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ANNEXE E
ALLOCUTION DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Introduction

C’est pour moi un grand honneur et un plaisir de vous accueillir à Jakarta, capitale de la République d'Indonésie, pour la vingt-huitième Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. Au nom de l’Organisation et en mon nom personnel, je tiens à exprimer ma profonde gratitude au Président Susilo Bambang Yudhoyono et à son Gouvernement pour leur aimable invitation, leur accueil chaleureux et leur généreuse hospitalité.

Situation de l’insécurité alimentaire dans le monde et dans la région Asie et Pacifique

Il est à présent établi que la faim et la pauvreté sont les deux plus grands fléaux de l’humanité. Dans les pays en développement, le nombre de personnes sous-alimentées a baissé de 26 millions durant la première moitié des années 90, mais il a augmenté de 23 millions entre 1995-1997 et 2001-2003. À ce rythme, l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, tenu en 1996, de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015 ne pourra évidemment pas être atteint. Cet objectif a été réaffirmé en 2000 par les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Au niveau mondial, la production alimentaire par habitant progresse régulièrement depuis une trentaine d'années. Pourtant, en 2001-2003, environ 854 millions de personnes dans le monde étaient encore sous-alimentées, dont 552 millions dans les pays à économie en développement et en transition d’Asie et du Pacifique. Néanmoins, il est à souligner que le nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement de la région a diminué de 41 millions entre 1990-1992 et 2001-2003.

On constate également une amélioration du régime alimentaire des pays en développement d'Asie et du Pacifique où l'apport calorique journalier par habitant est passé de 2 530 à 2 670 kcal entre 1990-1992 et 2001-2003. Ainsi, les indicateurs anthropométriques ont été sensiblement améliorés chez les enfants de moins de cinq ans dans presque tous les pays de la région au cours des années 90. L’éducation et le changement du statut de la femme ont apporté une contribution importante à la réduction de la malnutrition infantile.

Cependant, 35 pour cent de la population sous-alimentée dans le monde réside en Asie du Sud et l’incidence de l’insuffisance pondérale, du retard de croissance et du dépérissement est plus élevée dans cette région que partout ailleurs dans le monde.

Développement de l’agriculture en Asie et Pacifique en 2004-2005: les résultats

La croissance de la production alimentaire et agricole a permis d’accroître les revenus des agriculteurs et les salaires de la main-d’oeuvre non qualifiée. Les consommateurs pauvres ont pu bénéficier d’approvisionnements à des prix plus abordables. La pauvreté et la faim ont été réduites et le niveau de vie dans la région s’est amélioré.

Production alimentaire

• cultures

La production céréalière par habitant poursuit sa reprise après les mauvais résultats de 2002, tout en restant inférieure au record de 1999. L’économie agricole de la région se diversifie: entre 1994 et 2004, la production de légumes a augmenté de 90 pour cent, celle de graines oléagineuses de 60 pour cent et celle de fruits de 55 pour cent.

• élevage

Les pays en développement d’Asie ont à présent les taux de croissance les plus élevés au monde pour la production et la consommation d’aliments dérivés de l'élevage. La production de viande de volaille a augmenté de 73 pour cent et celle d’oeufs de 63 pour cent entre 1994 et 2004.

Production halieutique et aquacole

La production du secteur aquacole a augmenté de 114 pour cent entre 1994 et 2004. Elle représente 91 pour cent du total mondial. Par contre, la pêche n’a progressé que de 6 pour cent, à cause de la surexploitation des ressources marines de la région.

Le secteur forestier

Les forêts d’Asie et du Pacifique fournissent une grande part des moyens d'existence de près d'un demi-milliard de personnes. La région est la première exportatrice de bois tropicaux dans le monde. L’Asie, en tant que région, est parvenue à renverser la tendance alarmante du déboisement et à enregistrer un modeste gain net du couvert forestier durant la période 2000-2005, grâce aux vastes campagnes de reboisement menées par la Chine.

Commerce des produits agricoles

En 2004, les exportations des produits agricoles de l’Asie et du Pacifique ont atteint 218,2 milliards de dollars EU, soit une augmentation de 10,9 pour cent par rapport à l’année précédente.

Par ailleurs, les importations des produits agricoles ont atteint 231,8 milliards de dollars EU, soit une augmentation de 15,6 pour cent.

La balance commerciale des produits agricoles pour 2004 a donc enregistré un déficit de 13,6 milliards de dollars EU, représentant plus de 3 fois le déficit de l’année 2003.

Les contraintes

Ressources naturelles et environnement

Les ressources naturelles de la région sont soumises à une forte dégradation, du fait d’une pression et d’une compétition accrues essentiellement liées à la croissance démographique et à l’urbanisation. L’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage entraîne une grave pollution des ressources en eau. L’irrigation subit les conséquences d’une gestion et de l’entretien inadéquat notamment des bassins de drainage. Il est nécessaire d’adopter des politiques, des réglementations et des technologies plus appropriées, et d’effectuer des investissements stratégiques pour moderniser les systèmes d’irrigation et de drainage, et aussi de renforcer les capacités régionales afin de créer des systèmes plus productifs et durables.

Catastrophes naturelles et maladies transfrontières

Les catastrophes naturelles, comme les sécheresses et les inondations, la grippe aviaire hautement pathogène, les tsunamis et séismes, menacent sans cesse les moyens d’existence des agriculteurs. Pour faire face aux ravageurs et maladies animales transfrontières, la communauté internationale et les gouvernements doivent investir dans des mesures de prévention, des systèmes d'alerte rapide, des moyens de surveillance basés sur des capacités renforcées et des informations scientifiques récentes.

L’action de la FAO dès février 2004, lors de l’épidémie récente de la grippe aviaire, a permis la mise en place de réseaux régionaux de surveillance pour améliorer le diagnostic, et la rapidité et la transparence des rapports sur les épidémies de grippe aviaire. Une Stratégie mondiale de lutte contre la grippe aviaire a été établie par la FAO et l’OIE en collaboration avec l’OMS, qui prévoie notamment un plan à moyen et long termes pour restructurer le secteur de la volaille. En ce qui concerne le tsunami, et le tremblement de terre au Pakistan, les secours d’urgence ont progressé très rapidement et la FAO a déjà distribué 34 millions de dollars EU aux victimes. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour passer des actions d’urgence à la reconstruction et aux programmes de développement durables qui nécessitent un effort de cinq à dix années.

Changements structurels et décentralisation

Beaucoup de gouvernements ont lancé un programme de décentralisation destiné à donner aux communautés locales et aux unités administratives les moyens requis pour gérer leurs propres affaires, dans le cadre d'approches participatives.

La décentralisation de la gouvernance produit des résultats prometteurs en vue de la réalisation d'objectifs essentiels de développement rural. Elle encourage la planification et la mise en oeuvre de programmes et d'activités au niveau local et améliore l'accès aux services essentiels et à l'emploi.

Malheureusement, certains programmes ont été confrontés à des défis entraînant des revers d'importance. Des clivages persistent entre les politiques, la planification et leur mise en application.

Ordre du jour de la Conférence régionale

La Conférence régionale examinera plusieurs questions critiques:

L’environnement général du secteur agricole évolue rapidement, notamment sous l’effet des importantes modifications structurelles internes mises en oeuvre dans beaucoup de pays de la région, en particulier des pays à économie de très grande échelle comme la Chine et l’Inde. Il faut parvenir à concevoir des politiques et des réponses stratégiques adaptées pour aider le secteur agricole et rural à relever les défis et à exploiter les possibilités offertes par la libéralisation du commerce, les investissements et la mondialisation et à mobiliser la coopération et l’intégration régionales pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.

La région Asie-Pacifique est exposée à une grande variété de catastrophes naturelles. Dans le cadre du Plan d’action de Hyogo, la FAO mettra tout en oeuvre pour la réduction des risques de catastrophes, pour améliorer les systèmes d’alerte rapide, pour créer une culture de la sécurité fondée sur les connaissances, les innovations et l'éducation, pour réduire les facteurs de risque sous-jacents et pour renforcer les capacités opérationnelles.

La Conférence sera également saisie d’un rapport sur les activités de la FAO dans la région qui sera centré sur la réalisation de l’objectif du Sommet mondial de l'alimentation et des Objectifs du Millénaire pour le développement et sur les mesures prises pour donner suite aux recommandations de la vingt-septième Conférence régionale pour l’Asie et le Pacifique.

Cette table ronde ministérielle est une initiative nouvelle qui vise à offrir une tribune aux ministres participants à cette Conférence pour leur permettre d’examiner de façon informelle la meilleure manière de relever les défis et de saisir les possibilités créées par la libéralisation du commerce et l’interdépendance mondiale croissante, et d’agir de concert.

Résultats de la trente-troisième Conférence de la FAO

La trente-troisième Conférence de la FAO, qui a eu lieu à Rome en novembre 2005, a adopté un budget de 765,7 millions de dollars EU pour l’exercice biennal 2006-2007, soit une croissance nominale zéro complétée par les dépenses de sécurité et 6 millions de dollars EU pour des programmes prioritaires. La Conférence a également examiné mes propositions de réforme de l’Organisation. Elle a approuvé, entre autres, certains changements dans la structure de l’Organisation au siège à partir du 1er janvier 2006, ainsi que la mise en oeuvre des propositions de décentralisation dans une région et l’ouverture d'un nouveau bureau sous-régional. À cet égard, j'ai décidé de commencer par la région Afrique et la sous-région Asie centrale.

La FAO devra en outre mobiliser environ 15 millions de dollars EU des fonds volontaires afin de couvrir les coûts de transition liés à la réforme.

Le programme de travail et budget 2006-2007 prend en compte les changements initiaux dans la structure organisationnelle à la fois au Siège et dans les bureaux décentralisés, et met un accent sur la diffusion des connaissances et le renforcement des capacités dans les pays en développement.

Principaux défis et priorités pour l’avenir

Le document intitulé « Une vision pour le vingt et unième siècle » explique les réformes nécessaires qui sont proposées à ce tournant dans la vie de l’Organisation. L’objectif poursuivi, au-delà des décisions préliminaires de la Conférence, est la réalisation d’une réforme cohérente dans les différentes régions du monde, afin que la FAO soit mieux à même de répondre aux besoins de ses membres, à la transformation qui a lieu au sein du système des Nations Unies et à la modification générale de la scène internationale.

Compte tenu des événements des dernières années, il est évident que la maîtrise des catastrophes naturelles sera un des principaux défis que la région devra relever dans les années à venir. La FAO s'efforce d'améliorer la préparation et la collaboration et, en tant qu'organisation détentrice d'un savoir, elle fournit des connaissances pour garantir que les mesures prises se fondent sur les dernières connaissances scientifiques disponibles. Elle fournit actuellement une assistance technique et opérationnelle pour aider à comprendre l’épidémiologie de la grippe aviaire afin de lutter contre la maladie à sa source – l’animal – de manière à éviter la propagation d’une pandémie humaine majeure et une catastrophe socioéconomique. En collaboration avec les pays et les organisations régionales, la FAO met en place des réseaux régionaux et renforce leurs services vétérinaires, améliore la surveillance et les pratiques locales sur les exploitations et les marchés afin de mettre en oeuvre des mesures de biosécurité visant à prévenir et éradiquer la maladie. À l'heure actuelle, plus de 32 millions de dollars EU ont été demandés pour cette région, dont 5,6 millions de dollars EU de fonds du PCT de la FAO pour la crise de la grippe aviaire. Par ailleurs, par la mise en oeuvre d’un programme d’aide d’urgence de 61 millions de dollars EU destinés aux victimes du tsunami, l'aide et les connaissances techniques de la FAO apportent une contribution importante à la relance des moyens d'existence en zone rurale et dans le secteur de la pêche.

Accroître continuellement la production agricole pour satisfaire la demande d’une population en expansion constante, sans compromettre la viabilité de la base de ressources naturelles dont dépend la production, représente un véritable défi. Des forêts sont abattues, des pêches de capture sont épuisées, l’arsenic infiltré dans la nappe phréatique menace la santé des populations et les engrais qui ont pénétré par ruissellement provoquent des zones mortes dans les masses d’eau. Il faut freiner cette évolution pour assurer la durabilité de la production agricole dans la région pour nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants. La science, la technologie et le renforcement des capacités sont essentiels pour relever ce défi.

La FAO contribue à résoudre ces problèmes de différentes manières, mais j’aimerais appeler votre attention plus particulièrement sur notre rôle en faveur de la collaboration Sud-Sud et dans l’échange de spécialistes et techniciens du secteur agricole entre pays en développement. Ces experts savent ce qu'est la vie dans des conditions difficiles, ils peuvent donc apporter des solutions concrètes aux nombreux problèmes par un échange d’informations et de bonnes pratiques. Je suis particulièrement fier que les dirigeants de la Chine et de l'Inde aient récemment décidé de fournir plusieurs milliers de spécialistes et techniciens, et de constituer une alliance stratégique avec la FAO pour la coopération Sud-Sud afin d’éradiquer la faim dans le monde d’ici dix ans. J’espère que d'autres pays de la région, et du monde entier, se joindront à nous.

Un autre défi auquel la région est confrontée est la libéralisation du commerce des produits agricoles et son incidence sur la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Les réunions qui ont eu lieu à Hong Kong ont permis de réaliser des progrès dans le secteur agricole, en particulier de convenir d’une date précise – 2013 – pour mettre fin aux subventions des exportations. D’autres activités seront nécessaires pour faire du cycle de Doha un véritable programme de développement, mais compte tenu de l’avancée des technologies et des accords bilatéraux, les échanges continueront à s’accroître quelle que soit l’issue des négociations futures. À la table ronde ministérielle, vous présenterez à la FAO les politiques qui ont permis à vos pays d’obtenir des résultats, en essayant de tirer parti au maximum de cette épée à double tranchant qu’est la libéralisation du commerce. J’espère sincèrement que vous aurez à coeur de partager vos connaissances avec les autres, contribuant ainsi à renforcer encore la coopération Sud-Sud.

Conclusion

Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Seulement 9 ans nous séparent de 2015, date à laquelle les dirigeants du monde entier se sont engagés à réduire de moitié la faim et la pauvreté extrême. Malgré cet engagement, la situation de la faim et de la malnutrition dans le monde demeure aussi affligeante qu’en 1996, la date de déroulement du Sommet mondial de l’alimentation. Il apparaît maintenant, à mi-parcours, que si on ne redouble pas d’efforts dans les prochaines années, cet objectif ne sera atteint qu’en 2150.

Les études menées dans cette région ont montré, au dollar près, que la recherche agricole a été l’un des investissements les plus efficaces des gouvernements pour réduire la pauvreté en zones rurales et urbaines, et que la croissance agricole en Asie favorise davantage les couches pauvres que celle de tous les autres secteurs. L’importance de l’agriculture, tant pour la macroéconomie que pour les populations pauvres, montre bien que les investissements dans le secteur agricole doivent être accélérés et renforcés.

Je suis confiant que cette Conférence régionale de l’Asie et du Pacifique définira des pistes et donnera des orientations futuristes pour promouvoir le développement agricole et rural, et faciliter la réalisation de l’objectif de sécurité alimentaire dans la région.

Je vous souhaite plein succès dans vos travaux et vous remercie de votre aimable attention.

 


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