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FICHES DE RENSEIGNEMENTS SUR LES ESSENCES DONT LE PATRIMOINE GENETIQUE S'APPAUVRIT

Comme indiqué dans le numéro 3 de ce bulletin, le Groupe de travail IUFRO S2.02.2 sur la conservation des ressources génétiques établit actuellement des fiches de renseignements sur les essences forestières dont le patrimoine génétique s'appauvrit. Il s'agit, jusqu'ici, des essences suivantes:

Abies numidica
Alnus jorullensis
Cupressus atlantica
Cupressus dupreziana
Eucalyptus deglupta
Eucalyptus globulus
Gossweilodendron balsamiferum
Irvingia gabonensis
Juniperus bermudiana
Nesogordonia papavifera
Pericopsis elata
Pinus armandii var. amamiana
Pinus koraiensis
Pinus pentaphylla
Pinus radiata
Tecleopsis glandulosa
Ulmus wallichiana

Les données sur Eucalyptus globulus ont paru dans le bulletin IRGF no 3; on trouvera ci-après les renseignements concernant Cupressus dupreziana, Pericopsis elata, Pinus armandii var. amamiana et Ulmus wallichiana. D'autres fiches seront publiées dans les prochains numéros selon l'espace disponible.

Le Professeur L. Roche, Président du Groupe de travail, invite ceux de ses collaborateurs qui auraient connaissance d'essences dans la même situation, à lui faire parvenir des fiches similaires à l'adresse suivante: Department of Forestry and Wood Science, University College of North Wales, Bangor, Gwynedd LL 57, 2UW, Royaume-Uni.

CUPRESSUS DUPREZIANA

par P.J. Stewart

Nom vernaculaire: Tarout (Touareg)

Famille: Cupressaceae

Autres appellations

Cupressus dupreziana, A. Camus 1926 dans Bull. Mus. Hist. Nat., Paris, 32 (1) p. 101.

C. lereddei, Caussen 1950 dans Monde des plantes, Paris, 270/71, p. 55.

Description

Arbre de taille moyenne, pouvant dépasser 20 m de haut (l'arbre le plus haut mesuré -20 m - avait perdu sa cime) et atteindre 3 m de diamètre. Tous les arbres adultes recensés sont trop mutilés pour qu'on puisse en voir la forme naturelle. Les jeunes, qui ont poussé dans un environnement protégé, présentent tout d'abord une forme buissonneuse, mais articulée sur un axe central vertical. Ecorce brun rougeâtre, portant de profondes fissures longitudinales; pas de décortication.

Plantule issue de semis: porte deux cotylédons et des feuilles aciculaires; jeunes feuilles pruinées, pointues, mesurant de 2 à 3 mm de longueur.

Ramification: Les branches, qui forment avec le tronc un angle obtus, se recourbent vers le haut. La ramification des premières et secondes pousses tend à se faire sur deux plans et les premières sont considérablement aplaties.

Feuillage adulte: Les feuilles sont des écailles cypressoïdes, opposées, décussées, imbriquées, légèrement aplaties, acuminées; glande résinifère de 1 à 1,5 mm, allongée, invisible sauf à la base des vieilles feuilles. Couleur vert terne, légèrement pruinée, particulièrement sur l'arbre jeune; feuillage très dense.

Inflorescence: monoïque; strobiles mâles terminaux, jaunes, allongés, c. 6 × 3 mm; strobiles femelles terminaux pourpres, ovoïdes, c. 2,5 mm se transformant en cône allongé c. 18–24 × 16–20 mm, gris-brun, mat, portant parfois 10 écailles avec un mucron très petit, arrondi. Graines brun rougeâtre, ovales, aplaties de 4 × 5 mm à 5 × 6 mm avec des ailes larges et fines. Caractère spécifique: grain de pollen d'un diamètre de 38 microns.

Habitat et écologie

Son habitat est limité à une zone de quelque 200 km2, sur le plateau d'Edehi (ou de Tamrit) du Tassili des Ajjer, au centre du Sahara, à environ 9° de longitude Est et 25° de latitude Nord dans l'est de l'Algérie. On a recensé 153 spécimens vivants et beaucoup plus de morts. L'altitude varie entre 1 000 et 1 800 m; les paramètres climatiques n'ont pas été mesurés: on estime les températures minimales et maximales moyennes de l'été à 20° C et 30° C, celles de l'hiver respectivement à 1° C et 13° C. Des gelées avec une température de - 7° C sont fréquentes. La moyenne des précipitations annuelles - très irrégulières - est probablement de 30 mm. Les arbres poussent dans le fond des wadis sur des sables et des graviers alluviaux. On n'a enregistré que deux cas de semis naturels, et les arbres les plus jeunes ont au moins un siècle (seuls 5 arbres ont un diamètre de 50 cm ou moins, le plus petit mesurant 13 cm). Du pollen fossile prouve que l'espèce était encore très répandue récemment au Sahara. Les arbres ont une longévité extrême, les plus vieux ayant probablement au moins 2 000 ans.

Situation actuelle

En danger imminent d'extinction totale dans son aire de répartition naturelle. Les nomades s'abritent souvent sous les arbres et leurs troupeaux détruisent toute nouvelle pousse. Les branches vivantes sont encore exploitées à l'occasion comme bois de feu, mais la rareté des arbres et leur éloignement ont mis fin à l'abattage systématique. Selon le premier rapport d'un Européen, il existait encore en 1863 de nombreux arbres vivants qui constituaient encore une source locale importante de bois d'oeuvre.

Valeur potentielle

C'est l'une des essences qui résistent le mieux à la sécheresse tout en tolérant très bien les gelées. Son bois, de densité moyenne, stable et balsamique, se prête aux utilisations les plus exigeantes. En peuplement artificiel, les fûts sont droits et les branches fines. La croissance est, semble-t-il, un peu plus lente que celle de Cupressus sempervirens dans les mêmes conditions. On pourrait utiliser cette essence pour établir des plantations dans les régions arides.

Les vieux arbres, ainsi que les souches et les troncs morts présentent un grand intérêt pour la dendrochronologie, grâce à la longévité de l'arbre et à la durabilité de son bois.

Cette espèce est très voisine des deux autres cyprès qui poussent naturellement en Afrique, C. sempervirens et C. atlantica. L'hybridation entre elles serait probablement aisée, l'exemple de Cupressocyparis leylandii montrant que l'on peut obtenir de bons résultats en croisant des espèces beaucoup moins apparentées. Il est de première importance de sauver le plus possible de matériel génétique de C. dupreziana.

Mesures de protection déjà prises et mesures recommandées

Au cours de différentes prospections, on a procédé à des collectes aléatoires de cônes et cultivé des plantules dans de nombreux jardins botaniques en France et en Algérie. La collecte la plus importante a été faite par le Service algérien des forêts, en 1969, qui est parvenu à faire germer plusieurs centaines d'arbres. En Tunisie, le Centre de recherches forestières d'Ariana possède une bonne collection de jeunes arbres.

On ne peut guère compter protéger les peuplements naturels survivants, éparpillés comme ils le sont sur 200 km2 à la densité de moins de 1 arbre par km2. Par contre il serait plus facile de prélever des boutures sur chaque spécimen et d'en faire pousser une série complète en différents endroits de façon à sauver toutes les ressources génétiques survivantes, et de faire une réplique de cette série pour s'assurer contre tout accident.

Mais sauver le réservoir génétique ne suffit pas. Il faut utiliser au maximum les spécimens du Sahara, tant vivants que morts, et pour cela organiser au plus tôt une collecte de matériel qui pourra fournir des données dendrochronologiques: le danger est en effet que la population locale utilise presque tout le bois mort avant qu'on ait pu en faire un examen scientifique.

Culture

La graine de ce cyprès a la réputation de germer difficilement. C'est peut-être le cas des graines provenant des arbres les plus âgés mais ce n'est pas une règle générale. On peut les semer de façon habituelle, en prenant toutefois bien soin de les protéger contre les maladies fongiques.

On peut, comme pour les autres conifères, faire pousser les boutures sous nébulisation. Enfin, la greffe - par écusson, en couronne ou en arc-boutant - a réussi sur C. sempervirens. Si la dernière méthode, la meilleure peut-être, est utilisée, le greffon doit tremper dans l'eau.

Bibliographie

Barry, J.P. et al. 1970 Essai de Monographie de Cupressus dupreziana, A. Camus. Bull. Soc. Hist. Nat. d'Afrique du Nord, Alger. Vol. 61, pp. 95–178.

Camus, A. 1926 Le Cupressus dupreziana A. Camus, Cyprès Nouveau du Tassili, Bull. Soc. Dendrol. Franç. 58 pp. 39–44.

Franclet, A. 1967 Une Méthode de Greffage du Cupressus dupreziana sur C. sempervirens. Rev. Forest. Franç. pp. 338–42.

Hethener, R. 1967 Activité Microbiologique des Sols à Cupressus dupreziana au Tassili. Bull. Soc. Hist. Nat. Afrique du Nord. Vol. 58 pp. 39–100.

Leredde, C. 1957 Etude Ecologique et Phytosociologique du Tassili. Institut de Recherches Sahariennes, Alger.

Simoneau, P. et Debazac, E.F. 1961 Le Cyprès des Ajjer, Rev. Forest. Franç. pp. 90–97

Stewart, P.J. 1970 Cupressus dupreziana, Threatened Conifer of the Sahara. Biological Conservation, Vol. 2.

PERI COPSIS ELATA Thw.

par S.P.K. Britwum

Nom vernaculaire: Kokrodua

Famille: Papilionaceae

Autre appellation: Afrormosia elata Harns

Description

Grand arbre dominant dans la forêt humide semi-caducifoliée; il peut atteindre 50 m de haut et 5 m de circonférence à hauteur de poitrine. La couronne a la forme d'un éventail, le fût est droit et cannelé à la base et non pourvu de contreforts. L'écorce est de couleur claire et se desquame en écailles fines irrégulières en laissant des taches ternes qui donnent au tronc une apparence caractéristique.

Les fleurs, disposées en panicules terminaux courts sur un rachis velu et élancé, sont blanches et mesurent généralement 15 mm de long sur 13–14 mm de large. Le calice, pubescent à l'extérieur, est finement dentelé; les étamines, libres, sont au nombre de 10; le pistil comprend un ovaire à pédoncule très court ou rudimentaire. Le fruit est une gousse d'environ 9–17 cm de long sur 2 – 5 cm de large, plate, fine et de couleur brun clair, contenant en général de 1 à 3 graines. La graine est brun rougeâtre, presque rectangulaire et large d'environ 15 mm.

La floraison a lieu d'avril à mai. Les gousses apparaissent en mai mais elles ne mûrissent que d'octobre à janvier.

Illustrations: voir C.J. Taylor, Synecology and Silviculture in Ghana 1960, Plate 83.

Habitat et écologie

Cette essence pousse dans des zones limitées, situées à l'intérieur de l'habitat de l'association Antiaris Chlorophora dans la forêt humide semi-caducifoliée. Elle est parfois semi-grégaire, mais généralement éparpillée. Pericopsis elata est un arbre dominant dans son habitat. Les précipitations annuelles vont de 750 à 1 500 mm avec deux saisons très marquées en mai-juin et en septembre–octobre. La température moyenne annuelle va de 25 à 26°C.

Situation actuelle

L'espèce n'est pas en danger d'extinction bien que son aire de répartition se soit réduite et qu'elle soit probablement appauvrie génétiquement.

Répartition

On la trouve dans de nombreux pays de l'Afrique occidentale (Côte-d'Ivoire, Ghana, Nigeria, République du Cameroun) et au Zaïre. En Côte-d'Ivoire, on la rencontre sur la frontière orientale au-delà de laquelle son aire de répartition s'étend jusqu'au Ghana dans la région centre-ouest entre 6°45' et 7°30' de latitude Nord et 3° et 1°30 de longitude ouest.

Causes du déclin de l'essence

Le déclin des peuplements est dû à l'exploitation forestière et à la faible régénération naturelle de l'espèce. Le prix de son bois est l'un des plus élevés parmi les feuillus tropicaux sur le marché mondial du bois d'oeuvre, ce qui conduit à des abattages excessifs pour alimenter l'exportation de grumes et de sciages.

En outre, cette essence ne fait pas l'objet de plantations importantes et sa régénération est faible. Au Ghana, selon Quist-Arcton (rapport non publié) les plantules et les jeunes arbres font défaut dans les forêts et la régénération naturelle est négligeable ou nulle. Ces observations concordent avec celles d'Ambreville (1938) en Côte-d'Ivoire qui déclarait “nous avons cherché longtemps un arbre de cette espèce assez petit pour pouvoir le couper facilement comme spécimen mais nous avons dû abattre un gros arbre”. Taylor, en 1960, note également: “la quantité de graines produites chaque année devrait normalement permettre une assez bonne régénération; or les plantules annuelles sont extrêmement rares et c'est un fait que cette espèce est actuellement dans une période de faible régénération”. Dans la forêt naturelle, la plupart des arbres appartiennent à la catégorie à grosse circonférence; seuls quelques arbres sont très jeunes (moins de 10 cm de diamètre) et jeunes (entre 10 et 30 cm de diamètre). Le tableau 6 indique la répartition des arbres par classe de circonférence dans la forêt naturelle.

Biologie et valeur potentielle

Cette essence est très demandée sur le marché mondial du bois depuis 1948. Son bois remplace aisément le teck (Tectona grandis) pour la construction des ponts et des bastingages de bateaux. On l'utilise également pour l'ébénisterie, la fabrication de panneaux pour meubles et la menuiserie. Il est exporté d'Afrique occidentale sous forme de grumes ou de sciages. Il tient une place importante sur le marché du bois d'oeuvre et coûte plus cher que le fameux acajou africain.

Mesures de protection déjà prises - Mesures recommandées

Dans les réserves forestières du Ghana, l'exploitation se fait sur la base du “Modified Selection System” et l'on n'exploite que les arbres de 2,70 m. et au-dessus, sans toucher à ceux dont la circonférence est inférieure.

Il est recommandé de conserver in situ sans l'exploiter une zone d'environ 2,5 km2 d'une réserve forestière contenant cette essence, et de créer des plantations afin d'accroître les ressources génétiques.

Culture

On peut aisément multiplier cet arbre à partir de semences. La germination a lieu en 8 à 10 jours. On peut également le reproduire en enracinant des boutures de la tige. L'accroissement moyen annuel de la circonférence dans une plantation de 8 ans est d'environ 3 cm.

Bibliographie

Aubreville 1938 La forêt coloniale: les forêts de l'Afrique Occidentale Française. Ann. Accid. Sci. Colon. Paris.

Hutchinson, J. et Dalziel, J.M. 1958 Flora of West Tropical Africa. Crown Agents, Londres.

Keay, R.W.J., Onochie, C.F.A. 1964 et Stanfield, D.P. Nigerian Trees. Dept. For. Res. Ibadan.

Taylor, C.J. 1960 Synecology and Silviculture in Ghana. Edinburgh, Nelson.

Twum Ampofo, J. 1969 Autecological Studies on Afrormosia elata. (Thèse non publiée)

Quist Arcton (Non publié) Some observations on Afrormosia elata.

TABLEAU 6: REPARTITION DES ARBRES DE PERICOPSIS ELATA DANS LA FORET NATURELLE AU GHANA

Réserves forestièresSuperficie recensée (Acres)Classes de circonférence en pieds
Moins de 11 – 33 – 55 – 77 – 99 – 1111 – 1313 – 15
Bonkoni693.1  -1712 8232139
Bia Shelterbelt610.0  8508825138  73107 
Asukese682.9  18 140  23 17 216358117 
Amama Shelterbelt630.0  3294220304630
Goa Shelterbelt754.9744032 6282717
Pamu Berekum640.2111 6823 79 101  343119

PINUS ARMANDII Franchet var. AMAMIANA Hatusima

par H. Takehara

Nom japonais: Yakutane-goyo, Amami-goyo

Autre appellation: Pinus Amamiana Koidzumi

Description

Cet arbre atteint 25 m de haut et 1 m de diamètre. L'écorce des jeunes arbres est grisâtre, lisse; celle des arbres plus âgés, écailleuse; les rameaux de couleur brune, glabres; les bourgeons de forme oblongue-ovoïde, avec des écailles brunes; les feuilles au nombre de 5 dans le fourreau basal, mesurent de 5 à 8 cm de long; 3 canaux résinifères, cônes sur pédoncule court, de forme oblongue-ovoïde, mesurant de 5 à 8 cm de long; graines mesurant environ 12 mm de long, dépourvues d'ailes.

Illustration: Yato, Kenichi: Illustrated dendrology, I. conifers 122, 123 (1964).

Habitat et écologie

Cet arbre pousse en peuplements mixtes avec des arbres latifoliés à feuilles persistantes (Macnilus thunbergii, Castanopsis cuspidata, et les Quercus spp. à feuilles persistantes) ou caducifoliés (Alnus firma, Kalopanax pictum, Cornus kousa etc). Il est éparpillé dans la forêt, ne forme pas de peuplements purs et pousse presque exclusivement sur les crêtes collinaires ou les sites rocheux.

Situation: menacé d'extinction.

Répartition actuelle

L'aire naturelle de répartition de cet arbre est limitée à Yaku-shima et à Tanega-shima, deux petites îles situées à la pointe méridionale de Kyushu. Le pin Pinus Armandii typique pousse en Chine continentale et dans la province de Taïwan.

Causes de son déclin

La diminution des peuplements est due surtout à l'abattage, mais l'exploitation inconsidérée en est maintenant interdite car ces deux îles font partie d'un parc national.

Biologie et valeur potentielle

Cette essence produit un bois de bonne qualité, mais en raison de son effectif réduit, il n'a pas une grande valeur commerciale. Par contre cette espèce présente un grand intérêt pour l'amélioration des arbres forestiers du groupe du pin blanc et sur le plan phytogéographique et taxonomique.

Mesures de protection déjà prises; mesures recommandées

A Yaku-shima, l'habitat de cet arbre se trouve dans la zone du parc national réservée à la préservation des espèces, mais son effectif total étant très limité il faudra adopter des mesures de protection plus strictes. L'espèce devrait être classée monument naturel et placée sous la protection de la loi. Il en existe plusieurs spécimens dans des arboretums comme celui d'Asakawa de la Station forestière expérimentale nationale, ou dans des jardins comme le parc de Kagoshima créé à la mémoire de Shimazu.

Culture: La multiplication à partir de semences ne présente pas de difficultés et la culture en pépinière est analogue à celle des autres pins blancs.

Bibliographie

Iwata, Toshiharu et Masao Kusaka. 1952 Coniferae Japonicae illustratae, 150.

Hayashi, Yasaka 1960 Taxonomical and phytogeographical study of Japanese conifers, 38, 147.

Yato, Kenichi 1964 Illustrated dendrology 1. conifers, 122.

ULMUS WALLICHIANA Planch

par H.M. Heybroek

Noms vernaculaires: brare, himri, imroi, mair, marai.

Famille: Ulmaceae

Description

Arbre caducifolié pouvant atteindre 30 m de haut et plus de 1,25 m de diamètre, portant des feuilles à base inégale, de forme elliptique-acuminée, mesurant de 6 à 15 cm de long (ou plus pour les rejets), à bords doublement dentelés. Inflorescence sur des rameaux sans feuille au printemps, avec un axe allongé de 7 à 12 mm et de 15 à 30 fleurs; le périante compte de 5 à 6 lobes et les étamines sont au nombre de 5 à 6. Le fruit est une samare, de 10 à 13 mm de diamètre, avec une graine centrale. La samare et l'axe de l'inflorescence sont glabres chez les espèces xanthoderma Melv et Heyb., légèrement velus sur la graine seulement chez wallichiana spp, très fortement ciliés partout chez les variétés tomentosa Melv. et Heyb.

Illustrations: Voir Melville et Heybroek (1971).

Habitat et écologie

Fait partie de la forêt tempérée hétérogène à chênes et conifères, de la forêt tempérée de conifères et des zones de forêts à Cedrus deodara dans l'Himalaya occidental (Schwelnfurt 1957). On le trouve dans les endroits humides, principalement en peuplements mixtes avec beaucoup d'autres espèces caducifoliées le long des torrents, parfois dans la forêt d'Abies.

Situation: Menacé d'extinction.

Répartition actuelle

Son aire de répartition naturelle s'étend du nord-est de l'Afghanistan jusqu'au Népal, à travers le Pakistan et l'Inde, à des altitudes allant de 1 500 à 3 000 m. La partie occidentale de son aire naturelle porte les espèces xanthoderma, la partie orientale, les espèces wallichiana; la variété tomentosa est rare et n'a été signalée que dans la vallée supérieure de la Ravi. Cette essence se rencontre surtout comme arbres isolés dans des peuplements hétérogènes, jamais en abondance.

Causes de son déclin

L'orme est préféré à toutes les autres espèces comme fourrage pour le bétail (moutons, chèvres, vaches). Les bargers nomades soumettent tous les arbres à un élagage intensif, ce qui entraîne leur destruction, d'autant plus qu'ils ne peuvent pas se reproduire car les rejets qui se développent ne portent pas de fleurs. Cette destruction se produit à grande échelle sur toute l'étendue de son aire naturelle. Seuls les arbres situés dans les réserves ou dans des endroits inaccessibles échappent à la destruction. Les villageois plantaient généralement des ormes près de leur maison pour s'assurer un approvisionnement continu en fourrage qu'ils séchaient et gardaient pour l'hiver, ce qui compensait partiellement cette destruction. Mais on utilise souvent maintenant des hybrides de U. x brandisiana; en outre de nouveaux types de fourrage viendront en grande partie remplacer l'orme.

Biologie et valeur potentielle

Cette essence donne un bois de bonne qualité qui se prête à de nombreuses utilisations (Gamble 1922, Pearson et Brown, 1932). Le fourrage qu'elle produit, d'excellente qualité, peut encore être utilisé dans certaines conditions. Enfin, on l'utilise dans le cadre de programmes d'amélioration des ormes destinés à l'embellissement du paysage et des villes dans les climats tempérés, car il fait preuve d'un certain degré de résistance à la maladie de l'orme hollandais.

Mesures de protection déjà prises; mesures recommandées

Le fait que l'espèce prospère et soit capable de se régénérer dans la réserve de Dachigan, près de Srinagar au Cachemire prouve qu'interdire l'accès de son aire naturelle au bétail pourrait suffire à sauver l'espèce. Lors de la création de nouvelles réserves forestières et de gibier dans les Himalayas, il faut donc prévoir d'y inclure des ormes et des habitats pour ormes. On pourrait planter de petits peuplements près des maisons forestières ou de celles des garde-chasse où ils seraient à l'abri de l'élagage. On obtiendrait aussi des graines pour la reproduction et tout le monde prendrait ainsi conscience de la valeur de cette essence. Ces petits peuplements devraient comprendre au moins 10 plantules (clones) d'origine locale pour permettre une pollinisation croisée suffisante.

Il faudrait veiller tout particulièrement à préserver une large gamme de variétés dans la vallée supérieure du Ravi, notamment la variété tomentosa.

Une petite collection de clones des deux principales sous-espèces est conservée à la Station de recherches forestières de Wageningen, aux Pays-Bas.

Culture

On peut aisément multiplier les plants à partir de semences que l'on obtient toutefois que si l'arbre n'est pas régulièrement élagué. Comme dans le cas de la plupart des autres ormes, la graine germe en quelques jours, après avoir été semée à la fin du printemps. On peut également obtenir de bons résultats avec différentes méthodes de multiplication végétative - greffes, marcottage et enracinement des boutures sous nébulisation en été.

Bibliographie

Gamble, J.S. 1922 Manual of Indian Timbers.

Melville, R. et H.M. Heybroek. 1971 The Elms of the Himalaya. Kew Bull. 26 (1) 5–28.

Heybroek, H.M. 1963 Diseases and lopping for fodder as possible causes of a prehistoric decline of Ulmus, Acta bot. neerl. 12 (1) 1–11; Forest Research Station, Korte Meded. 54.

Pearson, R.S. et Brown, H.B. 1932 Commercial Timbers of India 2: 894–902.


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