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6. Questions clefs


Ce chapitre reprend quelques questions fondamentales qui restent ouvertes pour de futurs discussions ou débat:

L’importance du contexte organisationnel, institutionnel et culturel dans le choix de l’approche de développement

Les approches de développement existantes et nouvelles ont-elles réellement une valeur ajoutée sur le terrain?

Au départ, il y avait un sentiment général (issu des discussions informelles, commentaires et de la culture informelle de l’organisation) qu’il existe un fossé considérable entre le cadre officiel de l’organisation et la pratique. Nous voulions mieux comprendre la nature de ce fossé, dans le contexte de différentes divisions techniques, qui possèdent chacune un mandat spécifique et sa propre culture, et dans le contexte de différents environnements linguistiques et régionaux, pour avoir un aperçu exhaustif de la situation.

L’objectif final de cet exercice était de distinguer entre les impondérables structurels et les contraintes institutionnelles à travers l’analyse des critiques des cycles de vie institutionnels des interventions. Il existe un sentiment diffus que la majorité des interventions ne parviennent pas, complètement ou au moins en partie, à atteindre leurs objectifs finaux de faire reculer la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie et les droits dans le monde en développement. Notre but était d’essayer de comprendre dans quelle mesure ces échecs sont dus à des problèmes structurels exogènes que la communauté des spécialistes du développement n’a pas su aborder de façon efficace jusqu’à présent, et dans quelle mesure ils sont dus à des obstacles internes et endogènes aux interventions elles-mêmes. La réponse est évidemment que les deux facteurs jouent un rôle. Notre analyse constitue une première tentative (limitée) de distinguer les obstacles structurels des blocages institutionnels et organisationnels de façon à les traiter séparément avec des instruments différents.

Jusqu’à présent, nous avons analysé les problèmes structurels et organisationnels dans le cadre de l’aide au développement considérée comme une activité, plus précisément dans le cadre du développement rural tel qu’il est pratiqué à la FAO. Nous avons passé en revue les approches officielles, leurs forces et leurs faiblesses, les raisons de leurs succès ou échecs dans la pratique. Nous avons discuté des relations entre les dysfonctionnements organisationnels et les problèmes structurels dans une tentative d’identifier les domaines dans lesquels concentrer ses futurs efforts. Ce voyage au cœur de la culture informelle de la FAO peut se résumer en quelques points, qui restent ouverts en vue de discussions futures:

Les approches de développement élaborées pendant les années 90 et qui sont actuellement en vigueur sont toutes fondées sur des principes, outils et méthodologies globalement analogues. Il y a néanmoins une prédominance des approches anglophones et un manque de communication et d’échange entre les différents groupes culturels et linguistiques. Chaque approche possède ses propres forces et avantages comparatifs qu’il est crucial de creuser afin de porter toute son attention sur les domaines sur lesquels se sont heurtées toutes les autres approches.

C’est le contexte organisationnel, institutionnel et culturel de développement qui a une importance décisive sur la performance d’un projet, et non l’approche choisie. Le succès des projets dépend, en fin de compte, de certaines conditions d’organisation fondamentales (temps suffisant, engagement et investissement de l’organisation, absence de blocages internes), de la présence d’une force directrice institutionnelle puissante et des qualités de direction et d’organisation des principales parties prenantes.

Il existe une différence importante entre principes et pratique dans les approches fondées sur les moyens d’existence des années 90. Une grande partie des activités d’aide au développement est orientée par les exigences et les ordres du jour de l’organisation au cours de toutes les phases du cycle du développement (diagnostic, mise en oeuvre, évaluation). Cela rend les activités de développement imperméables aux problèmes de la «vie réelle» comme les problèmes politiques, de droit, les changements structurels. Cela les rend également moins efficaces en raison de simples contraintes pratiques. Dans quelle mesure peut on traiter cette situation dans le cadre organisationnel existant?

Les approches de développement deviennent redondantes une fois que les idées qu’elles mettent en avant ont été légitimées. Les nouvelles approches sont fondamentales car elles sont le fer de lance des idées nouvelles et permettent de les diffuser aux institutions. Elles sont alors internalisées sur la base des expériences réussies. Un facteur décisif pour juger de la valeur ajoutée qu’elles apportent est leur capacité à saisir «l’esprit» et les inquiétudes principales de ce qui se passe dans le monde réel, au Nord comme au Sud.


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