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CHAPITRE 2 - Associations intergroupes


Etape 1 - Promouvoir les associations intergroupes
Etape 2 Constituer une association intergroupes

Les petits groupes deviennent plus efficaces lorsqu’ils établissent des liens dans le cadre d’associations intergroupes (AIG).

Les associations intergroupes permettent des économies d’échelle tant dans les activités de groupe que dans les prestations de services de développement. Les AIG peuvent aussi représenter les intérêts plus généraux de leurs membres dans les négociations avec les autorités locales. Ainsi, les pauvres gagnent en assurance, parviennent à se faire reconnaître par la communauté dans son ensemble et deviennent capables de contribuer plus fortement au développement.

Toutes les AIG devraient commencer par rechercher des objectifs réalistes et par produire des avantages concrets pour leurs membres, dans les meilleurs délais. Ultérieurement, elles pourront obtenir la personnalité juridique en tant que précoopératives ou que fédérations, statut qui leur vaudra d’être reconnues par les pouvoirs publics, et des services et des facilités accrus.

Etape 1 - Promouvoir les associations intergroupes

A mesure que les groupes se développent, ils rencontreront des problèmes et des situations trop difficiles pour être résolus par eux seuls. En s’associant avec d’autres groupes, ils pourront résoudre plus facilement ces problèmes.

Par exemple, l’achat groupé d’intrants ou la commercialisation en commun de produits peuvent se faire à moindre frais en association avec d’autres groupes. En outre, les projets sociaux - par exemple la construction d’un dispensaire de village, ou le percement d’un puits communautaire - sont plus faciles à réaliser si plusieurs groupes unissent leurs efforts.

La fédération intergroupes représente les groupes qui la composent et doit être responsable devant tous les membres des groupes. Elle doit exercer des fonctions de facilitation, de coordination et d’éducation, et devenir source d’assistance technique, d’économies d’échelle et de conseils. Elle pourra, à terme, prendre le relais, pour nombre de fonctions, du promoteur de groupe.

Taille optimale des AIG

Les AIG qui comptent un petit nombre de groupes membres (par exemple de 3 à 10) semblent fonctionner mieux que celles qui en comptent davantage. Par ailleurs, les AIG dont les groupes membres sont voisins (à des distances que l’on peut facilement parcourir à pied) fonctionnent mieux que celles dont les groupes membres sont distribués de façon trop lâche. La distance entre groupes rend la communication difficile et ne favorise pas la participation des membres aux décisions.

L’utilité d’associations intergroupes apparaîtra progressivement à mesure que les groupes membres potentiels se persuaderont que les avantages présentés par la constitution d’une AIG l’emportent sur les coûts que cela comporte. L’expérience démontre que ce besoin se fait sentir vers la fin de la deuxième ou au début de la troisième année de l’existence des groupes.

Sensibilisation au rôle des AIG

Organiser trop tôt une AIG, soit peu après la constitution de groupes d’auto-assistance individuels, conduit souvent à mettre en place des structures fragiles qui ne représentent pas toujours les besoins des groupes membres. Prenez votre temps! Concentrez-vous d’abord sur une sensibilisation au rôle que l’AIG pourrait exercer dans la résolution des problèmes des groupes et des communautés, ainsi qu’aux avantages potentiels - et aux coûts - d’une coopération intergroupes.

Séminaires de terrain sur les AIG

La meilleure manière de commencer est d’organiser des ateliers intergroupes de terrain, qui réunissent des groupes voisins ou exerçant des activités analogues. Ces rencontres sont une excellente occasion pour les groupes de discuter de leurs activités, de leurs problèmes et de leurs réussites. Ils permettent aussi d’identifier les problèmes communs et de juger si une coopération intergroupes permettra de les résoudre.

Pour qu’une AIG aboutisse dans son rôle, il importe au plus haut point que les groupes membres aient en commun une activité économique ou une ambition sociale - si ce n’est pas le cas, les groupes n’ont guère de chance de bien travailler ensemble.

Comités de décision de l’AIG

Comme dans le cas des groupes d’auto-assistance individuels, l’AIG a aussi besoin de responsables et d’une organisation. Comme les AIG sont plus grandes et plus compliquées que les groupes individuels, toutes doivent avoir trois comités principaux de décision: une assemblée générale des membres, un comité exécutif et un comité de gestion.

· Assemblée générale des membres

Elle doit être le principal organe décisionnel de l’AIG et être composée de tous les membres des groupes appartenant à celle-ci. Cette assemblée doit se réunir une ou deux fois par an pour décider des questions importantes - par exemple activités nouvelles, ou modification du règlement ou de la charte de l’AIG - qui auront une incidence sur tous les membres.

· Comité exécutif

Ce comité se compose d’un ou de plusieurs représentants de chacun des groupes membres et doit se réunir une fois par mois ou une fois tous les deux mois pour examiner les résultats de l’AIG.

· Comité de gestion

Ce comité se compose d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier, qui représentent et gèrent l’AIG au jour le jour. Si l’AIG exerce de nombreuses responsabilités au nom des groupes membres, il pourra être nécessaire de nommer un vice-président et parfois un «directeur», bénévole ou rémunéré, pour seconder les membres du comité. Des sous-comités supplémentaires pourront être ajoutés - par exemple sous-comités de l’éducation ou de la commercialisation - si nécessaire.


Fixer les objectifs de l’AIG

A l’occasion de leurs discussions, les groupes pourront identifier des activités qu’ils pourraient mener ensemble. Certaines n’intéresseront que quelques groupes seulement. D’autres pourraient être trop ambitieuses pour l’association envisagée. Les meilleurs objectifs sont en général ceux qui sont réalistes et qui emportent l’adhésion de tous les groupes intéressés.

Les groupes pourront décider qu’ils souhaitent poursuivre plusieurs objectifs. Cela peut prêter à confusion et provoquer des litiges quant à l’objectif prioritaire. Quand l’AIG poursuit trop de buts, les efforts sont souvent dispersés et rien de bon n’en sort. Ainsi, si les groupes constituent une AIG avec plusieurs objectifs, ils doivent décider de celui qui passera en premier, en deuxième et en troisième.

Une fois les objectifs convenus, ils doivent être inscrits en clair dans la charte de l’AIG.

Préparer la charte de l’AIG

Cette charte est l’expression écrite des objectifs et des règles de l’association. Normalement, la charte d’une AIG doit indiquer ce qui suit:

· But et objet de l’association

· Liste des objectifs, par ordre de priorité

· Règles gouvernant l’adhésion, l’éligibilité et l’exclusion, ainsi que les devoirs et les responsabilités des membres, y compris paiement de cotisations et règlement financier

· Description de la structure organisationnelle de l’AIG

· Election des responsables de l’AIG, devoirs et responsabilités, mandat et durée

· Périodicité des réunions de l’AIG, nombre de membres présents nécessaires pour que des décisions soient prises dans chaque comité

· Modalités de répartition des profits et des pertes entre les groupes composant l’AIG au terme de l’exercice financier

· Règles gouvernant l’amendement de la charte.

Etape 2 Constituer une association intergroupes

A l’occasion de réunions informelles avec les groupes, discutez de tous les points indiqués à l’étape 1. Une fois un projet de charte rédigé, une première réunion de tous les groupes intéressés devra être convoquée pour discuter, réviser, approuver et signer la charte finale de l’AIG.

Lors de cette réunion, il vous faudra conseiller aux groupes d’examiner un certain nombre de points concernant le fonctionnement de la nouvelle association.

Promouvoir une gestion participative

Le comité de gestion devra faire régulièrement rapport au comité exécutif et à tous les groupes membres de l’AIG sur les activités et les transactions de celle-ci. Il est capital que le comité conduise les affaires en toute transparence et qu’il ait la pleine confiance des groupes membres.

Décider des contributions des groupes aux activités de l’AIG

Quels services l’AIG fournira-t-elle, et comment ses activités seront-elles financées? Les AIG ont besoin d’une grande quantité de travail bénévole de la part des groupes membres et des responsables élus. Elles ont aussi besoin d’avoir un revenu pour développer et servir les intérêts de leurs membres. Il faut de l’argent pour financer les «coûts d’exploitation» de l’association - par exemple fournitures d’écriture, registres et livres de comptes -, ou un «fonds de prévoyance» qui permettra d’accorder des prêts à court terme aux membres ou aux groupes méritants dans une passe difficile.

Cet argent peut provenir des contributions des groupes, de redevances versées à l’AIG pour services rendus à ses membres, ou des bénéfices résultant des activités de l’AIG. Le paiement de cotisations d’adhésion ne représente pas seulement une contribution importante pour l’AIG au sens financier. Il représente aussi une «marque de confiance» importante vis-à-vis de l’organisation. Si les groupes membres choisissent de verser leur dû, c’est en général parce qu’ils estiment qu’ils obtiennent en contrepartie des services de leur organisation. Si les membres ne paient pas, c’est en général parce qu’ils sont mécontents de l’AIG.

Instituer un système d’enregistrement des opérations de l’AIG

Faire fonctionner une association intergroupes est une chose bien différente de la gestion d’un simple groupe d’auto-assistance. Les AIG sont plus grosses et leurs activités sont souvent beaucoup plus variées.

Plus une organisation est grande, plus il importe d’enregistrer en détail les opérations. Par exemple, il importe de savoir quels groupes ou quelles personnes ont apporté des contributions à l’AIG, ce qui a été décidé à telle ou telle réunion, quel est le montant des cotisations versées par les membres, quels groupes n’ont pas payé intégralement, et quel est le montant exact d’argent que le trésorier de l’AIG a déposé à la banque.

Un bon système d’enregistrement des opérations de l’AIG est comparable à une bonne mémoire. Il permet aux membres de garder la trace des décisions et des événements, et permet aussi de suivre les résultats de l’association.

Les enregistrements conservés par l’AIG doivent être suffisamment simples pour être compris de tous.

Les registres doivent être examinés librement et discutés à chacune des réunions, et toutes les mentions qui y sont portées doivent être datées. Il devraient comprendre notamment:

· Les minutes des réunions

· Un journal de caisse, où figurent toutes les recettes et dépenses de l’AIG

· Un livre des contributions des membres, permettant de garder la trace des contributions de chacun des groupes

· Un livre de comptes de l’activité génératrice de revenu de l’AIG, dans lequel apparaissent les recettes, les dépenses et la valeur de tout le matériel, des actifs et du passif de l’AIG

· Un dossier de correspondance, tout le courrier reçu et envoyé étant classé par ordre chronologique dans une chemise ou un cahier.

Suivre et évaluer régulièrement les résultats de l’AIG

Les registres doivent être examinés régulièrement et les résultats doivent être évalués lors des réunions. Les responsables de l’AIG se sont vu confier la responsabilité de la gestion de l’organisation par l’ensemble des membres des groupes. Ils sont donc responsables vis-à-vis d’eux. Cela suppose que les membres exercent un suivi permanent pour sauvegarder leurs intérêts. En pratique, l’AIG peut mettre en place un comité de surveillance pour exercer cette fonction.


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