Propositions du CNROP en vue d'élaborer la mise en place de journaux de pêche
par
A. DAMIANO 1
1. INTRODUCTION
Il n'existe pas de modèle type de journal de pêche car la forme et les renseignements demandés dépendent en grande partie de ce que l'on désire obtenir et des moyens engagés pour y parvenir (statistiques de production, statistiques économiques, éléments de contrôle, methodes de gestion des ressources, etc…).
En Mauritanie, la ligne directrice adoptée par l'Administration est une gestion de l'effort de pêche assortie de mesures de contrôle en mer et à terre. Dans cette optique il est indispensable d'obtenir des statistiques précises de débarquement (objectif en partie réalisé grâce aux bordereaux de la SMCP) et des informations sur l'effort de pêche et sa localisation (par la mise en place de journaux de pêche).
Dans le document: “Rapport sur la situation de la pêche maritime et recommandations”, de décembre 1987, le CNROP avait déjà fait des propositions de journaux de pêche (Anonyme, 1987, page 30 et annexes). Plusieurs modèles de journaux de pêche avaient été envisagés car il est apparu irréel de vouloir concilier en un seul formulaire les informations concernant des flottilles et des modes d'exploitation aussi éloignés que:
des navires de 100 m de long pêchant un nombre limité d'espèces mais en très grande quantité (100 t/j) au cours de marées variant de 20 à 45 jours (pélagiques);
des navires de 40 m de long pêchant un grand nombre d'espèces à haute valeur commerciale, en quantité plus modeste (1 à 3 t/j) et au cours de marées de 30 à 60 jours (congélateurs de fond);
des navires de 25 m de long pêchant un grand nombre d'espèces pendant des marées de 5 à 15 j et conservant leur production sous glace;
des embarcations artisanales;
des navires travaillant avec des engins particuliers et ne débarquant pas leur production en Mauritanie.
La réalité étant complexe il conviendrait, du moins dans les très grandes lignes, de coller à cette diversité plutôt que d'essayer de simplifier en un seul document qui ne serait satisfaisant pour aucun des navires concernés. Aussi, il faudrait distinguer au minimum :
les grands navires pélagiques, dont une partie importante de la production est transformée en farine et qui pratiquent des transbordements (totaux ou partiels) en rade de Nouadhibou;
les navires de fond qui débarquent à Nouadhibou (SMCP ou dans les usines), ou à Nouakchott;
les navires qui ne débarquent pas en Mauritanie (pêches spécialisées sous licence);
les embarcations artisanales.
A chaque catégorie correspond un type de journal de pêche ou un flux différent de données.
2. LES DIFFERENTS TYPES DE JOURNAUX DE PECHE
2.1. LES PELAGIQUES
Le journal devrait comprendre, par jour de pêche, et par secteur statistique, le nombre de coups de chalut, le nombre d'heures de pêche, les quantités congelées par espèce (avec éventuellement une liste fixe d'espèces et/ou de catégories commerciales courantes), et les quantités converties en farine par espèce. En outre, les capitaines sont tenus de signaler les temps de route, d'arrêts…
1 Technicien de l'ORSTOM en poste au CNROP, B.P.22, Nouadhibou, Rép. Islam. de Mauritanie.
Un transbordement (partiel ou total) marque la fin d'une marée. Une nouvelle page doit alors être utilisée pour la marée suivante.
2.2. LES NAVIRES DE FOND
Compte tenu de la grande précision avec laquelle les données de débarquement (par espèce et par catégorie commerciale) peuvent être obtenues à Nouadhibou, et afin de ne pas produire une masse considérable de données, un journal de pêche simplifié, reflétant surtout l'activité du navire et sa localisation au cours de la marée, serait suffisant. Les espèces étant très variées, et en quantités relativement importantes, un éventuel contrôle sur les espèces ne serait envisageable qu'au débarquement. En outre, des observateurs embarqués par roulement sur certaines unités de pêche devront fournir des données biostatistiques de bonne qualité.
Le fait de ne pas exiger une déclaration des captures par espèce augmenterait les chances d'obtenir des données réelles de localisation, l'intérêt des patrons pêcheurs étant (c'est bien connu) de ne jamais révéler les “bons coins de pêche”. Les informations requises se limiteraient alors à: l'engin, le maillage, les dates de marée, et, par jour de mer, le nombre d'opérations de pêche, le nombre d'heures de pêche, la production journalière totale et/ou d'autres informations sur l'activité du navire (route, avaries, etc…).
2.3. LES PECHES SPECIALISEES ET LES FLOTTILLES DEBARQUANT A L'ETRANGER
Si l'on considère, pour ces bateaux qui ne débarquent pas en Mauritanie qu'il est possible d'obtenir, par navire et par marée, la production, par espèce et par catégorie commerciale, débarquée à l'étranger, il est possible de se contenter, comme pour les congélateurs de fond, des seules informations sur l'activité et la localisation des navires.
D'après les correspondances échangées entre la Mauritanie et la CEE il semblerait impossible d'obtenir de telles informations sur les débarquements. Nous pensons cependant que, dans le cadre des accords CEE., les navires sont tenus de rendre compte à la CEE. de leurs débarquements, et la Mauritanie devrait insister pour obtenir ces informations. Dans le cas contraire, il serait conseillé de créer un troisième type de journal de pêche apparenté au journal pélagique et qui comprendrait, outre l'activité du navire et la localisation de l'effort, une déclaration de captures par espèce, d'autant plus que l'éventail des espèces est assez limité et pourrait être réduit par exemple aux catégories suivantes : crevettes du plateau, crevettes du talus, crabes, langoustes, lottes, requins, merlus, poissons divers… (On peut également envisager que les chercheurs du CNROP éstablissent pour chaque pêcherie une liste type d'espèces. Il faudrait alors qu'ils soient consultés suffisamment à l'avance et au moins au moment de la délivrance de l'autorisation).
Ces remarques s'appliquent également à tous les navires, hors accords CEE, qui ne débarquent pas leur production en Mauritanie et pour lesquels nous ne possédons aucun renseignement sur l'effort de pêche ou les captures (ligneurs, fileyeurs, etc…).
Quant aux thoniers, ils sont soumis au journal de bord ICCAT dont nous aimerions recevoir des ampliations périodiques.
2.4. LES EMBARCATIONS ARTISANALES
Un journal succinct et très convivial est déjà à l'étude à la Cellule Economique d'Appui au MPEM.
3. CONCLUSION
Bien que conscient des difficultés de gestion de journaux de pêche différents selon les flottilles le CNROP reste persuadé qu'il est impossible de se limiter à un journal unique “passe partout”. Par ailleurs, nous rappelons l'urgence d'instituer un numéro unique d'identification des navires qui devra figurer dans tous les documents (licences, journal de pêche, fichier surveillance, etc…). Pour des raisons évidentes de clarté, il n'est pas exclu d'employer dans la rédaction des journaux de pêche des libellés plus évocateurs qu'un code. (La codification pouvant intervenir à la saisie).
D'une façon générale, la conception de la maquette des journaux de pêche devra rassembler le maximum de personnes intéressées dans un souci d'éviter les ambiguïtés et autres sources d'erreurs et le CNROP serait heureux d'y apporter son concours.
4. REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
Anonyme, 1987 - Rapport sur la situation de la Pêche Maritime et Recommandations à l'attention de Monsieur le Ministre des Pêches et de l'Economie Maritime. CNROP, décembre 1987. Doc. dactyl. : 32 p., Annexes.
