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Le monde forestier

Agrosylviculture

Arbres sous les Tropiques

Une grande partie du miel produit dans les régions tropicales provient d'arbres mellifères. En Australie, les eucalyptus sont sans doute les plus importants de ce point de vue, mais un petit nombre seulement sont de bonnes espèces mellifères. L'introduction à Hawaï de Prosopis juliflora, parfois appelé Prosopis pallida, a fait de cette région la plus grosse productrice mondiale de miel au début des années trente. Les formations claires de miombo en Afrique orientale sont bien connues pour leur production de miel provenant de diverses espèces d'Acacia, Brachystegia et Julbernardia. Dans les régions plus tempérées du globe, la plus grande partie de la production de miel provient de cultures fourragères, mais on y trouve également d'excellents arbres mellifères, dont le robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia) et les tilleuls (Tilia spp.).

Depuis quelques années, on s'intéresse beaucoup à l'utilisation des arbres pour la production d'aliments et de fourrage, et la lutte contre la désertification dans les zones tropicales sèches. Dans nombre de ces régions où l'on envisage de tels reboisements, l'apiculture est pratiquée depuis des millénaires, et a constitué à une certaine époque un élément important de l'économie de nombreuses tribus. Malheureusement, dans le choix des espèces à planter dans ces régions, on n'a guère pris en considération la production de miel. Il est prouvé que l'apiculture a doublé ou triplé les revenus de nombreuses familles au Kenya, depuis que l'on y encourage cette activité. Lorsqu'on envisage des reboisements sous les tropiques, on devrait accorder une grande attention au choix d'espèces intéressantes pour la production de miel autant que pour d'autres usages. C'est le cas en particulier de diverses espèces d'Acacia, Eucalyptus et Prosopis. Beaucoup parmi les meilleures espèces mellifères sont des légumineuses, fixatrices d'azote. Les espèces recommandées sont les suivantes:

Prosopis du groupe «algaroba», notamment Prosopis juliflora.

Acacia mellifera, A. tortilis et A. senegal pour les zones sèches, A. xanthophloea et A. drepanolobium pour les zones humides.

Eucalyptus melliodora, E. sideroxylon, E. citriodora, E. robusta.

On trouve dans d'autres régions de nombreuses autres espèces d'arbres mellifères, qui ont souvent été recommandées, telles que Dombeya goetzenii, Croton megalocarpus, Grevillea robusta, Nephilium litchi, Calliandra calothyrsus.

Il est généralement reconnu que ce qu'il faut dans les régions désertiques et semi-désertiques des tropiques, c'est avant tout une plante qui s'accommode de conditions difficiles, peu exigeante en eau, poussant vite et aux usages multiples. Je n'en connais aucune autre qui réponde à ces conditions mieux que Prosopis juliflora. Cette espèce est encore considérée aujourd'hui comme l'introduction la plus importante jamais faite à Hawaï. Il ne faut pas la confondre avec Prosopis glandulosa, P. velutina et P. ruscifolia, qui sont considérés comme des végétaux nuisibles dans les zones de pâturage du sud des Etats-Unis.

On peut tirer des Prosopis, notamment Prosopis juliflora, du combustible, du fourrage, du miel et de la cire d'abeilles. Les Indiens d'Amérique faisaient de la farine avec le fruit. Ses racines pénètrent jusqu'à 30 m ou plus de profondeur, utilisant ainsi l'humidité du sous-sol. En conditions idéales, il peut fructifier dès l'âge de trois ans, et peut être reproduit par semences, ou par voie végétative à partir de drageons et de boutures. Les semis de Prosopis juliflora ont, durant les quatre premières semaines, des racines qui poussent plus vite que celles d'Acacia tortilis, ce qui l'aide à s'établir. Au Soudan, on a constaté que Prosopis juliflora a un système radiculaire pivotant profond, contrairement au système traçant d'autres espèces végétales.

Un intéressant programme de mise en valeur a été entrepris avec cette espèce à Piura, dans le nord du Pérou. Au moment de la rédaction du rapport, plus de 1000 ha de Prosopis juliflora avaient été plantés. Pour obtenir une production maximale de fruits et de miel, il est recommandé d'espacer les plants de 16 à 17 m environ. Prosopis juliflora n'étant pas à lui seul la meilleure source de fourrage pour le bétail, on suggère de planter dans l'intervalle des graminées xérophiles, qui bénéficieront de l'humus et de l'azote fournis par Prosopis. Les terrains ainsi plantés ont été cédés au bout de trois ans à des familles vivant sur le périmètre du projet, lequel, selon les estimations, serait en pleine production à la cinquième année. Entre la récolte de gousses pour l'alimentation humaine et animale, on y a installé des ruches pour la production commerciale de miel, et introduit des moutons et des chèvres - moutons de préférence - qui broutent le feuillage des arbres une fois qu'ils ont atteint une taille suffisante pour que la perte des menues branches ne nuise pas à la production de gousses. On fait deux récoltes de gousses par an, la principale allant de décembre à mars, et la seconde, moins abondante, ayant lieu en août, et donc deux récoltes de miel et de cire. Un certain nombre de rapports et de recommandations enthousiastes préconisant l'emploi de cette espèce pour des reboisements à fins multiples dans les zones désertiques ont été publiés, mais n'ont, semble-t-il, pas reçu beaucoup d'attention, sans doute parce que les Prosopis poussant dans le sud des Etats-Unis sont considérés comme une plaie dans les régions d'élevage. Cependant, il existe dans le monde quelque 44 espèces, qui ne sont pas toutes des mauvaises herbes; beaucoup forment de grands arbres comme Prosopis juliflora, surtout si elles sont élaguées au cours des deux ou trois premières années.

On pourrait concevoir une économie alimentaire fondée entièrement sur la culture de cette espèce dans certaines régions désertiques, surtout si l'on peut faire pousser en même temps des graminées résistant à la sécheresse. Elle pourrait fournir dans un temps très court, trois ans dans certains cas, des gousses pour l'alimentation humaine et animale, et du miel et de la cire d'abeilles très demandés pour la consommation intérieure et l'exportation, et faciles à écouler. Les éclaircies produiraient du charbon de bois et du bois de feu; le bétail que les plantations permettraient d'entretenir, notamment moutons ou chèvres, fournirait lait et viande. Il est temps de s'intéresser sérieusement à cette espèce, car il y en a peu qui puissent procurer autant d'avantages dans des conditions comparables.

Professeur G.F. TOWNSEND

Department of Environment Biology
University of Guelph
Ontario, NIG 2 W1 Canada

(Extrait de Newsletter, International Council for Research in Agroforestry, Nairobi)

L'Indonésie développe ses industries de transformation du bois

Une société forestière d'Etat de la province indonésienne du Kalimantan oriental entreprend actuellement un projet d'une valeur de 560 millions de dollars pour la création d'une industrie intégrée du bois, dans le cadre des plans gouvernementaux en vue d'équilibrer les exportations de bois en grumes et de bois transformés. Ces derniers n'ayant représenté en 1979 que 16,5 pour cent du total des exportations indonésiennes de bois, le gouvernement vient d'imposer des contingents d'exportation pour les bois en grumes dans le but de stimuler la transformation des bois sur place.

La société d'Etat P.T. Inhutani utilisera des déchets de bois provenant de scieries locales. Selon la première phase d'une étude de faisabilité réalisée par une firme conseil finlandaise, l'usine pourrait produire 42000 t de papier, 16 000 t de pâte, 6 300 m3 de placages, 81500 m3 de contreplaqué, et 62 000 m3 de sciages par an, en production intégrée. Le financement serait assuré en partie par association avec des firmes étrangères.

Ce n'est probablement qu'un commencement. Selon Indonesia Development News, la société Inhutani possède actuellement 2,5 millions d'ha sur les 11,5 millions d'ha de forêts commerciales du Kalimantan oriental, qui représentent 20 pour cent des réserves indonésiennes. En dehors d'Inhutani, on trouve au Kalimantan oriental 92 concessionnaires forestiers, 29 grandes scieries, 230 petites scieries, 4 usines de contreplaqué et une usine de copeaux. Le gouvernement veut installer au Kalimantan oriental 16 nouvelles industries du bois d'ici à 1984, ce qui doublera la capacité actuelle de transformation qui passera de 2,5 à 5,0 millions de m3 par an.

Dix années d'études pour l'amélioration des pâturages en zones arides

Un ranch de l'Etat du Nevada, dans la région aride du sud-ouest des Etats-Unis a été choisi par le Département de l'agriculture pour une étude de 10 ans sur l'aménagement des pâturages dans des conditions semi-désertiques. Ce sera la première étude à long terme réalisée sur une grande superficie en vue de déterminer exactement ce qu'il advient du sol, de la végétation, des ressources en eau et de la faune sauvage lorsqu'on fait pâturer du bétail sur une végétation naturelle - prairie d'armoise - dans un écosystème aride. Outre les facteurs écologiques, l'étude portera également sur les aspects économiques.

Le ranch Saval, situé à North Fork dans le nord-est du Nevada, servira de laboratoire. Il s'étend sur 86 000 ha, dont environ un tiers est en propriété privée, le reste étant cédé à bail par l'Etat.

Selon le Département de l'agriculture, les objectifs de la recherche seront les suivants:

· Accroissement de la production fourragère pour diminuer la consommation par le bétail de céréales propres à l'alimentation humaine.

· Préservation de cours d'eau à truites et autres ressources biologiques.

· Mise au point de plans d'exploitation et de systèmes de pâturage alterné assurant les meilleurs avantages écologiques et économiques.

· Etude des habitudes alimentaires des cervidés et autres animaux sauvages, pour éviter que le bétail et la faune sauvage se disputent les pâturages.

· Mesure des effets du pâturage sur les cours d'eau et sur la qualité des eaux, et étude des méthodes propres à atténuer l'érosion des sols.

· Détermination de la capacité de charge des parcours en bétail et faune sauvage.

Rapport sur les activités sylvicoles dans les pays du tiers monde

Le Département de l'agriculture des Etats-Unis vient de publier un rapport intitulé «Forestry activities and deforestation problems in developing countries» (Activités sylvicoles et problèmes de déboisement dans les pays en développement). On peut se le procurer à l'adresse suivante: U.S. Government Printing Office, stock No. 1980-654-358, Washington, D.C. Ce rapport, rédigé pour le compte de l'Agence pour le développement international (USAID) et mis à jour en juillet 1980, présente un résumé des projets forestiers récemment terminés, en cours de réalisation ou proposés, et autres activités connexes, financés dans les pays en développement par les principaux donateurs internationaux. Il traite également des conséquences écologiques et des contraintes, donne des exemples de réussites et d'échecs, et examine les possibilités en matière de recherche, démonstration, formation et création d'institutions.

Kenya: explosion démographique, pénurie de bois de feu

En 1962, sur 100 enfants nés au Kenya, 20 mouraient avant l'âge d'un an; en 1970, la mortalité infantile était tombée à environ 12 pour cent, et en 1980 elle n'était plus que de 7,5 pour cent. Ces chiffres donnent une idée des progrès considérables de la santé publique sous presque tous ses aspects - meilleurs services sanitaires, meilleure nutrition et niveau de vie général plus élevé. Mais ils révèlent aussi le problème qui découle presque inévitablement de tels progrès; le Kenya, qui est un pays essentiellement agricole aux ressources très limitées, a maintenant le taux d'accroissement démographique le plus élevé du monde. Au rythme actuel, la population, qui est maintenant de 16 millions d'habitants, aura doublé en 17 ans.

Il en résulte une pression accrue sur les ressources en bois de feu, importante source d'énergie au Kenya. Environ 90 pour cent de la population vivent dans les zones rurales, où le bois est le principal combustible. Les Kényens consomment chaque année plus de 20 millions de t de bois; or, le couvert forestier n'occupe que 2,5 pour cent du territoire.

La production de charbon de bois excède largement un million de t/an, mais, en raison des mauvaises méthodes de carbonisation, elle nécessite plus de 9 millions de t de bois. Plus de 70 pour cent du charbon de bois est consommé dans les zones urbaines, dont 45 pour cent environ à Nairobi. Le rendement à la combustion du bois et du charbon de bois est de l'ordre de 5 à 10 pour cent, mais les tentatives pour faire adopter des fourneaux à charbon plus efficaces ont échoué. Le bois et le charbon de bois fournissent à eux deux les trois quarts des besoins totaux d'énergie du Kenya, mais les disponibilités s'épuisent de plus en plus, la production n'arrivant plus à suivre la consommation. D'ici à 1995, le bois et le charbon de bois deviendront rares ou même disparaîtront dans de nombreuses régions du pays.

CALESTOUS JUMA Nairobi

(Extrait d'AMBIO, Journal of the Human Environment, Stockholm)

L'énergie tirée du bois en Suède

La Suède, qui produit près de 10 pour cent de son énergie à partir de résidus de bois, s'efforce actuellement d'accroître la production d'énergie tirée du bois en faisant appel tant aux résidus qu'à des forêts spécialement affectées à cet usage. Cela présente des difficultés qui tiennent, selon un article d'Anne S. Fege dans le numéro de janvier 1981 de Journal of Forestry, à ce que la capacité des usines excède déjà les volumes sur pied inventoriés, de sorte que la Suède a dû, au cours des cinq dernières années, importer environ cinq pour cent de ses besoins de pâte. Etant donné que les produits forestiers représentent 21 pour cent des exportations du pays, c'est un facteur important à prendre en considération.

L'Office national suédois pour le développement des ressources énergétiques a mis sur pied il y a cinq ans un programme de recherche sur l'énergie de la biomasse. Les fonds affectés à ce programme ont triplé dans les trois dernières années. Ses objectifs sont les suivants: (a) amélioration des systèmes de transport et de manutention; (b) accroissement des disponibilités en bois; (c) étude des ressources de biomasse non ligneuses telles que résidus agricoles, plantes herbacées et plantes aquatiques; (d) évaluation des effets sur l'environnement et sur l'utilisation des terres.

D'autres organismes travaillent dans ce même domaine en Suède: la Fondation pour la recherche en exploitation forestière à Stockholm, le Département d'organisation du travail du Collège forestier de Suède, et l'Association des propriétaires forestiers du sud.

La création de plantations d'environ 200 ha destinées à la production d'énergie sur des marécages asséchés et des terres en friche est en cours. On utilise Salix spp. et, dans certains cas, on essaie des mélanges d'Alnus et Salix spp. Ce programme est assez urgent, car les volumes sur pied dans les peuplements de 20 à 60 ans sont peu importants, et l'on prévoit une diminution des volumes exploités dans les 20 années à venir, ce qui accentuera la concurrence entre production d'énergie et autres utilisations du bois.

La production d'énergie à partir du bois est financièrement intéressante en Suède, surtout si l'on considère que le pays est tributaire du pétrole pour 72 pour cent de sa consommation actuelle d'énergie, et a décidé d'arrêter la construction de centrales nucléaires lorsque le programme en cours sera achevé. On estime qu'il faut 5 m3 de bois pour produire la même quantité d'énergie que 1 000 l de pétrole, mais que le prix de ce bois n'est que la moitié de celui du pétrole.

L'industrie papetière au Kenya

La Panafrican Paper Mills a obtenu un financement de 26 millions de dollars pour agrandir ses installations à Webuye. Ces investissements porteront la capacité de l'usine de 6 000 à 35 000 t/an de papier non blanchi, et permettront en outre l'installation d'une chaîne de fabrication de pâte mécanique de 15 000 t/an. Le démarrage est prévu pour 1983.

La part de l'auto-investissement atteste le succès de cette entreprise. La Panafrican apportera elle-même 12 millions de dollars sur ses disponibilités propres. Le reste du financement proviendra de crédit-fournisseur (6 millions de dollars), de la Société financière internationale (5 millions de dollars), de l'East African Development Bank (1 million de dollars), et d'organismes de financement locaux.

La production accrue de l'usine sera destinée principalement au marché intérieur, mais la réalisation du projet procurera un bénéfice net en devises de 3 millions de dollars par an, selon la SFI. Elle créera en outre 60 emplois directs dans l'usine et 20 autres dans les chantiers forestiers.

La Panafrican Paper Mills a été créée en l 969 par le gouvernement kényen, l'Orient Paper and Industries of India et la SFI. Elle se classe maintenant parmi les entreprises industrielles les plus importantes du Kenya.

Pulp and Paper International

Projets papetiers au Bangladesh

Lors de la «Réunion de solidarité» tenue a Dacca en décembre 1980, quatre des dix nations participantes - Inde, Indonésie, Turquie et Emirats arabes unis - ont manifesté leur intention de créer avec le Bangladesh des entreprises mixtes dans le secteur public et éventuellement privé de l'industrie de la pâte et du papier. Le Bangladesh, qui possède de vastes ressources en matière première et en main-d'œuvre, et a des possibilités de débouchés dans un certain nombre de pays en développement voisins, se prête à une expansion de cette industrie s'il peut bénéficier d'un financement extérieur.

D'ores et déjà, la Bangladesh Chemical Industries Corporation, qui possède une usine de pâte et trois papeteries, a passé un accord avec l'Indian Project Equipment Corporation pour un projet de 3 millions de dollars visant l'expansion de la fabrique de

papier journal de Khulna, qui exporte sa production dans toute l'Asie. Les deux firmes étudient par ailleurs la possibilité de construire une nouvelle usine intégrée au Bangladesh.

Plan d'expansion de Picop aux Philippines

Picop a repris un projet d'expansion de son usine de pâte et de papier de 400 millions de dollars, qui avait précédemment été abandonné par suite d'un manque de capitaux et d'une insuffisance des disponibilités en bois. Dans le nouveau projet, Picop s'associera avec le gouvernement philippin et avec un partenaire étranger qui reste à désigner.

Selon un rapport, la capacité de l'usine, actuellement de 450 t/jour, sera doublée. Environ 224 millions de dollars d'équipement seront commandés à des fournisseurs étrangers et 45 millions de dollars à des fournisseurs locaux. On espère que cet équipement sera financé pour une bonne part par les fournisseurs, le reste par les actionnaires actuels et par la National Development Corporation.

D'autre part, des négociations sont en cours en vue d'obtenir un financement de 50 millions de dollars pour une expansion des plantations forestières de Picop, dont la superficie passerait de 38 000 à 45 000 ha, et peut-être ultérieurement à 60 000 hectares.

Pulp and Paper International


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