The FAO programme for the prevention and control of vitamin A deficiency
El programa de la FAO para la prevención y lucha contra la deficiencia de vitamina A
M.Buyckx
Docteur en médecine, nutritionniste en poste au siège de la FAO à Rome, Maxime Buyckx collabore depuis cinq ans au Programme FAO de prévention et de lutte contre la carence en vitamine A et en autres oligo-éléments.
La vue, mécanisme physiologique fascinant et extrêmement complexe, est possible grâce à l'il, qui reçoit les informations lumineuses et les transmet au cerveau, qui à son tour leur donne une signification. L'il transforme les radiations lumineuses en impulsions nerveuses grâce à des réactions enzymatiques qui ont lieu au niveau des cellules spécialisées de la rétine. C'est en effet grâce aux cônes et aux bâtonnets que les radiations lumineuses sont traduites en sensations spécifiques de lumière, de couleur et de forme, organisées ensuite au niveau du cerveau en une représentation de l'espace. Le rétinol est la substance qui permet, au niveau de la rétine, la conversion de la lumière en impulsions nerveuses. Cette substance indispensable à la vision est aussi communément appelée vitamine A. Une concentration plasmatique insuffisante en rétinol est la couse de la xérophtalmie, du grec «il sec». Le terme xérophtalmie s'utilise pour définir d'une manière générale toutes les manifestations oculaires dues à une carence en vitamine A, allant de la cécité nocturne (héméralopie) à la destruction ou la nécrose de la cornée (kératomalacie) et, en l'absence d'un traitement, à la perte fonctionnelle de l'il. On désigne sous le terme de cécité nutritionnelle toutes les manifestations pathologiques dues à un apport insuffisant en vitamine A. En plus de cette fonction directement liée à la vision, la vitamine A joue un rôle important dans le maintien de l'intégrité des tissus épithéliaux de l'organisme, en particulier celui de la cornée. Des recherches ont également attribué à la vitamine A une fonction protectrice contre le développement de certains cancers.
Mais où se trouve la vitamine A? Elle est présente dans les aliments sous deux formes: sous forme de rétinol qui peut être directement utilisé par l'organisme, et sous forme de différents types de carotènes regroupés sous le terme de provitamine A. Ces derniers doivent d'abord être métabolisés et transformés par l'épithélium intestinal en rétinol avant d'être déversés dans la circulation sanguine et utilisés au niveau de la rétine. Le lait maternel ainsi que les aliments d'origine animale - notamment le lait de vache, le foie, le beurre et certaines huiles de poisson - contiennent du rétinol. Certains végétaux, surtout les fruits jaunes (à l'exception des agrumes), les légumes orange et jaunes, les légumes feuillus vert foncé et l'huile de palme rouge sont riches en carotènes (voir tableau 1). Une alimentation saine et équilibrée fournit une quantité suffisante de vitamine A à l'organisme pour couvrir ses besoins et maintenir des réserves adéquates. L'excédent de rétinol peut en effet être conservé en vue d'une future utilisation, car l'organisme a la possibilité de le stocker dans le foie; cette réserve hépatique permet, en cas d'absence totale de vitamine A dans l'alimentation, de subvenir aux besoins de l'organisme pendant une période allant de quatre à six mois.
TABLEAU 1
Disponibilités alimentaires en vitamine A dans le monde et par région
Food availability of vitamin A in the world and by region
Disponibilidades de vitamina A en los alimentos, en el mundo y por región
|
Equivalent rétinol |
|||
1964-1966 |
1979-1981 |
1964-1966 |
1979-1981 |
|
(sources animales et végétales) |
(sources végétales) |
|||
Monde |
717 |
785 |
482 |
541 |
Afrique |
899 |
895 |
734 |
725 |
Amérique du Nord et centrale |
898 |
920 |
377 |
437 |
Amérique du Sud |
562 |
599 |
297 |
298 |
Asie |
575 |
667 |
493 |
564 |
Europe |
1 053 |
1 197 |
471 |
531 |
Océanie |
1 189 |
1 078 |
454 |
462 |
Source: Annuaire FAO de la production 1983, vol. 37. FAO, Rome, 1984. p. 271-276.
TABLEAU 2
Estimation des besoins en vitamine A
Estimates of vitamin A requirements
Estimación de las necesidades de vitamina A
Groupe |
Age |
Besoins de base |
Apport de sécurité |
(années) |
(m g d'équivalent rétinol/jour) |
||
Nourrissons |
0-1 |
180 |
350 |
Enfants |
1-6 |
200 |
400 |
6-10 |
250 |
400 |
|
10-12 |
300 |
500 |
|
12-15 |
350 |
600 |
|
Garçons |
15-18 |
400 |
600 |
Filles |
15-18 |
330 |
500 |
Hommes |
>18 |
300 |
600 |
Femmes |
>18 |
270 |
500 |
Femmes enceintes |
|
370 |
600 |
Femmes allaitantes |
|
450 |
850 |
Les besoins estimés et les apports journaliers recommandés de vitamine A ont été établis depuis longtemps (tableau 2) et ont été révisés récemment par une commission conjointe FAO/OMS (Organisation mondiale de la santé). Ces données sont très utiles pour planifier des interventions dans des zones où sévit une carence alimentaire et où il est prévisible que des manifestations d'avitaminose A apparaîtront.
Malgré toutes nos connaissances sur la carence en vitamine A et bien qu'elle ait disparu depuis longtemps dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, cette carence est encore aujourd'hui un fléau quotidien pour de nombreux pays en développement. Les enfants âgés de six mois à six ans en sont généralement les victimes et en paient souvent les conséquences toute leur vie.
HISTORIQUE ET DONNÉES ACTUELLES SUR LA PRÉVALENCE DE LA XÉROPHTALMIE
La xérophtalmie ainsi que l'efficacité thérapeutique de la consommation de foie étaient déjà bien connues des Egyptiens. Au Moyen Age, la cécité nocturne était répandue en Europe, mais elle a disparu peu à peu grâce au développement économique et à l'amélioration des conditions d'hygiène. Pourtant, au cours de la première et de la seconde guerre mondiale, de petites épidémies de cécité nocturne ont réapparu dans les régions souffrant de pénurie alimentaire.
C'est au cours des années 70 que la communauté internationale a pris conscience de l'importance et de l'ampleur du problème dans les populations affectées. L'OMS et l'AID (Agence pour le développement international) ont recueilli des données épidémiologiques sur la prévalence de la xérophtalmie et attiré l'attention sur la gravité de la carence en vitamine A. A la suite de ces démarches, le Groupe consultatif international sur la carence en vitamine A (IVACG) a été créé dans le but d'orienter les activités visant à la réduction de la carence en vitamine A dans le monde. En plus de ces activités au niveau international, plusieurs pays ont mis en place des programmes nationaux de distribution de capsules de vitamine A à haut potentiel (200 000 unités internationales) afin de traiter les manifestations cliniques de la xérophtalmie. (Une dose de 200 000 UI de vitamine A par voie orale permet de protéger un enfant de plus d'un an pendant une période allant de trois à six mois.) La possibilité de protéger rapidement des groupes à risque pendant une période plus ou moins longue est très précieuse mais ne résoud pas le problème à la base. La seule solution est l'approvisionnement adéquat en aliments riches en vitamine A, en particulier des jeunes enfants et des femmes enceintes et allaitantes.
Au cours des années 80, des recherches épidémiologiques sur le rôle de la vitamine A chez les jeunes enfants dans les pays en développement ont mis en évidence une corrélation entre la consommation de vitamine A et la réduction des taux de morbidité et de mortalité des jeunes enfants. Cette découverte - bien que nécessitant des confirmations ultérieures - a évidemment renouvelé l'intérêt pour la mise en place de programmes de prévention contre la xérophtalmie.
Actuellement, l'OMS estime que près de 500 000 enfants deviennent aveugles chaque année à cause de la carence en vitamine A; la moitié de ceux-ci sont destinés à mourir peu de temps après1. De plus, chaque année, des manifestations oculaires pathologiques moins graves, toujours dues à un apport insuffisant en vitamine A, affectent 5 millions d'enfants en âge préscolaire. Les enfants vivant dans les zones où la carence en vitamine A est endémique sont également victimes d'autres maladies, comme la rougeole ou la diarrhée; ces infections, très communes dans les pays en développement, peuvent aggraver un état subclinique de carence en vitamine A et entraîner la cécité et la mort en quelques jours ou semaines. Sur la base des données récoltées et des critères adoptés pour définir un problème de santé publique, l'OMS a établi une carte mondiale de la xérophtalmie permettant d'identifier les pays affectés et de sélectionner les interventions requises (voir la carte).
1 Voir La vitamine A sauve la vue. OMS, Genève, 1985.
PROGRAMME DÉCENNAL DES NATIONS UNIES POUR LE CONTRÔLE ET LA LUTTE CONTRE LA CARENCE EN VITAMINE A
Les Nations Unies ont lancé en 1985 le Programme décennal des Nations Unies pour le contrôle et la lutte contre la carence en vitamine A, par l'intermédiaire du Comité administratif a la coordination et de son Sous-Comité à la nutrition (CAC-SCN). Ce programme a pour but de fournir aux pays où la carence en vitamine A est reconnue comme un problème de santé publique l'assistance technique et 'aide matérielle et financière nécessaires à la mise en place de projets et d'activités visant à réduire et prévenir les conséquences de la xérophtalmie. La FAO, l'OMS, le FISE (Fonds international de secours à l'enfance) et l'Unesco (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) sont chargés d'exécuter ce programme. Celui-ci reprend les diverses approches du problème de la carence en vitamine A, qui peuvent se résumer ainsi:
· Action à court terme (curative): distribution de capsules de vitamine A.
· Action à moyen terme (préventive): enrichissement alimentaire en vitamine A.
· Action à moyen/long terme (préventive); production et incitation à la consommation d'aliments riches en vitamine A.
Ces distinctions sont, bien entendu, théoriques; certes, elles facilitent l'analyse et fixent les domaines d'intervention des organisations d'exécution, mais elles ne sous-entendent ni succession chronologique ni ordre de priorités. Ces actions, dont les effets sont à court, moyen ou long terme, doivent être exécutées simultanément dans les pays où la carence en vitamine A est un grave problème de santé publique.
Distribution de capsules de vitamine A. Cette première option existe depuis longtemps dans de nombreux pays. Elle permet de bloquer immédiatement la symptomatologie de la carence en vitamine A et ses conséquences et joue donc un rôle essentiel dans les situations d'urgence ou dans les premières phases d'un programme intégré de lutte contre l'avitaminose A. Dans certains pays, on a espéré pouvoir supprimer la xérophtalmie grâce à de vastes campagnes de «vaccination» /distribution de capsules de vitamine A, en les intégrant dans les activités de soins de santé primaires. L'idée s'est heurtée à plusieurs difficultés. D'une part, les campagnes de distribution ont du mal à atteindre de manière efficace et peu coûteuse les groupes les plus touchés et défavorisés, ces derniers étant généralement les plus éloignés des points de distribution ou habitant des zones dépourvues de centres de santé. D'autre part, la distribution de capsules nécessite la mise en place d'un système de suivi et de contrôle de la distribution (un surdosage de rétinol provoquant des effets indésirables), suivi qu'il n'est pas toujours facile d'assurer étant donné la nature des populations prises en charge, les zones où se déroulent les opérations et le coût d'une équipe de suivi. Malgré l'intérêt de cette approche, il est évident qu'elle ne peut pas, à elle seule, résoudre de façon durable le problème de la carence en vitamine A. De plus, si le programme de distribution de capsules n'est pas complété par des activités d'éducation nutritionnelle et d'information, les populations auront tendance à considérer la xérophtalmie comme un problème médical et non pas nutritionnel.
Enrichissement alimentaire. La deuxième option consiste à incorporer de la vitamine A (ou d'autres nutriments) dans un aliment consommé couramment par une grande majorité de la population, comme le sel ou le sucre. Ces programmes ont donné de bons résultats dans plusieurs pays, principalement en Amérique latine. Cependant, aux problèmes de coûts et d'incorporation du nutriment dans l'aliment «vecteur» s'ajoute la difficulté de mettre en place un réseau efficace de distribution afin de joindre les populations les plus éloignées des centres de distribution. De plus, le prix d'achat de l'aliment enrichi doit être plus bas que celui des autres aliments disponibles sur le marché afin d'en encourager la consommation. Pour ces raisons, ces programmes bénéficient généralement d'une importante subvention de l'Etat; mais des changements de politique nationale, des périodes de récession économique ou tout simplement des changements de politique sanitaire peuvent interrompre ces programmes d'enrichissement alimentaire, laissant à nouveau les populations à risque sans solution durable.
Signalons ici que les organisations s'occupant de secours alimentaire et d'opérations d'urgence en cas de famine ou de catastrophes naturelles (comme le Programme alimentaire mondial ONU/FAO) utilisent dans leurs programmes de distribution alimentaire des aliments enrichis avec divers nutriments, en particulier la vitamine A.
Production et incitation à la consommation d'aliments riches en vitamine A. La troisième option offre une solution durable au problème de la xérophtalmie. La participation de la FAO au Programme décennal des Nations Unies pour le contrôle et la lutte contre la carence en vitamine A se situe évidemment au niveau de cette option.
PROGRAMME FAO DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE LA CARENCE EN VITAMINE A
Pour illustrer son programme, la FAO a publié une brochure intitulée «Préserver la vue». Les objectifs et la stratégie de l'Organisation y sont clairement énoncés:
«La FAO apporte son aide aux gouvernements qui s'efforcent de lutter contre l'avitaminose A et la cécité nutritionnelle dans leur pays dans les domaines suivants:
· Evaluation, au moyen d'enquêtes sur la consommation alimentaire, de l'apport en vitamine A et en carotènes dans les zones urbaines et rurales, par région, par catégorie de revenu et en fonction d'autres facteurs influençant cet apport, notamment chez les enfants en bas âge.· Promotion, au niveau national, régional et familial, de la production et de la consommation locales d'aliments riches en vitamine A et en carotènes.
· Amélioration de la manutention, du stockage et de la transformation des aliments contenant de la vitamine A et du carotène.
· Planification et exécution de programmes d'éducation nutritionnelle, ainsi que préparation et expérimentation de matériel de formation et d'enseignement.
· Promotion de la distribution et de la consommation d'aliments riches en vitamine A et en carotènes dans le cadre de programmes d'aide alimentaire.
· Analyse d'aliments en vue de déterminer leur teneur en vitamine A et en carotènes.
· Mise au point de systèmes de suivi et d'évaluation dans le secteur alimentaire et agricole afin de surveiller l'efficacité et les effets des interventions.
L'approche de la FAO part de l'hypothèse que les populations se sentiront encouragées à prendre des mesures pour accroître leur consommation d'aliments riches en vitamine A une fois qu'elles auront compris la corrélation entre l'insuffisance de cette vitamine dans leur alimentation et la cécité nutritionnelle. L'idéal serait de combiner la production vivrière familiale avec l'éducation nutritionnelle: donner des informations sur les denrées d'origine végétale et animale riches en vitamine A, sur la manière de les cultiver ou de se les procurer et sur le meilleur moyen de les préparer selon les coutumes locales sans détruire la vitamine A au cours du processus.»
Pour atteindre ces objectifs, pendant les cinq premières années de son programme, la FAO a développé, dans 17 pays2, des projets et des activités visant à aider les gouvernements et les populations à réduire la prévalence de la carence en vitamine A3.
2 En Afrique: Bénin, Burkina Faso, Malawi, Mali, Mauritanie, Niger, Tanzanie, Tchad et Zambie; dans la région Asie et Pacifique: Bangladesh, Inde, Indonésie, Népal, Philippines et Viet Nam; dans la région Amérique latine et Caraïbes: Brésil et Haïti.3 Voire Programme vitamine A. Rapport succinct d'activité, les cinq premières années, 1986-1990. FAO, Rome, 1991.
L'interlocuteur principal de la FAO sur le terrain est le ministère de l'agriculture; ses représentants, dans les divers pays visités, ont toujours accueilli favorablement l'idée du Programme vitamine A, conscients que, pour résoudre d'une manière durable la xérophtalmie, l'effort devait porter sur l'augmentation de la production et de la consommation d'aliments riches en vitamine A. Pour le choix des aliments à promouvoir, il faut tenir compte du revenu, qui, dans les pays en développement, est souvent un facteur limitant à l'achat des denrées alimentaires. Aussi les fruits et les légumes, aliments peu coûteux, sont-ils généralement sélectionnés comme sources de vitamine A pour les populations les plus pauvres et les plus touchées.
Au cours des différentes missions effectuées sur le terrain, d'autres ministères et organismes nationaux ou internationaux ont été contactés dans le but d'intégrer les activités proposées par la FAO à celles déjà en cours d'exécution ou prévues à brève échéance. Ces contacts auraient dû permettre une coordination des activités curatives et préventives au niveau des pays, mais cela n'a pas toujours été réalisable pour diverses raisons que nous examinons plus loin.
En revanche, la collaboration entre les divisions techniques de la FAO s'est révélée un atout important pour le déroulement du Programme vitamine A. La Division des politiques alimentaires et de la nutrition est responsable de ce programme et chargée de stimuler et de coordonner les activités proposées par les autres divisions techniques. Par exemple, l'étroite collaboration avec la Division de la production végétale et de la protection des plantes, et plus particulièrement le Groupe des cultures horticoles, a permis de préparer des projets complémentaires où étaient étroitement liées production horticole et éducation nutritionnelle.
La technologie alimentaire, par le biais de la Division des services agricoles, contribue d'une manière décisive à la prévention de la carence en vitamine A, en particulier là où les variations saisonnières des productions maraîchères ont un impact négatif sur son incidence. Dans certains pays d'Afrique, par exemple, la mangue est produite en très grande quantité durant une période assez courte de l'année. Une bonne partie de la production est invendue et destinée à pourrir par manque de moyens pour la conserver; la mise au point de techniques semi-industrielles ou artisanales de transformation et de conservation de ce fruit, comme le séchage au soleil ou la fabrication de confiture, permettrait d'utiliser au mieux ce fruit, d'augmenter le revenu des agriculteurs et des personnes impliquées dans le processus de transformation et de conservation et, enfin, assurerait à la population un apport en vitamine A durant les périodes de sécheresse et de pénurie en produits maraîchers. Des activités visant à améliorer la technologie alimentaire ont été intégrées dans les projets FAO de lutte contre la carence en vitamine A.
Les aliments riches en vitamine A - Foods rich in vitamin A - Alimentos ricos en vitamina A
La collaboration avec la Division de l'information a permis de développer des activités et des projets de communication visant à sensibiliser les populations au problème de la xérophtalmie et à les informer des diverses solutions possibles. C'est ainsi que dans cinq pays de la région sahélienne un projet régional a été mis sur pied pour assurer la formation d'équipes intersectorielles de communication, de façon à les rendre capables de concevoir, produire et mettre en uvre des campagnes de communication multimédia dans le domaine de la lutte contre la malnutrition et l'avitaminose A. La radiodiffusion, les auxiliaires audiovisuels didactiques et la vidéo sont les instruments privilégiés de ces campagnes.
Le Programme vitamine A est, par la nature même du problème, étroitement lié aux femmes. En effet, elles ont un rôle fondamental à jouer dans la prévention. Tout d'abord, la connaissance du problème incite les mères à s'alimenter correctement et à consommer suffisamment d'aliments riches en vitamine A pendant la grossesse, leur permettant ainsi de mettre au monde des enfants disposant d'une réserve en rétinol qui les protégera durant les six premiers mois de la vie. Après cette période, ce sont toujours les mères qui se procurent les aliments et préparent le repas des enfants. La période du sevrage est une étape délicate dans la croissance de l'enfant, et une alimentation riche en vitamine A est très importante pour le protéger d'un environnement souvent difficile. La mère doit aussi être informée que les infections comme la diarrhée ou la rougeole provoquent une brusque diminution de la concentration plasmatique en rétinol et un épuisement rapide des réserves de vitamine A, ce qui met en danger la vie de leurs enfants. Cet exemple nous permet de souligner la nécessité d'une lutte multisectorielle contre la carence en vitamine A: des campagnes de vaccination contre la rougeole ou des mesures d'assainissement du milieu ont, elles aussi, un rôle très important à jouer dans la diminution des cas de xérophtalmie. Enfin, il est bien connu que dans les pays en développement les femmes, outre leur rôle de mères de famille, travaillent souvent dans le secteur de la production agricole et horticole, dans les champs et dans les jardins potagers par exemple. Par des activités dans ces secteurs, le Programme vitamine A a cherché à promouvoir le rôle des femmes dans la prévention de la carence en vitamine A, en leur transmettant les connaissances de base pour affronter le problème et résoudre les difficultés d'approvisionnement en aliments riches en vitamine A.
Un jardin potager communautaire - A community kitchen garden - Un huerto comunitario
Le Programme a également entrepris des activités dans le domaine de la vulgarisation agricole, par exemple transmettre des concepts simples de nutrition aux agents agricoles de base, de façon à ce qu'ils puissent conseiller les agriculteurs sur le choix des plantes à cultiver en fonction des besoins nutritionnels de leur famille. Une autre activité qui, elle, s'adresse directement aux enfants est la promotion de 'horticulture dans les écoles, combinée avec des cours d'éducation nutritionnelle simples. Cela requiert généralement une légère révision du curriculum scolaire, afin d'y insérer de nouvelles notions nutritionnelles, ou bien de créer ou remettre en état un petit jardin potager dans la cour de l'école. Cette formation des jeunes enfants aura un effet direct sur leur santé et sur celle de leur famille, mais elle n'est pas toujours facile à réaliser à cause des coûts d'entretien et de suivi qu'exige un jardin potager, les conditions climatiques et la disponibilité en eau pouvant être aussi des facteurs limitants.
En plus de cette intégration dans diverses disciplines, le Programme vitamine A a essayé de renforcer la coopération technique entre les divers pays touchés par l'avitaminose A; cela a été rendu possible par des réunions de travail internationales et la promotion de réseaux régionaux d'échange d'informations et de connaissances en Afrique et en Asie, permettant que les expériences acquises dans un pays profitent aux pays voisins, qui ont souvent des conditions similaires du point de vue climatique, social, agricole et environnemental.
II faut maintenant espérer que l'impact et les résultats positifs de ces projets permettront de continuer avec plus de vigueur les activités entreprises et de convaincre les donateurs de poursuivre et d'augmenter leurs investissements dans la solution agricole et alimentaire pour lutter contre la xérophtalmie.
PROBLÈMES ET CONTRAINTES DES PROGRAMMES ACTUELS DE LUTTE CONTRE LA CARENCE EN VITAMINE A
La lutte intégrée est la solution la plus efficace contre la carence en vitamine A. Malheureusement, l'approche médicale est encore prépondérante, et cela pour diverses raisons.
Dans de nombreux pays, en effet, la section de la nutrition dépend souvent du ministère de la santé. Une autre raison tient à l'importance, l'efficacité et la relative facilité d'utilisation de l'outil curatif qui permet, par la distribution de capsules de vitamine A, de stopper ou de prévenir les manifestations de la xérophtalmie. Trop souvent, cependant, cette action reste isolée et n'est pas liée à des solutions agricoles ou d'éducation nutritionnelle, si bien que cette activité prévue à court terme se prolonge dans le temps et perd peu à peu de son efficacité.
Enfin, les donateurs identifient l'avitaminose A à un problème principalement médical et ne sont pas prêts à financer des projets horticoles, de technologie alimentaire ou de formation de vulgarisateurs agricoles qui donneront des résultats à long terme. Ce délai est souvent une contrainte pour le donateur, qui préfère s'engager dans un programme pouvant donner des résultats rapides, et donc plus faciles à évaluer.
Les parties en cause - gouvernements, organismes nationaux et internationaux, donateurs - devront impérativement faire une évaluation critique des résultats obtenus jusqu'à présent, mettant en évidence les principales lacunes des programmes actuels. Les parties devraient ensuite réunir leurs connaissances, leurs capacités et leurs financements et proposer une nouvelle stratégie conjointe de prévention et de lutte pour améliorer la stratégie en cours qui n'a pas donné de résultats décisifs. Jusqu'à présent, ce qui a le plus manqué, c'est l'intégration des activités curatives et préventives.
Les pays touchés par la xérophtalmie doivent prendre une position ferme à ce sujet et obliger les institutions nationales et internationales, les organisations non gouvernementales (ONG) et les donateurs à insérer leurs activités dans la stratégie décidée par les pays eux-mêmes; pour cela, il est indispensable que chaque pays établisse au plus tôt un programme national de lutte contre la carence en vitamine A afin de définir les activités nécessaires, de les orienter de façon à compléter et à coordonner les actions déjà en cours et assurer ainsi une continuité dans la lutte. Ce plan national de lutte devrait être préparé par le ministère de la planification ou par une commission interministérielle chargée de réunir les propositions provenant non seulement des secteurs de la santé et de l'agriculture mais aussi de ceux de l'éducation, de la communication, des activités féminines, de l'agro-alimentaire et d'autres ministères et organisations. Cela permettrait une approche plus systématique du problème et une utilisation plus rationnelle des fonds alloués.
Les organisations internationales, les donateurs, les organisations d'aide bilatérale et les ONG devraient agir dans un même esprit, alliant meilleure concertation et planification des activités. Par exemple, l'IVACG, utilisé jusqu'à présent avec succès comme forum d'échange d'idées et d'informations surtout pour la recherche, pourrait jouer un rôle plus important s'il accordait, dans ses réunions, davantage de place au débat sur les stratégies de lutte contre la carence en vitamine A.
CONCLUSION
Malgré le peu de temps écoulé depuis sa mise en place, le Programme vitamine A de la FAO a entrepris de nombreuses activités. La principale difficulté tient à l'environnement international, très orienté vers les activités curatives. Heureusement, au cours de ces dernières années, grâce au programme de la FAO, de nombreux autres secteurs (agriculture, éducation, commerce) se sont intéressés au problème de la vitamine A, et les donateurs ont commencé, eux aussi, à comprendre la nécessité de donner une plus grande ampleur aux actions de lutte contre la xérophtalmie.
Une revue critique des activités entreprises pour prévenir et lutter contre l'avitaminose A durant les dernières décennies permet de constater que, malgré le potentiel de moyens techniques et financiers disponibles, les résultats obtenus n'ont pas toujours été satisfaisants; cela est surtout dû au fait que chaque secteur est resté isolé, en particulier celui de la santé.
Le Programme vitamine A a incité les autres secteurs et les donateurs à prendre en compte l'approche multisectorielle du problème de l'avitaminose A; la FAO continuera dans cette direction pendant la seconde phase de son programme. Le défi à relever est que, dans un futur proche, la carence en vitamine A ne soit plus considérée comme un problème médical, mais qu'elle soit englobée, tout en conservant son identité, dans des programmes de développement rural et dans des programmes d'envergure visant à donner aux populations une plus grande indépendance économique et sociale. Car, en définitive, la xérophtalmie n'est qu'un symptôme d'une maladie bien plus grave: la pauvreté.
Vitamin A deficiency is still a serious public health problem in many developing countries today. Inadequate vitamin A in the diet results in the set of symptoms known as xerophthalmia, which causes failing sight and eventual blindness if left untreated. Children between the ages of six months and six years are the major victims of this vitamin deficiency.
The problem of vitamin A deficiency, though not a new one, received very little international attention before the early 1970s. Programmes and activities designed to tackle this scourge then began to be implemented in the affected countries. The importance of vitamin A in the prevention of xerophthalmia and other diseases also clearly emerged from increasingly thorough investigations dating from the same period.
The World Health Organization today estimates that half a million children go blind every year from xerophthalmia, and several million more exhibit other symptoms of vitamin A deficiency.
In 1985, the United Nations launched a ten-year action programme to control and prevent vitamin A deficiency, with the collaboration of various UN agencies, each with its own mandate.
The Food and Agriculture Organization (FAO) is responsible for the execution of the long-term preventive programme, whose target is to increase the production and consumption of foods rich in vitamin A. FAO is also collaborating with the medium-term preventive programme to incorporate added vitamin A to more commonly consumed foods. The other approach, short-term and curative, is to distribute vitamin A capsules which can block the ocular symptoms.
The main objective of FAO's programme to control and prevent vitamin A deficiency is, accordingly, to promote the production and consumption of foods rich in vitamin A. This is the only option that can provide an independent and lasting solution for populations affected by vitamin A deficiency. The programme reached the half-way mark at the end of 1990 with quite a number of completed activities to its credit. Vegetable production projects have been prepared and implemented in various countries, fruits and vegetables being the least expensive sources of vitamin A. Food technology research projects, nutrition education activities, nutrition training courses for agricultural extension agents, school vegetable gardens, communications programmes and many other activities are also part of the series of actions undertaken by the programme. Obviously, many of these activities are aimed at women, who have a cardinal role in the prevention of this vitamin A deficiency.
Generally speaking, FAO's objective is greater consideration of the agricultural approach as a xerophthalmia control method. Indeed, vitamin A deficiency has so far been primarily perceived as a medical problem, whereas it is actually a nutritional problem. The upshot of this misperception is that donors are not sufficiently aware of and informed about the validity of the long-term food and agriculture solution to this problem, and representatives of the public health sector often tend to overlook approaches that complement their short-term activities.
A new and truly integrated control strategy is therefore essential. The governments of countries affected by vitamin A deficiency should insist upon this approach in order to optimize control funds and activities.
The second part of the FAO programme will continue to help countries prepare integrated activities and projects to provide the most effective possible assistance to the populations who need it.
La deficiencia de vitamina A es un grave problema de salud pública que aún sigue afectando a numerosos países en desarrollo. Las principales víctimas de esa avitaminosis son los niños de seis meses a seis años de edad que presentan diversos síntomas de la afección denominada xeroftalmía; ésta consiste en una disminución progresiva de la visión que, de no someterse a tratamiento, puede dar lugar a ceguera. La causa de la xeroftalmía es la insuficiencia de vitamina A en la alimentación.
Aunque se le conoce desde hace tiempo, el problema de la falta de vitamina A ha empezado a examinarse a nivel internacional sólo a partir del decenio de 1970, organizándose poco a poco programas y actividades para combatir ese flagelo en los diversos países afectados. Por otra parte, investigaciones cada vez más avanzadas realizadas durante ese mismo período han demostrado el papel, la función y la importancia de la vitamina A para la prevención de la xeroftalmía y también de otras enfermedades.
La Organización Mundial de la Salud ha calculado que anualmente se quedan ciegos unos 500 000 niños a causa de la xeroftalmía, y varios millones de ellos presentan otros síntomas provocados por la falta de vitamina A.
En 1985, las Naciones Unidas pusieron en marcha un programa decenal de control y lucha contra la taita de vitamina A; diversos organismos pertenecientes a esa Organización participan en el mismo con distintos mandatos.
La Organización para la Agricultura y la Alimentación (FAO), se encarga de poner en práctica la solución a largo plazo, que prevé el aumento de la producción y el consumo de alimentos ricos en vitamina A, y colabora asimismo en la adopción de medidas a plazo medio, también de carácter preventivo, que prevén el enriquecimiento con vitamina A de algunos alimentos consumidos por gran parte de la población. La otra solución, que es a corto plazo y de carácter curativo, tiene por objeto la distribución de cápsulas de vitamina A para controlar la sintomatología ocular.
Por tanto, el objetivo principal del programa de la FAO para la prevención y lucha contra la deficiencia de vitamina A es promover la producción y el consumo de alimentos ricos en vitamina A; ésta es la única medida capaz de ofrecer una solución independiente y duradera a las poblaciones afectadas por la carencia de vitamina A. A finales de 1990 ya se había ejecutado la mitad del programa y desarrollado numerosas actividades. En efecto, en diversos países se han preparado, y se están llevando a cabo, proyectos de producción hortícola (dado que las legumbres y las frutas son las fuentes menos caras de vitamina A); además, entre las actividades que se realizan en el marco del programa figuran proyectos de investigación sobre tecnología alimentaria, actividades de educación nutricional, cursos de formación en nutrición para los extensionistas agrícolas, huertos escolares, programas de comunicación y otras actividades conexas. Muchas de esas actividades están orientadas, naturalmente, hacia la mujer, a quien corresponde un papel primordial en materia de prevención.
En términos generales, el objetivo de la FAO es asegurar que en la lucha contra la xeroftalmía se tengan en cuenta, ante todo, los aspectos relacionados con la agricultura. La deficiencia de vitamina A se ha considerado hasta la fecha como un problema médico, tratándose en realidad de un problema nutricional. En consecuencia, los donantes no están lo suficientemente sensibilizados ni informados acerca de la validez e importancia de la solución agrícola y alimentaria a largo plazo, y los representantes del sector de la salud a menudo tienden a descuidar las soluciones complementarias de sus actividades a corto plazo.
Es necesario formular una nueva estrategia de lucha verdaderamente integrada, y los gobiernos de los países afectados por la deficiencia de vitamina A deben imponer la adopción de este enfoque a fin de que las actividades y los fondos asignados se utilicen de la mejor manera posible.
Durante la segunda parte de su programa, la FAO seguirá colaborando con los países en la preparación de proyectos y actividades integradas para ayudar con mayor eficacia a las poblaciones necesitadas.