ANNEXE E

La pêche profonde en Mauritanie
par
D.THIAM(1)

1. DESCRIPTION DE LA PECHERIE

La flottille espagnole exploitant les ressources mauritaniennes peut être séparée en deux entités : la pêche crevettière, et la pêche fraîche.

La pêche crevettière est le fait de navires congélateurs dont la jauge brute vane entre 100 et 450 tonneaux et la puissance entre 600 et 1500 cv. L'inexistence d'une distinction entre pêche crevettière côtière et pêche crevettière profonde fait que ces navires exploitent à la fois les stocks de crevette du talus et du plateau. Les espèces cibles sont :

• Parapenaeus longirostris (gambas) qui est pêchée de jour sur les fonds de 200 à 400 m,

• Penaeus notialis (langostino) qui est pêchée de nuit au niveau du plateau continental sur des fonds de 10 à 50 m,

• Aristeus varidens (alistado) et Geryon maritae (cangrejo) sont pêchés de nuit entre 400 et 800 m.

La pêche fraêche est effectuée par des navires glaciers dont la jauge brute varie entre 250 et 500 tonneaux et la puissance entre 800 et 2000 cv. L'espèce cible est le merlu (Merluccius spp.), et elle est pêchée entre 300 et 600 m.

Le tableau 1 présente, pour le second semestre 1987, la répartition des navires par classe de TJB, pour chaque type de pêche.

2. LES CAPTURES

2.1 ORIGINE DES DONNEES

Les données de base ont pour origine les formulaires de déclaration des captures des patrons de pêche des navires espagnols qui travaillent en Mauritanie dans le cadre d'accord de pêche. Ces formulaires sont envoyés officiellement au Ministère des Pêches (à Nouakchott), qui les transmet au CNROP.

2.2 LES CAPTURES DE LA FLOTTILLE DE PECHE FRAICHE

Seules les données du second semestre 1987 sont disponibles. Pour cette période, la flottille était composée de 18 navires (Tableau 1). Les prises de merlu sont déclarées globalement sans distinction d'espèces et les captures secondaires sont regroupées dans une rubrique “DIVERS”, le plus souvent omise dans les déclarations. Seules les déclarations de merlu seront traitées, les prises toutes espèces confondues étant incomplètes du fait de la non déclaration des espèces secondaires. Une analyse des statistiques détaillées de ces navires, réalisée au Sénégal (Thiam et al, 1985), a révélé que les prises secondaires, surtout composées de sparidae profonds, de crabe-geryon, de baudroie et du requin profond Centrophorus sp., constituent une partie non négligeable des captures.

Les prises mensuelles de merlu par classe de TJB sont présentées dans le tableau 2. Les captures globales s'élèvent à 3143 tonnes.

1) Océanographe biologiste du CRODT, BP 2241, Dakar, Sénégal

2.3 LES CAPTURES DE LA FLOTTILLE CREVETTIERE

Comme pour la pêche fraîche, les données disponibles ne couvrent que la période du second semestre 1987. Les captures sont déclarées selon plusieurs rubriques pouvant correspondre à une seule espèce (“GAMBAS” : P. longirostris; “ALISTADO” : A. varidens ; “CRABE” : G. maritae) ou plusieurs espèces (“DIVERS CRUSTACES” et “DIVERS”).

La rubrique “DIVERS CRUSTACES” représente un regroupement indissociable de captures de crabes et de crevettes (profondes et/ou côtières). ll en est de même pour la rubrique “Divers” qui compte en plus les captures d'espèces de poissons non isolées dans la déclaration. Les quantités de crevettes calculées sont donc sous estimées (Tableau 3). Les prises toutes espèces confondues s'élèvent à environ 1395 tonnes et leur répartition par classe de TJB est présentée au tableau 4.

ll est à signaler que le crabe pêché par les espagnols est conservé systématiquement sous deux formes (Thiam et al, 1985) : entier ou en morceaux entraînant une nécessité de conversion des quantités crabe-morceaux en crabe-entier. Le tonnage de crabe déclaré globalement par les patrons de pêche espagnols n'a pas pu être corrigé.

3. LES EFFORTS ET LES CAPTURES PAR UNITE D'EFFORT

La disparité des données d'effort due au fréquent non remplissage de la case “temps de pêche” du formulaire de déclaration des captures par les patrons de pêche, empêche un traitement de l'effort de pêche, aussi bien pour la pêche crevettière que pour la pêche aux merlus. D'autre part, pour certains navires, les données disponibles sont entachées d'erreurs. La correction des fichiers de base devra permettre de calculer un effort mensuel toutes espèces confondues par classe de TJB. Une sélection judicieuse des navires présentant les meilleures statistiques non regroupées permettra d'avoir une estimation des rendements mensuels des principales rubriques.

4. CONCLUSION

Les données présentées ici ne concernent que le seul second semestre de 1987. Cependant ce sont les premières du genre concernant les stocks profonds mauritaniens.

Les captures déclarées sont certainement sous-estimées. La comparaison effectuée au Sénégal des captures déclarées par les armateurs et celles récoltées par les observateurs pour les mèmes navires et les mêmes marées montrent que les premières sont sous-estimées car négligeant trop souvent les espèces secondaires non moins importantes commercialement (Thiam. et al, 1985).

La réalisation de travaux de synthèse avec les données de captures et d'effort disponibles au Sénégal permettrait de réduire au minimum les biais des estimations, car on retrouve les mêmes navires de pêche profonde (talus) au niveau des deux pays.

5. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Caverivière A., Thiam M., Thiam D., Abellan I.L., (1986) - Rapport de synthèse des quatre campagnes conjointes hispano-sénégalaises de chalutage sur les stocks profonds du Sénégal (1982– 1984) - Arch.Centr.Rech.Océanogr.Dakar - Thiaroye: 151

Thiam D., Caverivière A., Thiam M., (1985) - La pêche des crevettiers espagnols au large du Sénégal en 1980 et Récapitulatif des Résultats 1977–1979 - Doc.Scient.Centr.Rech.Océanogr.Dakar - Thiaroye, 91