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Les forêts tropicales: Mythes et réalités

L.S. Hamilton

Lawrence S. Hamilton est chercheur associé à l'Environment and Policy Institute, East-West Center, Honolulu (Hawaii). Note Le présent article est tiré d'une communication faite à une réunion du Groupe d'étude sur les forêts tropicales du Conseil de coopération économique du Pacifique, qui s'est tenue à Kuala Lumpur du 25 au 29 septembre 1990.

Le présent article cherche à faire toute la lumière sur huit questions liées aux forêts qui font actuellement les gros titres. Plusieurs d'entre elles relèvent du mythe, du malentendu, de la désinformation ou de l'interprétation erronée. Elles méritent néanmoins qu'on s'y intéresse, non pas simplement pour les démystifier; mais pour essayer d'identifier et de clarifier les vrais problèmes, les vraies solutions et les vrais choix. L'article ne cherche pas à retracer l'origine de ces mythes ni à accuser qui que ce soit; en fait, un certain nombre d'entre eux ont leur origine dans la foresterie elle-même. L'important, c'est que pour identifier les véritables objectifs et les vrais problèmes de façon à pouvoir progresser en matière de conservation des forêts tropicales il faut aider les gouvernements, les médias, les spécialistes de l'environnement, et plus particulièrement les spécialistes des forêts, à renoncer à ces slogans, à ces clichés, aux solutions mal ciblées et aux panacées.

Confusion entre les différents types de forêts tropicales

Trop souvent, les statistiques sur l'étendue des forêts tropicales et sur la vitesse à laquelle elles disparaissent ou se modifient sont suivies de descriptions qui portent presque exclusivement sur les forêts ombrophiles tropicales. Ce choix semble être délibéré car les forêts ombrophiles suscitent les passions comme aucune de leurs cousines plus prosaïques. Rares sont ceux qui les approchent, de près ou de loin, en toute sérénité ou qui peuvent en parler sans emphase. Ces forêts sont décrites soit comme des jungles dangereuses et impénétrables peuplées de bêtes féroces, soit comme des cathédrales gothiques verdoyantes aux arbres espacés sentant bon la serre bien tenue (Colinvaux, 1979).

Il est vrai que les forêts ombrophiles tropicales sont les grands réservoirs de diversité biologique; présentent le complexe diversité-rareté qui conduit à l'extinction facile des espèces; ont des sols habituellement impropres à une agriculture soutenue une fois défrichés; abritent le plus grand nombre d'espèces inconnues, etc. Mais c'est une erreur, frisant la malhonnêteté, de laisser entendre aux lecteurs ou aux auditeurs que les taux de défrichage ou de modification cités pour l'ensemble des forêts tropicales s'appliquent uniquement aux forêts ombrophiles tropicales ou que toutes les forêts tropicales ont des sols infertiles qui se transforment en désert rouge et dur (en raison de la latérisation) lorsqu'elles sont défrichées. C'est un non sens de dire que la coupe de bois de feu est en grande partie responsable de la destruction des forêts dans le cas des forêts ombrophiles tropicales, tandis que cela peut être vrai des forêts tropicales sèches. L'affirmation selon laquelle «après la récolte du bois, la terre reste privée d'arbres pendant des décennies ou doit être replantée artificiellement pour retrouver son couvert végétal», est tout simplement fausse en ce qui concerne les forêts ombrophiles sempervirentes. D'après ma propre expérience, les plantes ligneuses envahissent aussitôt la scène (sauf sur les premiers dépôts transitoires et les routes de débardage compactes, comme il est mentionné plus loin dans l'article).

Il existe beaucoup de types de forêts tropicales: chacune a ses propres problèmes et possibilités. Nos descriptions doivent donc être plus précises

Nous devrions utiliser des termes plus précis, mettant en évidence le fait qu'il existe plusieurs sortes de forêts tropicales, chacune ayant ses problèmes et ses potentialités: mangroves, forêts denses humides, ripisylves, forêts claires, forêts tropicales sèches, forêts tropicales saisonnières, forêts ombrophiles sempervirentes, etc. L'enjeu dépasse la simple sémantique, car nous devons trouver des solutions adaptées aux problèmes.

Déboisement: Un mot qui manque de précision

Les arguments ne manquent pas pour supprimer le terme «déboisement» de notre vocabulaire. Il n'existe aucune définition universellement acceptée. Le mot sert à indiquer les conséquences d'une multitude d'actions: coupe de bois de feu; exploitation commerciale; culture itinérante; défrichement des forêts remplacées par des cultures annuelles, des pâturages, des cultures arbustives horticoles et des plantations; pacage des animaux ou brûlage pratiqués dans les forêts; inondations avec des réservoirs; récolte des produits forestiers non ligneux; massacre de la faune sauvage (Bowonder, 1982). Chacune de ces activités produit des effets biophysiques et socio-économiques différents et chacune résulte de la combinaison, dans des proportions variables, de certaines forces socio-économiques, et pourtant nous parlons à chaque fois de déboisement et cherchons en vain une panacée à ce problème (Hamilton, 1988a). Nous lisons que le «déboisement» entraîne une accélération de l'érosion; des inondations catastrophiques; un assèchement des sources, des puits et des cours d'eau; une diminution des précipitations; la sédimentation des réservoirs; la «savanisation» et la désertification; des glissements de terrain qui ne se produisaient pas dans les peuplements forestiers laissés tels quels; une réduction de la diversité des espèces; l'émission de quantités importantes de dioxyde de carbone et de méthane qui accélèrent le réchauffement de la planète, etc. On en parle toujours comme d'une action indésirable aux conséquences funestes, alors que les systèmes de culture en terrasse du riz, hautement productifs, durables et hydrologiquement sains de l'Asie du Sud-Est sont, sans contestation possible, le résultat d'un «déboisement».

L'exploitation commerciale en forêt tropicale humide est la plupart du temps irrationnelle du point de vue écologique, mais elle ne constitue pas en soi la cause première du déboisement

Un terme unique et ambigu ne convient pas pour décrire des actions aussi diverses que le défrichement d'un terrain à l'aide de bulldozers et d'autres matériels lourds, en vue de sa mise en monoculture annuelle, et le fait de couper et de récolter le rotin ou même le bois, qui laisse intact l'essentiel de la végétation forestière. Au lieu de cela, décrivons avec précision la nature de l'activité ou des activités responsables de certains changements, souhaités ou non, dans l'état des forêts.

L'exploitation est l'une des principales causes de la disparition des forêts ombrophiles tropicales

Bien que l'exploitation soit souvent rendue responsable de la disparition des forêts ombrophiles tropicales, une telle accusation est loin d'être toujours fondée; elle détourne en outre l'attention des véritables causes de cette disparition et par conséquent des remèdes à y apporter. Certains affirment qu'en Thaïlande la diminution de la superficie boisée (70 pour cent de la superficie totale du pays en 1950 contre 18 pour cent en 1989) est due à l'exploitation (The Economist, 1989). C'est faux! Elle est la conséquence d'un défrichage, tantôt planifié tantôt spontané, en vue de la mise en culture des superficies dégagées pour la production de riz et de manioc. Dans les forêts tropicales sèches, où la reproduction est minimale, une exploitation abusive peut effectivement entraîner la disparition des forêts; mais, dans le cas des forêts ombrophiles tropicales, c'est de toute évidence le fait de brûler les arbres pour créer des pâturages ou des terrains cultivables, avec ou sans exploitation préalable, qui explique la disparition des forêts.

Il est vrai que l'exploitation commerciale telle qu'elle se pratique habituellement ne peut pas être considérée comme inoffensive; elle peut détruire temporairement l'habitat de beaucoup d'espèces forestières primaires; elle peut favoriser les glissements de terrain, l'érosion de surface sur les pistes et les routes, et le dépôt à court terme de sédiments; elle peut aussi anéantir certains des moyens de subsistance des habitants traditionnels des forêts. Les routes de débardage qui facilitent l'accès à la forêt ouvrent la voie à l'occupation ou au contrôle du sol par les paysans sans terre et les spéculateurs et, de là, au défrichement. Mais la privation de terre et la spéculation foncière sont des problèmes qui doivent être attaqués en tant que tels et qu'on risque d'oublier à force d'accuser les exploitants forestiers. Or, c'est sur ces causes premières de la disparition des forêts qu'il conviendrait de se pencher.

L'exploitation forestière est responsable d'inondations catastrophiques

Nombre d'articles de journaux et de magazines (y compris de publications scientifiques) attribuent des inondations catastrophiques à l'exploitation ou à la coupe de bois de feu dans les bassins versants supérieurs (Openshaw, 1974; Corvera, 1981). Un exemple représentatif est fourni par un article d'Asia 2000 (Sharp et Sharp, 1982) qui affirme que «la surexploitation est maintenant officiellement considérée comme la cause du débordement catastrophique du Yangtze, en Chine, en juillet 1981». A propos des inondations d'août 1988 au Bangladesh, qui ont tué 1 600 personnes et en ont privé de toit 30 millions, un article du service de presse Knight-Ridder (Kaufman, 1988) intitulé «Les inondations catastrophiques au Bangladesh seraient dues au déboisement» poursuivait ainsi: «Quel que soit le point de vue auquel on se place, le principal problème écologique est le déboisement croissant des montagnes de l'Inde et du Népal au nord du Bangladesh.»

Erosion dans divers systèmes de forêts et de cultures arbustives humides tropicales (tonnes/hectare/an)


Minimum

Moyenne

Maximum

Jardins en terrasses plantés d'arbres (4 emplacements, 4 observations)

0,01

0,06

0,14

Culture itinérante, période de jachère (6 emplacements, 14 observations)

0,05

0,15

7,40

Forêts naturelles (18 emplacements, 27 observations)

0,03

0,30

6,16

Peuplements forestiers laissés tels quels (14 emplacements, 20 observations)

0,02

0,58

6,20

Cultures arbustives avec culture de protection/mulch (9 emplacements, 17 observations)

0,10

0,75

5,60

Culture itinérante période de mise en culture (7 emplacements, 22 observations)

0,40

2,78

70,05

Plantation en taungya (2 emplacements, 6 observations)

0,63

5,23

17,37

Cultures arbustives désherbées (10 emplacements, 17 observations)

1,20

47,60

192,90

Peuplements forestiers, brûlés/litière enlevée (7 emplacements, 7 observations)

5,92

53,40

104,80

Source: Wiersum (1984).

Dans l'un et l'autre cas, les inondations ont été causées par des pluies extraordinairement abondantes ou prolongées qui ont excédé la capacité d'absorption du sol ou la capacité des cours d'eau et des rivières de les évacuer sans déborder. Il s'agissait de pluies ou de cyclones de mousson ou d'orages inhabituels, et la présence ou l'absence d'exploitation, voire la présence ou l'absence d'arbres, n'aurait eu qu'une influence négligeable sur le niveau des eaux d'une rivière importante (Hamilton, 1987, 1988b). Mais si l'on répète assez souvent que l'exploitation ou le «déboisement» sont responsables d'inondations catastrophiques, on finira par le croire, et ce mythe pourra influencer les décisions politiques. C'est ainsi qu'en Thaïlande toute exploitation forestière a été interdite après les terribles dégâts causés par les inondations et la sédimentation dans la partie sud du pays, en novembre 1988 (Nation, 1989). En réalité, comme l'a signalé Rao (1988), la plupart des glissements de terrain se sont produits, non pas sur des terrains exploités, mais sur des terres défrichées occupées le plus souvent par de jeunes plantations d'arbres à gomme sur des terrains pentus ayant subi des pluies de 450 à 1 000 mm pendant deux jours. Une mission envoyée par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique a confirmé les observations de Rao (CESAP, 1988).

L'interdiction de toute exploitation peut être une mesure provisoire valable; l'exploitation des forêts s'est développée à un rythme si rapide et le problème des coupes illégales est si grave qu'un répit temporaire peut être salutaire en ce qu'il laissera le temps d'élaborer de meilleures politiques en matière de parcs et de réserves, et de contrôler des concessions d'exploitation. Toutefois, en cessant toute activité d'exploitation, la Thaïlande a incité les pays voisins (le Myanmar, par exemple) moins capables qu'elle de contrôler les pratiques nuisibles ou illégales à accentuer leur pression sur les forêts. Une interdiction sélective du défrichage sur certains versants critiques aurait été bien préférable.

En cas d'orages courts et fréquents, il est vrai que les cours d'eau provenant d'une zone exploitée gonflent plus rapidement que les autres et atteignent des niveaux records, et que les inondations locales peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la population, l'infrastructure et l'utilisation du sol, notamment si les pistes, les routes et les premiers dépôts sont dépourvus de systèmes fonctionnels d'écoulement des eaux. Toutefois, plus les orages sont forts et prolongés et plus on descend le long du bassin versant vers des bassins de plus en plus larges, plus les effets de l'exploitation s'amenuisent jusqu'à devenir insignifiants dans le cas d'inondations importantes dues à des orages inhabituels et touchant des bassins fluviaux étendus (Hamilton et King, 1983).

La suppression du couvert forestier favorise l'érosion

Presque tous les articles de vulgarisation sur les forêts tropicales insistent sur le fait que le couvert forestier est indispensable pour réduire l'impact de la pluie et protéger le sol de l'érosion (MacKenzie, 1983). La théorie sur laquelle repose cet argument est juste car, en plaçant un obstacle entre la pluie et le sol, on réduit l'énergie cinétique de la pluie et on prévient de ce fait le détachement puis le déplacement des particules par érosion pluviale cinétique. Sur les pentes, celle-ci peut entraîner une érosion en nappe, puis en griffes, et un glissement important du sol vers le bas.

L'exploitation peut causer des inondations locales, mais son effet sur les grandes crues dues à des orages inhabituels est insignifiant

Le problème est que le couvert forestier, lorsqu'il est élevé, ne réduit pas l'énergie de la pluie. Si le couvert est distant du sol de plus de 10 m environ, les gouttes de pluie regagnent de la vitesse après avoir été interceptées, et les feuilles condensent la pluie en gouttes plus grosses qui ont un impact encore plus fort. Par exemple, Albizia falcataria (désormais Peraserianthes falcataria) avec une hauteur de couvert de 20 m a donné des gouttes de pluie dont l'énergie érosive atteignait 102 pour cent de celle de la pluie tombant sur terrain découvert; Anthocephalus chinensis, avec ses grandes feuilles, a donné aux gouttes une énergie érosive de 147 pour cent avec une hauteur de couvert de 10 m seulement (Lembaga Ekologi, 1980). Mosley (1982) a constaté que l'énergie cinétique totale de la pluie au sol, par unité de surface, était plus élevée une forêt ombrophile néo-zélandaise que sur un terrain découvert.

Des études ont montré que ce sont la litière de feuilles, les horizons humiques et le sous-étage qui fournissent une protection contre l'érosion (Wiersum, 1985). La présence d'arbres ne suffit pas à elle-seule à empêcher l'érosion sur les pentes. Dans les montagnes du Népal, de l'Inde et du Bangladesh, par exemple, les agriculteurs ont l'habitude de ramasser la litière forestière qu'ils utilisent comme combustible ou comme litière pour le bétail. Cette pratique augmente les risques d'érosion, et c'est notamment pour réduire ces risques que l'on a entrepris de reboiser ces régions. Dans le même but, le projet de foresterie communautaire Népal-Australie a encouragé les agriculteurs à élaguer plus fréquemment les arbres plutôt que de ramasser les feuilles ou les aiguilles qui s'accumulent chaque année en surface. Wiersum (1984) a fait la synthèse d'un grand nombre de travaux de recherche sur l'érosion selon les systèmes forestiers ou de culture arbustive et a présenté un tableau des moyennes (voir tableau p. 21). On remarquera que chaque fois que la litière est enlevée, le taux d'érosion augmente sensiblement.

Il est important par conséquent de centrer son attention sur l'activité au niveau du sol plutôt que sur les cimes. Si l'on s'inquiète, par exemple, de l'érosion de surface ou de la sédimentation, ce n'est pas la coupe des arbres qui cause des problèmes, mais ce qu'il advient de la couverture vivante lorsque la forêt est exploitée. Dans ce domaine également, il est facile de se laisser abuser par la réthorique et de mal identifier la cause du problème, autrement dit de passer à côté des vraies solutions.

Toutefois, il faut signaler que le simple fait de couper des arbres peut accélérer un autre type d'érosion - la reptation. Si l'espèce coupée ne forme pas de taillis et ne maintient pas en vie le système de racines, on diminue la résistance au cisaillement des sols portés à la reptation. O'Loughlin (1974) et O'Loughlin et Ziemer (1982) signalent que l'incidence de la reptation du sol est plus élevée dans les forêts coupées que dans les forêts non coupées. Comme on a aujourd'hui les moyens de déterminer quelles pentes et quels sols ont tendance à descendre, il suffirait de laisser ces zones inexploitées.

L'agroforesterie permet d'utiliser les terres de manière productive et de résoudre les problèmes d'érosion et d'eau

L'agroforesterie présente beaucoup d'avantages potentiels, en particulier pour les petits paysans de montagne, à qui elle permet d'économiser certaines ressources naturelles en leur fournissant les produits dont ils ont besoin en même temps que des revenus, et qui peuvent, grâce à elle, améliorer leurs cultures. Lorsque l'agroforesterie est correctement pratiquée, elle peut aussi contribuer à stabiliser les cultures itinérantes et à ralentir par conséquent l'exploitation des forêts naturelles.

Certains promoteurs prétendent qu'il suffit d'intégrer des arbres dans le système pour mieux lutter contre l'érosion et les inondations et rendre aux cours d'eau un débit minimal pendant la saison sèche. C'est faux! Des arbres de petite stature peuvent effectivement réduire l'érosion pluviale cinétique sous leur cime, notamment si les feuilles ne sont pas trop grandes. Ils peuvent également fournir la litière feuillue qui protège normalement la surface du sol. Mais si on enlève cette litière pour empêcher qu'elle ne gêne les cultures intercalaires, elle ne sert plus à rien. Ce seront donc essentiellement les pratiques en matière de cultures intercalaires et de gestion du sol qui réduiront l'érosion de surface, et non pas la présence d'arbres.

Dans les bassins où les sols sont compactés sur de grandes étendues par le surpâturage ou sur les terres très érodées, la pratique de l'agroforesterie dans les parties rurales pourrait être un moyen de lutter contre les inondations, à condition toutefois que des mesures appropriées de conservation des sols et des eaux soient appliquées aux autres éléments du système, afin d'améliorer la capacité d'infiltration de ce dernier. Cependant, il ne faut pas oublier que les arbres aux racines profondes accaparent l'eau du sol pendant la saison sèche, au risque d'assécher les cours d'eau. En plantant des arbres sur les terres cultivées ou sur des pâturages, on risque de faire baisser la nappe phréatique, ce qui surprend souvent. Pourtant, c'est précisément à cause de ce phénomène que l'on cherche à promouvoir l'agroforesterie dans les régions où la hausse des niveaux d'eau salée consécutive au défrichement pose des problèmes contre lesquels on doit maintenant lutter (dans la zone de culture du blé en Australie occidentale, par exemple).

Le boycottage des bois d'œuvre tropicaux arrêtera le déboisement

Au début, les gouvernements exportateurs de bois d'œuvre, les forestiers et les experts de l'utilisation du sol dans les tropiques ont eu tendance à prendre l'appel au boycottage des importations de bois tropicaux lancé par les défenseurs de l'environnement pour une plaisanterie ou une aberration. Aujourd'hui, plus personne ne plaisante. Goodland (1990) a établi une liste des initiatives prises pour arrêter le commerce des bois tropicaux, à laquelle l'auteur a ajouté quelques initiatives récentes (voir encadré p. 24).

Les partisans du boycottage ont des préoccupations louables, mais ils ne s'attaquent pas au vrai problème, et ce qu'ils proposent risque bien souvent d'accentuer le déboisement au lieu de le freiner. Or, c'est le déboisement qui est préoccupant et non pas l'exploitation des forêts en elle-même. Plutôt que de boycotter le bois tropical, il faudrait pratiquer une gestion saine, dont l'exploitation des forêts ferait partie intégrante, et s'occuper, au-delà du secteur forestier, de réformer les systèmes de propriété foncière, d'intensifier la production sur les terres cultivées existantes, de créer de nouveaux emplois, etc. (Rambo et Hamilton, sous presse; Westoby, 1989). Fermer les marchés au bois tropical signifierait, dans bien des cas, dévaloriser les forêts aux yeux des gouvernements ou des propriétaires privés, qui risqueraient de s'en désintéresser encore davantage et d'accélérer leur conversion en quelque chose de plus rentable mais à court terme seulement.

Une possibilité qui mérite d'être étudiée serait de demander aux consommateurs de ne pas renoncer à ces bois merveilleux, mais plutôt de payer plus cher ceux qui sont récoltés dans des conditions satisfaisantes, avec des méthodes de coupe correctes qui préservent le sol et l'eau et avec un contrôle permanent sur la forêt coupée en vue des prochaines récoltes. A l'heure actuelle, un très petit nombre de régions répondent à ces critères, peut-être un huitième seulement de 1 pour cent de toutes les forêts tropicales (Poore, 1988). Mais on pourrait en faire l'essai sur des sites comme ceux récemment créés en Malaisie, à Lesong, Sungai, Chrul et Kledang, dans le cadre d'un projet pilote de l'OIBT (Anon., 1990). Etant donné qu'une foresterie viable revient plus cher que le pillage, les consommateurs devront accepter de payer la différence.

Une autre solution partielle consisterait à accorder davantage d'attention à la mise en valeur des produits non ligneux des forêts tropicales.

Dans bien des cas, la récolte soutenue de ces produits (et leur commercialisation plus ordonnée et assistée) pourrait apporter une contribution précieuse à l'économie nationale. En outre' au lieu d'entraîner le déplacement et la dépossession des habitants des forêts, cette solution permettrait de les intégrer dans le système de développement économique en les encourageant à poursuivre leurs activités forestières traditionnelles.

Toutefois, ceux qui souhaitent interdire la récolte du bois en faveur des produits forestiers non ligneux doivent savoir que le rotin, les orchidées et n'importe quel autre produit peuvent aussi faire l'objet d'une surexploitation en l'absence de tabous, de contrats sociaux, de moyens de faire appliquer les lois ou de sagesse écologique appliquée (rarement constatée). Weinstock (1983) et Siebert (1989) en Indonésie ont montré comment la surexploitation peut aussi entraver la production durable de ressources non ligneuses.

Exemples d'appels au boycottage des bois tropicaux

1987. Royaume-Uni - Les amis de la Terre demandent le boycottage des bois tropicaux.

1988. Allemagne, Rép. féd. - 200 municipalités cessent d'utiliser des bois tropicaux.

1988 (juillet). Le Parlement européen annonce que tous les Etats Membres interdiront les importations de Sarawak (décision qui devait être rejetée par la Commission européenne).

1989 (janvier). Allemagne, Rép. féd. - Le Ministre de la construction annonce que le gouvernement a cessé d'utiliser des bois tropicaux.

1989. Allemagne, Rép. féd. - La Fédération des importateurs de bois adepte un code de conduite pour les importateurs de bois.

1989 (février). La Fédération européenne des associations d'importateurs de bois tropicaux propose d'imposer les, importations de bois tropicaux dans la Communauté européenne.

1989 (avril). Australie - Le gouvernement fédéral envisage d'interdire les importations de bois provenant des forêts ombrophiles (aucune décision n'est prise).

1989 (février). Pays-Bas - Près de la moitié des gouvernements locaux cessent d'utiliser des bois tropicaux.

1989 (octobre). Japon - Dans un discours prononcé au Royal Hôtel d'Osaka, l'ancien président des Etats-Unis, Ronald Reagan, soulève l'éventualité d'un boycottage des produits japonais, en mentionnant l'exploitation des forêts tropicales.

1989 (novembre). Japon - La Malaisie oppose son veto à la proposition de l'OIBT d'étiqueter les bois tropicaux en fonction de la pérennité de leur source.

1990 (février). Royaume-Uni - Le Prince Charles demande le boycottage des bois durs tropicaux provenant de sources non durables.

1990 (mars). Etats-Unis - Un projet de loi qui interdirait les achats par l'Etat de bois tropicaux est soumis au Congrès du Massachusetts.

1990 (avril). Etats-Unis - Le Rainforest Action Network réclame l'interdiction des importations et de l'utilisation des bois tropicaux.

1990 (juillet). Etats-Unis - Le Sierra Club commence à mettre au point une politique de, boycottage sélectif des bois tropicaux selon les pays d'origine.

1990 (septembre). Etats-Unis - La Rainforest Alliance publie un guide du, consommateur de bois tropicaux mettant l'accent sur les ressources provenant de plantations.

1990. Royaume-Uni. - L'Ecological Trading Company tente d'identifier et d'homologuer «les bois durs tropicaux, produits de façon durable».

1990. Etats-Unis. - L'Etat d'Arizona interdit l'utilisation des bois tropicaux dans la construction d'édifices publics. Plusieurs villes des Etats-Unis, dont Bellingham, San Francisco et Baltimore, envisagent de faire, de même.

1990 (octobre). Le Parlement européen adopte une résolution interdisant les produits forestiers tropicaux. Les ministres de l'économie des pays membres de l'ANASE déclarent qu'ils y sont fermement opposés.

Source: Goodland (1990), avec ajouts de l'auteur.

Le boycottage du bois tropical risque plus d'accentuer la destruction des forêts tropicales que de l'atténuer

Les pâturages tropicaux sont des terres incultes qui devraient êtres boisées

Beaucoup de personnes, et la quasitotalité des forestiers, ne supportent pas les paysages sans arbres. Ainsi, de nombreuses régions prédisposées par leur climat et par leurs sols à être des pâturages ou des prairies naturelles ont été soumises à des projets concertés de boisement. Or, ces efforts ont rarement été couronnés de succès. On peut citer à cet égard l'exemple classique du Timber Culture Act de 1873 par lequel le Congrès des Etats-Unis voulait «encourager la plantation d'arbres sur les prairies de l'ouest» (Hibbard, 1924). En vertu de cette loi, toute personne qui plantait des arbres sur 16 ha de prairie et qui s'en occupait pendant 10 ans pour surveiller leur croissance devenait propriétaire, sans frais supplémentaires, de 64 ha (dont les 16 plantés). Cette loi a été un échec total à cause du climat, des incendies, des prédateurs et de la fraude, et a été abolie en 1891. Les rapports dont on dispose sur cette expérience font allusion au fait que les colons ne voulaient peut-être pas vraiment ces arbres et, même s'ils ne les ont pas délibérément brûlés, ils n'ont pas fait grand-chose pour empêcher leur destruction.

Cette histoire présente des ressemblances assez troublantes avec des expériences de reboisement faites récemment dans des régions couvertes d'herbage Imperata, Themeda ou Saccharum dans les tropiques. Les feux qui se propagent sur les herbages récemment plantés de jeunes arbres font souvent échouer les efforts de reboisement. On sait qu'une partie d'entre eux au moins sont allumés délibérément par les habitants de la région. Se pourrait-il qu'ils ne considèrent pas ces étendues comme des terres incultes et inutiles?

Dans son analyse de l'écologie agricole de Batak (Sumatra) intitulée Quel désert vert?, Sherman (1980) explique comment, après la récolte de riz ou d'autres cultures vivrières, la terre est rendue à Imperata en régime de pâturages, avec brûlage délibéré pour la maintenir en herbage. Une fois que le sol a retrouvé sa fertilité grâce à la mise en jachère de l'herbage (qui continue à produire un peu de fourrage), la région est plus facilement mise en culture qu'après la mise en jachère d'une forêt secondaire. Dove (1984) a montré que les musulmans de Sumbawa, dans l'est de l'Indonésie, apprécient beaucoup la viande de bétail sauvage, de karbau et de cerf Rusa qui vivent dans les herbages. La consommation de ces viandes est autorisée par leur religion, tandis que celle de cochon sauvage, principal gibier des forêts, est interdite. Ces groupes entretiennent délibérément ces herbages, alors que l'attitude officielle du gouvernement, non seulement en Indonésie mais ailleurs en Asie du Sud-Est, est qu'Imperata est une herbe nuisible (Dove, 1986). Les tentatives du gouvernement pour planter des forêts sur ces terres (souvent avec des arbres lui appartenant) se heurteront à une résistance, en particulier si ces herbages sont de facto une ressource communale.

Les gouvernements et les défenseurs de l'environnement accusent également Imperata, Themeda et Saccharum d'être une couverture vivante indésirable pour la gestion des bassins versants. Les pentes couvertes d'Imperata seraient responsables d'inondations, de l'abaissement des niveaux des cours d'eau en saison sèche et de l'assèchement des sources et puits, et entraîneraient une érosion et une sédimentation accrues par rapport aux pentes ayant un couvert forestier. Cet argument demande à être examiné de plus près.

Lorsque l'on compare les herbages aux forêts, toutes les recherches montrent que les herbages consomment moins d'eau que les forêts, que les nappes phréatiques sont donc plus élevées sous les herbages et que le ruissellement, la production annuelle d'eau et le débit des rivières tout au long de l'année (en période d'orages comme en basse saison) sont plus importants (Hamilton et King, 1983). Imperata et d'autres herbages grossiers, qui ne sont pas toujours du goût de certains types de bétail et ne sont donc pas entièrement consommés, peuvent constituer des couvertures vivantes très satisfaisantes d'un point de vue hydrologique, qui produisent plus d'eau que les forêts et n'entraînent aucune érosion. Encore une fois, comme pour l'agroforesterie, seule une bonne gestion des cultures permet d'éviter les effets négatifs. Alors qu'un pâturage modéré correspondant à la capacité de charge n'entraîne pas d'érosion locale, la plupart des herbages tropicaux sont probablement surpâturés, et c'est ce qui entraîne l'érosion. En outre, les herbages ont davantage tendance que les zones boisées à glisser et à s'affaisser. Les risques d'alluvionnement des cours d'eau sont donc plus élevés, notamment si les rives sont mises en herbage et pâturées.

Une partie au moins des programmes de politique foncière pourrait peut-être consister en programmes de vulgarisation visant à améliorer la gestion des herbages, plutôt que de viser automatiquement le reboisement. Dans certains cas' les communautés locales seront sans doute tout à fait disposées à accepter le processus de reboisement, voire à y contribuer, à condition que leur participation soit sollicitée dès le stade de la planification, et qu'elles soient convaincues que les arbres leur rapporteront davantage qu'Imperata ou Themeda. Mais lorsque la communauté considère les herbages plus utiles, le reboisement ne se fera (s'il se fait jamais) qu'au prix de difficultés considérables. Même dans ce dernier cas, il vaut mieux savoir à quoi on s'expose avant de se lancer dans une entreprise de reboisement à grande échelle et coûteuse.

Conclusion

Cet article ne prétend pas à l'exhaustivité. Il existe bien d'autres slogans, revendications et déclarations trompeuses qui font l'objet de débats publics, mais qui illustrent en fait les quatre maux dont souffrent les forêts tropicales, à savoir: le mythe, le malentendu, la désinformation et l'interprétation erronée. L'un de ces slogans qui ont la vie dure, malgré quelques excellentes analyses (Davidson, 1985; Poore et Fries, 1985; FAO, 1988), est celui selon lequel «les eucalyptus sont de méchants arbres» qui volent aux paysans l'eau, le sol et la faune sauvage (voir Lohman, 1990). D'après un autre de ces clichés, toutes les cultures itinérantes ont des effets destructeurs et sont la principale cause de la disparition des forêts tropicales. Nos efforts pour rétablir la vérité sur ces questions, ainsi que sur les huit autres examinées plus en détail ci-dessus, détournent notre attention de la longue liste de réelles priorités en matière de recherche, de gestion et de politique.

Les questions qui méritent vraiment toute notre attention et auxquelles nous devrions consacrer nos ressources sont les suivantes: évolution des modes de propriété et de contrôle des forêts naturelles, notamment dans les tropiques; amélioration de la gestion et de l'utilisation des forêts secondaires; établissement de normes et de documents concernant l'exploitation forestière durable et permettant de prouver que l'exploitation et la conservation sont compatibles; promotion d'institutions et accords institutionnels; contribution économique des zones forestières protégées dans les parcs et les réserves; comment augmenter les profits que la population locale tire des produits forestiers ligneux et non ligneux; réduction de l'écart entre la valeur du bois tropical dans la forêt et celle du produit final dans le monde industrialisé; comment faire pour qu'une plus forte proportion des redevances attachées au bois revienne à la forêt d'où le bois provient; méthodes de résolution des conflits avec les habitants ou les utilisateurs traditionnels des forêts et transfert de certains droits à ces derniers; intensification des recherches sur les mangroves; restauration des écosystèmes naturels dans les forêts dégradées; recherche de solutions novatrices aux problèmes liés à la propriété foncière dans les forêts et à l'extérieur des forêts; mise au point et mise en pratique de méthodes d'exploitation durable et suppression des pratiques illégales; et (en liaison étroite avec ce dernier point) création d'un cadre d'ingénieurs forestiers suffisamment formés, motivés, s'appuyant sur des principes éthiques et correctement payés. Si l'on veut que les forêts tropicales contribuent à un développement durable et continuent à exister en tant que réservoirs de diversité biologique, les efforts dans tous ces domaines doivent être intensifiés de façon spectaculaire.

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