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Santé et sécurité des travailleurs forestiers en Finlande

H. Jokiluoma et H. Tapola

Hannu Jokiluoma est expert en inspection du travail dans l'industrie forestière à l'Organisation internationale du travail, à Genève.

Hannu Tapola est inspecteur en chef des forêts au Ministère du travail, à Helsinki.

Le travail en forêt continue d'être une profession comportant des risques élevés d'accidents et de maladies, mais en Finlande le taux des accidents a très sensiblement diminué au cours des 20 dernières années. Le présent article rend compte des efforts sur lesquels repose le succès finlandais, mais aussi des défis qui restent à relever.

Des mesures varices ont contribué à améliorer les conditions d'hygiène et de sécurité du travail forestier en Finlande. Il est possible de définir quelques-unes des caractéristiques essentielles et dates marquantes de l'élaboration d'une stratégie cohérente, qui est le fruit des efforts persévérants faits par tous les intéressés pour améliorer la situation. Un des atouts de cette amélioration a été l'apparition d'une mentalité fortement axée sur la sécurité. Nous pensons qu'il y a là un enseignement à conserver précieusement en prévision de nouveaux défis. Pour permettre de comprendre l'approche finlandaise et les conditions dans lesquelles elle s'est développée et a été mise en application, nous présentons un bref panorama de la foresterie et du travail forestier en Finlande, avant d'analyser la situation de la santé et de la sécurité.

La finlande vit de ses forets

La foresterie est le principal secteur industriel de la Finlande et représente 60 pour cent de ses recettes en devises. Le volume de bois récolté annuellement est d'environ 55 millions de m-3, ce qui est moins que la coupe annuelle autorisée dans le contexte d'une exploitation durable. La moitié de ce volume provient d'opérations d'éclaircissage, l'autre moitié d'abattages en fin de cycle.

Soixante-trois pour cent des terres forestières, qui assurent 80 pour cent de la croissance, appartiennent à des particuliers. La moitié des propriétaires forestiers sont des cultivateurs. L'industrie forestière possède 9 pour cent des terres; le reste appartient à l'Etat et aux communes.

Technologie et ressources humaines

Le travail forestier a subi de profondes transformations entre la fin des années 50 et le début des années 70. Les scies et les haches manuelles ont été remplacées par les scies à chaîne, et les premiers engins forestiers ont fait leur apparition. Les chevaux ont cédé la place aux tracteurs et aux débardeurs.

De nos jours, 75 pour cent du bois vendu sur pied sont traités mécaniquement par les exploitants, et cette proportion ne fait que croître. Les machines coupent, ébranchent et débitent les arbres. Le transport forestier se fait au moyen de débardeurs ou de tracteurs agricoles équipés pour la foresterie.

Ce travailleur forestier se repose dans sa tente au milieu de la forêt finlandaise

Les trois quarts des opérations d'abattage sont effectués par de grandes compagnies forestières, spécialement dans le cas des forêts appartenant à des familles, et par l'Office national des forêts dans ses propres forêts. Dans l'un et l'autre cas, le transport forestier et le débardage mécanisé sont confiés en sous-traitance à de petites sociétés. Vingt-cinq pour cent des abattages et 15 pour cent du transport forestier sont effectués par les propriétaires forestiers eux-mêmes. Pour les tâches sylvicoles, la proportion dépasse 50 pour cent.

Les tâches sylvicoles à fort coefficient de main-d'œuvre comprennent les plantations, le soin des plantations et l'élagage. La préparation du sol et la confection des fossés se font avec du gros outillage. Les pesticides sont utilisés pour protéger les plants et les herbicides servent parfois pour le désherbage et la lutte contre la broussaille.

Effectifs

Avec l'avènement de la mécanisation, le nombre des travailleurs forestiers a diminué en l'espace de quelques décennies, et la tendance s'est récemment accélérée. Depuis 1980, le nombre des travailleurs forestiers est descendu d'environ 35 000 à 20 000 à peine (Juntunen et Örn, 1992). Le tiers environ des effectifs forestiers consacre plus de 151 jours par an au travail en forêt. Bien que 10 pour cent seulement d'entre eux soient exclusivement employés à des activités de foresterie (à raison de plus de 200 journées de travail par an), ce groupe représente plus du tiers de toutes les journées de travail effectuées en forêt. La main-d'œuvre occasionnelle joue un rôle particulièrement important durant les pointes saisonnières.

Les entrepreneurs en mécanisation qui opèrent comme sous-traitants dans le secteur de la foresterie sont approximativement 1500. L'entrepreneur type possède de deux à quatre machines et n'emploie qu'un petit nombre de conducteurs d'engins. La taille de ces sociétés de sous-traitance est en augmentation, de même que la tendance pour celles-ci à exécuter la totalité des opérations de débardage: coupe, ébranchage et débitage avec abatteuses-ébrancheuses, transport forestier par débardeurs et même transport longue distance jusqu'à l'usine au moyen de camions-grumiers. Les compagnies de sous-traitance effectuent aussi des tâches sylvicoles, notamment la préparation du sol et la confection des fossés.

Vers la santé et la sécurité des travailleurs forestiers

La fréquence des accidents liés au travail en forêt a diminué en Finlande dans une proportion légèrement supérieure à la moyenne de toutes les industries pendant les années 80. Le travail en forêt reste néanmoins considéré comme dangereux comparé à d'autres professions en raison du taux élevé d'accidents mortels et de la forte proportion d'accidents graves. Ces quelques dernières années, entre 6 et 12 personnes ont perdu la vie chaque année en travaillant en forêt. La plupart sont des bûcherons, mais les conducteurs d'engins forestiers, les entrepreneurs, les contremaîtres et les propriétaires forestiers travaillant pour leur propre compte ne sont pas épargnés. Les deux tiers des accidents mortels survenus dans le cadre du travail en forêt sont liés à l'abattage des arbres. La plupart du temps, il s'agit d'arbres restés en suspension et que des travailleurs essaient de décrocher sans utiliser des méthodes de travail appropriées.

Principes fondamentaux des programmes sur la sécurité des travailleurs forestiers en Finlande

· Une coopération constructive entre toutes les parties intéressées, à l'échelon national et sur le lieu de travail.

· Le respect des intérêts de toutes les parties concernées.

· La gestion durable des forêts et la planification à long terme.

· Une formation efficace intégrant à tous les niveaux les questions de santé et de sécurité.

· La formation de spécialistes des questions de sécurité et des délégués, et membres des comités de protection du travail.

· Une législation et des directives tenues jour.

· Une administration de la protection du travail compétente et efficace, qui privilégié les avis et n'ait recours à la coercition qu'en ultime ressort.

· Le travail de recherche sur des méthodes de travail, une technologie, un outillage et un équipement sûrs et efficaces.

· L'amélioration continue de la conception des machines et des équipements.

Maladies professionnelles

Les maladies professionnelles dues à un effort physique excessif touchent généralement le dos, les épaules et le cou. Dans le travail sur machines, les vibrations et les oscillations de la machine, ainsi que des postures de travail inadaptées et statiques sont à l'origine de problèmes de santé. Le nombre de cas a été variable ces 10 dernières années, mais il semble qu'il diminue progressivement grâce à l'amélioration des mesures de sécurité.

Les maladies dues aux vibrations (comme la maladie des «doigts blancs») ont fortement diminué, grâce essentiellement à l'introduction de machines améliorées produisant moins de vibrations et de scies à chaîne plus légères. Le bruit constitue encore un risque important, et le nombre de maladies provoquées par le bruit a augmenté ces dernières années. Le port du serre-tête est la règle pour les travaux bruyants, mais les serre-têtes sont parfois en mauvais état. Les lésions auditives remontent souvent aussi aux temps révolus où l'on ne comprenait pas encore les risques d'une exposition excessive au bruit.

Vers la sécurité - quelques jalons à travers l'histoire

Des années 20 aux années 60

Dans les années 20, les mesures spéciales de sécurité consistaient à afficher des avis sur les murs des camps de bûcherons, à faire passer des films sur la sécurité et à fournir des instructions sur les techniques de travail et d'entretien de l'outillage. Les compétences de base s'acquéraient sur les lieux de travail et se transmettaient de bouche à oreille, souvent de père en fils.

La première législation sur les camps de bûcherons a été adoptée en 1928, et des inspecteurs du travail ont été recrutés. Ce fut là le premier véritable effort entrepris à l'échelle du pays pour améliorer la sécurité professionnelle et les conditions de vie et de santé dans les forêts.

Ce travailleur forestier finlandais inspecte une machine utilisée pour abattre les arbres

Le contrôle des salaires par des inspecteurs spécialisés a commencé dans les années 30, à l'époque de la grande dépression économique. Les premiers stages de formation et matériaux didactiques sur la préparation de la nourriture dans les camps de bûcherons remontent également aux années 30.

Dans les années 40 et 50, de courts stages commencèrent à être organisés sur les techniques de débardage et de plantation; la formation de formateurs à l'entretien des outils à main et à des méthodes de travail sûres et efficaces s'amorça. Les employeurs commencèrent à se rendre compte de l'importance de la formation.

L'introduction, dans les années 50, de l'outillage forestier, et en particulier des scies à chaîne, s'est traduite par des modifications des compétences nécessaires. Un pas important dans le travail forestier en Finlande a été accompli lorsqu'à été instituée, en 1963, la formation professionnelle systématique des travailleurs forestiers.

Depuis la fin des années 50, un accord salarial national puis des conventions collectives réglementent la rémunération de nombreuses autres conditions de travail dans le secteur de la foresterie et du transport du bois. Les systèmes d'assurances accidents, maladies et retraites (dont bénéficient aussi bien les travailleurs forestiers permanents que temporaires) ont été créés au début des années 60.

C'est aussi dans les années 60 que l'on a pleinement pris conscience de la gravité des problèmes de santé et de sécurité en foresterie; la fin de la décennie et le début des années 70 ont été une période d'intense activité en ce qui concerne l'amélioration de la sécurité et de la santé non seulement dans ce secteur, mais aussi dans d'autres activités industrielles.

Les années 70

L'Office national de la protection des travailleurs, créé en 1973, est devenu l'organe central chargé de superviser la protection des travailleurs. Au niveau des districts, une nouvelle structure a également été mise en place et dotée de ressources importantes. (En 1993, l'Office a été absorbé par le Ministère du travail.)

La législation sur la coopération en matière de protection sur les lieux de travail a été promulguée, et les partenaires sociaux (organisations patronales et syndicats) ont passé des accords de coopération sur la protection des travailleurs. Sur les lieux de travail, les coopératives ont trouvé leur rôle à jouer.

Des services de médecine du travail ont été mis en place au début des années 70, notamment pour les visites médicales des travailleurs forestiers. Les dispositifs de premiers secours ont aussi été améliorés. Les scies à chaîne ont fait des progrès sur le plan de l'ergonomie et de la sécurité, et les tracteurs forestiers ont été améliorés. De nouveaux types d'équipement de protection individuelle ont été introduits (pantalons et chaussures de protection). Les stages sur la santé et la sécurité ainsi que sur la formation en cours d'emploi se sont intensifiés, ce qui a permis d'améliorer les techniques de travail et les compétences professionnelles. Des ressources accrues ont été consacrées aux activités de recherche-développement sur la santé et la sécurité.

Les années 80

Dans les années 80, les progrès se sont poursuivis en ce qui concerne la protection des travailleurs forestiers, et une importance nouvelle a été réservée à certaines questions:

· la santé et la sécurité ont été vues comme un élément essentiel d'une production efficace et rentable;

· des réglementations juridiquement contraignantes sur la sécurité des opérations de débardage ont été adoptées;

· les mesures de sécurité et de santé concernant les conducteurs de machines forestières, les employés de bureau et les propriétaires forestiers travaillant pour leur propre compte ont été intensifiées;

· la charge de travail liée à la concentration mentale a monopolisé l'attention et a été reconnue comme faisant partie des questions touchant la santé et la sécurité professionnelles;

· les méthodes de travail se sont améliorées, les critères de compétence ont été relevés et le travail est devenu plus autonome.

La situation actuelle

Au fil des années, la Finlande a élaboré un ensemble complet de mesures visant à promouvoir la santé et la sécurité; ces mesures font intervenir toutes sortes d'éléments: formation, législation, avis, motivation, coopération, incitations, mise au point des produits et - si nécessaire coercition. Ces mesures et la division du travail dans l'optique de la sécurité sont décrites dans les paragraphes qui suivent.

Formation et éducation. Compétence et connaissances sont les deux clefs d'un travail efficient et sûr. Les questions de santé et de sécurité ont été intégrées à tous les niveaux de la formation. Santé et sécurité professionnelles sont ainsi devenues parties intrinsèques des procédures et techniques de travail.

En Finlande, ces autocollants sont placés pratiquement sur toutes les machines forestières. La pratique d'exercices physiques au cours de la journée de travail contribue à réduire les maladies liées au travail

La formation des travailleurs forestiers est maintenant chose acquise. Plus de 20 établissements d'enseignement technique la dispensent.

Elle consiste généralement en un cycle d'initiation d'une durée d'un an, suivi d'une spécialisation d'une année pour les travailleurs forestiers et pour les conducteurs de machines forestières. Une formation et un enseignement en foresterie sont également dispensés aux niveaux universitaire et postuniversitaire. La formation comprend des travaux pratiques auprès de l'établissement de formation et sur le terrain, afin de mettre les futurs employés et administrateurs au courant des problèmes quotidiens.

Les écoles forestières offrent aussi un vaste choix de stages de courte durée, en partie réalisés par des unités mobiles. Ces stages sont organisés à l'intention des propriétaires, travailleurs et administrateurs forestiers. De nature très diverse, ils sont organisés après analyse des besoins et en coopération avec des entreprises du secteur et avec d'autres organismes forestiers.

Législation. La législation sur la sécurité, la santé et les conditions de travail joue un rôle important en ce sens qu'elle établit les normes minimales concernant l'environnement professionnel, et constitue le cadre de base pour la coopération entre employés et employeurs. Pour l'essentiel, cette législation se compose de la loi sur-la protection des travailleurs, la loi sur la supervision de la protection des travailleurs, la loi sur la protection des jeunes travailleurs, la loi sur les services de médecine du travail et diverses lois sur les contrats de travail, les négociations collectives, les heures de travail et les congés.

La loi sur la protection des travailleurs est une loi-cadre, qui fixe les obligations et responsabilités générales des employeurs, employés, concepteurs et fabricants d'équipements, machines et produits chimiques, en matière de santé et de sécurité. Diverses réglementations complémentaires couvrent plus spécifiquement des activités (comme le débardage), machines ou produits dangereux.

D'après la loi sur la médecine du travail, tous les employeurs sont obligés d'assurer à leurs employés des prestations touchant la santé professionnelle (en plus de l'assurance-santé nationale de base). Le principe essentiel est la prévention des risques sanitaires. L'inspection des lieux de travail et la surveillance exercée par le personnel de santé permettent de planifier la manière dont les habitudes et méthodes de travail peuvent être corrigées.

Réglementations spéciales concernant la santé et la sécurité dans le secteur de la foresterie. La Décision du gouvernement sur la récolte du bois comprend des dispositions concernant la préparation des chantiers de débardage, l'abattage des arbres en suspension, l'organisation des communications et des premiers secours dans les zones dangereuses et isolées, le travail sur la glace, les installations de repos, les outils et machines et l'équipement de protection individuelle. D'autres règles et réglementations complémentaires concernent, par exemple, le bruit, les produits chimiques, les machines (scies à chaîne et scies à broussailles, tracteurs, abatteuses), l'équipement de protection individuelle et les examens médicaux.

Rôle de l'inspection du travail dans la foresterie. Aujourd'hui, c'est l'Inspection de la protection des travailleurs qui, au Ministère du travail, veille sur l'application de la législation. Les autorités compétentes comptent principalement sur les moyens de persuasion pour amener employeurs et employés à se soumettre aux obligations prévues par la loi. Les mesures de coercition et les sanctions ne sont utilisées qu'en dernier ressort. La coopération avec les organisations d'employés, d'employeurs, de sous-traitants et d'agriculteurs, avec d'autres autorités, avec le personnel des services de la médecine du travail, avec les fabricants, sociétés commerciales et autres organismes divers, a joué un rôle important dans la mise en œuvre et l'application de la législation. En foresterie tout particulièrement, on a vu dans une collaboration constructive entre les partenaires sociaux et les autorités responsables un stimulant du développement.

Coopération entre employeurs et employés

Les organisations patronales et syndicales sont, pour ce qui concerne les questions de travail, les intervenants principaux. L'actuelle législation garantit la liberté d'association, y compris le droit de fonder des syndicats et, pour les travailleurs et les employeurs, celui de conduire des négociations collectives. Le taux de syndicalisation parmi les travailleurs forestiers est d'environ 50 pour cent. La plupart des employeurs du secteur sont membres d'associations patronales. Les deux parties se reconnaissent mutuellement comme des partenaires égaux en matière de négociation et de coopération. En foresterie, une convention collective, juridiquement contraignante, est négociée pour tout le pays. Elle comporte des clauses relatives à la coopération en matière de sécurité et de santé, aux équipements de travail et de protection individuelle, ainsi qu'aux questions sociales.

Coopération sur le lieu de travail. Tout employeur est tenu de désigner un responsable de la protection des travailleurs, qui est chargé de la coopération entre l'employeur et ses employés. Dans les petites entreprises, l'employeur peut assumer lui-même cette fonction. Dans les entreprises plus importantes, les employés élisent des délégués ou des comités chargés de la protection des travailleurs. Généralement, le responsable de la protection des travailleurs s'occupe des questions de sécurité en plus de ses tâches principales.

Sous-traitants en machines forestières. En Finlande, les sociétés d'outillage en sous-traitance gèrent leur propre association en ce qui concerne les questions économiques et professionnelles ainsi que les relations d'affaires. L'Association des sous-traitants s'occupe aussi de promouvoir la santé et la sécurité des entrepreneurs qui en sont membres, ainsi que de leurs employés. L'association prend part à diverses activités dans ce domaine. L'attitude positive et les réalisations de cette organisation sont indispensables si l'on veut que l'environnement et les conditions de travail continuent de s'améliorer dans le secteur de la foresterie, même si la sous-traitance gagne du terrain.

Propriétaires forestiers travaillant pour leur propre compte. Les autorités chargées de la protection des travailleurs ont, entre autres responsabilités, celle de veiller à la santé et à la sécurité professionnelle des propriétaires forestiers qui travaillent à leur propre compte. Les activités menées dans ce domaine consistent à diffuser des informations et à exécuter des projets en collaboration avec d'autres organisations.

La plupart des propriétaires forestiers sont membres d'associations locales d'aménagement des forêts. Les organisations de ce type ont la possibilité de toucher facilement les propriétaires forestiers. Leur rôle est d'accroître les connaissances et les compétences professionnelles des propriétaires en matière de foresterie, d'orienter et de développer la sylviculture et l'exploitation des forêts et de fournir une assistance professionnelle pour ce qui concerne les ventes de bois, les travaux sylvicoles et le débardage. Les organisations locales dispensent les connaissances techniques appropriées, organisent des stages de formation, généralement en collaboration avec des écoles forestières, et donnent des avis personnalisés concernant les travaux forestiers.

Un institut de recherche spécialisé a étudié et mis au point des méthodes de travail plus efficaces et plus sûres pour la foresterie de ferme, spécialement pour ce qui est de la coupe et du transport en forêt avec des tracteurs agricoles équipés à cette fin.

La MELA est la compagnie d'assurances qui couvre les agriculteurs et les propriétaires forestiers indépendants. L'assurance est obligatoire pour les accidents professionnels, les maladies et les pensions découlant d'une activité professionnelle. La MELA distribue des brochures, des cassettes vidéo et autres auxiliaires pédagogiques sur la sécurité dans les activités agricoles et forestières, participe aux foires agricoles, finance des études et des campagnes, etc. Elle produit des statistiques annuelles sur les accidents professionnels des agriculteurs, qui sont utilisées aux fins de prévention. Ces statistiques ont mis en évidence un certain nombre de risques propres aux propriétaires forestiers, comme les risques d'accidents liés à l'emploi de machines qui ne sont pas spécialement conçues pour le travail en forêt.

Equipement de protection personnelle

La convention collective comprend une clause concernant l'équipement de protection individuelle. D'après cette convention, l'employeur couvre à 70 pour cent le coût des bottes de protection, guêtres (pantalons à l'épreuve des entailles) et vestes de sécurité, gants de protection, cape imperméable, thermos pour les aliments et les boissons chaudes, etc. Les casques, lunettes de protection et serre-tête antibruit sont fournis gratuitement au travailleur. L'emploi d'équipement de protection individuelle bien conçu fait désormais partie de l'image que l'on a du travailleur forestier.

Les informations fournies en retour par les utilisateurs ont joué un rôle déterminant dans la mise au point de l'équipement de protection individuelle, des outils et des machines. La plupart des fabricants sont en contact avec des personnes qui testent les produits dans le cadre de leur travail normal. Les produits nationaux comme les produits importés sont testés. Les fabricants apprécient tout autant les réactions négatives car elles les aident à corriger les défauts de leurs produits.

Non seulement les patrons et les employés, mais aussi leurs organisations, les autorités chargées de la protection des travailleurs et les spécialistes en formation ont contribué activement à faire avancer les choses. Depuis quelques années, le Comité européen de normalisation prépare des normes sur l'équipement de protection individuelle des utilisateurs de scies à chaîne et autre équipement de protection utilisé en foresterie. La Finlande est représentée au sein de ce comité, et les autorités officielles, les partenaires sociaux et les fabricants ont participé activement à l'élaboration de ces normes.

Aspects économiques des mesures de santé et de sécurité

Des programmes de santé et de sécurité bien dirigés et bien mis en œuvre améliorent la productivité et sont économiquement rentables.

Les accidents entraînent non seulement des coûts directs (frais médicaux et salaires de travailleurs absents), mais aussi des coûts indirects, généralement plusieurs fois aussi élevés que les premiers: pertes matérielles, réorganisation du travail, formation de remplaçants du travailleur blessé, mauvaise réputation de l'employeur, etc.

Dans les grandes et moyennes compagnies en particulier, le montant de la prime de l'assurance accidents est souvent calculé sur la base du coût réel des accidents survenus sur un nombre déterminé d'années. En fait, c'est donc l'employeur qui paie le coût des accidents, aussi a-t-il de bonnes raisons de prendre des précautions.

Perspectives

Quelles sont les perspectives d'avenir? La mécanisation poursuivra son chemin. La promotion de la santé et de la sécurité du travail sur machine occupera une place de plus en plus importante. Dans le domaine de la santé et de la sécurité professionnelle, l'accent portera plus sur la prévention des risques d'ordre sanitaire que sur celle des accidents.

Comme ce sont les sociétés de sous-traitance qui possèdent les machines forestières, la proportion de travailleurs employés par les grosses compagnies forestières diminuera. De plus en plus, les activités de prévention s'adresseront aux sociétés de sous-traitance et autres petits employeurs.

Les domaines dans lesquels des changements vont intervenir et pour lesquels il va falloir entreprendre des projets de santé et de sécurité sont les suivants:

· les systèmes de rémunération, avec remplacement du travail aux pièces par des systèmes de primes et autres modes de paiement;

· la nature des prestations assurées par les services de médecine du travail;

· les caractéristiques ergonomiques et les procédures d'entretien des machines forestières;

· les services d'information sur les questions de santé et de sécurité en foresterie;

· l'aspect santé et sécurité de nouvelles méthodes de travail;

· l'adoption de systèmes de gestion efficaces, prenant en compte les questions de santé mentale;

· les nouveaux systèmes de contrôle des produits sur le marché européen.

Même si en Finlande aussi le travail en forêt apparaît encore comme une activité à risque, la situation s'est beaucoup améliorée grâce aux efforts de prévention. Notre expérience nous permet de dire que ce n'est pas en agitant une baguette magique qu'on pourra faire grand-chose pour la santé et la sécurité. Effort, coopération et persévérance: il faut que toutes les parties intéressées y mettent du leur. Là où ces conditions sont remplies, on peut avancer à grands pas et au bénéfice de tous les intéressés.

Bibliographie

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