Chapitre 2 - La consommation de riz et les problèmes nutritionnels dans les pays consommateurs de riz

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Problèmes nutritionnels dans les pays consommateurs de riz

 

Le riz est la denrée alimentaire de base dans 39 pays, mais la dépendance àl'égard du riz pour l'énergie alimentaire est beaucoup plus forte en Asie que dans les autres régions (FAO, 1984) (tableau 7). En Asie du Sud et du Sud-Est, la dépendance énergétique à l'égard du riz est plus forte que pour n'importe quelle autre denrée de base dans d'autres régions. D'autre part, c'est en Asie du Sud qu'on enregistre l'apport énergétique le plus faible. En Asie, le riz fournit de 35 à 59 pour cent de l'énergie consommée par 2,7 milliards de personnes (FAO, 1984). En moyenne, 8 pour cent de l'énergie alimentaire proviennent du riz pour 1 milliard de personnes en Afrique et en Amérique latine. D'après les statistiques de la FAO pour 1987- 1989, les disponibilités de riz usiné par personne dans différents pays d'Asie représentaient de 19 à plus de 76 pour cent de la fourniture totale d'énergie alimentaire (tableau 8). Cette fourchette équivaut à des disponibilités de riz usiné variant de 40 à 161 kg par personne et par an.

Les bilans de disponibilités alimentaires de la FAO pour 1979-1981 indiquent que la contribution protéique du riz au régime alimentaire était de 69,2 pour cent en Asie du Sud et de 51,4 pour cent en Asie du Sud-Est (FAO, 1984) (tableau 7). Ces pourcentages dépassent la contribution de n'importe quelle autre protéine céréalière dans n'importe quelle région du monde.

A l'exception des pays d'Asie où les revenus sont les plus élevés, la consommation de riz par habitant est demeurée stable ou a augmenté de façon modérée au cours des 30 dernières années. La consommation totale continue d'augmenter, de pair avec l'expansion démographique et l'accroissement des revenus. L'approvisionnement en riz, le revenu individuel et les disponibilités et le prix des denrées de remplacement sont les principaux déterminants de la diversité dans les régimes alimentaires asiatiques, y compris la qualité du riz consommé. Toutefois, le facteur qui influe le plus sur la demande reste l'augmentation incessante de la population, notamment dans les pays les plus pauvres, où le riz constitue l'élément le plus important du régime (Huang, 1987).

TABLEAU 7 - Contribution en énergie et en protéines au régime alimentaire dans les régions en développement, par produit, 1979-1981

TABLEAU 7 (fin)

TABLEAU 8 Disponibilités de riz usiné par habitant et contribution du riz à l'énergie et aux protéines alimentaires dans certains pays consommateurs de riz

Pays Disponibilités de ru usiné

Contribution du riz en pourcentage

  (kg/habitant/an) Energie Protéines
Bangladesh 142 73 63
Belize 25 9 7
Brésil 41 16 14
Bronéi 94 36 23
Cambodge 173 80 71
Chine 104 38 27
Colombie 36 25 13
Comores 78 42 37
Corée, Rép. de 98 38 25
Corée, Rép. pop. dém. de 125 48 29
Côte d'lvoire 63 23 22
Gambie 98 40 32
Guinée 59 28 26
Guinée-Bissau 116 48 45
Guyana 86 33 29
Hong-Kong 59 21 12
Inde 68 31 24
Indonésie 140 59 49
Japon 64 25 14
Libéria 110 43 49
Madagascar 111 53 50
Malaisie 84 31 26
Maldives 60 26 14
Maurice 71 26 16
Myanmar 187 76 68
Népal 94 44 35
Papouasie-Nouvelle-Guinée 39 1 6 14
Philippines 92 40 31
République dominicaine 44 1 9 1 8
Seychelles 68 30 21
Sierra Leone 89 44 41
Singapour 58 1 9 1 2
Sri Lanka 92 42 39
Suriname 103 35 30
Thaïlande 132 58 48
Vanuatu 43 17 12
Viet Nam 147 68 62

Source: FAO (Division de la statistique). moyenne 1987-1989 sauf pour la Chine dont la moyenne est celle de 1 984 1 986.

Dans chaque pays, la consommation de riz est plus forte en milieu rural que dans les zones urbaines. S'il est exact que l'élasticité-revenu du riz diminuera sans aucun doute à mesure qu'augmenteront les revenus, seuls le Japon, la Malaisie, Singapour, la province chinoise de Taiwan et la Thaïlande ont des niveaux de revenus qui justifient des estimations négatives de l'élasticité-revenu du riz (Huang, David et Duff, 1991) (tableau 9). Cependant, la population et la consommation de riz dans ces cinq pays représentent moins de 10 pour cent du total pour l'Asie. Par conséquent, dans la plupart des pays d'Asie, le riz n'est pas un aliment inférieur, et il est probable que l'élasticité-revenu du riz restera positive pendant toute la décennie des années 90.

TABLEAU 9 - Indicateurs clés des pays en développement d'Asie, rendement en paddy et élasticité-revenu du riz

TABLEAU 9 (fin)

Problèmes nutritionnels dans les pays consommateurs de riz

La situation nutritionnelle dans les pays consommateurs de riz varie beaucoup en fonction de tout un réseau de facteurs interdépendants touchant les conditions socio-économiques, le développement, le milieu culturel, l'environnement et le régime alimentaire. Quelle que soit la région, la plupart des économies tributaires du riz ont un taux de croissance démographique élevé, une riziculture à faible rendement (à l'exception de la Chine, de la Corée et de l'Indonésie) et un produit national brut peu élevé (IRRI, 1989) (tableau 9). Les parcelles cultivées sont de faible superficie, le pourcentage de la population économiquement active est bas et les taux d'alphabétisation sont variables en Asie tropicale (Banque asiatique de développement, 1989) (tableau 9).

La malnutrition n'est pas un simple problème de disponibilités alimentaires; c'est aussi un problème de revenus et de distribution des aliments et des revenus (Flinn et Unnevehr, 1984). Du fait que le riz est une importante source de revenus dans les régions rurales d'Asie et aussi un élément clé des dépenses privées, l'accroissement de la productivité peut réduire la malnutrition en augmentant les revenus des catégories les plus pauvres parmi les producteurs de riz, et en augmentant les disponibilités de riz et la stabilité des prix du riz.

Les problèmes nutritionnels que connaissent les pays consommateurs de riz sont résumés ci-après. Etant donné que 90 pour cent du riz sont produits et consommés par des populations de l'Asie du Sud-Est, la description est biaisée en faveur de cette région et, parmi les pays de la région, il est question tout particulièrement de ceux où une carence déterminée est largement répandue.

Parmi les principaux problèmes nutritionnels qui se posent dans les pays consommateurs de riz, le plus important est un apport alimentaire insuffisant et déséquilibré. Associé à d'autres facteurs défavorables, il conduit à une prévalence très répandue de malnutrition protéino-énergétique (MPE), d'anémie nutritionnelle, en particulier d'anémie ferriprive, d'avitaminose A et de troubles dus à une carence en iode (Chong, 1979; Scrimshaw, 1 988; Khor, Tee et Kandiah, 1990). En outre, une carence du régime alimentaire en thiamine, riboflavine, calcium, vitamine C et zinc est répandue dans de nombreuses régions, mais souvent elle ne se manifeste pas sous la forme d'un syndrome clinique patent.

Ces problèmes nutritionnels n'ont aucune relation directe de cause à effet avec la consommation de riz, mais ils reflètent l'impact global de plusieurs conditions analogues à celles que l'on rencontre dans d'autres pays en développement où le riz n'est pas une denrée alimentaire de base.

Disponibilités et apport alimentaire

Les données relatives aux disponibilités alimentaires et aux nutriments proviennent de deux sources: les bilans de disponibilités alimentaires de la FAO, et les enquêtes sur la nutrition et les études spéciales sur la consommation alimentaire.

Les données provenant des bilans de disponibilités alimentaires fournissent des estimations des disponibilités d'aliments et de nutriments par personne, compte tenu de la production alimentaire, des importations, des exportations, des utilisations non alimentaires, des aliments transformés et des pertes au niveau du détail. Une comparaison de l'absorption quotidienne de nutriments dans les pays développés et dans les pays en développement (FAO, 1990c) (tableau 10) a révélé que c'est en Extrême-Orient qu'on enregistre les plus faibles disponibilités de matières grasses, rétinol, thiamine, riboflavine et acide ascorbique. Les données individuelles concernant les pays consommateurs de riz (tableau 11) montrent que, outre l'énergie alimentaire, de nombreux pays consommateurs de riz ont des niveaux peu satisfaisants de matières grasses, calcium, fer, riboflavine et acide ascorbique. Si l'on tient compte des pertes au niveau des ménages, y compris la perte à la cuisson, la situation du point de vue de l'offre se révèle encore plus précaire.

TABLEAU 10 - Comparaison de l'offre quotidienne de nutriments par habitant dans les pays en développement et dans les pays développés, 1986-1988

TABLEAU 11 - Offre quotidienne de nutriments par habitant dans 36 pays où le riz est la denrée alimentaire de base

TABLEAU 11 (fin)

Les données issues des enquêtes sur la nutrition sont souvent fragmentaires et ne portent pas sur tous les pays. Même quand les données sont disponibles, il se peut qu'elles ne soient pas toujours représentatives et elles sont souvent périmées. Le tableau 12 contient des exemples de données disponibles sur la consommation moyenne d'énergie et de protéines dans certains pays. Dans l'ensemble, cette consommation est très peu satisfaisante, sauf en Chine et à Maurice, quand on la compare avec les disponibilités de ces nutriments (tableau 11). Il semble y avoir un grand écart entre les disponibilités d'aliments et la consommation réelle, ce qui indique une influence non négligeable de facteurs liés à l'accès aux aliments et à leur utilisation. Cependant, ces valeurs d'apport révèlent nettement l'éventualité d'une prévalence très répandue de malnutrition protéino-énergétique chez les jeunes enfants. Les études sur la consommation de groupes particuliers, tels que les jeunes enfants et les femmes enceintes, indiquent également que leur régime alimentaire est faible en énergie, protéines, vitamine A, fer. riboflavine et calcium.

TABLEAU 12 - Apport moyen quotidien d'énergie et de protéines dans certains pays consommateurs de riz

Pays Année de collecte des données Apport d'énergie (kcal/personne/jour) Apport de protéines(g/personne/jour)
Bangladesh 1980/81 1 943 48.0
Chine 1982 2 485 67,0
Colombie 1981 2 223 55,3
Côte d'lvoire 1979 2 140 55,7
Guyana 1976 2 054 55,5
Indonésie 1980 1 800 43,0
Madagascar 1962 2 223 55,3
Maurice 1983 3 043 79,4
Népal 1985 2 440 66.0
Philippines 1987 1 753 49,7
Sri Lanka 1980/81 2 030 49,9
Viet Nam 1988 2 142 59,1

Source: FAO. profils de pays cl enquétes nutritionnelles nationales.

Etat nutritionnel général

Le tableau 13 contient des informations sur quelques indicateurs importants de l'état nutritionnel global dans 34 pays consommateurs de riz(UNICEF, 1991). Il indique clairement que, dans la plupart de ces pays, le pourcentage d'enfants accusant une insuffisance pondérale à la naissance, la mortalité infantile et la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans sont élevés et que la prévalence d'une insuffisance modérée ou prononcée du poids chez les enfants atteint des niveaux encore plus alarmants. L'espérance de vie est également faible. La moitié environ de la population d'Asie du Sud et d'Afrique subsaharienne reçoit une quantité insuffisante d'énergie pour mener une vie active de travailleur. Quelque 470 millions de mal-nourris vivent en Asie du Sud. Toutes ces données reflètent le mauvais état nutritionnel de la population.

TABLEAU 13 - Indicateurs nutritionnels pour certains pays consommateurs de riz

TABLEAU 13 (fin)

Malnutrition protéino-énergétique

La malnutrition protéino-énergétique (MPE) est encore largement répandue dans beaucoup de pays consommateurs de riz. Les pays en développement à bas revenu sont le plus gravement atteints. La MPE se manifeste par un retard de croissance chez les enfants d'âge préscolaire. Par exemple, des enquêtes nutritionnelles ont révélé une prévalence de 71 pour cent et de 17 pour cent de l'insuffisance pondérale de modérée à grave chez les enfants d'âge préscolaire, respectivement au Bangladesh et aux Philippines. Dans bon nombre d'autres pays consommateurs de riz - notamment Inde, Laos, Madagascar, le Népal, la Sierra Leone, Sri Lanka et Viet Nam -, la MPE est l'un des principaux facteurs qui contribuent directement ou indirectement à une mortalité élevée chez les enfants de moins de cinq ans.

Avitaminose A

L'avitaminose A est très répandue chez les populations des pays d'Asie tropicale où l'on consomme du riz (DeMaeyer, 1986). Les pays le plus gravement atteints sont le Bangladesh, l'Inde, l'Indonésie, le Myanmar, le Népal, les Philippines, Sri Lanka et le Viet Nam. L'avitaminose A pose aussi un problème dans le nord-est du Brésil.

Bien qu'il soit difficile de déterminer le nombre exact des cas nouveaux d'avitaminose A et de xérophtalmie qui se manifestent chaque année dans le monde entier, les données disponibles en Indonésie indiquent un taux annuel de 2,7 pour 1 000 enfants, ce qui conduit à estimer à 63 000 le nombre annuel des cas nouveaux dans ce pays. Si l'on applique un taux analogue au Bangladesh, àl'Inde et aux Philippines, environ 400 000 enfants d'âge préscolaire risquent dans ces pays de souffrir de lésions actives de la cornée, qui aboutissent à une cécité totale ou partielle. On a en outre estimé que, dans le monde, quelque 3 millions d'enfants âgés de moins de 10 ans, dont environ 1 million en Inde, sont actuellement atteints de cécité pour cette raison. En outre, d'innombrables enfants qui ne présentent pas de symptômes de xérophtalmie souffrent de carence en vitamine A, état associé à une réduction de la résistance aux maladies infectieuses et à un accroissement de la mortalité et de la morbidité.

Anémies d'origine nutritionnelle

Les anémies d'origine nutritionnelle, qui sont principalement dues à des carences en fer, sont très répandues dans les pays consommateurs de riz. Elles ont pour cause un faible apport alimentaire de fer, une faible disponibilité biologique de fer dans la nourriture (Hallberg et al., 1977), des pertes de sang dues aux parasites intestinaux, en particulier l'ankylostome, et la non-satisfaction de la demande supplémentaire associée à la croissance rapide et àla grossesse.

Il y a anémie lorsque le taux d'hémoglobine est inférieur à un taux déterminé recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en fonction de l'âge, du sexe et de l'état physiologique du sujet (les ajustements nécessaires étant faits pour les altitudes élevées). D'après une estimation de l'OMS pour 1980 (DeMaeyer et Adiels-Tegman, 1985), sur une population mondiale de 4,4 milliards d'habitants, environ 1, 3 milliard de personnes souffraient d'anémie, dont 1,2 milliard habitant des pays en développement. Les jeunes enfants et les femmes enceintes sont le plus touchés: à l'échelle mondiale, la prévalence est estimée à 43 pour cent et 51 pour cent, respectivement, pour ces deux groupes; viennent ensuite les enfants d'âge scolaire (37 pour cent), les femmes en âge d'avoir des enfants (35 pour cent) et les adultes de sexe masculin (17 pour cent).

En ce qui concerne les pays en développement, le taux global le plus élevé d'anémie est observé en Asie du Sud et en Afrique. Le taux d'anémie en Asie du Sud est estimé à 56 pour cent pour les enfants de moins de cinq ans, 50 pour cent pour les enfants de cinq à douze ans, 32 pour cent chez les hommes et 58 pour cent chez les femmes âgées de 15 à 59 ans (DeMaeyer et Adiels-Tegman, 1985). Un taux plus élevé (65 pour cent) est notifié pour les femmes enceintes; les taux indiqués pour l'Asie orientale, Chine non comprise, sont légèrement plus bas.

On ne dispose pas d'estimations de l'anémie due à une carence en folate et en vitamine B12, mais on a signalé que cette anémie était particulièrement répandue en Inde. Les tableaux de l'apport alimentaire donnent à penser qu'il existe un risque accru dans certaines parties de l'Asie du Sud-Est, mais les données sont insuffisantes pour le confirmer.

L'anémie est une cause importante de mortalité maternelle associée àl'accouchement. En outre, chez les adultes, elle entraîne une réduction de la capacité de travail et a été liée à une déficience immunitaire et à une moindre résistance à l'infection. D'autre part, l'anémie bénigne peut avoir une incidence très marquée sur les fonctions psychiques et sur le développement des facultés cognitives.

Troubles dus à une carence en iode

La prévalence des troubles dus à une carence en iode (TCI) est très forte chez de nombreuses populations consommatrices de riz, en particulier dans les régions montagneuses du Brésil, de la Chine, de l'Inde, l'Indonésie et de la Malaisie, où la teneur du sol, de l'eau et des aliments en iode est généralement faible (Chong, 1979; Khor, Tee et Kandiah, 1990). Cette prévalence est également forte au Bangladesh du fait que les crues fréquentes éliminent l'iode du sol par lessivage. On a estimé qu'environ 800 millions de personnes dans le monde entier sont menacées de TCI (Nations Unies, 1987). Près du quart des personnes exposées au risque ont le goitre, et l'on estime à plus de 3 millions le nombre de celles qui manifestent un crétinisme patent. La majorité des personnes à risque se trouve en Asie, dont 300 millions en Chine et 200 millions en Inde.

Dans les régions à très forte carence en iode le goitre peut atteindre plus de 50 pour cent de la population, et le taux de crétinisme peut varier de 1 à 5 pour cent. De plus, 25 pour cent de la population peuvent souffrir d'une déficience mesurable des fonctions mentales et motrices. Dans certaines régions reculées de l'Himalaya, on a enregistré une prévalence de troubles dus à une carence en iode de 30 pour cent.

L'iode est indispensable pour assurer la croissance et le développement normaux du foetus, ainsi que des activités physiques et mentales normales chez les adultes. Hormis les signes visibles de TCI, les populations accusant une carence en iode peuvent souffrir de diverses séquelles, dont une diminution des fonctions mentales, une léthargie généralisée et une augmentation de la mortinatalité et de la mortalité infantile.

Carence en thiamine et en riboflavine

La carence en thiamine et en riboflavine existe encore dans de nombreuses régions d'Asie. Le béribéri est une maladie caractéristique des communautés consommatrices de riz, surtout si l'on consomme du riz poli. On ne le voit que rarement chez les communautés où le riz est consommé à l'état étuvé ou semi-blanchi. Le problème a été aggravé par le remplacement du décorticage manuel au pilon par l'usinage mécanique dans les zones rurales (Chong, 1979). C'est en Extrême-Orient que les disponibilités de thiamine et de riboflavine dans le régime alimentaire sont les plus basses (FAO, 1990c) (tableau 10).

Les résultats d'études cliniques et expérimentales donnent à penser que le développement des manifestations du béribéri nécessite un apport de thiamine de moins de 0,2 mg pour 1000 kcal. Des signes biochimiques peuvent être présents avec un apport de 0,3 mg pour 1000 kcal.

Le béribéri a eu tendance à disparaître au cours des années, à mesure que les conditions économiques s'amélioraient et que le régime alimentaire devenait plus varié. La prévalence des cas cliniques de béribéri visible chez les adultes a diminué' mais dans de nombreux endroits on constate des cas sporadiques de béribéri chez les enfants nourris au sein. Ainsi, dans plusieurs régions rurales de la Thaïlande, les mères allaitantes qui ne mangent que du riz salé après l'accouchement avec très peu d'aliments nutritifs ont une forte propension à la carence en thiamine; leur lait a une faible teneur en thiamine, ce qui prédispose au béribéri les enfants nourris au sein.

D'autre part, la perlèche, un signe clinique souvent attribué à une carence en riboflavine, est aussi fréquemment observée chez les jeunes enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes parmi les populations consommatrices de riz du Bangladesh, de l'Inde et de la Thaïlande. Dans les villages thaïlandais, il a été signalé que la carence en riboflavine coexistait avec une carence en thiamine (Tanphaichitr, 1985).


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