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Editorial: Politique et législation forestières

Toute politique vise à définir et à suivre une ligne de conduite en vue de parvenir à un objectif déterminé. Ainsi, la politique forestière s'intéresse aux moyens de gérer les forêts et les ressources forestières dans l'intérêt de la population et de répondre aux exigences de la société, qui entend bénéficier des biens et services procurés par la sylviculture ainsi que de la valeur non vénale des arbres et des forêts.

Le rôle de la législation est d'orienter et de contrôler le comportement des particuliers et des groupes en fonction d'une politique déterminée. Les lois et règlements prévoient à la fois des mesures d'incitation en faveur des objectifs fixés par les politiques et des sanctions pour décourager les activités qui vont à l'encontre de ces objectifs. En outre, ils attribuent la responsabilité de la mise en œuvre à un ou plusieurs organes exécutifs.

Ces 20 dernières années, les perspectives concernant la fonction des forêts pour la société ont évolué, pour s'élargir de manière spectaculaire. La vision officielle relativement étroite selon laquelle les forêts sont surtout une source de bois et permettent de protéger les ressources en eau des terres hautes a été remise en question; à la place, on a prôné une approche qui reflète mieux la vaste gamme de possibilités et de demandes qui se rapportent aux forêts et aux ressources forestières.

Dans ce contexte, les politiques forestières et les règlements connexes de nombreux pays, aussi bien dans les régions en développement que dans les régions industrialisées, ont été critiqués pour leur décalage par rapport à l'évolution des priorités et leur incapacité à concilier des demandes potentiellement contradictoires. Le présent numéro d'Unasylva examine quelques-uns des éléments importants relatifs tant au «processus» qu'aux «produits», de la révision des politiques et des règlements forestiers.

Dans l'article principal, M.-R. de Montalembert et F. Schmithüsen examinent les conséquences politiques et juridiques du passage d'une notion traditionnelle de la gestion forestière axée essentiellement sur la forêt en tant que source soutenue de produits dérivés du bois à celle d'une gestion visant à tirer un flot continu de bénéfices multiples qui contribuent directement au bien-être de la population et à l'atteinte des grands objectifs de développement. Leur analyse permet de dégager un élément clé: même si la formulation officielle des politiques forestières relève du gouvernement, pour qu'une politique forestière soit réaliste et obtienne du succès, elle doit être un processus dynamique fondé sur la participation et l'acceptation de ceux qui sont concernés par elle. Une politique forestière moderne se doit de trouver un juste équilibre entre le sort de la population et celui des forêts.

M.T. Cirelli examine le processus de révision des règlements forestiers; il analyse notamment le rôle et l'incidence de l'aide internationale - à partir de l'expérience du Service droit et développement de la FAO - en vue de tirer des conclusions permettant d'accroître l'efficacité de ces activités dans le futur.

En ce qui concerne la conception ou la révision des politiques et règlements forestiers, on reconnaît de manière croissante qu'il importe surtout de concilier les statuts «officiels» et les pratiques traditionnelles dotées de mécanismes régulateurs. J.S. Fingleton examine la modification de l'équilibre entre l'autorité coutumière et l'autorité officielle en matière de gestion forestière dans les pays du Pacifique Sud. P.E. Wynter décrit l'exemple d'institutions villageoises pour l'utilisation des terres sur l'île d'Inhaca, caractérisée par des mangroves, au Mozambique; elle tire ensuite quelques conclusions sur l'avenir des politiques et règlements officiels en matière de gestion des ressources dans ce pays. G. Castilleja analyse l'évolution des politiques forestières dans trois pays d'Amérique latine, qui reflète la prise de conscience accrue à l'égard des droits des propriétaires fonciers autochtones, les fluctuations du marché et la sensibilisation croissante aux problèmes d'environnement.

L. Lönnstedt analyse les conséquences économiques de la politique forestière adoptée par la Suède en 1989 sur la production durable de biens, à valeur élevée, tirés de forêts privées non industrielles. F. H. McKinnell examine le processus de développement de la nouvelle politique forestière de l'Australie et ses conséquences.

Les deux derniers articles consacrés au thème principal de ce numéro couvrent les instruments politiques et juridiques permettant d'aménager deux secteurs précis au sein de la gestion des ressources forestières: T.J.P. McHenry examine les conséquences des politiques pour l'aménagement de la faune et la flore sauvages; J. Soussan présente une analyse des grandes options associées au rôle de la biomasse, notamment du bois de feu, en tant que ressource énergétique. Dans ces deux articles, il apparaît clairement que les politiques doivent tenir compte en priorité de l'imbrication des enjeux de chaque secteur et des questions plus vastes de développement.

Pour conclure, il faut souligner que pour répondre à l'évolution de la foresterie en faveur du développement, il est nécessaire - mais pas suffisant - de mettre en œuvre un processus dynamique et participatif permettant l'adoption d'un cadre politique et législatif. Pour que ce processus soit efficace, il faut déployer de larges efforts et veiller à réformer et à renforcer les institutions - publiques et privées - qui auront un rôle essentiel à jouer dans l'exécution des politiques révisées.


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