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Les industries forestières et le développement socio-économique

Département des forêts de la FAO

Le présent article a été rédigé par la Division des industries forestières du Département des forêts de la FAO, à Rome. Il est adapté d'un mémoire présenté par Frederick Keenan, Directeur de la Division des industries forestières à la 8e session du Comité des forêts (COFO), tenue à Rome du 21 au 25 avril 1986.

FABRICATION D'UNE CHARRETTE EN BOIS - les Industries forestières contribuent au développement

La gamme des industries forestières appropriées va de l'artisanat individuel aux grands complexes intégrés d'industries de pointe, en passant par les petites et moyennes entreprises et les coopératives villageoises. Elle recouvre à la fois les produits dérivés du bois et les autres produits. De l'époque - pas tellement ancienne - où l'on ne croyait qu'à la grande entreprise à celle où l'on ne jurait plus que par la petite entreprise, on en vient maintenant de plus en plus à admettre unanimement que petite, moyenne et grande entreprise ont, en temps et lieu voulus, chacune leur place dans le concert des industries.

Le rôle nouveau de la FAO dans le domaine des industries forestières est donc de conseiller les pays membres quant au type, à la taille et à la complexité de l'entreprise et au choix des produits à fabriquer dans telles ou telles circonstances et à tel ou tel moment, compte tenu de l'évolution de la situation, de manière à optimiser l'apport des industries forestières au développement socio-économique.

La FAO a organisé à Jakarta, pendant la première semaine d'octobre 1985, une Consultation d'experts sur les industries forestières appropriées. Cette réunion, coparrainée par le Gouvernement finlandais, avait pour objet d'identifier des stratégies propres à stimuler une croissance saine des industries forestières dans les pays en développement. Elle donnait suite à la recommandation du Comité des forêts (1982), invitant la FAO à organiser des séminaires sur cette question.

A la suite de cette réunion, le Département des forêts de la FAO a institué un Groupe de travail des industries forestières appropriées, où sont représentées toutes les unités du département: ressources forestières, industries forestières, politiques et planification, opérations. Le groupe a pour tâche d'examiner les projets d'industrialisation, afin de s'assurer que l'on a bien tenu compte de tous les facteurs en jeu: ressources, approvisionnement en matières premières, personnel et formation, techniques de transformation, impacts écologique et culturel, capacités institutionnelles, financement des investissements, marchés et produits finis.

Ces considérations traduisent la nécessité, soulignée par la consultation, d'aborder la planification et la gestion des industries forestières dans une optique globale, qui relie entre elles les différentes phases de la production - mise en valeur des ressources, aménagement, exploitation, transformation, commercialisation - et qui tienne dûment compte du contexte économique, social, culturel, commercial et technologique. Le rôle des populations locales et l'impact que le développement industriel a sur elles méritent une attention particulière.

Le présent article fait le bilan des principaux apports des industries et du commerce des produits forestiers au développement socio-économique. Ces apports peuvent être répartis entre trois grands domaines: emploi, création de plus-values, et fourniture d'intrants aux autres secteurs de l'économie. Les problèmes qui se posent dans chacun de ces domaines sont identifiés et examinés.

La planification et l'activité de toute entreprise basée sur la forêt doivent comporter tous les éléments traditionnels liés à l'industrie, qui figurent dans le cercle intérieur, de même que les éléments plus généraux concernant la société, l'écologie, la gestion des ressources et les institutions, indiqués dans le cercle extérieur

Contexte mondial

Les industries forestières sont une source potentielle de recettes en devises ou - si la production est consommée dans le pays - d'économies de devises. Le tableau ci-contre donne une idée de l'importance des montants en jeu; il indique qu'en 1982 les exportations des principaux produits forestiers provenant des pays en développement s'élevaient au total à 7,1 milliards de dollars U.S., alors que les importations des mêmes produits représentaient 10,1 milliards. Les bois ronds représentaient la part la plus importante des pays en développement dans les exportations mondiales - 45 pour cent -, suivis par les panneaux dérivés du bois, avec 35 pour cent. En revanche, la part de ces pays était étonnamment faible - 17 pour cent seulement - pour les sciages, et, comme on pouvait s'y attendre, elle n'était que de 7 pour cent pour la pâte de bois et de 3 pour cent pour les papiers et cartons.

CONTRÔLE DE FABRICATION DANS UNE PAPETERIE ITALIENNE - les pays en développement sont tributaires des importations

Les importations de bois ronds et de panneaux dérivés du bois des pays en développement représentaient aussi une part importante - 20 et 25 pour cent respectivement. En outre, la part de ces pays dans les importations mondiales de sciages était de 18 pour cent, et pour la pâte et les papiers et cartons de 31 pour cent.

Si les pays en développement exportaient moins de bois ronds et plus de sciages, leurs recettes augmenteraient sensiblement du fait du surcroît de valeur ajoutée. En outre, les résidus de scierie pourraient être utilisés comme combustible dans les usines, d'où une économie de devises sur les importations de combustibles fossiles. D'autres utilisations possibles de ces résidus sont le combustible domestique, les panneaux dérivés du bois et la pâte à papier. Dans tous ces cas, on atténuerait la pression exercée sur la forêt.

Comme l'indique le tableau, le principal poste d'importations est sans conteste les pâtes et papiers - d'un coût total de 5,3 milliards de dollars U.S., contre 1,1 milliard pour les exportations. Toutefois, étant donné l'importance du capital nécessaire à cette industrie et l'exiguïté des marchés dans la plupart des pays en développement, on ne peut guère s'attendre que la structure globale des importations/exportations de ces produits se modifie beaucoup. Certains pays ou groupes de pays en développement enregistreront sans doute quelques améliorations, mais, dans la plupart d'entre eux, il est probable que la situation restera telle quelle, du moins à court terme.

Quels que soient les domaines dans lesquels la balance exportations/importations pourrait être modifiée, on peut dire, pour donner une idée des conséquences éventuelles, que si la valeur des exportations des pays en développement augmentait d'un tiers et que les importations diminuent d'autant, ces pays y gagneraient prés de 5 milliards de dollars U.S. par an, aux prix de 1982.

Lorsqu'on envisage l'expansion des industries forestières, il faut tenir compte à la fois de la transformation primaire et de la transformation secondaire, afin d'optimiser l'impact sur le développement. Selon l'accord en vigueur entre la FAO et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), la FAO est responsable du développement des industries forestières primaires, tandis que l'ONUDI est chargée des industries forestières secondaires - fabrication de meubles, menuiserie, maisons préfabriquées, etc. La coopération nécessaire entre les deux organisations est assurée en permanence par le Groupe de travail mixte FAO/ONUDI des industries forestières.

Emploi

Les mécanismes par lesquels les entreprises forestières créent directement et indirectement des emplois sont nombreux. Dans certains pays, les industries forestières représentent près d'un cinquième des emplois industriels. En outre, selon des chiffres récents, les petites industries forestières rurales constituent la principale source d'emploi pour 20 à 30 pour cent de la population active rurale dans de nombreux pays en développement, et contribuent très sensiblement aux revenus ruraux en espèces, parfois à raison de plus de 50 pour cent. Cela est particulièrement important pour les ruraux pauvres et sans terre, qui sont fortement tributaires de ces entreprises et en tirent souvent l'essentiel de leurs revenus.

Les industries forestières jouent aussi un rôle capital de régularisation des revenus tout au long de l'année, car elles sont souvent à même de donner du travail pendant la morte-saison agricole.

Elles peuvent d'autre part offrir une solution de rechange à la culture itinérante qui, lorsqu'elle est mal pratiquée - comme c'est souvent le cas lorsqu'il y a une pauvreté endémique ou une croissance démographique rapide -, est l'une des principales causes du recul des forêts dans le monde. Si l'on considère que quelque 200 millions de personnes dans le monde vivent de la culture itinérante, on ne saurait sous-estimer l'importance de cette dernière. D'autre part, étant donné ses incidences socioculturelles, les problèmes qu'elle pose doivent être abordés avec prudence.

Choix de la technologie. Les problèmes à envisager sont notamment les suivants:

· Les entreprises existantes (en particulier les petites entreprises rurales) peuvent s'agrandir et devenir plus productives et plus compétitives grâce à l'introduction de techniques plus performantes, à condition toutefois que celles-ci s'accompagnent de formation professionnelle.

· Lorsqu'une nouvelle entreprise est implantée dans une zone rurale donnée, il est parfois possible de choisir une technologie que la population locale est en mesure d'appliquer immédiatement ou après une formation rapide. Si tel n'est pas le cas, l'industrie peut être amenée à faire venir d'ailleurs une partie de son personnel qualifié. Si les nouveaux venus sont d'une ethnie différente et ont une culture et un mode de vie autres que ceux de la population locale, des conflits peuvent naître et compromettre la réussite de l'entreprise.

· Le choix de la technologie revêt en général une importance relativement moindre pour la transformation des produits autres que le bois, qui habituellement est plus simple et demande des investissements moins lourds. C'est pourquoi l'introduction de ces industries peut rapidement contribuer à atténuer la misère dans les zones rurales.

Valeur des importations et exportations des principaux produits forestiers en 1982 (en milliards de dollars U.S.)


Total mondial

Pays en développement

Pays en développement (%)

Exportations

Bois ronds (œuvre et industrie)

6,5

2,9

45

Sciages

9,4

1,6

17

Panneaux dérivés du bois

4,3

1,5

35

Pâte de bois

7,8

0,5

7

Papiers et cartons

18,6

0,6

3

Total

46,6

7,1

15

Importations

Bois ronds (œuvre et industrie)

8,5

1,7

20

Sciages

10,9

2,0

18

Panneaux dérivés du bois

4,5

1,1

25

Pâte de bois

8,5

1,0

11

Papiers et cartons

21,1

4,3

20

Total

53,5

10,1

19

· Une technologie plus avancée ne demande pas toujours une main-d'œuvre plus qualifiée et peut donc, pour certaines productions et dans certaines conditions, être plus appropriée qu'une technologie simple. Par exemple, une fabrique de papier fortement automatisée appliquant la technologie papetière demandera une main-d'œuvre moins qualifiée qu'une fabrique moins complexe faisant appel à l'art de la papeterie. Cependant, les industries modernes exigent des moyens considérables pour l'entretien des installations. En outre, le secteur moderne, dont la technologie est plus avancée, est moins créateur d'emplois, car la technologie moderne a été conçue en fonction de la situation des pays industrialisés; il faut donc l'adapter aux conditions des pays en développement.

Les petites industries forestières rurales constituent la principale source d'emploi pour 20 à 30 pour cent de la population active rurale dans de nombreux pays en développement.

Viabilité des petites entreprises. Malgré l'importance, évoquée plus haut, des petites entreprises rurales, on constate souvent que les gouvernements ont une certaine prévention contre elles, ou du moins sont incapables, sur le plan institutionnel, de les promouvoir. Par exemple, ces entreprises ont du mal à obtenir des crédits et à accéder aux services de l'Etat car, au plan politique, elles sont moins intéressantes et prestigieuses que les grands projets. Elles sont aussi moins facilement accessibles pour les administrations.

Produits et services forestiers autres que le bois. La forêt fournit des produits et services autres que le bois qui peuvent être créateurs d'emplois et de revenus. Au nombre des premiers figurent le rotin, les feuilles, le bambou, le liège, le miel, les résines, les tanins, les fruits charnus et les fruits à coque, les champignons et la faune sauvage (viande et trophées). Quant aux services, ils comprennent notamment la protection des bassins versants, les loisirs et le tourisme. Une approche intégrée de l'aménagement et de l'utilisation des forêts suppose que l'on prenne en compte ces divers produits et services, ce qui n'est pas toujours le cas. Cela tient souvent à ce que plusieurs ministères (parfois concurrents) sont chargés des différentes fonctions de la forêt. Il peut s'agir des ministères des ressources naturelles, du développement industriel, du tourisme, de l'environnement, de l'agriculture, et même de la défense. Mais c'est souvent le manque de coordination entre le service forestier et le ministère de l'industrie qui est à l'origine du clivage entre l'utilisation du bois et celle des autres produits.

Création de plus-values

Le principal apport de toute industrie au développement économique est la création d'une plus-value qui peut être réinvestie. Par conséquent, les industries forestières doivent, comme toutes les autres, être jugées en fonction de leur capacité à engendrer une plus-value. C'est là un objectif primordial, qu'il s'agisse de petites entreprises rurales ou de grandes industries.

Dans le passé, certains projets ont surtout été motivés par des considérations de prestige national ou d'impact social, mais comme ils n'étaient pas rentables ils ont fini par échouer ou par exiger d'importantes subventions aux dépens d'investissements nouveaux plus productifs.

Dans le cas d'un complexe intégré d'industries du bois, une composante non rentable n'est tolérable que si le bilan de l'ensemble du complexe est positif, et même alors cette perte n'est acceptable que si la composante produit des biens nécessaires à l'économie du pays.

Certains des facteurs liés à la création de plus-values peuvent être classés en deux catégories: extérieurs et intérieurs.

En développant les marchés et en permettant aux pays de se spécialiser dans des productions pour lesquelles ils sont relativement avantagés, le commerce international apporte un puissant stimulant extérieur au progrès économique.

Les pays en développement ont une part relativement faible, mais très diversifiée, dans le commerce international des produits forestiers. Leurs exportations de pâte et papier et de panneaux dérivés du bois sont réduites, voire négligeables. En revanche, le contre-plaqué, les placages et les sciages de feuillus sont des produits pour lesquels la part des pays en développement sur le marché international est importante et s'accroît encore. (Pour un exposé plus détaillé sur ce point, voir à la page 20 l'article de G. Buttoud et M. Hamadou sur le commerce des produits forestiers dans les pays en développement - NDLR.)

AU PAYS DES IFUGAOS, AUX PHILIPPINES développer les régions isolées grâce à la sylviculture

A l'heure actuelle, sept pays en développement tirent chacun plus de 250 millions de dollars U.S. par an de leurs exportations de produits forestiers. L'expansion du commerce de ces produits pourrait sensiblement contribuer à alléger le fardeau de la dette de bon nombre de pays en développement, soit directement par les recettes en devises, soit indirectement par substitution des importations. Les forêts tropicales primaires ont fourni et fournissent encore la plus grande partie du bois produit dans les pays en développement. Cependant, certains de ces pays se sont récemment dotés de plantations bien conçues et bien gérées, qui approvisionnent en bois tant le marché à l'exportation que le marché intérieur. C'est un domaine qu'il est certainement possible de développer

Malheureusement, le commerce international des produits forestiers est limité par toute une série de mesures délibérées visant à restreindre les échanges - tarifs douaniers et obstacles non tarifaires. Bien que les obstacles tarifaires aient été atténués ces dernières années, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, l'effet de cette réduction a été plus ou moins annulé par l'introduction de barrières non tarifaires, en particulier pour les produits transformés, comme les panneaux. Ces barrières consistent notamment en inspections arbitraires, en licences d'importation obligatoires, en formalités douanières interminables et en contingents imposés pour certains articles. Des mesures non tarifaires, telles que contrôles sanitaires, réglementation des emballages et contrôles de qualité, peuvent également avoir des effets très restrictifs.

En ce qui concerne la balance des paiements, les importations de produits papetiers drainent fortement, dans certains pays, les réserves en devises. Mais le développement de la capacité de production de papier nécessite des investissements considérables, ce qui n'est pas chose facile. Néanmoins, si elles sont bien gérées et s'appuient sur de bonnes stratégies commerciales, les fabriques de pâte et de papier peuvent sérieusement améliorer la situation de la balance des paiements d'un pays.

Dans bon nombre de pays en développement, c'est en premier lieu le marché intérieur qui permet une utilisation industrielle des ressources forestières. La scierie est une industrie idéale pour ce marché, car elle fournit du bois de construction dont on a un besoin urgent, et son coût d'installation est à la portée des pays dotés de matières premières en quantité suffisante.

Un inconvénient, toutefois, est que bien souvent ces activités sont entre les mains d'entrepreneurs étrangers, ou provenant d'autres régions du pays. En pareil cas, une bonne part des gains n'est donc pas réinvestie sur place et ne profite pas directement à la population locale.

Commercialisation. Seule une commercialisation efficace permet aux industries forestières de contribuer avec succès au développement socio-économique. (Voir à la page 10 l'article de L. Lintu sur la commercialisation des produits forestiers - NDLR.) Les entreprises locales des pays en développement ont souvent des capacités insuffisantes de commercialisation, alors que les sociétés multinationales étrangères disposent d'un réseau commercial bien établi et efficace pour écouler leurs produits sur les mêmes marchés. Pour vendre sur les marchés intérieurs, il est indispensable d'investir dans la commercialisation au même titre que dans l'industrialisation. Cela peut être indispensable pour optimiser les profits et soutenir la concurrence avec les biens importés.

Si la valeur des exportations des pays en développement augmentait d'un tiers et que les importations diminuent d'autant, ces pays y gagneraient près de 5 milliards de dollars U.S. par an.

Les industries des pays en développement ont besoin de circuits de distribution, d'organisations commerciales et d'offices qui puissent les aider à vendre leurs produits à des prix compétitifs sur les marchés mondiaux. Cela demande aussi un personnel local compétent.

Etant donné l'immense variété de produits ligneux dont les zones rurales ont besoin, les activités de commercialisation doivent s'accompagner de services de vulgarisation en matière d'emplois et de techniques du bois. En général, les entreprises rurales locales ne sont pas à même de dispenser le savoir-faire et les services techniques indispensables. Dans ce cas, il faudrait compléter les activités de commercialisation par des efforts de coopération entre consommateurs et producteurs, financés par les offices de développement. En créant des coopératives rurales, on pourrait améliorer la commercialisation et mettre la collectivité productrice en mesure de profiter directement d'une plus grande partie des avantages et de l'expérience acquis.

Fourniture d'intrants aux autres secteurs de l'économie

Les industries forestières jouent souvent un rôle de premier plan à l'échelon local en aidant à développer les infrastructures physiques et sociales des zones rurales. Au début, ces industries utilisent l'infrastructure existante, telle que cours d'eau et eaux côtières, pour atteindre les marchés. Cependant, à mesure que les tonnages à transporter et les distances à parcourir s'accroissent, on construit des routes et on conçoit d'autres moyens de transport.

L'intensification de cette activité économique au sein d'une communauté débouche éventuellement sur la création d'unités locales de première transformation, telles que de petites scieries. A leur tour, celles-ci fournissent des matières premières qui, après une deuxième transformation sur place, deviennent des produits à valeur ajoutée plus grande, tout en créant davantage d'emplois. A mesure que les industries s'implantent solidement dans la zone, les communautés progressent: on installe l'électricité, améliore les logements et crée des écoles, hôpitaux et autres équipements sociaux. Enfin, l'industrie aide à réduire l'analphabétisme en fournissant du papier utilisé dans les écoles et l'édition.

L'introduction d'industries forestières dans une communauté donne à ses membres la possibilité de perfectionner leurs aptitudes, et par conséquent de grossir leurs revenus. Les usines elles-mêmes offrant assez peu d'emplois, ces personnes travaillent surtout dans l'exploitation forestière et dans les transports. D'autres métiers peuvent être appris dans les ateliers et services créés autour des industries forestières.

Le commerce entre secteur rural et secteur urbain, par exemple la vente par une exploitation forestière de grumes à une usine de transformation, conduit aussi au développement d'infrastructures telles que routes, voies ferrées, lignes électriques et ports.

Autre exemple de contribution des industries forestières à l'économie en général: la production de matériaux d'emballage pour le secteur de l'agriculture. Certaines activités agricoles pourraient bien ne plus être rentables s'il fallait importer les emballages qui leur sont nécessaires au lieu de les fabriquer dans le pays. La forêt donne aussi des matériaux qui servent à fabriquer des outils agricoles. Les produits forestiers peuvent donc contribuer à la production agricole et à la sécurité alimentaire.

L'approvisionnement en matériaux de construction constitue également un stimulant économique puissant. Dans presque tous les pays en développement, le bâtiment est une industrie très importante, en raison de la croissance démographique et de l'exode rural massif. Dans bon nombre de ces pays, les produits des industries forestières - sciages, contre-plaqués, panneaux de particules - sont souvent les principaux matériaux de construction, notamment en zones rurales. Les scieries présentent en outre l'avantage de contribuer à l'industrie locale du bâtiment, à partir presque exclusivement des ressources locales.

Toutefois, ces industries mécaniques du bois souffrent souvent du désintérêt des institutions publiques à leur égard, des difficultés qu'elles ont à obtenir des prêts et financements des organismes de crédit, et d'une pénurie de personnel qualifié.

Conclusions

S'ils savent reconnaître l'importante contribution que les industries forestières sont susceptibles d'apporter au développement socio-économique dans les trois domaines examinés ci-dessus - création d'emplois, création de plus-values, fourniture d'intrants aux autres secteurs de l'économie -, les responsables nationaux seront amenés à mieux apprécier le rôle que la forêt et les industries forestières peuvent jouer dans la poursuite d'autres grands objectifs nationaux. Par exemple, pour arrêter l'exode rural si souvent générateur de rupture sociale, il faut donner aux ruraux de bonnes raisons de rester dans les campagnes; de nouvelles industries forestières pourraient permettre d'atteindre ce but. La décision d'investir ou non dans le développement de telle ou telle région isolée d'un pays, pour remédier à la misère de ses habitants ou mettre en valeur ses ressources, dépend souvent des activités économiques permanentes que l'on peut y créer; les industries forestières, du fait qu'elles utilisent des ressources naturelles renouvelables, peuvent fournir une telle garantie. Si la maîtrise de nouvelles technologies est le but visé par le pays, et si la biotechnologie en est l'une des principales, alors les forêts tropicales, qui recèlent la majorité des espèces végétales et animales du monde, pourront alimenter de nombreuses industries nouvelles dans ce domaine.

CULTURE DE CHAMPIGNONS SUR RONDINS DE BOIS EN FORÊT - un produit non ligneux de valeur

Dans la poursuite de ces divers objectifs, il convient de souligner de nouveau que petites, moyennes et grandes industries ont toutes un rôle majeur à jouer. De même que l'économie nationale opère par le biais d'un tissu d'économies villageoises, urbaines et régionales, de même les ressources forestières d'une nation peuvent servir à créer un réseau d'industries forestières de tailles et de types variés, à l'échelon familial, villageois, urbain et régional, qui contribuent puissamment au développement économique et social d'ensemble.


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