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RESSOURCES EN MATERIEL GERMINATIF DE CALLIANDRA CALOTHYRSUS MEISSN. EN AMERIQUE CENTRALE ET AU PANAMA1

par

B. Chang et H. Martínez
Dept. de Recursos Naturales Renovables
CATIE, Turrialba
Costa Rica

GENERALITES

Près de 1 500 millions de personnes utilisent le bois pour se chauffer et cuire les aliments dans les pays en développement (Arnold, 1978). L'Amérique centrale est parmi les régions concernées: environ 80 pour cent du bois coupé est utilisé comme combustible par environ 15 millions de personnes (72 pour cent de la population). La proportion de la consommation totale d'énergie fournie par le bois de feu varie entre 26 pour cent au Panama et 64 pour cent au Honduras qui, avec le Guatemala et le Salvador, a le taux le plus élevé de consommation de bois de feu (Martínez, Bauer et Jones, 1968).

En Amérique centrale, où la croissance démographique est de 2,7 pour cent par an et dont la facture d'électricité et de pétrole importé est élevée, il ne semble pas que les besoins de bois de feu doivent sensiblement diminuer dans les années qui viennent.

Les sources naturelles de bois de feu de la région sont les forêts de conifères indigènes, les forêts mixtes de conifères et de Quercus spp., les forêts mélangées de feuillus, les forêts d'espèces pionnières et les forêts secondaires des zones recevant des pluies saisonnières; peuvent être également considérés comme source de bois de feu les matériaux tirés des résidus agricoles des plantations collectives et des haies vives. Dans les forêts secondaires poussant à basse et moyenne altitude dans quelques pays de l'Amérique centrale, Calliandra Calothyrsus Meissn. est un pourvoyeur particulièrement important de bois de feu de moyen calibre.

DISTRIBUTION NATURELLE

C. calothyrsus est une essence indigène qui pousse du sud du Mexique au nord-ouest de Panama (NAS, 1983). Au vu des résultats obtenus avec cette essence en Indonésie, à partir de semences guatémaltèques (NAS, 1979), il a été décidé d'identifier les sources les plus prometteuses pour l'établissement de plantations de bois d'énergie (voir figure 1).

Des expéditions de reconnaissance sur le terrain ont confirmé l'existence et la distribution de cette essence dans une grande partie de l'Amérique centrale. Au Guatemala, on la trouve dans une zone qui s'étend entre 14°14' et 14°52' de latitude nord et 90°00' et 91°34' de longitude ouest (Santa María de Jesús, Quezaltenango et Oratorio), de 400 à 1 600 m d'altitude. Ces terres reçoivent entre 1 200 et 3 000 mm de précipitations moyennes annuelles et la saison sèche y dure de 2 à 4 mois; on trouve aussi cette essence dans une petite zone située entre 14°45' et 14°50' de latitude nord et entre 89°55' et 90°20' de longitude ouest, autour de Sanarate, El Progreso, entre 700 et 900 m d'altitude; cette zone reçoit entre 700 et 850 mm de précipitations annuelles et la saison sèche y dure sept mois; enfin, elle pousse aussi à l'extrémité est du pays, à Esquipulas (14°45' de latitude nord et 85°28' de longitude ouest), situé à 1 300 m au-dessus du niveau de la mer et où la saison sèche dure cinq mois.

Au Costa Rica, la présence de cette essence a été confirmée dans la zone de Puriscal (entre 9°45' et 9°52' de latitude nord, 84°12' à 84°25' de longitude ouest, 900 à 1 100 m d'altitude, précipitations moyennes annuelles de 2 500 mm et saison sèche de quatre mois); à Birrí de Heredia (10°04' de longitude nord, 84°08' de longitude ouest, 1 300 m d'altitude, précipitations moyennes annuelles de 3 000 mm et saison sèche d'un mois); à Tejar en Cartago (entre 9°50' et 9°52' de latitude nord et entre 83°56' et 85°57' de longitude ouest, 1 300 m d'altitude, précipitations moyennes annuelles de 1 500 mm et saison sèche de quatre mois) et à Turrialba (entre 9°55' et 9°56' de latitude nord, entre 83°41' et 83°43' de longitude ouest, 600 à 900 m d'altitude, précipitations de 2 500 mm et un seul mois sec).

Au Panama, l'essence croît à Bajo Boquete, dans la zone de Chiriquí (8°46' de latitude nord, 82°27' de longitude ouest, 1 200 mm d'altitude, 3 000 mm de précipitations annuelles et saison sèche durant de un à deux mois).

L'essence a été signalée, sous réserve, dans le nord-ouest du Honduras (15°30' de latitude nord, 88°17' de longitude ouest, 600 m d'altitude, 1 600 mm de précipitations annuelles et saison sèche de quatre mois). Il serait également utile de conduire des études de reconnaissance au Salvador et au Nicaragua.

OBSERVATIONS PHENOLOGIQUES

Dans la zone de l'Amérique centrale, l'essence fleurit entre septembre et novembre, quoiqu'on puisse encore trouver des fleurs en décembre. La fructification s'étend de novembre à début janvier et les graines sont recueillies en janvier, mais on peut parfois trouver des fruits mûrs dans la seconde quinzaine de décembre.

Pendant la saison sèche, l'arbre est semi-décidu. Il peut souffrir du “die-back” si la saison est particulièrement sèche mais se reprendra au début de la saison des pluies. Cette espèce est une colonisatrice envahissante, sans doute parce qu'elle produit des plants semenciers prolifiques.

LOCALISATION DES PEUPLEMENTS SEMENCIERS

Les zones de collecte des graines couvrent pratiquement la totalité de l'aire naturelle de C. Calothyrsus en Amérique centrale. En 1984, on a recueilli des graines dans presque tous les peuplements connus, sauf au Panama où l'on espère faire une collecte en janvier prochain. Les graines ont été récoltées sur plus de 260 arbres représentant 11 provenances avec, pour chaque peuplement, un minimum de 20 arbres distribués aléatoirement (voir tableau 1 et carte).

EVALUATION DES PROVENANCES

Etant donné que les provenances identifiées couvrent un vaste territoire géographique caractérisé par de grandes variations écologiques (par exemple, la saison sèche a une durée de un à sept mois, les précipitations moyennes varient entre 700 et 3 000 mm par an, l'altitude est comprise entre 700 et 1 600 m, les sols sont de fertiles à érodés), on espère que les échantillons de semences récoltés sur une superficie aussi étendue feront l'objet d'essais de provenance pour que puissent être pleinement évaluées la variabilité potentiellement utile de cette essence et son adaptabilité à toute une gamme de conditions d'environnement (Palmberg, 1980).

Il est suggéré de conduire, dans l'immédiat, des essais de provenance sur des sites représentatifs de toute une gamme de conditions écologiques (altitude, latitude, longitude, précipitations, sols) 1 et, en même temps, de prendre des mesures pour assurer la conservation in situ des peuplements productifs. Par la suite, il faudra entreprendre de plus grandes collectes des provenances ayant un plus grand potentiel pour l'établissement de peuplements ex situ.

RECHERCHE FUTURE

Outre la mise en oeuvre d'un essai régional de provenance, nous prévoyons de:

  1. Accroître le nombre des sites de collecte de provenances.

    Pour augmenter le nombre des provenances à tester, on se propose de recueillir des semences sur d'autres sites repérés en Amérique centrale, à savoir: deux autres sources naturelles au Guatemala, un peuplement guatémaltèque issu de graines provenant d'une plantation indonésienne ellemême établie avec des graines d'origine guatémaltèque, un ou deux sites au Honduras et un au Panama. Nous espérons aussi obtenir des quantités plus importantes de graines des précédents sites de collecte pour atteindre un chiffre minimum de 1 kg/provenance.

  2. Conserver les peuplements naturels.

    Avec la collaboration des services forestiers nationaux et des propriétaires privés, on se propose de délimiter et de conserver in situ des peuplements naturels précédemment identifiés (FAO, 1981) afin d'éliminer le risque de les voir détruits par des brûlis, des coupes, des changements d'utilisation des terres ou la culture itinérante.

BIBLIOGRAPHIE

1. Arnold, J.E.M., 1978. Wood energy and rural communities. In World Forestry Congress, 8th. Jakarta, Indonésie, 1978.

2. FAO, 1981. Rapport de la consultation d'experts FAO/PNUE sur la conservation in situ des ressources génétiques forestières, Rome, 2–4 décembre 1980. FAO, Rome, 34 pp.

3. Martínez, H., Bauer, J. and Jones, J. 1983. Fuelwood in Central America and the regional fuelwood and alternative energy sources project. Turrialba, Costa Rica, CATIE. 16 pp.

4. National Academy of Sciences, 1983. Calliandra a versatile small tree for the humid tropics. Washington, D.C. NAS. 52 pp.

5. NAS. 1979. Tropical legumes: resources for the future. Washington, D.C. 197 pp.

6. Palmberg, C., 1980. Principios y estrategia para el mejor aprovechamineto de los recursos genéticos forestales. In Curso sobre Mejora genética de los árboles forestales. Mérida, Venezuela, 1980. Roma, FAO, Estudio FAO Montes No. 20 pp. 27–50.

TABLEAU 1 - PRECISIONS SUR LES COLLECTIONS DE PROVENANCE DE CALLIANDRA

BLSF Lot
LIEU DE PROVENANCELAT.LONG.ALT.PRECIPITATIONS MOYENNES ANNUELLESMOIS SECSSOLViabilité des graines 10 gQuantité disponible
1708San Lucas, Sololá, Guatemala14°40'W91°06'W1600m2000 mm3profond, volcanique limon sableux  94460 g.
1709Patulul, Zuchitepeque, Guatemala14°36'N91°06'W1300m1700 mm3idem  92225 g.
17111Km 34 Sanarate, El Progreso, Guatemala14°47'N90°17'W   850m  850 mm7peu épais, métamorphique, argile sableuse102260 g.
1712Sta. María de Jesús, Quetzaltenango, Guat.14°43'N91°32'W1500m3000 mm2profond, volcanique, limon sableux  98430 g.
17131Km 51 ½ de l'Atlantique El Progreso, Guat.14°47'N90°15'W900m  700 mm7peu épais, métamorphique, argile sableuse104375 g.
1637Quitirrisí, Puriscal, Costa Rica9°52'N84°15'N1200m2500 mm3profond, argileux, grumeleux, latosol104275 g.
1655Palmichal, Puriscal, Costa Rica9°45'N84°12'W1000m2100 mm3alluvions fertiles118500 g.
1656Salistral, Puriscal, Costa Rica9°48'N84°25'W900m2700 mm3peu épais, érodé argileux, latosol114285 g.
1657Birri, Heredia, C.R.10°04'N84°08'W1300m3000 mm1profond, fertile, volcanique120700 g.
1658San Isidro del Tejar, Cartago, C.R.9°48'N83°57'W1300m1500 mm4profond, fertile, latosol d'origine volcanique126450 g.
1707Mon Río, Turrialba, C.R.9°55'N83°42'W700m2500 mm1profond, sableux, alluvions  95120 g.

1 Lors de l'expédition botanique de 1983, nous avons conclu que la physionomie des arbres de ces stations diffère de celle de l'espèce type C. calothyrsus. Cependant, nous préférons inclure dans les essais envisagés les lots 1 711 et 1 713 pour évaluation car ils proviennent de stations ayant une longue saison sèche et parce qu'ils présentent quelques similitudes avec des arbres types poussant sur d'autres stations.

1 Manuscrit reçu en juillet 1984.

1 Les personnes souhaitant participer à ces activités doivent s'adresser à: Banco Latinoamericano de Semillas Forestales (BLSF), Departamento de Recursos Naturales Renovables, CATIE, Turrialba, Costa Rica.


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