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Troisième partie: Principes directeurs pour l'adaptation de ce manuel


1. Introduction
2. La nécessité des soins vétérinaires communautaires
3. L'agent vétérinaire communautaire et la communauté
4. Le rôle des femmes dans les soins vétérinaires communautaires
5. Le groupe de travail
6. Adaptation du manuel
7. Le processus d'adaptation
8. La santé de la communauté
9. Qui utilise ce manuel?
10. Traduction

1. Introduction

La rédaction d'un manuel concis destiné aux agents vétérinaires communautaires n'est pas une tâche facile. Etant donné que les espèces élevées pour l'alimentation humaine ou pour le travail couvrent un large éventail, le manuel devait traiter de la santé et de l'exploitation des principaux animaux domestiques dans le monde. De plus, il a fallu réaliser un équilibre entre les soins urgents, les problèmes de santé, la zootechnie et l'exploitation des animaux.

On s'est efforcé le plus possible d'y parvenir dans les limites d'un ouvrage facilement lisible et pas trop volumineux. Un gros livre épais comportant des phrases et des termes complexes n'encouragerait guère la participation de ceux auxquels il est destiné, c'est-à-dire les agents vétérinaires communautaires.

D'autre part, l'intention qui a présidé à la préparation de ce livre était qu'il ne soit pas nécessairement utilisé tel quel, mais plutôt qu'on s'en inspire pour l'adapter aux conditions locales. La formation et l'enseignement les meilleurs sont ceux qui tiennent toujours compte des circonstance locales et des aptitudes des stagiaires. Certaines sections de ce livre n'auront peut-être besoin d'aucune adaptation, tandis que d'autres devront être adaptées en fonction des conditions locales rencontrées au cours du programme de formation.

Etant donné que ce livre traite de la santé et de l'exploitation de nombreuses espèces animales, il est évident que celles-ci ne seront pas toutes élevées dans une région donnée. D'ailleurs, il se peut fort bien que certains stagiaires n'aient jamais vu certaines de ces espèces, par exemple le chameau, le lama ou l'alpaga. Il se peut aussi que d'autres n'aient commencé que récemment à élever des animaux de boucherie comme la volaille ou les lapins. D'autre part, certaines des maladies évoquées dans ce livre peuvent ne pas poser de problème dans tel ou tel pays. Par conséquent, certaines parties du livre ne seront peut-être pas applicables au programme de formation organisé.

Les principes directeurs qui suivent s'adressent aux personnes qui devront adapter ce livre à leur programme de formation d'AVC. Il convient de souligner que l'adaptation doit être effectuée par des spécialistes de l'élevage qui connaissent parfaitement la situation et le milieu culturel dans leur communauté.

Adapter ce livre ne signifie pas qu'il faille seulement adapter son contenu; il faut aussi adapter les soins vétérinaires communautaires aux conditions locales. Cela implique donc la nécessité et le développement des soins vétérinaires communautaires et leur utilisation durable dans la communauté.

2. La nécessité des soins vétérinaires communautaires

Un programme de soins vétérinaires communautaires devient nécessaire quand il n'est pas possible de développer le service vétérinaire existant par suite de problèmes financiers, géographiques ou techniques.

Il est notoire que l'exploitation d'un service vétérinaire est coûteux. La formation du personnel, le matériel, les produits pharmaceutiques, les moyens de transport et les fournitures exigent tous des ressources financières trop élevées pour beaucoup de pays. Il en résulte dans le service des lacunes qui seront encore plus marquées dans les régions et districts périphériques.

La notion de soins vétérinaires communautaires a vu le jour afin de combler l'écart qui peut se manifester dans un service vétérinaire et de fournir au bétail des soins essentiels au sein des communautés. Les soins vétérinaires communautaires ne supprimeront pas la nécessité de disposer d'un service vétérinaire; ils sont simplement un moyen d'étendre les prestations à un plus grand nombre de communautés. Il a été dit que plus les vétérinaires et les spécialistes de l'élevage dispensent aux éleveurs un enseignement portant sur la santé et la production, plus les éleveurs se poseront des questions. Nous ne manquerons donc jamais de travail! Les soins vétérinaires communautaires ne permettront de répondre aux besoins que s'ils sont appuyés aussi bien par les services vétérinaires et zootechniques que par les communautés.

Le service vétérinaire a besoin des soins vétérinaires communautaires pour élargir le champ de ses activités, et la communauté en a besoin pour assurer la santé de son bétail. S'il est décidé que les soins vétérinaires communautaires sont nécessaires, alors un programme peut être mis sur pied.

3. L'agent vétérinaire communautaire et la communauté

Une fois admise la nécessité d'un programme de soins vétérinaires communautaires, il faut décider comment l'organiser.

Il est indispensable que les fonctionnaires du service de l'élevage participent à la sélection des personnes à former - hommes et femmes - , afin de garantir le soutien du programme à l'avenir. Les anciens du village, les dirigeants traditionnels et les éleveurs doivent participer à la sélection des candidats à la formation. Ils doivent les choisir judicieusement car il faudra confier à l'AVC la tâche de surveiller la santé de leur bétail.

L'AVC doit être un homme ou une femme enthousiaste, intelligent et doué d'aptitudes physiques, qui est prêt à s'engager à servir la communauté aussi longtemps qu'il le faut. Il est indispensable qu'il sache lire et écrire pour mener à bien le travail qui lui est demandé.

L'AVC doit être capable de communiquer facilement avec tous les membres de la communauté et du service vétérinaire. C'est pourquoi il faut encourager le choix de personnes qui sont déjà installées dans la communauté ou manifestent le désir de le faire. En bref, le candidat au poste d'AVC doit non seulement être enthousiaste et intelligent, mais aussi doué pour la communication.

4. Le rôle des femmes dans les soins vétérinaires communautaires

L'AVC peut être un homme ou une femme. Cependant, certaines femmes, tout en désirant participer au programme de soins vétérinaires communautaires, hésitent à le faire pour des raisons d'ordre familial, social, religieux ou physique. Néanmoins, le service vétérinaire et la communauté doivent encourager les femmes à se joindre au programme de formation. Il est très important qu'elles apprennent les tâches essentielles pour soigner le bétail dans la communauté. Par exemple, une femme peut vacciner les poulets, utiliser un instrument de castration muni d'anneaux constricteurs en caoutchouc, soigner les petits ruminants, notamment en rognant les onglons, aider les brebis à agneler, élever les orphelins et accomplir beaucoup d'autres tâches. En outre, elle peut enseigner de bonnes pratiques zootechniques aux autres femmes de la communauté. Le bétail et la volaille sont des sources importantes de nourriture et de revenus pour la famille. Les femmes ont besoin d'être des agents vétérinaires communautaires aussi bien pour soigner leurs propres animaux que pour aider les autres membres de la communauté.

5. Le groupe de travail

Un groupe de travail est indispensable pour un programme de soins vétérinaires communautaires et pour l'adaptation de ce livre. Le groupe de travail doit être constitué par la plus haute autorité s'occupant de l'élevage dans la communauté et il doit se composer de vétérinaires, de zootechniciens, de vulgarisateurs et de personnes s'occupant du développement de la communauté. Le Bureau de la FAO dans le pays sera heureux de fournir des conseils et une aide pour l'établissement du programme.

6. Adaptation du manuel

Quand le groupe de travail se réunit pour discuter de l'adaptation de ce livre, il doit garder présentes à l'esprit les considérations suivantes:

· Le contenu de ce livre intéresse un large éventail de pays et de communautés, et le degré de pertinence de certains modules peut varier. Le groupe de travail doit choisir les modules qui intéressent sa propre communauté et adapter le livre en conséquence.

· Les remèdes traditionnels éventuellement employés dans les communautés ne doivent pas être considérés avec mépris et automatiquement rejetés. Ces pratiques traditionnelles doivent être soigneusement étudiées; celles qui provoquent des dommages seront déconseillées, tandis que celles qui sont bénéfiques seront encouragées. Dans beaucoup de pays, la phytothérapie, l'homéopathie et l'acupuncture sont désormais utilisées plus fréquemment pour le traitement de l'homme comme des animaux.

7. Le processus d'adaptation

Les types d'animaux

Ce livre se compose de modules qui sont groupés en chapitres traitant de catégories d'animaux. Chaque chapitre comprend des modules traitant de l'exploitation de base, du logement, de l'alimentation et des premiers soins pour la catégorie d'animaux considérée.

De toute évidence, les chapitres qui traitent des animaux élevés dans votre communauté sont ceux qui revêtiront le plus d'importance, mais beaucoup d'autres chapitres contiendront aussi des renseignements utiles. Les informations concernant par exemple les parasites externes ou le stockage du fourrage pour la saison sèche peuvent être extrêmement précieuses. Peut-être souhaitez-vous aussi encourager l'introduction d'une espèce particulière de bétail; les modules qui s'y rapportent seront alors très utiles.

Les pratiques concernant l'alimentation et l'exploitation du bétail qui sont décrites dans le livre sont fondées sur des méthodes modernes. Elles comportent des aspects relatifs à la nutrition, à l'exploitation, au logement des animaux et à l'hygiène. Vous devrez consulter le fonctionnaire responsable de l'élevage ou le vulgarisateur pour en savoir plus long sur l'ensemencement en graminées fourragères spéciales, la plantation d'arbres fourragers ou l'ensilage.

Les maladies

Dans ce manuel, fort peu de maladies sont expressément mentionnées par leur nom. Celles qui le sont revêtent une grande importance sur le plan économique. L'accent est mis sur les signes généraux de la maladie, les anomalies et les premiers soins. Ne manquez pas d'inscrire dans ce livre l'appellation locale courante des maladies.

Les médicaments

Le livre mentionne un nombre restreint de médicaments, et les appellations données correspondent aux noms génériques ou homologués. Quelques rares marques commerciales sont mentionnées. Dans l'annexe 1, des lignes laissées en blanc figurent à la fin de chaque section traitant des médicaments afin qu'on puisse y inscrire le nom des produits disponibles localement. Il faut encourager les stagiaires à inscrire des notes dans ce manuel de formation.

Il est important de ne pas trop citer les marques commerciales car cela pourrait favoriser l'idée que seul un médicament distribué sous un nom de marque donné peut être utilisé pour soigner telle ou telle affection. Certaines personnes refuseront d'accepter tout autre médicament que celui dont elles connaissent le nom, même si les autres sont plus efficaces. Cela peut entraîner l'emploi d'un produit qui sera beaucoup plus coûteux que tel autre tout aussi efficace. Dans le cadre de la formation des agents vétérinaires communautaires, il faut expliquer aux stagiaires l'utilisation des médicaments et les relations entre ceux-ci en déconseillant la préférence pour des marques commerciales déterminées.

Techniques décrites dans le manuel

La plupart des propriétaires de bétail emploient une certaine technique pour le soin des pieds, la castration et le décornage. Certaines des méthodes utilisées sont cruelles et doivent être déconseillées. Cependant, il faudra du temps pour que les méthodes traditionnelles soient abandonnées en faveur d'autres techniques. Il sera nécessaire d'expliquer les traumatismes et le stress causés par certaines pratiques, par exemple la castration au moyen de croches chauffées à blanc. Bien des méthodes traditionnelles sont appliquées parce que les gens ignorent toute autre façon de procéder. La formation et la démonstration de méthodes et de pratiques meilleures, par exemple l'utilisation d'un couteau bien aiguisé au lieu d'une hache pour rogner un sabot, encourageront les gens à adopter volontiers les nouvelles méthodes. Pour ce faire, l'AVC doit être bien formé et capable d'expliquer aux éleveurs les avantages que leur procureront des traitements et des soins meilleurs pour leurs animaux. Mieux encore, l'AVC sera effectivement en mesure d'accomplir ces tâches d'une manière compétente et professionnelle.

L'administration d'injections, la stérilisation des instruments, la castration, le prélèvement d'échantillons sanguins, etc., sont exposés d'une façon plus ou moins détaillée dans le manuel. Le groupe de travail pourra y ajouter de nouvelles techniques ou fournir d'autres précisions.

8. La santé de la communauté

De par la nature de leur travail, les vétérinaires, les assistants vétérinaires et les AVC interviennent dans la production alimentaire et la santé de la communauté. Il existe un rapport direct entre la santé animale et la santé de la communauté à cause des maladies transmissibles à l'homme. Dans tout le manuel, on a insisté sur la prévention des maladies en accordant une attention particulière aux problèmes des zoonoses et de l'hygiène alimentaire.

9. Qui utilise ce manuel?

Bien que ce manuel soit conçu principalement en vue d'être utilisé dans un programme de soins vétérinaires communautaires, il peut servir tout aussi bien à la formation des auxiliaires vétérinaires, des fonctionnaires des services d'agriculture et des vulgarisateurs.

10. Traduction

On a pris grand soin d'utiliser dans tout le texte un vocabulaire français simple. Dans bien des cas, une explication ou une autre expression figure entre parenthèses. En outre, l'annexe 7 contient une explication complète de tous les termes utilisés. Pour les pays francophones, cela sera suffisant, mais là où l'on parle d'autres langues le manuel devra être traduit.


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