4. Conclusions


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4.1 Une courte mission dans les pays de la CEI et une analyse de la documentation spécialisée permettent de tirer un certain nombre de conclusions.

4.2 Au cours des 40 dernières années, les pays de la CEI ont réalisé un progrès important dans le développement et l'aménagement des terres arides. Ils ont mené deux principaux types d'actions: (i) labourage de steppes et (ii) développement d'une irrigation en Asie centrale (barrages, canaux d'irrigation etc.).

4.3 Cela a permis de développer à une grande échelle la culture de céréales et de coton, et un élevage intensif de caraculs sur des terres primitivement exploitées uniquement pour l'élevage extensif nomade et semi-nomade. Sur ces terrains, la densité de la population a considérablement augmenté. Le développement des terres arides et semi-arides a également produit des effets négatifs. Les grands programmes visant à labourer les terres dans la zone de steppes et à étendre la superficie des terres irriguées étaient peu efficaces et le gaspillage des terres et de l'eau a entraîné le développement des processus de désertification.

4.4 La désertification dans les pays de la CEI revêt des dimensions très sérieuses. Elle est essentiellement d'origine anthropique et résulte, entre autres, des grandes actions d'aménagement des terres arides et semi-arides, réalisées souvent d'une manière irrationnelle.

4.5 Dans la désertification anthropique, les scientifiques distinguent et prêtent une attention particulière à la désertification "technogénique" qui désigne les processus de dégradation de la végétation, des sols et la mobilisation de dunes vives sous l'effet des grands travaux de construction (canaux, routes, chemins de fer, bâtiments d'habitation, usines et autres), et également par suite d'une circulation de nombreux véhicules "à travers champs". La désertification "technogénique" s'est particulièrement développée dans les pays de la CEI.

4.6 Parmi tous les problèmes relatifs à la désertification dans les pays de la CEI, les problèmes liés à l'assèchement de la mer d'Aral semblent les plus graves. Au cours des 25 dernières années, a émergé un terrain dont la superficie dépasse celle de la Macédoine, qui est très peu colonisé par la végétation et couvert en grande partie par des dunes vives ou par du sel friable. L'assèchement de la mer d'Aral influe sur les eaux souterraines sur une distance de plus de 100 km des anciens bords du lac, les tempêtes intensives de poussières s'étendent sur 400 à 450 km et les poussières salées peuvent être transportées même jusqu'à 800 km. Les effets directs et indirects de l'assèchement de la mer d'Aral constituent un danger pour toute la région de l'Asie Centrale. Le terme "catastrophe écologique" est bien fondé. La documentation soviétique et post-soviétique traitant de la désertification est en fait dominée par des travaux concernant la mer d'Aral et sa région.

4.7 Les centres scientifiques ont acquis une grande expérience dans les études sur l'environnement naturel et dans la connaissance des mécanismes physiques de la désertification et surtout de la salinisation. Ils ont également élaboré plusieurs méthodes originales de végétalisation des paysages arides et dégradés, de désalinisation et de fixation des sables. L'utilité de ces méthodes a été testée en vraie grandeur. Certaines d'entre elles pourraient être appliquées dans d'autres pays, surtout dans les pays asiatiques les plus proches comme l'Iran, I'Afghanistan, la Chine et la Mongolie.

4.8 Les grands instituts de l'Académie des sciences sont les principaux centres de recherche. La rôle primordial est joué par l'Institut des déserts (Institout Poustyn') à Achkhabad en Turkménistan.

4.9 Dans les dernières années, une conscience écologique s'est développée dans les pays de la CEI, surtout dans les milieux intellectuels. De l'autre côté, l'effondrement économique a abouti à une réduction radicale des travaux de lutte contre la désertification. Il est actuellement difficile de prévoir les conséquences de la disparition de l'URSS pour l'avenir des centres de recherches étudiant les problèmes de désertification. Une autonomie plus large des instituts, des contacts plus faciles et directs avec la science mondiale peuvent constituer des facteurs importants de développement.

4.10 Il est également difficile d'envisager 1'influence des transformations économiques et politiques actuelles sur la désertification. On peut espérer que le passage à l'économie de marché contribuera à diminuer le gaspillage et, par là même, à limiter la désertification. La gestion de grands systèmes d'irrigation et la lutte contre la désertification exigent une coopération entre les pays nouvellement indépendants. Si elle ne se développe pas, et si au contraire des tensions devaient apparaître ou subsister, il est à craindre que la dégradation écologique s'aggravera.