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PROJET FAO/PNUE SUR LA CONSERVATION DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES Rapport de situation

Avec l'aide financière du PNUE 1, la FAO a exécuté une étude pilote sur la conservation des ressources génétiques forestières en 1975. Cette étude a abouti à la publication du document intitulé “Méthodologie de la conservation des ressources génétiques forestières” (FAO, 1975). En se fondant sur les recommandations techniques formulées dans cette étude et sur les premiers résultats des prospections et des essais internationaux de provenances commencés vers la fin de la décennie 1960 et au début de la décennie 1970, la FAO et le PNUE ont lancé, en 1975–76, un projet conjoint de conservation des ressources génétiques de certaines essences et provenances forestières.

Ce projet, qui tire actuellement à sa fin, comprend des activités de conservation in situ et ex situ. On espère qu'il agira comme un catalyseur pour déclencher une action ultérieure dans ce domaine au niveau national, régional et international.

Les travaux ex situ au titre du projet FAO/PNUE ont donné tous les résultats espérés. Au cours des cinq dernières années, des peuplements de conservation et de sélection, d'une superficie unitaire d'une dizaine d'hectares, ont été installés sur un total de plus de 400 hectares dans cinq pays d'Afrique et un pays d'Asie, avec un total de onze provenances de quatre essences différentes (voir Tableau 1).

Pour les peuplements internationaux, financés partiellement par la FAO et le PNUE, un accord a été établi entre les pays coopérants et la FAO. Aux termes de cet accord, 50 pour cent de la production éventuelle de semence devra être livrée à d'autres pays au prix coûtant.

Etant donné qu'il serait très utile d'installer de nouveaux peuplements de conservation et de sélection ex situ, DANIDA 2 a lancé en 1980 un projet de conservation ex situ de ressources génétiques forestières, pour faire suite au précédent.

En plus des peuplements financés par des fonds internationaux ou bilatéraux, certains des pays participant au projet FAO/PNUE ont créé également des peuplements nationaux de conservation ex situ composés surtout d'essences identiques à celles utilisées dans le projet international.

Il a été plus difficile de se mettre d'accord sur la conservation in situ. Il n'a été accordé jusqu'ici de financement qu'à deux réserves botaniques de Zambie pour la conservation in situ de Baikiaea plurijuga (Teck du Zambèse). A la suite de cette initiative, le SIDA a 3 octroyé à la Zambie des fonds bilatéraux pour financer des études botaniques sur cette essence.

Constant qu'on ne parvenait pas à lancer un plus grand nombre de projets de conservation in situ offrant au moins certaines chances de succès, la FAO a organisé en 1980 une consultation d'experts sur la conservation in situ des ressources génétiques forestières. Les participants devaient identifier certaines activités urgentes dans ce domaine et établir des principes directeurs pour l'exécution de projets in situ. Les conclusions et recommandations de cette consultation figurent à l'Annexe I. Le texte intégral du rapport de la consultation sera publié par la FAO dans le deuxième semestre de 1981.

1 Programme des Nations Unies pour l'environnement.

2 Organisme danois pour le développement international.

3 Office central suédois pour l'aide au développement international.

TABLEAU I
PEUPLEMENTS DE CONSERVATION EX SITU
Projet FAO/PNUE 1108-75-05

EssencePinus caribaea var. hondurensisPinus oocarpaEucalyptus tereticornisEucalyptus camaldulensisTOTAL
ProvenanceAlamicambaLos LimonesPoptunMountain Pine RidgeYukulBoneteCooktownMt. GarnetPetfordKatherineGibb River
PaysSuperficie en hectares 1
Congo16,4(20)220,0(20)  8,2(10)10,1(10)20,1(20)20,0(20)9,1(10)  9,8(10)---113,7(120)
Côte-d'Ivoire 7,0(10)-  8,0(10)  9,4(10)  9,0(10)------33,4(40)
Kenya-  7,5(10)---------7,5(10)
Nigéria 1,4(20)  8,0(20)-14,7(30)30,5(30)18,4(0)  1,6(0) 3,0(0)   2,6(10)1,4(10)-81,6(120)
Zambie---20,0(20)10,0(10)20,0(10)19,0(10)11,0(10)---80,0(70)
Thaîlande10,2(20)12,6(20)10,1(10)14,9(20)18,7(20)---22,0(10)-24,9(10)113,4(110)
Inde(10)(10)(10)(10)(10)(10)----- (60)
Superficie totale
(31.12.80)
35,0(80)48,1(80)26,3(40)69,1(100)88,3(100)58,4(50)29,7(20)23,8(20)24,6(20)1,4(10)24,9(10)429,6(530)

1 Il s'agit de la superficie totale des peuplements de conservation internationaux et nationaux créés au titre du projet.
2 Les chiffres entre parenthèses représentent les superficies prévues à l'origine.
3 Ne participe au projet que depuis 1980.

Annexe I

CONSULTATION D"EXPERTS FAO/PNUE SUR LA CONSERVATION IN SITU DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES 1

(Rome, 2 – 4 décembre 1980)

1 Rapport en voie de publication.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

A. Aux Gouvernements

  1. La Consultation souligne qu'il est urgent de conserver les ressources génétiques forestières et qu'en cette matière l'initiative doit ordinairement venir surtout des gouvernements. Elle recommande que ceux-ci mentionnent expressément les principes et les pratiques de la conservation desdites ressources dans les énoncés de leur politique forestière et que les services forestiers, l'administration des parcs nationaux et les autres responsables de la gestion des terres forestières introduisent toujours dans leurs plans d'aménagement des sections relatives à la conservation des ressources génétiques forestières.

  2. La Consultation conclut que la grande diversité des écosystèmes du point de vue de la complexité et des stades évolutifs, les modes de reproduction des essences et les contraintes d'ordre politique, social et financier interdisent de recourir à une stratégie unique en vue de la conservation. Une protection complète convient pour maintenir la forêt climatique, alors que des interventions humaines systématiques peuvent être nécessaires pour aménager la forêt à d'autres stades et les zones de transition entre des écosystèmes, qui se caractérisent souvent par une forte diversité génétique. La Consultation recommande que les pays examinent toute la gamme des stragégies disponibles avant de décider quelle est celle qui répond le mieux aux conditions particulières d'une zone donnée.

  3. La Consultation note que les écosystèmes forestiers contiennent, en plus des arbres recherchés pour le bois d'oeuvre et d'industrie, une foule d'essences d'où l'on tire des produits et des services utiles ou qui sont nécessaires à la stabilité de l'écosystème: il faut en tenir compte dans une stratégie de la conservation.

  4. En appliquant une politique nationale de conservation des ressources génétiques forestières, les gouvernements doivent assurer une coopération aussi étroite que possible entre toutes les autorités qui exploitent des terres forestières ou qui s'en occupent à d'autres titres, par exemple les services forestiers et l'administration des parcs nationaux.

  5. La Consultation note que beaucoup de pays possèdent déjà un réseau valable de zones protégées, par exemple de réserves intégrales, de parcs nationaux, de réserves de la biosphère, de forêts de production aménagées. Elle conclut qu'il est généralement bon de prévoir à la fois de grandes zones de protection telles que les parcs nationaux et d'autres plus restreintes telles que les Virgin Jungle Reserves de Malaisie et les Strict Natural Reserves du Nigeria. Elle recommande que les pays enquêtent pour savoir si les réseaux actuels permettent bien de conserver un seulement des écosystèmes et des essences mais aussi la diversité génétique intraspécifique, en songeant à constituer des zones de conservation supplémentaires partout où il le faut.

  6. La Consultation note que beaucoup de pays ont entrepris des inventaires forestiers détaillés et systématiques pour guider l'aménagement. Bien que les données disponibles concernent surtout les bois de grande dimension et les essences actuellement commercialisées, elles constituent d'utiles sources d'informations. La Consultation recommande que les pays tirent tout le parti possible de cette information pour déterminer comment les essences sont représentées dans les zones aménagées à des fins de conservation génétique.

  7. La Consultation note qu'en plus de zones protégées telles que les réserves naturelles intégrales, la création de casiers d'aménagement génétique dans les forêts de production aménagées pourrait constituer un moyen simple et efficace de conserver les ressources génétiques dans certains types de forêt. La Consultation recommande que les gouvernements envisagent, le cas échéant, cette forme d'aménagement qui permettrait de tirer de la forêt un rendement soutenu tout en conservant la diversité génétique.

  8. La Consultation note que la conservation in situ et la conservation ex situ jouent des rôles complémentaires. La première est souvent la seule méthode possible pour les essences sans importance économique à présent; la seconde est souvent utile pour sauver des essences, de valeur menacées dans leur habitat naturel.

  9. La Consultation conclut que la connaissance scientifique de la biologie des forêts, et particulièrement des forêts tropicales, est encore lacunaire. Elle recommande que les pays tropicaux renforcent considérablement leurs recherches sur la taxonomie, l'amélioration des espèces, l'emploi des isozymes, la physiologie de la semence, l'écologie, les utilisations, etc. Il faut étudier non seulement les essences qui donnent du bois mais aussi des espèces “mineures”, telles que les arbres à fruit, les rotins, les arbrisseaux, les herbes ou les lianes pouvant avoir des usages en pharmacie.

  10. La Consultation note qu'il est utile, pour les comparaisons, de juxtaposer des zones de traitement expérimental et des zones strictement préservées. Elle recommande que l'on généralise cette pratique en installant des parcelles appariées ou en faisant des traitements expérimentaux dans des zones-tampons entourant une réserve protégée.

  11. La Consultation recommande que la conservation des ressources génétiques forestières soit partie intégrante du programme d'enseignement des écoles forestières et des facultés de sylviculture.

B. Aux Organisations internationales

  1. La Consultation recommande que la FAO, l'UICN, le PNUE et l'Unesco promeuvent des programmes nationaux d'action, coordonnent des programmes internationaux concertés pour la conservation des ressources génétiques forestières et continuent à diffuser des informations spécialisées dans des bulletins tels que les “Informations sur les ressources génétiques forestières” publiées par le Département des forêts de la FAO. Saluant la publication récente de la “World Conservation Strategy” de l'UICN, elle demande que tous les intéressés donnent un maximum de publicité à ce document. Elle note aussi que le Groupe de la conservation des écosystèmes devrait servir à coordonner régulièrement les activités des quatre organisations surmentionnées dans le domaine de la conservation des ressources génétiques forestières.

  2. La Consultation note que le Comité des forêts et les Commissions forestières régionales de la FAO sont bien placés pour fournir des informations et des stimulants aux Etats Membres dans le domaine de la conservation in situ des ressources génétiques forestières. Elle recommande que la FAO inclue à l'avenir une section relative à la conservation génétique dans le plan des exposés nationaux présentés lors des sessions des Commissions.

  3. La Consultation recommande que l'UICN et l'Unesco insistent sur la nécessité de conserver la diversité génétique intraspécifique lorsqu'elles donnent aux gouvernements des conseils pour le choix et l'aménagement de Parcs nationaux, d'une part, et de Réserves de la Biosphère, d'autre part.

  4. La Consultation recommande l'établissement d'un manuel pratique, destiné à un usage international, qui exposerait les moyens de conserver in situ la diversité génétique intraspécifique. On y trouverait un énoncé des principes généraux de la conservation et plusieurs études monographiques sur des écosystèmes, des essences et des populations.

  5. La Consultation recommande que l'on entreprenne des projets pilotes pour déterminer la mesure dans laquelle les espèces et, à l'intérieur de l'espèce, la diversité génétique sont préservées dans les zones de protection actuelles. On pourrait étudier soit une ou plusieurs essences importantes (dans un certain nombre de pays) soit un ou plusieurs pays en développement choisis (en s'intéressant à un certain nombre d'espèces).

  6. La Consultation recommande que les organisations internationales promeuvent et coordonnent les échanges d'information de pays à pays sur la conservation in situ des ressources génétiques forestières. Les “Informations sur les ressources génétiques forestières” de la FAO et le “Red Data Book” de l'UICN sur les espèces végétales en danger" apportent des renseignements utiles mais il faudrait obtenir beaucoup plus de données sur l'état de conservation des populations intraspécifiques, et notamment des populations en danger.

  7. La Consultation souligne la nécessité d'une formation en matière de conservation des ressources génétiques forestières. Elle recommande que les organisations internationales aussi bien que les gouvernements accordent une attention particulière à la conservation in situ, dans la planification des cours de formation sur l'aménagement forestier, l'amélioration des arbres, etc. Il faut non seulement prévoir une formation technique (comment conserver?) mais aussi et surtout faire une place au problème des ressources génétiques forestières (pourquoi conserver?) dans les cours généraux de gestion destinés aux cadres administratifs supérieurs et aux aménageurs du territoire.


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