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CHAPITRE II


LA PECHE ARTISANALE1

1. INTRODUCTION

La Déclaration de Politique de Développement du Secteur de la Pêche d'avril 1987 donne la priorité au sous-secteur de la pêche artisanale.

A l'heure actuelle, l'état de ce sous secteur peut être résumé comme suit:

2. PRESENTATION DE LA PECHE ARTISANALE (Tableaux II.1 à II.4)

Les enquêtes-cadres réalisées sur le littoral mauritanien ces dernières années (Ould Mohamed Ahmed et Ould Cheikh, 1988; Chaboud et al, 1988) ont permis de compléter les données présentées lors du Groupe de travail de septembre 1985 (Josse et Garcia eds, 1986).

Quatre grandes régions sont traditionnellement distinguées le long du littoral mauritanien (Figure II.1):

2.1. LA REGION DU SUD ET NOUAKCHOTT

Cette région regroupe plusieurs sites de pêche. Certains sont saisonniers comme les campements PK 211, PK 121 et PK 105. D'autres comme le PK 65 et le PK 28 sont maintenant permanents.

Les campements situés entre N'Diago et Nouakchott ont tous une activité liée à la disponibilité saisonnière des ressources de poissons. Aussi leur importance semble-t-elle varier fortement selon les périodes de l'année (Tableau II.1). Dans cette région, la pirogue en bois simple de type sénégalais est l'embarcation dominante.

1 Ce chapitre a été préparé par : Bakhayokho M., Chaboud C., Diop H., Kebe M., Nguer A., Ould Mohamed Ahmed A. et Sok M.

Figure II.1

Figure II.1. - Points de débarquements de la pêche artisanale en Mauritanie (d'après Chabond et al, 1988)

Tableau II.1. Evolution du nombre total d'embarcations par site
 1982 JUILDEC 85JUILDECJUILJANV88JUIN
PERIODE1985JANV86198619861987FEV881988
LIEU       
NDIAGO22060100
PK211000001600
PK121000002500
PK 10500000200
PK 6500212123701242
PK 28000037491613
TOTAL SUD222127601632855
NOUAKCHOTT278230220218167218171184
LEHFERE00111513060
BLAWAKH8142772012715
LEMCID2182871482118
TIWLIT0045040232040
KHAIJRAT1820141314097
JREIF00234054
MEMGHAR284335193853120
AUGUEDJ23445564
GUEIBET2014161517171412
TEICHET1312121010101110
IWICK99111111121210
TEMALLOUL62424212
AGADIR68586120
T. IMRAGUEN11214321411419684165142
NOUADNIBOU127(*)160154121156232352217
LAGUERRA 48524952383458
TOTAL NORD127208206170208270386275
TOTAL GEN.519583661529631735750656

(*) y compris LAGUERRA (Origine des données : Enquêtes CNROP)

Tableau II.2. Evolution de la structure du parc d'embarcation selon le type d'engin utilisé (mois de juillet 1986–1987– 1988)
 ENGINS REGIONSZONE SUDNOUAKCHOTTVILLAGES IMRAGUENNOUADHIBOU LAGUERRATOUTES REGIONS
ANNEESTOTAL%TOTAL%TOTAL%TOTAL%TOTAL GEN%
LIGNES1986217011954  653820439
A1987117721728189291133145
MAINS1988539597531611361320231
 1986          
PALANGRES1987          
 19881242234129  8413
F.D.19866228238114100945529656
SIMPLES OU1987452820972851204525735
MIXTES19882423138560943420431
S.T.1986  188  116295
SIMPLES OU1987  209  124324
MIXTES1988  1910  21213
POTS1986      (*)   
A1987      99379913
POULPES1988      1425214222
SENNE1986          
DE1987111     2 
PLAGE1988  32  1 41
 1986          
INCONNU1987    5693142
 1988          
 198627100218100114100170100529100
TOTAUX198716310021810085100269100735100
 198856100184100142100275100657100

F.D. = Filets dormants

S.T. = Sennes tournantes

(*) = Les pots à poulpes sont utilisés durant cette annéeen combinaison avec les filets dormants (Origine des données : enquètes CNROP)

Tableau II-3: Evolution de la structure du parc d'embarcation selon la puissance motrice (mois de juillet 1986–1987–1988)
 SANS MOTEUR8 CV15 CV25 CV40 CVTOTAUX
198619871988198619871988198619871988198619871988198619871988198619871988
TOTAL5773471041206114220120117723521949106129529735657
Pourcentage111072017927273133323391420100100100
Tableau II-4 : Evolution du parc artisanal par type d'embarcation (mois de juillet 1986–1987–1988)
 ANNEES1985198619871988
TYPES 
Pirogues en boisTotal352405580505
%73777977
Pirogues plastiques + VedettesTotal45658176
%9121112
LanchesTotal88596346
%181197
CanotsTotal  1130
%  14
TOTAUXTotal485529735657
%100100100100

(Origine des données: Enquêtes CNROP)

A Nouakchott, la pêche à la ligne à main demeure l'activité principale. Elle se pratique principalement de juin à octobre. Lors de l'enquête-cadre de juillet 1987, 294 embarcations pratiquant ce type de pêche ont été dénombrées soit 40% du parc total. En 1988 la pêche à la palangre a été introduite dans le cadre d'un projet d'assistance italienne. La pêche au filet dormant y est effectuée de novembre à mai. Souvent, elle est pratiquée en mixité avec d'autres engins de pêche (67 embarcations, soit 18% du parc total). Des embarcations utilisant la senne tournante (20 en 1987) ou la senne de plage (1 en 1987) ont été dénombrées.

Dans les campements, l'avitaillement (eau, essence, riz, etc…) est fourni par les commercants qui achètent le poisson pour leur propre compte ou pour le compte d'usines d'exportation à Nouakchott. Dans les campements situés plus au sud, l'écoulement se fait vers Saint-Louis notamment pour les langoustes. Dans tous ces sites, la transformation artisanale (poisson fermenté-séché ou “Guedj”) est présente.

La disponibilité d'infrastructures de commercialisation axées tant sur le marché local que sur l'exportation, de structures d'avitaillement, la permanence de la demande des consommateurs locaux font de Nouakchott le pôle de développement de la pêche artisanale dans la zone sud de la Mauritanie.

2.2. LA REGION DES IMRAGUEN

Les villages Imraguen, au nombre d'une dizaine, se situent sur le littoral de part et d'autre du cap Timiris, au voisinage du Banc d'Arguin, zone excessivement riche en ressources halieutiques bien que très difficile d'accès. Très isolés dans une zone aride, la pêche et le traitement du poisson sont les seules activités qu'ils pratiquent. Dans certains villages Imraguen au sud (Blawakh, Lemcid) on rencontre régulièrement des pêcheurs wolof migrants.

La flottille est composée de lanches à voile (embarcations traditionnelles) et de pirogues et vedettes en plastique (don du gouvernement japonais à la Mauritanie). Très âgées, les lanches sont entretenues par des moyens de fortune et tendent à disparaître au profit des pirogues et vedettes plastiques (Tableau II.4). En juillet 1987, la majorité des pirogues plastiques des pêcheurs Imraguen était à Nouadhibou pour y pratiquer la pêche au poulpe.

Les types de pêche pratiqués sont peu diversifiés car ne visant particulièrement que deux espèces-cibles (courbine et mulet) en dépit de la grande richesse halieutique de cette région. La courbine est pêchée au moyen d'un filet dormant de type classique. Le mulet est capturé à l'aide d'un engin plus original et ne nécessite pas l'emploi d'une embarcation (filet à épaule). Traditionnellement, ces espèces sont destinées, en dehors de l'autoconsommation (pour le mulet) à la transformation artisanale:

D'autres espèces permettent de produire un mélange de poissons séchés appelé “bacalao” très apprécié aux îles Canaries. Depuis quelques années, les pêcheurs Imraguen ont tendance à vendre de plus en plus leur production à l'état frais.

2.3. LA REGION DU NORD

Nouadhibou est un point de pêche de première importance où, à côté du port de pêche industrielle, s'est développée une importante pêche artisanale dont les embarcations mouillent dans la baie du Repos, près du quartier de la Tcharka. Ce quartier constitue le lieu d'accueil de plusieurs centaines de pêcheurs artisans venant de divers horizons : régions intérieures et côtières de la Mauritanie, sénégalais (Saint-Louisiens, kayarois, nyominka), sierra-léonais, ghanéens…

Tant par la diversité des origines que celles des techniques de pêche et de l'architecture des embarcations, la Tcharka offre un tableau saisissant de la diversité et de la richesse des formes d'exploitation artisanales:

L'exploitation du poulpe connaît depuis quatre ans une croissance remarquable liée aux revenus générés. Elle attire diverses personnes extérieures au milieu pêcheur dont les opérateurs économiques qui passent des contrats de location de pirogues et d'emploi d'équipages. Entre 1987 et 1988, le nombre d'embarcations est passé de 99 à 142 sans compter celles qui pratiquent cette activité en mixité avec d'autres types de pêche (Tableau II.2).

La Guerra est un point de débarquement où une trentaine de pirogues se livrent à la pêche à la langouste verte en remontant vers le nord le long du littoral. Les langoustes sont conservées dans des viviers près du site de débarquement et vendues à des commerçants qui les commercialisent vers les marchés extérieurs. Une caractéristique intéressante de ce site est l'importance des pêcheurs mauritaniens de la région du fleuve Sénégal (Halpular-Subalbé) qui ont réussi leur reconversion à la pêche maritime malgré les conditions souvent difficiles dans cette région (houle, vent).

Les pêcheurs utilisent de plus en plus des embarcations équipées de moteurs de puissance élevée (surtout 25 CV), ce qui s'explique par l'éloignement des zones de pêche (Tableau II.3).

3. LES STATISTIQUES DE PECHE

3.1. DESCRIPTION DU DISPOSITIF DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES

3.1.1. La collecte

Le manque de moyens et la difficulté d'accès aux points de débarquement (littoral mauritanien), font que les enquêtes ne sont menées régulièrement qu'au niveau de Nouakchott et de Nouadhibou.

Les types d'enquêtes menées sont les suivants:

  1. Les enquêtes des débarquements:

    A Nouakchott comme à Nouadhibou, un enquêteur se rend régulièrement auprès des sociétés de pêche artisanale pour collecter les quantités produites ou achetées aux artisans. Ces données, généralement très fragmentaires sont présentées sous des formes difficilement exploitables. Elles permettent cependant d'obtenir une idée sur les débarquements par société et par grand groupe d'espèces.

  2. Les enquêtes par échantillonnage:

    Elles sont effectuées trois jours dans la semaine au niveau de Nouadhibou et de Nouakchott. Les enquêteurs font le comptage du parc le matin et le soir (après la rentrée de toutes les embarcations soit généralement vers 19 heures). En même temps que les embarcations rentrent, un échantillon d'embarcations est enquêté au hasard. On note le type d'embarcation, le type de pêche, la quantité débarquée par espèce, etc…La différence entre les présences du soir et celles du matin permet d'évaluer les sorties moyennes quotidiennes par type d'embarcation. Les données relatives à cet échantillonnage mené à la plage de la Tcharka à Nouadhibou devront être traitées incessamment.

  3. Les enquêtes-cadres :

    Deux missions “Enquêtes-cadres” sont réalisées chaque année depuis 1985 afin d'estimer le nombre et l'évolution du parc d'embarcations artisanales. Ces missions qui touchent l'ensemble des sites de pêche le long du littoral mauritanien, sont réalisés respectivement en décembre-janvier (saison froide, période d'intense activité) et en juillet-août (saison chaude, période de moindre activité). Ces missions qui se font en relation avec le Ministère des Pêches (appui logistique) et depuis 1987 avec le CRODT, permettent de suivre les variations annuelles et saisonnières du potentiel de la pêche artisanale mauritanienne.

    Les données collectées portent essentiellement sur:

    Au cours de chaque mission un recensement exhaustif du parc d'embarcations opérant le long du littoral mauritanien est réalisé. En juillet 1987, parallèlement au recensement, il a été réalisé une enquête socioéconomique sur un échantillon d'unités de pêche.

3.1.2. Le traitement des données

Le manque de moyens informatiques disponibles au CNROP (3 micro-ordinateurs acquis au début de 1988), ne permet pas jusqu'à présent de traiter les données de la pêche artisanale.

A partir de septembre 1988, la saisie des données des enquêtes par échantillonnage menées à la Tcharka a été entamée. Les résultats des autres enquêtes sont traitées manuellement sauf pour les enquêtes-cadres de 1988 dont le traitement a été réalisé au CRODT.

3.2. L'EFFORT DE PECHE

Le suivi des sorties de la flottille artisanale est réalisé particulièrement à Nouadhibou (plage de la Tcharka) depuis 1986 où 7 types d'embarcations sont identifiées :

- les pirogues simples en bois: PS
- les pirogues en plastique: PP
- les pirogues de marée (glacières): PM
- les vedettes en plastique: VP
- les grands artisanaux: GA
- les petits artisanaux: PA
- les canots: C

Le tableau II.5 montre l'évolution des sorties et des présences totales de 1986 à 1987. Les résultats des trois jours d'enquêtes échantillonnés par semaine permettent d'obtenir les sorties moyennes mensuelles par type d'embarcation après extrapolation au mois.

Au cours des deux années, l'activité des embarcations a plus que doublé, passant de 15 115 sorties en 1986 à 35 628 sorties en 1987. Ce sont les pirogues simples en bois qui effectuent le plus grand nombre de sorties (57% du total, soit 8 633 en 1986 et 20 530 en 1987), suivies des pirogues et des vedettes plastiques. Les pirogues de marée sont apparues en 1986 et leur activité augmente progressivement. En revanche, les grands artisanaux sortent de moins en moins.

3.3. LES STATISTIQUES DE DEBARQUEMENT

Le tableau II.6 indique les débarquements par zone et par espèce et leur évolution au cours des 4 dernières années de 1984 à 1987.

Les mises à terre totales sont restées stables autour de 10 500 tonnes de 1984 à 1986. En revanche, une progression de près de 66% (soit 7000 tonnes) est observée en 1987, surtout due aux débarquements réalisés à Nouadhibou qui ont plus que doublé entre 1986 (3400 tonnes) et 1987 (7700 tonnes) (Figure II.2). Cette augmentation rapide des débarquements à Nouadhibou est à l'accroissement du nombre d'embarcations et des prises de poulpe dans ce port. En effet, les captures de poulpe sont passées de 18 tonnes en 1984 à 389 tonnes en 1986 et à 3345 tonnes en 1987 (Tableau II.6.a à II.6.d, Tableau II.7). Dans le même temps, on note une baisse tendancielle des captures de courbine.

Tableau II.5. Présences et sorties mensuelles, par type d'embarquation à Nouadhibou en 1986 et 1987
a) présences en 1986
TYPE123456789101112TOTAL
PP881619151212141720202415
PS9495111119111101105110118121124127111
VP4533467667855
GA6533334211113
PA55711442343324
C5442445856795
TOTAL122122144157141130135143151158163168145
b) sorties en 1986
TYPE123456789101112TOTAL
PP70872791352021692172383323083534932883
PS43445782256010507129306289136606767918633
PM0056238861501942451782581421111658
VP47585150821101161501201591881191250
GA3129241522302631231255253
PA312273112029301628708716181540
C23152228925285758422718352
TOTAL636668132721461480122615271377169415261407155516569
c) présences en 1987
TYPE123456789101112TOTAL
PP23221917153247514829253831
PS125127121131133154186200223221218249174
VP67678998671098
GA2101111110111
PA3214221677674
C56210101525243435374321
TOTAL164165149170169213269290319299297347238
d) sorties en 1987
TYPE123456789101112TOTAL
PP29635039526630458398911368613954424556472
PS959103474112691558184523052610255915711726235320530
PM3241383915078140116761023592782452045
VP117142761161341401751471021031551651572
GA1220958143003561
PA242111301610115690598580493
C7210025991342484344795435816466303991
TOTAL18041787128719392229297440444507425730683335393335164

(Origine des données : Enquêtes CNROP)

Tableau II.6. Evolutions des débarquements mensuels (en tonnes) de la pêche artisanale à Nouadhibou et à Nouakchott de 1984 à 1987
a) Débarquements à Nouadhibou en 1984
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp0,02,293,758,5242,364,5150,065,127,169,220,20,4793,2
Courbine57,069,0276,5652,9318,7149,63,52,04,16,10,06,81546,2
Mulets64,51,452,429,64,34,48,83,86,518,430,734,5259,3
Sardinelles0,00,00,54,81,00,30,00,10,00,00,10,16,9
Psettodes bel.0,70,17,96,95,20,05,51,70,51,70,50,431,1
Soles0,00,00,60,10,00,00,00,00,00,00,00,00,7
Dor. roy.0,00,00,10,40,10,70,00,00,00,00,00,01,3
Langouste verte1,01,91,26,78,517,859,540,324,313,26,713,6194,7
A. sparidae0,00,05,413,113,30,10,21,41,00,02,10,036,6
Diagramme0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe0,00,00,81,20,60,10,24,23,77,00,60,018,4
Divers14,313,837,574,923,19,323,917,013,778,540,317,6363,9
Total137,588,4476,6849,1617,1246,8251,6135,680,9194,1101,273,43252,3
b) Débarquements à Nouadhibou en 1985
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp2,98,346,117,3185,7107,8129,033,378,6127,841,52,6780,9
Courbine44,441,112,9166,4259,129,715,52,90,49,82,54,5589,2
Mulets12,527,921,219,776,7222,2119,62,413,69,827,32,6555,5
Sardinelles0,00,04,84,920,72,115,512,217,549,011,616,2154,5
Psettodes bel.0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Soles0,06,60,75,22,20,00,20,00,20,30,10,115,6
Dor. roy.0,00,00,00,10,31,30,70,10,00,00,20,22,9
Langouste verte10,910,19,59,211,010,416,125,715,56,010,311,3146,0
A. sparidae3,13,615,05,615,617,916,558,440,923,011,624,3235,5
Diagramme7,51,13,22,32,32,61,60,50,30,51,82,826,5
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe0,08,910,60,19,40,06,96,83,70,52,44,854,1
Divers20,417,734,226,543,770,980,223,753,942,935,031,3480,4
Total101,7125,3158,2257,3626,7464,9401,8166,0224,6269,6144,3100,73041,1
c) Débarquements à Nouadhibou en 1986
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp1,613,873,645,2159,4108,658,075,1162,366,810,24,8779,4
Courbine6,46,938,488,7205,737,57,33,11,04,27,94,8411,9
Mulets9,46,017,222,741,288,850,60,00,06,90,00,0242,8
Sardinelles11,624,61,128,44,46,120,913,61,50,00,00,0112,2
Psettodes bel.1,41,14,24,13,91,00,41,50,41,01,11,521,6
Soles3,75,97,02,20,10,00,40,10,11,73,12,526,8
Dor.roy.1,01,94,14,43,54,00,20,00,00,00,50,219,8
Langouste verte20,46,95,85,510,720,828,245,342,222,112,928,3249,1
A. Sparidae25,212,926,027,236,817,920,032,416,833,637,030,9316,7
Diagramme6,81,61,74,38,926,71,91,07,76,92,01,671,1
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe26,331,030,513,45,05,426,573,862,027,030,258,6389,7
Divers30,631,338,528,739,167,997,471,475,781,683,2118,9764,3
Total144,4143,9248,1274,8518,7384,7311,8317,3369,7251,8188,1252,13405,
d) Débarquement à Nouadhibou en 1987
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp30,6145,8145,8137,5201,3252,724,837,456,947,813,512,61106,7
Courbine5,446,4126,978,59,819,111,218,914,619,821,515,9388,0
Mulets1,55,554,228,87,13,05,60,70,00,021,030,8158,2
Sardinelles0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,05,20,05,2
Psettodes bel.2,22,64,33,93,40,71,78,815,021,75,48,678,3
Soles11,813,08,42,71,31,13,94,02,84,18,49,971,4
Dor. roy.0,00,00,40,81,02,81,00,30,12,31,74,014,4
Langouste verte11,27,65,94,38,816,017,742,131,823,427,35,6201,7
A. sparidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Diagramme3,90,24,71,67,24,64,92,86,032,726,818,8114,2
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe167,0227,0258,0157,7134,4238,8468,0690,8232,8128,5196,2444,33343,5
Divers135,795,8110,273,1112,082,565,185,3160,2276,7217,8217,41631,8
Total369,3543,9718,8488,9486,3621,3603,9891,1520,2557,0544,8767,97113,4
e) Débarquements à Nouakchott en 1984
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Courbine275,0269,7397,731,823,40,00,00,00,00,016,634,51048,7
Mulets0,00,00,034,20,00,09,00,02,024,072,529,2170,9
Sardinelles58,4107,4118,5144,092,096,098,0169,096,0106,0131,0130,01346,3
Psettodes bel.0,41,11,00,40,00,00,80,30,40,00,01,25,6
Soles0,00,00,01,32,20,02,01,20,30,02,44,714,1
Dor.roy.0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Langouste verte4,83,63,914,41,51,40,70,51,00,01,82,235,8
A. sparidae8,65,27,6142,8422,1139,8155,3144,658,9114,9160,4110,11470,3
Diagramme0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Divers279,5228,2145,8120,0318,2636,5259,0169,990,4139,5272,8199,42859,2
Total626,7615,2674,5488,9859,4873,7524,8485,5249,0384,4657,5511,36950,9
f) Débarquements à Nouakchott en 1985
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Courbine207,4239,0444,6600,0127,254,30,00,00,00,029,443,71745,6
Mulets8,44,82,31,112,36,326,913,211,134,926,126,8174,2
Sardinelles138,032,065,0101,0105,089,079,094,0106,0139,0156,0139,51243,5
Psettodes bel.0,30,60,50,80,00,00,00,00,00,00,00,02,2
Soles3,31,40,71,41,21,24,41,90,03,02,11,121,7
Dor. roy.0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Langouste verte3,03,82,41,01,00,02,81,41,02,91,00,821,1
A. sparidae136,1101,3132,064,0433,8237,0105,951,143,1149,1125,2114,21692,8
Diagramme12,819,327,53,92,73,710,85,34,414,010,410,7125,5
Ariidae0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Poulpe0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Divers187,3185,6265,6136,4245,0476,0221,1108,992,0275,8163,3166,12523,1
Total696,6587,8940,6909,6928,2867,5450,9275,8257,6618,7513,5502,97549,7
g) Débarquements à Nouakchott en 1986
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Courbine78,8360,0488,5185,8122,867,80,00,00,016,128,438,51386,7
Mulets0,00,00,00,00,00,011,42,618,048,536,525,0142,0
Sardinelles267,0128,0380,0375,0209,040,5205,067,5297,0125,0155,070,02319,0
Psettodes bel.1,21,31,10,00,00,00,00,00,00,01,10,04,7
Soles0,00,00,010,012,43,40,00,00,00,02,01,028,8
Dor. roy0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Langouste verte1,21,40,80,30,30,00,00,00,00,01,31,06,3
A. sparidae47,633,749,089,2123,779,349,052,580,3178,4146,9140,31069,9
Diagramme14,610,412,63,12,12,07,41,77,917,912,56,798,9
Ariidae19,421,826,211,028,124,939,35,344,049,831,629,5330,9
Poulpe0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Divers163,5163,7113,1163,2209,2289,5146,948,1181,5284,6324,5208,02295,8
Total593,3720,31071,3837,6707,6507,4459,0177,7628,7720,3739,8520,07683,0
h) Débarquements à Nouakchott en 1987
ESPECE123456789101112Total
Mustellus sp0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Courbine188,6346,0461,4354,4258,54,40,00,00,00,00,00,01613,3
Mulets100,752,268,155,840,735,431,024,028,734,526,819,9517,8
Sardinelles217,8224,5399,7314,6241,199,787,3106,1126,9152,4161,5173,82305,4
Psettodes bel.0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Soles0,027,642,835,035,525,622,217,921,425,818,118,8290,7
Dor. roy.0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Langouste verte0,00,03,70,01,23,12,71,72,63,20,00,018,2
A. sparidae60,290,778,487,974,1164,0143,8154,1183,7220,5220,0223,81701,2
Diagramme6,83,11,012,69,214,612,810,212,314,714,711,3123,3
Ariidae30,547,336,730,121,939,138,931,237,344,745,846,4449,9
Poulpe0,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,00,0
Divers132,7332,649,8290,6179,5373,9326,9188,2224,8269,8277,1299,42945,3
Total737,31124,01141,61181,0861,7759,8665,6533,4637,7765,6764,0793,49965,1

(Origine des données: enquètes CNROP)

Figure II.2.

Figure II.2. - Evolution des débarquements totaux mensuels de la pêche artisanale mauritanienne de 1984 à 1987 (origine des données : enquêtes CNROP)

Les données de débarquements de 1984 à 1986 étudiées en fonction de leur origine, montrent que les artisans réalisent une part de plus en plus importante : 52% en 1984 et 93% en 1986. Parallèlement les canariens (senneurs et filets dormants) et les Imraguen du nord du cap Timiris ont vu leurs débarquements diminuer. Cette situation s'explique par l'accroissement du parc depuis l'apparition de la pêche aux pots à poulpe (Tableau II.8).

L'observation des débarquements mensuels au cours des quatre dernières années permet de noter que les débarquements (toutes espèces confondues) les plus importants sont réalisés de mai à juillet à Nouadhibou et de février à avril à Nouakchott.

L'évolution de la composition spécifique des débarquements totaux (Tableau II.9) permet de voir que les principales espèces débarquées par les artisans sont par ordre d'importance décroissante la courbine, les sparidae, les sardinelles, les petits requins (Mustellus sp. et Leptocharias sp.) et le poulpe. Les débarquements de courbine et de sparidae qui s'élevaient à 30% du total en 1984 ont baissé progressivement pour ne représenter que 20% dans les débarquements totaux en 1987. Pendant cette période, les débarquements de petits requins et de sardinelles sont restés stables. Le poulpe par contre a augmenté considérablement passant de 0,2% des débarquements totaux en 1984 à 19,5% en 1987.

3.4. EVOLUTION DES RENDEMENTS

Les données disponibles sur les rendements concernant les différents types d'embarcations qui ont débarqué au niveau de la plage de la Tcharka à Nouadhibou de mars 1986 à mars 1987 sont présentées à la figure II.3. Il n'est pas possible de distinguer les prises par engin, ni les espèces. Pour chaque mois, les captures moyennes journalières (toutes espèces confondues) par type d'embarcation sont indiquées dans le tableau II.10 et celles de poulpe toutes embarcations confondues dans le tableau II.11 et la figure II.4.

Il apparaît que les meilleurs rendements (toutes espèces et tous types d'engins) sont obtenus par les vedettes plastiques et les pirogues à marée. L'irrégularité des enquêtes ne permet pas toujours d'apprécier une évolution saisonnière. Celle-ci n'est possible en effet qu'au niveau des pirogues simples en bois et des pirogues plastiques qui effectuent les meilleures captures principalement de décembre à février-mars et secondairement de juillet à août.

Les rendements moyens quotidiens de poulpe par embarcation montrent que ces périodes correspondent à la saison de pêche de cette espèce (Figure II.4). L'essentiel de l'effort de la flottille de Nouadhibou semble donc être dirigé sur cette espèce. Aussi, il serait intéressant de disposer dorénavant de données régulières et plus fines sur cette pêcherie. Le recueil du nombre de pots à poulpe relevés par marée et par type d'embarcation serait également très utile.

4. ELEMENTS ECONOMIQUES

4.1. ASPECTS MICRO-ECONOMIQUES

L'enquête socio-économique réalisée sur un échantillon d'unités de pêche lors de l'enquête-cadre de juillet 1987 a permis d'identifier et d'estimer les variables décrivant les types d'organisation économique et sociale ainsi que le capital technique des unités de pêche artisanale.

4.1.1. Emplois dans le secteur

La pêche artisanale maritime mauritanienne emploie directement 3302 pêcheurs. Nouadhibou et Nouakchott constituent les points de débarquement où la concentration des pêcheurs est la plus élevée, soit respectivement 36% et 29% du total. La région du nord représente ainsi 42% du total de spêcheurs contre 49% pour le sud et 9% pour les villages Imraguen.

On observe une spécialisation régionale par type de pêche (Tableau II.12):

Tableau II-7: Evolution en % des débarquements par espèce de la pêche artisanale Mauritanienne de 1984 à 1987
ESPECE1984198519861987
Mustellus sp.7,87,47,06,5
Courbine25,422,016,211,7
Mulets4,26,93,53,9
Sardinelles13,313,221,913,5
Psettodes0,40,00,20,5
Soles0,10,40,52,1
Dor. roy.0,00,00,20,1
Langouste verte2,31,62,31,3
A. sparidae14,818,212,59,9
Diagramme0,01,41,51,4
Ariidae0,00,03,02,6
Poulpe0,20,53,519,5
Divers31,628,527,627,0
TOTAL100,00100,00100,00100,00

(Origines des données : enquêtes CNROP)

Tableau II.8. Débarquements mensuels, en tonnes, et par zone de la pêche artisanale mauritanienne de 1984 à 1986
a) Débarquements en 1984
ZONE123456789101112TOTAL
Artisans NDB30,757,1190,8801,4348,8118,4244,8122,569,4161,766,126,81729,5
Villages Imraguen Nord Cap Timiris45,727,729,148,025,42,58,47,45,922,73,84,1225,7
Canariens (Senne, Filet dormant)61,18,6257,2499,7246,4130,98,45,75,69,731,342,51297,1
Total Nouadhibou137,588,4476,6849,1617,1246,8251,6135,680,9194,1101,273,43252,3
Nouakchott626,7615,2674,5488,9859,4873,7524,8485,5249,0384,4657,5511,36950,9
Total RIM764,2703,61151,11338,01476,51120,5776,4621,1329,9578,5758,7584,710203,2
b) Débarquements en 1985
ZONE123456789101112TOTAL
Artisans NDB67,887,6146,694,5392,8352,9373,2166,0224,6260,0141,8100,72408,5
Villages Imraguen Nord Cap Timiris33,937,711,616,018,66,519,70,00,06,30,00,0150,3
Canariens (Senne, Filet dormant)0,00,00,0146,8215,3105,58,90,00,03,32,50,0482,3
Total Nouadhibou101,7125,3158,2257,3626,7464,9401,8166,0224,6269,6144,3100,73041,1
Nouakchott696,6587,8940,6909,6928,2867,5450,9275,8257,6618,7513,5502,97549,7
Total RIM798,3713,11098,81166,91554,91332,4852,7441,8482,2888,3657,8603,610590,8
c) Débarquements en 1986
ZONE123456789101112TOTAL
Artisans NDB136,0139,1223,6211,9456,1351,2305,1314,2345,1237,6174,5243,03137,4
Villages Imraguen Nord Cap Timiris8,44,85,662,962,633,54,83,124,614,213,69,1247,2
Canariens (Senne, Filet dormant)0,00,018,90,00,00,01,90,00,00,00,00,020,8
Total Nouadhibou144,4143,9248,1274,8518,7384,7311,8317,3369,7251,8188,1252,13405,4
Nouakchott598,3720,31071,3837,6707,6507,4459,0177,7628,7720,3739,8520,07683,0
Total RIM737,7864,21319,41112,41226,3892,1770,8495,0998,4972,1927,9772,111088,4

(Origine des données : enquêtes CNROP)

Tableau II.9. Récapitulatif des débarquements annuels, en tonnes et par espèce, de la pêche artisanale de 1984 à 1987
ESPECEND84NK84TOT84ND85NK85TOT85ND86NK86TOT86NDB87NK87TOT87
Mustellus sp793,2 793,2780,9 780,9779,4 779,41106,7 1106,7
Courbine1546,21048,72594,9589,21745,62334,8411,91386,71798,6388,01613,32001,3
Mulets259,3170,9430,2555,5174,2729,7242,8142,0384,8158,2517,8676,0
Sardinelles6,91346,31353,2154,51243,51398,0112,22319,02431,25,22305,42310,6
Psettodes bel.31,15,636,7 2,22,221,64,726,378,3 78,3
Soles0,714,114,815,621,737,326,828,855,671,4290,7362,1
Dor. roy.1,3 1,32,9 2,919,8 19,814,40,014,4
Langouste verte194,735,8230,5146,021,1167,1249,16,3255,4201,718,2219,9
A. sparidae36,61470,31506,9235,51692,81928,3316,71069,91386,6 1701,21701,2
Diagramme   26,5125,5152,071,198,9170,0114,2123,3237,5
Arlidae       330,9330,9 449,9449,9
Poulpe18,4 18,454,1 54,1389,7 389,73343,5 3343,5
Divers363,92859,23223,1480,42523,13003,5764,32295,83060,11681,82945,34627,1
Total3252,36950,910203,23041,17549,710590,83405,47683,011088,47163,49965,117128,5

(ND = Nouadhibou, NK = Nouakchott, Tot = total)

Tableau II.10. Evolution des rendements mensuels, en tonnes par sortie, par type d'embarcation, à Nouadhibou de mars 1986 à mars 1987
TYPE3456789101112123
PS211,3789223,8170,93302,44204,96186,71113,53114,3153,57460,91382,83151,24
PP150,06119,35172,72142,77175,55347,08196,05149,4290,4448,03295,45344,4369,35
PM504,71600,75017730447504380496001682,33
VP0100,57496,95418,507,050851,5600600705197,16423
PA75,557,98137,567,500400000000
GA070579,75233,332500000000
C00029132218,5157,71134,73184300270351,5501,4

(Origine des données : enquêtes CNROP)

Tableau II.11 : Rendements, en kg par sortie des embarcations pêchant le poulpe de mars 1986 à février 1987
MoisRendement
Mars 1986161,2
Avril88,6
Mai110,0
Juin75,0
Juillet130,0
Août263,5
Septembre190,0
Octobre180,0
Novembre193,0
Décembre140,0
Janvier 1987296,0
Février321,0

(Origine des données : enquêtes CNROP)

Tableau II.12: Effectif des pêcheurs par type de pêche et par région en juillet 1987
Engins
Lieu
LigneFDSMSTSMSPPotsTotal
Sud430217-20-667
Nouakchott6738819120-972
Imraguen27264---291
Nouadhibou165535130-5421372
Total12951104321405423302

(D'après Chaboud et al, 1988)

FDSM = Filets dormants simples ou mixtes

STSM = Sennes tournantes simples ou mixtes

SP = Sennes de plage

Figure II.3

Figure II.3. - Evolution des rendements mensuels, en kg/sortie des différents types de pirogues, à Nouadhibou de mars 1986 à mars 1987 (origine des données : enquêtes CNROP).

Figure II.4.

Figure II.4. - Evolution des rendements mensuels, en kg/sortie des embarcations pêchant le pouple à l'aide de pots, à Nouadhibou de mars 1986 à mars 1987 (origine des données : enquêtes CNROP).

La répartition des pêcheurs en fonction des origines géographiques fait apparaître une prédominance des saintlouisiens dans la pêche artisanale maritime mauritanienne (44%). Ils sont spécialisés dans la pêche à la ligne et au filet dormant. Avec les pêcheurs des autres régions du Sénégal, ils représentent la moitié de l'ensemble. Le reste est composé essentiellement de pêcheurs originaires de N'Diago (20%) et des autres régions de la Mauritanie (29%).

4.1.2. Les migrations des pêcheurs (Figure II.5)

Les migrations internes à la Mauritanie concernent les pêcheurs de N'Diago présents sur toute la côte à l'exception des villages Imraguen du nord et les pêcheurs originaires d'autres régions de la Mauritanie, notamment du fleuve Sénégal.

Les pêcheurs étrangers sont essentiellement originaires de Saint-Louis (42% des unités de pêche présentes en Mauritanie). Les pêcheurs de Saint-Louis et de N'Diago ont fait des migrations une composante essentielle de leur mode de vie. Pour la plupart des unités de pêche saint-louisiennes, la présence sur le littoral mauritanien est permanente ou bien il s'agit de migrations annuelles répétées. Ceci indique une tendance à la pérennité de la présence de ces unités de pêche qui peut amener à s'interroger sur la pertinence de la distinction simple entre migrants et sédentaires. Une analyse plus fine des migrations devrait permettre de distinguer au sein des unités de pêche étrangères, celles qui tendent à se fixer sur le littoral mauritanien de celles pour qui la pêche en Mauritanie n'est que temporaire.

4.1.3. Organisation économique et sociale des unités de pêche

  1. Rémunération des facteurs de production:

    Dans la plupart des cas, le système de rémunération à la part est en vigueur.

    Pour les unités de pêche wolof originaires de N'Diago ou de Saint-Louis, le principe général est le suivant : une fois déduites de la valeur des mises à terre les charges communes (carburant, entretien courant, nourriture, thé), le solde restant (produit net de l'unité de pêche) est partagé selon des modalités variables, en fonction des types de pêche. Pour la pêche à la ligne, le produit net est partagé en parts égales entre les pêcheurs, la pirogue et le moteur. Pour la pêche à la senne tournante, un tiers du produit net est réservé au propriétaire de l'engin, les deux tiers restants sont répartis en parts égales entre les pêcheurs, les moteurs et les pirogues. Pour la pêche au filet dormant, il n'existe pas de système uniforme de partage. Cependant, certaines caractéristiques communes se dégagent. Les pirogues et moteurs perçoivent chacun une part. En ce qui concerne la rémunération du travail dans certains cas, des primes individuelles sont allouées, dans d'autres, les jeunes pêcheurs peuvent ne pas recevoir de parts ou percevoir une demi-part seulement. Pour les filets, soit une part est allouée à l'ensemble des engins, soit plusieurs parts leur sont versées. Dans tous ces cas des primes supplémentaires peuvent être distribuées selon divers critères : qualité du travail, tâches spécifiques, etc…

    Les pêcheurs Imraguen utilisent des systèmes de partage semblables à ceux en vigueur chez les wolof. A Nouadhibou et à La Guerra, existent des systèmes de rémunération salariaux ou mixtes (salaires complétés d'une part de la valeur des prises). Par exemple pour la pêche au poulpe, les équipages sont rémunérés par salaire lorsque les unités de pêche appartiennent à des sociétés contrôlées par des opérateurs économiques.

  2. Niveau d'investissement :

    La diversité des types de pêche pratiqués induit une forte variabilité du capital investi. La valeur moyenne du capital investi par type d'unité de pêche s'élève à 526.000 UM (Chaboud et al, 1988). Certaines unités de pêche sont membres du groupement coopératif, ce qui a permis à certaines d'entre elles de bénéficier de crédits pour l'achat d'équipements. Avec le développement récent de la pêche au poulpe qui a suscité l'intérêt d'opérateurs économiques privés à Nouadhibou, d'autres sources de financement extérieures à la pêche sont apparues. Cependant, l'autofinancement reste dominant pour la plupart des unités de pêche.

    Le coût de création d'un emploi, c'est-à-dire le capital moyen par tête s'élève à 104.000 UM. On observe une forte dispersion de sa valeur selon les types de pêche pratiqués (46.000 UM pour les unités de pêche à la ligne, 275.000 UM pour celles des Imraguen).

  3. Commercialisation des prises :

    Une faible partie des prises échappe à la commercialisation (autoconsommation, dons). La majorité des unités de pêche vend ses prises à l'état frais, soit aux petits commerçants à l'exception de Nouadhibou où l'essentiel des captures est exporté par l'intermédiaire des usines de la place.

    Le plus souvent les poissons sont vendus à la pesée. Dans une moindre mesure la vente se fait à la pièce, en tas, à la caisse ou en vrac. Nous ne disposons que d'observations instantanées sur les prix des principales espèces débarquées (Tableau II.13).

Figure II.5.

Figure II.5. - Migration du parc piroguier (d'après Chaboud et al, 1988).

4.1.4. Encadrement et assistance du secteur

La priorité accordée à la pêche artisanale en Mauritanie a été concrétisée par l'organisation des pêcheurs en groupements pré-coopératifs, étape préalable à la mise en place de coopératives. C'est pourquoi ont vu le jour des coopératives et groupements à Nouadhibou, dans les villages Imraguen et à Nouakchott. Ces organisations négocient les prix de vente du poisson avec les usines à Nouadhibou. Elles sont chargées de l'avitaillement et de la commercialisation du poisson dans les villages Imraguen.

L'assistance du gouvernement au secteur artisanal se fait par l'intermédiaire du Ministère des Pêches et particulièrement de la Direction de la Pêche Artisanale. Cette institution est responsable du suivi et de la coordination des projets touchant:

Malgré l'existence de chambres froides et de véhicules isothermes au niveau de la SPPAM, de réels bouleversements au niveau du système de commercialisation traditionnel n'ont pas été encore observés. La SPPAM s'occupe également de la distribution du matériel de la pêche.

A Nouadhibou, une grande partie des débarquements de la pêche artisanale est livrée à la SMCP. Cela évite aux commerçants de chercher des marchés et limite les problèmes inhérents à la convertibilité de la monnaie.

4.2. ASPECTS SECTORIELS ET MACRO-ECONOMIQUES

L'importance sectorielle et macro-économique de la pêche artisanale est estimée au moyen d'une méthodologie utilisée par la CEAMP/MPEM en s'inspirant de la méthode des effets (Prou, Chervel, Legall). Elle consiste tout d'abord à repérer tous les agents (producteurs, transformateurs, commerçants, Etat, étranger) de la filière et les flux physiques et monétaires existant entre eux. Elle permet de juger les effets d'une décision au niveau de ces différents agents. Cette analyse est menée par filière et sous-filière de la pêche artisanale représentée sous forme de graphe qui identifie le plus précisément possible les différents agents et leurs interrelations. Elle permet de calculer la valeur ajoutée et les importations incluses pour chacune des activités et pour l'ensemble de la filière.

4.2.1. Les agents concernés

Tableau II.13 : Prix moyen au débarquement, en UM/Kg, des principales espèces en juillet 1987
EspècesPrix moyen
Mérou blanc (thiof)80
Mérou brun (Kautch)98
Dorades diverses31
Courbine35
Mulet46
Tollo52
Poulpe164
Langouste371
Sole65
Sardinelle10
Autres20

(d'après Chaboud et al, 1988)

Tableau II.14 : Principaux résultats économiques, pour la filière Pêche Artisanale en 1986
 Pêche Artisanale CampagnardePêche artisanale SédentairePêche Artisanale ModerneTOTAL Pêche Artisanale
1500 T x 35,5 UM/kg 53,25 millions UM8500 T x 18,4 UM/kg 156,4 millions UM6000 T x 90,2 UM/kg 541,2 millions UM16000 T x 46,9 UM/kg 750,4 millions UM
Exportations1400 T × 37,021 UM/kg 51,830 millions UM5100 T × 103,52 UM/kg 528 millions UM 
marché Intérieur8600 T x 18,34 UM/kg 157,72 millions UM900 T × 23,31 UM/kg 20,98 millions UM 

N.B. : Les prix unitaires retenus sont les prix moyens pondérés

(Source : AESP/CEAMP, p.7)

Tableau II.15 : Résultats économiques de la filière Pêche Artisanale en termes d'importation et de valeur ajoutée incluse (UM./Tonne)
 Contenu en importationsValeur ajoutée incluse
Pêche artisanale traditionnelle6.22614.729
Pêche artisanale moderne24.56674.344
Total pêche artisanale13.10337.085

(Source : AESP/CEAMP, p.7)

4.2.2. Les sous-filières

Neuf sous-filières ont été identifiées dont les plus importantes sont (en 1986):

La liste exhaustive de ces sous-filières figure au rapport “Analyse économique du secteur pêche” (Sok et al, 1987).

Pour les principaux intrants utilisés dans la filière, on dispose de coefficients généraux d'éclatement qui permettent de calculer le contenu en importation, la valeur ajoutée incluse et la répartition de cette dernière entre les salaires, l'Etat et les autres agents. On dispose également de coefficients spécifiques aux agents de la filière (Sok, 1988).

Pour 1986, les principaux résultats obtenus sont les suivants.

L'analyse de l'origine et la destination des flux en volume et en valeur de la filière pêche artisanale (Tableau II.14 et Figure II.6) montre le poids du marché intérieur qui absorbe 59% des volumes débarqués (24% en valeur). Le prix moyen pondéré pour l'ensemble des débarquements s'établit à 46,9 UM/kg. Le prix moyen pondéré des quantités destinées au marché intérieur est de 18,81 UM/kg contre 89,20 à l'exportation. On peut estimer à moins de 5 kg la consommation nationale per capita en 1986.

Les tableaux II.15 et II.16 schématisent les performances économiques du secteur de la pêche artisanale (en termes de valeur ajoutée et importations incluses ainsi qu'en termes d'emplois nationaux induits. Pour la totalité du secteur pêche artisanale, une tonne débarquée crée 37.000 UM de valeur ajoutée nationale (création de richesse) et coûte 13.000 UM d'importation (coût en devise) (Tableau II.15).

Le tableau II.16 compare les performances d'une sous-filière artisanale (Pêche Artisanale - unité de congélation - SMCP) par rapport à celles de filières industrielles visant des marchés similaires. Par tonne débarquée, la pêche artisanale génère plus de valeur ajoutée, induit moins d'importations et crée beaucoup plus d'emplois nationaux. Par exemple, pour une tonne débarquée, la pêche artisanale crée 7 fois plus d'emplois que la filière chalutiers congélateurs.

5. CONCLUSION

L'analyse des tendances observées dans le secteur de la pêche artisanale au cours des quatre dernières années permet d'en souligner les éléments les plus importants:

Des évaluations économiques récentes montrent le rôle intégrateur de la filière pêche artisanale sur l'économie nationale tant en ce qui concerne la valeur ajoutée incluse (création de richesse nationale) que les effets multiplicateurs d'emplois.

Figure II.6

Fig. II.6 - Origine et destination des flux physiques Pêche artisanale Mauritanienne

(Source : Analyse économique de secteur pêche - CEAMP / SEDES SOK et al, 1987)

Tableau II.16 : Comparaison des performances de la filière pêche Artisanale par rapport à des filières industrielles visant des marchés similaires.
 Tonnage traité (T)V.A. inclusedont
Salaire (1.000 UM, par tonne)Etat
Sous-filière D (Pêche artisanale - Unités de congélation SMCP)4.400154,756,060,0
Sous-filière E (Chalutiers et bateaux à glace démerseaux - Unités de congélations SMCP)11,900107,933,654,4
Sous-filière F (Congélateurs démerseaux - Unités de stockage SMCP)33,900134,321,160,5

L'existence d'interactions avec d'autres formes d'exploitation pouvant aboutir à des conflits (concurrence pour le partage de l'espace halicutique et des ressources, destructions d'engins) peut à terme peser sur le développement du secteur de la pêche artisanale.

6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Chaboud C., Kébé M., Ould Mohamed Ahmed A., Diop H. et Lawal H.S., 1988 - Eléments sur la pêche artisanale mauritanienne. Bull. Centr.Nat.Rech.Océanogr. et Pêches, Nouadhibou, 16(1) : 48 p.

Gilly B. et Maucorps A., 1987 - L'aménagement des pêcheries de la Mauritanie et le développement de la recherche halieutique. Rapport pour le projet Assistance au CNROP. FAO, FI : TCP/MAU/6655, 174 p.

Josse E. et Garcia S. (eds), 1986 - Description et évaluation des ressources halieutiques de la ZEE mauritanienne. Rapport du Groupe de travail CNROP/FAO/ORSTOM, Nouadhibou, Mauritanie, 16-27 sept. 1985. COPACE/PACE Séries 86/37 : 310 p.

Ould Mohamed Ahmed A. et Ould Cheikh M., 1988 - Les résultats des enquêtes-cadres de 1985. Bull. Centr. Nat. Rech. Océanogr. et Pêches, Nouadhibou, 16(1) : 18 p.

Sok M., 1988 - Application de la méthode des effets dans “L'Analyse économique du secteur de la pêche en Mauritanie”. In Rapport du Groupe de travail CNROP-CRODT/ISRA sur les ressources pélagiques côtières (Sénégal-Mauritanie). Centr. Nat. Rech. Océanogr. et Pêches, Nouadhibou, Mauritanie. 8–16 juin 1988 : 221–253.

Sok M., Ould Abdi F., Ould Sidi B. et Gaudechoux J.P., 1987 - Analyse économique du secteur pêche. Cellule économique d'appui au ministère des pêches (CEAMP), SEDES : 36 p. + annexes.


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