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Estimation des forêts tropicales humides à l'échelle mondiale

Adrian Sommer

ADRIAN SOMMER s'est spécialisé dans l'étude des forêts tropicales du monde et a rassemblé des statistiques à leur sujet. Détaché auprès de la FAO pendant un certain temps par le gouvernement suisse, en qualité d'expert associé, il a rédigé la présente évaluation pendant cette période.

On prêtait autrefois aux forêts tropicales humides, sous l'effet d'une illusion euphorique, un potentiel de croissance illimité; ces vastes étendues étaient considérées comme une ressource presque infinie, n'attendant que d'être exploitée ou convertie à une autre utilisation. Mais le souci croissant de l'environnement a profondément transformé les conceptions à cet égard. La communauté internationale s'est rendu compte que ces ressources forestières sont en fait limitées et reculent graduellement sous la pression des activités humaines de plus en plus envahissantes. Pour la première fois, il est devenu important de chercher à évaluer la situation à l'échelle planétaire.

C'est alors que sont apparues les difficultés. Ceux qui cherchaient à s'informer se sont trouvés submergés par la surabondance des données, par l'énorme volume des rapports dispersés aux quatre coins du globe qui ne faisaient que semer la confusion et dont on ne pouvait guère tirer d'enseignements concrets. Ces difficultés s'expliquent fort bien: tout d'abord la plupart des pays possédant des forêts tropicales humides sortaient d'un régime colonial sous lequel l'exploitation forestière était concentrée dans quelques peuplements choisis, proches des côtes ou des cours d'eau, qui offraient les meilleures perspectives de rentabilité. Ces activités étaient encore très limitées et, pendant de nombreuses années, elles ont pu rester confinées dans des zones relativement restreintes. Il était donc superflu d'inventorier à fond des zones plus vastes, et aucun motif rationnel n'incitait à mettre au point de meilleures techniques. Mais peu à peu la situation a change. La demande mondiale de bois a augmenté, les prix ont monté, les forêts facilement accessibles étaient de plus en plus surexploitées, de nouvelles techniques d'exploitation exigeant des investissements bien supérieurs mais offrant aussi des possibilités de production infiniment plus grandes ont été mises au point et introduites, et le besoin de terres pour les établissements humains et l'agriculture s'est régulièrement fait plus pressant. Or, pour planifier de façon intégrée la mise en valeur future de forêts immenses, voire de tout le patrimoine forestier de pays entiers, il fallait évaluer avec soin la situation. De nombreuses méthodes ont été mises au point et appliquées pour recenser et inventorier ces ressources; il en est résulté une masse d'informations abondantes, hétérogènes et dispersées. Ces inventaires traditionnels étaient et sont encore très coûteux et d'application limitée à certaines zones. Depuis peu seulement, grâce aux nouvelles techniques de télédétection, nous disposons enfin d'un outil qui nous permet d'évaluer de façon objective et précise les ressources forestières mondiales. Mais pour l'employer avec succès il faut surmonter un certain nombre d'obstacles politiques et autres tels que le manque de personnel qualifié ou de crédits.

C'est pourquoi, si l'on veut aujourd'hui évaluer les forêts tropicales humides à l'échelle mondiale, on ne peut se fonder que sur le matériel disponible - une masse de données incomplètes assortie d'un certain nombre d'hypothèses. Les résultats seront donc assez approximatifs. Cela vaut pour la présente étude, qui ne prétend pas résoudre le problème. Nos recherches nous ont permis de proposer des estimations plus ou moins fiables et qu'il serait dangereux de considérer comme exactes.

On espère, toutefois, que le tableau général que nous nous sommes efforcés de brosser sera retouché sans cesse grâce aux données précises que fournissent en quantités croissantes les divers projets de télédétection en cours.

A ce stade, il convient de récapituler les principales carences de la documentation dont nous disposions:

- Les pays intéressés ne disposaient pas des informations voulues.

- Les données existantes au niveau des pays ne sont pas toutes disponibles au Siège de la FAO.

- Les données existantes et disponibles sont souvent périmées, inutilisables pour notre propos ou trop incertaines.

- Les données disponibles sont dispersées dans divers documents qui sont entre les mains de services différents.

- Les définitions la terminologie employées dans les évaluations par pays sont très variables, et il est extrêmement difficile d'en faire la synthèse.

- Les données des inventaires forestiers ne portent très souvent que sur des zones limitées qui ne sont pas représentatives de l'ensemble des pays.

- Il est encore très rare que les inventaires soient répétés de façon à évaluer les changements en cours.

- Les mêmes chiffres sont souvent repris de rapport en rapport sans qu'on puisse en connaître ni la source ni la valeur.

Point de départ

En mai 1974, le Comité FAO de la mise en valeur des forêts dans les tropiques a décidé à sa troisième session d'étudier de près les forêts tropicales du monde. A l'issue des débats, il a conclu ce qui suit:

Il est très difficile, peut-être même impossible au niveau mondial, de décider exactement quels types de forêt au-dessous de 1300 mètres d'altitude il faut inclure ou exclure et où situer précisément la démarcation entre ces types. Il a suggéré de laisser à chaque pays le soin d'interpréter l'expression «forêts tropicales humides» sur la base des indications suivantes:

1. Forêts tropicales sempervirentes ou semi-décidues de basse et moyenne altitudes (au-dessous de 1300 mètres); il peut y avoir quelques arbres à feuilles caduques, mais la forêt n'est jamais complètement défoliée; la forêt vieille est composée de plusieurs strates plus ou moins distinctes.

2. Mosaïque forêt-savane avec des taches de forêt humide (qui ne sont pas toutes aux bords des cours d'eau) entourées par une savane de hautes herbes.

3. Mosaïque côtière forêt-savane ressemblant au type précédent, sauf que la végétation est plus basse et que les précipitations sont moindres.

Ces indications sont extraites de la Carte de la végétation de l'Afrique au sud du tropique du cancer, publiée en 1959 par l'Association pour l'étude taxonomique de la flore d'Afrique tropicale avec l'assistance de l'Unesco. Cette étude se réfère donc plus particulièrement à la situation en Afrique. Dans les autres continents, la situation se présente différemment.

Bien qu'il n'y ait pas de définition universellement acceptée du terme «forêt tropicale humide», nous avons tenté, dans la présente étude, en répondant aux points ci-après, de donner un cadre qualitatif et quantitatif suivant des critères d'analyse aussi homogènes que possible:

- Définition des types de forêt à inclure dans la zone des forêts tropicales humides.

- Estimation de la zone qui pourrait porter et qui porte encore des forêts tropicales humides comme végétation de climax climatique.

- Estimation des superficies des forêts tropicales encore existantes ventilées si possible par types.

- Estimation du volume total sur pied et du potentiel d'accroissement annuel de ces forêts.

- Nature des conversions et superficies en cause (taux actuel de régression).

- Analyse de l'utilisation des terres forestières défrichées et superficie.

Sur la base des informations disponibles au Siège de la FAO (cartes des formations végétales, cartes de l'utilisation des terres, rapports divers et littérature générale}, nous avons tenté d'évaluer la situation forestière de la zone tropicale humide. Les différents aspects ont été examinés pays par pays et les résultats regroupés par sous-continent et continent.

Critères et définitions

L'opinion prévaut encore aujourd'hui que la définition et la délimitation de la zone tropicale humide se fondent sur le climat et plus précisément sur les facteurs suivants: température, précipitations et leur distribution saisonnière, et durée de la période sèche. Le principal point controversé est de savoir dans quelle mesure on peut encore parler de zone «tropicale humide» lorsque les variations saisonnières ont un effet déterminant sur la végétation. Il n'existe pas encore de données climatologiques exactes pour détermine. une démarcation incontestable de la zone tropicale humide. Mais il semble que ces lacunes pourront être comblées dans le proche avenir grâce aux informations obtenues par l'application de nouvelles techniques de télédétection. Fosberg, Garnier et Küchler (1961) ont proposé une délimitation de la zone tropicale humide en analysant différentes études régionales et préparé une carte globale de cette zone fondée sur des critères climatiques et végétaux. Un essai plus récent a été fait dans ce domaine par Troll et Pfaffen (1966) avec leur carte des climats saisonniers du monde, associant les différents climats aux formations végétales correspondantes. Ces deux études nous ont fourni les critères pour la sélection des pays à inclure dans notre étude. Les pays sont regroupés par continent et sous-continent. Sauf mention contraire, les mêmes unités géographiques sont utilisées tout au long de l'analyse.

A. Afrique

Afrique orientale: Kenya, Madagascar, Maurice, Réunion, Tanzanie, Ouganda

Afrique centrale: Cameroun, République centrafricaine, République populaire du Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Zaïre

Afrique occidentale: Angola et Cabinda, Bénin, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Côte-d'Ivoire, Libéria, Nigeria, Sierra Leone, Sénégal, Togo

B. Amérique latine

Amérique du Sud: Argentine (partie tropicale seulement), Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Guyane française, Guyane, Paraguay (partie tropicale seulement), Pérou, Surinam, Venezuela

Amérique centrale et Antilles: Belize, Costa Rica, Cuba, République Dominicaine, El Salvador, Guatemala, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique (partie tropicale seulement), Nicaragua, Panama, Trinité-et-Tobago.

C. Asie

Pacifique: Australie (partie tropicale seulement), lies Salomon, Fidji, Hawaï, Nouvelle-Calédonie, Papouasie Nouvelle-Guinée

Asie du Sud-Est: Brunei, Birmanie, Cambodge, Indonésie, Lao, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Viet-Nam du Nord, Viet-Nam du Sud.

Asie du Sud: Bangladesh, Inde, Sri Lanka

A l'exception de l'Australie, du Mexique, de l'Argentine et du Paraguay seuls les pays entièrement situés dans la zone tropicale ont été inclus. Quelques autres (une partie de la Chine, le Bhoutan, le Népal et Taïwan), situés dans la zone subtropicale et possédant des zones de forêt tropicale humide, n'ont pas été pris en considération. Par contre, nous avons inclus la Birmanie et l'Inde intégralement, avec leur zone subtropicale.

Systèmes de classification de la végétation

Toutes les cartes de la végétation sont basées sur des systèmes de classification régis par des critères bien déterminés, qui ne sont pas toujours les mêmes. De nombreux chercheurs ont mis au point différents systèmes de classification, chacun assorti de sa terminologie, et fondé le plus souvent sur des connaissances locales et adapté aux conditions particulières à une certaine région. Les critères les plus courants sont la physionomie et la structure de la végétation (forêt dense ou claire), l'écologie (forêt marécageuse, formations édaphiques), le rythme de la végétation (forêt sempervirente ou décidue) et les aspects de l'évolution (forêt primaire ou secondaire). A notre connaissance, deux tentatives ont été faites jusqu'à présent pour mettre au point une classification de la végétation qui réponde à une conception généralement admise: la première en 1956, pour l'Afrique, a mené à ce qu'on appelle la «Classification de Yangambi»; la plus récente, en 1973, est due à l'Unesco. Cependant, les chercheurs ne se sont pas encore mis d'accord sur un système uniforme de classification à appliquer au niveau mondial. Il n'entre pas dans le cadre de notre étude de proposer une nouvelle approche à cet égard. Nous devons nous contenter de choisir, parmi ceux qui existent déjà, un système de classification qui puisse nous donner une base cohérente.

Classification internationale et cartographie de la végétation (Unesco, 1973)

Nous avons choisi la classification de l'Unesco, qui est le système le plus récent, élaboré par un groupe d'experts internationaux. Il est fondé sur les types de végétation climacique lorsque cela présente un intérêt pratique. Il a un caractère essentiellement physionomico-structurel, et donne en outre des indications d'ordre écologique applicables à la végétation naturelle ou semi-naturelle pour chaque catégorie.

Types de forêt à inclure dans la catégorie des forêts tropicales humides

Les termes et définitions suivants sont utilisés dans le système de classification de l'Unesco:

- Forêts ombrophiles: surtout feuillus sempervirents; strate arborée reste verte toute l'année, mais des individus isolés peuvent défolier pendant quelques semaines.

- Forêt sempervirente saisonnière: surtout feuillus sempervirents; réduction notable du feuillage pendant la saison sèche.

- Foret semi-décidue: arbres de la strate supérieure en majeure partie décidus en saison sèche; nombreux arbres de la strate intermédiaire et arbustes du sous-bois sempervirents.

- Foret surtout décidue: la majorité des arbres perdent leur feuillage en même temps pendant la saison défavorable.

Nous avons inclus dans notre étude les types de forêt suivants décrits dans le système de classification de l'Unesco

Forêt ombrophile tropicale de basse altitude
Forêt ombrophile tropicale submontagnarde
Forêt ombrophile tropicale montagnarde
Forêt tropicale sur alluvions
Forêt ombrophile tropicale marécageuse
Forêt sempervirente tropicale sur tourbière
Forêt sempervirente saisonnière tropicale de basse altitude
Forêt sempervirente saisonnière tropicale submontagnarde
Forêt semi-décidue tropicale de basse altitude
Forêt semi-décidue tropicale montagnarde ou de brouillard
Forêt sempervirente tropicale et subtropicale de résineux, de basse altitude et submontagnarde
Forêt sempervirente tropicale et subtropicale de résineux, des régions montagnardes et subalpines
Forêt décidue en saison sèche de basse altitude et submontagnarde
Forêt décidue en saison sèche de montagne et de brouillard

Cette liste couvre un spectre plus large que les critères énoncés en tête de chapitre. Mais cet élargissement nous permet d'inclure les forêts de teck et de sel de l'Asie dans notre évaluation mondiale. Les données n'étant pas ventilées suivant l'altitude, nous avons été obligés d'inclure toute la gamme des forêts submontagnardes et montagnardes. Dans quelques régions de l'Amérique centrale, de l'Afrique orientale et de l'Asie du Sud-Est, on signale des forêts mixtes (résineux et feuillus), elles sont comprises dans les estimations des zones climaciques et actuelles des forêts tropicales humides. D'autres zones avec des résineux naturels et secondaires ainsi que des formations climaciques de feu établies par l'homme après la destruction des forêts primaires sont aussi comprises dans l'estimation de la zone climacique de la forêt tropicale humide.

VUE AÉRIENNE D'UNE FORÊT enfin un moyen qui permet une évaluation exacte des ressources forestières

Partie méridionale de la côte sud du Sénégal, y compris la Gambie de part et d'autre du large fleuve du même nom (en haut), telle qu'elle apparaît sur une image obtenue au moyen d'un détecteur à balayage multispectral monté sur un satellite Landsat de la NASA. Cette photographie montre une zone de transition entre la savane (gris foncé à noir), la forêt tropicale (gris moyen) et la forêt à mangrove (gris clair). Elle a été prise le 21 février 1973 dans la septième bande, proche de l'infrarouge, à une altitude de 950 kilomètres et embrasse une superficie de trois millions et demi d'hectares. L'échelle de densité et les chiffres figurant en marge facilitent l'interprétation.

UNE RESSOURCE LIMITÉE le moment est venu de faire un inventaire global

Zones qui pourraient être couvertes par des forêts tropicales humides comme formation climacique sous les conditions climatiques actuelles

Le terme «climax» est très discuté ces dernières années sous ses aspects divers, et plusieurs opinions ont été émises. L'hypothèse selon laquelle la végétation est passée par différents stades d'évolution et tend toujours vers un stade final déterminé uniquement par les conditions climatiques (climax climatique) est trop simple. La végétation naturelle dépend d'une gamme de conditions de la station qui ne sont pas seulement influencées par le climat. Des facteurs édaphiques ou topographiques peuvent avoir une influence décisive. Il est même possible que la végétation zonale sous des conditions extrêmes soit remplacée par un type de végétation azonale. Pour cette raison, une délimitation de la zone climacique des forêts tropicales humides basée seulement sur des critères climatiques n'est pas réaliste et aboutirait à une surestimation. Souvent, la végétation naturelle a été et continue d'être perturbée par les activités humaines, et il est très difficile d'évaluer la distribution antérieure de la végétation naturelle zonale parce que, dans certaines stations présentant des conditions marginales, la formation climacique antérieure a évolué sous l'influence persistante de l'homme vers une nouvelle végétation pseudo-climacique, stable aussi longtemps que les principaux facteurs du peuplement ne sont pas modifiés. Le détail des zones où la forêt tropicale humide serait la formation climacique dans les conditions climatiques actuelles n'est pas encore bien connu.

Indépendamment des variations dues à l'intervention humaine, il y a lieu de penser que la forêt dense tropicale humide a, au cours des âges, subi des extensions et des régressions liées aux fluctuations paléoclimatiques. Dans ce contexte, la question d'une régression générale de ces forêts et leur remplacement par des savanes a suscité bien des discussions et spéculations, en particulier dans le cas de l'Afrique. Même si aujourd'hui aucun fait ne prouve avec certitude un recul massif de la forêt dense, il existe des arguments à l'appui de cette thèse:

- Netteté de la lisière entre la forêt dense et la savane qui ne semble guère naturelle.

- Présence de bosquets de forêt dense en savane, au-delà de la lisière forestière, dans des conditions climatiques identiques à celles des savanes voisines.

- Mosaïque de forêt dense dégradée et de savane, constituant une transition entre le domaine forestier et le domaine des savanes guinéennes.

- Présence de grands arbres de forêt dense, à fût libre développé, isolés ou en groupes, dans les savanes, à proximité de la forêt dense.

D'après ces arguments, une régression de la forêt tropicale humide dans certaines régions où, pour des raisons édaphiques ou climatiques, cette formation est moins stable qu'ailleurs, semble probable ou est évidente (Guinée-Bissau, par exemple). Par contre, il y a des exemples où la forêt tropicale humide laissée à son développement naturel progresse aux dépens de la savane (Cameroun méridional et certaines régions de la Côte-d'Ivoire). Dans le cadre de notre étude les modifications des superficies d'un caractère hypothétique n'ont qu'un intérêt marginal, mais toutes les autres, survenues pendant les époques récentes et encore décelables, sont importantes.

Evaluation des superficies de la zone climacique des forêts tropicales humides (FTH)

AFRIQUE

CARTE DE VÉGÉTATION UTILISÉE

Carte de la végétation au sud du tropique du Cancer, AETFAT/Unesco, 1959, 1/10 000 000. Une nouvelle édition mise à jour nous permettra bientôt de réviser notre étude.

CARACTÉRISTIQUES DE LA CARTE

Synthèse de nombreux travaux de recherche au niveau régional et local. La carte ne montre que la répartition actuelle de la végétation contemporaine et n'indique pas les types climaciques supposés.

TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

Forêts humides de basse et moyenne altitude: sempervirentes ou semi-décidues, mosaïque forêt-savane avec des taches de forêt humide entourées de savane, probablement une formation de climax de feu succédant à des forêts humides décidues; mosaïque côtière forêt-savane ressemblant au type précédent.

PROBLÈMES

Une carte de végétation au 1/10 000 000 ne peut jamais reproduire des détails de la végétation, mais elle présente une vue d'ensemble des formations principales. Nous n'avions aucun critère pour décider si les zones des forêts claires et savanes boisées de type relativement humide devaient ou non être incluses dans notre étude. Certains indices portent à croire que la plus grande partie de ces zones a été couverte dans le passé par des forêts semi-décidues vulnérables au feu, comme type transitoire entre les forêts sempervirentes et les forêts sèches décidues. Ces zones sont exclues de notre étude.

AFRIQUE

Régions

Superficie totale des terres

Superficie des forêts humides

Mosaïque forêt-savane

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

Afrique orientale

236

13

12

25

10,6

Afrique centrale

408

197

72

269

65,9

Afrique occidentale

356

50

18

68

19,1

Total

1 000

260

102

362

36,2

AMÉRIQUE LATINE

Amérique du Sud

CARTE DE VÉGÉTATION UTILISÉE

Vegetationskarte von Südamerika, Kurt Hueck, 1972 1/8 000 000, copie agrandie à 1/5 000 000.

CARACTÉRISTIQUES DE LA CARTE

Basée sur des travaux de recherche au niveau régional et local. La carte indique de façon très détaillée la situation de la végétation actuelle en distinguant 82 types de végétation.

TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

Forêt de pluie sempervirente des bassins de l'Amazone et de l'Orénoque; forêt de pluie sempervirente montagnarde des basses altitudes des Andes; forêt sempervirente et décidue montagnarde des moyennes altitudes des Andes forêt de pluie sempervirente tropicale des régions côtières du Pacifique, des Antilles et de l'Atlantique; forêt tropicale décidue mésophytique, par exemple, en Colombie et au Paraguay.

PROBLÈMES

Il n'est pas possible de déterminer la végétation climacique présumée pour quelques types de savane, de savane à palmier et de forêt de palmiers. Ces type, ne sont pas inclus dans nos travaux. La carte utilisée est en général trop détaillée pour notre étude.

AMÉRIQUE DU SUD

Superficie totale des terres

Forêt de pluie de basse altitude

Forêt de pluie montagnarde

Forêt décidue-mésophytique

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

1 401

538

62

150

750

53,5

Amérique centrale et Antilles

CARTE DE VÉGÉTATION UTILISÉE

Carte de végétation préparée pour la Carte mondiale des sols, Unesco/FAO.

CARACTÉRISTIQUES DE LA CARTE

Basée surtout sur des critères climatiques et structurels et sur le rythme de la végétation. La carte montre la végétation climacique supposée partout où cela est possible.

TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

Forêt de pluie sempervirente; forêt semi-décidue; forêt humide décidue.

PROBLÈMES

La carte de végétation que nous avons retenue semble mieux répondre aux besoins de notre analyse que le, cartes écologiques détaillées d'Holdridge et Tosi, si importantes que puissent être ces dernières.

AMÉRIQUE CENTRALE ET ANTILLES

Superficie totale des terres

Forêt de pluie sempervirente

Forêt semi-décidue

Forêt humide décidue

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

166

27

26

-

53

31,9

ASIE ET RÉGION DU PACIFIQUE

Région du Pacifique

CARTES DE VÉGÉTATION UTILISÉES

- Australie: Welt Forst Atlas, Vegetationsformen von Australien (Atlas des forêts du monde, Formes de végétation de l'Australie) 1954, 1/13 000 000.

- Papouasie Nouvelle-Guinée: Vegetation map of Malaysia (Carte de végétation de la Malaisie), van Steenis, 1958, 1/15 000 000. Cette carte a été produite avant la création de la Malaisie comme unité politique et elle couvre la zone biogéographique antérieurement connue sous le nom de Malaya. Les biogéographes ont décidé de l'appeler «Malesia» pour éviter tout malentendu.

CARACTÉRISTIQUES DES CARTES

Elles présentent le couvert végétal actuel, ventilé entre différents types structurels.

TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

Welt Forst Atlas: forêt de pluie tropicale. Vegetation map of Malaysia: forêt de casuarina et de pin, forêt marécageuse et sur tourbière, forêt secondaire, forêt saisonnière ou forêt de mousson, forêt de teck.

PROBLÈMES

Nous avons cherché sans succès des informations pour Hawaii, la Nouvelle-Calédonie, les îles Fidji et Salomon. Nous nous sommes contentés de faire urne estimation arbitraire de la zone à inclure dans notre étude sur la base des critères climatiques.

ASIE ET RÉGION DU PACIFIQUE

Superficie totale des terres

Forêt de pluie sempervirente

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

374

48

48

12,8

Asie du Sud-Est

CARTES DE VÉGÉTATION UTILISÉES, LEURS CARACTÉRISTIQUES ET TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

- Birmanie, Thaïlande: Welt Forst Atlas, Vegetationsformen, 1/8 000000. La carte montre la couverture végétale actuelle et l'utilisation des sols. Les types de végétation suivants sont inclus: forêt de pluie sempervirente, forêt semi-décidue et forêt humide décidue. Dans le cas de la Birmanie, une partie de ces forêts est située en dehors de la zone tropicale.

- Indonésie, Malaisie, Philippines: Vegetation map of Malaysia, van Steenis, 1958, 1/5000000. Pour les détails, voir plus haut Papouasie Nouvelle-Guinée.

- Cambodge: Carte internationale du tapis végétal, P. Legris, 1970, 1/5 000 000. Fondée sur des critères climatiques physionomiques et structurels, cette carte montre la couverture végétale actuelle. Une carte supplémentaire présente les tendances de l'évolution de la végétation supposant éliminées les interventions humaines. On examine ici les forêts sempervirentes et les forêts semi-décidues.

- Lao, Viet-Nam du Nord et Viet-Nam du Sud: Carte de la végétation du monde, ministère de la géologie, Moscou, 1/25000000. Basée sur des critères climatiques, cette carte présente une zonification assez générale sans détails, et peu satisfaisante. Seules les forêts sempervirentes sont incluses dans notre étude.

PROBLÈMES

Le manque d'une carte de végétation cohérente basée sur les mêmes critères pour toute la région a gêné notre étude, les cartes utilisées manquant d'uniformité.

ASIE DU SUD-EST

Superficie totale des terres

Forêt de pluie sempervirente

Forêt semi-décidue

Forêt humide décidue

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

448

237

15

50

302

67,4

Asie du Sud

CARTES DE VÉGÉTATION UTILISÉES, LEURS CARACTÉRISTIQUES ET TYPES DE VÉGÉTATION INCLUS

- Bangladesh: Carte de végétation de l'Asie du Sud préparée pour la Carte mondiale des sols, 1/10 000 000. Basée sur l'habitat (climatique ou édaphique), la physionomie et la structure de la végétation. Les forêts tropicales sempervirentes sont incluses dans notre analyse.

- Inde: The vegetation map of India, Champion/Seth, 1968, approx. 1/19 000 000. Cette carte montre les différents types de forêt basés sur des critères climatiques. On a retenu les forêts tropicales humides sempervirentes, semidécidues et humides décidues.

- Sri Lanka: Carte internationale du tapis végétal, P. Legris, 1964, 1/1 000 000 et 1/5 000 000. Pour les détails, voir plus haut, Cambodge.

PROBLÈMES

Voir Asie du Sud-Est.

ASIE DU SUD

Superficie totale des terres

Forêt de pluie sempervirente

Forêt semi-décidue

Forêt humide décidue

Superficie climacique totale FTH

Superficie des terres

...millions d'hectares...

%

348

12

15

58

85

24,4

Superficies actuelles des forêts tropicales humides

Sur la base des informations disponibles au Siège de la FAO, nous avons tenté d'estimer la superficie des forêts tropicales humides encore existantes dans tous les pays cités plus haut, en suivant les définitions ci-dessus. Bien que la superficie inventoriée augmente rapidement, les données statistiques valables manquent encore souvent au niveau national. Ces inventaires couvrent principalement des forêts choisies pour être mises en valeur en raison de leur rentabilité, mais ils ne sont guère représentatifs de l'ensemble des forêts. Les concepts, les terminologies et les classifications de la végétation sont très hétérogènes, et il est très difficile de les normaliser et de les comparer. Dans beaucoup de cas, il n'y a pas de ventilation entre les différents types de végétation forestière. Pour cette raison, les informations disponibles varient considérablement en qualité et en quantité. Les chiffres ne comprennent en général que les superficies de forêts denses. Une ventilation entre forêts déjà exploitées et forêts inexploitées est impossible au niveau mondial. Les chiffres pour le total des terres forestières sont extraits du volume 27 de l'Annuaire de la production 1973 (FAO, 1974). Leur précision et leur actualité varient beaucoup. Dans tous les cas où plusieurs chiffres étaient disponibles, nous avons pris le plus faible.

Les sources d'information sont des cartes de la végétation, des cartes de l'utilisation des terres, des rapports divers, des statistiques officielles pays et des communications personnelles. Toutes les estimations sont regroupées par sous-continent et continent et résumées finalement au niveau mondial.

AFRIQUE ORIENTALE

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

236

55

7

3,0

12,7

En général, il n'est pas fait de ventilation entre forêts ombrophiles et forêts sempervirentes saisonnières ni entre les différents types de forêts d'altitude. Toutes les forêts de basse altitude sont contiguës aux savanes en tant que stade dégradé des forêts semi-décidues et humides décidues qui semblent n'exister qu'en petites taches dans toute l'Afrique.

Pour le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda, les superficies considérées sont couvertes par des forêts tropicales de pluie de basse altitude et de montagne, des forêts sempervirentes et semi-décidues et des forêts de feuillus et de résineux (forêts de Podocarpus). La plus grande partie de ces vestiges de forêts ont le statut des réserves forestières.

La précision des chiffres donnés pour Madagascar est assez douteuse. On a pris ici le chiffre le plus bas (3,6 millions d'hectares) mentionné dans les rapports récents. Il comprend des forêts de pluie sempervirentes et semi-décidues de basse altitude et des forêts submontagnardes non dégradées ou très peu dégradées.

AFRIQUE CENTRALE

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

408

176

149

36,5

84,6

Les estimations de la superficie des forêts denses au Zaïre varient considérablement et il est difficile d'en juger la qualité. Nous avons retenu le chiffre le plus bas (90 millions d'hectares) trouvé dans des rapports récents. ITALCONSULT a exécuté dernièrement un inventaire des forêts du Zaïre sur la base de photos transmises par satellite et couvrant une superficie totale de 91,4 millions d'hectares) (39 pour cent de la superficie des terres) dans la partie occidentale du pays. Ce chiffre est ventilé comme suit.

ZAÏRE OCCIDENTAL

Forêt dense équatoriale

Forêt-galerie

Forêt sur sols hydromorphique

Superficie totale des forêts

...millions d'hectares...

%

36,9

16,6

5,9

59,4

Cette dernière superficie correspond à 65 pour cent de la superficie totale étudiée et à 25,3 pour cent de la superficie totale du pays. Vu ces chiffres, l'estimation de 90 millions d'hectares pour l'ensemble des forêts semble raisonnable.

AFRIQUE OCCIDENTALE

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

356

103

19

5,3

18,4

Le chiffre pour le Ghana (2 millions d'hectares est très incertain, car on ne connaît pas la superficie des forêts non réservées. On signale que ces forêts s'épuisent: rapidement et disparaîtront dans quelques années. Le chiffre retenu pour la Côte-d'Ivoire (5,4 millions d'hectares) est l'estimation la plus récente de la SODEFOR et ne comprend que des peuplements d'au moins 100 hectares. Les taches plus petites ne sont pas comprises dans ce chiffre, mais on estime qu'elles couvrent encore environ l million d'hectares. La plupart de ces îlots forestiers étant en voie de disparition, il n'a pas paru justifié de les inclure dans notre étude.

AMÉRIQUE DU SUD

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

1 401

864

472

33,6

54,6

On a peu d'informations pour les pays de ce sous-continent et les chiffres rapportés ne sont pas très fiables. Souvent deux rapports émanant du même pays présentent des chiffres différents pour la même zone sans citer les sources sur lesquelles se fondent les estimations. D'autres chiffres sont périmés parce que des changements considérables se sont produits dans certaines régions. Les différents types de forêt sont rarement ventilés à l'exception de quelques régions où une distinction est faite entre les types de forêt d'altitude.

Pour l'Argentine, nous n'avons retenu que la forêt de Tucuman. Les chiffres rapportés varient de 2,6 à 3,6 millions d'hectares. Nous avons retenu le plus élevé qui comprend sans doute quelques peuplements de transition entre la forêt humide et les formations plus sèches.

Les estimations pour le bassin de l'Amazone au Brésil varient entre 200 et 300 millions d'hectares (le chiffre de 250 millions d'hectares a été retenu dans notre étude). Le projet RADAM élabore à présent une carte phyto-écologique de cette région qui donnera peut-être dans un proche avenir des chiffres plus fiables.

Pour le Pérou, deux chiffres sont donnés: 65 et 79 millions d'hectares. D'après la carte de végétation de K. Hueck, le chiffre de 65 millions d'hectares semble être meilleur, c'est celui que nous avons retenu.

AMÉRIQUE CENTRALE ET ANTILLES

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

166

100

34

20,5

34,0

Les chiffres donnés pour les pays de ce sous-continent ne sont pas satisfaisants. Ils sont périmés et souvent contradictoires. Il semble que la superficie des forêts diminue rapidement.

Les types de forêt inclus vont des forêts ombrophiles de basse altitude aux forêts submontagnardes et montagnardes, des forêts sempervirentes saisonnières aux forêts semi-décidues (la forêt humide décidue semble n'être représentée qu'à Belize), des forêts de feuillus aux forêts de résineux et aux forêts mixtes. Les forêts de résineux ont été exclues de l'étude lorsqu'il a été possible de les distinguer clairement.

PACIFIQUE

Terres

Bois et forêts

Forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

...%...

374

78

36

9,6

46,2

La Papouasie Nouvelle-Guinée compte pour 94,4 pour cent de la superficie totale des forêts tropicales humides de cette région. Le reste est disséminé sur à peine 100 000 hectares en Australie, aux îles Fidji, en Nouvelle-Calédonie et aux îles Salomon. Les informations sur les superficies semblent exactes. Pratiquement toutes ces forêts tombent dans la catégorie des forêts tropicales sempervirentes.

ASIE DU SUD-EST

Terres

Bois et forêts

Forêts sempervirentes

Forêts humides décidues

Total forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

%

448

268

146

41

187

41,7

69,8

Les chiffres donnés dans les rapports considérés sont assez homogènes et semblent à jour malgré les changements rapides qui se produisent dans quelques pays de ce sous-continent.

ASIE MÉRIDIONALE

Terres

Bois et forêts

Forêts sempervirentes

Forêts humides décidues

Total forêts tropicales humides

Terres

Bois et forêts

...millions d'hectares...

%

348

71

5

26

31

8,9

43,7

Pour l'Inde et Sri Lanka, les données semblent exactes, mais pour la Birmanie, elles sont rares et périmées selon nos estimations. Les forêts humides décidues de l'Inde couvrent 74,4 pour cent de la superficie totale des forêts tropicales humides de ce sous-continent.

ESTIMATION DE LA SUPERFICIE ACTUELLE TOTALE DES FORETS TROPICALES HUMIDES (FTH)

Régions

Terres

Bois et forêts

Forêt tropicales humides

Terres

Bois et forêts

Forêt tropicales humides

...millions d'hectares ...

...%...

Afrique orientale

236

55

7

3

12,7

0,7

Afrique centrale

408

176

149

36,5

84,6

15,9

Afrique occidentale

356

103

19

5,3

18,4

2,0

Total Afrique.

1 000

334

175

17,5

52,4

18,7

Amérique du Sud.

1 401

864

472

33,7

54,6

50,5

Amérique centrale, Antilles

166

100

34

20,5

34,0

3,6

Total Amérique latine..

1 567

964

506

32,3

52,5

54,1

Pacifique

374

78

36

9,6

46,2

3,8

Asie du Sud-Est

448

268

187

41,7

69,8

20,0

Asie du Sud

348

71

31

8,9

43,7

3,3

Total Asie

1 170

417

254

21,7

60,9

27,2

SUPERFICIE TOTALE FTH

3 737

1 715

935

25,0

54,5

100,0

Ces chiffres sont des estimations basées sur les informations actuellement disponibles mais encore incomplètes, particulièrement pour le Brésil, le Pérou et le Zaïre. On estime qu'environ 405 millions d'hectares, soit 43,4 pour cent de la superficie totale des forêts tropicales humides, se trouvent dans ces trois pays. Les 935 millions d'hectares de forêts tropicales humides représentent le tiers des forêts denses du monde estimées par Persson à 2 800 millions d'hectares (1974).

Estimations du volume total sur pied et du potentiel d'accroissement annuel des forêts tropicales humides actuelles

Les estimations du matériel sur pied et du volume exploitable des forêts comprises dans notre étude donnent des indications intéressantes sur le potentiel global existant dans ces forêts. Mais rappelons qu'une partie seulement de la superficie totale est, ou peut être, mise en valeur pour la production de bois (forêts exploitables). Le reste se compose des forêts qui devraient être maintenues pour des raisons d'écologie et de protection, qui ne sont pas accessibles pour des raisons techniques ou dont le potentiel n'est pas suffisant pour attirer les investissements (forêts inexploitables). Il semble que cette différenciation entre forêts exploitables et inexploitables soit de plus en plus reconnue mais, d'après les informations disponibles, il n'est pas encore possible de faire une ventilation entre ces deux catégories à l'échelle mondiale.

Beaucoup d'inventaires forestiers ont été entrepris dans des régions différentes et pour divers types de forêts. Basés sur des conceptions et des méthodes très variables, ils ont fourni une somme énorme de chiffres difficilement comparables sans des recherches spéciales. Le plus souvent, les dénombrements ne sont faits que dans les zones forestières dont l'exploitation est immédiatement intéressante à cause de leur richesse, de leur situation, etc. C'est pourquoi leurs résultats ne sont pas représentatifs de toutes les forêts.

Volume total sur pied

Nous avons essayé d'estimer le volume total sur pied pour l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie, séparément, sur la base des estimations des superficies des forêts encore existantes et des résultats de certains inventaires. Sauf indication contraire, les critères suivants ont été adoptés pour définir le volume: volume brut du fût de tous les arbres sains, sur écorce, diamètre minimal 10 centimètres à hauteur d'homme ou au-dessus des empattements pour toutes les essences. Plusieurs auteurs estiment qu'empiriquement la proportion de l'écorce pour toutes les essences et tous les diamètres peut être estimée à 10 pour cent du volume total sur écorce.

Pour chaque continent, nous avons choisi plusieurs inventaires basés sur la définition ci-dessus du volume. Nous avons veillé à sélectionner des inventaires représentatifs pour des forêts riches, moyennes et pauvres. Nous avons constaté qu'il existe relativement peu d'inventaires prenant en compte tous les arbres d'un diamètre minimal à hauteur d'homme de 10 centimètres. Ce concept est assez nouveau et il a remplacé le précédent qui ne tenait compte que d'un nombre limité d'essences et de classes de diamètre. Aux fins de la présente étude, les rapports d'inventaires des pays suivants ont été examinés: Cameroun, Gabon, Côte-d'Ivoire, Nigeria, Equateur, Guatemala, Pérou, Venezuela, Inde, Malaisie, Philippines et Sri Lanka.

Les résultats peuvent être résumés comme suit:

GABON

INVENTAIRE A

Superficie: 72 000 hectares

Types de foret: forêt tropicale sempervirente de basse altitude; 80 pour cent de la superficie sont classés comme forêts denses; le reste est exploité, dégradé, secondaire ou marécageux.

Volume brut: 358 m3/ha, toutes essences, diamètre à hauteur d'homme de 15 centimètres et plus; on peut ajouter 5 m3/ha ou 1,5 pour cent du volume pour les arbres ayant un diamètre à hauteur d'homme de 10 à 15 centimètres; le volume total s'élève à 363 m3/ha.

INVENTAIRE B

Superficie: 100000 hectares

Types de foret: voir inventaire A. La brousse secondaire et des forêts en voie de régénération représentent plus de 50 pour cent de la superficie totale.

Volume brut: 261 m3/ha + 4 m3/ha = 265 m3/ha

COTE-D'IVOIRE (Région du Sud-Ouest)

Superficie: 1,9 million d'hectares

Types de forêt: forêts tropicales sempervirentes, semidécidues et de transition de basse altitude; 20 pour cent de la superficie sont exploités.

Volume brut: 192 m3/ha

CAMEROUN (Région d'Edea)

Superficie: 100 000 hectares

Types de forêt: forets tropicales sempervirentes de basse altitude, intactes; ces forêts sont parmi les plus riches de l'Afrique occidentale et centrale du point de vue de la flore et du volume.

Volume brut: 396 m3/ha, diamètre à hauteur d'homme minimal de 15 centimètres; on peut ajouter 6 m3/ha ou 1,5 pour cent du volume pour tous les arbres ayant un diamètre de 10 à 15 centimètres; ainsi le volume total peut atteindre 402 m3/ha.

NIGERIA (Région du Sud-Est)

Superficie: 400 000 hectares

Types de forêt: forêts humides sempervirentes de basse altitude avec un type de transition dans les parties sèches de la zone; 73 pour cent de la superficie sont classés comme forêts denses, le reste comme forêts exploitées, brousse et marais.

Volume brut: 186 m3/ha avec un diamètre à hauteur d'homme minimal de 15 centimètres; on peut ajouter 3 m3/ha ou 1,5 pour cent du volume pour tous les arbres avec un diamètre de 10 à 15 centimètres, le volume brut s'élève ainsi à 189 m3/ha.

D'après ces quelques exemples concernant l'Afrique, il semble justifié d'adopter un volume brut moyen à l'hectare de 175 à 225 mètres cubes pour ce continent.

ÉQUATEUR (Région du Nord-Ouest)

Superficie: 823 000 hectares

Types de forêt: forets tropicales sempervirentes de basse altitude et submontagnardes.

Volume brut: 140 m3/ha

GUATEMALA (Région de Peten)

Superficie: 2,2 millions d'hectares

Types de foret: forêts tropicales humides; 77 pour cent de la superficie sont classés comme forêts commerciales ou potentiellement commerciales; là-dessus 12 pour cent sont composés d'arbres de moins de 15 mètres de haut: les 23 pour cent restants sont classés comme forêts sans potentiel économique, portant des arbres de moins de 15 mètres.

Volume brut: 147 m3/ha

PÉROU (Région de Pucallpa, Bosque de Humboldt)

Superficie: 200 000 hectares

Types de foret: forêts tropicales humides de basse altitude et submontagnardes; les 200 000 hectares représentent la meilleure partie de la superficie totale de 645 000 hectares.

Volume brut: 162 m3/ha

VENEZUELA (Région de Guyane)

Superficie: 1,64 million d'hectares

Types de forêt: forêts tropicales sempervirentes et semidécidues de basse altitude.

Volume brut: 91 m3/ha

D'après ces exemples, un volume brut moyen de 100 à 150 m3 à l'hectare peut être admis pour l'Amérique latine.

INDE (Zone méridionale)

Les volumes donnés dans le rapport de l'inventaire sont sous écorce et comprennent tous les arbres ayant un diamètre à hauteur d'homme minimal de 5 centimètres. Ils sont convertis en volume sur écorce incluant tous les arbres avec un diamètre minimal de 10 centimètres. Les volumes signalés sont très élevés et se rapportent exclusivement à des peuplements intacts.

Superficie

Types de forêt

Volume brut/ha

98 000 ha

sempervirente

421 m3/ha

104 000 ha

humide décidue

190 m3/ha

72 000 ha

semi-décidue

309 m3/ha

MALAISIE (Malaisie occidentale)

Superficie: 7,4 millions d'hectares

Types de foret: forêts tropicales humides mixtes à diptérocarpacées; la superficie totale se compose des types suivants: 11 pour cent forêts de colline excellentes, 16 pour cent forêts de colline de bonne qualité, 20 pour cent forêts de colline de qualité moyenne, 17 pour cent forêts de colline déjà exploitées, 23 pour cent forêts de colline perturbées, 3 pour cent sous cultures itinérantes, 6 pour cent forêts de colline pauvres, 4 pour cent forêts de colline de la zone submontagnarde et montagnarde.

Volume brut: 237 m3/ha, diamètre minimal à hauteur d'homme de 15 centimètres sous écorce; 3 m3/ha peuvent être ajoutés pour les arbres ayant un diamètre de 10 à 15 centimètres et 20 m3/ha pour l'écorce; ainsi le volume brut peut être estimé à 260 m3/ha.

PHILIPPINES (Mindanao)

Superficie: 6,3 millions d'hectares

Types de foret: forêts de diptérocarpacées; 43 pour cent de la superficie sont couverts de vieilles forêts, 27 pour cent de forêts jeunes ou résiduelles et 30 pour cent de rejets.

Volume brut: 187 m3/ha

SRI LANKA (Zone humide)

Superficie: 15000 hectares

Types de foret: forêt tropicale humide sempervirente de basse altitude, et montagnarde; 33 pour cent de la superficie sont classés comme forêts à rendement bon ou moyen, 50 pour cent à faible rendement et 17 pour cent comme non productives.

Volume brut: 205 m3/ha

Au vu des exemples cités, un volume brut moyen de 185 à 225 m3/ha peut être admis pour les forêts sempervirentes et de 100 à 150 m3 pour les forêts humides décidues en Asie.

Sur la base des superficies estimées de forêts tropicales humides, en supposant que les zones inventoriées décrites soient un échantillon représentatif pour chaque continent, le volume brut total peut être estimé comme suit:

Régions

Superficie

Volume total sur pied

Volume sur pied ensemble FTH

millions d'ha

millions de m3

%

Afrique

175

30 600 - 39 400

24

Amérique latine

506

50 600 - 75 900

44

Asie




- Sempervirente et semi-décidue

187

34 600 - 42 100

26

- Humide décidue

67

6 700 - 10 000

6

Total FTH

935

122 500 -167 400

100

Volume sur pied exploitable

Nous entendons par là la proportion du volume sur pied composée de tous les arbres ayant un diamètre à hauteur d'homme minimal de 50 à 60 centimètres. Actuellement, seule une fraction de ce volume est exploitée et ce pour les motifs suivants:

- Une partie des forêts tropicales humides n'est pas et ne sera jamais exploitée, pour des raisons économiques et écologiques.

- Le nombre des essences exploitées est très limité et seules les meilleures grumes des meilleurs arbres sont utilisées.

Rollet (1974) donne des chiffres indicatifs des surfaces terrières à l'hectare dans les forêts tropicales humides de basse altitude considérant les arbres de toutes les essences ayant un diamètre minimal de 50-60 centimètres à hauteur d'homme:

Afrique: 6,3-13,9 m2/ha
Amérique latine: 5,7-10,3 m2/ha
Asie: 8,2-20,0 m2/ha

On peut estimer que le volume sur pied exploitable représente au moins dix mètres cubes par mètre carré de surface terrière:

Afrique: 63-139 m3/ha, moyenne: 100 m3/ha
Amérique latine: 57-103 m3/ha, moyenne: 80 m3/ha
Asie: 82-200 m3/ha, moyenne: 140 m3/ha

Ces chiffres couvrent une large gamme de densités de peuplement et, si on les rapporte au volume total sur pied évalué dans le chapitre précédent, ils permettent d'estimer de façon assez valable le volume sur pied exploitable pour l'Afrique et l'Asie. Pour l'Amérique latine, le chiffre semble plutôt élevé, et nous avons décidé de le réduire arbitrairement à 60 m3/ha. Quant aux forêts humides décidues d'Asie, on a adopté un volume de 80 m3/ha. Le tableau suivant se base sur ces hypothèses:

Régions Superficie

Superficie

Volume sur pied exploitable

millions d'ha

millions de m3

Afrique

175

17 500

Amérique latine

506

30 400

Asie



Sempervirente et semi-décidue

187

26 200

Humide décidue

67

5 400

Total FTH

935

79 500

Le volume sur pied exploitable correspond ainsi à 65 pour cent de l'estimation la plus basse du volume total sur pied (122500 millions de mètres cubes) et à 48 pour cent de l'estimation la plus élevée (167 400 millions de mètres cubes). En 1973, la production de bois rond (Annuaire des produits forestiers 1973 [FAO, 1975]) de tous les pays à forêts tropicales humides s'élevait approximativement à 151 millions de mètres cubes, soit seulement 0,2 pour cent du volume exploitable sur pied.

Toutes les estimations des volumes sont calculées à partir des inventaires ou des travaux de recherche circonscrits à de petites zones sélectionnées, dont les résultats ont été extrapolés au reste des forêts tropicales humides, y compris les zones qui n'ont pas fait l'objet d'enquêtes adéquates (Bassin du Congo, Amazonie, Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée). Toutefois, les volumes indiqués dans des études régionales et mondiales de la FAO et dans d'autres publications sont des chiffres officiels émanant des services gouvernementaux et autres. Ils sont sou vent basés sur d'autres définitions du volume (par exemple diamètre minimal plus grand sous écorce, etc.). Ils peuvent donc différer des chiffres présentés ici.

Estimation du potentiel d'accroissement annuel

On peut compter sur un accroissement annuel seulement dans les forêts perturbées ou aménagées, tandis qu'il peut être nul dans celles qui ont atteint l'équilibre climacique. C'est pourquoi il semble approprié le parler ici du potentiel d'accroissement annuel des forêts tropicales humides qui est encore très mal connu. D'après des considérations générales pour les différents types de forêt, le potentiel d'accroissement peut être estimé à 1-2 m3/ha par an pour l'Afrique, à 1-3 m3/ha par an pour l'Amérique latine et à 2-4 m3/ha par an pour l'Asie.

Régions

Superficie

Potentiel d'accroissement annuel

Potentiel d'accroissement exploité comme bois rond en 1973

millions d'ha

millions de m3

%

Afrique

175

175 - 350

9 - 17,9

Amérique latine

506

506 - 1 518

1,7 - 5,0

Asie

254

508 - 1 016

9 - 18,1

Total FTH

935

1 189 - 2 884

5,2 - 12,5

Deux remarques s'imposent ici. Premièrement, la relation entre le potentiel d'accroissement annuel et l'exploitation annuelle est très semblable pour l'Afrique et l'Asie tandis que les chiffres pour l'Amérique latine sont plus bas et révèlent un potentiel sous-exploité. Deuxièmement, toutes les opérations illégales et non contrôlées ne sont pas comprises dans les statistiques, de sorte que le volume effectivement enlevé chaque année doit être beaucoup plus important, surtout pour l'Amérique latine.

Nature des conversions antérieures et actuelles dans la zone des forêts tropicales humides et superficie touchée

L'évolution naturelle des écosystèmes tropicaux vers un équilibre stable est de plus en plus perturbée par des activités humaines: récoltes répétées suivies d'incursions illégales des cultivateurs le long des routes et pistes d'exploitation, exploitation complète des surfaces forestières et conversions en plantations artificielles souvent mono-spécifiques, défrichements planifiés des surfaces forestières destinées à une colonisation et à une exploitation agricole temporaire ou permanente. Ces activités mènent très souvent à une destruction complète de vastes peuplements.

Malgré le manque d'informations précises, on peut considérer que les forêts tropicales humides s'épuisent et régressent de plus en plus rapidement.

Les informations quantitatives au niveau mondial sont très rares et il faudrait une surveillance continue de ces forêts à l'échelle régionale et continentale. Il arrive que les résultats d'études limitées à quelques pays où la régression est particulièrement rapide (par exemple, Côte-d'Ivoire), soient utilisés pour faire des extrapolations pessimistes au niveau mondial. Malgré l'importance de ce problème, peu de pays maîtrisent la situation à cet égard et sont en mesure de fournir des chiffres fiables. Une étude pilote de la FAO en vue d'organiser la surveillance continue des forêts tropicales au moyen des techniques modernes de télédétection est un pas dans la bonne direction.

Les pays concernés par ces problèmes forestiers deviennent de plus en plus conscients du caractère critique de la situation, et ils ont déjà donné à des superficies considérables le statut de réserves forestières. Mais les services responsables sont souvent trop faibles pour appliquer efficacement ces décisions politiques. Une étude comparative de ces réserves au niveau mondial serait très fructueuse et utile pour analyser les expériences faites et élaborer des solutions réalistes. Ces réserves sont actuellement la seule garantie qu'une partie des forêts tropicales humides menacées pourra être sauvée.

Comparaison de la zone climacique et de la zone actuelle des forêts tropicales humides

Une telle comparaison peut être utile pour nous donner quelques indications sur la régression générale de ces forêts au cours du temps, mais elle ne permet pas de quantifier le taux annuel de régression et d'extrapoler pour l'avenir.

 

Zone climacique FTH

Zone actuelle FTH

Régression

Régression de la zone climacique

...millions d'ha...

%

Afrique orientale

25

7

18

72,0

Afrique centrale

269

149

120

44,6

Afrique occidentale

68

19

49

72,0

Total

362

175

187

51,7

Amérique du Sud

750

472

271

36,1

Amérique centrale

53

34

20

37,7

Total

803

506

291

36,2

Région Pacifique

48

36

10

20,8

Asie du Sud-Est

302

187

115

38,1

Asie du Sud

85

31

54

63,3

Total

435

254

179

41,1

TOTAL TROIS RÉGIONS

1 600

935

657

41,0

D'après ces chiffres, on peut estimer à 40 pour cent la régression de la superficie totale des forêts tropicales humides. Pour les différents sous-continents, le taux de régression varie entre 72 pour cent pour l'Afrique orientale et l'Afrique occidentale et 25 pour cent pour la région Pacifique. En outre, il est à noter que l'Afrique a déjà perdu plus de 50 pour cent de ses forêts tropicales humides, surtout dans les zones caractérisées par une période de sécheresse plus ou moins prononcée, ce qui a permis à l'homme de défricher ces forêts à l'aide du feu.

Conversion directe des forêts naturelles en plantations monospécifiques après exploitation

Jusqu'à présent, ce procédé a été appliqué assez rarement sur une grande échelle pour les raisons suivantes:

- Les réserves de terres agricoles abandonnées sont suffisantes pour satisfaire les besoins de reboisement avec des essences a croissance rapide.

- Les forêts exploitées une seule fois sont encore assez riches pour avoir un deuxième passage rentable.

- Il existe de grandes superficies forestières encore inexploitées et d'un accès facile.

Mais cette situation favorable risque de changer bientôt. Les forêts accessibles sont de plus en plus surexploitées et ne contiennent que des essences secondaires. Leur régénération naturelle est lente et incertaine. Quelle sera la meilleure utilisation de ces terrains? Dans certaines conditions, un défrichement complet suivi d'un reboisement avec des essences à croissance rapide est une solution intéressante pour tous les pays qui n'ont que des ressources forestières limitées. Un tel projet est à l'étude pour 140 000 hectares de forêts naturelles au Libéria. Dans la région du fleuve Jari (Para au Brésil), la National Bulk Carrier Corporation, New York, exécute depuis huit ans un grand projet de plantations industrielles qui porte maintenant sur 100 000 hectares. Les forêts naturelles ont été défrichées par le feu sans qu'on ait utilisé le bois. On signale qu'un projet semblable sur 25 000 hectares est en cours au Gabon. Dans d'autres pays, des plantations agro-sylvicoles mono-spécifiques sont souvent établies après la coupe à blanc des forêts naturelles.

Défrichement de la forêt naturelle pour l'agriculture et la colonisation permanente

Ces activités nécessitent une planification soignée, et elles devraient se limiter à des endroits où les conditions climatiques et édaphiques sont favorables à une colonisation humaine. En Afrique, on ne connaît pas actuellement de tels projets à grande échelle. Mais il arrive souvent que des zones forestières éloignées ouvertes à l'exploitation par des routes d'accès soient illégalement prises en possession par des colons sans la moindre planification. Citons à titre d'exemple des chiffres relatifs à la Côte-d'Ivoire. De 1956 à 1966, un cinquième d'hectare a été défriché et colonisé pour chaque mètre cube coupé et exporté. La proportion est analogue dans tous les pays ayant une forte densité démographique et un taux d'accroissement de la population élevé. Malheureusement il n'est pas encore possible d'évaluer ces tendances sur le plan mondial au vu des informations disponibles.

En Amérique latine, sous la pression démographique croissante, les gouvernements sont forcés de défricher des superficies forestières toujours plus étendues pour une colonisation permanente. Très souvent, ils le font dans le cadre de projets à long terme qu'ils surveillent eux-mêmes. Le tableau suivant donne les chiffres projetés par quelques pays pour la période 1962-85.

COMMENT SAUVEGARDER LES FORETS TROPICALES HUMIDES la seule garantie est dans les études globales

MISE EN CULTURE DE NOUVELLES TERRES ET INVESTISSEMENTS DANS SEPT PAYS TROPICAUX DE L'AMÉRIQUE DU SUD, 1962-85

Pays

Terres agricoles

Investissements totaux3

Conversion de pâturages1

Conversion de forêts

Total

Forêt converties en pâturages

Total des forêts défrichées

...millions d'hectares...

millions de dollars

Colombie

1,0

1,0

22,0

6,6

7,6

440,0

Equateur

0,3

0,3

0,6

0,9

1,2

92,5

Pérou

0,4

0,4

0,8

0,7

1,1

70,0

Bolivie

0,2

0,1

20,3

4,2

4,3

120,0

Paraguay

0,2

1 0,2

0,4

3,7

3,9

147,5

Brésil

4,7

4,7

9,4

12,4

17,1

2 120,0

Venezuela

0,2

0,2

20,4

3,8

4,0

270,0

Total

7,0

6,9

13,9

32,3

4 39,2

3 260,0

1 Dans l'hypothèse que 50 pour cent des nouvelles superficies destinées aux cultures proviendront des pâturages existants.

2 On prévoit d'augmenter de 1,7 million d'hectares la superficie totale des terres agricoles non irriguées en Colombie; les 300000 hectares ajoutés compensent les superficies agricoles et les pâturages non irrigués mais dont l'irrigation est prévue; les chiffres donnés pour la Bolivie et le Venezuela ont de même été majorés de 300000 hectares.

3 Investissements pour la mise en culture de terres nouvelles sans les coûts d'irrigation, de drainage et des mesures de lutte contre les inondations aux prix de 1962.

4 Taux annuel de défrichement: 1,75 million d'hectares.

SOURCE: Plan indicatif mondial provisoire pour le développement de l'agriculture, Vol. II, FAO, Rome, 1968.

En 1969, d'après les rapports, 10 millions d'hectares de forêts naturelles, soit 2 pour cent de la superficie encore existante en Amérique latine, auraient été défrichés à l'aide de feux non contrôlés pour la colonisation agricole (10e session de la Commission des forêts pour l'Amérique latine, 1969). L'expression «forêt naturelle» n'est pas définie.

Les activités dans le bassin de l'Amazonie, au Brésil, sont mentionnées à part. Hueck (1966) signale qu'une superficie forestière de 3 millions d'hectares a été convertie à l'agriculture dans la région de Belem-Bragança ces dernières années. Une comparaison des réseaux routiers entre 1964 et 1974 donne quelques indications sur les activités planifiées ou en cours; 10 000 à 20 000 kilomètres de routes ont été construits, sont en construction ou sont planifiés pour cette période. En supposant que l'on défriche une bande de forêt de 4 kilomètres (I heure de marche) de chaque côté de la route, une superficie de 0,8 à 1,6 million d'hectares par an, soit de 0,3 à 0,6 pour cent de la superficie forestière-totale, serait défrichée chaque année. C'est à peu près ce qui se passe actuellement en Asie du Sud-Est. A Kalimantan (Indonésie), de vastes superficies forestières sont défrichées et converties en rizières. Il est prévu dans le même pays de transformer 18 millions d'hectares de terres forestières en terres agricoles en une décennie. En Malaisie, on prévoit de convertir à l'agriculture 2 millions d'hectares en 20 ans.

Ces quelques exemples illustrent l'importance relative des superficies dont la conversion est prévue.

Culture itinérante

Il existe de nombreuses estimations vagues selon lesquelles, par exemple, 100 millions d'hectares de forêts tropicales au sud du Sahara auraient été perdus au profit de la culture itinérante (Soils Bulletin, N° 24, FAO, 1974). Mais la meilleure source d'information dans ce domaine est toujours l'étude de la FAO présentée en 1969 à la deuxième session du Comité de la mise en valeur des forêts dans les tropiques. Un questionnaire a été envoyé à 80 pays tropicaux et les réponses de 20 d'entre eux ont été entièrement ou partiellement prises en considération dans l'étude. La situation est apparue très complexe. Le principal résultat qui nous intéresse ici est que 2,1 pour cent des terres forestières sont défrichés chaque année. Les différents types de forêts touchées ne sont pas ventilés. D'après cette estimation, la superficie de terres forestières défrichées dans les pays considérés ici atteint au total environ 24 millions d'hectares par an (Annuaire de la production 1973 [FAO, 1974]. Nous pouvons estimer que 20 à 40 pour cent de ces défrichements portent sur des forêts naturelles encore intactes, ce qui correspond à 5-10 millions d'hectares, soit 0,5-1,1 pour cent des forêts tropicales humides encore existantes.

Conversion des forêts tropicales humides sous les effets de l'exploitation

L'influence directe de l'exploitation varie beaucoup et dépend de l'intensité des extractions. Nous trouvons des forêts légèrement modifiées par un seul passage et d'autres presque complètement détruites par des extractions successives. Nous avons essayé d'estimer la superficie forestière totale dégradée par l'exploitation pendant la période 1964-73 en nous basant sur la production totale de bois rond de feuillus (non compris le bois de chauffage) et la quantité moyenne extraite à l'hectare.

SUPERFICIE TOUCHÉE PAR L'EXPLOITATION 1964-73

Régions

Production de bois rond 1964-73

Production totale bois rond

Bois rond extrait (estimation)

Superficie touchée par l'exploitation

milliers de m3

%

m3/ha

millions d'ha

Afrique orientale

62 132

5,5

10

6

Afrique centrale

140 340

12,4

10

14

Afrique occidentale

99 770

8,8

10

10

Total

302 242

26,8


30

Amérique du Sud

190 869

16,9

10 -30

6-19

Amérique centrale, Antilles

26 076

2,3

10-30

1 - 3

Total

216 945

19,2


7- 22

Région Pacifique

6 632

0,6

30

0,2

Asie du Sud-Est

504 361

44,7

30-80

6-17

Asie du Sud

97 560

8,6

30

1 3

Total

608 553

54,0


9-20

TOTAL TROIS RÉGIONS

1 127 740

100


46-72

Par conséquent, d'après les chiffres officiels de la production, une superficie de 4,6 à 7,2 millions d'hectares par an a été touchée. Toutes les extractions illégales, particulièrement en Amérique latine et en Asie, ne sont pas reflétées dans ces chiffres. Les quantités moyennes extraites sont assez bien connues pour l'Afrique, mais plutôt incertaines pour l'Amérique latine et l'Asie. Dans l'hypothèse que 100 hectares sont complètement défrichés sur 1 000 hectares exploités (chiffre tiré d'un projet FAO aux Philippines), 4,8 à 7,3 millions d'hectares auraient été défrichés entre 1964 et 1973 du seul fait des exploitations.

ACCROISSEMENT DE LA SUPERFICIE TOUCHÉE PAR L'EXPLOITATION

Régions

Production de bois rond en 1964

Superficie touchée par l'exploitation

Production de bois rond en 1973

Superficie touchée par l'exploitation

Accroissement de la superficie touchée en 1964

milliers de m3

millions d'ha

milliers de m3

millions d'ha

%

Afrique orientale

3 314

0,3

4 114

0,4

24

Afrique centrale

12 336

1,2

15 511

1,6

26

Afrique occidentale

8 542

0,9

11 755

1,2

38

Total

24 192

2,4

31 380

3,2

33

Amérique du Sud

15 324

0,5-1,5

22 331

0,7-2,2

46

Amérique centrale, Antilles

2 111

0,1 -0,2

3 120

0,1 -0,3

48

Total

17 435

0,6-1,7

25 451

0,8-2,5

46

Région Pacifique

444

(0,01)

1 227

(0,03)

176

Asie du Sud-Est

33 006

0,4-1,1

80 638

1,0-2,7

144

Asie du Sud

8 425

0,3

9 950

0,3

18

Total

41 875

0,7-1,4

91 815

1,3-3,0

119

TOTAL TROIS RÉGIONS

83 502

3,7-5,5

148 646

5,3-8,7

78

Les défrichements consécutifs à l'infiltration de colons permanents et de cultivateurs itinérants ne peuvent pas être évalués sur le plan mondial. Seuls quelques exemples ont été examinés.

D'après les quantités de bois rond produites en 1964 et en 1973, nous avons essayé d'estimer l'accroissement de la superficie forestière touchée par l'exploitation.

Nous pouvons conclure qu'en 1973 de 0,6 à 1 pour cent seulement des forêts tropicales encore existantes a été touché par les exploitations signalées dans les statistiques officielles (compte non tenu du bois de chauffage). Mais il fauterait ajouter les chiffres correspondant aux exploitations illégales.

Conversions dues à la guerre

On estime que pendant la guerre du Viet-Nam environ 2 millions d'hectares de forêts naturelles ont été détruits complètement par l'utilisation des produits chimiques et par les bombardements.

Pays signalant une régression de leurs forêts tropicales humides

Pour tous les pays énumérés ci-après, nous avons eu des données quantitatives sur les taux de régression. Certaines proviennent de sources officielles, d'autres sont basées sur des estimations privées. Elles sont présentées ici à titre officieux pour donner une idée du taux de régression mondial. Nous espérons qu'elles pourront être complétées par d'autres informations.

Pays

Régression annuelle des forêts tropicales humides

millions d'ha

Bangladesh

0,01

Colombie

0,25

Costa Rica

0,06

Ghana

0,05

Côte-d'Ivoire

0,4

Lao

0,3

Madagascar

0,3

Papouasie Nouvelle-Guinée

0,02

Philippines

0,26

Thaïlande

0,3

Venezuela

0,05 (?)

Viet-Nam du Nord

0,01

Malaisie

0,15

Total

2,16

Dans la majorité des cas, le caractère des défrichements n'est pas spécifié. Les pays cités possèdent encore 163 millions d'hectares de forêts tropicales humides. La régression signalée atteint au minimum 2 millions d'hectares par an, soit 1,2 pour cent des forêts. Si on extrapole ce taux à tous les pays et à toutes les forêts encore existantes, la régression totale semble être au moins équivalente à 11 millions d'hectares par an. Ce taux augmentera sans doute progressivement dans l'avenir si les gouvernements ne prennent pas des mesures pour arrêter cette évolution.

Les données fiables sur la régression des forêts tropicales humides sont encore rares. D'après les informations disponibles, on ne peut que proposer des extrapolations au niveau mondial, ce qui donne:

- Entre 1964 et 1973, une moyenne de 5,0 à 7,5 millions d'hectares par an au moins ont été touchés par les exploitations signalées dans les statistiques officielles.

- En 1964, la superficie touchée par le; exploitations était d'au moins 4,0 à 5,5 millions d'hectares; en 1973, elle atteignait 5,5 à 9,0 millions d'hectares.

- La régression annuelle signalée par 13 pays représente 2,16 millions d'hectares, soit 1,2 pour cent de leurs forêts tropicales humides encore existantes; en extrapolant ce taux à toute la superficie des forêts tropicales humides, on peut estimer à 11 millions d'hectares la régression annuelle.

Utilisation actuelle des terres antérieurement couvertes par des forêts tropicales humides

Après le défrichement définitif des forets naturelles l'utilisation de ces terres varie beaucoup: exploitation agricole permanente ou temporaire (différentes formes de cultures itinérantes) pour une production de subsistance ou de rapport. Pour la plupart des pays considérés ici, seule une partie des terres est située dans la zone climacique des forets tropicales humides. D'après les informations disponibles, il n'est pas possible d'étudier l'utilisation des terres dans ces seules régions. Pour cette raison, nous avons arbitrairement décidé d'examiner l'utilisation actuelle des sols de tous les pays dont plus de 50 pour cent des terres sont situés dans la zone des forets tropicales humides.

Les estimations de l'utilisation des terres pour l'Amérique latine sont tirées d'une étude de la FAO; nous les avons complétées par nos propres estimations de la superficie actuelle des forêts tropicales humides et de leur zone climacique.

Enfin, l'utilisation des sols de quelques pays a été étudiée à titre d'exemple.

Superficie sous culture itinérante

Diverses estimations de la superficie mondiale touchée par la culture itinérante ont été proposées. La plus récente donne le chiffre de 3,6 milliards d'hectares, soit 25 pour cent des terres cultivées nourrissant 250 millions de personnes, ou 7 pour cent de la population mondiale (Soils Bulletin, N° 24, FAO, 1974). Les différentes zones ne sont ventilées ni du point de vue géographique, ni du point de vue des types de végétation. On n'explique pas non plus comment on est arrivé à cette estimation. Pour certains pays, les chiffres sont souvent donnés sous des rubriques telles que «sous culture itinérante», «défriché chaque année pour la culture itinérante» ou «dévasté par la culture itinérante». Mais il est rarement spécifié de quels types de végétation il s'agit, et il n'est pas dit clairement si les chiffres portent sur la superficie totale ou seulement sur celle actuellement consacrée aux cultures itinérantes. C'est pourquoi il n'est pas possible de donner des chiffres fiables sur la superficie de forêts tropicales humides soumises à un système de culture itinérante. D'après l'étude de la FAO déjà mentionnée, il s'agirait d'une superficie moyenne de 17 pour cent des bois et forêts (21 pour cent de forêts primaires, 42 pour cent de forêts secondaires). Partant de ces chiffres, on peut estimer, pour les pays considérés dans notre étude, les chiffres suivants:

CULTURE ITINÉRANTE

Superficie totale bois et forêts

Bois et forêts sous culture itinérante (17% du total)

Forêts primaires sous culture itinérante (21% de 304)

Forêts secondaires sous culture itinérante (42% de 304)

Superficie totale forêts naturelles sous culture itinérante

...millions d'hectares...

1 7871

304

64

128

191

1 Annuaire de la production 1973: Bois et forêts (FAO, 1974).

Ces 191 millions d'hectares représentent 20,5 pour cent de la superficie des forêts tropicales humides encore existantes. Ce chiffre semble trop élevé.

Ces chiffres nous montrent que 2,8 pour cent de la superficie totale sont sous culture permanente. Le type de culture n'est pas spécifié. La superficie indiquée sous la rubrique «autres utilisations» est très importante (22 pour cent). On peut supposer qu'elle comprend une grande proportion de jachères et de brousse où la culture itinérante est pratiquée sous une forme ou sous une autre.

SUPERFICIE APPROXIMATIVE DES DIFFÉRENTES UTILISATIONS DES SOLS DANS LA ZONE CLIMACIQUE DE L'AMÉRIQUE LATINE

Pays

Culture1

Pâturage2

Jachère de brousse3

Forêts tropicales humides actuelles4

Autres utilisations des sols5

Zone climacique FTH6

a6

b6

c6

d6

e6

f6

...millions d'hectares...

Amérique centrale (non Compris le Mexique)

0.38

0.75

-

22,9

22,67

46,7

Bolivie

0,2

4,71

0,7

20,0

9,79

35,4

Brésil

17,22

82,2

-

250,0

114,78

464,2

Colombie

1,55

8,45

-

53,0

8,9

71,9

Equateur

0,87

0,79

-

9,1

6,54

17,3

Paraguay

0,24

0,76

-

8,0

3,20

12,2

Pérou

0,31

0,43

-

65,3

2,56

68,6

Venezuela

0,5

13,23

0,36

28,1

0,11

42,3

Total

21,27

111,32

1,06

456,4

168,55

758,6

Pourcentage

2,8

14,7

0,1

60,2

22,2

100

1 On ne dispose pas de données sur les superficies récoltées deux fois par an ou les superficies sous-ensemencées. On suppose que les chiffres se rapportent à la superficie des terres à cultures plutôt qu'à la superficie effectivement cultivée. - 2 On ne fait pas de distinction entre les pâturages naturels et les pâturages améliorés et on n'indique pas si des savanes non exploitées sont aussi comprises. - 3 La définition de la jachère de brousse est si vague que celle-ci n'est généralement pas indiquée dans les recensements nationaux. - 4 Chiffres tirés de notre étude. - 6 Chiffres tirés de notre étude. - 5 Chiffres calculés de la manière suivante: f - (a + b + c + d) = e.

Les chiffres figurant sous 1, 2, 3 sont tirés du rapport Public Policy for New Land Development in the Humid Tropics of Latin America, par M. Nelson, 1970.

Utilisation actuelle des sols dans les pays ayant au moins 50 pour cent de leurs terres dans la zone des forêts tropicales humides

Les pays suivants ont été pris en considération:

Afrique: Cameroun, République populaire du Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Côte-d'Ivoire, Libéria, Sierra Leone, Zaïre.

Amérique latine: Brésil, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, El Salvador, Guyane française, Haïti, Jamaïque, Nicaragua, Panama, Pérou, Surinam, Trinité-et-Tobago.

Asie et Région du Pacifique: Iles Salomon, Brunei, Birmanie, Fidji, Indonésie, Cambodge, Malaisie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Philippines, Thaïlande, Sri Lanka.

D'après l'Annuaire de la production 1973 (FAO, 1974), la ventilation est la suivante pour les pays énumérés:

Régions

Superficie des terres

Terres arables, cultures permanentes

Superficie des terres

Prairies, pâturages

Superficie des terres

Bois et forêts

Superficie des terres

Autres terres1

Superficie des terres

...millions d'ha...

%

millions d'ha

%

millions d'ha

%

millions d'ha

%

Afrique

396,3

28,3

7,1

63,1

15,9

184,4

46,6

120,5

30,4

Amérique latine

1 210,5

54,1

4,5

162,8

13,5

726,9

59,9

266,7

22,1

Asie.

446,6

69,4

15,5

13,9

3,11

280,7

62,9

82,6

18,5

Total

2 053,4

151,8

7,4

239,8

11,7

1 192,0

58,0

469,8

22,9

1 Sous la rubrique Autres terres il faut comprendre les terres non utilisées mais potentiellement productives, les terrains bâtis, les terres inutilisables, les parcs ou jardins d'ornement, les routes ou chemins les terres improductives, les superficies recouvertes d'eau et tous autres terrains n'entrant pas spécifiquement dans les catégories des terres arables, des cultures permanentes, des prairies et pâturages permanents et des terrains boisés.

Une superficie de 1 276 millions d'hectares, soit 62 pour cent de la superficie des terres de ces pays, se trouve dans la zone climacique des forêts tropicales humides. Ce chiffe est égal à 80,1 pour cent de la zone climacique totale de 1 592 millions d'hectares estimée dans notre étude. Il est à noter que seulement 7,4 pour cent des superficies sont signalés comme étant constitués de terres arables ou sous culture permanente. La distinction entre les autres catégories n'est pas toujours claire. Des superficies consacrées à la culture itinérante sont probablement comprise) dans toutes les catégories, selon la classification et les définitions appliquées par les différents pays.

Utilisation actuelle des terres dans certains pays d'Amérique latine et d'Asie

La source d'information la plus sûre dans ce domaine est pour le moment l'Atlas mondial de l'agriculture. Nous ne citons que les chiffres relatifs à quelques pays d'Amérique latine et d'Asie, car le chapitre sur l'Afrique n'est malheureusement pas encore publié.

COLOMBIE

Superficie des terres: 113,8 millions d'hectares; 71,9 millions d'hectares, soit 63,2 pour cent, se trouvent dans la zone climacique des forêts tropicales humides; la superficie actuelle des forêts tropicales humides représente 53 millions d'hectares.

UTILISATION DES TERRES, 1960

Types d'utilisation

Superficie des terres

millions d'ha

%

Terres arables, arbres fruitiers, vignes, vergers

3,7

3,2

Prairies, pâturages permanents

9,7

8,5

Bois et forêts

57,3

50,5

Terres à pâture

30,3

26,6

Terres non agricoles

12,8

11,2

Total

113,8

100,0

EQUATEUR

Superficie des terres: 28,4 millions d'hectares; 17,3 millions d'hectares, soit 16,9 pour cent, se trouvent dans la zone climacique des forêts tropicales humides; la superficie des forets tropicales humides encore existantes est de 9,0 millions d'hectares.

UTILISATION DES TERRES, 1964

Types d'utilisation

Superficie des terres

millions d'ha

%

Terres arables

1,8

6,3

Arbres fruitiers, vignes, brousse, vergers

0,3

1,0

Terres à pâture

2,2

7,7

Bois et forêts

14,8

52,0

Terres non agricoles

9,4

33,0

Total

28,5

100,0

CULTURES DE RAPPORT, 1964

Cultures

Superficie

millions d'ha

Maïs

0,299

Orge

0,164

Blé

0,070

Riz

0,109

Pommes de terre

0,039

Coton

0,230

Canne à sucre

0,093

Cacao

0,163

Café

0,164

Bananes

0,169

Total

1,5 soit 83,3 pour cent des terres arables

PAPOUASIE NOUVELLE-GUINÉE

Superficie des terres: 46,18 millions d'hectares, 37,8 millions, soit 81,8 pour cent, se trouvent dans la zone climacique des forêts tropicales humides; la superficie des forêts tropicales humides encore existantes est de 33,7 millions d'hectares.

UTILISATION DES TERRES, 1964

Types d'utilisation

Superficie des terres

millions d'ha

%

Terres arables

0,24

0,5

Café

0,013

0,03

Hévéa

0,014

0,03

Arbres fruitiers, vignes, vergers

0,205

0,44

Bois et forêts

32,319

70,0

Terres à pâture et terres non agricoles

13,389

29,0

Total

46,18

100,0

LES FORÊTS DANS LE MONDE - principales aires de végétation

SRI LANKA

Superficie des terres: 6,5 millions d'hectares; 4,7 millions d'hectares, soit 72,3 pour cent, se trouvent dans la zone climacique des forêts tropicales humides; la superficie des forêts tropicales humides encore existantes est de 0,2 million d'hectares.

UTILISATION DES TERRES, 1956

Types d'utilisation

Superficie des terres

millions d'ha

%

Terres arables

0,55

8,5

Plantations

0,77

11,9

Cultures horticoles

0,57

8,8

Cultures itinérantes

0,98

15,1

Pâturages permanents et prairies

0,42

6.4

Bois et forêts

2,87

44,2

Terres non agricoles

0,33

5,1

Total

6,5

100,0

CULTURES PRINCIPALES

Cultures

Superficie

millions d'ha

Thé

0,231

Hévéa

0,230

Cocotier

0,466

Riz

0,459

Total

1,386 soit 21,3 pour cent de la superficie totale des terres

THAÏLANDE

Superficie des terres: 5 1,4 millions d'hectares 50,4 millions d'hectares, soit 98 pour cent, se trouvent dans la zone climacique des forêts tropicales humides; la superficie des forêts encore existantes est de 17,8 millions d'hectares.

UTILISATION DES TERRES, 1950 ET 1963

Types d'utilisation

Superficie 1950

Superficie 1963

millions d'ha

%

millions d'ha

%

Terres arables

0,8

1,6

1,6

3,2

Riz

6,0

11,6

6,6

12,8

Arbres fruitiers et vergers

0,9

1,7

1,7

3,3

Bois et forêts, terres à pâture

30,9

60,2

27,1

52,8

Terres non agricoles..

12,8

24,9

14,4

27,9

Total

51,4

100,0

51,4

100,0

Ces exemples montrent qu'entre 0,5 pour cent (Papouasie Nouvelle-Guinée) et 16 pour cent (Thaïlande, riz compris) des superficies des terres sont classées comme terres arables. Les bois et forêts couvrent encore entre 44 pour cent (Sri Lanka) et 70 pour cent (Papouasie Nouvelle-Guinée). La proportion des terres non agricoles varie entre 5,1 pour cent (Sri Lanka) et 33 pour cent (Equateur). Cette répartition de l'utilisation des terres nous amène à conclure que de grandes superficies antérieurement couvertes de forêts tropicales humides et défrichées, puis cultivées de quelque façon ont été de nouveau abandonnées, mais représentent un potentiel de terres agricoles susceptibles d'une meilleure utilisation.

Sur la base des informations disponibles au siège de la FAO, il n'est pas encore possible de faire une évaluation exacte des superficies climaciques et actuelles des forêts tropicales humides.

Avant de conclure, rappelons que la précision n'est pas le point fort de notre étude, car il existe peu de données fiables. Toutefois, pour récapituler, on peut dire que:

- La zone où la forêt tropicale humide est la végétation de climax climatique couvre environ 1 600 millions d'hectares.

- Les forêts tropicales humides (sempervirentes, semidécidues, humides décidues) encore existantes couvrent environ 935 millions d'hectares, soit près de 58,5 pour cent de la zone climacique ou 54,5 pour cent de la superficie indiquée comme bois et forêts dans les statistiques officielles.

Le volume total sur pied (forêts exploitables et non exploitables, toutes essences, tous arbres ayant un diamètre à 1,3 mètre d'au moins 10 centimètres) est sans doute compris entre 122 500 et 167 400 millions de mètres cubes.

- La partie exploitable du volume total sur pied (forêts exploitables et non exploitables, toutes essences, tous arbres, avec un diamètre à 1,3 mètre dépassant 50 centimètres) est estimée approximativement à 79 500 millions de mètres cubes.

- Un potentiel d'accroissement annuel de 1 200 à 2900 millions de mètres cubes peut être admis.

- La production de bois rond (bois de chauffage non compris) présentée dans les statistiques officielles pour 1973 a été estimée à approximativement 150 millions de mètres cubes, soit 5,2 à 12,5 pour cent du potentiel d'accroissement annuel.

- La superficie des forêts touchées par l'exploitation en 1973 serait, selon les estimations, de 5,5 à 9 millions d'hectares.

- Le taux de régression rapporté de 13 pays, possédant 163 millions d'hectares, soit 18 pour cent de toutes les forets tropicales humides encore existantes, est supérieur à 2 millions d'hectares, soit 1,2 pour cent par an, extrapolée à tous les pays considérés dans cette étude, la régression annuelle globale peut être estimée à environ 11 millions d'hectares au minimum.

Ajoutons qu'à l'échelon local ou régional la superficie forestière aliénée dans la zone des forêts tropicales humides est considérable, ce qui provoque de profonds bouleversements écologiques. Mais par rapport à la surface totale des forêts tropicales humides encore sur pied, l'empiètement des activités humaines semble limité. En conséquence, il est encore possible, compte tenu de tous les efforts actuels, de conserver dé vastes forêts tropicales humides pratiquement intactes ou du moins bien aménagées. Pour cela, il faut formuler et mettre en œuvre une politique claire de mise en valeur. Quant aux zones déjà défrichées, seule une faible partie d'entre elles semble consacrée à une agriculture permanente d'un type ou d'un autre, alors que de grandes superficies sont probablement sujettes à certains types d'agriculture itinérante et pourraient être plus productives si elles étaient exploitées autrement et de façon plus intensive.

En conclusion, il est évident que l'on a besoin de données statistiques appropriées pour formuler des propositions rationnelles en vue de la planification et de la mise en valeur.

La FAO a entrepris depuis quelques années une série d'évaluations régionales des ressources forestières. Ce travail se poursuit encore et devrait être élargi de façon à aider les pays intéressés à compléter leur documentation. L'étude pilote de surveillance du couvert forestier tropical qui vient d'être approuvée et qui couvrira le Bénin, le Cameroun le Nigeria et le Togo est un pas très important dans ce sens; elle devra bénéficier de l'appui de tous les pays intéressés et être par la suite étendue à l'ensemble du monde.

Entre-temps, il serait utile de rassembler, d'examiner et d'analyser la masse de renseignements sur les ressources forestières des tropiques humides qui sont disponible!, à la FAO, mais qu'il est difficile de rassembler au même endroit.

Il faudrait centraliser et améliorer leur classement de façon à les rendre accessibles aux chercheurs. et les mettre constamment à jour au moyen des données récentes fournies par les pays eux-mêmes ou par des projets bilatéraux et multilatéraux. Ce travail systématique pourrait aboutir en définitive à mettre en place une banque de données sur ordinateur couvrant les ressources forestières mondiales. Un travail complémentaire consisterait à préparer une évaluation systématique et harmonisée de l'état actuel des forêts, qui serait mise à jour régulièrement. Tous ces travaux devraient viser à créer un fonds commun de documentation fiable, indispensable à la formulation et à la planification d'une politique rationnelle de recherche et de mise en valeur. Mais il ne faut pas oublier qu'une banque de données ne vaut que ce que valent les renseignements qui lui sont communiqués: or, c'est aux pays eux-mêmes qu'il appartient de fournir ces renseignements.

ZONE CLIMACIQUE DES FORÊTS TROPICALES HUMIDES FTH

Régions

Superficie totale des terres

Foret de pluie sempervirente

Forêt semi-décidue

Forêt humide décidue ou mosaïque forêt-savane1

Superficie climatique totale FTH

Superficie totale des terres

Superficie climacique mondiale FTH

...millions d'hectares...

...%...

Afrique orientale

236

13


12

25

10,6

1,6

Afrique centrale

408

197


72

269

65,9

16,9

Afrique occidentale

356

50


18

68

19,1

4,3

Total

1 000

2260


102

362

34,1

22,8

Amérique du Sud

1 401

600


150

750

53,5

46,9

Amérique centrale

166

27

26


53

31,9

3,3

Total

1 567

627

26

150

803

51,2

50,2

Région Pacifique

374

48



48

12,8

2,0

Asie du Sud-Est

448

237

15

50

302

67,4

18,9

Asie du Sud

348

12

15

58

85

24,4

5,3

Total

1 170

297

30

108

435

37,2

27,2

TOTAL FTH

3 737

1 182

56

360

1 600

42,8

100,0

TABLEAU RÉCAPITULATIF - SUPERFICIE TOTALE DES TERRES, SUPERFICIE DE LA ZONE CLIMACIQUE FTH, SUPERFICIE ACTUELLE DES BOIS ET FORÊTS ET DES FORÊTS TROPICALES HUMIDES

TABLEAU RÉCAPITULATIF - VOLUME TOTAL SUR PIED, POTENTIEL DE CROISSANCE, PRODUCTION DE BOIS ROND POUR 1964 ET 1973 ET SUPERFICIES TOUCHÉES PAR L'EXPLOITATION


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