeux, les acquis et les défis et quel en est l'impact? Comment valoriser, consolider et pérenniser ses acquis? Comment maîtriser et lever les contraintes qui ont pesé et pèsent encore sur son amélioration et quelles stratégies institutionnelles et opérationnelles mettre en place pour la promouvoir en Afrique subsaharienne? Comment envisager l'avenir de la V/A forestière au niveau local et par delà les frontières nationales lorsque l'on sait que les questions d'environnement global ne connaissent pas de frontières?

Ce questionnement qui se veut sans rapport avec la mode persistante des bilans et de la prospective de cette fin de siècle, est plutôt porteur d'une double invitation à réfléchir et agir. Réfléchir sur les enjeux et les défis de la V/A forestière, ses insuffisances et son effectivité comme stratégie de gestion durable et bénéfique des ressources naturelles. Agir pour la rendre effectivement opérationnelle dans l'espace et dans le temps.

C'est dans cette perspective que s'inscrit cette «étude sur la situation et l'évolution des systèmes de V/A forestière en Afrique sahélienne». Cet exercice n'ambitionne guère d'évaluer de manière exhaustive le processus global de développement de la V/A forestière en Afrique subsaharienne. Il n'entend pas non plus épuiser les questions débattues aujourd'hui sur cette thématique. L'étude a pour objectif, à partir de quelques repères historiques, institutionnels et opérationnels, de susciter et baliser les échanges entre les acteurs de la vulgarisation forestière et surtout d'analyser leurs pratiques actuelles afin d'inspirer les politiques et programmes futurs.

Réalisée par NATURAMA2 avec l'assistance technique et financière de la FAO, l'étude, après une présentation générale sur le Burkina Faso et un rappel des objectifs et résultats attendus, fait un bilan des systèmes de V/A forestières au Burkina Faso, énumère quelques acquis et contraintes permettant d'entrevoir les perspectives et termine par des conclusions et recommandations.

Nous tenons à exprimer avec les consultants, notre appréciation de l'attitude positive et ouverte que nous avons rencontrée auprès de la FAO ainsi que des structures et des ONG partenaires. Le présent rapport exprime les points de vues des consultants qui ne sont pas forcément ceux de la FAO. Il constitue une synthèse susceptible d'amélioration.

I. GÉNÉRALITÉS SUR LE BURKINA FASO

MILIEU NATUREL

Le climat

Le climat du Burkina Faso est de type soudanien. Il est caractérisé par l'alternance de deux principaux flux d'air sec et humide, régis par le déplacement du Front inter tropical (FIT). Entre les mois d'octobre et d'avril, l'air sec (harmattan), en provenance du Sahara, entraîne souvent des poussières. La période mai-septembre est celle où s'établit la mousson provenant de l'océan. La pénétration de ce flux d'air humide s'atténue grandement du sud au nord et donne lieu à des précipitations de hauteur régressive. On distingue trois zones climatiques (Tableau 1):

Tableau 1. Caractéristiques des zones climatiques

Zone climatique

Sud-soudanienne

Nord-soudanienne

Sahélienne

Pluviométrie moyenne annuelle

>1000mm

1 000 à 600 mm

< 600 mm

Durée de la saison des pluies

180-200 j

150 j

110 j

Nombre de jours de pluie par an

85-100j

50-70 j

<45j

Température moyenne annuelle

27°C

28 °C

29 °C

Amplitude saisonnière des températures

5°C

8°C

U°C

Humidité de l'air Saison sèche Saison humide

25% 85%

23% 75%

20% 70%

Évaporation moyenne annuelle

1 500-1 700 mm

1 900-2 100 mm

2 200-2 500 mm

Évaporation annuelle (bac classe A)

1 800-2 000 mm

2 600-2 900mm

3 200-3 500 mm

Les précipitations durent environ trois mois dans la zone sahélienne, 4 à 5 mois dans la zone soudanienne et 6 à 7 mois dans la zone sud-soudanienne. Le Tableau 2 présente la situation comparative des précipitations pour la période 1974-1985. L'essentiel des ressources en eau provient des pluies, seule forme de précipitation d'origine météorologique que connaît le pays. Le ruissellement et la reconstitution des nappes, engendrés par ces pluies, sur l'étendue du territoire national équivalent à un volume moyen annuel de 205 milliards de m3 d'eau.

Tableau 2. Comparaison des précipitations moyennes interannuelles pour diverses périodes

COMPARAISON DES PRÉCIPITATIONS MOYENNES INTERANNUELLES POUR DIVERSES PÉRIODES
Stations Période 1922-1961 (mm) Période 1962-1973 (mm) Période 1974-1985 (mm) Rapport (%) 1974-85/1962-73
Banfora 1 204,5* 1 198,1 949,0* 79
Bobo-Dioulasso 1 171,4* 1 119,4 982,1 88
Boromo 995,8* 954,0 821,7* 86
Dédougou 972,8* 891,9* 702,3* 79
Diébougou 1 082,5 1 103,6 960,1* 87
Dori 528,8 539,9 433,7 80
Fada N'Gourma 880,4* 892,8 791,8 89
Gaoua 1 191,7* 1 127,1 978,0 87
Houndé 1 031,6 1 028,6 891,9* 87
Kaya 712,3 701,8 640,6* 91
Koudougou 895,8* 812,1 699,1* 86
Léo 1 003,1* 1 057,4* 883,8* 84
Ouaga Ville 876,2* 867,8 739,2 85
Ouahigouya 723,4* 642,0 548,6 85
Tenkodogo 949,4 965,8 757,9* 78
Tougan 786,0 749,1 595,7* 80

Sources: Projet Bilan d'eau-IWACO. Cité par CONAGESE, 1999.

* Ces valeurs sont peu fiables.

** Indication du rapport des précipitations moyennes interannuelles de 1974-1985 par rapport à 1962-1973.

Les caractéristiques climatiques ci-dessus, en particulier la pluviométrie, sont sujettes à de fortes irrégularités interannuelles. Depuis le début de la décennie 1970, le Burkina Faso a été sous l'emprise d'une sécheresse chronique dont les étapes les plus critiques se sont manifestées durant les périodes 1972-74 et 1983-84. Cette phase de sécheresse se distingue des autres sécheresses historiques connues (1913-14 et 1939-43) aussi bien par son ampleur géographique que par sa durée. Elle se caractérise par un déficit pluviométrie de 20 à 30 pour cent par rapport aux moyennes précédents.

Géologie

Le Burkina Faso est constitué de trois grands ensembles géologiques:

Géomorphologie

Sur le plan géomorphologique, le Burkina Faso se caractérise par un nivellement topographique d'envergure vu que sur les trois quarts du pays, l'écart entre les altitudes extrêmes est inférieur à 600 m. Certaines régions émergent de cette pénéplaine. Ce sont les régions des collines birrimiennes du centre-nord nord-ouest, les falaises gréseuses du sud-ouest, et du sud-est et enfin des inselbergs granitiques dans la partie centrale du pays. Le relief est également constitué de tables cuirassées étagées qui sont en fait des vestiges des anciennes surfaces d'aplanissement.

Les sols

Ils sont pauvres, fragiles et soumis à divers facteurs de dégradation. Les terres cultivables couvrent environ 9 000 000 hectares tandis que la superficie irrigable représente 150 000 hectares. Près des deux tiers des terres sont impropres à l'agriculture.

Les ressources en eaux souterraines et de surface

Elles sont relativement abondantes, bien que, en dehors de la Comoé et d'une partie du Mouhoun les cours d'eau aient un régime temporaire pendant la majeure partie de l'année. Les nappes phréatiques sont peu profondes mais leur potentiel est en diminution du fait de la baisse progressive de la pluviométrie et de l'accroissement du ruissellement.

Les eaux de surface représentent l'équivalent de 10 milliards de m3. Sur les 2,7 milliards de m3 d'eau que les barrages stockent, 1,6 milliards de mètres cubes sont utilisés pour l'alimentation en eau potable des populations.

La végétation

Elle se compose de forêts sèches, savanes boisées, savanes arbustives et de forêts galeries qui couvrent près de 57 pour cent du territoire. La plupart des zones encore boisées se retrouvent dans les parties centre-sud, sud-est, sud-ouest et ouest du pays. Les régions centre-nord et nord sont dominées par la savane arbustive et les steppes. Le patrimoine forestier se compose de forêts protégées, des forêts classées et de parcs nationaux et réserves de faune.

SITUATION DEMOGRAPHIQUE

Dynamique de la population

Selon l'enquête démographique de 1991, la population du Burkina Faso, composée de 60 ethnies, est estimée à 9 190 791 habitants dont 51,1 pour cent de femmes3. La société burkinabé se caractérise par sa jeunesse (48,7 pour cent a moins de 15 ans), sa croissance rapide qui a doublé en 26 ans, son urbanisation en constante progression et surtout les grandes migrations (internes et hors frontières) de ses habitants. La densité moyenne est de 33,5 habitants au km2. Le taux moyen de croissance de la population calculé pour la période 1985-1991 est de 2,64 pour cent. Cette croissance rapide s'explique par:

Le pays étant à dominance agricole, plus de 85 pour cent de ses habitants vivent d'activités agricoles ou pastorales, dans des conditions pas toujours favorables (équipement encore sommaire de la plupart des exploitants).

Mouvements migratoires

La population burkinabé est caractérisée par sa mobilité. L'exode rural devient une ressource pour les jeunes, dont la présence en ville fait passer le taux de croissance urbaine à 9 pour cent, voire plus. L'émigration saisonnière est en passe de céder le pas à des départs sur le long terme qui exercent un poids physique et moral significatif sur les expatriés.

En dehors des centres urbains et des pays étrangers qui sont les lieux d'attraction pour les jeunes, certaines régions connaissent de fortes immigrations d'agriculteurs et d'éleveurs. Les déplacements s'effectuent dans le sens nord-sud, centre-ouest ou depuis quelques années, en direction du centre-est et du nord-est. Les provinces connaissant des départs importants de populations sont le Yatenga, le Bulkiemdé, l'Oubritenga, le Bazèga, le Passoré, le Sanmatenga et le Namentenga, avec des taux d'émigration compris entre 5 et 13 pour cent.

Dans les provinces qui abritent des centres urbains importants, le flux migratoire se dirige dans un premier temps vers les villes (Ouagadougou, Bobo). Les autres qui accueillent le plus de migrants sont Sissili-Ziro, Kossi-Banwa, Mouhoun-Balé, Comoé-Léraba, Gnagna-Kompienga, Komandjari. Ensemble, ces provinces accueillent plus de la moitié des migrants.

En 1996, du fait de l'intensification de l'immigration et du fort taux de croissance naturelle, la densité de population de certaines sous-zones est supérieure à 55 habitants/km (Zoundwéogo). H en résulte de sérieux problèmes pour les activités agricoles, étant donnés les besoins accrus en terre de culture dont la disponibilité est de plus en plus restreinte.

L'objectif des migrants portait à l'origine sur la production agricole. Cependant, en raison des opportunités et/ou des difficultés d'accès aux terres, certains sont devenus d'importants commerçants. Ils ont de ce fait, contribué à modifier le paysage socioéconomique dans certaines régions et villages. Ces dernières années néanmoins, du fait de l'insécurité constatée en matière d'emploi à l'extérieur du pays et dans les villes, le retour en milieu rural devient plus fréquent, malgré la gageure d'y trouver de quoi subsister.

SITUATION SOCIOECONOMIQUE

Activités économiques

Le Burkina Faso est un pays agricole dont l'évolution du PIB dépend essentiellement de celle de la production. L'agriculture est peu mécanisée et utilise peu d'intrants, de sorte que son rendement qui dépend certes des modes et des technologies de production demeure très largement tributaire des aléas climatiques.

Le secteur primaire (agriculture, élevage, forêts, faune, pêche) qui constitue l'épine dorsale de l'économie du pays contribue pour 42,05 pour cent au PD3 réel et représentait 30 pour cent des exportations en 1994 4. L'agriculture qui occupe près de 85 pour cent de la population, constitue la principale source d'emplois et de revenus. Elle contribue pour plus de 30 pour cent au PIB contre seulement 16 pour cent pour l'élevage. Dans l'ouest du pays, l'agriculture de rente contribue pour 35,9 pour cent aux revenus, suivie de l'agriculture vivrière dont la part est de 28,9 pour cent. La contribution de l'élevage est particulièrement importante pour les zones nord et centre-nord avec respectivement 38,6 pour cent et 27,1 pour cent des revenus. Le Tableau 3 ci- dessous donne des indications sur la production céréalière en relation avec la densité de la population par région.

Tableau 3. Rapport entre niveau de production céréalière et densité de la population

Région

Population (en %)

Superficie (km2)

Densité au km2

Ouest

21,6

66 991

25,4

Sud et sud-est

25,8

76 420

16,3

Centre-nord

27,4

55 442

38,9

Centre-sud

28,7

38 678

58

Nord

6,5

36 869

13,8

Total

100,00

274 400

28,8

Le secteur forestier sans comptabiliser certaines productions comme la faune, la pêche, le miel et bien d'autres, contribue au niveau de 15,6 pour cent au PIB. En 1987, selon la FAO, le bois contribuait pour 9,4 pour cent au PIB, le fourrage ligneux pour 2,5 pour cent, les fruits du karité pour 1 pour cent et la pharmacopée pour 0,9 pour cent. Cet apport équivalait à 66 milliards de francs CFA5.

Les activités économiques au Burkina Faso sont concentrées au niveau de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de la foresterie qui occupent 87 pour cent des hommes et 90 pour cent des femmes. La répartition de ces activités montre une grande prédominance de l'agriculture, l'élevage, la pêche et la chasse en milieu rural (95 pour cent de l'ensemble de ces activités), contre 4,2 pour cent en zones urbaines.

La population se répartit selon les grands groupes suivants commerçants et artisans salariés, agriculteurs, éleveurs, inactifs et groupes exerçant d'autres activités. Il ressort du Tableau 4 que 78 pour cent de la population burkinabé pratique l'agriculture vivrière et de rente.

Tableau 4. Répartition des activités socioéconomiques selon le sexe (niveau national)

Groupe socioéconomique Sexe masculin Sexe féminin Ensemble
Effectifs %
Salarié public 201 265 202 457 403 722 4,3
Salarié privé 128 478 121 801 250 279 2,7
Artisans/Commerçants 293 973 293 866 587 839 6,3
Autres activités 30 837 31567 62 404 0,6
Agriculture vivrière 3 159 056 3 234 954 6 394 010 68,1
Agriculture de rente 496 884 482 868 979 752 10,4
Inactifs et chômeurs 346 253 368 308 714 561 7,6
Total 4 656 747 4 735 820 9 392 567 100

Source: INDS: Enquête prioritaire sur les conditions de vie des ménages, 1966.

Le secteur secondaire n'est pas suffisamment développé; il contribue pour 17,1 pour cent en moyenne au PIB. Sur le plan minier, les recherches indiquent la présence d'or, phosphates, zinc, argent, plomb, nickel, bauxite, calcaires, manganèse, diamant, schistes bitumeux, magnétites et vanadifères. De nos jours, l'or fait l'objet d'exploitation industrielle, semi-industrielle, artisanale par orpaillage.

A l'exception de la zone ouest, le secteur tertiaire6 est bien développé. Il contribue pour 36,5 pour cent en moyenne au PIB réel. Les transferts de fonds provenant des travailleurs burkinabé émigrés, bien qu'ils soient en diminution, demeurent assez importants. Ils sont passés de 55,7 milliards de francs CFA en 1988 à 45 milliards en 1990 et à 43 milliards en 1992. Cette légère baisse pourrait s'expliquer par la crise économique que connaissent la plupart des pays d'accueil.

Revenus

Dans l'ensemble, les revenus des ménages sont faibles et variables, particulièrement en milieu rural. La faiblesse du revenu par habitant et de l'indicateur de «développement humain durable» placent le Burkina Faso parmi les pays les plus pauvres du monde. En effet, selon l'Institut National des statistiques et de la démographique (1996), 44,5 pour cent des populations vivent en dessous du seuil national de pauvreté qui est fixé à 31 749 FCFA par an. Ce seuil est calculé sur la base des dépenses alimentaires et non alimentaires des ménages d'une part et du besoin calorifique alimentaire journalier par adult, d'autre part. Les revenus agricoles sont les plus importants chez les pauvres, puisqu'ils sont équivalents à 54,8 pour cent du total. Ils ont pour origine l'agriculture de rente (19,9 %), l'agriculture vivrière (17,2 %) et l'élevage (17,9 %) contre (26,8 %) pour les revenus non agricoles.

Tableau 5. Revenu de la population par secteur d'activités et par région (%)

Revenus

Région

Ouest Sud Centre- nord Centre- sud Nord Sud-est Autres villes Ouaga Bobo Total
Salaire 1,4 6,1 4,0 7,1 3,3 0,9 11,9 1,9 10,2
Commerce/artisanat 18,4 39,9 32,3 32,8 41,0 48,3 59,7 44 37,3
Agriculture de rente 35,9 17,6 9,9 8,4 0,7 10,7 0,8 0,0 11,1
Agriculture vivrière 28,9 16,3 9,3 13,6 4,3 11,8 3,4 1,2 10,8
Élevage 6,5 7,0 27,1 13,2 38,6 17,0 1,6 0,5 8,5
Transferts 4,9 5,8 11,7 16,0 6,3 4,1 4,9 8,6 8,3
Autres revenus 3,9 7,3 5,6 8,8 5,9 7,2 17,7 25,1 13,9
Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Source: INSD, Enquête prioritaire sur les conditions de vie des ménages, 1996.

En partant toujours des dépenses moyennes annuelles par adulte, une échelle de cinq niveaux de vie au Burkina a été établie dans le Tableau suivant.

Tableau 6. Niveau de vie de la population

Niveau

Tranche de dépenses moyennes/ Consommation par an et par individu (FCFA)

Échelle

1

Moins de 27 619

Extrême pauvreté

2

De 27 619 à moins de 38 500

Pauvreté modérée

3

De 38 500 à moins de 54 830

Niveau de vie moyen

4

De 54 830 à moins de 92 277

Non pauvreté

5

Plus de 92 277

Non pauvreté/richesse

Source: INSD, Profil de pauvreté au Burkina Faso, 1966.

Énergie

Le bois de feu est la principale source d'énergie domestique. Sa consommation est d'environ trois millions de tonnes par an soit 98 pour cent de la demande en énergie primaire par les ménages et 89 pour cent de la demande d'énergie finale. Les sources d'énergie moderne telles que le pétrole, le gaz, l'électricité ou l'énergie solaire sont utilisées par une très faible minorité (3 %) essentiellement urbaine (10 % en ville contre 0,9 % à la campagne). Le pétrole représente la principale source d'éclairage pour la majorité (68,7 %) des burkinabés qui l'utilisent dans des proportions identiques en ville et à la campagne.

La consommation énergétique globale du Burkina Faso en 1987 a été de 1,45 million de tonnes équivalent pétrole (TEP). Elle compte parmi les plus faibles au monde même par tête d'habitant (160 kg TEP). La satisfaction de la demande nationale en produits pétroliers, aussi minime soit-elle, relève d'un véritable défi pour le politique burkinabé.

Domaine foncier national

Le Domaine foncier national (DFN) créé en 1984 par le texte portant sur la Réorganisation agraire et foncière (RAF) est le droit à la propriété exclusive de l'Etat. Les titres de propriété sont remplacés par des titres de jouissance pour les services administratifs. Les autres personnes morales publiques et privées de droit burkinabé bénéficient d'un bail, d'un permis d'habitation ou d'exploitation et d'autorisations administratives ordinaires ou spéciales, de caractère strictement personnel et révocable. La réorganisation agraire et foncière vise en effet à répartir la sécurité foncière indispensable. Le statut n'est pas encore opérationnel sur l'ensemble du territoire. Les textes stipulent que pour toute zone aménagée pour les cultures pluviales, les opérations doivent inclure des sites anti-érosifs et prévoir la mise en place de brise-vent ainsi que d'autres opérations de conservation des sols. Pour les terres ayant une autre vocation, il existe d'autres obligations concernant l'aménagement. Ces obligations ne sont en réalité presque nulle part mises en pratique. Dans le cadre de l'approche Gestion des terroirs, il est prévu surtout l'élaboration de contrats entre les structures étatiques et les paysans exploitants. Ces contrats connaissent une certaine flexibilité.

II. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE

LES OBJECTIFS GLOBAUX

Les objectifs globaux de l'étude sont:

LES OBJECTIFS SPECIFIQUES

Les objectifs spécifiques assignés à cette étude sont:

LES PRODUITS ATTENDUS

Les produits attendus sont les suivants:

III. MÉTHODOLOGIE

L'étude s'est déroulée en deux phases essentielles, à savoir:

COLLECTE DES DONNEES (effectuée selon les trois axes ci-après):

La documentation

Elle a permis de s'imprégner des expériences capitalisées par les personnes et institutions spécialisées en matière de vulgarisation forestière. Dans ce sens, les rapports d'activités, les articles dans les périodiques et autres études réalisées ont été d'un apport fort utile.

Les entretiens

Ils se sont produits à travers les contacts formels et non formels. L'adoption de la méthode des contacts non formels est liée au fait qu'entre la vision d'un programme par des tiers diffère toujours de celle de l'agent chargé de sa mise en œuvre. Ceci permet de mesurer la part des sentiments individuels par rapport à une stratégie du programme en cours.

L'utilisation des fiches de collecte

Les fiches ont été élaborées par la FAO. Elles sont complémentaires aux deux premières méthodes de collecte des informations que sont la documentation et les entretiens (voir Annexe). Ces fiches ont permis de disposer d'informations précises sur les institutions et organisations. Elles sont venues combler une lacune importante occasionnée par l'indisponibilité des responsables sollicités.

L'ANALYSE DES DONNEES ET LA PRODUCTION DU RAPPORT PROVISOIRE

L'analyse a été faite sur la base des informations collectées aussi bien à travers la documentation disponible que des fiches de collectes. Cette analyse a permis de faire une lecture des situations passées et présentes de la vulgarisation forestière et de dégager des perspectives. Le rapport provisoire a été ensuite soumis à un comité restreint pour validation.

IV. CONCEPTS ET SYSTÈMES DE VULGARISATION

DEFINITION

La vulgarisation est un processus éducatif extra scolaire destiné à élever le niveau de vie de la population au moyen de l'enseignement des meilleures méthodes de travail ainsi que de la transmission des connaissances et des expériences disponibles, pour la solution des problèmes sociaux et économiques en relation à la culture de chaque population. Vulgariser consiste donc à mettre la connaissance à la portée du plus grand nombre d'individus. La vulgarisation est en fait un processus éducatif à travers lequel des éducateurs expérimentés encouragent les paysans à développer leur potentiel économique et social.

La vulgarisation peut aussi être considérée comme un système d'éducation non conventionnel qui permet au plus grand nombre de paysans d'adopter librement, dans les meilleurs délais et au moindre coût, des comportements positifs à l'égard d'innovations techniques économiques et sociales présentées par la recherche. La vulgarisation doit donc permettre d'adopter une attitude responsable face aux problèmes issus du contexte local. Pour y parvenir, la vulgarisation aura recours à:

Ainsi, il apparaît clairement, au vu des définitions données ci-dessus, que la vulgarisation est un processus qui va au-delà de la simple transmission des connaissances pour envisager la transformation de l'homme.

ROLE DE LA VULGARISATION

Le rôle de la vulgarisation est, conformément à la définition présentée, d'animer le processus du développement durable au niveau communautaire. Ceci consiste surtout à fournir une assistance technique sur le plan local de façon à assurer que les gens travaillent ensemble pour améliorer leur niveau de vie. La vulgarisation rurale porte habituellement sur quatre domaines techniques de production, gestion des exploitations, domaines socioéconomiques, domaine institutionnel.

Alors que la formation et l'information font normalement partie intégrante de la vulgarisation et ne s'en différencient que sur un plan purement formel, la publicité, la propagande, la thérapie, et la coercition administrative ou politique ne sont pas compatibles avec la vulgarisation.

LES PRINCIPES DE LA VULGARISATION

L'organisation pour l'action est le principe essentiel de la vulgarisation. Pour réaliser, l'agent vulgarisateur doit à la fois connaître et être capable de faire comprendre aux autres:

D'un point de vue méthodique, le vulgarisateur doit: i) discuter systématiquement les besoins ressentis par tous les membres de la communauté; ii) planifier rationnellement la mise en œuvre de la première entreprise d'efforts personnels consentis par les membres de la communauté; iii) mobiliser et mettre en valeur des potentiels physiques, économiques, et sociaux des groupes communautaires locaux; et iv) créer la détermination et le désir d'entreprendre des projets additionnels de mise en valeur communautaire.

La vulgarisation s'appuie sur 10 principes de base selon lesquels, elle:

V. GRANDES ÉTAPES DE LA V/A FORESTIÈRE

Trois grandes étapes ont marqué l'évolution de la V/A forestière en Afrique sahélienne. Il s'agit de l'époque coloniale, de la période de l'encadrement et de la période de l'approche participative.

LA VULGARISATION DURANT L'EPOQUE COLONIALE

Durant la période coloniale, les objectifs en matière de conservation des ressources naturelles principalement forestières concernaient des aspects de pure protection. Ce souci de sauvegarde consistait à «créer un vaste domaine forestier classé assis sur une superficie et spécialement protégé comme moyen efficace d'empêcher une très grande déforestation du pays». Le sens de la politique forestière se rapportant à cette mesure (création de domaines forestiers classés) était aussi de:

Bien que les procédures de classement édictées par le décret colonial du 4 juillet 1935 aient envisagé la participation des populations riveraines et la prise en compte de leurs avis, sur le plan opérationnel, l'activité a connu un déroulement irrégulier, notamment parce que:

Ces opérations de classement allaient entraîner des oppositions vives de la part descollectivités riveraines des massifs forestiers qui en faisaient l'objet. Ces protestations se sont matérialisées en agressions de plus en plus fortes exercées sur les forêts du domaine classé. Cette situation a fait revêtir à la politique forestière de l'époque un caractère autoritaire et régressif basé davantage sur la dissuasion que sur la persuasion. Les populations en ont retiré une perception d'une politique de protection des forêts conçue à dessein et intentionnellement mise en œuvre à leur détriment. Cette période s'est traduite par la signature des décrets relatifs à la création des réserves classées.

Ainsi au cours de l'époque coloniale même et au-delà7, le secteur forestier est demeuré le parent pauvre des ministères qui en ont eu la charge. La priorité était accordée à l'agriculture et à l'élevage. Rares étaient ceux dont l'action écologique effleurait l'esprit. Les outils utilisés en vulgarisation se distinguaient à cette époque par le faible développement des moyens de communication de masse dont les points de référence étaient:

Dans le contexte du Burkina Faso, la politique du développement communautaire se reconnaissait sous l'étiquette de «l'animation rurale». Pratique gouvernementale ayant démarré sous la colonisation, elle visait la promotion de mécanismes d'intégration du monde rural dans l'économie nationale. Relativement à cette stratégie, il est ressorti des premières expériences africaines d'après-guerre, visiblement décevantes, que la lourdeur administrative des bureaucraties nationales jouait un rôle négatif dans la poursuite d'objectifs de participation, même lorsque ceux-ci étaient limités au minimum.

Les autorités nationales et les bailleurs de fonds étrangers se sont alors retranchés, vers la fin des années 60 et au début des années 70, derrière le perfectionnement des techniques liées aux projets de développement rural. Cette attitude a contribué, entre autres, à une baisse d'intérêt pour les phénomènes de différenciation socioéconomique, qui a eu pour effet de mettre une fraction importante de la population rurale, déjà très défavorisée économiquement, dans une situation extrêmement marginale.

Les étapes de classement de forêts, couvrant l'époque coloniale et la période d'indépendance sont données dans les tableaux présentés aux pages suivantes. Ce sont:

Tableau 7. Période de classement des forêts classées du Burkina Faso (secteur sub-sahélien, du Sahel et du plateau central)

Aires protégées Date de classement classement Superficie (ha)
Le secteur du Sahel
1 Réserve sylvopastorale et partielle de faune du Sahel 1970 1600 000
Le secteur subsahélien
2 Forêt classée de Yako 1936 1000
3 Forêt classée de Dem 1937 350
4 Forêt classée de Tougouri 1936 400
Le secteur du plateau central
5 Forêt classée de Niouma 1954 735
6 Forêt classée de Twessé 1954 490
7 Forêt classée de Nakabé 1936 2000
8 Forêt classée de Nakambé (ex Volta Blanche) 1953 98 000
9 Forêt classée de Ziga 1953 9 000
10 Forêt classée de Gonsé 1953 6 000
11 Forêt classée de Bissiga 1936 4100
12 Forêt classée du Barrage 1936 200
13 Forêt classée de Wayen 1941 12 000
14 Forêt classée de Ouilingaré 1936 6850
15 Forêt classée de Yakala 1936 1600
16 Forêt classée de Sitenga 1936 840
17 Forêt classée du Sourou 1937 14000
18 Forêt classée de Sâ 1938 5400
19 Forêt classée du Nazinon (ex Volta Rouge) 1953 35000
20 Parc national Kaboré Tambi 1976 155 500

Tableau 8. Période de classement des forêts classées du Burkina Faso (secteur de Mouhoum)

No

Aires protégées

Date de classement

Superficie (ha)

Le secteur de Mouhoun

21

Forêt classée de Laba

1936

16 750

22

Forêt classée de Baporo

1936

4 800

23

Forêt classée de Kalio

1936

12 000

24

Forêt classée de Tiogo

1940

37 600

25

Forêt classée de la Sissili

1955

32 700

26

Forêt classée des 2 Balés

1937

115 000

27

Forêt classée de Dibon

1954

24 000

28

Forêt classée de la Bougouriba

1955

8 500

29

Forêt classée de Nobéré

1953

36 500

30

Forêt classée du pic de Nahouri

1938

836

31

Ranch de gibier de Nazinga (ex forêt classée, 1953)

1953-1976

94 000

32

Réserve partielle de faune de Bontioli

1957

29 500

33

Forêt classée de Pâ

1937

15 625

34

Forêt classée de Bonou

1937

1700

35

Forêt classée de Nosebou

1940

14 000

36

Forêt classée de Kari

1938

13 000

37

Forêt classée de Ouoro

1938

14 000

38

Forêt classée de Toroba

1938

2 700

39

Forêt classée de Tissé

1938

21500

40

Forêt classée de Sorobouly

1938

5 800

41

Forêt classée de Maro

1940

50 000

42

Forêt classée de Bahon

1937

1600

43

Forêt classée de Tui

1940

50 000

44

Forêt classée de Dindéresso

1936

8 500

45

Forêt classée de Koulima

1936

2 150

46

Forêt classée de Bansié

1937

300

47

Forêt classée de la Mou

1938

34 000

48

Forêt classée de Téré

1953

10 700

49

Forêt classée de Dan

1953

4 300

50

Forêt classée du Kou

1951

117

51

Forêt classée de Péni

1942

1200

52

Forêt classée de Poa

1936

350

53

Forêt classée de Bambou

1937

1800

54

Forêt classée Kapo

1937

9 900

55

Forêt classée de Gouandougou

1955

9 500

56

Forêt classée de Bounouna

1955

1300

57

Forêt classée des sources du Mouhoun

1955

100

58

Forêt classée de Bérégadougou

1953

5 000

59

Réserve de la biosphère de la mare aux hippo

1986

19 200

60

Réserve totale de faune de Bontioli

1957

12 700

Tableau 9. Période de classement des forêts classées du Burkina Faso (secteurs de la Comoé-Léraba et la Pendjari-Mékrou)

No

Aires protégées

Date de classement

Superficie (ha)

Le secteur de la Comoé-Léraba

61

Forêt classée de Boulon

1955

12 000

62

Forêt classée de Kongoukon

1955

27 000

63

Forêt classée de Koflandé

1953

30 000

64

Forêt classée de Diéfoula

1937

85 000

65

Forêt classée de Logonièguè

1955

29 000

66

Forêt classée de Babolo

1943

550

67

Forêt classée de Dida

1955

75 000

68

Forêt classée de Toumousseni

1954

2 500

69

Forêt classée de Yendéré

1934

700

70

Forêt classée de Niangoloko

1936

6 654

71

Forêt classée de Koulbi

1955

40 000

Le secteur de la Pendjari-Mékrou

72

Parc national du W

1954

235 000

73

Réserve totale de faune de l'Arly

1954

76 000

74

Réserve totale du Singou

1955

192 000

75

Réserve totale de Madjoari

1970

17 000

76

Réserve partielle de faune de l'Arly

1954

130 000

77

Réserve partielle de faune de la Kourtiagou

1957

51 000

78

Réserve partielle de faune de Pama

1970

223 500

LA PERIODE DE L'ENCADREMENT

L'expérience des Offices régionaux de développement (ORD)

L'expérience des ORD, créées en 1966 et progressivement mises en place entre 1966 et 1972, est caractéristique de la période dite de l'encadrement. Leur vocation est de tout mettre en œuvre pour concourir à promouvoir le développement économique et social des populations de leur ressort territorial. L'option de décentralisation qui a présidé à la création des ORD, présente des avantages certains dans le cadre de la vulgarisation.

Tableau 10. Exemple d'un dispositif d'encadrement

Secteurs

Ouagadougou

Koudougou

Kaya

Total

Chefs de secteurs

4

5

4

13

Chefs de sous-secteurs

11

16

15

42

Encadrement

153

143

118

414

La clientèle de l'encadrement n'est pas représentative de l'ensemble des paysans: 32 pour cent sont de simples paysans, 51 pour cent sont des chefs de villages, de quartiers ou chefs de terre, 47 pour cent sont des anciens combattants et près de 70 pour cent sont des commerçants et des notables.

Bien qu'ayant constitué des supports aux activités agricoles (élevage, reboisement, peu d'aménagement), les ORD ont montré des insuffisances quant aux thèmes techniques de la vulgarisation mis en œuvre. On peut relever entre autres que:

Le suivi et l'évaluation des deux premières campagnes agricoles dans l'ORD des Hauts Bassins ont mis en évidence certains problèmes dont le mauvais choix des paysans, l'absentéisme, le manque d'organisation des activités de formation, des difficultés de maîtrise du système à faire passer les thèmes.

L'introduction du « training and visit System » (système de formation et de visite) au Burkina Faso

Dans le domaine de la vulgarisation, le Burkina Faso a été le premier pays africain à expérimenter le training and visit System qui fait la synthèse entre l'approche basée sur l'encadrement et celle basée sur une responsabilité des paysans. Durant les années 1960, la vulgarisation agricole introduisait timidement quelques composantes environnementales parmi ses thèmes techniques. Étant assurée par des agents du Ministère de l'agriculture, elle était basée essentiellement sur une approche par produit. Les services de vulgarisation se sont révélés inefficaces. La médiocrité de leurs résultats s'expliquait à la base, par la confusion faite entre les concepts de la vulgarisation et du développement communautaire. Elle était également due à l'absence de personnel formé, au faible niveau des agents de terrains, à l'absence de supports audiovisuels, à l'analphabétisme des paysans, etc.

Le gouvernement du Burkina Faso et la Banque mondiale décidèrent d'inclure en 1977, une composante V/A dans les projets de développement agricole. Ce processus a abouti en 1982 à la création, au sein du Ministère de l'agriculture et de l'élevage, d'un service national de vulgarisation.

Activités liées à la vulgarisation: En 1984, les services de la vulgarisation comptaient deux ingénieurs, quatre techniciens et huit agents techniques supérieurs. Le profil des agents de vulgarisation de l'ORD des Hauts Bassins était le suivant:

Utilisation des moyens audio-visuels: Ce sont généralement les appareils de projection de diapositives, films, les magnétophones étaient employés notamment en début de campagne agricole.

Résultats et conclusions:

L'expérience de l'Autorité de l'aménagement des Vallées des Voltas (A VV)

A sa création en 1974, le mandat officiel de l'AVV comprenait l'étude, la promotion, la coordination et l'exécution des opérations nécessaires au développement économique et social des zones placées sous son administration. L'autorité avait pour objectif la mise en valeur optimale des ressources naturelles (sols, forêts, pâturages, eau et faune) dans les régions sous peuplées des vallées des Voltas et de leurs affluents principaux. Ce mandat officiel de l'A VV prévu pour 20 ans devait ensuite être intégré à ceux des agences régionales et nationales de développement en place (Ministère de l'éducation, du développement rural, de la santé, organisations régionales de développement, etc.).

Un processus complexe de planification faisant appel à des vastes enquêtes hydrauliques, topographiques et sociologiques était au centre du modèle de planification de l'AVV. Sur la base de ces enquêtes, chaque vallée a été divisée en cinq grandes catégories d'utilisation des sols:

Dans la stratégie initiale de développement des vallées, le projet était chargé d'élaborer, tester, vulgariser et évaluer un ensemble de techniques de cultures pluviales intensives qui devrait permettre aux fermiers d'accroître les rendements tout en maintenant la fertilité du sol.

Analyse de la période de l'encadrement

A partir des années 70, un déploiement a été opéré pour contrecarrer les effets négatifs des réalités spécifiques à la région, Il s'agissait, entre autres, des grandes sécheresses vécues dramatiquement dans le Sahel, du processus de désertification de plus en plus évident et menaçant ainsi que de l'essor démographique qui s'est traduit par une pression accrue s'exerçant particulièrement sur les ressources forestières. On a alors assisté à des changements dans les attributions des services forestiers ainsi qu'à la création d'institutions spécialisées dans la gestion d'activités spécifiques telles que les plantations à vocation énergétique8.

Au niveau institutionnel, un ministère distinct chargé de la gestion des questions spécifiques à l'environnement fût créé. Mais au-delà de cette révolution institutionnelle, cette période a souffert de sa structure pyramidale qui a constitué le contexte d'application et de mise en œuvre de l'approche V/A forestière. En effet, il y avait au sommet de la pyramide, les instituts de recherches qui concevaient les techniques à vulgariser. Le niveau technique situé immédiatement au-dessous, celui des opérations faisait intervenir les ingénieurs et les techniciens. A un niveau intermédiaire, les chefs de secteurs prenaient le relais pour le déléguer ensuite aux chefs de zone qui les transmettaient à leur tour aux encadreurs de base. Ces derniers passaient des consignes aux populations sans prendre la peine de leur expliquer le bien-fondé et la pertinence des actions qu'elles étaient appelées à exécuter. Ainsi, la velléité de renforcer les capacités et l'autonomie des communautés s'évaporait pour laisser place à des communautés exécutantes et assistées, en perpétuelle expectative et ne se sentant aucunement impliquées dans les actions à entreprendre.

Au niveau des outils de la vulgarisation, l'on a assisté à la naissance de la radio rurale qui, avec la prise en compte des langues nationales, a constitué le fait majeur de cette période. La radio devint ainsi un média accessible au grand public des zones rurales grâce à la naissance des «radio-clubs». Ceux-ci ont totalisé 709 unités ayant fonctionné jusqu'en 1984. Le constat majeur à faire en liaison avec les émissions des «radio-clubs» de cette période réside dans le manque de participation réelle des auditeurs ciblés qui n'étaient pas consultés pour le choix des thèmes.

Au niveau politique et avec l'avènement de la période révolutionnaire (1983 à 1989), le secteur de la V/A forestière fut beaucoup perturbé au regard du contexte politique marqué par le monopole des structures populaires avec leurs slogans mobilisateurs.

Cette période a été suivie d'une révolution au niveau des stratégies de conservation communautaire des ressources naturelles notamment forestières. C'est en effet à partir des années 80 que le concept de l'approche de conservation avec la participation des populations vit le jour et que les premières tentatives de son application eurent lieu.

LA PERIODE DE L'APPROCHE PARTICIPATIVE

C'est la période de l'introduction et de l'application de l'approche participative. Celle-ci comporte diverses formules dont les caractéristiques sont détaillées au Tableau 11 ci-dessous. Les différents modèles sont:

L'approche participative a été développée à travers les différents projets/programmes de développement intégré, de développement local, etc. La dimension forestière a été prise en compte dans la formation des équipes mobiles, mais dans bien des cas, de façon assez marginale. Ce sont des projets où les résultats quantitatifs se mesurent surtout sur le long terme. Il n'existe pas d'évaluation de l'impact réel de ces projets et programmes au niveau du terrain. On assiste plutôt, dans bien des cas, à une quantification des réalisations physiques.

Tableau 11. Types de participation et leurs caractéristiques

TYPES

CARACTÉRISTIQUES

Participation passive

La population participe en étant informée de ce qui arrive ou de ce qui est arrivé. La communication est en général à sens unique, les réactions des individus n'étant pas prises en compte.

Participation à l'apport d'information

La population participe en répondant à des questions conçues par les chercheurs et les responsables de projet. La population n'a pas l'occasion d'influencer l'avancement des travaux étant donné que les résultats ne lui sont ni communiqués ni vérifiés.

Participation sous forme de consultation

La population participe en étant consultée, des agents extérieurs écoutant ses points de vue; les agents extérieurs définissent à la fois les problèmes et les solutions, modifient parfois ces dernières en tenant compte des réponses de la population; celle-ci ne participe pas aux prises de décision étant donné que les points de vue n'incluent pas toujours ceux de la population.

Participation contre les incitations matérielles

La population participe en fournissant des ressources, par exemple de la main-d'œuvre, en échange d'aliments, d'argent, etc. Elle ne participe pas aux expériences et n'est pas motivée à poursuivre les activités lorsque les incitations cessent.

Participation fonctionnelle

La population participe à la formation de groupements pour atteindre des objectifs fixés à l'avance en rapport avec le projet; cette participation a en général lieu à des niveaux plus avancés du projet, lorsque les décisions importantes ont été prises; ces groupements peuvent devenir autonomes mais ils dépendent au début des animateurs extérieurs.

Participation interactive

La population participe à l'analyse conjointe qui aboutit à des plans d'action et à la formation d'un nouveau groupement local ou au renforcement des groupements existants; les groupements prennent en charge les décisions locales de sorte que la population est motivée à maintenir les structures et pratiques.

Auto-mobilisation

La population participe en prenant des initiatives sans recours aux institutions extérieures pour changer les systèmes; la population peut à l'occasion contester la distribution existante des biens et du pouvoir inéquitable.

LA SITUATION ACTUELLE DE LA V/A FORESTIERE

Développement de l'approche gestion des terroirs

«L'approche gestion des terroirs » apparaît comme un effort de réflexion avec les populations rurales pour les aider à mieux gérer leur espace de manière durable et à faire face à leurs problèmes socioéconomiques et de gestion des ressources naturelles de leur terroir»9. L'approche est basée sur la participation et la responsabilisation accrue des populations rurales comme acteurs du développement local. Elle est globale et multi-sectorielle; c'est-à-dire qu'elle prend en compte tous les secteurs de la vie économique et sociale des communautés. A ce titre, la gestion des ressources naturelles locales fait partie intégrante de la gestion du terroir. L'approche est également ascendante et décentralisée au niveau villageois, ce qui suppose un transfert à l'échelon local d'un véritable pouvoir de décision et d'action aux plans économique, financier et politique. Enfin, l'approche est concertée et flexible.

La gestion des terroirs assure trois grandes fonctions qui sont:

La vulgarisation agricole qui s'inscrit dans le cadre de la fonction intensification des productions agro-sylvo-pastorales10, constitue de ce fait l'une des fonctions de la gestion des terroirs.

Introduction des nouvelles technologies en communication et information

L'introduction de technologies récentes, quoique offrant de nouvelles alternatives de succès et d'efficacité en communication et information, se heurte à leur coût d'acquisition relativement élevé. D'autres difficultés existent également dont les plus importantes résident dans les limites de compétence et de capacité des acteurs à la base à utiliser ces technologies. La radio rurale demeure l'instrument le plus accessible. Cependant, le contenu des programmes, donc des thèmes de vulgarisation ainsi que le mode de traitement de l'information en font un outil commun et trop ennuyeux pour entraîner l'adhésion d'un grand nombre d'acteurs ruraux.

Affirmation de la société civile

La plupart des ONG nées après 1970 ont, à ce jour, fait de la V/A leur principal outil pour la mise en œuvre des projets de gestion rationnelle des ressources naturelles. Cependant, l'absence de plan stratégique de communication au niveau environnemental ne leur a pas permis de pérenniser leurs activités au niveau de la base. Leur vision n'a pas intégré les trois facteurs indispensables au développement durable, que sont:

D'une manière générale, les ONG ont insuffisamment adhéré aux programmes d'investissement des projets et programmes ayant associé la V/A à leur démarche. Bien que les maîtres d'ouvrages aient toujours mentionné la participation effective des ONG dans certaines rubriques de lignes budgétaires, leur matérialisation s'est rarement concrétisée au niveau du terrain. Les projets et programmes se sont généralement basés soit sur les structures étatiques au niveau de leur zone d'intervention, soit sur la mise en place d'équipes pluridisciplinaires chargées de la vulgarisation et de l'animation.

Parmi les leçons tirées, l'une des plus importantes est que, en dépit du fait que les technologies de l'information et de la communication11 aient atteint pour la plupart, l'âge de maturité, elles ne peuvent à elles seules répondre à tous les défis globaux qui se posent à la problématique de la V/A. Pour être efficaces, utiles et avoir un impact significatif, ces technologies nécessitent d'être utilisées par des acteurs bien imprégnés, sensibilisés, formés. Pour l'instant, seules les grandes institutions sont en mesure de répondre à ces conditions. A ce titre, les approches de vulgarisation utilisant les expressions «public-cible, échantillons pilotes», sont dépourvues de sens, du moins pour les ONG, car le ciblage d'un groupe donné dans une localité spécifique ne dégage pas nécessairement une dynamique de restitution obligatoire des thèmes développés au niveau d'autres groupes.

La question de la V/A forestière relève d'une problématique transversale car elle constitue un complément à l'ensemble des domaines du développement durable. Aussi toute activité nécessitant une forme quelconque de V/A doit-elle être selon le cas, ciblée par des stratégies préalablement établies et de façon participative et intégrée.

VI. BILAN DE LA V/A FORESTIÈRE

Le bilan de la V/A forestière au Burkina Faso fait ressortir les acquis ainsi que les limites et insuffisances ci-après:

LES ACQUIS DE LA V/A RURALE FORESTIERE

Au plan politique et institutionnel

Sur les plans politique et institutionnel, les acquis portent sur les dispositions du code de l'environnement et du code forestier ainsi que sur les textes relatifs aux feux de brousse, aux établissements dangereux et insalubres, etc. Ils concernent également l'implication des ONG aux domaines de l'énergie, la pêche, la faune, etc. ainsi qu'aux opérations de reforestation, d'aménagement forestier et de responsabilisation des populations dans la gestion des forêts, aires de faune, etc.

Au plan thématique

Au plan thématique, on remarque une forte auto-promotion rurale en matière de reboisement. Des espèces exotiques telles que Eucalyptus camaldulensis, Azadiractha indica, Acacia nilotica sont souvent employées pour faire face aux besoins en bois de service, d'agroforesterie, d'établissement de haies vives, etc. Cela est surtout vrai pour des régions durement touchées par la désertification et les effets de la sécheresse.

L'utilisation des TCI

L'utilisation des TCI permet surtout aux institutions chargées de la vulgarisation d'accéder à des banques de données spécialisées ainsi qu’à de nouvelles approches qu'elles dupliquent en vue de les mettre à la disposition de leurs relais locaux de vulgarisation. Les acteurs de terrain n’y ont pratiquement pas accès à l’exception de la radio rurale.

LES CONTRAINTES ET LES LIMITES

Les limites politiques et légales

Les limites politiques et légales regroupent l’ensemble des pesanteurs qui entravent l’éclosion formelle de la vulgarisation. Elles peuvent être schématisées à travers la persistance du monopole étatique dans la gestion des ressources naturelles. La volonté proclamée de l’Etat d'associer les populations n'a pas fait disparaître sa détermination à rester le principal maître et bénéficiaire de la gestion des ressources naturelles. D'où les carences, les insuffisances et les contradictions observées dans les nouvelles législations forestières. A cela, il faut ajouter le manque de textes réglementaires d'application des dispositions juridiques relatives au processus d'implication des populations locales dans la gestion des ressources naturelles.

On constate également qu'il y a un problème fondamental de mise en relation et d'intégration du droit coutumier au droit moderne. Ceci est illustré entre autres, par:

Les limites structurelles et institutionnelles

Sur le plan structurel et institutionnel, les limites sont liées à la faiblesse des capacités et des moyens d'action des institutions qui œuvrent dans le domaine de la V/A forestière. Celles-ci accusent en effet des déficits graves en capacités humaines de base et en compétences avérées pour prétendre être en mesure de développer et mettre en œuvre des outils, méthodes et approches nouvelles de la V/A.

Que ce soit au niveau des institutions étatiques, des ONG ou des communautés locales, il n'existe pas suffisamment de spécialistes ou de professionnels expérimentés et opérationnels dans le domaine des approches participatives ou de la vulgarisation en foresterie communautaire. En dépit donc de l'évolution relative du contexte politico-législatif, les intervenants dans ce secteur tendent plutôt à perpétuer les approches dirigistes et autoritaires anciennes qui privilégient le contrôle et la répression au lieu de promouvoir le dialogue, la collaboration, la concertation, le partenariat et la cogestion.

A cela s'ajoutent les problèmes suivants:

La conséquence de toutes ces situations et comportements est que la volonté affichée par les uns et les autres de renforcer les capacités techniques des populations rurales en vue de parvenir à une gestion rationnelle des ressources naturelles, s'évapore pour laisser la place à des populations déroutées et souvent embrouillées face à la multiplicité voire la contradiction des messages et/ou outils utilisés.

Les contraintes sociales

La V/A en tant qu'outil de changement qualitatif s'est également heurtée à des pesanteurs socioculturelles générées par une vision donnée du monde et une certaine façon de faire propre au milieu rural ou pour une question de mentalité. Mais la plus grande contrainte en matière de gestion durable des ressources naturelles réside dans la pauvreté profonde des populations, occasionnée, puis aggravée par les phénomènes de désertification et/ou de sécheresse. Ceci entraîne une forte pression sur les ressources naturelles, en particulier dans les régions les plus boisées du Burkina Faso. L’illustration en a été donnée par les sécheresses de 1973 et de 1983 qui ont provoqué de grandes migrations internes des populations rurales burkinabé. On note même dans certaines régions que la population migrante dépasse désormais la population autochtone.

VII. DÉFIS ET PERSPECTIVES DE LA V/A FORESTIÈRE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les défis et les perspectives du développement de la V/A en Afrique subsaharienne sont mieux perceptibles en terme de problèmes et d'interrogations. On peut les regrouper autour des trois points suivants:

PROBLEMATIQUE DE LA CAPITALISATION ET DIFFUSION DES ACQUIS, DE L'APPROFONDISSEMENT ET DE LA SYSTEMATI-SATION DES CONNAISSANCES

Pour faire de la V/A un système et un outil efficaces de gestion durable des ressources naturelles, il est indéniable qu'il faut développer un processus de capitalisation des acquis actuels, d'élaboration de nouvelles connaissances, d'analyses pluridisciplinaires et de conduite des opérations pratiques sur le terrain. Se pose alors la question de savoir comment:

LA PROBLEMATIQUE DES REFORMES POLITIQUES, LEGISLATIVES ET STRUCTURELLES

Lorsqu'on examine la législation forestière burkinabé, on ne peut manquer de ressentir une certaine gêne quant il s'agit de déterminer parmi les textes, ceux qui sont d'un apport positif, c'est-à-dire ceux qui constituent le droit actuellement applicable.

Dans la pratique, les services techniques forestiers ainsi que certaines juridictions continuent à se référer tant aux textes résultant de la réforme de 1985, qu'aux textes qui leurs sont antérieurs12. Il convient alors de revenir aux principes juridiques fondamentaux pour résoudre ce problème de l'applicabilité des textes forestiers qui introduit la confusion dans l'action des services techniques.

En principe, la force obligatoire des lois est permanente. Cela veut dire qu'une fois mise en vigueur par sa promulgation et publication, la loi demeure applicable tant qu'elle n'a pas été abrogée. L'abrogation de la loi ne peut résulter que d'un acte de l'autorité compétente, dans le respect du principe du parallélisme des formes; c'est-à-dire qu'un texte supérieur ne pourra jamais être ni modifié, ni abrogé par un texte de valeur inférieure. Ainsi, les dispositions d'une loi ou d'une ordonnance ne pourront jamais être modifiées par un décret ou arrêté. Les modalités d'abrogation des textes sont diverses.

L'abrogation d'une loi pourra être expresse ou tacite. On est cependant de plus en plus amené à poser la question de l'admission de l'abrogation par simple désuétude. La question prend un relief particulier dans le contexte du système juridique burkinabé. En général, l'abrogation expresse résulte, lors de la publication d'une loi nouvelle, de l'énumération des dispositions anciennes qu'il entend abroger. L'abrogation tacite par contre résulte du fait que les dispositions de la nouvelle loi sont inconciliables avec les anciennes et incompatibles avec leur maintien. C'est seulement dans cette limite que la loi ancienne doit être considérée comme abrogée tacitement. Dans la pratique, il sera le plus souvent délicat de déterminer si la loi nouvelle abroge effectivement les dispositions anciennes.

Il faut souligner que le législateur burkinabé qualifiait les feux de brousse de crime et infligeait des sanctions collectives aux populations lorsque le ou les coupables de l'incendie n'étaient pas identifiés. Point n'est besoin de s'étendre sur le caractère juridiquement inacceptable de telles dispositions. En effet, la qualification des crimes et délits relève en principe du domaine de la loi (au sens strict du terme) et non du règlement. De plus, la pratique de la sanction collective est contraire à un principe fondamental de droit pénal qui est celui de la personnalité des peines.

Le bilan de la mise en œuvre des lois et des politiques forestières des années 90 amène à penser que le changement des textes et des orientations stratégiques n'ont pas abouti au changement des comportements et des pratiques des acteurs sur le terrain. Bien qu'il ait été nécessaire de mettre en place des règles et des institutions nouvelles pour promouvoir la gestion participative des ressources naturelles, celles-ci n'ont pas suffi à induire les changements escomptés. Les options prises par les Etats en matière de V/A forestière ne sont pas encore opérationnelles de manière effective et en tout cas, pas de manière satisfaisante. L'on ressent donc aujourd'hui la nécessité d'ajuster et d'adapter ces dispositions aux réalités des sociétés. Il s'agit de donner un ancrage légal aux normes et pratiques locales et coutumières de gestion des ressources naturelles. Mais alors, il devient urgent de déterminer ce qu'il faut faire et comment le faire, en tâchant de trouver réponse aux questions suivantes:

Le défi consiste à mettre en place des politiques et des réglementations qui tiennent compte des réalités de nos sociétés et qui soient capables de générer de nouveaux comportements en matière de gestion des ressources naturelles afin de donner aux communautés locales la possibilité d'être des partenaires incontournables dans les processus de gestion de ressources naturelles.

LA QUESTION FONCIERE

Le Ministère de l'environnement et du tourisme (MET) a été créé en 1976. Cet intérêt soudain pour les questions environnementales a été interprété par beaucoup comme une réponse des autorités politiques à la grande sécheresse qu'ont subi les pays sahéliens durant la période 1972- 1975. Cette dernière a été témoin de la venue massive des ONG au Burkina Faso. L'environnement était autrefois rattaché au Ministère de l'agriculture, parce que les problèmes environnementaux ne se posaient pas avec acuité. En fait, la gestion des ressources naturelles (GRN) venait en second plan des politiques gouvernementales. Il aura fallu attendre 1981 pour voir naître la première action véritable de GRN venant des pouvoirs publics: le Programme national de foresterie villageoise.

D'une manière générale, sur le plan législatif, aucun texte n'a été pris de façon directe dans le but de sauvegarder, d'entretenir ou de gérer l'environnement. En dehors de certains textes qui, pour des raisons d'intérêt général et d'utilité publique, font appartenir au domaine public13 divers biens immobiliers14, aucun texte particulier n'a été élaboré. Il s'agit essentiellement des textes suivants:

Cette réglementation, comme on le constate, ne concerne que les terres appartenant au domaine public. En dehors de ce dernier, rien n'était prévu, de sorte que toutes les pratiques étaient permises, ce qui, en matière d'environnement peut s'avérer catastrophique. Si pendant la colonisation, l'attitude du colonisateur pouvait se comprendre dans la mesure où celui-ci était mû par ses intérêts, à savoir le pillage des ressources naturelles, l'indifférence des pouvoirs publics de l'État indépendant était par contre incompréhensible.

C'est peut être pour arrêter cette passivité, cette absence de réaction en matière de politique environnementale que le législateur révolutionnaire a pris en très grande considération les questions liées à ce secteur, surtout dans ses interrelations avec l'agriculture.

Dans I'ordonnance 85/050/CNR/PRES du 4 août 1984, en son article 22, il est dit que «tout projet de développement économique et social de caractère national ou local devra comprendre nécessairement un programme forestier sous la forme de boisement en bosquets, de rideaux, de plantations, d'espaces verts ou de jardins publics». En outre, la dichotomie domaniale qui faisait en sorte que seul le domaine public était protégé, est abandonnée. En créant le DFN. l'Etat va désormais être à l'avant garde des questions environnementales. Plusieurs mesures sont prises visant la gestion des ressources naturelles. Elles portent sur le régime de l'eau, le régime des forêts, le régime de la faune et celui de la pêche.

LES ENJEUX DES CONVENTIONS INTERNATIONALES SUR LA V/A FORESTIERE

Élaboration et adoption du PAN/LCD - Méthodologie de PLD

La mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CCD) avec sa référence particulière au continent africain, doit se faire à travers l'élaboration et l'application d'un Programme d'action national de lutte contre la désertification (PAN/LCD), avec la participation effective des acteurs concernés et ceci dans un esprit de partenariat.

Au Burkina Faso, la stratégie méthodologique adoptée pour la mise en œuvre de la convention prévoit trois étapes, à savoir:

Après la tenue de la première session du Forum national qui a défini le mécanisme de partenariat et la méthodologie d'élaboration du PAN/LCD, bouclant ainsi la première étape, nous abordons à présent la deuxième étape qui est celle de l'élaboration effective du PAN/LCD. Celui- ci doit être bâti sur le concret présent, se fondant ainsi sur les priorités nationales et l'état de désertification et de la pauvreté au Burkina Faso. Il devra également prendre en considération les préoccupations majeures des populations en terme de besoins en appui pour l'élaboration de leurs Projets locaux de développement (PLD).

En ce qui concerne la première phase, une méthodologie basée essentiellement sur l'information, la sensibilisation et l'organisation des acteurs ainsi qu'une série de consultations menées auprès d'eux, ont abouti à la tenue de la première session du forum national en juillet 1997. Celui-ci a permis aux principaux acteurs d’échanger leurs idées et opinions sur le processus de préparation et de mise en œuvre du PAN. Après la tenue de cette première session qui a défini le mécanisme de partenariat et la méthodologie d'élaboration du PAN, la deuxième phase a été engagée avec l'atelier de lancement des 25 et 26 mai 1998.

Trois principes fondamentaux doivent prôner la mise en œuvre de la CCD. Il s'agit de:

C'est pourquoi, le gouvernement du Burkina Faso a mis en place un cadre institutionnel chargé du pilotage des conventions internationales dont la CCD. C'est ainsi qu'un Comité national de pilotage (CNP) chargé d'assurer la participation de la société civile en général et des ONG et Associations en particulier, a été créé. Il se compose des institutions étatiques, des ONG, des organisations paysannes et des partenaires au développement. Ce comité est décentralisé jusqu'au niveau village.

Pour ce qui est de la mise en œuvre de la deuxième étape, 10 objectifs spécifiques ont été définis, à savoir:

Avec la validation du PAN/LCD, une méthodologie d'élaboration des PLD a été adoptée.

Objets, fonctions et finalité du PLD

Le PLD vise à mettre en place un cadre de développement local permettant de traduire en projets et actions, les objectifs de développement découlant du combat intégré contre la désertification et ses causes. En tant qu'instrument global, il est investi de trois fonctions interdépendantes:

Intervenant, pour la plupart, dans un contexte où presque tout reste à faire, les PLD constituent en fait des instruments de structuration du milieu social et économique où ils interviennent. C'est en effet au travers du partage de l'information, de l'action collective et de la politique opérationnelle des activités induites par la programmation locale qu'il devient possible de faire l'apprentissage, plus général, de la gestion de la chose publique. La programmation locale contribue à organiser les structures de travail dans un milieu qui les ignorait. Elle enseigne la discussion collective des options, apprend la comptabilité et la transparence des bilans, la maîtrise des contrats avec les partenaires, l'évaluation collective des résultats, etc.

Méthodologie pour la préparation et la mise en œuvre des PLD

Sensibilisation et information. La sensibilisation et l'information doivent se faire dans un éventail le plus large possible du niveau local au niveau national. Cette phase a pour but d'établir une mise en confiance et créer les conditions d'un dialogue permanent grâce à un travail de connaissance participative du milieu. Cette phase doit permettre une appropriation par la population, des travaux conduits ou à conduire en commun.

Diagnostic participatif au niveau des villages et groupes de villages. La phase initiale de diagnostic est réalisée par les populations locales. Elles peuvent recevoir sur leur propre demande un appui extérieur. Le diagnostic des populations peut être complété par un appui technique, interne ou externe, généralement effectué par les techniciens, et qui vise à recueillir et ordonner les informations existantes. Le produit de cette étape est constitué par une fiche A.

Elaboration des programmes locaux de développement. Le diagnostic des ressources et leurs modes d'exploitation devrait conduire à la détermination des atouts et des contraintes du développement durable. Il devra être complété par propositions destinées à lever les contraintes et mettre à profit les atouts. Celles-ci sont formulées et classées selon leurs priorités. Un document relativement simple mais surtout compréhensible par les populations constituerait le PLD.

Le PLD est un ensemble cohérent d'actions à entreprendre 15 en fonction de priorités accordées aux types d'investissements et d'actions à effectuer la première année 16, ainsi qu'en fonction de l'identification d'une (ou plusieurs) organisation villageoise susceptible d'exécuter les actions ou microprojets. Chaque priorité de PLD devant être présentée au financement et traduite en un document, sous forme de microprojet simple et compréhensible par les populations.

Elaboration de la stratégie nationale sur la diversité biologique

La stratégie nationale sur la diversité biologique est en cours de rédaction et fera bientôt I’objet d'un atelier de validation. Le processus d'élaboration de cette stratégie a été participatif, en ce sens qu'il a associé les producteurs à toute la démarche depuis les phases initiales d'information jusqu'à la tenue des ateliers régionaux de réflexion. Les outils ZOPP ou PPO (Planification par objectif) ont été fortement mis à profit dans ce processus.

VIII. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

Le déroulement de l'étude a connu quelques difficultés dont les principales sont:

Ces contraintes nous ont conduit à une recherche documentaire plus profonde pour combler les lacunes.

IX. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

CONCLUSIONS

L'analyse de la V/A forestière fait apparaître des résultats à considérer avec prudence. Ainsi, lorsque l'on examine ses principaux domaines d'application, on relève les faits suivants:

Dans le domaine de la protection des forêts

Le résultat est assez décevant. En effet les formations naturelles dites «forêts protégées» ont sérieusement régressé laissant quelques reliques où il est difficile d'entreprendre une action de restauration conséquente. La situation des forêts classées et des aires de faune n'est guère meilleure, car beaucoup ont été purement et simplement déclassées de fait. Ces déclassements ne sont pas l'œuvre des seules populations riveraines des aires protégées mais le sont également de la part de certains organismes de développement. A ce titre, l'exemple de l'autorité de l'aménagement des Vallées des Voltas ou Office national d'aménagement des terroirs (ONAT), organisme aujourd'hui démis, est assez édifiant. Dans son mandat de mise en valeur, l'AVV a aménagé plus de 90 000 ha de la forêt classée du Nakambé qui en comptait 98 000. Quand on considère que l'AVV faisait partie du dispositif institutionnel de la V/A, on ne peut que constater le dysfonctionnement institutionnel. En définitive, seule l'expérience d'aménagement participatif des forêts naturelles a donné quelques résultats satisfaisants. Les premières initiatives ont débuté vers l'année 1985 avec le Projet PNUD/FAO «Aménagement des forêts naturelles pour le ravitaillement de Ouagadougou en bois de feu» devenu plus tard le projet «Aménagement des forêts naturelles». Elles se sont poursuivi à travers le projet de «foresterie communautaire pour la sauvegarde de l'environnement et la production de bois» et plus tard, au début des années 90, par le Programme national de gestion des terroirs (PNGT).

Dans le domaine des ressources halieutiques

Ce domaine est intimement lié à la gestion des eaux de surfaces. On y constate une régression des cours d'eau naturels par l'ensablement et l'envasement à cause des systèmes de production qui n'offrent aucune protection des berges. Cette dernière a commencé à faire l'objet d'une attention, suite à l'accentuation du phénomène de la désertification. Ce sont les retenues d'eau artificielles qui font véritablement l'objet d'une tentative de gestion rationnelle grâce à l'action de certains projets et programmes de développement.

Dans le domaine de la reforestation

Ce domaine a été soutenu pendant une quinzaine d'années 17 par des projets communément appelés «projet bois de village». Des milliers d'hectares ont été reboisés sans une responsabilisation véritable des bénéficiaires. Dans un tel dispositif, les problèmes de gestion des plantations sont rapidement apparus et constituent aujourd'hui encore un goulot d'étranglement dans l'exploitation. Bien que les difficultés soient énormes, il existe cependant quelques aspects positifs. C'est le cas en particulier de la notion de paysan forestier. En effet, le paysan forestier est un membre de la communauté qui est choisi suite aux différentes séries d'animation, à qui l'on donne un supplément de formation et qui est chargé d'appuyer l'agent des eaux et forêts dans la réalisation de ses tâches. Ces paysans forestiers ont reçu des formations sur la production des plants en pépinière et les techniques de plantation. Cette méthode de transfert de technologies a permis à beaucoup de paysans de maîtriser certaines techniques de base en foresterie donnant ainsi naissance aux pépiniéristes privés en milieu rural.

Dans le domaine énergétique

Ce domaine a été surtout dirigé vers l'économie du bois. Il convient de rappeler ici que le bois- énergie représente environ 80 pour cent des besoins énergétiques des ménages burkinabé. L'essentiel de la politique a été orienté vers l'utilisation des foyers améliorés qui étaient soient inadaptés aux contraintes sociales des pratiques énergétiques, soient inaccessibles compte tenu de leurs coûts d'acquisition. Ils sont davantage utilisés en milieu urbain qu'en milieu rural.

Au plan institutionnel

Comme indiqué antérieurement, la dimension forestière a été très peu prise en compte dans la mise en place des structures d'encadrement du monde rural. La création du Ministère chargé de l'environnement en 1976, si elle a offert un cadre général à la V/A forestière, n'a pas apporté une réponse fondamentale à la problématique de cette vulgarisation. La politique protectionniste a continué et les lois et règlements les plus inappropriés ont continué d'être appliqués comme en témoignent ceux relatifs aux feux de brousse. Plus grave encore est le manque de continuité dans le développement institutionnel. Les dispositions des différents codes sont censées en fait apporter des réponses à l'implication de la société civile à la V/A forestière et à une responsabilité accrue des populations.

Au plan social

L'effet des sécheresses récurrentes a entraîné des migrations internes importantes vers les zones boisées au sud du Burkina Faso. Certaines provinces telles que la Sissili, comptent une population migrante (ou réfugiés écologiques) plus forte que la population autochtone. C est la précarité économique des populations qui constitue le handicap majeur.

Au niveau des TCI

Les TCI, dont la plus utilisée est la radio rurale, ont permis l'éveil d'une certaine conscience de la situation de dégradation des ressources naturelles sans toutefois apporter de réel changement dans les techniques culturales qui demeurent archaïques.

RECOMMANDATIONS

Au regard des échecs enregistrés dans la politique de V/A et tirant leçon des initiatives porteuses, nous pouvons faire les recommandations suivantes:

Pour l'utilisation des TCI

La diversité des dialectes au Burkina Faso ne permet pas de concevoir un programme d'animation cohérent qui tienne compte des pesanteurs socioculturelles et qui ait l'assentiment de tous. Il convient de créer des programmes limités à une petite échelle d'écoute qui n'est pas compatible avec le système des radios FM. Dans ce cas de figure, il serait illusoire de demander à l'État de fournir un tel effort d'investissement. Il faut saisir les opportunités offertes par les stations FM du secteur privé 18 pour lancer des programmes cohérents d'animation ayant un encrage plus direct sur le milieu de réception.

Pour les nouvelles approches gestion des terroirs

Dans l'approche gestion des terroirs, la vulgarisation agricole s'inscrit dans la fonction intensification agricole. La V/A forestière n'est pas spécifiquement évoquée mais elle est prise en compte dans la fonction gestion des ressources naturelles. Les modules d'animation forestière devraient être conçus en complémentarité avec le volet vulgarisation agricole pour une bonne optimisation des résultats. Les diagnostics participatifs, quoique nécessaires à une bonne compréhension du milieu, ne font pas toujours ressortir les vraies priorités des populations, mais celles que l'animateur est supposé entendre. Chaque priorité devra faire Y objet d'une attention particulière pour mieux hiérarchiser les contraintes et atténuer les priorités présentant des contraintes assez difficiles voire impossibles à lever dans le contexte du moment.

Pour la législation forestière

Au Burkina Faso, le projet «législation et institution en Afrique» est chargé d'analyser l'effectivité des textes et lois régissant l'environnement en général et les ressources forestières en particulier afin de mieux les adapter aux réalités sociales et culturelles du pays. Les propositions de textes et de lois devront faire l'objet d'une véritable communication sociale afin de réduire autant que faire se peut, les problèmes de dualismes juridiques entre le droit moderne et le droit coutumier non codifié mais toujours vivace.

Au plan politique

La convention sur la lutte contre la désertification offre des opportunités pour l'harmonisation des approches de développement, qui fait toujours défaut et qui est à l'origine des messages contradictoires au niveau du terrain. La méthodologie d'élaboration des PLD est une traduction du partenariat qui devra désormais exister entre les producteurs et les intervenants extérieurs à la communauté rurale.

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ANNEXE
EXTRAIT DU CODE DE L'ENVIRONNEMENT

Chapitre IX

De la protection des espaces naturels, des paysages, des sites et monuments et des espèces protégées

Article 73. La protection des espaces naturels, des paysages et des monuments, la préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent sont d'intérêt général. II est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit.

Les activités publiques ou privées d'aménagement, d'équipement et de production doivent se conformer aux même exigences. La réalisation de ces objectifs doit également assurer l'équilibre harmonieux de la population résidant dans les milieux urbains et ruraux.

Article 74. Les travaux et projets d'aménagement qui sont entrepris par une collectivité publique et qui nécessitent une autorisation ou une décision d'approbation ainsi que les documents d'urbanisme doivent respecter les préoccupations de l'environnement.

Article 75. Est interdite la destruction des sites et des monuments présentant un intérêt scientifique, culturel ou historique. Un décret pris en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre Chargé de la culture fixe la liste des sites et des monuments ainsi protégés. Cette liste sera revue et corrigée chaque fois que de besoin.

Article 76. Les feux de brousse sont des feux incontrôlés qui détruisent les formations végétales quelles que soient lueur ampleur et leur origine.

Article 77. La pratique des feux de brousse est interdite sur l'ensemble du territoire du Burkina Faso. Un décret pris en Conseil des Ministres, sur proposition conjointe des Ministres Chargés de l'Environnement et de l'administration territoriale, précisera les mesures et sanctions, à rencontre des auteurs de feux de brousse.

Article 78. Les feux coutumiers, et les feux allumés à l'occasion des débroussaillements des terrains de culture ou dans le cadre de l'aménagement des zones pastorales, des parcs nationaux, des réserves de faunes, etc. sont tolérés, sous réserve du respect des conditions qui seront déterminées par le Ministère Chargé de l'environnement.

Article 79. Pour des raisons de préservation du patrimoine biologique (ressources phytogénétique et cynégétique) national ou pour des raisons d'ordre scientifique particulier ou économique, certaines espèces de faune et de la flore sont protégées. Ainsi, sont réglementés ou interdits:

Article 80. Un décret pris en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre Chargé de l'Environnement détermine les conditions dans lesquelles sont fixées:

Article 81. La production, la détention, l'utilisation, le transport, l'introduction quelle qu'en soit l'origine, l'importation sous tous les régimes douaniers, l'exportation, la réexportation de tout ou partie d'animaux d'espèces non domestiques et de leurs produits ainsi que des végétaux d'espèces non cultivées et de leurs semences ou partie de plantes, dont la liste est fixée par arrêté du Ministre Chargé de l'Environnement doivent faire l'objet d'une autorisation délivrée dans les conditions et selon les modalités fixées par décret pris en Conseil des Ministres.

Article 82. La production, la détention, la cession à titre gratuit ou onéreux, l'utilisation, le transport, l'introduction quelle qu'en soit l'origine, l'importation sous tous les régimes douaniers, l'exportation, la réexportation de tout ou partie d'animaux d'espèces domestiques et de leurs produits ainsi que des végétaux d'espèces cultivées et de leurs semences ou partie de plantes, dont la liste est fixée par arrêté du Ministre Chargé de l'Agriculture et de l'Elevage, doivent faire l'objet d'une autorisation délivrée dans les conditions et selon les modalités fixées par décret pris en Conseil des Ministres.

Article 83. Les actes en infraction aux dispositions relatives à la faune et à la flore sont sanctionnés par les textes en vigueur.


1In H. Schneider et M.H. Libercier (dir.). Mettre en œuvre le développement participatif. Paris, OCDE, 1995, p.7.

2Fondation des amis de la nature.

3INSD, 1991. Cité par CONAGESE, 1999.

4 UNICEF, 1994. Cité par CONAGESE, 1999.

5 CNRST, 1995. Cité par CONAGESE, 1999.

6 Services marchands et non marchands.

7 Jusqu'aux années 70.

8 À partir d'essences exotiques telles que Eucalyptus camaldulensis, Gmelina arborea, Azadirachtha indica et Tectona grandis.

9Les grandes orientations en matière de gestion des terroirs au Burkina Faso. Deuxième version. PNGT, mai 1995.

10Les grandes orientations en matière de gestion des terroirs au Burkina Faso. Deuxcième version. PNGT, mai 1995.

11TV, FM, courrier électronique; SIG, etc.

12 Décret du 4 juillet 1935 et Décret du 20 mai 1955, notamment.

13Le domaine public est la propriété de I'Etat.

14Forêts classées, abords de certains cours d'eau, parcs, etc.

15Les actions sont traduites en documents de microprojets.

16Si possible, une seconde et troisième année aussi.

17 Approximativement entre 1977 et 1993.

18 On compte une cinquantaine de stations FM privées au Burkina Faso.

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