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Le programme de terrain de la FAO: Les 40 premières années

Maharaj K. Muthoo

Maharaj K. Muthoo est directeur du Service des opérations Département des forêts de la FAO, Rome.

· Il y a 32 ans seulement, en 1953, le budget du programme forestier de terrain de la FAO (qui s'appelait alors Programme d'assistance technique) ne dépassait pas 1 million de dollars U.S. par an. Moins de 50 experts travaillaient sur le terrain, et l'apport d'assistance technique ne comptait qu'une trentaine d'hommes par an dans le secteur forestier.

Aujourd'hui, plus de 180 millions de dollars par an sont consacrés aux projets forestiers de terrain de la FAO. Il y a plus de 300 projets forestiers financés par des ressources extrabudgétaires (Programme des Nations Unies pour le développement et fonds fiduciaires, par exemple) ou par le budget ordinaire (Programme de coopération technique) pour lesquels l'apport extérieur géré par la FAO dépasse 35 millions de dollars. Des projets sont opérationnels dans presque tous les pays en développement du monde, et l'éventail des activités est très large: évaluation et aménagement des ressources forestières, lutte contre la désertification, développement rural, bois de feu, renforcement des institutions, planification, industries forestières, foresterie communautaire, amélioration des bassins versants, protection de l'environnement. Chaque année, les projets forestiers de terrain occupent environ 300 hommes par an de travail d'expert.

Les premiers temps. Pendant les 15 premières années, le budget des opérations de terrain était un peu inférieur aux dépenses au titre du budget ordinaire. Les programmes de terrain étaient financés presque exclusivement par le Programme élargi d'assistance technique des Nations Unies (PEAT) et, exceptionnellement, par un fonds fiduciaire. Les opérations de terrain consistaient essentiellement en missions d'assistance technique et en bourses. La majeure partie du budget était consacrée au matériel nécessaire pour les démonstrations et la formation. Les demandes d'assistance technique concernaient alors essentiellement l'amélioration des techniques d'aménagement forestier, et en particulier des techniques d'exploitation et de transformation (60 pour cent); venaient ensuite l'élaboration des politiques (30 pour cent) et, enfin, la planification économique et les inventaires (10 pour cent). Cette ventilation correspond à peu près à la structure de ce qu'était alors la Division des forêts de la FAO, qui comptait trois sous-divisions: production forestière, politiques forestières et économie forestière.

Mais les principes dont s'inspirait le programme forestier étaient très différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. A l'origine, le programme portait principalement sur les inventaires et les prospections, et l'essentiel des activités était consacré à la collecte de données. Le premier inventaire forestier de la FAO a été publié en 1948 et couvrait 97 pays. Trois autres ont ensuite été publiés: en 1953, en 1958 et en 1963. Après quoi il a fallu attendre 1978 pour que soit entreprise la grande évaluation FAO/PNUE des ressources forestières tropicales, qui a été achevée en 1981.

Le style du programme de terrain a aussi beaucoup changé depuis lors. A l'époque, on cherchait principalement à développer l'aménagement forestier et l'industrie forestière dans les pays où l'un et l'autre étaient presque inexistants, à telle enseigne qu'en 195775 pour cent des experts forestiers employés sur le terrain étaient européens. Aujourd'hui, le programme vise à fournir à des services forestiers et à des industries qui sont déjà bien établis un appui dans des domaines critiques. On a de plus en plus recours à des experts originaires de pays en développement pour aider leurs collègues d'autres pays en développement. En fait, c'est en grande partie grâce au succès des premiers projets forestiers de la FAO que la coopération technique entre pays en développement (CTPD) est maintenant une réalité dans le secteur forestier.

Vers la fin des années 50, le programme d'assistance technique dans le secteur forestier absorbait environ 1 million de dollars par an (contre 0,7 million de dollars fournis par le budget ordinaire) et employait environ 60 experts. La période de croissance exponentielle allait commencer.

Le programme prend forme. Le Fonds spécial des Nations Unies pour le développement économique a été créé en 1959, avec un budget annuel total de 25 millions de dollars. Il privilégiait les projets propres à mettre en lumière la richesse potentielle des ressources naturelles non inventoriées dans les pays sous-développés, comme il est dit dans un document de l'époque, ainsi qu'à développer la formation et les centres de recherche dans les pays et à faire des enquêtes d'un coût limité susceptibles de déboucher rapidement sur des investissements. Ce fut un tournant important. Les premiers projets forestiers financés par le Fonds spécial en 1960 avaient un budget de 2,5 millions de dollars. Ce budget a augmenté rapidement par la suite, pour atteindre en 1966 un sommet de 14 millions de dollars. En 1971, 56 projets forestiers du Fonds spécial étaient opérationnels, mobilisant un apport total de 57 millions de dollars répartis sur quatre à cinq ans, durée moyenne des projets. Cette expansion ne s'est pas faite aux dépens des projets beaucoup moins ambitieux et moins longs d'assistance technique, qui étaient alors au nombre de 105, avec un budget total d'un peu plus de 5 millions de dollars. Les projets financés par des fonds fiduciaires commençaient eux aussi à se multiplier: à la fin de 1971, 14 projets avaient été approuvés, d'un coût total d'environ 2 millions de dollars, essentiellement dans le domaine du reboisement, de l'exploitation et de l'éducation.

Tableau 1. Les activités prioritaires du programme forestier de terrain, 1971-1975

Catégorie

1971

1975

Nombre de projets

Pourcentage du total

Nombre de projets

Pourcentage du total

Production

56

57

42

33

Protection

6

6

11

9

Récréation, faune et parcs nationaux

4

4

18

14

Utilisation des produits forestiers

5

5

19

15

Renforcement de l'administration forestière

2

2

9

7

Education

16

16

17

13

Recherche

5

5

8

6

Non classés ou multidisciplinaires

5

5

4

3

Total

99

100

128

100

Note: Certains projets appartiennent a plus d une catégorie

Le coût total du programme forestier de terrain atteignait alors 64 millions de dollars, répartis entre quelque 175 projets. Depuis 14 ans, la valeur des projets a presque triplé, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de plus de 18 pour cent entre 1971 et 1985.

En 1970, le nombre de demandes d'assistance et l'expansion des activités forestières de la FAO ont conduit à transformer la Division des forêts en Département. Peu après, le PEAT et le Fonds spécial ont été regroupés en un seul et unique programme: le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Les anciens projets d'assistance technique sont devenus les «petits projets» du PNUD (budget inférieur à 150000 dollars), et les anciens projets du Fonds spécial, les «grands projets». Le PNUD a adopté la programmation par pays, qui consiste à fixer pour chaque pays un plafond de l'aide multilatérale pour une période quinquennale, en fonction du programme national de développement économique et social. Cela a rapidement débouché sur une approche plus efficace et plus intégrée du développement, qui a supplanté l'ancienne approche projet par projet. Bien sûr, cela n'a pas été sans problèmes: les responsables des projets de terrain ont constaté que les temps de gestation des projets étaient de plus en plus longs.

Ainsi, le début des années 70 a été une période de mutation rapide. En 1972, il y avait des projets de terrain dans 63 pays; en 1975, dans 74. Entre 1971 et 1975, les dépenses annuelles sont passées de quelque 12 millions de dollars à 13,5 millions et, surtout, la nature du programme a elle-même changé (tableau 1).11 est instructif de considérer à cet égard l'analyse des grands projets de l'époque. L'évolution traduit l'apparition de certaines préoccupations qui sont d'actualité aujourd'hui. Ainsi, au début des années 70, la production forestière a perdu du terrain au profit de la protection. Le nombre de demandes concernant l'aménagement de la faune et des parcs nationaux a aussi beaucoup augmenté, essentiellement sous l'effet de l'essor du tourisme. Cette tendance ne devait toutefois pas durer, notamment parce que les difficultés politiques que connaissait l'Afrique devaient bientôt faire des ravages dans de nombreux parcs nationaux. L'intérêt des touristes a diminué pour ne se raviver qu'à une date toute récente. Une autre cause de ce changement d'orientation est le fait qu'au début des années 70, avant la Conférence des Nations Unies sur l'environnement (Stockholm, 1972), la FAO était officieusement l'organisme chef de file des Nations Unies pour les questions d'environnement. A cette époque, on tendait à assimiler la protection de l'environnement à la conservation de la faune et des parcs nationaux. Aujourd'hui, l'environnement est pris dans un sens beaucoup plus large, et le Programme des Nations Unies pour l'environnement coordonne les activités de toutes les agences spécialisées des Nations Unies dans ce domaine.

La principale innovation du programme forestier est incontestablement son orientation en faveur du développement.

L'importance croissante attribuée au renforcement des institutions forestières apparaît clairement au tableau 1: c'est un domaine d'activité dont l'expansion se poursuit. Toutefois, l'action converge maintenant sur l'Afrique, alors qu'autrefois elle était concentrée en Asie et en Amérique latine. Le secteur le plus dynamique a cependant été l'utilisation des produits forestiers, car une nouvelle tendance a commencé à s'affirmer: la création d'emplois devenait un objectif du développement aussi important que le relèvement des revenus par habitant, critère purement statistique et sans relation avec le mode de vie de la majorité des ruraux pauvres.

Dans de nombreuses zones rurales, la foresterie et, dans certains endroits, l'industrie textile offrent les seules possibilités d'emploi en dehors de l'agriculture de subsistance. C'est pourquoi depuis un certain nombre d'années, on s'intéresse de plus en plus au potentiel de création d'emplois et de revenus qu'offrent les ressources forestières. Le relèvement des revenus et de l'emploi en milieu rural est maintenant un des principaux objectifs de la nouvelle stratégie forestière au service du développement.

Les statistiques permettent aussi de suivre l'évolution de la ventilation du programme entre les régions pendant cette période, et jusqu'en 1985 (tableau 2). Au début des années 70, avant que les effets de la première sécheresse du Sahel ne soient connus de tous, la foresterie africaine n'avait pas encore pris l'importance qu'elle a aujourd'hui, et la part de la foresterie dans le programme de terrain a légèrement diminué en Afrique. En Amérique latine, elle est restée stationnaire, essentiellement parce que les nouvelles institutions forestières étaient déjà en place à cette époque, ce qui explique en partie la réduction du programme entre 1975 et 1985. En Europe et au Proche-Orient, elle a également baissé et continue à baisser depuis. En revanche, en Asie et dans le Pacifique, le programme forestier a fait un bond en avant et continue de croître aujourd'hui.

Une des raisons de cette évolution est la prise de conscience de l'importance de l'aménagement des bassins versants. Dans de nombreuses régions, mais surtout en Asie, le déboisement sauvage des pentes a déclenché une érosion de plus en plus inquiétante sur les versants et des inondations désastreuses en aval. Le reboisement est vite apparu comme un objectif prioritaire du programme de terrain. De là sont nés les deux grands axes actuels du programme: la foresterie communautaire et le développement rural.

D'autres facteurs ont également commencé à exercer leur influence pendant la deuxième moitié des années 70. Le plus important a été la crise financière du PNUD, qui a commencé vers 1976, mais dont les effets ne se sont pas fait sentir dans le secteur forestier avant 1980. En 1975, le PNUD fournissait environ 15 millions de dollars par an au programme forestier de terrain, contre 3 millions de dollars fournis par les fonds fiduciaires. Les apports du PNUD ont continué à augmenter au début des années 80 pour atteindre un maximum de 24 millions de dollars; ils plafonnent aux environs de 20 millions de dollars (1984) avec une très légère tendance à la hausse, malgré la réduction de l'enveloppe globale du PNUD. Pendant la même époque, le programme des fonds fiduciaires a poursuivi son essor rapide pour dépasser 12 millions de dollars en 1984. Grâce à cela, les activités forestières de terrain ont pu progresser constamment entre 1981 et 1985. En fait, les activités du Servi ce des opérations forestières pendant la décennie, et le pourcentage qu'elles représentent du Programme de terrain de la FAO, ont sensiblement augmenté.

Une nouvelle optique: le développement. La principale innovation du programme forestier est incontestablement son orientation actuelle en faveur du développement. Jusqu'à la fin des années 70, l'objectif était en termes généraux de stimuler la croissance globale du secteur forestier. La répartition des bénéfices de cette croissance était considérée comme un sujet sans grande importance, ou comme une préoccupation qui ne relevait pas directement de la profession forestière.

Plusieurs facteurs ont déclenché une mutation radicale des programmes forestiers. Les plus importants sont probablement la Déclaration de principes et le Programme d'action adoptés par la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural (CMRADR), organisée par la FAO en 1979. Cette conférence a fait comprendre aux organismes d'aide qu'il n'y avait plus un moment à perdre pour combattre la pauvreté dans les pays en développement et que c'est dans les zones rurales que serait le principal front de ce combat. Les donateurs de fonds fiduciaires, et en particulier la Suède, ont aussi joué un rôle décisif en formulant une nouvelle stratégie forestière au service du développement. Dès avant la CMRADR, la Suède avait décidé de fournir 3,6 millions de dollars pour financer un nouveau programme cadre de foresterie au service du développement des communautés locales, qui a permis d'affronter sur le terrain les problèmes de la foresterie communautaire. Vers la même époque, la véritable ampleur de la crise du bois de feu a commencé à apparaître, en grande partie grâce au travail qu'a fait la FAO pour la quantifier. Les Pays-Bas ont par la suite financé des projets de grande ampleur relevant d'un autre programme-cadre intitulé «Foresterie et énergie rurale». La Norvège et la Finlande se sont associées à cet effort en finançant des projets de foresterie sociale visant à promouvoir le développement rural et l'amélioration de l'environnement. La Belgique et la Suisse financent également des projets exécutés par la FAO dans ce domaine.

On avait en fait commencé à réfléchir sérieusement à divers aspects de la réorientation du programme forestier en faveur du développement rural dès avant la CMRADR. Cette réflexion avait notamment abouti à la rédaction d'un document sur la foresterie au service du développement, véritable déclaration de principes sur laquelle a été fondée la nouvelle stratégie approuvée par le Comité des forêts à sa 5e session (mai 1980), puis par la Conférence de la FAO. Les activités du Programme ordinaire ont alors été restructurées en quatre grands programmes: la forêt au service du développement rural; ressources forestières et environnement; industrie et commerce des produits forestiers; institutions et investissements forestiers.

Le programme forestier au service du développement rural comprend trois sous-programmes: foresterie communautaire, bois de feu, et développement agrosylvopastoral; chacun regroupe diverses activités de terrain inspirées par la nouvelle stratégie. L'innovation la plus intéressante est peut-être l'utilisation de la foresterie communautaire pour accroître la production locale de bois de feu, de fourrage, de bois de service, de fruits et d'autres produits des arbres. Des grands projets dans ce domaine sont opérationnels en Asie et en Amérique latine, par exemple au Népal et au Pérou, et il y en a beaucoup d'autres en Afrique.

Les activités de foresterie communautaire gagnent de l'importance, et cette progression se poursuivra sans doute. Plus de 200 millions de personnes vivent encore de l'agriculture itinérante, alors que l'explosion démographique et l'amenuisement des ressources forestières contraint à réduire la durée des jachères, ce qui appauvrit encore les ruraux et détruit la forêt tropicale.

Tableau 2. Ventilation par région des projets forestiers, 1971-1985 (ressources extrabudgétaires)

 

1971

1974

1985

Nombre de projets

Pourcentage du total

Nombre de projets

Pourcentage du total

Nombre de projets

Pourcentage du total

Afrique

19

36

25

33

87

38

Asie

7

13

17

22

75

33

Europe et Proche-Orient

11

21

12

15

27

12

Amérique latine

16

30

24

30

40

17

Total

53

100

78

100

229

100

LUTTE CONTRE L'ÉROSION AU HONDURAS c'est l'objectif de nombreux projets de la FAO

La FAO étudie des méthodes permettant d'intégrer l'agriculture et la foresterie pour relever les revenus et améliorer l'environnement dans les zones touchées par ce problème. Des projets réalisés en Asie et en Amérique centrale ont donné des résultats encourageants.

Une troisième préoccupation majeure est d'accroître les revenus des ruraux qui vivent dans la forêt ou à proximité. Des études récentes ont mis en lumière l'importance des projets permettant d'améliorer l'organisation des petites coopératives qui vivent en partie de la collecte des produits forestiers, de l'apiculture ou de la culture de champignons, par exemple. Ces projets, de plus en plus nombreux, portent rapidement des fruits. Un projet exemplaire à cet égard est l'établissement d'élevage de crocodiles dans des villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les paysans élèvent les crocodiles (qui ne sont pas une espèce menacée dans cette région) pour vendre leurs peaux. Au Honduras, un projet qui a permis à des associations de campesinos de participer à l'aménagement des forêts a relevé les revenus de 400 pour cent.

Près de la moitié des projets forestiers de terrain de la FAO portent sur les ressources forestières et l'environnement. Beaucoup d'entre eux consistent à aider les gouvernements à évaluer, planifier et aménager les ressources forestières - activités traditionnelles du programme forestier. Le plus grand projet de ce genre, qui est situé au Brésil, dure déjà depuis plusieurs années. Il aide à inventorier l'immense patrimoine forestier du Brésil, à le valoriser et à l'utiliser sans compromettre l'avenir.

L'aménagement des bassins versants est incontestablement une activité d'importance cruciale pour l'environnement. Il exige normalement de vastes projets intégrés, dont la foresterie n'est qu'un élément. A la fin de 1984, le Département des forêts de la FAO participait à 27 projets d'aménagement des bassins versants. L'un des plus complexes est le projet du Fouta-Djalon, en Afrique occidentale, qui exige une coopération et une coordination entre plusieurs pays et institutions. La montagne est ravagée par une forte érosion, qui perturbe les régimes des cours d'eau et provoque des dégâts dans 11 pays. Le projet devrait déboucher sur plusieurs projets d'investissement.

En ce qui concerne le commerce et l'industrie, les projets visent surtout à améliorer l'utilisation des produits forestiers, principalement mais non exclusivement par l'industrie papetière. Ces projets sont d'autant plus nécessaires que les importations de produits forestiers des pays en développement sont énormes et constituées pour moitié (en valeur) des pâtes à papier. On peut citer un projet ambitieux au Bhoutan, qui vise à créer un complexe d'industries forestières capables de produire du contre-plaqué et des placages, des panneaux lattés, des sciages, des pièces de menuiserie et des meubles.

Tableau 3. Priorités du programme forestier de terrain, 1984-1985

Catégorie

Nombre de projets

Pourcentage du total

Valeur des projets (millions de dollars US)

Pourcentage de la valeur totale

Développement rural

71

24

48

27

Ressources et environnement

127

42

83

46

Industries et commerce

40

13

22

12

Investissement et institutions

62

21

27

15

Total

300

100

180

100

Note: Certains projets appartiennent à plus d'une catégorie

Tableau 4. Projets forestiers de terrain financés par le PCT, 1977-1984 (coûts en milliers de dollars U.S.)

 

Afrique

Asie

Amérique latine

Europe/Proche-Orient

Total

Nombre

Coût

Nombre

Coût

Coût

Nombre

Coût

Nombre

Coût

Nombre

1977

3

50

5

192

9

553

4

224

21

1019

1978

2

42

6

392

5

222

3

190

16

846

1979

8

317

5

403

13

846

5

194

31

1760

1980

13

391

7

290

4

136

3

52

27

869

1981

10

490

4

107

5

427

2

97

21

1121

1982

11

667

3

301

5

392

3

46

22

1406

1983

24

1 953

10

651

6

213

3

103

43

2920

1984

9

564

11

842

10

690

5

296

35

2392

Total

80

4474

51

3178

57

3479

28

1202

216

12333

Nous reviendrons sur les investissements forestiers. L'article se limitera à citer les projets visant à renforcer les institutions nationales, car les carences institutionnelles sont encore un des principaux obstacles à la valorisation et à l'aménagement des ressources forestières mondiales. Au moins 50 projets opérationnels à la fin de 1984 comprenaient un élément de renforcement des institutions. Beaucoup d'entre eux comportent des activités de formation et d'éducation intéressant la foresterie communautaire, pour laquelle les forestiers doivent désormais assumer des fonctions de vulgarisation, afin d'assurer la participation des populations locales à la planification et à la gestion de leurs ressources forestières.

Etant donné les relations étroites qui existent entre le Programme ordinaire et le programme de terrain, il convient de situer l'évolution de ce dernier au cours de l'actuelle décennie par rapport aux quatre volets du Programme ordinaire. Le tableau 3 montre comment les priorités ont changé et il fait ressortir le progrès spectaculaire accompli par la nouvelle stratégie depuis cinq ans. Les activités concernant les ressources et l'environnement restent le plus gros morceau, mais ce sont celles qui intéressent la foresterie au service du développement qui ont connu l'expansion la plus rapide. Depuis cinq ans, la part de chacun des quatre sous-programmes dans les dépenses de terrain a changé comme suit:

· Développement rural: de 3 à 23 pour cent;
· Ressources et environnement: de 54 à 50 pour cent;
· Industries et commerce: de 19 à 13 pour cent;
· Investissement et institutions: de 24 à 14 pour cent.

L'essor des activités de développement rural est principalement dû aux donateurs de fonds fiduciaires qui financent environ les deux tiers du programme de terrain dans ce domaine, dépassant de loin la contribution du PNUD. Dans les trois autres secteurs, c'est l'inverse: en chiffres ronds, le PNUD finance environ 70 pour cent des activités concernant les investissements et les institutions, 80 pour cent de celles qui portent sur les ressources et l'environnement, et 90 pour cent de celles qui intéressent les industries et le commerce.

Certains autres éléments importants du programme de terrain méritent une analyse plus approfondie. Le premier est le Programme de coopération technique (PCT), créé en 1976 et qui a donné un nouveau moyen d'action. Le PCT permet d'exécuter rapidement, chaque année, un petit nombre de projets de dimensions modestes, mais capables d'avoir un effet crucial de catalyse dans le secteur forestier: appui critique pour éviter d'interrompre les activités (par exemple entre les diverses phases d'un projet), interventions en cas de catastrophes telles que les infestations de ravageurs et de maladies des arbres, préparation de projets d'investissement, soutien de la formation. Depuis 1976-1977, il y a eu 216 projets du PCT dans le secteur forestier (tableau 4). Comme on pouvait s'y attendre, c'est l'Afrique qui a eu la part du lion, avec 80 projets, suivie par l'Amérique latine et les Caraïbes (57), l'Asie et le Pacifique (51); enfin, l'Europe et le Proche-Orient (28).

Le Programme alimentaire mondial ONU/FAO (PAM), depuis sa création en 1963, a beaucoup investi dans le secteur forestier au moyen de projets vivres contre travail, particulièrement dans les programmes de développement rural. Entre 1966 et 1969, le PAM disposait d'excédents considérables d'aide alimentaire et a consacré environ 17 pour cent de ses ressources au secteur forestier. A la fin de 1971, 48 projets forestiers du PAM avaient été réalisés, et 27 comportant un apport du PAM de 75 millions de dollars étaient encore opérationnels.

Les activités du PAM ont été très diverses: formation et vulgarisation forestières; restauration des terres; aménagement des parcours et des bassins versants; reboisement; conservation des forêts; plantation de bois de village; fixation des dunes; création de rideaux-abri et de ceintures vertes; plantation d'arbres et d'arbustes fourragers. Le PAM exécute actuellement 85 projets forestiers pour lesquels il a engagé 207 millions de dollars. Près de la moitié de ces projets (en valeur) sont situés dans la région Asie et Pacifique. Beaucoup bénéficient d'un appui technique du Département des forêts de la FAO.

Si nous avons laissé les projets forestiers d'investissement pour la fin, c'est qu'ils sont souvent l'aboutissement du programme de terrain, dont une grande partie consiste à les préparer. Le développement forestier passe par de nombreuses étapes: inventaire et évaluation des ressources; renforcement des institutions; éducation et formation; mise à l'épreuve et démonstration des nouvelles formules d'aménagement forestier et de production; et, enfin, élaboration de programmes d'investissement consécutif. C'est à ce stade que les pays commencent à cueillir les fruits d'un long effort de réalisation de leur potentiel forestier.

Depuis 1979, la FAO et le PNUD partagent le coût du suivi systématique des projets susceptibles de déboucher sur des investissements. Trois projets (Brésil, Ghana et Maroc) ont été retenus à cette fin en 1979, et cinq en 1980. Les investissements continuent à progresser depuis, principalement grâce au Centre d'investissement de la FAO, qui identifie et prépare des projets à soumettre aux grands organismes de financement tels que la Banque mondiale et les banques régionales de développement.

Depuis 10 ans, 43 projets forestiers d'investissement ont mobilisé au total 2,318 milliards de dollars, dont 810 millions d'apports extérieurs. Ce programme a été financé principalement par la Banque mondiale et sa filiale pour les crédits à des conditions de faveur - L'Association internationale de développement - , qui ont fourni chacune prés de 600 millions de dollars. Le tableau 5 donne la ventilation des projets d'investissement par région et par catégorie.

Il convient de citer une initiative relativement récente du Centre d'investissement, qui a commencé à chercher des financements pour les projets de plantation de bois de feu et de foresterie communautaire. Par exemple, la Banque asiatique de développement a prêté 10 millions de dollars pour un projet destiné à accroître la production de bois de feu, de fruits et de bois de construction à Sri Lanka; 11 millions de dollars pour un projet de foresterie communautaire au Bangladesh destiné à reconstituer les bois de ferme et à planter des arbres le long des routes, des canaux et des voies ferrées; et 5 millions de dollars pour un projet analogue en Haïti. Trois projets récents concernant le bois de feu ont été financés en Afrique: au Bénin, au Burkina Faso et en Ethiopie. Le dernier est la première phase - d'un coût de 24 millions de dollars - d'un projet de plantation de 15000 ha pour approvisionner la capitale, Addis-Abeba, en bois de feu et en charbon de bois.

Notre propos dans le présent article était de décrire les activités réalisées par le Département des forêts de la FAO (autrefois Division des forêts) depuis 1950, date à laquelle le Programme élargi d'assistance technique, tel qu'il avait été créé par l'Assemblée générale à ses 1re et 2e sessions, a commencé à fonctionner à la FAO et dans les autres organisations des Nations Unies. Il porte uniquement sur le volume des activités de terrain dans le secteur forestier et l'évolution de la politique d'aide de la FAO dans ce secteur depuis 35 ans. Cette politique continuera nécessairement à évoluer à mesure que les besoins' changeront et que la recherche trouvera de nouveaux moyens de les satisfaire.

Tableau 5. Ventilation par région et par catégorie et par catégorie des projets d'investissement, 1975-1985


Afrique

Asie

Amérique

Afrique du Nord/Proche-Orient

Europe

Total

Bois de feu et foresterie communautaire

5

10

3

-

-

18

Environnement

-

1

-

1

-

2

Plantations industrielles

8

4

-

-

1

13

Industries forestières

1

1

2

1

-

5

Exploitations et routes

3

-

1

1

-

5

Total

17

16

6

3

1

43


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