Où en est l'aménagement des forêts tropicales humides?
L'article principal de ce numéro, «Où en est l'aménagement des forêts tropicales?», est le troisième d'une série traitant de l'aménagement des forêts tropicales humides.
Dans cet article, M. R. Schmidt, forestier à la FAO, examine les aspects techniques de l'aménagement des forêts tropicales naturelles à partir des études et rapports récents de la FAO sur les projets nationaux, achevés ou en cours, ayant bénéficié de l'aide de la FAO dans ce domaine. Il conclut que rares sont les programmes abandonnés pour des raisons techniques et qu'en fait il existe encore, dans 36 pays tropicaux au moins, de vastes forêts naturelles humides où il est possible d'appliquer des méthodes d'aménagement intensif qui se justifient tant sur le plan technique que sur le plan économique.
Un des problèmes essentiels est celui de la valeur attribuée aux forêts naturelles. Si l'on s'intéresse seulement à la valeur du bois commercialisable existant, l'application de systèmes d'aménagement des forêts naturelles après l'exploitation forestière initiale ne peut pas toujours rivaliser avec les défrichements à des fins de cultures vivrières, de colonisation, de plantations commerciales ou de nouvelles plantations d'essences exotiques à croissance rapide. Chacun de ces usages peut être approprié dans certaines conditions, mais il y a aussi de nombreuses zones où la meilleure solution, du point de vue financier et économique, est de conserver la forêt aménagée, surtout lorsque la terre est impropre à l'agriculture et si l'on prend vraiment en compte tous les biens et services fournis par la forêt. Cela est particulièrement vrai dans le contexte du développement rural, et les gouvernements sont de plus en plus nombreux à reconnaître l'importance des forêts naturelles du point de vue de la protection des bassins versants, de l'approvisionnement des communautés locales en produits forestiers et de la création d'emplois permettant d'accroître les revenus ruraux.
Toutefois, l'expérience a montré que l'on ne peut exploiter pleinement toutes les ressources de la forêt et les entretenir, face aux autres utilisations concurrentes de la terre, qu'à condition d'aménager la forêt naturelle afin d'en augmenter la productivité, y compris celle du bois. Il est alors encore plus nécessaire d'assurer l'aménagement sylvicole permanent des forêts naturelles humides (à. l'exception des parcs et des réserves spéciales).
Pour démontrer le bien-fondé de l'aménagement des forêts tropicales humides, il faut prouver clairement que celui-ci est techniquement possible. La FAO travaille en étroite collaboration avec les gouvernements depuis des années à défendre cette théorie, chiffres à l'appui: collecte, analyse et publication de statistiques; fourniture de services techniques dans le cadre des programmes gouvernementaux; enfin, rôle d'agent d'exécution pour divers projets nationaux d'aménagement forestier. La FAO a également apporté son aide dans des domaines techniques tels que la télédétection, les inventaires forestiers et l'aménagement du territoire, pour déterminer les zones offrant de telles possibilités d'aménagement.
Ces préoccupations sont maintenant aussi reprises dans le Plan d'action forestier tropical. Ainsi, à mesure que des stratégies pour le secteur forestier sont élaborées, l'aménagement permanent des forêts naturelles trouve sa place dans le cadre des objectifs nationaux et des programmes internationaux d'assistance.
L'importance de l'aménagement forestier dans le développement économique est également reconnue dans les programmes et objectifs de la nouvelle Organisation internationale des bois tropicaux, dont il est question dans un entretien avec le directeur exécutif de l'OIBT, M. B.C.Y. Freezailah (page 61).
La recherche continue à retenir notre attention, puisqu'une partie de ce numéro est consacrée à des documents adoptés par le 18e Congrès mondial de l'IUFRO, qui a eu lieu en septembre dernier à Ljubljana.
Ce numéro examine également l'avenir des forêts et des industries forestières en Europe, à propos d'une importante étude prospective établie par la FAO et la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe. Dans l'ensemble, les prévisions sont bonnes, même si les effets de la pollution atmosphérique sur la croissance des forêts européennes sont encore difficiles à connaître.
