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Où en est l'aménagement des forêts tropicales humides?

R. Schmidt

R. Schmidt est forestier à la Division des ressources forestières, FAO, Rome

Ces dernières années, la Division des ressources forestières de la FAO a entrepris une série d'études sur l'aménagement des forêts tropicales humides. Les Etudes FAO: Forêts nos 53 et 55 ont traité de l'aménagement forestier polyvalent en Inde (Kerala), au Ghana, au Honduras et à Trinité-et-Tobago. Deux autres études de la même série, actuellement en préparation, examineront les régimes d'aménagement appliqués aux forêts tropicales humides d'Asie et d'Afrique, et une étude analogue est projetée en ce qui concerne l'Amérique latine.

Le présent article passe en revue les aménagements appliqués aux forêts denses feuillues dans diverses régions tropicales. Il fait de larges emprunts aux études réalisées en Malaisie par Thang Hooi Chiew et Abdul Rashid bim Mat Amin du Service forestier de Malaisie, et aux Philippines par le Philippines Bureau of Forest Development (Leslie, 1985), ainsi qu'à deux études récentes sur le Sarawak (Hutchinson, 1986 a, b).

Des études d'ensemble sur l'aménagement des forêts tropicales humides d'Afrique ont également été rédigées (Catinot, 1965, 1986; Philip, 1986). Elles ont, en même temps que d'autres textes (Mengin-Lecreulx et Maître, 1986), servi de base à la section concernant l'Afrique Enfin, de nombreux rapports de projets de terrain de la FAO relatifs à l'aménagement des forêts tropicales humides ont également été utilisés.

ABATTAGE EN MALAISIE on défriche les forêt de plaine en vue de la mise en culture / R. PRADO

UNE ROUTE FORESTIÈRE AU KALIMANTAN, INDONÉSIE (à droite) le ca culture itinérante suit souvent l'exploitation forestière / C.COSSALTER

L'aménagement permanent des forêts naturelles des tropiques humides suscite toujours des préoccupations en même temps que des incertitudes pour les forestiers. Dans cet article, adapté d'un document présenté au Colloque international Unesco-lVIC sur la régénération et l'aménagement des forêts denses tropicales, qui s'est tenu en novembre 1986 à Guri (Venezuela), l'auteur examine une série d'études et de rapports de projets récents de la FAO, qui montrent que l'aménagement productif de nombreuses forêts humides de plaine est à la fois techniquement possible et économiquement viable.

Cet article considère l'aménagement forestier «naturel» dans un sens restreint, c'est-à-dire comme l'exploitation contrôlée et ordonnée, combinée à des interventions sylvicoles et à des mesures de protection, en vue de maintenir ou d'accroître la valeur économique des peuplements ultérieurs, le tout s'appuyant sur la régénération naturelle des essences indigènes.

Dans un aménagement modèle, les conséquences écologiques négatives de l'exploitation forestière et des autres formes d'utilisation des terres peuvent être réduites au minimum; l'ensemble de l'opération fournit ainsi une production rentable, tout en maintenant les caractéristiques écologiques essentielles de la forêt.

· La destruction de quelque 7,5 millions d'ha par an de forêts denses tropicales, auxquels s'ajoutent 4 millions d'ha de forêts claires et de savanes boisées, fait ressortir l'importance de l'aménagement de ces forêts (FAO/PNUE, 1981 a, b, c). Ces destructions se poursuivent sans répit, à raison de plus de 19000 ha par jour. Les forêts denses productives sont près de disparaître dans certains pays; dans d'autres, le processus est moins rapide, en général parce que de grande parties des forêts sont inaccessibles.

L'aménagement des forêts tropicales en vue d'une production économique est l'un des facteurs clefs de leur conservation. A défaut, on a le choix entre quatre formes d'utilisation des terres: plantations artificielles; forêt naturelle protégée; forêt dégradée et appauvrie; et mise en valeur non forestière. Les plantations forestières donnent des revenus élevés, mais elles ne sauraient remplacer les forêts spontanées dans toutes leurs fonctions. C'est pourquoi plantations artificielles et aménagement des forêts naturelles ne sont pas concurrents, mais complémentaires: ils fournissent des types de produits différents et conviennent à des conditions de terrain diverses.

Les forêts économiquement non productives sont souvent considérées comme des réserves de terres inutilisées. Il convient évidemment de les protéger dans bien des cas, mais cette protection deviendra de plus en plus difficile et coûteuse dans les régions où ces forêts offrent des perspectives d'exploitation agricole à court terme et où les ruraux pauvres n'ont pas d'autres possibilités de pratiquer des cultures vivrières.

MALAISIE. D'importants efforts pour aménager les forêts tropicales naturelles ont été faits par la Malaisie, où l'on a constaté qu'après une coupe d'essences marchandes ces dernières se régénéraient ou bien que la régénération préexistante se développait rapidement. Cela se produisait, certes non pas dans tous les cas, mais assez souvent et dans des circonstances suffisamment variées pour constituer un facteur encourageant. Peu d'études sur les forêts tropicales humides, en dehors de la Malaisie, confirment nettement cette constatation (Leslie, 1985), mais rien n'empêche de penser qu'il en serait de même dans d'autres régions avec une exploitation appropriée des peuplements, et les connaissances sylvicoles semblent suffisantes pour entreprendre des opérations d'aménagement dans de nombreuses forêts humides des régions tropicales.

Le Malayan Uniform System (MUS), instauré après la seconde guerre mondiale, est une méthode d'aménagement qui vise à convertir la forêt vierge de plaine - formation riche et complexe d'essences multiples et d'âges divers - en une futaie plus ou moins équienne comportant une plus grande proportion d'essences commerciales. Cette transformation est obtenue grâce à un dégagement par coupe rase de régénérations naturelles choisies d'âges divers, complété par l'empoisonnement systématique des essences indésirables (Wyatt-Smith, 1963).

Cinq facteurs importants interviennent dans l'application de cette méthode d'aménagement, comme d'ailleurs dans l'aménagement naturel de n'importe quel type de forêt tropicale humide, à savoir:

· la régénération doit être suffisamment fournie;

· le couvert primitif partiellement exploité doit être éliminé;

· il ne doit y avoir aucune intervention d'entretien jusqu'à ce que le recrû ait dépassé le stade temporaire de végétation lianescente;

· un nouveau couvert suffisant doit être maintenu pour prévenir un regain de croissance des lianes;

· l'état de la régénération doit être évalué par échantillonnage linéaire.

Le Malayan Uniform System a donné de bons résultats dans les forêts de plaine, mais il a été jugé moins intéressant pour les forêts de colline à diptérocarpacées, en raison entre autres du relief accidenté et irrégulier, de l'hétérogénéité qui en résulte dans la densité des peuplements et dans la régénération, des dommages particulièrement graves aux peuplements résiduels provoqués par l'abattage et le débardage sur pentes raides, et, enfin, de l'irrégularité de l'ensemencement des principales essences commerciales.

Le Malayan Uniform System modifié, tel qu'il a été pratiqué en Malaisie péninsulaire et au Sabah, apportait certains raffinements à la méthode initiale pour des stations et des circonstances particulières, et développait l'échantillonnage après la coupe en vue de déterminer le traitement sylvicole approprié (voir tableau 1).

Plus récemment, la méthode du «Selective Management System» (SMS) a été mise au point en Malaisie péninsulaire (Salleh et Baharudin, 1985). Elle permet des choix souples d'aménagement fondés sur un inventaire préalable à la coupe, en vue de déterminer les diamètres limites et les essences à extraire. Par un délianage effectué avant la coupe et un marquage des arbres pour leur abattage directionnel, on cherche à réduire au minimum les dégâts d'abattage aux peuplements résiduels. L'étape clef du traitement sylvicole qui suit la récolte n'est pas déterminée.

Tableau 1. Séquence des opérations du Malayan Uniform System modifié (Sabah)

Année

Opération

n - 2 à

Adjudication de la coupe

n - 1

Premier traitement sylvicole - martelage en réserve et délianage

n

Abattage

n + 0-1 mois

Récolement

n + 0-2 mois

Evaluation de la régénération par échantil-lonnage linéaire (Linear Sampling Milliacre); (placeaux de 2 m x 2 m)

n + 3 6 mois

Deuxième traitement sylvicole - première opération d'empoisonnement des arbres indésirables et défectueux, délianage si nécessaire

n + 10 à

Evaluation de la régénération par échantil-lonnage linéaire

n+15

Inventaire des placettes de 10 m x 10 m - troisième traitement sylvicole, dégagements là où c'est nécessaire

Source: Fox et Hepburn 1972; Chai Udarbe 1977.

En fait, il ne s'agit pas à proprement parler d'un traitement en futaie jardinée («selection system» en anglais) au sens classique, dans lequel on coupe les arbres pied par pied ou par petits bouquets au fur et à mesure qu'ils parviennent à maturité, à intervalles plus ou moins réguliers (révolution polycyclique). Les systèmes de coupes polycycliques appliqués sur une grande échelle n'ont donné de résultats satisfaisants dans aucune région tropicale humide. Il est donc sans doute plus exact de dire que c'est un mode d'aménagement qui laisse au gestionnaire une grande liberté pour déterminer le traitement sylvicole le plus rentable. Les interventions sylvicoles se poursuivent en Malaisie péninsulaire, où l'empoisonnement par annélation des essences non commerciales a été pratiqué en 1982 sur plus de 62 000 ha (Salleh et Baharudin, 1985).

Au Sabah, on a mis fin à une longue période d'exploitation anarchique par l'application, à partir de 1971, du «Malayan Uniform System» modifié sur 140 995 ha de forêts de colline à diptérocarpacées exploités (voir tableau 1). En 1978, l'empoisonnement des essences indésirables a été interrompu, parce qu'une exploitation plus intensive avait ouvert les peuplements à un point tel que l'on jugeait préjudiciable au rendement de les ouvrir davantage. La rentabilité d'une telle opération était incertaine, et d'autre part la demande changeait si rapidement sur le marché que l'opportunité d'éliminer les essences «indésirables» était contestable (Chai et Udarbe, 1977).

Le traitement sylvicole mis au point au Sarawak est à l'heure actuelle l'un de ceux appliqués le plus régulièrement et avec le plus de succès. De 1974 à 1980, la FAO a, par le biais de divers projets, aidé le Service forestier à mettre au point et à faire adopter des techniques sylvicoles pour les forêts mélangées à diptérocarpacées de colline (PNUD/FAO, 1982a; Hutchinson, 1981, 1986a, b). Le point de départ théorique et pratique est, non la forêt intacte, mais les superficies croissantes de forêt qui ont été soumises à des coupes sélectives pour l'extraction des essences de valeur.

Dans les forêts ainsi exploitées, on pratique des éclaircies de dégagement. Cette notion n'est pas nouvelle ni même exclusivement tropicale: les éclaircies de dégagement sont logiquement indiquées dans tous les cas où un jeune peuplement d'essences intéressantes est dominé par des arbres plus âgés d'essences moins désirables. Si ces jeunes arbres répondent promptement et avec vigueur pour former un nouveau peuplement de bonne qualité, l'intervention sylvicole permet de réaliser une transformation rapide et peu coûteuse en peuplement productif (Smith, 1962). Pour récupérer le coût des traitements en forêt dense, le taux d'accroissement maximal doit se concentrer sur les arbres qui constitueront plus tard le peuplement principal (Baur, 1964).

Du fait que la proportion d'essences de valeur est faible - contrainte mentionnée fréquemment en matière d'aménagement des forêts tropicales -, l'exploitation sélective est souvent légère. Entre 1974 et 1980, les coupes ont extrait au Sarawak de 5 à 15 arbres par hectare, soit un volume de 10 à 50 m3/ha, pour un volume total sur pied d'essences commerciales de 150 à 250 m3/hectare.

Avec un tel taux d'extraction, 60 pour cent des superficies parcourues par l'exploitation au Sarawak conservaient une forêt résiduelle non perturbée à raison de 20 pour cent, et plus ou moins perturbée par l'exploitation à raison de 40 pour cent. On a procédé à la fois à l'élimination de l'étage dominant et aux éclaircies de dégagement. La première opération est peu coûteuse, mais le gain d'accroissement en diamètre obtenu est lui-même modeste. La caractéristique de l'éclaircie de dégagement est d'ouvrir une étroite trouée autour des arbres sélectionnés individuellement pour constituer plus tard le peuplement principal. On empoisonne par conséquent des arbres par bouquets localisés répartis dans toute la forêt, leur nombre étant inversement proportionnel au diamètre minimal fixé pour le choix des arbres du peuplement principal (Hutchinson, 1986b).

Les détails d'exécution de cette opération ont été décrits par Wadsworth (1969). Le principe essentiel est que les arbres ne sont pas systématiquement éliminés dans les peuplements en fonction de leur essence et de leur dimension. L'empoisonnement par annélation des arbres qui concurrencent directement les arbres d'avenir se fait selon des règles très simples, consistant essentiellement en tables de distance avec quelques modifications concrètes. C'est là une méthode à la fois écologique et économique.

Les lianes constituent un élément important des forêts denses tropicales et ont une influence notable sur la croissance des arbres. L'élimination systématique des arbres «indésirable» entraîne souvent une prolifération des lianes, qui gêne le développement des arbres d'avenir et les travaux forestiers. Les tentatives de traitement sylvicole de la forêt dense naturelle risquent aussi d'être compromises par la croissance extraordinairement rapide des essences pionnières ou essences de lumière non commerciales. On trouve dans les forêts tropicales des degrés de tolérance à l'ombre bien plus nombreux à l'intérieur des différentes essences, et un nombre beaucoup plus grand d'essences à l'intérieur des grandes catégories de tolérance à l'ombre, que dans les forêts tempérées.

Le type d'éclaircie d'amélioration nécessaire doit par conséquent être choisi en fonction des groupes écologiques dont font partie la majorité des essences commerciales de valeur. Une forte ouverture du couvert favorise les essences de lumière, une ouverture modérée favorise les essences qui ont tendance à occuper les trouées et, enfin, les essences d'ombre bénéficient d'une perturbation minimale du couvert, telle que celle qui résulte de l'enlèvement de l'étage dominant (Hutchinson, 1986a).

Dans les pays tropicaux où l'on cherche à aménager les forêts denses, on peut avoir affaire à plusieurs centaines d'essences atteignant une dimension industrielle. Il est nécessaire de regrouper ces essences en vue de l'exploitation commerciale et de simplifier la complexité botanique réelle. Il est souvent utile pour cela de consulter la population locale qui connaît bien la forêt.

Les critères qui définissent une essence de valeur marchande changent constamment. La tendance générale, dans tous les pays tropicaux, est de «découvrir,, sans cesse de nouvelles essences intéressantes; certains ont regretté d'avoir éliminé par empoisonnement des essences qui ont trouvé par la suite des débouchés sur le marché. Toutefois, les rapports de valeur entre les essences se sont rarement inversés: simplement, un nombre croissant d'espèces sont devenues commercialement acceptables. Par conséquent, un arbre ne doit être éliminé que s'il concurrence directement un autre arbre de plus grande valeur.

La densité que doit avoir un peuplement résiduel suscite de multiples débats (Salleh et Baharudin, 1985), mais elle ne doit pas faire obstacle à l'aménagement. L'accroissement moyen en diamètre dans les forêts tropicales naturelles varie an fonction de nombreux facteurs, mais il est rarement supérieur et souvent inférieur - à 1 cm par an. Par conséquent, si les arbres d'avenir ont un diamètre moyen de 10 cm, il leur faudra sans doute au moins 40 ans pour atteindre leur maturité. Si l'on peut dégager des arbres de plus grande dimension, on pourra passer en exploitation tous les 25 ou 30 ans.

Tableau 2. Aménagement en vue du rendement soutenu et traitement sylvicole des forêts résiduelles (Philippines)

Année

Superficie exploitée

Destruction(%)

Forêts résiduelles de bonne densité

Traitement sylvicole(ha)

1975

62660

28

45100

14000

1976

73840

28

53165

16000

1977

67260

25

50445

33000

1978

64090

24

48700

47000

1979

57275

20

45820

44000

1980

66932

19

54215

53000

1981

58416

19

47310

49200

1982

52596

18

43130

56300

1983

51993

16

43570

33900

Source: Leslie, 1985

La complexité et la variabilité que l'on constate dans la dynamique écologique et dans la composition spécifique des forêts denses tropicales imposent à la sylviculture une grande souplesse, guidée par le bon sens acquis sur le terrain. Hutchinson (1986a) suggère d'examiner les semis et les gaulis présents avant et après le passage de la coupe, d'évaluer l'impact de celle-ci sur la forêt, notamment les dégâts aux arbres laissés sur pied, et d'apprécier l'espace disponible pour la régénération. On aura ainsi une idée des possibilités qui s'offrent pour le futur peuplement et du traitement sylvicole à appliquer.

PHILIPPINES. Les Philippines possèdent de vastes forêts productives, des institutions forestières et un enseignement bien organisés. Le principe de base de l'aménagement est qu'une exploitation sélective convenablement effectuée laisse un peuplement résiduel qui se développe, de telle sorte qu'une; nouvelle coupe commerciale est possible dans un délai de 30 à 45 ans (PNUD/FAO, 1970a). On a institué un système d'inventaire systématique qui, par sa portée et sa conception, se rapproche beaucoup de l'inventaire forestier national des Etats-Unis. Des placettes permanentes implantées de manière aléatoire dans les zones boisées font l'objet de mesures périodiques. La régénération, la croissance et les volumes sont surveillés, et l'interprétation détaillée des photographies aériennes contribue à la fourniture des données d'inventaire (Nillson, Marsch et Singh, 1978). Le tableau 2 indique les superficies exploitées et celles qui ont fait l'objet de traitement sylvicole.

Un projet germano-philippin d'amélioration des peuplements de production de bois d'œuvre a, de 1975 à 1981, permis d'étudier des méthodes de traitement sylvicole aprés l'exploitation. Le traitement prescrit consiste essentiellement en une sélection des meilleurs arbres d'avenir (Leslie, 1985). Ces conclusions confirment celles des travaux réalisés au Sarawak.

MARTELAGE EN VUE DE L'EXPLOITATION EN MALAISIE un aménagement fondé sur la régénération naturelle est appliqué depuis plusieurs dizaines d'années / R. PRADO

Aménagement des forêt denses en Amérique tropicale

A l'heure actuelle, aucun grand programme d'aménagement n'est en cours dans les vastes étendues de forêts denses feuillues d'Amérique tropicale. Ce n'est certainement pas dû à un manque de ressources: en 1985, on estimait à quelque 490 millions d'ha la superficie de forêts denses productives d'Amérique tropicale, dont environ 55 millions d'ha avaient été parcourus par l'exploitation. Cette absence d'aménagement basé sur le rendement soutenu n'est pas non plus imputable à un manque d'expérimentation, de recommandations et de programmes pilotes de démonstration, bien qu'une action plus efficace doive être organisée dans ce domaine.

BRÉSIL. En 1978, le Gouvernement brésilien et le Département des forêts de la FAO ont lancé un grand projet pilote de longue durée pour l'aménagement de la Forêt nationale de Tapajós, dans le bassin de l'Amazone, en vue de son utilisation à des fins multiples, dont la production de bois d'œuvre selon un mode de traitement sylvicole naturel (PNUD/FAO, 1983b). Ce projet avait été précédé d'une série d'inventaires et d'expérimentations sylvicoles conduits en coopération par le Gouvernement brésilien et la FAO pendant les années 50 et 60. Une mission d'examen a estimé en 1976 que les opérations commerciales pourraient commencer en 1978. L'étude de préfaisabilité, qui comportait une analyse de sensibilité, avait montré qu'un taux de rentabilité interne de 53 pour cent pourrait se maintenir à 20 pour cent, même dans l'hypothèse d'un accroissement des coûts de fonctionnement et d'une forte baisse du prix des bois.

Un plan d'aménagement complet a été élaboré, compte tenu des recommandations des spécialistes en sylviculture et exploitation forestière. D'après l'inventaire forestier de 1978, la forêt renfermait 54 m3/ha de bois ronds de plus de 45 cm de diamètre à hauteur d'homme, dont 36 m3 correspondant aux 28 essences commerciales de valeur. La coupe expérimentale effectuée en 1979 sur 64 ha a fourni un volume total de 72 m3/ha, dont 64 m3 d'essences commerciales. Le volume brut des arbres de plus de 55 cm de diamètre était de 132 m3/ha (PNUD/FAO, 1980 et 1983a).

Le rapport final du projet (PNUD/FAO, 1983a), présente les résultats de l'étude complète et détaillée à laquelle ont participé 15 spécialistes internationaux et 30 chercheurs brésiliens: il paraissait techniquement possible et économiquement viable de créer des industries forestières dans des zones choisies de l'Amazone comparables à la Forêt nationale de Tapajós, tout en maintenant un couvert boisé permanent. Les études comportaient d'importants éléments opérationnels. Une évaluation a indiqué que les abattages avaient atteint 27000 m3 en 1980, 25000 m3 en 1981 et 17 000 m3 en 1982 (PNUD/FAO, 1983c).

La mission d'examen PNUD/FAO de 1982 a signalé l'optimisme et l'esprit d'entreprise qui régnaient, mais en faisant observer qu'aucun aménagement forestier réel n'avait encore commencé. Elle a constaté que, pour assurer la transformation des bois de Tapajós, il était essentiel d'exercer un contrôle sur l'approvisionnement des usines en grumes de sources extérieures (PNUD/FAO, 1982b). Or les usines existant dans la région étaient suffisamment approvisionnées, en général grâce à des opérations de défrichement subventionnées par l'Instituto Nacional de Colonização e Reforma Agrária, qui permettaient de se procurer des grumes quasi gratuitement en bord de route en contrepartie du défrichement. La mission a conclu qu'il serait néanmoins possible d'aménager Tapajós de manière rentable et qu'il serait inquiétant que l'exploitation commerciale n'ait pas commencé dés le milieu de l'année 1983.

A partir de 1985, le projet s'est orienté principalement vers la région sèche du nord-est du Brésil. Le Gouvernement brésilien poursuit un projet d'étude à Tapajós, mais l'aménagement en vue de la production industrielle est pour le moment au point mort.

PÉROU. En 1971, le Gouvernement péruvien a sollicité un financement du PNUD en vue d'un projet de démonstration pour l'aménagement forestier dans la Forêt nationale Alexander von Humboldt, dans les plaines du bassin de l'Amazone. Ce projet, qui a été exécuté entre 1974 et 1978, avait les objectifs à long terme suivants: accroître le rendement soutenu des forêts nationales grâce à la démonstration de techniques d'aménagement, d'amélioration, de protection et d'exploitation; obtenir le maximum d'avantages sociaux et économiques grâce au développement d'une industrie du bois organisée. Les objectifs à court terme étaient les suivants: déterminer s'il était possible sur le plan technique et économique de créer un complexe d'industries du bois; étudier la régénération des essences commerciales de valeur; formuler un plan d'aménagement pour la Forêt nationale von Humboldt; mener des études de faisabilité; former du personnel à tous les niveaux (PNUD/ FAO, 1979).

Un inventaire réalisé à titre d'essai sur 200 000 ha a montré que la forêt avait une composition floristique très hétérogène, mais présentait une grande homogénéité quant aux volumes effectivement commercialisés. Alors que l'inventaire portait sur 300 essences, 28 d'entre elles constituaient 70 pour cent du total. Les trois quarts du volume commercial étaient fournis par 21 essences, et les régénérations de 15 essences représentaient 85 pour cent du nombre de tiges. Le volume effectivement commercialisé est passé de 15 à 30 m3/ha pendant la durée du projet, car 20 nouvelles essences ont été inscrites sur la liste des essences commerciales de valeur. L'analyse économique a indiqué qu'un investissement de 26 millions de dollars U.S. serait nécessaire pour réaliser le projet; le taux de rentabilité interne a été évalué à 12-17 pour cent, et le flux de trésorerie était toujours positif. Un plan d'aménagement affectait différentes zones à l'agrosylviculture, aux plantations, à la forêt naturelle de production et à la forêt de protection.

TAILLE D'UNE POUTRE DE PONT EN DOIS AU PÉROU les obstacles à l'aménagement sont rarement d'ordre technique / T. FRISK

Du point de vue sylvicole, la forêt de production devait être aménagée à une révolution de 60 ans, avec une rotation des coupes de 30 ans. Cependant, lorsque le projet est arrivé à terme, le dynamisme a manqué, et les actions d'aménagement n'ont pas été réalisées comme prévu. Des paysans pauvres sans terre ont occupé de nombreuses surfaces exploitées, dont des parcelles de recherche, pour y pratiquer leurs cultures temporaires destructrices.

A l'heure actuelle, le Gouvernement japonais participe à un projet coopératif de plantations et de régénération de forêt naturelle en Amazonie péruvienne, et l'Universidad Nacional Agraria La Molina mène des recherches de sylviculture tropicale (Romero Mejía, 1983). Cependant, les prescriptions officielles concernant les actions d'aménagement après l'exploitation ne sont pas respectées, et les volumes extraits des forêts péruviennes sont passés de 474 205 m3 en 1977 à 643 343 m3 en 1981.

Les projets de la FAO en cours au Pérou sont axés sur les problèmes de déboisement, d'aménagement des bassins versants et d'approvisionnement en bois de feu dans les Andes.

COLOMBIE. Un projet analogue a été mené en Colombie entre 1965 et 1970 dans la Serranía San Lucas, massif de forêt tropicale humide de basse altitude entre le Rio Magdalena et le Rio Cauca dont la superficie était de 1,2 million d'ha en 1965 et de 1,0 million d'ha en 1970. Les inventaires indiquaient un volume total de bois de fût de 114 m3/ha et un volume de bois marchand de 33 m3/ha. Les experts du projet, tout en notant que seules des études de longue durée pourraient fournir la base d'une sylviculture efficace dans ces forêts, étaient convaincus que des coupes judicieusement conduites donneraient une forêt secondaire susceptible d'être aménagée pour produire des volumes de bois marchand égaux ou supérieurs à ceux de la forêt primitive. La densité du peuplement et la régénération étaient suffisantes, et la forêt a commencé à se développer de manière satisfaisante après des coupes échantillons (PNUD/FAO, 1970b). Toutefois, le site du projet a été abandonné en 1970 pour des raisons de sécurité.

La côte Pacifique de la Colombie, qui est extrêmement humide, offre divers enseignements en matière d'aménagement des forêts tropicales. La sylviculture et l'aménagement du Bosque de Guandal ont fait l'objet d'un projet PNUD/FAO (Neyra-Román, 1979). On estimait à 500000 ha la superficie couverte par ce type de forêt, où prédominent deux essences, Dialyanthera gracilipes et Campnosperma panamensis (Narino). Ces forêts n'ont pas fait l'objet d'un aménagement rationnel, qui serait pourtant assez aisé techniquement en raison de leur structure spécifique. L'entreprise papetière Cartón de Colombia a exploité les forêts humides naturelles de la côte Pacifique du pays pour la pâte. La régénération était vigoureuse, reconstituant la biomasse originelle en une quinzaine d'années, mais étant donné que les paysans locaux exploitaient cette forêt secondaire pour en tirer un certain nombre de produits, l'entreprise n'a pas tenté d'en poursuivre l'aménagement.

ÉQUATEUR. L'impact de la colonización, c'est-à-dire l'occupation et le défrichement des terres boisées par les petits paysans, est l'un des facteurs déterminants de l'aménagement des forêts en Equateur. Il y a une quinzaine d'années, on estimait à 30 millions d'ha la superficie de forêts tropicales naturelles productives dans le pays (Jankovic, 1971). Trois millions d'ha de forêts intactes facilement accessibles dans le nord-ouest du pays auraient pu servir de base à une industrie forestière intégrée progressivement. Quelques années plus tard, un projet ayant pour objectif de renforcer le Service forestier équatorien (PNUD/FAO, 1977) a permis de constater que 418 600 ha de forêts du nord-est du pays (bassin de l'Amazone) avaient été occupés entre 1971 et 1975 par des agriculteurs, dont seulement 5 pour cent environ avaient des titres de propriété. Ces occupants avaient emprunté les routes de l'exploitation pétrolière. Les bois extraits (de 42 000 à 56 000 m3 en 1976) alimentaient 32 scieries, mais ne représentaient pas plus de 2 pour cent du volume abattu lors des défrichements. Un rapport d'un projet PNUD/FAO (1982c) a estimé que le problème de la colonisation compromettait l'ensemble de l'industrie forestière et qu'il existait toute une série d'autres problèmes, notamment la nécessité de reboiser les zones qui ne peuvent produire des bois commerciaux. Le Gouvernement équatorien oriente actuellement ses demandes d'assistance forestière internationale vers l'aménagement des bassins versants, en vue d'accroître la durée de service des barrages.

SURINAME. La question de la sylviculture naturelle dans les forêts denses du Suriname a été étudiée par Jonkers et Schmidt (1984) et par Boxman et al. (1985). Ce pays est encore boisé à 90 pour cent, mais 9 000 ha de plantations de Pinus caribaea n'ont pas assuré la production rentable de bois attendue. On a constaté que des techniques d'abattage et des pistes de débardage rationnelles pouvaient permettre de réduire les dégâts aux arbres restants tout en abaissant les coûts d'extraction par rapport à ceux de l'abattage et du débardage anarchiques actuellement pratiqués. L'empoisonnement des arbres d'essences non commerciales de plus de 20 cm de diamètre et le délianage font passer l'accroissement annuel en diamètre de 0,4 cm à 1,0 cm. Les travaux d'amélioration sur 200 ha exigent 2,8 journées de travail par hectare et 17 litres de 2, 4, 5-T à 2,5 pour cent en solution dans le gazole. Les auteurs précités estiment que ce traitement aboutira à une production exploitable de 40 m3/ha en 20 ans, avec 13,5 arbres/ ha d'essences commerciales.

Le travail expérimental réalisé au Suriname a été mené à assez grande échelle en liaison avec l'industrie forestière. La conclusion essentielle, à laquelle on est d'ailleurs parvenu dans de nombreux pays, est que les problèmes sylvicoles peuvent être maîtrisés. Il importe de noter qu'aucun domaine forestier établi n'est administré par le Service forestier du Suriname; ce dernier n'a qu'une influence très limitée sur les concessions forestières (Wood, 1982).

COSTA RICA. Le Costa Rica risque de voir toutes ses forêts productives matériellement accessibles et juridiquement exploitables disparaître d'ici au début du 21e siècle. Un projet achevé en 1986 (PNUD/FAO, 1985) a identifié une zone d'étude de 14 000 ha, dont 8 000 ha de forêt intacte, où une scierie d'une capacité annuelle de 5 000 m3 sera installée. Dans une zone pilote de 70 ha, où des inventaires ont été menés avant et après exploitation, une coupe sur 10-12 ha a produit 828 m3 de grumes de 34 essences différentes en 1985, jusqu'à ce que la pluie interrompe les opérations. Aux dernières nouvelles, les opérations n'avaient pas repris en 1986, mais on espère que l'étude sera poursuivie.

GUYANE FRANÇAISE. Un projet de recherches sylvicoles a été réalisé dans la bande de forêt littorale qui a de 50 à 100 km de largeur (Maître, 1982). Les volumes marchands et les coûts d'exploitation ont été calculés, et on a évalué les conséquences économiques de divers scénarios avec des degrés variables d'extraction de bois d'œuvre ou de bois de feu. Le taux de rentabilité interne le plus élevé (7,78 pour cent) est obtenu avec une exploitation mixte extrayant 1,3 m3/ha/an de bois d'œuvre et 3,0 m3/ha/an de bois de feu. Cette forêt n'est à l'heure actuelle soumise à aucune pression imputable à la croissance démographique ou au besoin de nouvelles terres agricoles. Les volumes extraits, qui étaient seulement de 120 000 m3 en 1980, sont en augmentation. Un aménagement de ces forêts basé sur le rendement soutenu permettrait d'éviter de construire de nouvelles routes d'accès aux forêts intactes de l'intérieur.

Aménagement des forets tropicales en Afrique

Autres programmes. Aucun autre programme important d'aménagement des forêts denses en vue de leur rendement soutenu n'est en cours en Amérique tropicale. Au Venezuela, par exemple, les programmes concernant la régénération naturelle n'ont pas été mis à exécution, et au Mexique les programmes de mise en valeur des forêts (aprovechamiento), comportant implicitement une régénération naturelle, n'ont jamais vu le jour (Gomez-Pompa, 1985).

Les sylviculteurs du Nigéria et de Côte d'ivoire ont expérimenté la régénération naturelle et les plantations en layons pendant presque toute la première moitié du siècle. Les services forestiers de nombreux autres pays d'Afrique ont aussi tenté, à partir des années 50, de résoudre le problème de la sylviculture des forêts tropicales humides. Certaines des méthodes appliquées reposaient sur la régénération naturelle, d'autres cherchaient à améliorer la dynamique des peuplements, et d'autres encore recouraient à la régénération artificielle.

Régénération naturelle. Les trois principales méthodes fondées sur la régénération naturelle sont: le Tropical Shelterwood System (TSS) au Nigéria, l'Amélioration des peuplements naturels (APN) en Côte d'ivoire et le Selection System au Ghana. Le TSS a été conçu en 1944 au Nigéria, à partir des résultats d'essais poursuivis pendant une vingtaine d'années. L'objectif était de favoriser la régénération naturelle des essences de valeur avant l'exploitation en ouvrant progressivement le couvert (empoisonnement des arbres indésirables, délianage), afin d'obtenir en cinq ans au moins une centaine de semis de 1 m de hauteur par hectare. Le boisement ainsi traité était exploité pendant la sixième année, et on pratiquait ensuite des dégagements et des éclaircies pendant 15 ans. Le Service forestier nigérian a ainsi traité 200 000 ha entre 944 et 1966, puis il a abandonné cette méthode. Les principaux problèmes rencontrés étaient la prolifération des lianes à la suite de l'ouverture du couvert et le développement insuffisant des semis d'essences de valeur. En outre, l'empoisonnement éliminait des arbres de certaines essences qui, par la suite, se sont révélées commercialement intéressantes, telles que l'ilomba (Pycnanthus angolensis).

En 1950, le Service forestier de la Côte d'Ivoire, intéressé par les premiers résultats obtenus au Nigéria, a renoncé à la plantation en layons en faveur de l'APN, technique apparentée au TSS. Outre les considérations techniques, un motif d'ordre économique justifiait ce changement radical: la capacité de production des scieries pour la consommation intérieure s'accroissait. La dispersion géographique et l'élargissement de la gamme d'essences utilisées entraînaient une dispersion des interventions et l'accroissement du nombre d'essences à régénérer. La méthode de l'APN a été appliquée à des forêts exploitées auparavant, qui renfermaient une bonne proportion d'arbres de valeur de moyenne dimension. L'objectif était de favoriser la croissance de ces tiges de moyenne dimension et d'assurer en même temps la régénération par ensemencement naturel des essences de valeur, grâce au délianage et à l'ouverture du couvert. Le Service forestier a appliqué cette méthode sur de grandes superficies entre 1950 et 1960, puis il l'a abandonnée en raison des résultats décevants obtenus.

Le «Selection System» est appliqué au Ghana depuis 1960, afin d'assurer la régénération de forêts renfermant une bonne proportion d'essences de valeur. L'exploitation a lieu tous les 15 ans environ, après que le Service forestier a procédé à un martelage pour réserver des semenciers bien répartis, puis à une éclaircie. On a constaté que cette méthode entraînait des dégâts d'abattage considérables en raison de la rapidité relative de la rotation. La régénération est médiocre, et les essences d'ombre de faible valeur prédominent en raison de l'ouverture insuffisante du couvert.

Amélioration de la dynamique des peuplements. Cette technique a été appliquée dans les années 50 à la forêt d'okoumé (Aucoumea klaineana) au Gabon, en vue d'accélérer la croissance des tiges de toutes dimensions dans des peuplements naturellement bien fournis, sans chercher particulièrement à provoquer la régénération par ensemencement naturel. Cette essence pousse par bouquets ou par taches, vraisemblablement par suite de l'ensemencement naturel de clairières ou de trouées. L'objectif était de permettre à ces peuplements d'atteindre le diamètre marchand le plus rapidement possible grâce à l'éclaircie, mais le gain de production n'a jamais été mesuré. Après avoir traité ainsi une centaine de milliers d'hectares, le Service forestier gabonais a abandonné cette technique en 1962 pour passer à la plantation d'okoumé.

Les forestiers belges ont également essayé dans les années 50 des techniques d'amélioration des peuplements, dites «uniformisation par le haut» et «normalisation». Plusieurs milliers d'hectares ont été traités ainsi, principalement dans la région du Mayumbe (bassin inférieur du Zaïre). Après l'indépendance en 1960, le Service forestier zaïrois n'a pas poursuivi ces essais. Les techniques de régénération naturelle ne sont donc appliquées à l'échelle commerciale ni dans les pays francophones d'Afrique ni au Nigéria. Seuls le Ghana et l'Ouganda ont, en principe, poursuivi l'aménagement et les plantations en forêt dense.

Exploitation forestière. En Afrique, l'exploitation forestière a considérablement évolué depuis 1950. Les surfaces parcourues en exploitation jusqu'en 1980 sont estimées à environ 42 millions d'ha, sur 162 millions d'ha de forêts denses feuillues productives. Les forêts les plus accessibles, telles que celles qui subsistent en Côte d'ivoire et au Nigéria, ont déjà été exploitées à plusieurs reprises. Environ 90 pour cent des forêts intactes se situent au Zaïre, au Gabon, au Congo et au Cameroun.

L'exploitation reste très sélective, comme elle l'était à l'origine. Le volume net de grumes extrait est compris en moyenne entre 5 et 35 m3/ha. Le nombre d'essences utilisées est toujours très limité.

UN BEAU SUJET DE TERMINALIA EN CÔTE D'IVOIRE la recherche montre que l'aménagement se justifie / C. COSSALTER

Dans les pays à forte densité démographique, comme le Ghana (55 habitants/km²) et surtout le Nigéria (plus de 100 habitants/km2), le marché intérieur a supplanté les exportations comme principal débouché, ce qui devrait normalement conduire à une diversification des essences utilisées. En revanche d'autre pays grands producteurs de bois, tels que Côte d'ivoire, Gabon et Congo, 75 pour cent des volumes commercialisés sont destinés à l'exportation, et le marché intérieur n'est pas suffisant pour absorber les essences peu utilisées.

Les règles d'exploitation en vigueur avant 1960 dans les pays anglophones (notamment Ghana, Nigéria et Ouganda) et au Zaïre, ont été progressivement abandonnées dans la plupart des cas, en raison de l'insuffisance du personnel et des fonds. Lorsque l'efficacité des techniques sylvicoles a été mise en question, le choix s'est porté sur les plantations artificielles, plus spectaculaires, financées par l'aide extérieure.

Dans les années 60, la République centrafricaine a adopté un système original: les opérations sylvicoles étaient menées dans les concessions forestières mêmes et financées en majeure partie par les concessionnaires; elles consistaient à marquer des jeunes tiges en réserve à épargner lors de l'exploitation et des éclaircies ultérieures. Malheureusement, ce système a été abandonné au bout d'une dizaine d'années en raison de problèmes institutionnels.

L'aménagement forestier en Afrique francophone repose parfois sur des règlements d'exploitation qui fixent les zones et les conditions d'octroi de concessions et prescrivent un diamètre minimal d'exploitabilité pour les essences marchandes. Les redevances payées pour la valeur des bois sur pied sont théoriquement affectées au financement des travaux d'aménagement et de régénération, mais en pratique les fonds vont au budget général de l'Etat.

Ces mesures, sans représenter un vrai système d'aménagement complet, constituent un départ positif Au Congo, dans les années 60, on a mis en place des Unités forestières d'aménagement (UFA). Des zones de concessions sont délimitées, et on procède à un inventaire pour connaître la richesse des peuplements. Lorsqu'une zone est considérée comme épuisée, elle est fermée à l'exploitation pour lui permettre de se reconstituer. On réalise ainsi des progrès dans le contrôle de la production forestière et dans la mise en place de structures institutionnelles et d'échelons de responsabilité, conditions préalables à une évolution ultérieure de l'aménagement.

La FAO a organisé des projets pilotes expérimentaux d'aménagement au Cameroun et au Gabon, mais malheureusement les recommandations de ces projets n'ont jamais été appliquées dans la pratique générale. Bien qu'étant rationnelles d'un point de vue sylvicole, les restrictions imposées par les règles d'aménagement se heurtent parfois à la résistance des exploitants pour plusieurs raisons. Elles peuvent, par exemple, prescrire l'exploitation d'une trop forte proportion d'essences secondaires, jugées non rentables dans les zones peu accessibles, ou spécifier que les coupes doivent se faire par parcelles de proche en proche, en obligeant à exploiter toutes les essences simultanément sur la parcelle correspondant à la possibilité annuelle et en interdisant de passer à plusieurs reprises sur une même coupe afin de permettre la régénération. Des problèmes de commercialisation insolubles peuvent alors se poser en raison des fluctuations du marché des bois tropicaux.

Etude SODEFOR-CTFT sur la sylviculture des forêts tropicales humides. Il est difficile de mesurer avec précision les gains de productivité obtenus grâce aux techniques de régénération naturelle et d'amélioration des peuplements. L'incertitude persistant quant à l'efficacité des méthodes utilisées a certainement contribué à leur abandon progressif dans la plupart des pays africains. Au contraire, la productivité et les coûts des plantations forestières sont relativement bien connus.

En 1976, un important plan d'action pour l'étude de la mise en valeur de la forêt humide en liaison avec les différentes interventions sylvicoles a été lancé en Côte d'ivoire par la Société ivoirienne de développement des plantations forestières (SODEFOR), avec l'appui technique du Centre technique forestier tropical (CTFT). Par rapport aux expériences antérieures, ce projet présentait l'avantage de permettre de mesurer exactement l'effet des interventions sylvicoles. Les méthodes de mesure, la taille des essais et la répétition des traitements dans l'espace étaient conçues de façon à obtenir des résultats fiables.

Le projet couvre 1200 ha, répartis entre trois stations de terrain représentatives des trois zones écologiques de forêt tropicale humide de Côte d'ivoire: forêt semi-décidue, forêt sempervirente et forêt de transition. Les techniques utilisées sont l'exploitation normale des essences marchandes et l'éclaircie par annélation avec phytocide. On a mis à l'essai deux régimes d'éclaircie (de 30 à 45 pour cent de la surface totale des terres) en commençant systématiquement par les arbres les plus hauts du peuplement résiduel jusqu'à atteindre le pourcentage de surface désiré. L'objectif des éclaircies était de favoriser les arbres d'avenir de plus de 10 cm de diamètre. Aucune opération particulière n'était prévue pour la régénération par ensemencement naturel.

Au bout de quatre années d'observation, l'accroissement en volume était de 3 à 3,5 m3/ha/an contre 2 m3/ha/an dans les peuplements témoins, soit un gain de croissance de 50 à 75 pour cent sur les tiges de plus de 10 cm de diamètre de 73 essences principales. D'après les mesures effectuées chaque année, l'accroissement en volume augmente avec le temps, et l'effet des éclaircies pratiquées se fera probablement sentir pendant au moins une dizaine d'années. Les accroissements annuels en diamètre les plus forts - de l'ordre de 1 cm en moyenne - ont été observés sur des essences telles qu'obéché (Triplochiton scleroxylon), fraké (Terminalia superba), niangon (Tarrietia utilis) et acajou du Honduras (Swietenia macrophylla).

Un aménagement fondé sur cette technique semblerait justifié, étant donné que le rapport volume marchand/coût est supérieur à celui des plantations forestières établies dans la même zone. Sur une période de 30 ans, ce rapport peut être évalué comme suit pour les deux systèmes:

· aménagement de la forêt naturelle:

soit une production de 1 m3 environ pour un investissement de 5,6 dollars U.S. (On suppose que la forêt naturelle non traitée produit 60 m3/ha et la forêt traitée 85 m3/ha de bois marchand.)

· plantations:

soit une production de 1 m3 environ pour un investissement de 7,4 dollars U.S.

Il ne faut pas oublier que les investissements dans la forêt naturelle portent généralement sur une plus longue période d'amortissement, mais ces chiffres donnent une bonne indication des quantités en jeu. S'il est possible d'introduire sur le marché local une plus large gamme d'essences de la forêt naturelle, la rentabilité de l'opération s'en trouve améliorée.

Les 10000 ha de la forêt de Yapo font maintenant l'objet d'un aménagement expérimental fondé sur les résultats du projet de recherche sylvicole mis en place par la SODEFOR et le CTFT. D'autres aménagements seront bientôt entrepris sur des superficies augmentant progressivement, pour finir par couvrir la totalité des terres boisées de Côte d'ivoire.

Comparaison entre Asie, Amérique et Afrique

Il est souvent dangereux de procéder par extrapolation en dehors du contexte où les conclusions ont été établies, et ce pourrait être le cas si l'on cherchait à appliquer de manière trop rigide l'expérience de l'Asie à d'autres régions forestières tropicales. Les différences écologiques et socio-économiques entre les régions sont très marquées, et il n'est guère probable que des techniques particulières mises au point dans une région trouvent une application directe dans une autre région. Mais il serait tout aussi déraisonnable de prétendre qu'aucun transfert d'une région à une autre n'est possible.. L'expérience asiatique montre que l'aménagement intégré des forêts tropicales mélangées sur la base d'un rendement soutenu est techniquement possible.

Trait commun à tous les programmes d'aménagement des forêts naturelles interrompus en Amérique tropicale, ce n'est jamais la faisabilité technique qui est invoquée pour justifier cette interruption. En Colombie, le projet a cessé ses activités à cause de l'insécurité qui s'était établie dans la région. Au Pérou et en Equateur, c'est le phénomène classique des paysans sans terre occupant spontanément les terres forestières en empruntant les nouvelles routes qui a mis fin aux projets d'aménagement. En Amazonie brésilienne, l'abondance des ressources en vieux bois, alliée aux défrichements subventionnés par les pouvoirs publics, a entraîné une saturation de la capacité existante de transformation des bois, d'où une valeur négative des bois sur pied qui excluait toute possibilité d'aménagement rentable.

EXPORTATION DE GRUMES EN PAPOUASIE-NOWELLE-GUINÉE la forêt est une importante source de revenus / R. PRADO

En Afrique, l'évolution politique a souvent eu pour effet de modifier les orientations des institutions responsables de l'aménagement des forêts, et la préférence a été donnée à des techniques promettant des résultats plus rapides que ceux fournis par les forêts naturelles, de croissance relativement lente. Etant donné que ces espoirs ne se sont pas réalisés, un regain d'intérêt se manifeste pour l'aménagement des forêts naturelles. Toutefois, il arrive souvent que les institutions et les budgets nationaux n'aient pas les moyens de lancer de nouveaux programmes.

Il ne s'agit pas là de problèmes de diversité d'essences, de manque de connaissance de la dynamique des écosystèmes, d'incapacité de maintenir une régénération suffisante, ou d'absence de réponse aux traitements sylvicoles. Les difficultés sont liées à la politique de mise en valeur des terres, aux conditions socio-économiques et aux réalités politiques. Le problème tient en grande partie à la sous-estimation du potentiel de production de ressources abondantes. Cet article n'est certes pas le premier à affirmer que des industries forestières fondées sur une production soutenue de la forêt peuvent apporter un bien-être économique durable à un plus grand nombre d'individus que n'en fait vivre le défrichement de nouvelles terres pour une exploitation agricole de courte durée. Le problème est d'élargir l'horizon temporel des responsables de la politique. Le monde tropical offre déjà de multiples exemples des conséquences néfastes de politiques qui négligent l'aménagement des ressources en vue d'un rendement soutenu. Une fois que la capacité de production se trouve diminuée, il est très coûteux de la restaurer.

Problèmes et perspectives

Il serait certes utile de disposer de plus d'information dans des domaines tels que statistiques de croissance et de rendement, accroissements annuels, possibilité des peuplements (FAO, 1984), mais on a d'ores et déjà assez d'éléments pour mettre en œuvre des aménagements naturels fondés sur le rendement soutenu. Il serait difficile de soutenir que les éléments relatifs à la sylviculture et aux rendements constituent, tout au moins en Asie, des facteurs qui freinent les progrès de l'aménagement des forêts.

Tableau 3. Pays ayant les plus grandes superficies des forêts denses feuillues1, 1985

Pays

Total

Exploitées

(millions d'ha)

(millions d'ha)

Brésil

295,5

13,5

Zaïre

79,2

0,4

Indonésie

67,5

34,5

Pérou

42,8

6,4

Inde

37,8

3,9

Colombie

36.0

0,8

Birmanie

21,8

5.5

Gabon

19,8

9,9

Venezuela

18,8

11,4

Bolivie

17,0

2,0

Cameroun

16,6

10,6

Malaisie

14,4

5,7

Papouasie Nouvelle-Guinée

13,9

0,4

Congo

13,6

3,4

Guyana

13,5

1,4

Suriname

12,5

0,5

Mexique

11,4

0,3

Equateur

9,7

0,1

Guyane française

7,6

0,2

Philippines

6,3

3,7

Madagascar

6,0

4,6

Kampuchea

5,0

0,5

Viet Nam

3,5

2,3

République centrafricaine

3.4

0.4

Nicaragua

3,2

0,1

Thaïlande

2,9

2,9

Panama

2,8

0,8

Laos

2,4

2,4

Angola

2,2

2,2

Paraguay

2,2

1,9

Guatemala

2,8

1,2

Côte d'ivoire

1,8

1,8

Nigéria

1,6

1,5

Honduras

1,3

1,1

Ghana

1,2

0,1

Sri Lanka

1,0

1,0

1On entend par forêts denses feuillues productives des forets qui rouvrent... «une forte proportion du sol et dans lesquelles il n'existe pas de strate herbacée continue et fournie...; leurs caractéristiques permettent (ou pourraient permettre) la production de bois pour l'industrie... Exploitées une ou plusieurs fois durant les 60 a 80 dernières années». (FAO/PNUE. 1981)

Les responsables nationaux au plus haut niveau doivent être prêts à investir aujourd'hui pour obtenir des avantages économiques seulement dans 20 ou 30 ans. La politique nationale doit tendre à harmoniser le développement démographique avec la capacité de production des terres disponibles. Les programmes et les cadres des institutions responsables de l'aménagement bénéficier d'une stabilité suffisante pour assurer la continuité nécessaire. Il faut des institutions d'enseignement efficaces pour former du personnel, de l'échelon de technicien à celui de chercheur de haut niveau, et les mécanismes administratifs doivent envoyer des agents compétents et expérimentés sur le terrain pour organiser l'aménagement. Un aménagement forestier rentable doit s'intégrer à l'économie nationale et au marché mondial des bois, et les plans élaborés aujourd'hui doivent reposer sur une évaluation de la demande de produits forestiers dans 20 ans ou plus. Chaque pays a besoin d'une législation efficace et d'une planification nationale de l'aménagement du territoire identifiant les zones boisées à aménager.

Il est difficile d'affecter des ressources financières et humaines rares à des actions techniques qui n'ont pas encore fait leurs preuves. Il est par conséquent urgent de démontrer l'efficacité et la viabilité de ces actions grâce à des programmes pilotes d'aménagement. Toutefois, ceux-ci ne sauraient être menés isolément, car ils ont besoin pour être efficaces des institutions fortes et de la volonté politique évoqués ci-dessus.

Action future

Il serait absurde de prétendre que l'aménagement des forêts tropicales humides offre aujourd'hui un tableau encourageant. Dans les trois grandes régions de forêts tropicales du globe - bassin de l'Amazone,, Afrique centrale et îles de l'Asie du Sud-Est -, de vastes étendues de forêts sont exploitées ou converties à d'autres utilisations; or seule la Malaisie a lancé d'importants programmes de traitements sylvicoles. Dans plusieurs pays (Costa Rica, Nigéria et Viet Nam, par exemple), la diminution des superficies de forêts humides productives a sérieusement réduit les possibilités d'aménagement naturel à grande échelle qui existaient autrefois. On trouvera cependant au tableau 3, une liste de 36 pays tropicaux qui ont au moins 1 million d'ha de forêts susceptibles d'aménagement productif, soit plus de 90 pour cent du total mondial.

Il ne sera pas facile d'organiser des aménagements rationnels, mais ne pas le faire serait condamner la grande majorité des forêts denses tropicales à disparaître. Tout fait penser que les zones économiquement improductives dans les pays tropicaux resteront soumises à de fortes pressions visant à les convertir à d'autres formes de mise en valeur, même peu durables. Il n'y a pas d'autre utilisation rentable pour de vastes zones de forêts tropicales de productivité biologique élevée. Les programmes d'aménagement pourront faire appel à la coopération internationale et à l'assistance technique et financière, mais ils seront exécutés par les gouvernements et les institutions nationaux. Les actions doivent être intégrées et coordonnées à l'échelon national et international, si une assistance internationale doit intervenir.

Le Plan d'action forestier tropical, qui a été longuement décrit ailleurs (FAO, 1985a, 1986b), est bien adapté à l'aménagement des forêts naturelles, car il cherche à coordonner l'assistance internationale pour les zones prioritaires, en s'appuyant sur une analyse détaillée de la situation particulière de chaque pays. L'aménagement des forêts tropicales naturelles en vue d'une production permanente, avec les avantages écologiques et sociaux qu'il peut assurer, n'est pas la seule action nécessaire, mais c'est l'une des armes essentielles pour combattre le déboisement anarchique.

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