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ANNEXE D
ALLOCUTION D'OUVERTURE

M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE INDONÉSIENNE

À L'OCCASION DE L'OUVERTURE DE LA
VINGT-HUITIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO
POUR L'ASIE ET LE PACIFIQUE

JAKARTA, 18 MAI 2006

Bismillahirrahmanirrahim.
Assalamu’alaikum Warrahmatulallahi Wabarakatuh,

Messieurs les Ministres des pays membres de la FAO,
Monsieur Diouf, Directeur général de la FAO,
Chers délégués et invités,
Mesdames, Messieurs,

Au nom du Gouvernement et du Peuple indonésiens, je souhaite à tous la bienvenue à Jakarta, à l'occasion de la vingt-huitième Conférence régionale de la FAO pour l'Asie et le Pacifique.

L'Indonésie est très honorée d'accueillir cette importante Conférence régionale. C'est là une manière d'exprimer notre engagement total en faveur de la mission et de la vision des Nations Unies dans le domaine de l'alimentation et du développement agricole.

Qu'il nous soit permis de rappeler d'entrée de jeu que toute conférence portant sur l'alimentation, telle que la nôtre, est en fait une tribune sur la durabilité de la vie humaine confrontée à son ennemi de toujours, la faim dans le monde.

Toute l'humanité devrait en effet s'unir pour lutter contre la faim, non seulement parce qu'elle tue des êtres humains en grand nombre, mais aussi parce qu'elle tue d'une manière qui prive sa victime de sa dignité humaine.

Le droit à la nourriture est en fait le droit à la vie. Lorsque ce droit à la vie n'est ni protégé ni encouragé par les gouvernements et les sociétés et que —pour quelque raison que ce soit— un être humain n'est pas en mesure d'exercer ce droit, tous ses autres droits sont dénués de sens.

Un homme qui meurt de faim ne peut exercer correctement son droit de vote. Un enfant qui souffre les affres de la malnutrition ne peut bénéficier de son droit à l'éducation.

C'est pourquoi nous voudrions tous vivre dans un monde où la sécurité alimentaire serait assurée, de même que tous les moyens nécessaires à la vie comme l'eau, les médicaments, les vêtements et le logement. Cependant, il subsiste de vastes poches de pauvreté dépourvues de tout ce qui est nécessaire à la vie et ce sont elles qui constituent le principal défi de notre temps.

Méditez ces sombres statistiques. Un être humain sur cinq sur notre planète vit avec moins d'un dollar par jour. Un être humain sur cinq n'a pas accès à de l'eau propre.

Près de 800 millions de personnes dans les pays en développement souffrent de malnutrition. Chaque année quelque 10 millions d'enfants meurent de maladies qui seraient évitables. Cela signifie que depuis ce matin jusqu'à ce soir minuit, 30 000 enfants mourront par manque d'argent pour acheter des médicaments ou de la nourriture. Ceux qui survivent à la malnutrition sont confrontés à une autre triste réalité: environ 115 millions enfants d'âge scolaire ne sont pas scolarisés.

Si nous voulons parvenir à transformer ces statistiques désastreuses en résultats positifs tels qu'ils sont prévus dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, d'ici 2015, nous aurons beaucoup à faire et devrons collaborer beaucoup plus étroitement que nous ne l'avons fait jusqu'à présent.

Nous devrons parvenir à améliorer considérablement la production agricole ainsi que toutes les activités après récolte, car l'agriculture est l'activité économique qui permet directement de produire les aliments. De plus, elle reste le pilier de beaucoup d'économies dans les pays d'Asie-Pacifique.

Mesdames, Messieurs,

Depuis des dizaines d'années, les pays d'Asie et du Pacifique obtiennent de bons résultats en matière de production agricole.

C'était le sens même de la Révolution verte. Or, les facteurs qui ont assuré la croissance asiatique sont toujours présents: politiques macroéconomiques judicieuses, population jeune, taux d'épargne et d'investissement élevés, esprit d'entreprise et grande importance accordée à l'éducation.

Cependant, tous ces facteurs n'ont pas été à la mesure de l'accroissement démographique de la région et de son besoin croissant de sécurité alimentaire.

Les catastrophes naturelles compromettent aussi régulièrement notre productivité, tout comme les facteurs politiques, économiques et sociaux. De plus, les politiques commerciales de nos partenaires des pays développés entravent souvent notre propre développement.

L'Indonésie est consciente de toutes ces exigences et opère une transition vers une démocratie moderne, ouverte et tolérante. Nous continuons à adopter des politiques pragmatiques, afin de soutenir la croissance de l'économie de marché qui repose encore en grande partie sur la production agricole et halieutique. Nous avons la chance de disposer d'une richesse de ressources naturelles qui nous permet de faire face aux besoins de production alimentaire.

Cependant, notre poursuite de la sécurité alimentaire est freinée par de nombreuses contraintes tant internes qu'externes.

Notre principale contrainte interne est le grand nombre de personnes vulnérables vivant dans des régions qui souffrent d'insécurité alimentaire chronique. Nous nous efforçons à présent de surmonter les lacunes dans le domaine de la production agricole et de la distribution alimentaire. Nous souffrons aussi fréquemment d'insécurité alimentaire transitoire résultant de catastrophes naturelles —comme le séisme et le tsunami qui ont dévasté notre province de Aceh et Nias.

Nous souffrons aussi de graves contraintes externes, comme les déséquilibres et les inéquités du système commercial international qui limite notre capacité à exporter nos produits agricoles.

Quoi qu'il en soit, l'agriculture assure près de 15 pour cent du PIB national et représente la principale source de revenus de notre population rurale. L'Indonésie a enregistré un fort taux de croissance des secteurs de l'industrie et des services depuis quelques décennies, toutefois, plus de la moitié de la population vit encore en zone rurale.

L'accroissement de la population rurale et la réduction du taux de croissance économique des dernières années ont provoqué une pression considérable sur les terres arables. De vastes superficies ont été dégradées par la mauvaise utilisation et la surexploitation des terres. Nous avons l'intention de remédier à cette situation.

Mon gouvernement s'est engagé à redresser le secteur agricole en Indonésie. Cette politique fait partie de notre stratégie de réduction du chômage, de lutte contre la pauvreté et de rectification des déséquilibres du développement national.

Nous avons adopté une autre stratégie qui consiste à diriger davantage de ressources pour le développement vers les zones rurales par un programme de décentralisation qui a démarré en 1999 dans le cadre de nos efforts de réforme démocratique. Il fait à présent partie de notre stratégie économique: la décentralisation donne aux gouvernements locaux une part plus importante des revenus et du pouvoir de décision sur leurs propres priorités. Ils ont donc été habilités à prendre eux-mêmes en main les voies de leur développement.

Nous avons su par ailleurs faire preuve de suffisamment de confiance pour ouvrir notre économie, y compris notre secteur agricole. La confiance du consommateur, qui constitue aujourd'hui la force motrice de l'économie indonésienne, a permis à notre pays d'acquérir de grandes quantités de denrées alimentaires.

Malheureusement pour les pays développés comme l'Indonésie, les conditions du commerce international ne sont pas équitables. Les politiques protectionnistes des pays développés ont une incidence négative sur les pays en développement. En tant que pays en développement, nous subissons les revers de la libéralisation des échanges.

À cet égard, je félicite la FAO d'encourager les pays à participer activement aux négociations multilatérales actuelles sur la réforme de la réglementation des échanges de produits agricoles. Encouragé par les activités de plaidoyer de la FAO, je souhaite ardemment la réalisation du Programme de Doha pour le développement Cela permettra aux pays en développement de profiter des échanges commerciaux, d'une manière qui favorise leur développement — en particulier le développement rural et la sécurité alimentaire.

J'espère que la FAO parviendra à ouvrir des débouchés pour des pays en développement dans le cadre du Cycle de Doha. Cela permettra de réduire ou d'éliminer les subventions qui provoquent des distorsions du commerce et de la production. Mais grâce à l'établissement de règles commerciales davantage favorables au développement, les contraintes économiques auxquels les pays en développement doivent à présent faire face pourront être surmontées, de même que les déséquilibres des échanges internationaux.

Je souhaite également exprimer la gratitude de l'Indonésie vis-à-vis de la FAO pour le ferme soutien qu'elle accorde aux pays confrontés aux difficultés de la grippe aviaire. Celle-ci constitue une menace grave non seulement en tant que pandémie humaine pouvant décimer des populations entières, mais aussi en raison de ses effets désastreux sur la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté.

La communauté internationale a répondu rapidement et vigoureusement à la menace que représente cette pandémie humaine qui n'épargne aucun pays. Des conférences d'annonces de contribution ont été organisées à Genève fin 2005 et à Beijing début 2006. Cependant, l'enjeu est tellement élevé que la FAO ne doit jamais cesser de rappeler à la communauté internationale d'apporter tout son soutien financier et technique pour lutter contre la grippe aviaire.

Depuis plus d'une cinquantaine d'années, la FAO est un partenaire fidèle des pays de notre région dans la lutte contre la pauvreté et la promotion de la sécurité alimentaire par l'accroissement de la productivité agricole et le développement rural.

Nous avons besoin, à présent, de la FAO comme partenaire pour promouvoir la coopération dans le domaine de l'agriculture, afin que les pays puissent tirer parti de leurs expériences et leurs connaissances mutuelles. Un des problèmes que nous pouvons affronter ensemble de cette manière est celui de la dégradation de l'environnement.

Le doublement de la demande d'énergie de l'Asie tous les 12 ans a de graves conséquences sur la qualité de l'air et le réchauffement de la planète. Nous constatons déjà dans toute la région les dégâts que provoque l'utilisation excessive d'engrais, de pesticides et de systèmes d'irrigation. La FAO peut nous être d'un grand secours face à ces préoccupations d'ordre écologique.

Comme beaucoup d'autres nations, l'Indonésie se tourne vers la FAO pour qu'elle l'aide à faire face à ses engagements dans le cadre de la Déclaration du Sommet mondial de l'alimentation et des Objectifs du Millénaire pour le développement. Nous apprécions le soutien et l'assistance technique que nous apporte l'Organisation, tout comme beaucoup d'autres pays qui ont pu bénéficier de ses activités. Nous devons donc tous renforcer notre collaboration avec la FAO par tous les moyens.

Nous avons l'occasion à présent de payer la FAO de retour pour l'aide qu'elle nous apporte. Pour soutenir l'Organisation dans sa mission indéniablement difficile, nous pouvons et nous devons appuyer fermement son programme de réforme. Le renforcement de la FAO lui permettra de nous aider encore plus efficacement à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en dépit de difficultés telles que catastrophes naturelles, maladies animales transfrontières, crises énergétiques et distorsions des échanges internationaux.

Mesdames, Messieurs,

La faim ravage des millions d'êtres humains chaque jour. Tant que ces ravages se feront sentir, le monde ne pourra être un endroit vraiment sûr et juste. Avec l'aide de la FAO, essayons d'apaiser la situation.

C'est sur cet appel que je déclare ouverte la Réunion ministérielle de la vingt-huitième Conférence régionale de la FAO pour l'Asie et le Pacifique.

Wassalamu’alaikum Warrahmatullahi Wabarakatuh.


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