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SYSTEMES DE PRODUCTION OVINE ET CAPRINE EN COTE D'IVOIRE

H. Gadji et A. Oya
Ministère de la production animale
Abidjan, Côte d'Ivoire

SUMMARY

A brief description was given of five different systems of sheep and goat production in the Côte d'Ivoire. By far the most widespread accounting for over 90 percent of sheep and almost 100 percent of goats, is the traditional system. The reproductive rate of females managed in this system is relatively high but as a result of high mortality rates flock productivity is greatly decreased. Four other systems ranging from improved traditional to semi-intensive systems were described and it was shown that productivity in terms of number of offspring weaned per female per year was higher in these systems as a result of lower mortality.

RESUME

Une brève description de cinq différents systèmes de production ovine et caprine en Côte d'Ivoire fut donnée. De loin le plus répandu et représentant plus de 90 pour cent des moutons et près de 100 pour cent des chèvres, est le système traditionnel. Le taux de reproduction des femelles élevées dans ce système est relativement haut, mais par suite d'un taux de mortalité très élevé, la productivité du troupeau s'en trouve considérablement diminuée. Quatre autres systèmes, allant du système traditionnel amélioré au système semi-intensif, furent décrits et il fut démontré que la productivité, si l'on considère le nombre des jeunes animaux sevrés par femelle et par an, est plus élevée dans ces systèmes par suite d'un taux de mortalité plus bas.

INTRODUCTION

C'est à la suite de la première grande sécheresse des années 1972–73 et devant l'incapacité pour nos fournisseurs traditionnels de bovins et de caprins (Burkina Faso, Mali) de satisfaire nos demandes en viande, que la Côte d'Ivoire a pris la décision de dynamiser son élevage dans le but de satisfaire à terme sa demande intérieure en protéines animales.

L'option de privilégier le développement des races à cycle court a amené le Ministère de la Production à initier en 1973 une série d'expérimentations et d'observations afin de connaître les qualités du mouton local, le Djallonké, qu'on rencontre partout, dans tous les petits villages de la Côte d'Ivoire.

Ces études ont permis de déceler les principales difficultés du mode d'élevage traditionnel, de mettre au point une technique d'élevage appropriée et d'élaborer un Programme National Ovin (PNO) dont l'exécution a débuté en 1977 grâce à un financement du FED, du BSIE et du PNUD.

Les grandes lignes de ce programme ont porté successivement sur l'encadrement du paysan en milieu rural (qui a démarré dans le centre avant de s'étendre dans le sud puis dans le nord et enfin l'ouest) la création d'un Centre National Ovin à Béoumi et l'installation d'une première unité d'élevage industriel de moutons à Toumodi. Et depuis 1983, le programme s'est enrichi d'un Projet d'amélioration génétique du mouton Djallonké: le programme National de Sélection Ovine (PNSO) qui est basé à Bouaké et est financé par le FAC.

Aussi depuis une quinzaine d'années le mouton Djallonké fait l'objet de plusieurs sollicitations. Comment se présente aujourd'hui le paysage moutonnier en Côte d'Ivoire, quels sont les différents systèmes de productions ovines qui ont émergé du système traditionnel, cet élevage de cueillette qui d'ailleurs existe toujours.

Telles sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cette étude qui se limite exclusivement à la production ovine du fait qu'en Côte d'Ivoire la production caprine n'a encore fait l'objet d'aucune stratégie de développement.

SYSTEMES DE PRODUCTION

Elevages traditionnels

Elevage villageois (Type 1): Les animaux vivent autour des cases dans les villages et les campements. Même les hameaux les plus reculés disposent de leurs troupeaux de moutons.

En général ces animaux ne font l'objet d'aucun soin. Ils divaguent à longueur de journée dans le village et ses alentours à la recherche de nourriture (herbe et déchets de cuisine). Ils s'attaquent également aux cultures vivrières ce qui provoque souvent des conflits entre agriculteurs et propriétaires d'animaux. Ce vagabondage les expose parfois à des accidents de véhicules par écrasement, ou aux vols pendant la nuit, car les animaux dorment en groupe au clair de lune ou sous abris sommaires.

Un seul ménage peut être propriétaire de 3 à 5 têtes d'ovins, l'ensemble formant parfois des troupeaux de 50 à 100, 200 bêtes par village.

C'est le système le plus répandu en Côte d'Ivoire. Il totalise près de 90 pour cent de l'effectif des ovins et 100 pour cent des caprins.

Elevage urbain (Type 1 bis): Ces systèmes de production se rencontrent essentiellement dans les villes, d'où son appellation d'élevage urbain. Il s'agit le plus souvent de moutons sahéliens ou métis (sahéliens + Djallonké) achetés sur le marché à bétail local par quelques éleveurs. Les échecs liés à son élevage sont partout signalés sauf lorsqu'il est élevé en ville en quelques unités de 10 à 20 têtes, à l'abri des tsé-tsé et des parasites.

Tableau 1 Différents systèmes de production - Traits caractéristiques
ELEVAGES TRADITIONNELSELEVAGES AMELIORESELEVAGES D'ETAT
Elev. villageoisElev. urbainElev. en divagationElev. en gardiennageElev. en gard. intensifiéC.N.O.Sodepalm
Type 1Type 1 bisType 2Type 3Type 4Type 5
DjallonkeSahélien ou MétisDjallonkeDjallonkeDjallonkeDjallonkeDjallonke
Pas de bergerpas de bergerPas de bergerBergerBerger (1)Techniciens et bergers
Pas de suivi sanitairePas de suivi sanitairePlan prophylaxie VaccinationPlan prophylaxie VaccinationPlan prophylaxie VaccinationPlan de prophylaxie Vaccination
    Soins animaux maladesSoins quotidiens Animaux malades
Absence bergerieAbsence bergeriePrésence parc de nuit1 ou 2 parcs de nuit1 ou 2 parcs de nuit- plusieurs bergeries
- bain détiqueur
- magasin de stockage
- bureaux
- centre de formation
Divagation dans village et alentoursDivagation dans les villes apport herbe fraîcheDivagation dans villages et champs alentoursEn gardiennage sur parcours
- Savanes
-Jachère ou sous plantations
En gardiennage sur
- Savane
- Pâturages artificiels exclusifs
En gardiennage sur parcours de savane avec pâturages artificiels d'appoint
Pas de compléments alimentairesComplémentation importante
- + pierre à lécher
Complémentation Alimentaire très discontinue
- Compléments minéraux
Complémentation allimentaire assez suivie
- Complémentation minérale
Complémentation alimentaire très suivie et spécifique
- Complémentation minérale
Complémentation alimentaire très suivie avec intensification aux périodes clé
- Complémentation minérale
Lutte continue (anarchique)Lutte (anarchique)Lutte continueLutte continue ou gestion de lutteGestion de lutte- Gestion de lutte
- Accouplements raisonnés
- essais I.A.

Dans ses grandes lignes, ce système d'élevage ressemble au type précédent, ce qui explique sa classification en type 1 bis.

En effet comme dans le type 1, les animaux se promènent en général seuls ou plus rarement sous la surveillance des enfants, à la recherche de nourriture dans les rues des villes. Du fait de la rareté des pâturages dans les villes, leurs propriétaires leur apportent en quantité plus ou moins suffisante du fourrage vert à domicile. Cette alimentation est complémentée par des restes de cuisine et des peaux de manioc, d'igname ou de banane.

Le soir les animaux sont parqués sous des abris faits sommairement de quelques bouts de planches ou de vieilles tôles usagées, ou bien ils sont enfermés dans des pièces ou magasins inoccupés de manière à en limiter les pertes par vol.

Dans ce système également, les soins sanitaires sont dans la plupart du temps inexistants. Mais il faut dire que seuls quelques propriétaires d'animaux ont parfois recours aux services vétérinaires pour faire soigner leurs bêtes malades et même pour les faire vacciner.

Elevages améliorés

Elevage en divagation (Type 2): Dans ce système les animaux continuent de divaguer le jour dans les villages et aux alentours comme dans le type 1, mais dans ce cas les premières améliorations des services d'encadrement ovin apparaissent:

Dans ce type 2 il faut signaler que si les animaux continuent de divaguer dans les villages ils trouvent cependant principalement leur nourriture dans les parcours de savanes naturelles du centre et du nord de la Côte d'Ivoire, sur les jachères ou sous les plantations, situées non loin des lieux d'habitation qui sont d'ailleurs surpâturés. Ici la complémentation alimentaire est constituée essentiellement de restes de cuisine, d'épluchures de manioc, d'igname ou de banane ou encore de sons de riz, de maïs. Elle est distribuée aux animaux de manière très discontinue, lorsqu'on en trouve.

Elevage en gardiennage (Type 3): Ce type d'élevage bénéficie des premières améliorations du type 2. Mais la différence essentielle réside dans le fait que cet élevage emploie un berger à plein temps qui est la plupart du temps salarié ou quelque fois un membre de la famille. En général les troupeaux de ce type d'élevage comptent plus d'une cinquantaine de brebis mères pour que l'emploi d'une main-d'oeuvre se justifie économiquement.

Ce type 3 regroupe presque exclusivement des élevages individuels, installés plus ou moins à l'écart des lieux d'habitation. Du fait de la présence d'un berger le suivi du troupeau est mené de façon plus rationnelle.

En effet le temps de pâture atteint 8 heures et plus par jour. Les animaux n'étant plus livrés à eux-mêmes sont conduits vers les zones où ils trouveront les fourrages nécessaires à leur alimentation, les savanes naturelles, jachères de cultures vivrières, les sous-étages fourragers des plantations (de caféiers, cocotiers, palmiers à huile, agrumes et bananes, etc).

La distribution de compléments alimentaires (dont la gamme s'élargit aux sons de maïs, graines de coton et parches de café) est plus suivie.

Une certaine amélioration est amorcée au niveau du système de lutte. En effet même si la lutte continue est encore de mise dans ce type 3, les béliers impropres à la reproduction pour causes de malformation, petit format, mauvaise santé, sont écartés et castrés. Un certain nombre de ces élevages bénéficie déjà des béliers de 2ème catégorie du Programme National de Sélection Ovine (PNSO) de Bouaké, avec consigne de les renouveler (échanges entre éleveurs conseillés) tous les 2 – 3 ans.

Les meilleurs élevages de ce type 3, pratiquent la gestion de lutte avec les béliers de lère catégorie (béliers sélectionnés) du PNSO: c'est-à-dire que pour une période de 45 jours, le PNSO met à la disposition de ces éleveurs des béliers performants à raison de l bélier pour 25 à 30 brebis, avec la contrepartie du droit d'achat de tous les agneaux mâles intéressant le PNSO.

Elevage en gardiennage intensifié (Type 4): Dans ce type d'élevage les variantes rencontrées dans les zones de savane (centre et nord du pays) et dans les régions forestières ont des structures différentes.

Zones de savane: Ce type d'élevage bénéficie de toutes les améliorations mentionnées dans le système de production précédent. L'intensification se justifie par le fait que la rationalisation au niveau de l'alimentation et du système de reproduction est plus poussée que dans les types précédents.

Au niveau de l'alimentation, la ration de base reste la savane naturelle, améliorée par des légumineuses chez quelques éleveurs. Mais l'apport du complément alimentaire est continue et assez spécifique.

En effet la quantité du complément varie selon le stade physiologique et la catégorie d'animaux concernés. Elle oscille entre 150 et 300 grammes par brebis et par jour. Cette complémentation se fait avec des peaux d'igname séchées, du son de blé, de la farine basse de riz, du son de maïs, du tourteau de coton, de la graine et de la mélasse.

Au niveau du système de reproduction la gestion de lutte est de rigueur. Et la tendance dans ce type 4 est d'augmenter la productivité de la brebis en raccourcissant son cycle de reproduction de 9 mois généralement à 8, voire 7 mois. Cette politique est tentée dans la mesure où les brebis bénéficient d'un haut niveau d'alimentation.

Il faut faire remarquer également que dans ce type d'élevage le plan de prophylaxie est effectué avec rigueur et sans retard; du fait de la présence d'un ou de deux bergers, des soins quotidiens sont donnés aux animaux. En plus de la vaccination contre la PPR, les brebis sont protégées contre la clavelée.

Les parcs de nuit construits en matériaux durables sont au nombre de 2 ou 3 car les effectifs atteignent 100 – 200 et même 300 brebis mères.

En régions forestières: Dans les régions forestières où la savane naturellement fait défaut, les projets d'encadrement ont incité les éleveurs à créer des pâturages artificiels. La structure de ces exploitations est la suivante: sur un terrain d'un seul tenant (si possible) des cultures fourragères sont installées et individualisées en parcelles de 1 ha ou plus. Un seul parc de nuit est installé sur ces parcelles de façon à avoir une ouverture sur chacune d'elles. Les animaux pâturent par rotation de manière à revenir sur la même parcelle au bout de 40 à 45 jours. La charge à l'hectare est de 12,5 brebis. Les premières réalisations mises en place à la SODEPRA SUD-EST et la SODEPRA OUEST ont démarré avec des surfaces fourragères de 4 ha (4 parcelles de 1 ha) et des effectifs de 50 brebis.

Ces premières expériences se heurtent à un certain nombre de problèmes (accidents pathologiques dus à une mauvaise rotation, difficulté de gestion du pâturage) qui ont amené les responsables de ces projets à orienter leurs éleveurs vers le type 3 qui correspond plus, pour le moment, à leur niveau de technicité.

Elevage d'état (Type 5): Les élevages d'état dont il est question ici sont les élevages ovins de Toumodi et de Béoumi. Ce sont des structures gérées par la SODEPALM (dans le cadre du Projet Manioc) et par la SODEPRA en ce qui concerne le Centre National Ovin (CNO) de Béoumi.

Objectifs de ces structures: Les objectifs assignés à ces deux centres consistent à élever, multiplier et diffuser des animaux performants de la race ovine Djallonké. Alors que la SODEPALM de Toumodi s'est plutôt orientée vers l'embouche et la vente d'agneaux mâles (filière industrielle) et la diffusion de brebis performantes, le CNO s'attèle d'autre part à la mise au point de techniques d'élevage transférables dans le milieu paysan. Le CNO de Béoumi diffuse également des brebis performantes, la sélection et la diffusion des producteurs mâles étant effectuées par le Projet Sélection Ovine PNSO basé à Bouaké.

Infrastructures et troupeaux: Ces centres disposent d'importantes infrastructures:

Au niveau des troupeaux, des centres disposent de:

Conduite du troupeau

1. Cycle de reproduction: L'ensemble des troupeaux est soumis à la gestion des luttes qui synchronise les troupeaux, facilite l'application d'un calendrier de prophylaxie sanitaire et permet de contrôler la consanguinité. Le cycle de reproduction dure entre 8 et 9 mois.

  1. La lutte. Pendant la lutte qui dure 45 jours, les animaux pâturent la savane naturelle. Ils reçoivent environ 300 g de concentré par brebis et par jour. Pendant la saison sèche, cette lutte peut se dérouler uniquement la nuit quand les brebis rentrent au parc. Cette technique de la lutte nocturne est employée pour éviter que les grosses chaleurs ne fatiguent les béliers.

    C'est le PNSO qui prête les béliers sélectionnés au CNO pour les luttes. Des accouplements raisonnés sont également organisés par le PNSO entre ses tout meilleurs béliers et les meilleures brebis du CNO.

  2. La gestation. Elle se déroule sur parcours de savanes naturelles. La complémentation alimentaire par brebis par jour plafonne à 150 g pendant les 3 à 4 premiers mois puis monte à 400 g pour préparer les mères à l'agnelage.

  3. L'agnelage - lactation. Il se déroule sur pâturage artificiel de Panicum en modules à raison de 8 m2 par brebis suitée. Au cours de cette période de lactation, les brebis reçoivent entre 600 et 800 g de concentré. Des mangeoires sont mises à la disposition des agneaux à l'intérieur du passage agneaux.

2. Devenir des agneaux:

  1. Femelles. Après sevrage, les agnelles sont transférées dans les troupeaux d'antenaises. Les meilleures assurent le renouvellement des troupeaux (environ 15 pour cent de reforme par cycle). Les autres sont vendues au poids minimal de 18 kg.

  2. Mâles. Au CNO, les meilleurs mâles (poids à 80 jours supérieur ou égal à 14 kg) sont achetés par le PNSO et les autres sont embouchés et vendus. Lors de l'embouche les agneaux reçoivent 450 g de concentré par animal et par jour.

Couverture sanitaire: Les plans de prophylaxie du CNO de Béoumi ou de la SODEPALM de Toumodi ont été inspirés de celui de la SODEPRA-CENTRE. Il comprend des traitements préventifs contre les parasites internes plus fréquents pendant la saison des pluies et de part et d'autre de l'agnelage, des traitements également préventifs contre les parasites externes dominés par les tiques. Des vaccinations contre la PPR et la clavelée protègent enfin les animaux de ces deux maladies endémiques de la race ovine ivoirienne.

RESULTATS ZOO-ECONOMIQUES COMPARATIFS DES DIFFERENTS SYSTEMES DE PRODUCTION

Il faut dire en préambule que les résultats zootechniques et économiques que nous présentons dans les tableaux 2 et 3 sont des moyennes. Les différents documents que nous avons eus à consulter donnaient des résultats différents et parfois même contradictoires pour un même système de production tant il est vrai que d'un document à l'autre ce n'est pas exactement du même type de production qu'il était question.

Aussi après avoir procédé à différents recoupements afin d'homogénéiser les résultats selon les grands types que nous venons de décrire, il est évident que les résultats qui sont présentés dans ce document sont de grandes moyennes et même des tendances.

Résultats zootechniques

Taux de fécondité annuel: Ce paramètre zootechnique est le rapport entre le nombre de naissances dans le troupeau au cours d'une année et l'effectif moyen des mises-bas.

Une remarque s'impose. Les résultats réalisés par les types 1, 1 bis et 2 qui pratiquent exclusivement le système de lutte continue sont plus élevés que dans les autres systèmes.

Le résultat affiché par le type 1 bis est dû au fait que nous avons affaire dans ce cas à des moutons sahéliens ou métissés sahéliens dont le taux de prolificité est supérieur à celui du Djallonké.

Quand la gestion de lutte est effectuée de manière rigoureuse avec un raccourcissement du cycle de reproduction à 8 mois, ce taux se hisse à un niveau satisfaisant (1,50). Des taux de 1,70 sont relevés au CNO de Béoumi.

Taux de mortalité globale: C'est le rapport entre le nombre de mortalités de l'année toutes catégories d'animaux confondues sur l'effectif total.

Les types 1 et 1 bis qui n'apportent aucun soin sanitaire affichent des pourcentages élevés (50 et 60 pour cent). Ce sont surtout les jeunes qui paient le plus lourd tribu.

Au niveau du type 1, certes la pathologie due aux parasites internes et externes porte une grande part de responsabilité des mortalités. Mais il faut signaler aussi une certaine prédisposition à la dégénérescence des animaux du fait d'un taux de consanguinité élevé occasionné par les luttes anarchiques.

Quand un plan de prophylaxie est appliqué au niveau des élevages, ce taux est ramené à des proportions beaucoup plus raisonnables (10 à 5 pour cent) suivant l'intensité du suivi sanitaire et alimentaire.

Taux de productivité annuelle

Ce paramètre représente le nombre de produits commercialisables par brebis par an.

Au niveau des types 1 et 1 bis les bons taux de fécondité sont pratiquement “dilués” par des mortalités trop importantes. Le type 1 atteint péniblement un résultat de 0,4. La SODEPRA-CENTRE donne des résultats de 0,25 pour ce paramètre soit 1 animal vendu par brebis tous les 4 ans.

L'âge de vente se situe en moyenne autour de 8, 9 mois. A cet âge le poids du mouton vendu dans le type 1 se situe à 17 kg en moyenne quant ceux des types 3, 4 et 5 font respectivement 20, 23 et 25 kg.

Tous ces résultats de productivités numériques et pondérables montrent bien que le mouton Djallonké répond à une certaine intensification des conditions d'élevage.

Tableau 2 Résultats Zootechniques
 Type 1Type 1 bisType 2Type 3Type 4Type 5
Taux de prolificité / cycle   1,061,231,45
Taux de fécondité / an1,721,71,31,41,5
Taux de mortalité globale0,50,60,20,10,080,05
Taux de productivité0,40,60,711,31,4
Taux d'exploitation0,150,300,300,300,40 – 0,500,55

Tableau 3 Résultats économiques
 Type 1FCFA%Type 2FCFA%Type 3FCFA%Type 4FCFA%
CHARGES PAR BREBIS
Approvisionnements: médicaments, pierres à lécher, compléments alimentaires 1 400931 500501 70046
Frais du personnel  1 200401 00027
Amortissement: bergerie, mat. élevage, pâturage  755180650013,5
Entretien et frais divers 252120450013,5
TOTAL CHARGES PAR BREBIS- 1 5001003 0001003 700100
PRODUITS PAR BREBIS
Ventes nettes550152 600353 400405 90050
Prélèvements auto-consom.1 550301 500201 275156005
Variation de stock/an2 100553 400453 825455 30045
TOTAL PRODUITS/BREBIS3 8001007 5001008 50010011 700100
REVENU/BREBIS/AN3 800 6 000 5 500 8 000 

Résultats économiques (Tableau 3)

Du fait des objectifs un peu particuliers des élevages du type 5, nous n'avons pas sorti leurs résultats économiques.

Le revenu par brebis double pratiquement en allant du type 1 au type 4. Et nous pensons même qu'il pourrait être le triple.

Au niveau des charges nous remarquons que les postes “approvisionnement” et “frais du personnel” sont assez importants (entre 70 et 90 pour cent). Le regroupement des éleveurs du type 3 et 4 notamment en coopérative d'approvisionnement pourrait être une solution pour alléger ces postes.

Au niveau des produits, nous remarquons au type 1, que le poste ventes nettes ne représente que 15 pour cent du total produit par brebis. Ce qui dénote un trait caractéristique de ce type d'élevage qui considère les animaux plutôt comme un capital. La commercialisation est très faible.

Par contre le type 1 bis, qui ne figure pas dans ce tableau par manque de résultats significatifs se fait exclusivement dans un esprit d'économie de marché.

Nous remarquons enfin que les postes “variations de stock d'animaux” sont très importants (45 à 55 pour cent) du fait que nos élevages sont encore en phase de capitalisation.

CONCLUSION

L'élevage du mouton ivoirien doit connaître un essor certain d'ici l'an 2000 s'il veut contribuer à satisfaire en grande partie la demande en viande de petits ruminants de la population du pays.

La production n'augmentera en conséquence que par l'amélioration des élevages existants et la formation des hommes qui les conduisent ou les conduiront.

Cette amélioration doit être basée sur les trois principes fondamentaux suivants:

En effet une augmentation des effectifs de reproductrices des élevages s'impose pour en assurer la rentabilité tout en favorisant le gardiennage.


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