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7. RECOMMANDATIONS EN MATIERE DE RECHERCHE ET D'AMENAGEMENT DES PECHERIES PELAGIQUES

7.1 En matière de recherche

L'analyse des données nouvelles acquises au cours des cinq dernières années sur la pêcherie sardinière de l'Atlantique du Centre-Est montre la nécessité de prendre en compte l'instabilité naturelle de la ressource dans l'élaboration des schémas d'aménagement. Etant donné la situation critique de la pêcherie traditionnelle, le développement des pêcheries dans le Sud et l'urgence d'informations adéquates et détaillées, le Groupe ad hoc recommande que :

  1. soit rendue effective une couverture de l'ensemble des pêcheries sur le plan de la collecte des statistiques de prises en nombre par classe d'âge et d'effort et sur celui de l'échantillonnage biologique notamment par la création d'une station à Tan-Tan, l'échantillonnage des captures des sociétés mixtes et la transmission des résultats de pêche et d'échantillonnage des flottilles espagnoles;

  2. les évaluations par analyse de cohorte soient poursuivies et que les nouvelles techniques d'analyse soient utilisées en routine ;

  3. les évaluations acoustiques soient améliorées sur le plan de la méthodologie des prospections (analyse de la grille d'échantillonnage, estimation du poids moyen des bancs …) et étendues à d'autres espèces pélagiques que la sardine; en même temps, les données anciennes sur ces espèces devraient être exploitées et analysées;

  4. la détermination des zones de concentration de juvéniles soit entreprise dans le cadre de prospections couvrant l'ensemble du plateau continental afin de programmer des campagnes d'évaluation précises du pré-recrutement ;

  5. la possibilité d'étudier et de suivre l'évolution de l'hydroclimat soit sérieusement considérée en liaison étroite avec les fluctuations de distribution et d'abondance des ressources. Trois approaches ont été identifiées par le Groupe de travail : 1) analyse des données disponibles sur les vents alizés, 2) utilisation des cartes d'enregistrement par satellite des températures de surface et de teneurs de la mer en chlorophylle pour déterminer les zones de productivité, 3) suivi des anomalies de températures de surface entre Cap Juby et Cap Blanc, et actualisation des travaux de Sedykh sur les mesures d'indice d'upwelling.

  6. les recherches en technologie de la pêche incluent l'adaptation du chalut pélagique à d'autres espèces (maquereau, chinchard, sabre), l'aménagement et /ou la conception de bateaux permettant l'amélioration de la conservation des captures à bord;

  7. les études bioéconomiques sur les pêcheries soient initiées afin de compléter les analyses biologiques classiques et d'intégrer les problèmes d'aménagement et de développement des pêcheries;

  8. la mise en place d'un programme d'échanges d'otolithes et d'écailles des espèces pélagiques soit effectivement réalisée puis suivie d'une réunion en vue d'évaluer les résultats du programme;

  9. les méthodes d'échantillonnage actuelles soient évaluées afin de proposer des améliorations éventuelles aux stratégies appliquées ;

  10. la thématique et la méthodologie d'un programme de recherche intégré sur les pélagiques soient déterminées par les propositions des différents participants du Groupe de travail qui seront centralisées à l'ISPM et pourront être étudiées et discutées au cours d'une réunion ad hoc.

7.2 En matière d'aménagement

Ces mesures doivent répondre à plusieurs objectifs :

  1. Restaurer la rentabilité de la pêcherie marocaine traditionnelle (zone A) ;

  2. Préserver la ressource des risques d'effondrement (zones B et C) ;

  3. Tirer un bénéfice des surplus épisodiques de production lorsqu'ils se présentent (zone B ou C).

Le premier objectif nécessite plusieurs mesures :

Le second objectif doit être le soucis permanent des chercheurs des Instituts de Recherches et des gestionnaires de ce type de pêcherie instable. Il ne peut être atteint qu'en veillant à ce que le taux d'exploitation ne s'élève pas inconsidérablement, mais soit volontairement maintenu aux alentours de 0,3 (ce qui était le cas jusqu'en 1982).

Le transfert d'un tiers de la flotte marocaine actuelle, soit au minimum 3500 tonneaux de jauge brute, dans la zone B où la sardine a de plus en plus tendance à se concentrer au détriment de la zone A, va entrainer une forte élévation du taux d'exploitation de la ressource. En effet ces 80 bateaux auront des performances trois fois plus élevées que dans la zone A, soit l'équivalent de 240 bateaux. L'effort résultant de l'ensemble de la flotte marocaine actuelle sera donc multiplié par 1,8 (presque doublé) par le transfert d'un tiers de ses effectifs, dans la zone B. Les simulations par ordinateur montrent que pour conserver le taux d'exploitation actuel (E = 0,3) en doublant l'effort marocain, il est indispensable de supprimer totalement les autres efforts de pêche appliqués dans la zone B. L'ISPM devra porter une attention particulière (et pour celà en avoir les moyens) sur l'évolution du taux d'exploitation à la suite de ce transfert. Le nombre et la taille des bateaux dans la pêcherie devront être maintenus au niveau actuel en attendant que les analyses effectuées sur cette nouvelle situation soient en mesure de déterminer le taux d'exploitation. Si une augmentation de l'abondance se manifeste à nouveau, une croissance des moyens de captures (nombre ou taille des bateaux) ne sera envisageable qu'à titre temporaire, par introduction d'unités mobiles en provenance d'autres pêcheries, pour rester en mesure de réduire ses capacités au niveau d'origine lorsque la période d'abondance est passé.

Le troisièe objectif consiste à tirer le meilleur parti des surplus épisodiques de production en période d'abondance.

Des indices de l'occurence d'une telle période se manifestent dans la zone C depuis 1983. Les flottes actuelles qui exploitent la zone B et qui doivent être impérativement retirées pour laisser la place aux bateaux marocains transférés de la zone A, pourront donc participer à l'exploitation du stock dans la zone C. Toute augmentation de la flotte sardinière marocaine devra également être sur la ressource de cette zone C tant que la biomasse ne montrera pas des signes de réaugmentation dans la zone B. Le développement futur d'une exploitation marocaine dans la zone C peut se concevoir en remplacement de la flotte espagnole dont les accords de pêche prévoient la diminution progressive au cours des années prochaines.

En résumé, le Groupe de travail recommande en matière d'aménagement :

L'application de ces mesures nécessitera, entre autres, l'attribution de licences par zones géographiques de la part de l'administration marocaine et une surveillance effective de leur respect.


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