ANNEXE 6
NOTE SUR LA PECHE DES CREVETTIERS ESPAGNOLS AU LARGE
DE LA GUINEE-BISSAU, LA GUINEE, LA SIERRA LEONE

Djiby Thiam

CRODT, BP 241, Dakar, Sénégal

1. INTRODUCTION

Les ressources démersales profondes sont exploitées au niveau du talus (ou pente) continental de l'Afrique de l'Ouest dans l'aire comprise entre les isobathes 150 m et 1000m. L'exploitation de ces ressources est relativement ancienne (Thiam et al., 1984) et s'effectue dans le cadre d'accord de pêche avec les pays maritimes de la région. La flottille la plus spécialisée dans l'exploitation de ces ressources profondes est de nationalité Espagnole. Cette flottille se divise en deux entités bien distinctes:

• d'une part, une flottille crevettière, totalement composée de navires congélateurs ayant pour espèce cible la crevette rose “gamba” (Parapenaeus longirostris);

• d'autre part une flottille de pêche fraîche constituée de glaciers recherchant préférentiellement les merlus (Merluccius senegalensis).

Les statistiques de pêche fraîche ne sont pas disponibles pour ce traitement. L'absence de navires exerçant ce type de pêche pourrait être liée:

• à une faible disponibilité (de l'espèce cible), elle même liée au caractère migratoire des merlus considérés comme espèce à affinité saharienne par Domain (1980). De petites quantités sont signalées épisodiquement dans les débarquements de la pêche industrielle en Sierra Leone (Jones, comm. pers.);

• à l'éloignement de ces zones de pêche. En effet, comme constaté au niveau des pêcheries situées plus au nord de la zone d'étude, les navires glaciers de pêche fraîche ciblant les merlus semblent préférer limiter leurs activités aux zones de pêche les plus proches des Iles Canaries et de la Péninsule Ibérique.

Nous ne nous intêresserons donc uniquement qu'aux navires de pêche crevettière profonde.

2. DESCRIPTION DES PECHERIES

La flottille de pêche, déja décrite par Thiam et al. (1984) au Sénégal est pratiquement la même que celle exerçant dans la zone s'étendant de la Guinée-Bissau à la Sierra Leone (Ramos Martos et al., 1991). Ce sont les mêmes navires qui acquièrent une licence de pêche au niveau des different pays.

Le talus continental (comprise entre les isobathes 150 m et 1000 m), relativement large au niveau de la Guinée, se trouve assez réduite en Guinée-Bissau et en Sierra Leone. Les caractéristiques granulométriques du talus au niveau de Guinée-Bissau sont bien décrites par Williams (1968).

3. ORIGINE DES DONNEES

Les données utilisées proviennent d'une part des formulaires de déclaration de captures des armateurs espagnols pour l'année 1981, et d'autre part des rapports des observateurs embarqués à bord des navires pour les années 1982 à 1988.

La série de données disponibles étant très fragmentaire pour les trois années sus-cités, l'objectif de ce travail n'est donc point d'estimer les débarquements et efforts totaux, mais d'évaluer l'évolution des prises par unitéd'effort toutes espèces confondues de 1981 à 1988. Les données de captures (kg) sont détaillées au niveau spécifique et la durée de chaque trait de chalut est exprimée.

Le tableau 1 présente pour chacune des trois années et par pays, le nombre de navires retenu pour les traitements. Certains de ces navires ont exercé une activité de pêche sur les trois années. Les résultats seront donc présentés par classe de TJB. Par souci d'uniformisation, la même répartition en classe de TJB utilisée par Thiam et al. (1984), Thiam et al. (1990) et Ramos Martos et al. (1991) sera adoptée:

4. LES CAPTURES

Elles ne concernent que les navires retenues pour le traitament. La liste des espèces débarquées par ce type de pêche est présentée en tableau 13. Il mérite d'être souligné qu'environ 80% des captures totales sont constituées par la crevette “gamba” (Parapenaeus longirostris). Les prises toutes espèces confondues effectuées par les navires retenues sont présentées pour chaque année, pays et classe de jauge brute aux tableaux 2 à 4.

5. LES EFFORTS DE PECHE

Les efforts de pêche toutes espèces confondues sont présentés aux tableaux 5 à 7. L'unité d'effort est l'heure de pêche effective. Il est intéressant de noter que d'une façon générale, les navires jaugant entre 200 et 300 TJB réalisent le plus d'heures de pêche. Ce fait, déjà discuté par Thiam et al. (1984) et Thiam et al. (1990), est confirmé par Ramos Martos et al. (1991) qui souligne qu'en Guinée-Bissau, 68% des unités de la flottile ont un TJB compris entre 150 et 300 tonneaux, et une puissance comprise entre 700 et 1100 CV.

6. LES PRISES PAR UNITE D'EFFORT (PUE)

Les prises par unité d'effort toutes espèces confondues, exprimées en kg/h de pêche, sont présentées aux tableaux 8 à 10. L'évolution de la PUE moyenne des navires jaugeant entre 200 et 300 TJB montre une tendance à l'augmentation (tableau 11). Les navires appartenant à cette classe effectuant en moyenne 12 heures de pêche par jour, les PUE observées en kg/h peuvent être converties en kg/jour de pêche (tableau 12). Ces résultats sont conformes à ceux déjà trouvé par Ramos Martos et al. (1991) en Guinée-Bissau. Ces auteurs signalent que la PUE toutes espèces confondues a atteint 890 kg/jour dans cette même zone en 1990 mais reste inférieure à celle realisée par les mêmes navires dans les pêcheries sénégalaises.

REFERENCES

DOMAIN, F., 1980. Contributions à la connaissance de l'écologie des poissons démersaux du plateau continental sénégalo-mauritanien. Les ressources dans le context général du Golfe de Guinée. Thése Doc. d'Etat, Univ. Paris VI et Mus. Nat. Hist. Natur., vol I: 342 p.

RAMOS MARTOS, A., I. SOBRINO YRAOLA, M.T. GARCIA JIMENEZ, FERNANDEZ PERALTA I., 1991. Las pesquerías espagñolas de crustáceos en aguas de Guinea Bissau. Doc. Scient. IEO Cent. Ocean. de Fuengirola, Malaga, España.

THIAM, D., A. CAVERIVIERE et M. THIAM, 1984. La pêche des crevettiers espagnols au large du Sénégal en 1980 et récapitulatif sommaire des résultats pour la période 1977 à 1979. Doc. Scient. CRODT.

THIAM, D., A. CAVERIVIERE et M. THIAM, 1990. L'exploitation des merlus et des crevettes profondes au Sénégal. COPACE/PACE SERIES 90/51.

WILLIAMS, F., 1968. Report on the Guinean Trawling Survey. Publi. Organ. Afr. Unity Sci. Tech. Res. Comm. 99, 3 vol.

Figure 1: La zone d'exploitation des ressources démersales profondes de Guinée-Bissau, et de Sierra Leone. (Source: Ramos Martos et al., 1991)

(*) non représentatif