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Mobilisation des communautés rurales

Marilyn Hoskins

Ces exemples ont été fournis par Marilyn Hoskins, qui dirige le Programme de developpement associatifs, Institut polytechnique et Université d'Etat de Virginie, Blacksburg, Virginie (Etas-Unis). Ils sont extraits d'un document présenté a la Consultation FAO/SIDA.

NEPAL: gestion et utilisation collectives des terres forestières

Au Népal, le gouvernement a lancé un programme visant à remettre des terrains classés aux collectivités voisines. Cette nouvelle politique fait suite à une période de nationalisation de terres boisées précédemment gérées par les collectivités locales. On a constaté que lorsque les terrains relevaient de l'Etat les habitants ne se souciaient plus d'en préserver le rendement soutenu, et qu'en dépit des réglementations nationales ils étaient rapidement déboisés. Désormais, le gouvernement restituera ces terres à toutes les collectivités qui présenteront un plan de gestion qu'il jugera acceptable. Ce plan peut comporter des éléments tels que production de fourrage ou récolte de menus produits forestiers en vue de la vente ou de la transformation sur place. Plus généralement, il prévoira soit la protection de la majorité des arbres, soit leur exploitation sur la base d'un rendement soutenu, suivant les conseils techniques du service forestier.

Un projet patronné par un donateur a mis à profit l'occasion ainsi offerte. Ses activités sont centrées sur l'élaboration de plans de gestion adaptés, incorporant les traditions locales, et sur la recherche du maximum d'avantages que peut apporter la forêt sur le plan local. Les responsables du projet aident les collectivités locales à élire des comités de conservation - au sein desquels il doit toujours y avoir au moins une femme. Les agents de terrain de l'agriculture, des forêts et autres services techniques en sont automatiquement membres. Ils expérimentent ensemble une méthode de planification concertée désignée sous le terme de gaun sallah (discussion de village).

Une équipe de spécialistes provenant des ministères locaux compétents ainsi que des personnalités politiques du district et de la localité, des notables et des représentants de la collectivité - y compris le comité de conservation - consacrent plusieurs jours à une visite de la région et à la discussion des options de planification et des contraintes locales. Les membres de la collectivité ont dès l'abord la possibilité de participer, officiellement ou non, et d'être informés du processus de planification et des choix concernant les ressources.

Photo: Ce vulgarisateur parle avec des villageois népalais

HAITI: production forestière

En Haïti, une organisation non gouvernementale (ONG) internationale, travaillant avec des ONG locales, a lancé un projet qui a pour but d'encourager les paysans à planter des arbres pour produire du bois de feu en vue de la vente. Le directeur du programme, qui est anthropologue, a séjourné plusieurs années en Haïti avant d'être chargé de la préparation de ce projet. Il y a découvert que les actions communautaires étaient moins bien accueillies que les actions au niveau de la famille et que, si la plupart des familles rurales avaient accès à la terre, une grande partie de celle-ci était pratiquement impropre à l'agriculture. Il a également noté que les familles avaient de sérieux besoins d'argent et que le bois de feu était si rare qu'il y avait là i des débouchés «quasi illimités».

La plupart des efforts de reboisement antérieurs mettaient l'accent sur les plantations aux fins de conservation, en limitant l'exploitation. Les villageois n'avaient pas le droit d'abattre les arbres pour les vendre. Au titre de ce projet, en revanche, des plants d'essences à croissance rapide - dans de petits récipients faciles à transporter et à mettre en place - sont mis à la disposition des participants qui les planteront sur leurs terres. Chaque participant doit planter au minimum 500 arbres. Un agent de terrain aide à choisir les stations et donne des conseils sur certains points, tels que l'espacement et l'agrosylviculture. Les arbres sont l'entière propriété des paysans, bien que les agents donnent au besoin des avis pour leur récolte.

Le projet n'a démarré qu'en 1981, mais les paysans ont déjà pris 1,6 million de plants de reboisement, et la demande pour la prochaine campagne est de plus du double. Les coordinateurs du projet de l'ONG internationale sont inquiets de l'absence d'infrastructure forestière locale de soutien. Ils pensent qu'il serait souhaitable de créer des pépinières locales gérées sur une base commerciale par les ONG locales ou par des particuliers. Ils sont convaincus que la demande de bois sera telle que les paysans pourront payer les plants une fois qu'ils auront touché leurs premières recettes des ventes de bois ou de charbon de bois.

Photo: Construction d'un mur de protection contre l'érosion du sol en Haïti

SÉNÉGAL: développement décentralisé

Le gouvernement sénégalais a promulgué une loi de réforme administrative qui prévoit une décentralisation. La planification concertée est le moyen employé pour identifier et organiser les actions de développement local.

Les communautés rurales élisent des conseils communautaires, qui non seulement perçoivent les taxes locales mais en conservent la plus grande partie pour financer les solutions aux problèmes locaux. Le conseil communautaire peut contacter les agents de terrain locaux des divers ministères. S'il identifie par exemple un problème qui relève des techniques forestières, il peut consulter un agent des eaux et forêts et compter en principe sur lui pour le résoudre.

Le conseil communautaire contrôle également la répartition des terres, la protection des plantations et la distribution des bénéfices entre les habitants. La planification se faisant localement, elle peut plus facilement être intégrée et souple. En outre, des actions conçues localement sont en général plus réalistes parce qu'elles tiennent davantage compte des contraintes physiques, sociales, économiques et politiques. Cette formule d'organisation permet d'éliminer certains des problèmes auxquels on se heurte avec la planification centralisée.

Photo: Adansonia digitata au Sénégal


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