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B. Questions intersectoriels

Dans cette section, les questions intersectorielles fondamentales de la gestion des feux sont présentées. La discussion de ces questions donne une vue d’ensemble sur les impacts que le feu a sur d’autres secteurs, ainsi que l’impact que ces secteurs ont sur la prévention, l’extinction et l’utilisation du feu. Le paradoxe souvent rencontré est que le feu peut être une force destructive et, inversement, il peut être une composante naturelle et vitale pour l’écologie de ces espaces – et être les deux en même temps.

B.1 Moyens d’existence et pauvreté

Au sein de l’environnement naturel, le feu peut constituer un élément normal du cycle des écosystèmes et peut assurer une source durable et saine de nourriture et de ressources. C’est un outil et une force bénéfique pour améliorer la vie des populations. Le feu est une composante clé dans les pratiques agricoles des populations dans beaucoup d’écosystèmes différents. Dans certaines zones, il est géré par les communautés rurales traditionnelles pour maintenir la santé des forêts, des parcours et des herbages qui fournissent des habitats pour la chasse et la récolte de fruits, noix, céréales et autres sources de nourriture. Le feu peut être la méthode la plus économique pour améliorer le fourrage pour les animaux domestiques et sauvages et augmenter la production du bétail. D’un autre côté, il peut aussi endommager ou détruire les habitations, la nourriture et les ressources naturelles et polluer l’air. Quelquefois, l’utilisation du feu pour préparer le terrain, réduire les animaux nuisibles et les maladies et améliorer le fourrage entraîne une catastrophe lorsque ces feux échappent à leur auteurs.

L’eau propre et potable est souvent une ressource naturelle rare. La qualité et la quantité de l’eau peuvent être affectées par les feux de végétation dans les zones de captages. Quoiqu’il en soit, les brûlages dirigés réduisent les quantités de végétation en excès. Le bon niveau de couverture végétale peut aider à assurer les flux nécessaires d’eau de qualité. De plus, la charge en combustible plus faible réduira le risque de feux sévère qui brûleraient toute la végétation et endommageraient les sols avec pour résultat une plus grande dégradation de la qualité de l’eau.

Un programme complet de gestion des feux peut contribuer de manière positive à réaliser des composantes spécifiques des droits de l’homme et des moyens d’existence : la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable, le droit à une bonne santé, à l’enseignement et à la participation dans la vie économique du pays. La protection contre les incendies et la gestion des feux pour le bénéfice de la société peuvent contribuer à atteindre ces objectifs.

B.2 Le feu comme outil dans l’utilisation durable des terres et la gestion des ressources

Le concept qu’il existe un « bon feu » devrait être plaidé et soutenu. Le feu peut être bénéfique pour les habitats, bénéfique pour les ressources, bénéfique pour réduire les menaces, ou bénéfique pour maintenir les valeurs culturelles. Certains secteurs qui utilisent le feu comme outil pour accroître les productions et faciliter l’utilisation des terres sont l’agriculture, la gestion des ressources forestières, et la gestion des parcours et de la faune sauvage. Le feu a fait partie des pratiques agricoles et forestières utilisées par les sociétés pendant des millénaires, et dans de nombreuses régions il est encore de même utilisé de nos jours. Du point de vue de la gestion des feux, il n’y a généralement pas de différence dans cette utilisation du feu pour les cultures plantées ou pour favoriser la croissance des sources de nourriture spontanées pour la consommation humaine et la consommation du bétail. Il en est de même de l’utilisation du feu pour maintenir les paysages culturels ou traditionnels ou les structures de végétation.

Le feu peut aussi être un outil de choix pour le défrichement et la conversion des terrains. Dans beaucoup d’écosystèmes il est relativement facile de couper ou tailler la végétation existante et lui permettre de sécher jusqu’à ce qu’elle soit prête à s’enflammer. A ce stade, elle peut être brûlée et si le but de la conversion est l’agriculture, le feu ajoute un bénéfice en libérant les éléments nutritifs emmagasinés dans le sol et en favorisant la croissance et la vigueur des cultures.

B.3 Impacts sur la santé humaines et la sécurité

La pollution par la fumée due aux feux relatifs à l’exploitation de la terre et aux incendies de végétation est une question importante de santé publique et implique des risques majeurs pour la santé des populations et pour l’environnement. La pollution par la fumée provoquée par des feux de végétation est un phénomène récurrent. Il peut mener à une augmentation de la mortalité et davantage d’hospitalisations pour des maladies cardiovasculaires et respiratoires. Les fumées et brumes produites par les feux planifiés et non planifiés peuvent aussi avoir des effets négatifs sur le trafic aérien, fluvial et routier, se traduisant par des risques pour la sécurité ainsi que par des pertes économiques.

Les éléments de la couverture végétale qui ont une « fonction de protection » environnementale comprennent les parties aériennes et souterraines des plantes, par exemple les racines, les couches d’humus et d’herbe, les tiges et les feuilles des arbustes et des arbres. Les sites affectés par des incendies exceptionnels, très sévères ou excessivement fréquents, sont sujets à une érosion et à un ruissellement excessifs – processus qui ont pour conséquence des glissements de boues, de terrains et des éboulements de rochers, des crues subites ou des inondations à l’échelle du paysage – ainsi qu’à de l’érosion éolienne.

Des améliorations de la sécurité humaine peuvent être basées sur un concept de populations locales adaptées aux incendies. Le terme est bien établi lorsqu’il est utilisé pour décrire les communautés de flore et de faune. Il peut également être appliqué aux communautés humaines et peut se révéler très utile pour décrire un ensemble idéal de conditions sous lesquelles les gens vivent en harmonie avec l’occurrence normale d’incendies et leurs impacts. Toutefois, dans de nombreuses parties du monde, les gens qui vivent dans des communautés humaines fortement exposées aux feux, ont souvent une organisation et des d’infrastructures insuffisantes pour garantir la protection nécessaire contre les incendies.

B.4 Considérations relatives à la sécurité des pompiers et des habitants

En ce qui concerne les services de lutte et de gestion des feux, la sécurité est une valeur fondamentale et ne peut être compromise. Elle est une partie cruciale de toutes les activités, depuis la planification jusqu’à la restauration. En fait, l’une des raisons les plus communes d’établir une organisation de gestion des feux est d’apporter la sécurité nécessaire aux populations et aux pompiers face aux incendies. Même les pays qui possèdent des organisations de gestion des feux bien établies et largement financées peuvent être et sont confrontés aux effets dévastateurs d’incendies de grande ampleur.

La sécurité des populations est étroitement liée aux questions de sécurité. Les incendies dévastateurs non contrôlés détruisent des habitations, des commerces, des écoles et d’autres types d’infrastructures à travers le monde. Protéger les populations et sauver des vies commence par l’éducation et la préparation du public. Peut-être le meilleur moyen de sauver des vies est-il d’avoir des collectivités qui sont adaptées aux incendies, celles où l’infrastructure et les bâtiments sont construits de manière à faciliter les actions futures de protection et où les habitants sont capables de contribuer à leur propre protection et sécurité. Les constructions conçues et réalisées de manière appropriée, offre une protection aux habitants pendant le passage du feu, en réduisant ainsi les risques de blessures ou d’accidents mortels.

La sécurité des populations est très importante, mais la sécurité des pompiers doit être considérée comme prioritaire dans les politiques, procédures, plans et philosophie de gestion de n’importe quel service ou organisation. Les actions relatives à la sécurité des pompiers commencent avec la fourniture d’un équipement de sécurité et d’une formation appropriée pour chaque individu engagé dans les opérations d’extinction des incendies ou celles de brûlage dirigé.

La formation sur la sécurité comprend l’enseignement de la météorologie locale et du terrain, ainsi que l’inflammabilité des combustibles. Les pompiers doivent aussi être entraînés à reconnaître les caractéristiques du comportement du feu telles que la puissance et la vitesse de propagation, et lorsqu’un feu qui couve peut se réactiver et reprendre sa propagation. Les équipes de lutte doivent comprendre comment observer un incendie et anticiper les changements potentiels afin d’éviter de se trouver bloquées par un changement non prévu d’intensité ou de propagation du feu.

B.5 Écosystèmes durables et impacts sur l’environnement

Conserver des écosystèmes durables et fonctionnant de manière adéquate devrait être un objectif pour tous les programmes de gestion des feux. On focalise souvent l’attention sur les dégâts et les destructions causés par le feu et on oublie les causes écologiques et sociales sous-jacentes. Les écosystèmes se sont développés dans le temps avec des régimes de feux différents. Certains écosystèmes dépendants du feu, durables et en bonne santé subissent des incendies rapides et de grande intensité, qui peuvent néanmoins causer des dégâts importants aux constructions et aux ressources. Les mêmes types de feux peuvent survenir dans des écosystèmes sensibles au feu, et causer des dommages à la santé des écosystèmes, et il est important de comprendre la différence et de se concentrer sur les activités de restauration pour assurer un équilibre sain entre la santé de l’écosystème et la sécurité du public.

Ce type de gestion des écosystèmes demande une approche à l’échelle du territoire pour planifier, gérer et restaurer les écosystèmes et ne pas se limiter à une vision à petite échelle des impacts sur le milieu. Une vision large équilibrera les impacts et les pertes, aussi bien économiques que non économiques. De telles pertes dans les écosystèmes peuvent être difficiles à quantifier mais elles devraient être reconnues et prises en compte à une échelle appropriée.

Il n’y a pas de type ou de fréquence de feu unique pour tous les écosystèmes ou paysages. Une zone sensible ou intolérante au feu peut avoir besoin d’une protection complète vis à vis des incendies causés par l’homme. Les écosystèmes dépendants du feu nécessitent, d’un autre côté, un certain type et une certaine fréquence de feu et cela peut être obtenu à travers le cycle naturel des incendies ou par l’utilisation des brûlages dirigés. Dans certaines zones, des feux de fréquences, d’intensités et d’étendues variées seront nécessaires pour promouvoir la biodiversité et un éventail d’habitats. La présence de plantes envahissantes et/ou allochtones peut compliquer la gestion et l’utilisation du feu. Les effets d’un régime de feux tout autre doit être envisagé pour la gestion d’écosystèmes envahis par des espèces indésirables, envahissantes afin d’éviter des effets négatifs.

L’utilisation inappropriée du feu, avec une fréquence ou une intensité non souhaitable conduira à une perte d’espèces végétales, à un changement ou à une réduction des structures de végétation et, dans certains cas, à une perte induite d’espèces animales. Compte tenu des changements démographiques et des migrations des populations humaines, le type de feu le plus efficace et le plus sûr peut être le feu planifié pouvant être géré en vue d’un résultat spécifique souhaité. Quoiqu’il en soit, si un feu d’origine naturelle peut être utilisé en toute sécurité, ceci pourrait être la voie la plus économique.

B.6 Le carbone et le changement climatique

Le Groupe Intergouvernemental sur le Changement Climatique – de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) - a récemment conclu que « la température moyenne mondiale de surface s’est accrue de 0.6°°C au cours du 20ème siècle, les températures de la couche la plus basse de l’atmosphère s’élèvent, la couverture neigeuse et l’étendue des mers de glace ont diminuées, le niveau des mers s’élève, les concentrations de gaz atmosphérique à effet de serre continuent à augmenter à cause des activités humaines, et la température mondiale ainsi que le niveau des mers continueront à s’élever sous tous les scénarios» (IPCC, 2001). De nombreux modèles de circulation générale (MCG) prévoient un accroissement de la température moyenne de 1.6 à 5.4°C d’ici à 2100 – un changement beaucoup plus rapide que ce qui a été constaté durant les 10 000 dernières années. Il est également prévu que la fréquence et la gravité des climats extrêmes et des événements climatiques augmenteront et apporteront une altération des régimes de feux. Plus important encore, des sécheresses plus fréquentes pourraient entraîner un accroissement des épisodes d’incendies de forêt très graves qui auront comme conséquences une perte du couvert végétal, la désertification et un piégeage réduit du carbone terrestre.

Le Protocole de Kyoto de 1997 venant de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques requiert « la protection et l’amélioration des puits et réservoirs de gaz à effet de serre », et demande que tous les pays suivent de près et prennent en compte les facteurs principaux qui influencent l’échange de carbone entre la biosphère et l’atmosphère. Aussi bien les feux pour l’utilisation des terres et les feux de forêt dans tous les écosystèmes ont une incidence sur les réservoirs de carbone et le cycle mondial du carbone. En même temps, le changement climatique influe sur la durée et la gravité des saisons sèches, et en conséquence sur l’incidence et la gravité des incendies. Les principes directeurs et les actions stratégiques visent à soutenir la capacité internationale et nationale à apporter des réponses proactives et appropriées à la gestion des feux dans la mesure où ils se rapportent à la réduction des effets du changement climatique sur le régime des feux et les stocks de carbone, et réciproquement.

B.7 Gestion des connaissances

La gestion des connaissances est une partie importante, mais souvent négligée, de la gestion des feux. La plupart des organisations ont un système pour la sauvegarde des informations et des documents historiques, mais peu ont un programme complet de gestion des connaissances. Un système complet d’information et de collecte de données dépasse les nécessités minimums pour maintenir l’information budgétaire et réglementaire et va jusqu’à rassembler, comprendre et utiliser la connaissance locale, traditionnelle et aborigène conjointement avec les résultats de la science et de la recherche. Un tel système est capable d’orienter vers l’usage approprié des dernières méthodes technologiques.

Dans les écosystèmes adaptés ou dépendants du feu, la connaissance traditionnelle peut fournir une grande richesse d’informations qui ne peuvent être découvertes par les générations actuelles de praticiens du feu tout au long d’une carrière ou d’une vie. Les coutumes et la connaissance traditionnelles se transmettent de génération en génération et peuvent refléter un cycle de conditions environnementales qui se déroulent sur des centaines d’années.

La gestion des connaissances se réfère aussi au rassemblement et à l’utilisation de statistiques, rapports, examens, évaluations et autres types de systèmes de gestion communs au sein des affaires, du gouvernement et d’autres organisations dans la société moderne. Avec l’introduction des systèmes de communication et d’informatique modernes, l’échange d’informations et de connaissances est devenu plus facile et plus efficace. Le défi du dirigeant moderne est d’utiliser de manière efficace ces nouveaux systèmes pour renforcer l’organisation, augmenter les conditions de sécurité et pour mélanger les nouvelles connaissances et les découvertes scientifiques avec les coutumes et la connaissance traditionnelles. Lorsque cela est fait, alors les systèmes sociaux et écologiques en bénéficient.

B.8 Science et technologie

La science fondamentale sur le feu a une nature multidisciplinaire et inclut un nombre de disciplines classiques allant des sciences sociales à l’écologie, la physique et la chimie. L’histoire et la géographie anthropologiques et culturelles du feu, les sciences humaines, les arts, les sciences sociales et les sciences économiques traitent du rôle de l’homme dans la formation de l’environnement global par le feu. La recherche interdisciplinaire vise à une meilleure compréhension des processus complexes tels que les interactions feu - atmosphère - climat. Le soutien continu à la recherche et à l’intégration de ses résultats dans ces domaines est crucial si la communauté des intervenants dans le domaine du feu veut progresser avec de nouvelles connaissances, outils et technologies.

Une grande partie de la recherche a été effectuée au cours des années et le transfert de connaissances scientifiques dans l’enseignement professionnel est vital pour la compréhension et la pratique de la gestion avancée du feu. L’enseignement public est essentiel, en particulier en prévention des incendies de végétation et en techniques de brûlage écologiquement saines et judicieuses.

Le transfert de connaissance de la communauté de la recherche vers le grand public peut se faire par des programmes de sensibilisation du public. Un tel transfert devrait viser à enseigner les effets du feu sur l’écologie et l’environnement, comment concevoir des communautés humaines adaptées au feu, et comment intervenir durant les situations d’urgence. Pour que le transfert se fasse avec succès, l’information doit être disponible dans un langage à la portée de la population. Une grande partie de la documentation devra être traduite dans les langues locales et être adaptée à la situation écologique, économique et sociale locale.

B.9 Enseignement, formation et sensibilisation du public

L’enseignement et la formation constituent un pont entre la recherche ou la connaissance technique et l’application efficace de la politique et des procédures. Ils sont nécessaires au sein des organisations ainsi que pour les partenaires externes et les membres de la communauté. Un programme efficace d’engagement du public dans la gestion du feu et la sécurité peut aider à la prévention des incendies, à emporter la confiance de la population dans le programme de gestion des feux, et à informer les habitants de leurs responsabilités en utilisant le feu de manière sûre et prudente.

L’éducation est souvent considérée comme liée à des études universitaires formelles, mais elle devrait également inclure un enseignement sur une base communautaire. Un programme sur une base communautaire aidera à informer les citoyens sur la technologie relative à la gestion des feux mais gagnera à apprendre de la connaissance traditionnelle de la population. Ce flux, à double sens de traditions et de connaissances sera bénéfique pour tous.

Les composantes formation et qualification de la gestion des feux fournissent l’information et la connaissance nécessaire pour mettre en œuvre un programme efficace et sûr. La formation développée devrait prendre en considération les conditions de l’environnement et le régime local des feux, et devrait être disponible pour tous les membres de l’organisation de gestion des feux. Le programme de formation pour les volontaires et les membres de la collectivité - qui ne sont pas employés à plein temps ou agissent seulement lors de crises occasionnelles - doit être de la même qualité et doit mettre clairement l’accent sur la nécessité de sécurité et de prudence face à un événement hors du commun.

Le public sera plus sensible à la question du feu s’il est parti prenante du programme. Un public qui est conscient du rôle et des utilisations du feu et de la nécessité qu’a la population de participer à la protection des personnes, des biens et des ressources sera un partenaire efficace dans le programme de gestion des feux. La sensibilisation du public doit être suivie par la participation du public dans la mise en œuvre des programmes de gestion des feux.

B.10 Cadres légaux, politiques, institutionnels et financiers

Les actions du gouvernement sont basées sur les autorités juridiques, les lois et les politiques. Ceci est aussi le cas pour les programmes de gestion des feux. Les actions des représentants officiels des organismes et des propriétaires fonciers - qui éteignent les incendies, mènent des activités de traitement du combustible, ou empêchent les habitants d’engager des actions risquées ou dangereuses - ne seront efficaces que si elles se conforment à un cadre politique, institutionnel et juridique clair.

Le cadre juridique est la base sous-jacente d’un programme de gestion des feux. En général, la directive qui établit une destination ou un objectif pour une zone, comme la destination forestière, ou la préservation ou le développement du paysage culturel, sera l’objectif prioritaire, et les directives sur la gestion du feu seront secondaires par rapport à l’objectif primaire. Les organismes et propriétaires fonciers chargés de mener à bien l’objectif primaire devraient développer et mettre en œuvre un programme de gestion des feux qui prenne en compte le rôle du feu, le besoin de protection et l’impact du feu sur les espaces environnants, sur les collectivités et sur les personnes.

Les politiques sont nécessaires pour expliquer comment les lois seront interprétées, et jusqu’à quel point elles le seront. En exposant et en mettant en œuvre clairement la politique, le service ou le propriétaire foncier sera en meilleure position pour expliquer la nécessité d’un feu planifié et garder le soutien de la population. Si la politique n’est pas claire, il sera difficile de mettre en œuvre un programme et de le maintenir.

Dans les zones forestières et rurales où l’utilisation du feu est un outil important pour la gestion de la ressource et de la terre, ou lorsque le feu est une caractéristique cruciale dans les écosystèmes dépendants du feu, un mandat législatif est nécessaire pour que l’utilisation du feu puisse continuer. Ce cadre juridique établit les responsabilités en matière de gestion des feux et garantit que les gestionnaires utilisent le feu de manière responsable. Les gestionnaires et les propriétaires fonciers, les services d’extinction des incendies ont besoin d’œuvrer en coopération pour assurer que la protection et l’utilisation soient équilibrées de façon adéquate.

Le cadre institutionnel peut être défini comme l’ensemble des processus et procédures qu’un organisme ou un propriétaire foncier a institués et mis en place pour exécuter le programme. On peut dire d’un programme efficace et fonctionnant bien qu’il est « institutionnalisé », quand le cadre est tellement enraciné dans les pensées, les actions et les objectifs des membres de l’organisation qu’il est accepté et encouragé à tous les niveaux.

Une source de financement adéquate et continue est nécessaire. Une bonne partie du travail de gestion des feux se fait avant qu’un incendie ne se déclare. Se reposer sur un financement d’urgence pendant les crises ne développera pas une organisation équipée et formée de manière appropriée pour répondre à cette urgence de manière efficace et sure.

Le soutien financier est déterminé par le régime de feux, le nombre des incendies et les valeurs économiques mises en danger par les feux, le tout compte tenu du contexte des moyens disponibles localement. Dans pratiquement toutes les situations, financer un programme efficace de gestion des feux sera moins coûteux que les dépenses entraînées pour réagir aux situations d’urgence et que les pertes économiques d’habitations, de structures, de ressources et de moyens d’existence.

B.11 Coopération et partenariats

Des propositions de règlements, procédures et normes pour la coopération internationale en gestion des feux sont en cours d’établissement par une variété de partenaires intéressés. Cela comprend les Nations Unies et d’autres organisations internationales, les organismes gouvernementaux, les universités et des représentants et organisations de la société civile, par exemple des organisations non gouvernementales et le secteur privé. Ceux-ci constituent les premières étapes vers l’établissement de normes négociées et convenues internationalement.

Deux efforts récents, parmi de nombreux autres méritent d’être notés. L’extension des Réseaux régionaux sur les incendies de forêts – encouragés et financés par le Réseau mondial sur les incendies d’espaces naturels de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies - visent à faciliter le dialogue et la coopération entre les pays. Les principes directeurs développés pour la gestion des feux, pour les accords internationaux et pour la gestion des feux sur une base communautaire - et pour la reconnaissance internationale du Système de maîtrise des crises (ICS – voir l’annexe 2) – lors du Sommet international des incendies de forêt, de Sidney en 2003, constituent le fondement de nombreux principes directeurs et actions stratégiques.

La coopération, à tous les niveaux, est utilisée par tous les types de services et d’organisations pour traiter la charge de travail sur la gestion des feux d’une manière rentable. Même si cela n’est pas la vérité universelle, il est certainement commun que la responsabilité de la gestion des feux soit partagée entre les services ou les organisations au sein d’une communauté, d’un état / d’une province, ou dans les frontières du pays. Dans certains systèmes, un service/une organisation aura la responsabilité pour tous les types de propriétés et de terrains et la nécessité de coopération et coordination apparaîtra aux frontières. Cela peut être à l’échelle du pays entier, et la frontière de la coopération sera une frontière internationale. Ou bien les juridictions peuvent être à l’échelle de la ville, du comté, de la paroisse, du district ou autre désignation, et il sera nécessaire d’avoir une coordination interservices au niveau des frontières juridiques au sein du pays.

Un autre exemple est un accord de coopération d’ensemble avant la saison des incendies qui fournisse un éventail complet d’activités de coopération. Les organismes, au sein et au travers des frontières du pays, se mettront d’accord sur quand, où et jusqu’à quel point les moyens seront échangées ou envoyées en assistance. Ces accords ont généralement des dispositions relatives au remboursement et ils peuvent même avoir des dispositions en ce qui concerne le personnel provenant d’un service d’aide qui serait impliqué pour détecter, attaquer et éteindre un incendie sans qu’aucun moyen de la juridiction locale concernée ne soit engagé à n’importe quel stade de l’opération. Un tel accord peut seulement être efficace si toutes les parties sont d’accord sur les qualifications du personnel et les modes opératoires, par exemple l’utilisation d’un système opérationnel commun comme le ICS.

Le facteur le plus important est peut être que les administrateurs de l’organisation aient confiance en la capacité de tous les services partenaires de suivre les procédures, de conduire les opérations, et de contrôler, évaluer et accomplir de manière adéquate tous les aspects de l’accord. S’il est possible de se conformer à ces conditions, ce type d’accord se révélera dans le temps un accord opérationnel productif, efficace et rentable. Les dirigeants adhèrent à ce type d’accord devraient envisager la formation d’un conseil, d’un comité de supervision, ou de tout autre groupe formalisé pour contrôler les divers aspects de l’accord et devraient se rencontrer régulièrement pour examiner les performances, suggérer et mettre en œuvre des améliorations et assurer la conformité de toutes les exigences de performance.

La coopération et les partenariats sont importants dans tous les aspects du feu, pas seulement pour l’extinction. Les accords d’assistance mutuelle sont le plus communément utilisés à une échelle internationale et locale, mais de nombreux arrangements détaillés fournissent tous les types d’échanges et de coopération concernant la gestion des feux, y compris les planifications et la mise en œuvre conjointes des projets, de la formation, de l’échange de technologie et de la recherche.


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