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Le monde forestier

Chine. Répertoire d'essences forestières

Petites papeteries

La Chine, berceau de l'une des plus anciennes civilisations, a une longue histoire en matière de sylviculture. D'anciens documents nous apprennent que lorsque Chin Shih Huang-Ti - dont le nom signifie «le premier empereur universel» - unifia la Chine en 221 avant J. - C., il ordonna que fussent brûlés tous les ouvrages qu'il jugeait indésirables. Il excepta expressément de cet autodafé les livres qui traitaient de sylviculture, d'agriculture et de médecine. Cependant, l'expérience et les ouvrages techniques en matière de plantation d'arbres restèrent jusqu'à une date récente empiriques et fragmentaires.

Pour répondre aux besoins de la campagne de reboisement, qui constitue l'un des volets du programme des «Quatre modernisations», l'Académie de sylviculture de Chine a entrepris il y a peu de temps de recueillir les témoignages de l'expérience du peuple chinois dans ce domaine. C'était en vérité une tâche immense, vu le riche héritage forestier et les connaissances nouvelles accumulées depuis trente ans. Pour la mener à bien, l'Académie constitua un groupe comptant 500 chercheurs scientifiques, enseignants, ingénieurs, travailleurs vétérans et camarades d'élite venus de 200 institutions et établissements de 27 provinces, municipalités et régions autonomes, qui furent envoyés dans les unités de production forestière pour vivre avec les forestiers, étudier à fond leurs pratiques et leurs techniques, et faire la synthèse de leurs connaissances. Des paysans ayant derrière eux des siècles de tradition de culture des arbres apportèrent leur contribution aux côtés des forestiers.

Le fruit de ce travail est un ouvrage de 1300 pages traitant de la sylviculture en Chine, édité par le Bureau des publications agricoles de Chine. On y décrit 210 espèces arborescentes principales, dont la plupart sont indigènes en Chine, comprenant des essences à bois d'œuvre à croissance rapide, des espèces oléagineuses, des espèces produisant des noix comestibles riches en amidon, des arbres pouvant servir à stabiliser les sables ou à des brise-vent et des rideaux-abris autour des fermes, ainsi que des arbres d'importance économique particulière. La répartition, les caractères morphologiques, le comportement biologique, la récolte et la sélection des graines, les techniques de pépinière et de plantation, l'aménagement, la protection contre les insectes et les maladies, les propriétés du bois, les emplois et la valeur économique, sont décrits en détail pour chaque espèce. Ce livre constitue non seulement un ouvrage savant d'une grande importance dans l'histoire des sciences forestières en Chine, mais également un manuel très utile pour tous ceux qui s'occupent de forêts. Il n'est pas étonnant qu'ouvriers et paysans aient salué sa publication avec enthousiasme. Nous pensons que si des forestiers non chinois pouvaient lire cet ouvrage sur les arbres de Chine ils l'apprécieraient eux aussi.

ZHANG SHI CAN

Pinus bungeana
(pin à écorce en dentelle)

L'une des essences forestières les plus remarquables de Chine est Pinus bungeana, pin de Bunge ou pin à écorce en dentelle. C'est le seul pin à trois aiguilles d'Asie orientale. Des quelque 80 espèces que comprend le genre Pinus dans le monde, le pin de Bunge est la seule qui perde son écorce par lambeaux lorsque l'arbre est âgé.

Le pin de Bunge est un des plus beaux arbres à feuilles persistantes. Avec son tronc et ses branches d'un blanc crayeux, tachetés, et son feuillage d'un vert luxuriant, il a depuis de nombreux siècles la faveur du peuple chinois. Zhang Zhu, poète de l'époque Ming (1368-1644), le louait en ces termes:

Son feuillage est aussi fin
que des épingles d'argent.
Ses fleurs mâles voltigent
laissant échapper un pollen odorant;
Près du temple, dans la brume et la pluie,
Il se dresse, tel un grand dragon blanc.

Le pin de Bunge est utilisé comme arbre ornemental depuis 800 ans. Il était généralement planté dans des sites particulièrement attrayants, en bouquets ou en jardin de rocaille sur un fond de murs rouges, de tuiles bleues et de pavillons, au bord d'un lac ou d'une pièce d'eau, et il donnait au paysage une empreinte particulière.

C'est un arbre rustique, qui prend racine même dans les fissures de falaises et les terrains arides; il prospère à l'état spontané dans les montagnes du centre-sud, du sud-ouest, du nord-ouest, et plus particulièrement du nord de la Chine. Il y a encore aujourd'hui dans la province de Shengxi (Chan-si) des forets naturelles pures de pin de Bunge.

On a constaté récemment que le pin de Bunge résiste à la pollution atmosphérique, notamment par l'anhydride sulfureux, et peut absorber certains gaz toxiques. Etant un résineux à feuillage persistant, il est considéré comme un arbre de parc particulièrement approprié pour les grandes villes industrielles du nord de la Chine.

Toutes ces qualités font que ce grâcieux et poétique pin qui dans les siècles passés embellissait les jardins et les temples recommence à présent une nouvelle vie. On le plante abondamment autour des auberges, le long des avenues, dans les jardins, les squares, les parcs, sur les versants des collines, et autres sites attrayants. De plus en plus de gens cherchent à en obtenir des semences et à le planter dans les grandes villes comme dans les petits villages. Le pin de Bunge prend ainsi une part de plus en plus grande dans le programme des «Quatre modernisations». Mais le pouvoir germinatif de ses graines est très faible. Pour résoudre ce problème, l'Académie de sylviculture a recueilli tous les résultats de l'expérience concernant la culture de cette essence et a, au cours de ces recherches, trouvé un moyen commode de surmonter la difficulté. Il s'agit de suivre les prescriptions simples sui vantes: mélanger les graines avec du sable humide, les remuer souvent, maintenir autour des graines une humidité et une température aussi régulières que possible; le moyen le plus facile d'assurer la meilleure germination est de semer au moment où 40 pour cent des semences commencent à se fendre au cours du traitement de stratification.

Le pin de Bunge peut s'adapter à différents types de sols, sa croissance étant optimale lorsque la réaction du sol est alcaline ou modérément acide. Il résiste à des températures de - 30°C. Il a toutefois son point faible: un engorgement du sol le tue instantanément. Le guide de plantation des arbres de l'Académie de sylviculture indique les mesures à prendre pour éviter ce coup fatal.

L'arbre demande peu de soins, mais donne beaucoup en retour. Il fournit un bois à grain homogène, prenant un beau poli brillant, apte à la confection de mobilier. On extrait des graines, qui rappellent celles du pin pignon, une huile odorante comestible.

CHEN JUN-YU et ZHANG SHI CAN
Académie de sylviculture de Chine, Beijing.

Petites papeteries

De fréquentes demandes de renseignements parviennent à l'ITIS (Intermediate Technology Industrial Services) au sujet des techniques de fabrication de papiers et produits similaires à petite échelle. La plupart émanent de pays en développement, ce qui s'explique par le fait que les pratiques agricoles dans ces pays donnent souvent de grandes quantités de résidus, tels que pailles de riz et de blé, bagasse, etc., qui peuvent être utilisés en papeterie.

L'ITIS a chargé M. Aggarwala, de la firme Hangal Paper Consultants de New Delhi, d'une étude sur le développement des petites papeteries en Inde, et financé la mission effectuée par M. Arthur Western, qui a l'expérience d'une longue carrière dans l'industrie de la papeterie, pour étudier en Inde la situation actuelle de l'industrie papetière artisanale et pour identifier les possibilités d'innovation et de transfert de technologies.

L'ITIS a rassemblé les conclusions de ces deux études en un volume intitulé Small-scale Papermaking-the India Experience, qui sera publié prochainement. Cet ouvrage constitue une introduction complète à tous les aspects de cette industrie, traitant de sujets tels que:

· La gamme de produits et de procédés de fabrication.
· Les coûts et la rentabilité de l'installation et du fonctionnement.
· Les mesures d'encouragement prises par le gouvernement.
· L'évolution de cette industrie en Inde depuis ses débuts.

Les informations les plus intéressantes et utiles, toutefois, sont sans doute celles données dans les deux derniers chapitres, qui examinent dans quelle mesure l'expérience indienne peut s'appliquer à d'autres pays en développement, ainsi que les perspectives d'amélioration des techniques. Des études de cas, portant sur cinq échelles d'opération, sont présentées dans le volume 1 qui donne des détails sur les usines, les procédés, le fonctionnement, la viabilité, le financement et la gestion.

Reconnaissant les possibilités de perfectionnement et de diffusion des techniques, l'ITIS a entrepris un certain nombre d'activités importantes. La plus intéressante dans l'immédiat est un projet exécuté en coopération avec un papetier indien, visant à introduire et à évaluer des régulateurs de consistance dans une chaîne de fabrication de pâte existante. L'ITIS financera les services d'un expert pour superviser la fabrication en Inde du régulateur amélioré. Il souhaite également faire un certain nombre d'études de faisabilité technique et économique pour l'introduction des technologies de papeterie à petite échelle dans les pays en développement intéressés, contribuer au financement des investissements globaux et assurer un service d'inspection pour faciliter les transferts d'équipements. L'ITIS a également établi des relations avec une importante firme papetière qui a un vaste programme de recherche et de développement en vue d'améliorer les procédés de fabrication de pâte, en particulier lorsqu'on utilise des résidus agricoles.

La consommation moyenne de papier en Inde est actuellement de 1,8 kg par an et par habitant, ce qui représente un marché d'environ 1 million de t annuellement; ce chiffre augmentera avec l'accroissement de la population et avec celui de la consommation moyenne. Face à cette demande croissante de papier, et aux faibles disponibilités de bois facilement accessibles, l'Inde a choisi de développer sa propre technologie papetière, en instaurant une politique officielle d'encouragement aux substitutions d'importations. On y a opté pour des petites papeteries construites sur place, desservant des marchés relativement localisés et utilisant des sources locales de fibres, et financées pour une large part par des investisseurs privés. Le résultat est qu'on dispose d'équipements coûtant le tiers de leur prix dans les pays occidentaux par tonne produite. Les fournisseurs indiens peuvent livrer des usines de pâte et papier complètes, avec toutes les installations auxiliaires, à une échelle adaptée à une demande concentrée de faible volume à une époque où montent rapidement les frais de transport.

Toutefois, ce qui importe plus encore que le nombre de petites usines, c'est que celles-ci conviennent apparemment aux conditions socio-économiques de l'Inde, et en particulier qu'elles sont capables d'utiliser comme matière première des résidus agricoles, contrairement aux grandes usines européennes et américaines qu'on a créées en partant de l'hypothèse qu'on disposerait toujours de ressources en bois abondantes et aisément accessibles.

Le bambou est actuellement la principale source de matière première utilisée par les grandes papeteries, et des techniques rationnelles ont été mises au point pour son utilisation. Cependant les ressources existantes seront totalement mobilisées pour répondre aux besoins actuels, et il est peu probable que le bambou contribue beaucoup dans l'avenir à satisfaire la demande de papier. Les fibres utilisées dans les petites usines sont essentiellement les résidus agricoles tels que bagasse et paille en zones rurales, vieux papiers en zones urbaines. On fait de la pâte à papier à partir de n'importe quelle matière contenant de la cellulose, et la caractéristique essentielle au stade de la trituration est l'élimination des éléments non cellulosiques dans la matière végétale.

Les principaux inconvénients de l'utilisation de résidus agricoles sont jusqu'à présent les risques de pollution et, lorsque le volume des Affluents est réduit par récupération chimique, la teneur élevée en silice de ces fibres. Les recherches en cours permettront vraisemblablement de surmonter efficacement et économiquement cette dernière difficulté.


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