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Portrait d'une région sèche

Mohamed Ahmed Mohamed
MOHAMED AHMED MOHAMED actuellement affecté au Siège des Nations Unies, était au moment de la rédaction de cet article directeur par intérim de la Division mixte de l'agriculture CEAO/FAO.

Conservation, aménagement et développement des ressources naturelles dans les pays de la Commission économique des Nations Unies pour l'Asie occidentale

Treize pays, tous plus ou moins arides et écologiquement fragiles, font partie de la Commission économique des Nations Unies pour l'Asie occidentale et forment ce qu'il est convenu d'appeler la «région de la CEAO». Il y a parfois de l'un à l'autre de grandes différences dans le potentiel de développement - ressources naturelles, dépendance vis-à-vis des importations alimentaires, diminution du rapport hommes/terres, migrations ou pénurie de main-d'œuvre, écart entre revenus ruraux et urbains, structures et traditions sociales, étendue du territoire national, effectif de la population. Mais tous parlent la même langue, l'arabe, et sont géographiquement voisins. La région compte au total plus de 90 millions d'habitants.

On peut distinguer dans la région de la CEAO trois sous-régions: le golfe et la péninsule Arabiques, comprenant l'Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, le Koweït, les Emirats arabes unis, la République arabe du Yémen et la République démocratique populaire du Yémen, le Croissant fertile, composé de l'Iraq, de la République arabe syrienne, du Liban et de la Jordanie, enfin la troisième sous-région, formée uniquement par l'Egypte, a une partie de son territoire en Asie - la péninsule du Sinaï à l'est du canal de Suez - mais surtout des problèmes communs de terres et d'eaux avec les autres sous-régions.

La région du golfe et de la péninsule Arabiques se caractérise par ses assez faibles possibilités d'agriculture et d'élevage. Elle est très aride, avec une basse pluviométrie et des températures élevées, et est tributaire de l'irrigation provenant des crues et des nappes phréatiques. En outre, une grande partie de sa population est composée de nomades qui vivent de l'élevage. Les problèmes les plus sérieux dans cette sous-région sont le surpâturage et la désertification qui en est la conséquence.

Le Croissant fertile se caractérise par d'assez bonnes potentialités dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage, sauf au Liban et en Jordanie où l'agriculture est développée, mais produit peu (voir tableau 1). Il est semi-aride et dépend, pour l'irrigation, des rivières pérennes et des nappes phréatiques, ainsi que des précipitations.

Géographiquement isolée du reste de la région, l'Egypte a une agriculture passablement développée, mais dont les possibilités d'expansion sont limitées. Elle est essentiellement tributaire des cours d'eau pour l'irrigation, et se caractérise par un climat très aride et un élevage de type sédentaire.

Il nous faut souligner ici qu'aucun des pays de la CEAO n'est en mesure de fournir des informations récentes sur la conservation, l'aménagement et la mise en valeur des ressources naturelles, notamment sur la lutte contre la désertification. Cela tient à ce que les gouvernements n'ont pas encore pris conscience de la gravité que pourrait avoir à long terme la situation, vue sous l'angle économique ou autre. La plupart des informations disponibles sont extraites d'études antérieures de la FAO et des documents de la Conférence des Nations Unies sur la désertification, qui s'est tenue à Nairobi en 1977.

La désertification. Dans son ensemble, la région subit des variations extrêmes de températures, d'aridité et de vents. La désertification, sous la forme d'un appauvrissement et d'un recul du couvert végétal associés à une altération et à une dégradation des sols, sévit partout dans les parties arides et semi-arides de la région. Elle résulte essentiellement d'une mauvaise utilisation des terres et autres ressources naturelles. D'une manière plus précise, la désertification peut être attribuée au surpâturage, à la surexploitation de la végétation ligneuse pour le combustible et les bois de construction, et au défrichement des terres marginales en vue de la culture en sec, principalement de céréales. En outre, il y a des problèmes d'engorgement, de salinisation et d'alcalinisation dus à de mauvaises méthodes d'irrigation, et qui ont de graves répercussions économiques.

Ressources naturelles

Terres. Sur la superficie totale de la région, qui est d'environ 456 millions d'ha, il n'y a que 17,1 millions d'ha, soit 3,8 pour cent, de terres cultivables (voir tableau 1). Dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, sur un total de 309 millions d'ha, on ne compte que 2,8 millions d'ha, soit 0,9 pour cent, de terres cultivables. Dans cette sous-région, 102 millions d'ha, soit 33,2 pour cent du total, sont constitués par des pâturages permanents, base de l'élevage traditionnel qui s'y est développé; 85 millions d'ha. généralement de faible potentialité, se situent en Arabie saoudite et se prêtent surtout au pâturage et au brout. Dans l'ensemble, la végétation est clairsemée et consiste surtout en arbustes et arbres xérophiles. Les graminées et plantes herbacées sont confinées dans les oueds, les zones montagneuses et les régions qui bénéficient d'eau en quantité suffisante soit par les pluies (Yémen et, dans une certaine mesure, montagnes d'Oman), soit par l'irrigation, principalement à partir des nappes souterraines. Environ 61 pour cent de la superficie de la sous-région peuvent être considérés comme terres improductives ou déserts absolus, n'ayant aucune valeur et aucune utilisation possible, même comme terres de parcours marginales. Les terres irriguées couvrent quelque 7,2 millions d'ha, soit 25,5 pour cent du total des terres cultivables. Les principales ressources en eau sont les crues saisonnières et les eaux souterraines, notamment dans les deltas des oueds.

Dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, la pression démographique sur les terres disponibles est très forte (tableaux 1 et 2). C'est le cas en particulier des petits Etats du golfe, dont l'économie est dominée par le pétrole et où la superficie de terres arables par habitant varie entre 0,001 ha au Koweït et 0,04 en Oman. En revanche, au Yémen démocratique, et plus encore en République arabe du Yémen, l'agriculture joue un rôle majeur dans l'économie et contribue au PIB à raison de 50 pour cent et de 20 pour cent respectivement. Par opposition au reste de l'économie qui offre peu de possibilités de revenus, le secteur agricole reste un important pourvoyeur d'emploi en République arabe du Yémen, au Yémen démocratique, en Oman et en Arabie saoudite.

Dans le Croissant fertile (Iraq, Liban, Jordanie et République arabe syrienne), les terres arables couvrent environ 12 millions d'ha, soit 16 pour cent de la superficie totale, et la superficie disponible par habitant est le triple de celle des pays du golfe et de la péninsule Arabiques (tableau 1). Cela tient surtout à ce que la pluviométrie y est plus élevée et que l'irrigation y est possible à partir des cours d'eau.

A l'exception de l'Egypte, dont l'agriculture est entièrement tributaire de l'irrigation, il n'y a que 25,5 pour cent de terres irriguées dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, 15,8 pour cent dans le Croissant fertile. Les superficies irriguées s'élèvent pour l'ensemble de la région à 5,4 millions d'ha, soit environ 32 pour cent du total des terres arables. Toutefois, les superficies cultivées sous irrigation sont restées pratiquement inchangées en dépit des extensions réalisées en Egypte, République arabe syrienne et Iraq entre 1972 et 1977, grâce à d'importants investissements dans les projets d'irrigation. La raison en est sans doute que de vastes superficies de terres irriguées sont devenues improductives par suite de la salinité et de l'engorgement.

TRANSPORT DU FOURRAGE - scène familière dans la région du Croissant fertile

Ressources en eau. Le volume total d'eau d'irrigation utilisé annuellement, Egypte comprise, est évalué à 60 à 80 milliards de m3 (voir estimations par pays, tableau 2), ce qui correspond à environ 50 pour cent des ressources potentielles des pays de la CEAO en eaux de surface et en eaux souterraines. Le volume d'eau d'irrigation à l'hectare dans la région est de 13 400 mètres cubes.

Près de 95 pour cent de l'eau utilisée pour l'irrigation proviennent des eaux de surface, principalement rivières, mais également des eaux de crue, notamment dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques. Le reste est pompé dans les nappes phréatiques, dont les réserves n'ont jamais fait l'objet d'une évaluation systématique. Les autres sources possibles d'eau d'irrigation, telles que le dessalement de l'eau de mer et le traitement des eaux usées, sont pour le moment négligeables.

L'importance relative du secteur irrigué varie selon les pays de la CEAO. En Egypte, toute l'agriculture est irriguée. Dans la sous-région nord - le Croissant fertile - il existe à côté du secteur irrigué un important secteur de cultures pluviales. Dans la sous-région sud - pays du golfe et de la péninsule Arabiques - la production agricole est presque entièrement tributaire de l'irrigation, à l'exception des cultures pluviales dans les régions montagneuses de l'Arabie saoudite et de la République arabe du Yémen.

L'aridité qui sévit dans la région, et qui est due à l'irrégularité et à la faiblesse des pluies, ainsi qu'à un mauvais usage de l'eau d'irrigation, associés à la forte pression démographique sur les terres disponibles, impose une utilisation et une conservation intensives mais rationnelles des ressources agricoles et naturelles.

Elevage. Environ 50 pour cent des effectifs totaux du cheptel de la région se trouvent dans les pays du Croissant fertile, mais surtout en Iraq et en Syrie, et 35 pour cent dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, principalement en Arabie saoudite et aux deux Yémen. Le reste de la population animale, soit 15 pour cent, se trouve en Egypte, bien que ce pays n'ait pas de pâturage naturel permanent (tableau 3).

La population bovine se concentre en Egypte et dans le Croissant fertile (47 et 38 pour cent respectivement), le reste de la région n'en comptant que 15 pour cent environ, pour la plus grande part en Arabie saoudite et en République arabe du Yémen. Alors que le cheptel ovin est le plus nombreux dans la sous-région du Croissant fertile (68 pour cent), les caprins sont concentrés dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques (environ 62 pour cent).

L'élevage occupe une place importante dans l'économie agricole de tous les pays de la région de la CEAO, à l'exception des petits Etats du golfe. Son rôle va bien au-delà de sa contribution à l'activité économique. Pour la plupart des agriculteurs, le bétail représente une source de nourriture ou d'énergie, ou les deux à la fois. C'est en outre un moyen d'existence pour les populations nomades et transhumantes relativement nombreuses dans bien des pays de la région, tels qu'Arabie saoudite, Yémen démocratique, République arabe syrienne, Jordanie, et même Iraq.

Dans le passé, l'élevage n'a pas reçu sa juste part des investissements, et aujourd'hui le gros des crédits va à la modernisation de l'élevage laitier et de l'aviculture. En conséquence, le secteur de l'élevage traditionnel, bien que comptant la plus grande partie du cheptel de la région, a été négligé.

La production animale présente dans tous les pays du golfe et de la péninsule Arabiques des caractéristiques plus ou moins semblables; elle est loin derrière la production végétale pour ce qui est du degré de développement, de gestion et de technicité. Par ailleurs, la production végétale et la production animale constituent des activités économiques distinctes.

Contrairement à ce que l'on trouve en Egypte, il ne s'y est pas encore développé de systèmes rationnels d'agriculture mixte et d'intégration de l'élevage. A la différence de l'Egypte aussi, le bétail est généralement tributaire des pâturages extensifs et des résidus de récoltes. Les cultures fourragères ne sont que peu pratiquées, et seulement pour les élevages laitiers et avicoles modernes.

Développement agricole et environnement. La dégradation de l'environnement n'a pas seulement pour cause la pollution résultant du mauvais usage de produits chimiques, mais aussi et surtout l'érosion éolienne et hydrique accélérée, l'extension des déserts, le déclin de la fertilité, la salinité, l'engorgement et l'alcalinisation des sols. La dégradation des sols est un phénomène universel, mais elle revêt une gravité particulière dans la région de la CEAO, où la demande alimentaire croissante a encouragé à la fois une extension des surfaces cultivées et une exploitation plus intensive des terres déjà sous culture.

Dans la plupart de ces pays, les dirigeants n'ont pas su placer l'agriculture dans son contexte écologique propre. D'où des rendements agricoles faibles, dus aux mauvaises récoltes aux inondations et aux sécheresses (voir tableau 4). C'est pourquoi, même dans les pays de la région producteurs de pétrole, les couches pauvres de la population sont les premières victimes de la mauvaise utilisation des ressources naturelles. On ne doit pas méconnaître la part de responsabilité qu'a l'homme dans la vulnérabilité de la région aux dommages. La dégradation de l'environnement est accélérée par la rapide expansion démographique et par les piètres conditions sociales.

Les grands projets d'irrigation en Egypte, Iraq et République arabe syrienne, bien que visant à l'amélioration de sols engorgés ou salés, sont mal exécutés en ce qui concerne le drainage, le lessivage et autres travaux du génie civil. Un bon exemple des problèmes de salinité des sols nous est donné par le grand projet Mussayed en Iraq, lequel, au bout de dix ans, doit être abandonné par les colons. Avec la création d'institutions appropriées et une meilleure gestion du périmètre, la situation s'est désormais améliorée et la remise en état des terres progresse.

Pour ce qui est de l'élevage, le pastoralisme est très développé, en particulier dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, où l'on trouve de vastes zones de parcours. Cependant, pour utiliser au mieux le pâturage naturel, les pasteurs devraient maintenir et améliorer la migration saisonnière de leurs troupeaux. En outre, l'accroissement des effectifs animaux entraîne une pression excessive sur les terres de parcours, d'où accélération de leur dégradation.

Il existe dans la région deux grands systèmes d'élevage, sédentaire et nomade.

L'élevage de type sédentaire et moderne est très courant en Egypte, où il est associé avec la production agricole. Les principales sources d'aliments pour le bétail sont les chaumes et les résidus de récolte, complétés dans un petit nombre de cas par des cultures fourragères. On élève en Egypte surtout des bovins et des brebis laitières, qui servent à la fois comme animaux de travail et source de nourriture pour les familles.

L'élevage nomade et transhumant prédomine dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, ainsi que dans le Croissant fertile, où moutons, chèvres et chameaux pâturent végétation naturelle. Toutefois, certains transhumants utilisent les déchets agricoles provenant de zones cultivées. Dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, en particulier, les sécheresses et le manque de nourriture provoquent d'importantes pertes de bétail. C'est en réalité le fourrage, plus que l'eau, qui constitue le facteur limitant dans ce système d'élevage. Malgré la faible productivité qui en résulte, la consommation et la demande augmentent très vite, notamment dans cette sous-région.

Sauf en Egypte, où les terres de parcours ne sont pas une source majeure d'alimentation du bétail, il faudrait une politique nouvelle à court et à long terme pour mettre fin au mésusage des ressources pastorales. Si la capacité de charge actuelle des pâturages n'est pas améliorée, dès la fin du siècle ils ne seront plus en mesure d'entretenir convenablement les troupeaux.

Les parcours naturels du golfe et du Croissant fertile représentent la source la plus importante et la plus économique d'aliments du bétail, notamment pour les moutons et les chèvres. Pourtant, on ne fait pratiquement rien pour les conserver et les aménager convenablement et encore moins pour les améliorer principalement dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, où l'affouragement restera la principale contrainte à la production animale dans l'avenir. Enfin, tout programme sérieux de développement sera impossible tant que l'on n'aura pas rassemblé des informations précises et vraiment utiles. Certaines mesures devraient cependant être adoptées sous peu.

Pour commencer, les effectifs de cheptel devraient dans tous les pays de la région, à l'exception de l'Egypte, être ramenés à un chiffre qui corresponde à la capacité de charge des terres de parcours, ce qui ne sera pas tâche aisée. Le bétail, dans cette partie du monde, représente à la fois un mode de vie, un symbole de prestige et une caisse d'épargne. Pour mener à bien un tel plan, il faudrait définir des modes d'utilisation plus rationnels des terres de pâture, ainsi que les mesures propres à atténuer les répercussions d'une telle transformation sociale. Ce n'est que si les propriétaires de troupeaux sont assurés de ressources fourragères suffisantes, de prix de vente rémunérateurs, et autres garanties du même ordre, qu'ils accepteront de renoncer à une partie de leur cheptel.

Dans le Croissant fertile, où la situation fourragère n'est pas aussi critique, il faudrait au début fournir tout au long de l'année un appoint de nourriture. Mais dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, les traditions sociales et économiques, notamment en ce qui concerne la taille des troupeaux, engendrent des conflits entre les intérêts individuels et l'intérêt général de la collectivité. Il sera par conséquent nécessaire, dans tous les plans de développement futurs impliquant une réduction des effectifs de cheptel, d'adopter des structures institutionnelles qui tiennent compte à la fois des intérêts privés et du bien-être de la société.

La région de la CEAO a aussi une population de 4 millions de chevaux, mulets, ânes et chameaux. Leur nombre pourra être réduit, dans bien des cas, par l'introduction d'énergie mécanique (tracteurs, charrues, motopompes, etc.). On allègera ainsi la pression sur les terres, qu'il s'agisse de terres de parcours ou de terres cultivées.

Dans les zones d'agriculture pluviale de la République arabe syrienne, de Jordanie et du Liban, la culture des céréales a été étendue à des régions de faible pluviosité. En conséquence. la productivité des terres a diminué et les sols sont exposés à la dégradation du fait de l'érosion. Cette tendance risque de s'accentuer non seulement dans les pays mentionnés ci-dessus mais également en Iraq et en République arabe du Yémen. Les terres marginales et submarginales devraient être rendues au pâturage permanent.

Dans le Croissant fertile et dans les pays du golfe, on a considérablement pillé les forêts et autres formations ligneuses pour en tirer du bois de feu. L'introduction de combustibles susceptibles de répondre aux besoins des pasteurs, comme peut-être le pétrole lampant dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, pourrait mettre un terme aux pratiques destructives de dessouchage des arbustes et d'abattage des arbres.

Tableau 1. Utilisation des terres dans la région de la CEAO, 1977

 

Superficie totale

Terres cultivables

Terres cultivables et cultures permanentes

Pâturages permanents

Forêts et autres formations ligneuses

Autres

Superficies irriguées

1972

1977

1 000 ha

Arabie saoudite

214969

1 040

1 110

85000

1 601

127 258

360

390

Bahreïn

62

1

2

4

-

56

1

1

Egypte

100 145

2 695

2 831

-

2

96 712

2 855

2 831

Emirats arabes unis

8 360

6

11

200

1

8 147

5

5

Iraq

43 492

5 100

5 290

4 000

1 500

32 607

1 120

1 160

Jordanie

9 774

1 175

1 365

100

125

8 128

60

60

Koweït

1 782

1

1

134

2

1 645

1

1

Liban

1 040

240

348

10

76

589

80

85

Oman

21 246

16

36

1 000

-

20 210

n.d.

36

Qatar

1 100

2

2

50

-

1 048

-

-

République arabe syrienne

18 518

5 083

5 509

8 531

452

3 920

625

531

Yémen (Rép. Arabe du) 1 950

1 520

1 570

7 000

1 600

9 330

220

230


Yémen (Rép. Dém. pop. du)

33 297

245

265

9 065

2480

21487

45

58

Total

455735

17124

18340

115094

7839

331 137

5372

5388

Source: Annuaire FAO de la production 1978, Rome, 1979.

Tableau 2. Disponibilités en eau pour l'agriculture dans les pays de la CEAO, 1975

Pays

Totales

Par hectare de cultures irriguées

millions de m3

m3

Arabie saoudite

1500-1900

10100

Bahreïn

100 - 150

283 000

Egypte 1

30 000 - 43 000

11 000

Emirats arabes unis

200- 300

252000

Iraq

20 000 - 27 000

15 950

Jordanie

200 -

300 8 600

Koweït

100-

150 2125 000

Liban

600 -

700 10 850

Oman

300-

400 315 900

Qatar

80 -

100 60 000

République arabe syrienne

5000-

7000 11600

Yémen (Rép. arabe du)

1 100-

1500 10100

Yémen (Rép. dém. pop. du)

700 -

900 12 700

Région de la CEAO

59 880 - 83 400

13 400

Source: CEAO, Agriculture et développement. n° 2, 1979 données du tableau 1 de l'annexe provenant de sources nationales, et A. Abou-Khaled, Ressources potentielles en terres et en eaux dans les pays arabes, étude préliminaire, FAO, Rome, 1977 (en arabe).

1Estimations basées sur le tableau 1. 2 Les superficies de cultures irriguées n'incluent pas les surfaces boisées, ceintures vertes, brise-vent, etc. Si l'on tenait compte de ces zones vertes, la consommation d'eau par hectare de cultures irriguées serait ramenée au chiffre plus réaliste de 40 000 à 60 000 m3. - 3 Les superficies de cultures irriguées en Oman et dans les Emirats arabes unis incluent respectivement 15 000 et 3 500 ha de palmeraies, dont les besoins en eau sont très inférieurs à ceux des cultures annuelles.

Dégradation des sols

Dans tous les pays de la CEAO, une ou plusieurs des causes suivantes peuvent contribuer à la dégradation des sols: salinité, alcalinité, engorgement, érosion éolienne, érosion hydrique, inondation, épuisement des réserves d'éléments nutritifs.

Dans la majorité des pays du Croissant fertile, l'érosion par l'eau est un problème très grave, notamment dans les zones de culture en sec ou pluviale sur les pentes.

Dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques où les pluies sont peu abondantes et les terres de parcours très étendues, la dégradation des sols tient surtout au surpâturage et à l'érosion éolienne.

La dégradation des sols due à la salinité, à l'alcalinité, ou à ces deux facteurs combinés, est importante dans toute la région, mais plus particulièrement dans les zones irriguées d'Iraq, d'Egypte et de la République arabe syrienne.

En Egypte, la salinité des sols affecte le delta du Nil, où environ 60 pour cent des 1,4 million d'ha de sols alluviaux présentent une salure moyenne à forte.

En Iraq, l'érosion par l'eau est forte dans les zones d'agriculture en sec du nord où l'on ne fait pas grand-chose pour protéger les sols, sauf planter des arbres. L'érosion éolienne est active dans les zones semi-désertiques à faible pluviosité, où le pâturage est important. La salinité des sols est un problème majeur; le système d'irrigation, qui comporte le nivellement des terres, a sans doute contribué en partie à cet état de choses. L'engorgement, dû à la hauteur de la nappe, et l'inondation, quoique périodique, sont également nuisibles. Les nouveaux projets d'irrigation prévoient des mesures de drainage. L'épuisement des sols intervient principalement sur les terres cultivées en sec, qui ne reçoivent ni engrais ni même fumier.

Au Liban et en Jordanie, la dégradation des sols est due à l'érosion par l'eau, notamment dans les zones de forte pluviosité. Les gouvernements de ces deux pays ont entrepris des programmes de conservation, qui envisagent la plantation d'arbres, la construction de terrasses et la réglementation des pâturages.

En Jordanie, en particulier dans les zones désertiques et semi-désertiques, l'érosion éolienne est un problème sérieux. L'instauration d'un bon système d'utilisation des terres, assorti d'une législation interdisant la destruction du couvert végétal et de l'aménagement des parcours, permettrait de remédier en partie à cette situation. Chose assez étonnante, l'érosion par l'eau est également sérieuse en République arabe syrienne, elle est due au surpâturage, et aussi à l'extension des cultures dans des sols en pente et des zones peu arrosées. Vans ces dernières, l'érosion éolienne est également une cause de dégradation. Mais ce sont la salinité, l'alcalinité et l'engorgement qui sont considérés en Syrie comme les principaux facteurs de dégradation des sols.

Tableau 3. Population animale dans la région de la CEAO, 1978

 

Bovins

Moutons

Chèvres

Chameaux

Chevaux, mulets et ânes

1 000 têtes

Arabie saoudite

340

2400

1 700

108

111

Bahreïn

5

3

13

1

-

Egypte

1 4 325

1 800

1 380

95

1 628

Emirats arabes

unis

15

90

240

45

Iraq

22 842

11 488

3 620

232

543

Jordanie

36

820

490

19

62

Koweït

10

147

100

5

-

Liban

84

240

330

1

34

Oman

136

18

201

6

25

Qatar

6

42

49

9

-

République arabe syrienne

649

7397

1 039

8

345

Yémen (Rép. arabe du)

950

3 700

7 800

105

703

Yémen (Rép. dém. pop. du)

107

950

1 286

40

34

Total

9 505

29 095

18 248

674

3 485

Source: Annuaire FAO de la production 1978, Rome, 1979.
1 Dont 2 280 000 buffles. - 2 Dont 221 000 buffles.

Dans les pays du golfe et de la péninsule Arabiques, l'eau d'irrigation provient principalement de l'épandage des crues. Cependant, certains pays de cette sous-région sont tributaires à cette fin des eaux souterraines. En raison de l'aridité et de la proximité de la mer, l'eau peut présenter une salinité élevée, et une irrigation trop abondante risque d'avoir des conséquences graves. Les terres disponibles étant limitées, elles doivent être exploitées au maximum, et le creusement de multiples puits ne peut que se solder par l'épuisement des ressources en eau et la destruction des terres cultivables, ainsi que par l'intrusion d'eau de mer. Tous ces pays sont également exposés à l'érosion éolienne et hydrique, ainsi qu'aux risques d'inondation et de sécheresse. Faute de statistiques, on ne peut donner à cet égard d'évaluation chiffrée.

Bien que l'eau soit un élément essentiel dans la région de la CEAO, son excès est tout aussi nuisible que sa pénurie. S'il y en a trop, on risque la salinité et l'engorgement, et s'il n'y en a pas assez on s'expose dans cette région aride au même résultat, en raison de la forte évapotranspiration.

Les responsables de projets d'irrigation pérenne de la région doivent dans tous les cas prévoir des systèmes de drainage, afin d'éviter des dépenses coûteuses pour la restauration de précieuses terres qui risquent d'être perdues par suite de la salinité, de l'érosion, de l'urbanisation et autres facteurs de dégradation.

La conservation des ressources naturelles de la région ne peut être imposée ni par la contrainte ni par la loi. Il faut que les populations du désert comprennent pourquoi elles doivent réduire l'effectif de leurs troupeaux ou changer leur mode de vie. Les agriculteurs pauvres et ceux qui opèrent au niveau de la subsistance ne peuvent être aisément contraints ou persuadés de changer leur mode de vie et de conserver les ressources naturelles au profit des générations futures. Ce n'est que par des mesures sociales et économiques appropriées qu'on pourra les amener à adhérer aux plans de leur gouvernement.

Une réunion d'experts sur l'aménagement, la conservation et la mise en valeur des ressources agricoles a été organisée en mai 1981 par la Commission économique pour l'Asie occidentale et la FAO, au Centre arabe d'étude des zones arides et des terres non irriguées à Damas (République arabe syrienne). Parmi les recommandations énoncées à l'intention des gouvernements, citons les suivantes:

· Il est recommandé à tous les pays de la région de définir des politiques d'utilisation des terres fondées sur de sains principes écologiques, puis d'adopter les procédures institutionnelles et administratives nécessaires pour rendre leur mise en œuvre possible. les politiques doivent viser le long terme, et recevoir tous les appuis politiques et administratifs nécessaires pour atteindre leurs objectifs. Il faut se garder des planifications à court terme, des décisions au coup par coup et des actions unilatérales. Les ressources agricoles de la région sont menacées, et ne peuvent être développées et conservées que par des programmes bien conçus et bien menés, fondés sur des politiques judicieuses. A défaut, les terres continueront de se dégrader et la productivité ne cessera de diminuer.

· Certains des pays de la région n'ont pas de politique forestière bien définie, complétée par une bonne législation. Ils doivent se donner les moyens de répondre à ces deux exigences essentielles. Les pays qui ont déjà une politique et une législation forestières doivent les réviser et les remettre à jour périodiquement.

Tableau 4. Rendements moyens de quelques cultures dans les secteurs irrigué et pluvial de certains pays de la CEAO (t/ha)

 

Egypte

Iraq

Jordanie

Rép. arabe syrienne

Arabie

Yémen (Rép. arabe)

Yémen (Rép. dém. pop)

Toutes terres irriguées

Irrigué

Pluvial 1

Irrigué

Pluvial 2

Irrigué

Pluvial 2

Toutes terres

Toutes terres

Toutes terres irriguées

Blé

3,47

1,06

0,43

1,80

0,64

2,10

0,71

1,92

1,20

1,86

Orge

2,83

0,99

0,54

-

0,41

1,60

0,59

1,57

1,29

1,64

Maïs

3,62

2,90

-

1,10

-

1,90

-

-

1,78

2,54

Sorgho

3,77

-

-

3 3,53

3 0,65

3 1,70

0,72

1,48

0,80

1,48

Riz

5,48

1,91

-

-

-

5,20

-

-

-

-

Lentilles

1,31

-

0,94

-

0,78

1,20

0,67

4 1,64

1,00

-

Pois chiches

1,72

-

0,65

-

0,69

-

0,47

-

1,00

-

Pommes de terre

17,49

15,60

-

13,30

-

16,40

12,50

7,60.

12,00

5,23

Tomates

15,43

-

5 8,66

18,20

6,33

19,60

4,20

1,02

5 9,30

-5,00

Arachides

2,08

-

-.

-

-

1,65

-

-

-

0,88

Sésame

1,23

0,64

0,52

-

-

0,81

0,20

0,97

0,65

0,86

Coton graines

1,86

1,02

1,90

-

-

2,20

0,40

-

0,96

1,35

Betterave à sucre

-

24,40

-

-

-

22,43

9,44




Source: Données rassemblées par la CEAO à partir de sources nationales et de l'Annuaire FAO de la production 1976, Rome, 1977. 1 Moyenne 1974-76. - 2 Moyenne 1971-75. - 3 Total céréales fourragères, - 4 Total légumineuses. - 5 Total légumes.


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